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POST SPECIAL Coronavirus COVID-19 & Santé mentale : des ressources en Régions
Rappel d' infosuicide.org : Le suicide est multifactoriel ! Il n’existe pas un risque, une cause, une raison mais bien plusieurs étroitement associés, s’inscrivant à la fois dans une histoire personnelle, un contexte familial et environnement social. C’est une accumulation de facteurs.)
***
Comprendre le risque de suicide et sa prévention
Benjamin F. Miller M. Justin Coffey
Le
suicide est une menace évitable pour la santé publique qui nécessite
une réponse multisectorielle. Il existe des stratégies de prévention
prometteuses dans les secteurs des soins de santé, de la justice pénale
et de l'éducation. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour
diffuser ces stratégies et en développer d'autres.
d'Apres Understanding Suicide Risk And Prevention du 29 janvier 2021 https://www.healthaffairs.org/*
POINTS CLÉS :
Les taux de suicide ont augmenté ces dernières années, mais le suicide est évitable.
Il existe de nombreux facteurs de risque connus pour le suicide, mais
l'utilité prédictive d'un seul facteur de risque est faible, ce qui
nécessite de se concentrer sur la prévention au niveau de la population
plutôt qu'au niveau individuel.
Il existe des processus éprouvés
pour identifier le risque de suicide et intervenir dans les domaines des
soins de santé, de la justice pénale et de l'éducation.
Il est
également nécessaire d'améliorer l'infrastructure de données pour
soutenir les systèmes de surveillance du suicide et de l'automutilation.
Une intervention politique supplémentaire est nécessaire pour étendre
et diffuser les approches de prévention efficaces et pour en identifier
d'autres. Par exemple, les politiques devraient soutenir la suppression
des moyens létaux, l'augmentation du financement des lignes d'assistance
et des programmes scolaires, et l'intégration des soins de santé
mentale dans les soins de santé courants.
Le nombre de décès par suicide est plus élevé que jamais et la tendance est à la hausse, compte tenu de l'isolement social accru, du déclin économique et des problèmes de santé mentale et de toxicomanie liés à la pandémie de coronavirus 2019 (COVID-19). Ces facteurs sont susceptibles d'exacerber les "décès de désespoir", y compris le suicide.
Le suicide est la dixième cause de décès aux États-Unis en 2018,
faisant plus de deux fois plus de victimes que les homicides. Il se
classe à peu près au quatrième rang de toutes les causes de décès en
termes d'années potentielles de vie perdues.
De 1999, lorsque les Centres de contrôle et de prévention des maladies
(CDC) ont commencé à suivre le suicide, à 2018, le taux de suicide a augmenté de 35 % pour atteindre 14,2 pour 100 000 personnes.
Cette
épidémie de suicide touche tous les âges et tous les groupes ethniques,
même si certaines populations sont touchées de manière
disproportionnée. En 2019, le suicide était la deuxième cause de décès chez les adolescents aux États-Unis. Entre 2007 et 2018, le suicide a augmenté de 57,4 % chez les 10-24 ans.
Au sein de la population des jeunes, il existe une disparité
supplémentaire fondée sur la race. Les jeunes Noirs courent aujourd'hui
un risque plus élevé de mourir par suicide que leurs camarades blancs.
Bien que les taux de suicide des populations amérindiennes et
autochtones d'Alaska dépassent depuis longtemps la moyenne nationale, la forte augmentation du taux de suicide chez les femmes amérindiennes et autochtones d'Alaska entre 1999 et 2017 (139 %) est une tendance alarmante.
Les jeunes lesbiennes, gays et bisexuels
envisagent sérieusement de se suicider à un taux près de trois fois
supérieur à celui des jeunes hétérosexuels, selon un rapport de 2015, et
le taux de tentatives de suicide du premier groupe est près de cinq
fois supérieur à celui du second. En outre, 40 % des personnes transsexuelles
ont tenté de se suicider au cours de leur vie, selon un rapport de
2015, soit un taux près de neuf fois supérieur à celui de la population
américaine.
En 2019, le taux de suicide des anciens combattants était 1,5 fois
plus élevé que celui de la population américaine en général, et le taux
de suicide chez les militaires en service actif est actuellement à son
plus haut niveau depuis six ans
- une tendance à la hausse - et les taux de suicide sont inférieurs ou
équivalents à ceux de la population américaine en général si l'on tient
compte de l'âge.
Historiquement, les décideurs politiques ont
abordé le suicide en recherchant des solutions dans le secteur des soins
de santé. Cependant, le suicide doit être considéré dans un contexte
plus large qui inclut à la fois la santé physique et mentale de
l'individu et une multitude de facteurs sociaux et communautaires. En moyenne, chaque suicide touche jusqu'à 135 personnes et se répercute dans les familles et les cercles sociaux, ce qui souligne la nécessité d'examiner le problème et ses solutions dans une perspective plus large.
Sans
une approche systémique globale, qui ne se limite pas au secteur des
soins de santé, les solutions seront insuffisantes. Ce dossier présente
les progrès de la science de la prévention du suicide dans les secteurs
des soins de santé, de la justice pénale et de l'éducation. Un secteur
important qui ne figure pas dans ce dossier est celui de l'armée. Bien
que le ministère de la défense et le ministère des anciens combattants
aient publié des directives strictes
pour traiter le suicide chez les militaires et les anciens combattants,
la prévention du suicide dans cette population unique dépasse le cadre
de cette note et est traitée en détail ailleurs.
Cette note donne un aperçu général des recherches sur le risque de
suicide et les facteurs de protection, met en évidence les stratégies
actuelles de prévention du suicide dans les trois secteurs mentionnés et
indique les possibilités d'amélioration des efforts de prévention
multisectoriels.
Définir le suicide
Le CDC définit le suicide
comme "un décès causé par un comportement préjudiciable autodirigé avec
l'intention de mourir à la suite de ce comportement.". Une tentative de
suicide est "un comportement autodirigé non mortel et potentiellement
préjudiciable avec l'intention de mourir des suites de ce comportement".
Une tentative de suicide peut ou non entraîner des blessures.
En raison des limites des données, il est difficile pour les chercheurs de distinguer le suicide des autres décès de désespoir évitables,
y compris ceux dus à la consommation de drogue ou d'alcool. Les décès
par surdose de drogue et d'alcool peuvent être classés à tort comme
accidentels ou indéterminés alors qu'il s'agit en fait de suicides. Dans
une étude, un tiers des suicides par overdose
ont été sous-déclarés. Même si un décès ne peut être classé comme un
suicide intentionnel, les risques connus d'une possible overdose
mortelle suggèrent qu'il existe un spectre d'intentions liées à la motivation de vivre. En conséquence, l'ampleur du problème est probablement pire que ce que les données disponibles indiquent.
Facteurs de risque et de protection
Un grand nombre de recherches épidémiologiques se sont concentrées sur les facteurs associés
à un risque accru de suicide et sur les facteurs qui sont protecteurs.
Une hypothèse courante est que l'accès aux soins de santé est
protecteur, alors qu'en fait, de nombreuses personnes qui meurent par
suicide interagissent avec le système de soins de santé dans l'année
précédant leur décès. Dans une étude,
83 % des patients qui se sont suicidés au cours d'une période de dix
ans ont bénéficié d'une forme quelconque de service de soins de santé
dans l'année précédant leur décès. Près de la moitié de ces patients
avaient consulté un prestataire de soins de santé primaires dans le mois
précédant leur décès. Cependant, seul un quart environ avait reçu un
diagnostic de santé mentale documenté dans le mois précédant leur décès.
Malgré les preuves que
le dépistage et le traitement peuvent contribuer à réduire les
symptômes de dépression et le risque de suicide, la plupart des systèmes
de soins de santé ne procèdent pas systématiquement au dépistage des
principaux problèmes de santé mentale, en particulier dans les milieux à
forte densité comme les soins primaires, où les taux de dépistage étaient inférieurs
à 5 % en 2012-2013. Par conséquent, les personnes qui cherchent à se
faire soigner dans le système de prestation de soins peuvent ne pas être
signalées comme présentant un risque potentiel de suicide parce
qu'elles ne sont pas porteuses d'un diagnostic de santé mentale.
Il
existe d'autres facteurs de risque de suicide liés au comportement et à
la santé physique. Par exemple, le risque de suicide augmente dans les semaines qui suivent la sortie des soins psychiatriques en milieu hospitalier. Parmi les autres facteurs de risque
liés à la santé, citons les antécédents de comportement suicidaire, les
antécédents familiaux de comportement suicidaire, les traumatismes
psychosociaux, la perte récente d'un être cher ou d'un emploi, le
désespoir, l'anxiété intense, l'insomnie grave, l'isolement ou le manque
de soutien social, la douleur chronique et des affections médicales
générales telles que le cancer et la sclérose en plaques. Aucun facteur de risque clinique ne semble être beaucoup plus fort que les autres.
Il existe également d'importants facteurs de risque sociaux et environnementaux, notamment les obstacles à l'accès aux services de santé mentale, l'insuffisance des liens avec la communauté, les représentations dangereuses du suicide dans les médias et la disponibilité de moyens mortels. La moitié des suicides aux États-Unis se produisent par arme à feu.
Malgré
cette multitude de facteurs de risque, la plupart des individus qui
pourraient être classés comme "à risque accru" ne meurent pas par
suicide. L'utilité prédictive entre les facteurs de risque n'est que légèrement supérieure à celle du hasard.
Aucun outil normalisé de stratification des risques n'a été associé à
une valeur prédictive significative au point d'administration, et une
confiance excessive dans l'identification des facteurs de risque peut fournir une fausse assurance. De plus, les facteurs de protection peuvent atténuer le risque de suicide d'une
personne. Les liens sociaux (interpersonnels ou institutionnels), les
stratégies efficaces d'adaptation et de résolution des problèmes, les
objections morales ou religieuses au suicide, l'accès aux soins de santé
et le manque d'accès à des moyens mortels sont tous associés à une diminution du risque.
La littérature émergente suggère que la nature complexe de la
catégorisation du risque de suicide exige de passer d'une formulation
prédictive à un modèle d'évaluation du risque axé sur la prévention.
Stratégies multisectorielles de prévention du suicide
Les
stratégies de prévention du suicide doivent commencer par la
reconnaissance du fait que le suicide ne doit pas être laissé
exclusivement au système de soins de santé mentale et qu'il s'agit non
seulement d'un problème de soins médicaux mais aussi d'un problème de
santé publique qui touche de nombreux secteurs de la société. Les recommandations des experts en matière de prévention du suicide soulignent l'importance des approches au niveau de l'individu et de la population.
Cette section décrit comment trois secteurs clés - les soins de santé,
la justice pénale et l'éducation - peuvent adopter une telle approche
systémique pour réduire le risque de suicide.
SYSTÈME DE SOINS DE SANTÉ
La
notion de prévention du suicide a été contraire à l'enseignement
traditionnel de la médecine, où le suicide était historiquement
considéré comme une issue malheureuse mais inévitable pour certains
patients atteints de maladie mentale. Les récentes démonstrations de
prévention du suicide dans les systèmes de soins de santé remettent en
question cette hypothèse. Par exemple, l'approche "Zero Suicide,",
qui vise à éliminer le suicide par la refonte des systèmes de soins,
commence par un engagement à mesurer le suicide et à le traiter
séparément de toute maladie qui pourrait le provoquer. L'équipe de soins
peut ensuite se concentrer sur la mise en œuvre et l'amélioration
continue des interventions fondées sur des données probantes et connues
pour réduire le risque de suicide, telles que la restriction des moyens
létaux et la planification de la sécurité,
indépendamment du diagnostic spécifique d'un patient donné ou de la
gravité des symptômes. Cette approche déplace l'attention de la manière
de prédire le suicide chez un individu vers la manière de réduire le
suicide au sein d'une population. Le chirurgien général américain a
appelé à l'adoption du "zéro suicide" comme objectif clé dans la stratégie nationale de prévention du suicide de 2012. Une évaluation scientifique des efforts déployés pour diffuser cette approche est actuellement en cours.
Un
autre exemple important de l'approche du système de soins de santé en
matière de prévention du suicide est l'objectif national de sécurité des patients pour la prévention du suicide,
mis à jour en 2019 par la Commission mixte. Ce rapport invite les
organismes de soins de santé à identifier les patients à risque de
suicide et à mener des interventions fondées sur des données probantes pour réduire ce risque,
notamment en modifiant l'environnement physique des soins pour en
accroître la sécurité. Il est important de noter que ces exigences
s'appliquent désormais non seulement aux organisations de soins de santé
comportementale, mais aussi à tous les hôpitaux généraux et à toutes
les organisations de soins de santé accréditées par la Commission mixte.
Outre ces modèles au sein des systèmes de soins de santé, l'expansion de la formation interprofessionnelle
en matière de prévention du suicide est prometteuse pour améliorer les
compétences de toute une série de prestataires dans diverses disciplines
de la santé. En outre, la formation des cliniciens à la reconnaissance des signes de suicide potentiel peut avoir un impact considérable sur l'identification et l'intervention précoces.
SYSTÈME DE JUSTICE PÉNALE
Aux États-Unis, en 2011-2014, environ vingt-trois prisonniers sur 100 000 sont morts par suicide,
contre dix-sept personnes sur 100 000 dans la population générale âgée
de 30 à 49 ans. Le risque accru de suicide imposé par l'incarcération
est plus important pour les femmes que pour les hommes. Les solutions
sont compliquées par la complexité économique, raciale et politique du
système de justice pénale et par le fait que les établissements
pénitentiaires (prison, pénitencier, probation, libération
conditionnelle) sont des lieux d'accueil pour les personnes vulnérables
déjà exposées à un risque accru de suicide, comme celles qui souffrent
de troubles liés à la toxicomanie. En fait, les personnes atteintes de
maladies mentales sont surreprésentées dans le système de justice pénale, parfois de manière très marginale. Les efforts globaux de prévention du suicide
au sein du système de justice pénale comprennent la création
d'environnements protecteurs et le renforcement de l'accès aux soins de
santé mentale et au lien social.
Les approches traditionnelles
visant à rendre l'environnement physique des prisons plus sûr n'ont pas
été particulièrement efficaces. Par exemple, un rapport a révélé que la pratique
consistant à mettre les détenus sous "surveillance du suicide" dans un
isolement extrême a en fait entraîné une augmentation du nombre de
suicides. Les efforts devraient plutôt se concentrer sur la restriction
de l'accès à des moyens potentiellement mortels. Le suicide chez les
détenus se produit généralement par pendaison ou asphyxie. Le retrait
des draps de lit, des lacets et d'autres articles similaires peut
réduire ce risque.
Le système de justice pénale n'a pas été conçu pour fournir des soins de santé mentale. Cependant, étant donné la prévalence accrue des maladies mentales dans les prisons, les experts préconisent une approche de collaboration entre le système correctionnel et le système de soins de santé. Une telle approche peut impliquer un dépistage, une évaluation et des interventions visant à réduire les risques.
En outre, une fois que les détenus sont libérés de prison, il est
important de maintenir leur lien avec les services sociaux et de soins
de santé. Selon une étude réalisée entre 1999 et 2003, au cours des deux
premières années suivant leur libération, les détenus ont un taux de mortalité
ajusté 3,5 fois supérieur à celui de la population générale, les
principales causes de décès étant les surdoses de drogue, le suicide et
les homicides.
SYSTÈME D'ÉDUCATION
L'adolescence est l'un
des moments les plus cruciaux pour intervenir sur les questions de santé
mentale et de toxicomanie. Dans une enquête menée auprès de lycéens,
un jeune sur trois a déclaré avoir des sentiments persistants de
tristesse ou de désespoir et un sur cinq a sérieusement envisagé le
suicide. La moitié des cas de maladie mentale au cours d'une vie commencent à l'âge de quatorze ans, et trois sur quatre à vingt-quatre ans. En outre, 74 % des adultes âgés de 18 à 30 ans
participant à un programme de lutte contre la toxicomanie en 2011 ont
commencé à consommer avant l'âge de 17 ans. Ces problèmes se manifestent
dans les écoles, les collèges et les universités.
Tout comme le
système de justice pénale, le système éducatif n'a pas été conçu pour
traiter le suicide et les maladies mentales. Cependant, les approches systémiques
qui enseignent l'apprentissage social et émotionnel, les capacités
d'adaptation ou de résolution de problèmes sont une composante
importante de la prévention du suicide en milieu scolaire. Par exemple, le projet PROSPER et Communities That Care
ont permis d'intégrer des programmes de résilience et de gestion des
conflits dans les écoles et les communautés ; malheureusement, les
contraintes de ressources interdisent la mise à l'échelle de ces modèles
efficaces. Le soutien fédéral à des programmes de subventions tels que
le Garrett Lee Smith Memorial Act souligne l'importance d'investir dans la prévention du suicide dans le cadre scolaire.
Un
environnement sûr est une composante tout aussi importante de la
prévention du suicide en milieu scolaire. Un environnement physique ne
doit pas permettre un accès facile à des moyens mortels
d'automutilation. Les écoles peuvent également réduire le risque de
suicide grâce à des initiatives visant à réduire les brimades et la violence,
des programmes de prévention de la consommation de drogues et d'alcool,
des efforts pour protéger les LGBTQ+ et d'autres populations
vulnérables, et des programmes de promotion de la santé mentale et du
bien-être.
Solutions politiques
Une politique globale de prévention du suicide doit intégrer des interventions à de multiples niveaux et dans des contextes divers et doit également s'attaquer à la santé mentale et à la toxicomanie. La normalisation des éléments de soins
pour chaque milieu décrit ici, ainsi que l'assistance technique pour la
mise en œuvre de ces normes, sont des étapes importantes pour accroître
la sécurité et améliorer les résultats. En outre, les options
politiques suivantes pourraient aider les États-Unis à mieux prioriser
la prévention du suicide et à diffuser des moyens d'intervention et de
traitement efficaces. Nombre de ces options sont basées sur les
recommandations de Healing the Nation, un rapport de Well Being Trust qui traite du suicide, de la santé mentale et de la toxicomanie.
METTRE EN PLACE DES SYSTÈMES COMMUNAUTAIRES DE SURVEILLANCE DU SUICIDE
Sans
une mesure en temps utile, le suicide ne peut être réduit. Il existe
des obstacles importants à la collecte de données en temps réel sur le
suicide, notamment la rareté du suicide lui-même, la qualité des
données, la cohérence de la manière dont les données sont collectées,
analysées et partagées, et le manque d'infrastructure de données. Malgré
des recommandations claires sur ce que devraient être les systèmes de surveillance du suicide, il n'existe actuellement aucun système de ce type aux États-Unis. L'Organisation mondiale de la santé a récemment créé une boîte à outils
pour aider les communautés à développer un système de surveillance du
suicide et de l'automutilation qui soit actionnable et durable. Il est prouvé que
le signalement obligatoire des comportements d'automutilation, avec un
suivi, peut contribuer à réduire les taux de suicide, comme le
démontrent les travaux du Johns Hopkins Center for American Indian
Health et de la tribu des Apaches de White Mountain.
ÉTENDRE L'UTILISATION DES OUTILS POUR RÉDUIRE AU MINIMUM L'ACCÈS AUX MOYENS LÉTAUX
Les
lois sur les drapeaux rouges ou les ordonnances de protection contre
les risques extrêmes sont des politiques qui permettent aux familles ou
aux agents de la force publique de demander à un tribunal que les
personnes à haut risque de suicide ou d'homicide se voient retirer leurs
armes jusqu'à ce que leur sécurité puisse être évaluée. Une étude a montré qu'une ordonnance de protection contre les risques extrêmes a permis de réduire le nombre de suicides par arme à feu dans le Connecticut (14 %) et l'Indiana (7 %). À l'heure actuelle, dix-sept États et Washington, D.C., disposent d'une forme quelconque d'ordonnance de protection contre les risques extrêmes. En outre, les lois sur les permis d'achat d'armes
de poing ont été associées à une diminution des taux de suicide dans
deux États en rendant plus difficile l'achat d'une arme à feu par une
personne à risque de suicide.
AUGMENTER LE FINANCEMENT DES LIGNES D'ASSISTANCE TÉLÉPHONIQUE ET DÉVELOPPER UNE INFRASTRUCTURE DE CRISE SOLIDE
Les lignes d'assistance téléphonique en cas de suicide apportent soutien et réconfort à ceux qui peuvent être activement suicidaires, bien que les preuves de leur efficacité soient mitigées.
Néanmoins, le manque d'accès à une aide rapide reste un défi majeur
dans la prévention du suicide. Récemment, la Commission fédérale des communications a approuvé la création d'une ligne d'assistance téléphonique à trois chiffres pour les suicides ("988"), qui dirigera les appels vers la ligne d'assistance téléphonique nationale
existante pour la prévention du suicide (1- 800-273-TALK). Cette ligne
de sauvetage est à son tour reliée à 163 centres de crise dans tout le
pays, qui dépendent souvent d'un financement local. Un financement supplémentaire
est nécessaire pour soutenir l'afflux probable de nouveaux appels vers
ce réseau après la mise en place de la nouvelle ligne de sauvetage et le
développement de l'infrastructure nécessaire à une réponse de crise
centrée sur la santé mentale au niveau local. D'autres technologies, comme la ligne téléphonique de crise
(texte "HOME" au 741741), fournissent un soutien en temps réel aux
personnes en situation de crise et peuvent probablement être étendues et
mieux soutenues par l'ajout de ressources supplémentaires, mais elles
devront également constituer la base d'un continuum complet de services
de crise.
AMÉLIORER L'INTÉGRATION DE LA SANTÉ MENTALE DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS DE SANTÉ
Les soins de santé doivent être rendus sûrs pour le suicide. Il existe des preuves solides
en faveur de l'inclusion des services de santé mentale dans les soins
primaires et dans d'autres contextes. Toutefois, les incitations
financières n'encouragent pas ce type d'intégration et, en fait, créent
un obstacle important à une adoption à grande échelle.
Il a été démontré que des modèles de paiement innovants - par exemple,
le paiement d'un droit aux cabinets de soins primaires pour soutenir la
prestation de services de santé mentale ou de traitement des dépendances
- permettent à la fois
de soutenir l'intégration et de réaliser des économies. En outre, les
cabinets médicaux devraient être formés à la prise en charge des
traumatismes et à l'amélioration du dépistage de la santé mentale, de la
toxicomanie et du risque de suicide. Enfin, il devrait y avoir une
barrière à l'entrée moins élevée pour les personnes cherchant des soins
de santé mentale ; un diagnostic ne devrait pas être exigé pour pouvoir
obtenir des services de santé mentale.
AUGMENTER LES RESSOURCES POUR LES ÉCOLES
Bien qu'il existe de bonnes preuves de ce qui fonctionne
pour les interventions de santé mentale dans les écoles, il n'existe
pas de répertoire des interventions parmi lesquelles les écoles
pourraient choisir, y compris les interventions possibles qui sont déjà
financées par une source locale, étatique ou fédérale. En outre, les
gouvernements fédéral et des États devraient mettre à disposition des
fonds pour que les écoles puissent passer des contrats avec des
cliniciens en santé mentale afin de les intégrer dans leurs activités générales, ce qui permettrait à un expert sur place de répondre aux besoins des élèves.
Conclusion
Avec la montée en flèche des décès dus au désespoir avant même la COVID-19, et avec les projections alarmantes d'impacts supplémentaires résultant de la pandémie,
les décideurs politiques doivent trouver des approches plus efficaces à
la question du suicide en donnant la priorité aux investissements et
aux politiques. Le suicide est un problème de santé publique qui
nécessite une approche multidimensionnelle et intersectorielle.
Comme indiqué dans cette note, les décideurs politiques peuvent prendre
des mesures pratiques pour contribuer à la prévention du suicide. De
l'examen des facteurs de risque et de protection sous-jacents à
l'élaboration de politiques favorisant une approche multisectorielle de
la prévention du suicide, il existe suffisamment d'informations pour
aider les décideurs politiques à prendre les mesures nécessaires, à
plusieurs niveaux et dans divers cadres, pour commencer à inverser les
tendances inquiétantes en matière de suicide.
https://www.healthaffairs.org/do/10.1377/hpb20201228.198475/full/
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"Il y a une augmentation alarmante du taux de suicide chez les adolescents en Île-de-France", alerte Pauline Chaste - 29/01
Alors qu'on se prépare à mettre le verrou, le nombre de tentatives de
suicide a doublé chez les moins de 15 ans à l’hôpital Necker à Paris.
C'est le constat dressé par Pauline Chaste, cheffe du service de
pédopsychiatrie de cet établissement. Elle alerte sur les confinements à
répétition, le contexte anxiogène qui cause de véritables souffrances.
https://actu.orange.fr/politique/videos/story-4-il-y-a-une-augmentation-alarmante-du-taux-de-suicide-chez-les-adolescents-en-ile-de-france-alerte-pauline-chaste-29-01-CNT000001wKHTC.html
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ROYAUME UNI : Quels facteurs spécifiques au COVID-19 peuvent représenter des défis supplémentaires pour les patients / le public en termes de risque de suicide / d'automutilation? de Oxford Precision Psychiatry Lab
D’après https://oxfordhealthbrc.nihr.ac.uk/*
1a. Quels facteurs spécifiques au COVID-19 peuvent représenter des défis supplémentaires pour les patients / le public en termes de risque de suicide / d'automutilation?
World Psychiatric Association a fourni un résumé a fourni un résumé de l'impact de la pandémie COVID-19 sur les facteurs de risque et de protection du suicide :
Pendant la pandémie, il est probable que les facteurs de risque et de protection seront affectés (tant positivement que négativement) par la maladie elle-même ou par les mesures sanitaires, sociales et économiques mises en œuvre.
Les effets négatifs possibles de la pandémie peuvent agir à travers différents niveaux de facteurs de risque :
· Une pression accrue sur les systèmes de santé · Réorientation accrue des ressources en vue d'une réponse aiguë à la pandémie · Diminution de l'attention portée aux soins de santé mentale · Augmentation de l'achat et du stockage de médicaments (et d'armes à feu dans certains pays), mais aussi augmentation des obstacles à l'accès en raison des mesures de confinement · Sensationnalisation des impacts des médias sur la perception des risques · Obstacles à la recherche d'aide par des mesures de confinement · Possibilité de stigmatisation accrue · Diminution des programmes de santé et de bien-être en raison des conséquences économiques de la pandémie
NHS Education for Scotland (NES) décrit les facteurs de risque spécifiques aux conduites suicidaires dans le contexte de la COVID-19.
En plus des facteurs de risque généraux de suicide, l'impact de la COVID-19 est particulièrement angoissant pour :
Les personnes qui ont vécu un deuil, qui font face à l'impact du deuil lui-même, et qui n'ont pas accès aux moyens habituels que nous utilisons pour soutenir et reconnaître la mort et la perte. |
Mental Health Commission of Canada suggère des facteurs de risque spécifiques de suicide qui devraient être surveillés pendant la pandémie:
Déconnexion, isolement social et solitude.
Obstacles réels ou perçus aux soins de santé (y compris les soins de santé mentale).
Maladie
mentale préexistante, problèmes de consommation de substances et / ou
idées suicidaires (y compris les groupes marginalisés).
Rôles vulnérables et ceux qui sont fortement exposés à la maladie.
Exposition à une large couverture médiatique négative.
Version française http://oxfordhealthbrc.nihr.ac.uk/wp-content/uploads/2021/01/7.-Fiche-Suicide-.docx
***
3 jeunes sur 10 ont déjà eu des pensées suicidaires, selon une enquête
Par CNEWS - Mis à jour le 28/01/2021
La santé mentale des jeunes s'est dégradée à cause de la crise sanitaire.
La crise sanitaire n’épargne pas les jeunes, et notamment les étudiants. Privés de cours en présentiel et d’interactions sociales, nombre d’entre eux sont en situation de détresse. Selon une enquête Ipsos, 3 jeunes sur 10 ont déjà eu des pensées suicidaires.
Des chiffres dramatiques qui illustrent le mal-être profond des jeunes et des étudiants, qui militent depuis plusieurs semaines pour leur retour sur les bancs de l’université et pour plus d’accompagnement de la part du gouvernement.
Cette étude, réalisée pour la fondation FondaMental et publiée dans Le Parisien, sur des jeunes de 18 à 24 ans, révèle aussi que 40% d’entre eux rapportent «un trouble anxieux généralisé», soit 9 points de plus que l’ensemble de la population française. 2 jeunes sur 3 estiment aussi que la crise «va avoir des conséquences négatives sur leur propre santé mentale».
Principales causes de leur détresse : une année universitaire vécue presque intégralement à distance, via des cours par viosioconférence, mais aussi l’annulation de leur job étudiant pour certains, et la solitude pour ceux qui sont confinés seuls.
«On s'est beaucoup occupé de nos aînés mais pas de nos jeunes, regrette Marion Leboyer, directrice de la fondation Fondamental et psychiatre, auprès du Parisien. (..) Beaucoup ont l'impression de passer à côté d'une période décisive de leur vie.»
Interrogé ce matin par France info sur ces chiffres, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a déclaré que «la jeunesse doit être notre priorité absolue, c’est vrai pour le gouvernement et pour la société. (…) il faut aller plus loin et être extrêmement bienveillant pour cette génération.»
La fondation FondaMental, spécialisée dans la lutte contre les troubles psychiatriques, a par ailleurs lancé une plate-forme d’écoute gratuite et anonyme pour les jeunes d’Ile-de-France, qui les met en relation avec des psychologues. «Le but de la plateforme est d’informer ces derniers sur le fait que ce n’est pas anormal de ne pas se sentir bien en ce moment. L’important est d’en prendre conscience et de se saisir des outils qu’on leur offre pour aller mieux et faire face à cette situation tout à fait inhabituelle et difficile à laquelle ils sont confrontés», explique la fondation.
Face à la fronde des étudiants, qui ont manifesté mardi dernier pour demander la réouverture des universités, le gouvernement a mis en place des mesures de soutien, comme les deux repas par jour à 1 euro proposés par le CROUS, ou encore la création d’un «chèque psy» pour bénéficier d’une consultation chez un professionnel.
Malgré un retour progressif dans les salles de classe pour les «première année», les étudiants sont très inquiets face au probable troisième confinement. Lors d’un appel vidéo entre Gaspard Guermonprez, étudiant et Youtubeur, et le Premier Ministre Jean Castex, ce dernier a évoqué de possibles «exceptions» à ce confinement pour les jeunes.
La situation sanitaire se dégradant, le confinement est l’un des principaux scénarios sur la table du gouvernement. Les jeunes attendent donc de pied ferme, mais non sans crainte, les prochaines annonces d’Emmanuel Macron.
***
Covid-19 : les psys à l'écoute des petits patrons en alerte face à leur détresse et au "risque suicidaire"
Essorés par les effets des mesures sanitaires sur leurs affaires, nombre de patrons de petites entreprises souffrent d'anxiété et de dépression. Les psychologues qui les suivent redoutent les effets destructeurs de la fin des aides de l'Etat et de la cascade de faillites qui menace.
Au printemps, j'ai perdu 12 kg. A l'automne, j'ai sombré." La santé mentale des petits patrons ? Une victime collatérale des restrictions de ces derniers mois, comme l'atteste le témoignage de Ludivine Cuchor, restauratrice trentenaire installée à Rouen, qui a ouvert un bar en février 2020, un mois avant le premier confinement. Depuis, les mesures pour lutter contre la pandémie de Covid-19 se sont succédé (protocole sanitaire, couvre-feu, fermeture administrative…) pour les commerçants et artisans, sans qu'apparaisse la lumière au bout du tunnel, malgré l'espoir apporté par la vaccination.
Les très petites entreprises et les indépendants sont portés à bout de bras par l'Etat, qui a dépensé pour eux près de 12 milliards d'euros au titre du fonds de solidarité, selon Le Monde. Le nombre de faillites a d'ailleurs baissé de 30% entre 2019 et 2020, selon la Banque de France, malgré une récession annoncée de 9% en 2020. Les petits patrons tiennent encore, le plus souvent. Mais pour combien de temps et à quel prix ? La corde s'use, de l'aveu même des intéressés et des psychologues qui les rencontrent.
"La valeur de vingt-huit ans de travail va être anéantie"
L'angoisse affleure dans les propos d'Alain Koeberlé. A 60 ans, cet organisateur de voyageurs scolaires qui vit à Illzach, près de Mulhouse (Haut-Rhin), se "réveille la nuit" en pensant aux sommes qu'il doit "rembourser d'ici au 31 octobre".
"Ça a commencé par nous, la catastrophe. Le 2 mars 2020, au tout début de l'épidémie, les voyages scolaires ont été annulés."
Alain Koeberlé, organisateur de voyages scolaires
Pour soulager les voyagistes, le gouvernement décide à l'époque que les entrepreneurs du tourisme peuvent, pour 18 mois, transformer en avoirs les sommes à rembourser, puisque les voyages sont annulés. A l'approche de l'échéance, ces sommes gelées se transforment en épée de Damoclès. Alain Koeberlé en fait des cauchemars, d'autant que les clients réclament déjà les sommes dues. "J'ai la pression des agents comptables des établissements scolaires (pour qui il organise des voyages) qui veulent récupérer leur argent", souligne-t-il.
Si l'avenir ne s'éclaircit pas pour 2022, le sexagénaire, qui travaille pour l'instant dans les espaces verts de la ville, n'a guère d'autre horizon que la liquidation judiciaire de son activité. Elle ne signera pas pour autant la fin de ses problèmes. "J'aurai à répondre de l'argent que je n'arrive pas à rembourser sur mes biens, sur ma maison individuelle", explique-t-il. Il voit déjà s'écrouler ce qu'il a patiemment reconstruit depuis les attentats de 2015, qui avaient, déjà, provoqué l'annulation de voyages scolaires. Si elle a lieu, la liquidation judiciaire va "anéantir" la valeur de la société à la revente, dont Alain Koeberlé comptait tirer "un complément de retraite". Il redoute de voir "la valeur de vingt-huit ans d'organisation de voyages scolaires anéantie".
"Certains s'effondrent lors de la liquidation judiciaire"
"Les chefs d'entreprise se referment souvent sur eux-mêmes", analyse le psychologue clinicien Jean-Luc Douillard, parce qu'ils "ont honte de ce qu'ils vivent comme un échec". "Ça tient aussi aux questions de genre", complète Monique Kuong-Renard, doctorante en psychologie à l'université Paris-8, qui évalue les dispositifs d'aide psychologique aux petits patrons. "Les hommes sont plus orientés que les femmes à se diriger vers l'entrepreneuriat, mais ils sont aussi plus éduqués à ne pas manifester leur souffrance." Enfin, leur détresse tient aussi à la porosité entre vie privée et vie professionnelle.
"Ils ont le sentiment que toute leur identité est en jeu parce qu'ils ont tout investi dans leur société : leur santé, leur patrimoine social, familial, financier. C'est tout ça qui n'existe plus."
Jean-Luc Douillard, psychologue
"Le couple, la famille… Tout est impacté. Comme les patrons n'ont pas droit au chômage, c'est la descente aux enfers", conclut-il. D'où l'idée qu'il a eue en 2013 de cofonder avec Marc Binnié, greffier à Saintes (Charente-Maritime), une association d'aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë, nommée Apesa France. "On avait constaté, souligne le psychologue, que certains petits entrepreneurs s'effondraient au tribunal de commerce lors de la liquidation judiciaire". Certains y affichent même "des intentions suicidaires".
Des "sentinelles" formées à repérer les signes suicidaires
Fort de son expérience dans une structure de prévention du suicide en Charente-Maritime, Jean-Luc Douillard monte donc "un programme pour repérer les pensées suicidaires des entrepreneurs". Il s'agit "de former, au sein des tribunaux de commerce, des 'sentinelles', parmi les juges mandataires ou les greffiers, par exemple". Si ces sentinelles repèrent un cas inquiétant, elles émettent une "fiche d'alerte". Le chef d'entreprise est alors joint dans l'heure par Apesa, et, s'il est d'accord, il est rappelé dans la journée par un psychologue proche de chez lui (dont le nom est puisé dans une liste de 1 300 praticiens répartis dans toute la France). Il se voit ensuite proposer cinq consultations gratuites, dont la première dans les cinq jours.
A ce dispositif de quelque 3 500 sentinelles implantées dans 77 juridictions et dans des collectivités territoriales s'ajoute, depuis la fin avril 2020, un numéro vert lancé par le ministère de l'Economie : le 0 805 65 50 50. Financé par la société mutualiste Harmonie Mutuelle, le réseau des chambres de commerce et d'industrie et celui des chambres de métiers et de l'artisanat, ce service d'écoute psychologique, qui peut déboucher sur trois consultations gratuites, a été reconduit pour six mois en novembre 2020.
"Le premier bilan du dispositif invite à sa prolongation", a jugé le ministère de l'Economie en novembre 2020. Depuis sa mise en place, le numéro vert a reçu "957 appels avec 421 prises en charge de dirigeants, via les sentinelles (...) formées par Apesa pour détecter des signes avant-coureurs d'une détresse psychologique aigüe". Même s'il y a eu quelques malentendus sur la vocation de ce numéro vert, reconnaît Jean-Luc Douillard. "En panique, certains patrons essaient tous les numéros verts, mais pour connaître le dispositif d'aide économique. Pas forcément pour de l'aide psychologique", explique-t-il.
"Si ma voiture percutait un arbre"
Entre les erreurs de numéro, une véritable anxiété s'est exprimée. "Ce qui marque le plus, ce sont les gens en pleurs", relève la psychologue Emilie Mennetrier, qui a participé aux astreintes téléphoniques depuis les Alpes-Maritimes. "La plupart sont en grande souffrance parce que les aides ne sont pas suffisantes. Ils ne savent plus vers qui se tourner et ils ne peuvent pas se projeter vers le futur."
"Beaucoup disent souffrir d'anxiété, de maladies. Ils disent que le travail n'est même plus convivial, qu'il n'est plus question de prendre un café ensemble. Pour eux, il n'y a plus que le virus, avec l'angoisse de ne pas garder leur entreprise."
Emilie Mennetrier, psychologue
Au téléphone, des restaurateurs, des commerçants, mais aussi "tous ces prestataires auxquels on ne pense pas forcément, comme ceux qui travaillent dans des parcs d'animations, qui assurent la pyrotechnie, la maintenance". A l'autre bout de la France, en Bretagne, une autre psychologue, Catherine Mercier, qui a également assuré des astreintes, surenchérit : "Il arrive que quelqu'un lâche : 'Ce ne serait pas si mal si ma voiture percutait un arbre.'"
Depuis Rouen, Ludivine Cuchor, 36 ans, dit avoir repoussé les idées suicidaires, parce qu'elle assure seule la charge de ses trois enfants de 16, 15 et 10 ans. Cette restauratrice, qui a repris un bar-brasserie dans le centre-ville en février 2020 en y investissant un héritage, raconte "avoir beaucoup pleuré et maigri après le premier confinement", qui a débuté un mois après l'ouverture de son café. La réouverture de l'été est apparue comme une éclaircie, mais les restrictions de l'automne ont été le coup de trop. "Après la limitation de l'ouverture en soirée, le deuxième confinement, le couvre-feu, j'ai sombré. D'autant que je n'ai droit à rien, puisque les aides sont calculées sur le chiffre d'affaire de 2019."
"C'est éprouvant dans la durée"
Le risque suicidaire a-t-il réellement augmenté chez les petits entrepreneurs depuis le début de la pandémie ? Difficile à savoir, faute d'indicateur sur la santé des petits patrons, selon Olivier Torres, enseignant à l'université de Montpellier et à la Montpellier Business school. "La santé des 3,2 millions de travailleurs non salariés échappent aux études. Il n'y a pas d'épidémiologie sur cette population", relève ce spécialiste des PME, qui a fondé Amarok, un "observatoire dédié à la santé des travailleurs non salariés". Restent les chiffres d'Apesa. "Pour le dispositif classique, nous avons eu 708 alertes au risque suicidaire émises par les sentinelles en 2020, contre 673 en 2019", affirme Jean-Luc Douillard. Cette comparaison a ses limites, les tribunaux de commerce, où les sentinelles d'Apesa surveillent le mal-être des entrepreneurs, ayant eux-mêmes été fermés une partie de l'année.
Le sentiment d'usure, observent les psychologues, se fait cependant plus en plus prégnant chez les petits entrepreneurs. "Lors du premier confinement, les chefs d'entreprise avec qui j'ai été en contact ont essayé de s'adapter, développe Catherine Mercier. Ils étaient en mode combat et ils ont retrouvé l'équilibre psychologique au déconfinement". Mais ils n'ont pas toujours résisté à la suite. "C'est éprouvant dans la durée", note la psy.
"Le fait que l'incertitude perdure a ébranlé la capacité d'adaptation des petits entrepreneurs, surtout lorsque viennent se greffer des difficultés de trésorerie et les charges de famille. C'est un épuisement physique et psychique."
Catherine Mercier, psychologueà franceinfo
"Depuis quelques jours, il y a une capacité d'adaptation qui commence à s'user", constate la psychiatre Anne Joly, référente Apesa en Gironde, qui n'avait "pas senti ça avant".
"Quand les aides vont s'arrêter..."
Le pire est à venir, avec la cascade de faillites qui menace. "Avec les aides de l'Etat, l'économie est sous anesthésie. Il y a une baisse des procédures (de liquidation et de redressement judiciaire), mais il y aura inévitablement une remontée et avec elle, une demande d'aide psychologique", estime Alexandra Chabot, collaboratrice de mandataire judiciaire à Gap, dans les Hautes-Alpes, et membre du réseau Sentinelle.
Adhérent d'Apesa Normandie et ex-vice-président du tribunal de commerce de Rouen, Francis Goddefroy exprime le même sentiment. "Dès que les aides vont s'arrêter, que l'Urssaf va réclamer des cotisations, on va voir un nombre de procédures importantes et, avec elles, l'augmentation des alertes sur des situations de détresse", prévient-il.
"Certains entrepreneurs se lancent dans l'aventure sans l'avoir préparée. D'autres menaient leur barque correctement depuis des années et ils ont tout englouti."
Francis Goddefroy, adhérent d'Apesa Normandie
Il rappelle, comme d'autres, que le tribunal de commerce peut aussi jouer un "rôle de prévention" pour les dirigeants d'entreprise. Francis Godefroy tente par exemple de raisonner les entrepreneurs prêts à investir leur dernier euro dans l'espoir de sauver leur société. "N'allez pas trop loin, l'argent que vous avez encore, gardez-le pour vous en sortir", conseille-t-il. "Certains vont trop loin, ils n'ont même plus de quoi se loger. Il faut savoir s'arrêter quand il est temps, même si c'est difficile."
Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d'un membre de votre entourage, il existe des services d'écoute anonymes. La ligne Suicide écoute est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé. Pour le cas particulier des chefs d'entreprise, le gouvernement a lancé un numéro vert : le 0 805 65 50 50.
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vendredi 22 janvier 2021 AFP
Le nombre de suicides au Japon a augmenté l'an dernier pour la première fois depuis 11 ans, les répercussions de la pandémie ayant anéanti des années de progrès dans la lutte contre ce phénomène obstinément élevé dans le pays.
Le ministère de la Santé a annoncé vendredi que 20.919 personnes sont mortes par suicide en 2020 dans l'archipel, une augmentation de 3,7% sur un an. En comparaison, 3.460 personnes au Japon sont décédées du coronavirus l'an dernier.
C'est la première augmentation annuelle des suicides en 11 ans au Japon, qui déplore régulièrement le taux de suicide le plus élevé parmi les pays du G7 (16,6 pour 100.000 habitants en 2020) mais qui avait oeuvré ces dernières années à mieux soutenir les personnes fragiles psychologiquement, avec un certain succès.
Le nombre de suicides au Japon, qui avait culminé à environ 34.000 en 2003, était tombé à 20.000 en 2019, un plus bas depuis 1978.
Les femmes, enfants et adolescents notamment ont été plus nombreux à se suicider dans le pays l'an dernier, des experts estimant que la pandémie et les restrictions face au virus semblent les avoir particulièrement touchés.
Le Japon a enregistré jusqu'à présent des niveaux d'infections moins élevés que de nombreux autres pays, tout en évitant des confinements obligatoires.
Après avoir d'abord baissé au premier semestre 2020, les suicides ont commencé à augmenter en juillet. Une évolution confirmant un modèle d'experts, selon lequel les suicides tendent d'abord à diminuer dans la phase initiale d'une période de crise, avant de grimper fortement par la suite.
- Inégalités entre les sexes -
Cette hausse a été "un tournant", affirme Michiko Ueda, professeure associée de sciences politiques à l'université Waseda de Tokyo, spécialiste du phénomène du suicide au Japon.
"Le coronavirus est certainement un facteur majeur", dit-elle à l'AFP en n'excluant pas que "les chiffres augmentent encore cette année".
Des experts en santé mentale du monde entier ont averti des risques d'augmentation des suicides pendant la pandémie, en raison de facteurs comme le stress, les difficultés économiques et les abus familiaux.
Mais le Japon fait probablement partie d'un petit groupe de pays où les décès par suicide pendant la pandémie ont dépassé ceux dus au virus.
Les suicides l'an dernier au Japon ont également suivi des schémas différents de ceux des années précédentes, Mme Ueda soulignant la hausse particulièrement élevée du nombre de suicides chez les femmes l'an dernier (+14,5%), alors qu'il a au contraire baissé d'environ 1% chez les hommes.
Mme Ueda cite comme facteurs probables l'augmentation du chômage des femmes, plus nombreuses à occuper des emplois précaires (notamment dans l'hôtellerie et la restauration, deux secteurs très touchés par la crise), et des tâches domestiques et parentales accrues pour elles.
"Le coronavirus a mis en évidence les inégalités entre les sexes au Japon", ajoute Yayo Okano, professeure de féminisme à l'université Doshisha à Kyoto (ouest), rappelant que les tâches domestiques des femmes sont toujours très disproportionnées au Japon.
- Anxiété et solitude des jeunes -
Les chiffres des suicides des jeunes de moins de 18 ans au Japon sont également alarmants: plus de 300 élèves du primaire et du secondaire se sont suicidés entre début avril et fin novembre 2020, un bond de près de 30% par rapport à la même période l'année précédente.
"Les risques sont élevés pour les jeunes", qui "ressentent de l'anxiété quant à leur avenir" et souffrent tout particulièrement de la raréfaction des relations sociales, dit Akiko Mura, conseillère au Centre de prévention du suicide de Tokyo.
Les experts pensent par ailleurs qu'une série de suicides de célébrités au Japon en 2020 pourrait également avoir influencé des personnes vulnérables.
Munetaka Kaneko, conseillère au sein de l'ONG de prévention du suicide Sotto, estime que le gouvernement doit maintenant faire de la réponse au suicide un élément clé de sa politique de lutte contre le coronavirus, avec "des mesures de prévention adaptées à l'ère de la pandémie". Cet article est paru dans Sciences et Avenir (site web)
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La pandémie entraînera-t-elle plus de suicides?
Il est trop tôt pour savoir. Mais certaines données récentes, en particulier de groupes spécifiques, sont préoccupantes.
D'apres article "Will the Pandemic Result in More Suicides?" Par Kim Tingley 21 janvier 2021 sur https://www.nytimes.com*
Même avant d'entrer dans cet hivers le plus sombre, lorsque Covid-19 cause sans relâche de plus en plus de maladies et de décès - sans parler du stress supplémentaire, de l'isolement et de la douleur économique - il y avait des preuves suggérant que beaucoup plus de gens ont pensé à mettre fin à leurs jours pendant la pandémie que ces dernières années. En août, les Centers for Disease Control and Prevention ont publié les résultats d'une enquête nationale menée au cours de la dernière semaine de juin: Plus de 40 pour cent de ceux qui ont répondu ont signalé des symptômes d'anxiété ou de dépression ou une consommation accrue de substances, en plus d'autres difficultés. Et plus de 10% ont déclaré avoir sérieusement envisagé de se suicider au cours des 30 derniers jours, contre un peu plus de 4% qui ont dit la même chose en 2018 - et qui faisaient référence à des idées suicidaires au cours des 12 mois précédents . «Nous voulons savoir qui est le plus à risque de suicide dans la pandémie», déclare Paul Nestadt, psychiatre à la Johns Hopkins School of Medicine, qui n'a pas participé à l'enquête. Et pourtant, ajoute-t-il, "nous ne le saurons pas avant que ce ne soit presque terminé." En effet, cela peut prendre un an ou deux au CDC pour collecter et analyser les données nationales sur la mortalité.
Pour essayer d'avoir une idée de ce qui pourrait se passer actuellement, Nestadt et ses collègues ont examiné les données du Maryland , un échantillon beaucoup plus petit. Le nombre total de décès par suicide entre janvier et début juillet 236 était en fait inférieur à ce qu'il était pendant les périodes correspondantes des trois années précédentes. Cependant, lorsqu'ils ont examiné séparément les données sur les décès par suicide chez les Noirs et les Blancs, des tendances radicalement différentes sont apparues. Du 5 mars, lorsque le Maryland a annoncé ses premiers cas de Covid et déclaré une urgence dans tout l'État, jusqu'au 7 mai, lorsque les espaces publics ont commencé à rouvrir, le nombre de décès par suicide parmi les résidents noirs a doublé par rapport à une moyenne de la même période au cours des trois années précédentes. ; les décès parmi les résidents blancs ont chuté de près de la moitié. Des changements similaires ont été observés dans le Connecticut et à Chicago.
Les données ne peuvent pas dire si la pandémie ou tout autre facteur a causé ces changements. Mais ces résultats mettent en évidence comment les expériences des groupes vulnérables peuvent être manquées à moins que les chercheurs ne les recherchent spécifiquement. Comme le dit Sean Joe, qui est le directeur du Race and Opportunity Lab à l'Université de Washington à Saint-Louis et qui étudie le suicide chez les Noirs aux États-Unis, «vous ne pouvez pas supposer que la tendance générale décrit ce qui se passe avec tous Les Américains."
Le suicide peut être le comportement humain le plus difficile à étudier. C'est relativement rare, ce qui signifie que les données sur la mortalité ne peuvent généralement être ventilées qu'en catégories assez larges - comme la race et le sexe - avant que la taille de l'échantillon ne devienne peut-être trop petite pour révéler des tendances claires. Les chercheurs peuvent parler avec des personnes qui ont tenté de se suicider, mais elles peuvent être catégoriquement différentes de celles qui se suicident. Aux États-Unis, les femmes sont plus susceptibles de tenter de se suicider, par exemple, mais les hommes sont plus susceptibles d'en mourir. Beaucoup plus de gens envisagent le suicide que d'agir sur ces pensées.
De nouvelles façons d'étudier le comportement dans des contextes expérimentaux consistent à donner aux participants la possibilité de choisir le suicide dans des simulations de réalité virtuelle, ce qui s'est avéré sûr. Mais à ce jour, ce que l'on sait du suicide provient principalement d'entretiens psychiatriques approfondis avec des proches du défunt et de statistiques nationales. Ces chiffres montrent que les taux de suicide dans l'ensemble ont augmenté d'environ 30 pour cent aux États-Unis au cours des deux dernières décennies. Mais une analyse de 50 ans de recherche publiée dans Psychological Bulletin en 2017 a constaté qu'en ce qui concerne les signes avant-coureurs que les médecins ou les profanes peuvent utiliser pour déterminer si une personne est en danger imminent - changements d'humeur, par exemple, ou antécédents d'automutilation - «tout facteur de risque que nous pensions être particulièrement utile n'est que marginalement mieux qu'un tirage au sort », déclare Jessica Ribeiro, auteur de l'analyse et professeur adjoint de psychologie à la Florida State University. Une analyse tout aussi complète de 2020 dans le même journal par Ribeiro et ses collègues a révélé que les interventions actuelles, y compris les lignes d'assistance, la thérapie, la médecine et l'hospitalisation, bien qu'elles fonctionnent pour certains, semblent réduire les comportements suicidaires d'environ 9% seulement.
Un examen plus détaillé des données nationales donne une image encore plus compliquée des personnes les plus à risque - et donc de la manière de les atteindre. Parmi les Américains blancs, les hommes de 45 ans et plus sont les plus susceptibles de se suicider. Parce que les Américains blancs ont le taux de suicide le plus élevé du pays, les données agrégées suggèrent que c'est un problème qui affecte largement les personnes âgées. Mais parmi les Noirs américains, les hommes les plus susceptibles de se suicider sont les hommes entre 25 et 34 ans. . Et si le groupe d'âge le plus à risque est resté à peu près le même pour les Blancs au cours des dernières décennies, selon Sean Joe, il est devenu "de plus en plus jeune" pour les Noirs. En 2018, une étude en pédiatrie JAMA ont constaté que les taux de suicide ont augmenté chez les enfants noirs entre 5 et 11 ans entre 1993 et 1997 et entre 2008 et 2012. Le taux a diminué chez leurs homologues blancs. «L'un des mythes qui pose problème est que les enfants ne meurent pas par suicide», dit Joe. «Et ils le font.»
La plus grande question, et la plus difficile à répondre, est de savoir pourquoi. Quels sont les facteurs qui poussent certaines personnes à se suicider alors que d'autres, bien plus nombreuses, appartenant à la même population et vivant dans des conditions similaires, ne le font pas ? Il existe de nombreux sous-groupes dont les membres présentent un risque élevé de suicide, notamment la communauté L.G.B.T.Q., les Amérindiens, le personnel militaire et les personnes souffrant d'une maladie psychiatrique. Et le fardeau disproportionné de Covid peut en avoir créé - ou éclairé - d'autres. Dans l'enquête du CDC, plus de 30 pour cent de ceux qui se sont identifiés comme aidants naturels non rémunérés pour adultes ont déclaré qu'ils avaient sérieusement envisagé de se suicider au cours du mois dernier, soit près de trois fois la moyenne globale; c'est le cas de plus d'un jeune de 18 à 24 ans sur quatre et de plus d'un travailleur essentiel sur cinq. Mais ces types de catégories ne sont que des «prédicteurs», pas des «mécanismes causaux», dit Ribeiro. "Nous ne savons pas si cela fonctionne différemment". Les causes sous-jacentes du suicide sont probablement beaucoup plus complexes que ne le laissent supposer les tendances statistiques ; au contraire, comme pour d'autres problèmes de santé complexes, la biologie et les conditions environnementales rendent les individus de certains groupes plus vulnérables.
L'étude de l'effet de Covid-19 sur les taux de suicide pourrait éclairer un débat scientifique de longue date sur la mesure dans laquelle le comportement est déterminé par la chimie du cerveau par rapport aux facteurs de stress externes. Si Covid-19 augmente les comportements suicidaires - il y a eu une augmentation du suicide chez les personnes âgées à Hong Kong en 2003, l'année de l'épidémie de SRAS - cela pourrait donner du poids à l'idée que les pressions socio-économiques, comme la perte d'emploi ou l'isolement, sont des déclencheurs clés . «Mais comme pour tout débat scientifique, la réponse est toujours les deux», ajoute Nestadt. «C'est un comportement multifactoriel.»
Aussi déroutant que ce comportement demeure, les chercheurs ont des preuves solides sur certains facteurs qui pourraient aider à protéger ceux qui luttent pendant la pandémie. Les gens ne devraient pas avoir peur de demander si un ami ou un être cher a envisagé de se suicider; cela n'implantera pas l'idée. Le suicide est également étonnamment impulsif. Une majorité qui décide de le faire agit en une heure, dit Nestadt, et près d'un quart agit en cinq minutes. Ne pas avoir accès à une arme létale pendant cette période réduit considérablement le risque de mort. Aux États-Unis, les armes à feu sont le moyen le plus courant de se suicider et l'achat d'armes à feu a augmenté au cours de la dernière année. Se débarrasser des armes à feu ou en rendre l'accès plus difficile permettrait d'éviter davantage de décès par suicide, tout comme des soins de santé mentale plus abordables et largement disponibles.
Joe pense que nous ne verrons peut-être pas l'impact de la pandémie sur le suicide tant que les vaccins n'auront pas atténué les dangers immédiats du virus et que les Américains n'auront pas enquêté sur ce qu'ils ont perdu: traditions, célébrations, emplois, êtres chers. «Tout ce chagrin compliqué qui se produit, c'est ce qui frappera l'Amérique dans les 24 prochains mois», dit-il. «Et c'est ce à quoi nous devons faire attention. Que nous n'avons pas de crise de santé mentale après cette crise de Covid et que personne ne s'y prépare.
Si vous avez des pensées suicidaires, appelez la National Suicide Prevention Lifeline au 1-800-273-8255 (TALK). Vous pouvez trouver une liste de ressources supplémentaires sur SpeakingOfSuicide.com/resources .
https://www.nytimes.com/2021/01/21/magazine/will-the-pandemic-result-in-more-suicides.html
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MARSEILLE COVID-19: HAUSSE DES TENTATIVES DE SUICIDE CHEZ LES HOMMES, BAISSE CHEZ LES FEMMES (ÉTUDE MARSEILLAISE)
https://www.sfmu.org*
PARIS, 20 janvier 2021 (APMnews) - Le taux global de tentatives de
suicide est resté globalement stable aux urgences psychiatriques de
l'hôpital de la Timone à Marseille au cours du premier semestre 2020 par
rapport à 2019, mais le sexe-ratio a été nettement modifié, avec une
hausse chez les hommes et une baisse chez les femmes, selon des données
présentées au congrès de l'Encéphale qui a débuté mercredi.
La
pandémie Covid-19 et le confinement décidé pour l'endiguer ont induit
des modifications profondes des comportements, notamment une
exacerbation des éléments de vulnérabilité psychique pendant cette
période, indiquent le Dr Jean-Marc Henry et ses collègues de l'hôpital
de la Timone à Marseille (AP-HM) dans leur poster.
L'augmentation
des facteurs de risques des comportements suicidaires tels que
l'isolement et la fragmentation sociale laissent craindre une
augmentation des passages à l'acte. Pour le vérifier, ils ont étudié
l'impact du confinement sur le nombre de tentatives de suicide reçues
aux urgences psychiatriques de l'hôpital de la Timone, un des deux
centres recevant des urgences psychiatriques à Marseille et qui
enregistre environ 7.000 passages tous les ans.
Sur le premier
semestre 2020, 307 prises en charge pour tentatives de suicide ont été
identifiées en 2020, contre 343 en 2019. Cette baisse de 10,5% apparaît
proportionnelle à la diminution du nombre de passages aux urgences
psychiatriques pendant le premier semestre 2020. Le taux de tentative de
suicide dans la file active reste donc stable.
En revanche, il
apparaît "une nette modification" du sexe-ratio homme/femme pour les
comportements suicidaires, qui est passé de 47,8% en 2019 à 73,4% en
2020, ce qui traduit une augmentation des tentatives de suicide chez les
hommes et une diminution chez les femmes.
Ces résultats
préliminaires laissent supposer "une vulnérabilité différente" des
hommes et des femmes en cette période épidémique pour le suicide,
commentent les auteurs.
Contrairement à l'hypothèse initiale,
les données indiquent une diminution des comportements suicidaires au
premier semestre 2020, mais proportionnelle à une baisse d'activité aux
urgences psychiatriques. L'échelle locale de ces observations "incite à
la plus grande prudence mais invite à la confrontation avec les
indicateurs nationaux de suicidalité sur cette période", ajoutent-ils.
ld/ab/APMnews
https://www.sfmu.org/fr/actualites/actualites-de-l-urgences/covid-19-hausse-des-tentatives-de-suicide-chez-les-hommes-baisse-chez-les-femmes-etude-marseillaise-/new_id/67038
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Indre : baisse significative des suicides en 2020
Publié le 21/01/2021
Annabelle Desaix
constate que l’excellent maillage de l’Indre a progressivement permis de faire
baisser ces chiffres, bien sûr… Toujours trop élevés.
Indre. Contrairement à ce que l’on redoutait, il y a eu moins de suicides lors de la dernière année. Trente contre quarante-neuf l’année précédente.
Confinements,
isolements, perte de travail, virus incontrôlable… « Beaucoup
craignaient une forte progression des suicides pour l’année 2020 »,
nous confie un personnel de santé du centre hospitalier de Châteauroux. Et
bien, contre toute crainte, « c’est le contraire qui s’est
produit », explique Annabelle Desaix, responsable territoriale de
l’antenne 36 de l’Ireps (1). Chiffres sur table au niveau national,
« nous sommes sur un fléchissement de l’ordre de 12.000 à
10.000 ». Tendance qui s’est vérifiée sur le département de l’Indre,
passé de 49 suicides en 2019 à 30 suicides en 2020. Courbe
observée depuis 2015 et que le virus n’a pas réussi à inverser (2).
Chaque passage à l’acte est une défaite Les explications de cette bonne
tendance ne sont pas toujours facile à démontrer. Il n’empêche que « les
actions de prévention commencent à porter leurs fruits », poursuit
Annabelle Desaix. Il existe, aujourd’hui, une réelle prise en charge de la
souffrance par tous les professionnels de ce secteur et comme sur bien d’autres
départements, « le maillage dans l’Indre est désormais très
efficient ». Une présence qui permet « d’écouter les personnes
en grande souffrance et combattre les idées reçues à propos du passage à
l’acte ». Imaginer, notamment, « qu’en parler incite la
personne fragilisée à passer à l’acte » ; que « le
suicide est un choix » ou encore, « qu’il s’agit d’un geste de
courage ou de lâcheté ». La psychologie de l’être humain est bien plus
complexe que cela et il n’y a pas de vérité simple. Les chiffres de cette année
le démontrent, « puisque tout au long de ces derniers mois, la
souffrance a été amplifiée par la maladie, l’isolement, la perte d’un proche,
d’un emploi ; alors que le nombre de suicides a fortement reculé. »
En parler et donner aux personnes vulnérables « les capacités de
rebondir avec l’indispensable aide de proches, d’amis et de
professionnels » capables de rompre l’état de crise suicidaire. Autant
de démarches toujours difficiles, toujours incertaines, mais que les chiffres
couronnent de succès, même lors d’une année où chacun redoutait le pire.
Il ne faut toutefois pas baisser la garde, puisque chaque passage à l’acte est
une défaite.
(1) Fédération régionale des acteurs en promotion de la santé (Fraps) et les
Instances régionales d’éducation et de promotion de la santé (Ireps), tél.
02.54.60.98.75. (2). Dans les années 2010, 50 à 60 suicides étaient
enregistrés dans l’Indre et 800 tentatives.
contacts
Un département parfaitement maillé dans la lutte contre le suicide
Voici les
principaux intervenants luttant contre le suicide : Centre médico
psychologique, Aidaphi, pour les 6 à 20 ans, Indre-Ouest, tél.
02.54.61.16.11 ; Centre médico-psychologique, Pep,
6 à 18 ans, Indre-Est,
tél. 02.54.08.11.80 ; Éducation Nationale, tout le département, tél.
02.54.60.57.00 ; Centre d’information et d’orientation, pour élèves,
familles, équipes éducatives, tél. 02.38.83.49.07 ; Maison des adolescents
de l’Indre, jeunes jusqu’à 25 ans, parents et entourage,
tél. 02.54.22.56.64 ; Pôle de psychiatrie, pour les 0 à 16 ans,
tél. 02.54.29.60.32 ; Centre de soins, d’accompagnement de prévention en
addictologie, personnes comportement addictif avec ou sans produit,
tél.02.54.22.52.88 ; Pôle des urgences, tous les publics,
tél. 02.54.29.62.90 ; SOS écoute Indre, tous les publics,
tél.02.54.35.00.36.
Médecine du travail (AISMT 36), tél.02.54.29.42.10 ; Centre pénitentiaire
du Craquelin, personnes placées sous main de la justice, tél. 02.54.53.40.00 ;
Association Élisabeth Kübler-Ross, personnes confrontées rupture, deuil, mort,
tél. 02.54.07.01.69 ; Maison centrale de Saint-Maur, population pénale,
tél. 02.54.08.29.00 ; MSA, ressortissants agricoles,
tél. 02.54.44.87.87 ; Pôle psychiatrique adultes,
tél. 02.54.53.72.60 ; équipe mobile gériatrique, personnes de plus de
75 ans, tél.02.54.29.12.09 ; équipe mobile psychiatrie précarité,
professionnels confrontés à la souffrance psychique, tél. 02.54.27.12.72 ;
Centre médico-psychologique Issoudun, tél.02.54.49.39.39
et le département hors Issoudun, tél.02.54.22.49.67 ; MAIA 36, personnes
âgées de plus de 60 ans, tél.02.36.90.60.40.
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Covid-19 : face au mal-être, que valent les applications de santé mentale?
Il en existe aujourd'hui des dizaines sur les stores. Nombre d'entre elles, à défaut de pouvoir proposer une aide directe, permettent d'estimer son niveau de détresse.
Anxiété, burnout, sommeil perturbé... Ce n'est pas un secret, les confinements et couvre-feux visant à contrer la propagation du Covid-19 n'épargnent pas la santé mentale des Français. La situation des étudiants suscite actuellement l'inquiétude après le suicide de l'un d'eux, à Lyon, il y a un peu plus d'une semaine. Santé publique France a mis au point une rubrique spéciale sur son site internet ainsi qu'un numéro vert, le 0800 130 000, disponible 24h/24, pour aider les plus fragiles. D'autres ressources existent.
Un nombre considérable d'applications de santé mentale ont été développées ces dernières années. HeadSpace , Fabulous , StopBlues , Happify ... D'après l'American Psychological Association , il en existerait déjà plus 20 000, destinées à nous aider à mieux dormir, contrôler notre stress, être heureux, voire, comme BetterHelp et Talkspace le proposent, réaliser des consultations thérapeutiques par vidéo. Si certaines disposent une audience relativement modeste, d'autres caracolent en tête des classements AppStore (Apple) ou PlayStore (Google) hexagonaux, preuve que ces outils attirent en pleine crise sanitaire.
C'est notamment le cas des applications spécialisées dans la méditation comme Calm ou Meditation avec petit bambou . Cette dernière figure en ce moment à la première place des téléchargements sur le Google Play, promettant à ses utilisateurs de "lâcher prise sur [ses] pensées et [ses] émotions" et d"être plus sereins face aux difficultés de la vie". Peut-on vraiment leur faire confiance?
StopBlues, iSmart... Entre infos, conseils et évaluations
Souvent méconnues, les applications made in France existent. C'est ici que l'on peut ranger StopBlues , développée par l'Inserm et supervisée par la professeure de santé publique Karine Chevreul. A l'intérieur, un onglet "Tout sur le blues" renvoie vers des vidéos YouTube de psychiatres ou de professeurs experts en santé mentale, expliquent les signes et les causes de ce que l'on nomme le "blues", une manière douce d'appeler la dépression. Des "solutions" sont aussi présentées avec une cartographie des professionnels de santé proches de chez nous et un "bouton d'urgence" qui redirige en fait vers le 112.
L'application s'est dotée au printemps dernier d'une rubrique "Covid-19" où des psychiatres expliquent comment "mieux vivre le déconfinement", et expliquent les liens existant entre "l'isolement et la santé mentale", des thèmes plus que jamais d'actualité. Si la lisibilité, sur smartphone, n'est pas toujours optimale, les conseils y sont sérieux et sourcés.
Des applis préfèrent miser sur les systèmes d'évaluation et de notation. Emoteo se destine par exemple aux personnes "qui ressentent les émotions de manière trop intense et qui en souffrent". L'application, créée par les Hôpitaux universitaires de Genève, se propose d'évaluer sa "météo émotionnelle" grâce à une série de questions.
Capture écranL'application suisse Emoteo.
Dr Mood repose aussi sur ce "jeu" de questions-réponses auxquels sont rattachés des conseils pour aller mieux. iSmart , conçue par le Centre d'études sur le stress humain, au Québec, et disponible en français, se distingue de son côté par des "suggestions immédiates sur la façon de soulager l'anxiété" selon les réponses à quelques questions très simples sur l'état de son propre stress.
Enfin, l'application Emma, mise au point par le CHU de Montpellier, s'appuie quant à elle sur un protocole dont s'inspire son nom, l'"Ecological momentary assessment" (EMA). Utilisé par l'armée américaine pour ses anciens militaires et recommandé par le gouvernement britannique durant la crise du Covid-19, l'EMA permet d'estimer le risque suicidaire d'un individu à l'aide, là aussi, de rapides questionnaires remplis plusieurs fois par jour. "Comment ça va?", "êtes-vous anxieux?" ou "avez-vous des idées noires?", avait détaillé le Professeur Courtet à la sortie de l'application. Limitée à des patients à risques, identifiés et enregistrés auprès de plusieurs centres hospitaliers de France (Lille, Montpellier, Brest, Créteil, Besançon), Emma permet surtout d'afficher une liste de contacts préalablement enregistrés pour qu'ils interviennent au plus vite si l'application détecte un comportement suspect chez un utilisateur.
Chasser le malheur par le bonheur
L'autre méthode consiste à chasser les pensées négatives par des positives. Dans ce domaine, les Américains règnent en maître sur les stores. Happify (payante) est l'une des plus connues. Celle-ci appelle à "se concentrer sur des petites victoires du quotidien", et invite à diminuer son stress en fixant un paysage pendant deux minutes. L'application embarque des dizaines de programmes mais son efficacité reste à démontrer. C'est ce qu'a récemment expliqué le psychologue américain James C. Coyne dans une longue publication sur Medium, s'appuyant sur une étude américaine randomisée parue il y a deux ans et qui ne constatait pas d'amélioration notable du bien-être chez les utilisateurs de l'application. Attention, donc.
Fabulous (payante), dans un style proche, de Happify , souhaite remplacer les mauvaises habitudes par de nouvelles, en apparence plus saines. La technique reposerait cette fois sur des bases scientifiques. Plus précisément une étude de l'Université de Duke, popularisée dans le best-seller du journaliste Charles Duhigg sur le pouvoir des habitudes, The Power of Habits, selon laquelle 40% de nos actions quotidiennes sont issues d'habitudes bien ancrées. Alors Fabulous propose à ses usagers de lui rappeler de boire de l'eau, de faire son exercice quotidien, de sortir prendre l'air. D'être en quelque sorte un coach personnel un poil intrusif... Dans le même genre, Aloe Buds (en anglais seulement) élaborée par une ancienne de la campagne d'Hillary Clinton à la présidentielle de 2016, après un burnout après la nomination de Trump, veut aussi être un "compagnon de route" de l'utilisateur, en lui rappelant régulièrement de prendre l'air, de faire une pause dans son travail. Mais gentiment. "Courage, ça va aller", envoie Aloe Buds à ses utilisateurs.
Capture écran TheFabulousLe premier conseil de TheFabulous en entrant dans l'application
Reste que, désormais, la mode est à la méditation. Des applications telles que Headpsace , Calm ou Méditation avec petit bambou cartonnent à l'aide d'exercices de respiration et "programmes de pleine conscience" . La première a vu ses souscriptions bondir pendant la pandémie. "Nous faisons partie de ces entreprises chanceuses qui ont grossi encore plus pendant la pandémie, car les gens cherchent des outils pour gérer leur anxiété", raconte Alex Tew, cofondateur de Calm (et papa de la célèbre Million Dollar Home Page) relayé par Les Echos. Cela paye : selon Quartz, Calm a levé plus de 143 millions de dollars et cherche à en lever le même montant prochainement auprès d'investisseurs.
Et il n'y a rien de mal derrière ça. "La méditation permet d'exploiter cette faculté que nous avons de cultiver la résilience, la tolérance et la bienveillance vis-à-vis des obstacles et des défis de la vie", livrait Antoine Lutz, neuroscientifique au CNRS, lors du confinement du printemps 2020. Sauf, peut-être, le temps passé devant l'écran.
Finalement, il difficile d'affirmer que toutes ces méthodes améliorent la santé des plus fragiles. Une étude publiée en septembre 2019 dans la revue de référence World Psychiatry n'a, cependant, pas constaté d'effets négatifs à leur utilisation. Constatant même des "preuves de l'efficacité" des applications de santé mentale. "Bien que les applications de santé mentale ne soient pas là pour remplacer les services cliniques professionnels, les présentes conclusions soulignent le potentiel des applications", écrit l'étude. En particulier pour "les millions de personnes dans le monde qui ne peuvent pas recevoir de traitement psychologique standard".
Avant tout téléchargement, l'Institut américain pour la psychologie rappelle quelques règles. Parmi elles : consulter les conditions d'utilisations et les précieuses données collectées, ou non, par l'application. Enfin, tenter d'en savoir si les conseils distillés sont inspirés d'un véritable savoir médical. Sans quoi, c'est certain, l'application ne sera d'aucune utilité.
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Des psychologues et un "chèque santé mentale" pour faire face à la détresse des étudiantspar Boris Hallier publié le 15 janvier 2021 à 19h06
Depuis le début de la crise sanitaire, les organisations étudiantes ne cessent de l'alerter sur la détresse psychologique des étudiants, contraints de suivre leurs cours à distance. Au lendemain des annonces de nouvelles restrictions, elles ont été reçues par le Premier ministre ce vendredi. Pendant le premier confinement, près d'un étudiant sur trois (31 %) a présenté des signes de détresse psychologique, selon une récente étude de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE). © Maxppp / XAVIER DE FENOYL
La prise de parole de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, les avaient laissés sur leur faim, jeudi soir. LA FAGE, premier syndicat étudiant, espérait ainsi davantage de mesures destinées à soutenir les étudiants en cette période de crise sanitaire. "La situation est critique, il faut rouvrir les universités au plus vite", implorait de son côté Mélanie Luce, la présidente du syndicat étudiant UNEF.
Conscient des difficultés pédagogiques à l’université, le gouvernement a autorisé les étudiants de première année à reprendre les Travaux Dirigés, en demi-groupe, à partir du 25 janvier. Pour les autres élèves, il faudra patienter et le calendrier reste très incertain.
De nouveaux psychologues bientôt recrutés
En attendant une hypothétique reprise des cours dans les amphis, Jean Castex a reçu les représentants des organisations étudiantes ce vendredi. L’occasion pour le Premier ministre de confirmer le recrutement de 80 psychologues dans les CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) dans les six prochains mois. Soit un doublement des effectifs.
Mais avec 1 psychologue pour 30 000 étudiants, la France reste bien en retard par rapport aux autres pays. Aux États-Unis, c’est 1 pour 1500 étudiants et au Canada, 1 pour 3000, selon un rapport de l’association Nightline, une plateforme d’écoute destinée aux étudiants.
"Nos lignes sont vite saturées en ce moment", témoigne Florian Tirana, président de Nightline et élève à AgroParisTech. Cent vingt bénévoles s’activent pour répondre à l’inquiétude de certains jeunes. "Ils nous parlent de leurs problèmes relationnels, de leur solitude mais aussi de leur inquiétude vis-à-vis de leur cursus".
Le recrutement de nouveaux psychologues est donc une avancée selon lui, "mais cela reste insuffisant lorsque l’on compare la situation avec d’autres pays."
La mise en place d’un "chèque santé mentale"
Pour éviter les délais d’attente avant de voir un psychologue, les organisations étudiantes réclamaient une aide du gouvernement pour que ceux qui en ont besoin puissent consulter dans le domaine libéral.
Le Premier ministre leur a confirmé qu’un "chèque santé mentale" était à l’étude. Le dispositif est encore en discussion mais d’après Paul Mayaux, président de la FAGE, il pourrait s’agir d’un chèque permettant de "couvrir 2-3 consultations, l’équivalent d’une centaine d’euros. Il ne faut pas que les étudiants aient à avancer les frais, vue la situation c’est impossible."
Des précisions sur ce chèque seront apportées dans les prochains jours. "Si cela n'aboutit pas, les mesures destinées aux étudiants resteront très limitées", assène-t-il.
https://www.franceinter.fr/societe/des-psychologues-et-un-cheque-sante-mentale-pour-faire-face-a-la-detresse-des-etudiants
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ETUDE RECHERCHE PAYS BAS :
Les chercheurs du CWI analysent les appels à l'aide pour la prévention du suicide pendant la pandémie
Date de publication : 15-01-2021
La Stichting 113 Suicide Prevention aide les personnes en détresse mentale qui ont des pensées suicidaires en soutenant les conversations par téléphone et par chat. Salim Salmi, chercheur du CWI et doctorant dans le groupe Stochastics du CWI, a analysé les conversations entre les soignants et les usagers de la Stichting 113 avant et pendant la pandémie COVID-19, avec des experts de la Stichting 113 et de l'université d'Amsterdam. La recherche a été en partie financée par le programme COVID-19 de ZonMW.
La recherche montre que les gens ont besoin d'une conversation pendant la crise de la covid, mais qu'ils ont du mal à parler de leurs sentiments dans leur propre environnement. Depuis le début de la crise covid, les hommes souffrent davantage d'anxiété et les jeunes ont moins confiance en eux.
Objectif de la recherche
L'objectif principal de la recherche était de déterminer si le sujet des appels à l'aide a changé sous l'influence de la pandémie COVID-19. Les sujets de conversation les plus courants pendant cette période ont également été cartographiés. Les chercheurs voulaient également se faire une idée des différences entre les conversations des différents groupes cibles (jeunes/vieux, homme/femme, vivant seuls). L'étude a analysé 8 589 conversations de chat : 5 179 conversations avant la crise de la Corona et 3 410 conversations après l'introduction des mesures gouvernementales pour la Corona. Pour l'analyse, des techniques spécifiques d'apprentissage automatique et de traitement du langage naturel ont été utilisées.
Méthode d'apprentissage automatique BERT
La méthode d'apprentissage machine Bidirectional Encoder Representations from Transformers (BERT) a été utilisée pour trouver des sujets dans les chats. Ce modèle convertit les textes en représentations numériques qui peuvent être utilisées pour les calculs. Cela signifie que chaque message de chat est converti en une représentation numérique et mis en grappe. Pour chaque groupe, les chercheurs ont utilisé les messages de chat correspondants pour obtenir un certain nombre de mots qui décrivent le groupe. Pour cela, une sélection a été faite parmi les 2000 mots les plus utilisés. Les mots les plus importants ont été déterminés à l'aide de la statistique de la fréquence des documents inversés (TF-IDF). Grâce à cette sélection de mots et aux messages de chat qui l'accompagnent, les chercheurs ont trouvé un sujet de conversation pour chaque groupe, par exemple "panique et anxiété", "pensées suicidaires" et "amitié".
Conclusions
Dans quatorze pour cent des demandes d'aide, "Corona" a été un sujet de discussion, après l'introduction des mesures corona. Les problèmes rencontrés par les demandeurs d'aide qui ont mentionné la "Corona" étaient plus la solitude, la peur, peu de distraction, moins d'assistance, la menace de chômage et l'abus de drogues.
La plupart des changements dans les sujets de conversation du 113 Suicide Prevention Helpline, suite à la mise en place des mesures Corona, sont conformes aux attentes. Les changements inquiétants sont l'augmentation de la panique et de l'anxiété chez les hommes, l'augmentation du manque de confiance en soi ou en autrui chez les jeunes, et l'augmentation des plans de suicide chez les personnes cherchant de l'aide et vivant seules.
Il est particulièrement frappant de constater que la gratitude pour la conversation elle-même ainsi que pour l'écoute de la personne en détresse a augmenté après l'introduction des mesures Corona, en particulier chez les hommes et les jeunes. Cela signifie que la ligne d'assistance téléphonique 113 Prévention du suicide semble répondre au besoin de contact avec ces groupes d'usagers. Heureusement, aucune augmentation du nombre total de suicides aux Pays-Bas n'a été observée sur la période allant de mars 2020 à novembre 2020 inclus. Afin de s'assurer que le nombre de suicides n'augmente pas en 2021, il est crucial de rester vigilant et de discuter ensemble de ses sentiments.
Pour plus d'informations
- Salim Salmi
- Factsheet (Dutch)
- Link to news item Stichting 113 (Dutch)
- Stochastics research group
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Covid-19: face à la détresse psychologique des étudiants, Caroline Combes lance l’alerte
Par ClaireConruyt • Publié le 13/01/2021 https://etudiant.lefigaro.fr*
«Nous constatons que les étudiants qui étaient déjà vulnérables ont considérablement été fragilisés.»
INTERVIEW - Voilà bientôt un an que les étudiants suivent un enseignement à distance. Le docteur Caroline Combes, médecin en chef du service de santé universitaire Lyon 1 revient sur les conséquences de leur isolement.
Certains vivent depuis plusieurs mois dans leurs petites chambres au sein de résidences universitaires, d’autres ont passé Noël loin de leurs proches. Voilà bientôt un an que les étudiants suivent un enseignement à distance. Pour certains, le lien social s’est considérablement fragilisé. Le 10 janvier dernier, un étudiant lyonnais s’est jeté par la fenêtre du 4e étage. Un professeur de l’université Lyon 3 a tweeté: «Nous sommes bouleversés et l’entourons de nos pensées. Les raisons de ce geste sont à déterminer. Mais la fermeture des amphis fragilise.»
De quelle manière la crise sanitaire affecte-t-elle les étudiants? Le docteur Caroline Combes, Caroline Combes, médecin en chef du service de santé universitaire Lyon 1, répond aux questions du Figaro.
LE FIGARO -. A-t-on tendance à sous-estimer le mal-être étudiant?
Caroline COMBES -. Nous sommes en train d’en prendre conscience. Actuellement, les gouvernances sont mobilisées pour acter le fait que les services de santé ont besoin de moyens et que l’état psychologique des étudiants est un sujet important.
«Faire de la prévention du suicide est une manière de dire aux étudiants qui ne se sentent pas bien qu’il faut en parler»Caroline Combes
Il est nécessaire de faire de la prévention primaire, c’est-à-dire de suivre les jeunes au plus près pour éviter qu’un événement arrive. Il faut être prêt à organiser une prise en charge médicale adaptée qui, après un diagnostic d’une dépression par exemple, doit être suivie d’une thérapie de soutien et d’un traitement si besoin. Enfin, il faut veiller à faire de la prévention tertiaire: lorsqu’un événement a lieu, comme une tentative de suicide, il faut pouvoir accompagner les étudiants qui ont été témoins. Faire de la prévention du suicide est une manière de dire aux étudiants qui ne se sentent pas bien qu’il faut en parler.
La crise sanitaire a-t-elle fait apparaître des pathologies particulières?
En temps normal, au centre de santé de l’université de Lyon, les deux premiers motifs de consultation sont la santé mentale et la gynécologie. Ainsi, la santé mentale était déjà «un sujet» chez les étudiants avant le covid. La question a pris une place particulière depuis la crise. Celle-ci a révélé et amplifié les difficultés des étudiants. En revanche, les données de suicidologie que nous avions au 31 décembre 2020 ne montrent pas une augmentation du taux de suicide. Il y a des suicides chez les jeunes tous les ans. S’agissant de l’étudiant qui s’est défenestré cette semaine, nous ne connaissons pas encore les motifs. Ce peut très bien être dû à une décompensation d’une pathologie psychiatrique.
Toutefois, nous constatons que les étudiants qui étaient déjà vulnérables ont considérablement été fragilisés. Avec la crise, le confinement provoque la démotivation et la perte de liens sociaux qui sont parmi les facteurs déclencheurs de décompensations de pathologies psychiatriques. Ces dernières peuvent mener à des actes suicidaires.
«Le lien social que l’on forge lorsqu’on est étudiant, une période de vie marquée par les rencontres amicales et amoureuses, est rompu» Caroline Combes, médecin en chef du service de santé universitaire Lyon 1
Quels symptômes observez-vous chez les plus fragiles?
En période d’examen, nous constatons de l’anxiété: la gorge qui se serre, des troubles du sommeil, l’hypervigilance, des tremblements et parfois des troubles du comportement alimentaire. J’ai le sentiment qu’en dehors de ces périodes d’évaluation, les motifs de consultation sont la dépression. J’entends: «J’y arrive plus, j’arrive plus à me lever, je ne m’habille plus, je n’arrive plus à lire». Je constate alors une perte d’énergie, d’élan vital, cette énergie propre aux jeunes qui est toute-puissante en principe.
Constatez-vous une différence entre le premier confinement vécu par les jeunes et le second?
La communauté étudiante n’était pas à part lors du premier confinement. Cette fois, elle l’est. Beaucoup de citoyens peuvent encore travailler, se mouvoir et maintenir certaines activités. Les étudiants, eux, n’ont plus accès au sport, suivent des enseignements à distance depuis bientôt un an. S’il y a parfois des TD en présentiel, cela reste rare.
Le lien social que l’on forge lorsqu’on est étudiant, une période de vie marquée par les rencontres amicales et amoureuses, est rompu. L’isolement est compliqué à gérer. Ajoutons à cela des problématiques structurelles, familiales, personnelles. Et même, des problématiques financières que l’on observe particulièrement chez les étudiants étrangers. Cela peut, encore une fois chez des étudiants vulnérables être un facteur précipitant de trouble anxio-dépressif très fort.
«La déstructuration de leurs journées, chez certains, entraîne la perte de motivation »Caroline Combes, médecin en chef du service de santé universitaire Lyon 1
Combien de temps les plus fragiles peuvent-ils encore supporter cette situation?
C’est difficile à dire. Les étudiants seront les derniers à être vaccinés. Lors de la deuxième vague, ils avaient été fustigés: on entendait partout qu’ils étaient responsables de la transmission du virus. C’est donc une population sous haute surveillance et donc, stigmatisée. S’il y a une troisième vague, cette stigmatisation pourrait s’intensifier. Je suis franchement inquiète parce qu’ils ont besoin de revenir sur les campus, d’apprendre, d’avoir un rythme, une routine. La déstructuration de leurs journées, chez certains, entraîne la perte de motivation.
Quelles séquelles les jeunes garderont-ils de cette crise?
Je constate des arguments de décrochage qu’il n’y avait pas l’an dernier. Les étudiants me disent: «J’ai
raté mon premier semestre, je vais mal, je ne vais pas réussir l’année
mais je viens vous voir parce que j’ai besoin d’aide». La situation
permet des prises de conscience mais elle affecte la réussite des
examens. Elle accroît les risques de décrochage, de non-obtention du
diplôme et in fine, l’inquiétude de ne pas trouver un travail.
https://etudiant.lefigaro.fr/article/covid-19-face-a-la-detresse-psychologique-des-etudiants-caroline-combes-lance-l-alerte_5ee1af6e-54dd-11eb-a135-bf520e81ac1c/
La santé mentale à rude épreuve
L’épidémie de COVID-19 suscite de nombreuses
inquiétudes au sein de la population mais elle soulève également un
problème moins médiatisé et tout aussi dangereux : isolement et perte
d’emploi ont provoqué une hausse de la dépression chez les étudiants.
Cet aspect indésirable du confinement a été mesuré par le biais de
l’enquête CONFINS dont les premiers résultats ont été publiés
mi-novembre. Décryptage.
- 11/01/2021
L’étude CONFINS, pilotée par Kappa Santé, l’équipe de l’étude I-Share (BPH - Inserm et université de Bordeaux), la start-up Kap Code et l’université de Bordeaux a été lancée en avril dernier par le scientifique Christophe Tzourio, professeur d’épidémiologie à l’université de Bordeaux et directeur scientifique de l’Espace Santé étudiants du campus bordelais.
Le but ? Trouver des solutions viables pour améliorer au mieux la santé mentale et le quotidien de ces étudiants livrés à eux-mêmes. Le principe est simple : comparer le ressenti des étudiants durant le confinement à celui du reste de la population. De cette manière il sera possible d’identifier les étudiants les plus à risques pour pouvoir rapidement leur venir en aide.
L’enquête a été réalisée en ligne par le biais de questionnaires mensuels. Au total, environ 3500 participants ont été recensés dont 2080 représentant la population étudiante. Les chercheurs se sont intéressés à l’état physique et psychique des individus mais également à leurs avis et sentiments personnels sur la pandémie, ses conséquences et la manière dont elle est gérée.
Des résultats préoccupants
Les chiffres obtenus par comparaison entre le ressenti des étudiants et celui des autres personnes parlent d’eux-mêmes :
- 33% des étudiants interrogés présentent des symptômes dépressifs contre 16% chez les non étudiants
- 24% expriment des symptômes forts d’anxiété contre 15%
- 33% présentent un niveau de stress élevé contre 22%
- 12% des étudiants confient avoir eu des pensées suicidaires au cours de la semaine précédente contre 8%
Les résultats de cette étude rendent compte d’un fait marquant: les étudiants sont soumis à deux fois plus de risques d’être victimes d’une altération de leur santé mentale due aux confinements. En effet, ils sont d’ordinaire confrontés au stress induit par les cours.
Mais
maintenant, s’ajoutent les problèmes financiers, le manque de matériel
informatique pour suivre correctement les enseignements et l’isolement
dans des espaces réduits qui impliquent un grand risque de décrochage et
de dépression chez les jeunes gens.
Les mesures à prendre
La finalité de cette enquête consiste à pouvoir répondre de manière efficace aux étudiants en difficulté pour leur apporter de réelles solutions et soulager la pression. Une fois les personnes à risque identifiées, l’idée est de pouvoir leur proposer une réelle prise en charge psychologique par des professionnels. Pour le moment, les mesures à mettre en œuvre sont :
- Renforcer le service de l’espace santé universitaire
- Soutenir les initiatives de suivi pédagogique rapproché et la solidarité entre étudiants
- Fournir une aide numérique, alimentaire et financière aux plus précaires.
Les résultats en infographie
Une crise sanitaire qui s'éternise et qui engendre de nouvelles problématiques financières comme relationnelles : l'antenne franc-comtoise de SOS Amitié a vu le nombre de nouveaux appelants augmenter ces dernières semaines. L'association n'arrive à répondre aujourd'hui qu'à un tiers des appels. Le nombre d'appels a explosé en 2020 chez SOS Amitié © Radio France - Claire Leys
Ce sont des chiffres inquiétants pour la santé psychologique des Français : en 2020, le nombre d'appels à l'association SOS Amitié n'a cessé de grimper. Sur l'année, 144% d'appels en plus par rapport à 2019 qui concernent la peur de la mort, 107% de plus liés à l'anxiété... À l'antenne de Belfort-Montbéliard, la tendance n'est pas non plus rassurante. Si les appelants habituels, déjà coupés de toute vie sociale d'ordinaire, ne vivent pas de changement avec les mesures de confinement ou couvre-feu renforcé, ceux qui ont commencé à se tourner vers l'association récemment sont plus touchés.
Des situations qui empirent
Le nombre d'appels pour des idées suicidaires reste très faible, mais il a tout de même "doublé en 2020 par rapport à l'année précédente", indique Christiane, une écoutante, notamment chez les jeunes qui contactent SOS Amitié via leur tchat : "sur une dizaine de personnes en quatre heures l'autre jour, huit étaient suicidantes ou suicidaires."
Ce deuxième confinement a amené beaucoup plus de personnes à envisager le suicide.
L'antenne franc-comtoise de l'association n'exclut pas que la hausse des nouveaux appelants se poursuive, car désormais, les problématiques de précarité se font à leur tour sentir. "Certaines personnes espérant retrouver un travail après le premier confinement ne savent plus aujourd'hui si ce sera le cas, explique Christiane. Il y a des problèmes financiers qui apparaissent." "Certains avaient un emploi précaire et ne savent pas comment ça va se passer, ajoute Marie, elle aussi écoutante. Certes, il y a la maladie, mais aussi tout ce qui fait la vie au quotidien."
Tensions et violences familiales
Parmi les appelants chez SOS Amitié qui ne sont pas coupés d'une vie familiale, les violences conjuguales sont davantage évoquées depuis le premier confinement. "Ça n'est pas redescendu, expliquent les bénévoles, car les gens vivent toujours enfermés chez eux." De ce point de vue, le couvre-feu avancé à 18 heures risque de ne pas améliorer la situation.
Les plus jeunes ne sont pas épargnés avec cette crise qui s'éternise. "Les problèmes entre parents et enfants ne font que s'aggraver, ajoute Christiane. Le souci pour les gamins, c'est ceux qui ne peuvent pas être suivis au niveau scolaire. J'ai eu deux lycéens la dernière fois qui ne savent pas comment ils pourront terminer l'année, s'ils auront leur bac, où ils iront après... Pour eux, c'est un véritable problème."
https://www.francebleu.fr/infos/societe/sos-amitie-franche-comte-detresse-psychologique-crise-sanitaire-se-poursuit-1609520800
Top Santé 7/01/2021
Alors que le moral des Français est au plus bas, le Pr Michel Debout (Fondation Jean Jaurès) et Vincent Lapierre, psychologue (centre de prévention du suicide à Paris) décryptent les raisons qui peuvent pousser à développer des idées suicidaires et apportent leurs conseils de prévention. https://www.dailymotion.com/video/x7yigbe
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L’impact psychosocial du (dé)confinement : repenser l’accompagnement de la population générale en période de crise
L’impact psychosocial des mesures de confinement ou de quarantaine a été documenté depuis près de deux décennies au fil des différentes épidémies. Cependant, aucune de ces pandémies n’avait sévèrement impacté les pays d’Europe de l’Ouest. La Covid-19 est une pandémie globale dont la gestion a impacté la population à tous niveaux. En France, le confinement et la sortie du confinement ont été analysés par plusieurs recherches, les données préliminaires mettant en avant les différents facteurs de vulnérabilité et les populations les plus démunies. Les auteures soulignent les enjeux de santé mentale publique et la nécessité d’une stratégie de prévention et d’accompagnement.
Cet article, publié sur Cairn, a été écrit par Catherine Tourette-Turgis, professeur des Universités, fondatrice et directrice de l’Université des Patients – Sorbonne Université et Marie Chollier, psychologue, GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences, Paris.
Il se compose ainsi :
Introduction
Le confinement
L’impact psychologique du confinement lié au Covid-19
Enquête auprès de la population française en période de confinement
Consommation de substances licites et état dépressif
Le risque suicidaire et la prévention du suicide pendant la pandémie
De la (sur) vulnérabilité aux initiatives sanitaires et communautaires : l’enjeu du soutien psychosocial en temps de crise
Conclusion : penser l’après
Cliquez ici pour accéder à l’article
Source : https://medecine.sorbonne-universite.fr/limpact-psychosocial-du-deconfinement-repenser-laccompagnement-de-la-population-generale-en-periode-de-crise/
La crise sanitaire pèse sur la santé mentale des étudiants
Luc Leroux, Laurie Moniez et Zineb Dryef 28/12/2020 lemonde.fr
Plusieurs suicides ont eu lieu sur des campus. Une situation sanitaire difficile à mesurer mais que syndicats et pouvoirs publics disent prendre très au sérieux.
10 décembre, conférence de presse de Jean Castex. Les nouvelles ne sont pas bonnes : la situation sanitaire marque le pas et les fêtes s’annoncent moins joyeuses que prévu. Pour les étudiants, privés de cours en présentiel depuis octobre, la perspective de retrouver les amphis s’éloigne : « des étudiants ciblés » pourront reprendre début janvier, mais pour les autres, l’échéance est fixée au 20 janvier, « si la situation épidémique le permet ». Le premier ministre déclare : « Nous sommes conscients qu’il y a des étudiants dans une situation psychologique très difficile. » Puis il lâche : « Il y a des suicides. »
Cette déclaration brève qui n’a été suivie d’aucune précision, a suscité une grande émotion dans le milieu universitaire. Depuis l’annonce du reconfinement à la Toussaint, ils avaient été nombreux à alerter sur la détresse des jeunes, certains craignant même que la situation tue « plus, à terme, que le virus » (Michel Deneken, président de l’université de Strasbourg, le 26 novembre sur Franceinfo). Et voilà que le premier ministre confirmait leurs craintes ?
« Nous voulons les chiffres et toute la transparence sur ces morts, réclame Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF. Le suicide d’un étudiant sur sa résidence universitaire, c’est rare. Là, il y en a eu plusieurs d’affilée. » Un étudiant en médecine à la faculté de Nancy a été retrouvé mort le 4 octobre. Au mois de novembre, deux étudiants se sont tués, à Nice et à Montpellier. Des drames venus rappeler ceux survenus plus tôt dans l’année à Montpellier et à La Rochelle. « Nous voulons savoir combien ils sont. »
« De façon générale, nous avons peu de chiffres sur les suicides », déplore le professeur Fabrice Jollant, spécialiste du sujet au sein du GHU-Paris-psychiatrie & neurosciences. Pour quantifier le phénomène suicidaire, les spécialistes disposent de trois types de mesure. Le nombre de suicides aboutis : « Des données toujours publiées avec retard. Celles de 2016 sont les plus récentes. » Les tentatives de suicide : « C’est encore plus compliqué ; on utilise les chiffres d’hospitalisation pour tentative de suicide, mais on estime qu’autour de 40 % des personnes qui font une TS [tentative de suicide] ne vont pas à l’hôpital. » Enfin, les sondages sur les pensées suicidaires : « Ils traduisent une souffrance mais ne mesurent pas les actes. Parce que, heureusement la majorité des gens qui ont des pensées suicidaires ne se suicident pas. »
Un faisceau d’indicateurs
Jean Castex ne peut donc pas s’appuyer sur le nombre de suicides aboutis – les chiffres ne sont pas disponibles – mais seulement sur un faisceau d’indicateurs. Le principal étant celui fourni par Frédérique Vidal : le 9 décembre, durant une réunion des ministres sur le Covid-19, elle a fait état de « chiffres alarmants » sur le suicide des étudiants. Selon son cabinet, la ministre de l’enseignement supérieur s’est appuyée sur les « remontées de données des services de santé universitaires qui constatent une hausse du nombre de consultations en psychologie pouvant aller dans certains secteurs jusqu’à 30 % depuis le confinement ».
Prenons l’université de Lille, l’une des plus importantes de France avec près de 73 000 étudiants. Selon une étude menée en interne et révélée par La Voix du Nord, la moitié des étudiants disent souffrir d’anxiété accrue, voire massive, et 30 % à 40 % parlent de détresse. Comme c’est la première de ce type, difficile de savoir quelle est la part de la crise sanitaire dans ces résultats, mais Sandrine Rousseau, la vice-présidente à l’université de Lille chargée de la vie étudiante, ne cache pas son inquiétude : « C’est la première fois que je reçois en direct des messages inquiétants d’étudiants, avec des pensées suicidaires très fortes. » Selon elle, les plus fragiles ne sont pas ceux qui sont déjà suivis socialement ou psychologiquement. « Ce sont des étudiants qui s’effondrent dans des dépressions car ils sont en perte de repères. »
La présidente de l’UNEF abonde : « Je n’ai même plus les mots. Ce deuxième confinement a été différent pour tout le monde sauf pour nous : on avait à peine commencé l’année qu’on a de nouveau été isolés. Il y a une crise de la santé mentale chez les étudiants. » Une enquête de Santé publique France lui donne raison : le nombre des personnes concernées par un état dépressif a doublé entre la fin du mois de septembre et le 6 novembre. Parmi les populations les plus touchées figurent les jeunes âgés de 18 à 24 ans.
Selon les observations de l’université de Lille, 11,4 % d’entre eux ont été traversés par des idées suicidaires pendant le premier confinement. « C’est très important, mais c’est une donnée assez comparable à ce qu’on connaît habituellement, nuance Fabrice Jollant. La grande question, c’est : est-ce qu’il s’est produit la même chose pendant le deuxième confinement ? L’expérience n’est pas la même ; la crise sanitaire se prolonge, la crise économique embraye… »
Une tendance à la baisse lors du premier confinement
Comme de nombreux praticiens, le psychiatre Liova Yon admet être « assez inquiet », mais rappelle que lors du premier confinement « on a craint des choses terribles qui ne sont pas arrivées ». Si l’on se réfère aux données des hôpitaux – les entrées aux urgences pour un geste suicidaire – entre janvier et août 2020, les tentatives de suicide ont diminué partout en France pendant le premier confinement.
« Le phénomène de saisissement de la société et la proximité familiale ont pu jouer un rôle protecteur. » Charles-Edouard Notredame, psychiatre et chef de clinique au CHU de Lille
« C’est très net et ça baisse dans toutes les tranches d’âges sauf les sujets âgés, chez qui les TS augmentent », explique le professeur Jollant. La baisse est de 15 % chez les 15-19 ans. Elle est un peu moins importante chez les 20-24 ans : - 5 %. Parmi les hypothèses pour expliquer cette tendance, « le phénomène de saisissement de la société et la proximité familiale qui ont pu jouer un rôle protecteur », explique Charles-Edouard Notredame, psychiatre et chef de clinique au CHU de Lille.
Mais cette fois, la baisse des suicides est moins nette que celle observée lors du premier confinement, fait observer le professeur Guillaume Vaiva, du service de psychiatrie adulte du CHU de Lille. Il remarque ainsi « une augmentation des recours à l’urgence chez les jeunes pour crises suicidaires depuis début septembre partout en France (en particulier chez les 12-21 ans), mais pas des actes suicidaires (TS ou décès par suicide) ».
Sur le territoire nord des Bouches-du-Rhône – hors Marseille –, les signaux les plus nets concernent aussi la « population pédiatrique ». Les pédopsychiatres reçoivent de plus en plus de jeunes en crise, y compris de très jeunes préadolescents (dès 11 ans). Du côté de l’hôpital psychiatrique d’Aix-en-Provence, on évoque un plus grand nombre de transports par le SAMU de jeunes qui ont tenté de se donner la mort.
Une année 2021 difficile
Concernant les étudiants, le docteur Liova Yon précise que si, « sur le plan scientifique », rien ne permet d’affirmer qu’ils se suicident davantage, « des frémissements d’information » présagent une année 2021 difficile. Responsable de VigilanS Paris, une cellule constituée de psychiatres, d’infirmiers et d’infirmières chargés d’entretenir un lien avec les patients venus aux urgences pour une tentative de suicide, il voit passer régulièrement des signalements d’étudiants. « Ils souffrent de l’absence de leurs ressources habituelles – ressources financières mais aussi de soin et d’apprentissage… Un sous-groupe apparaît : les étudiants en santé sont une population à risque suicidaire particulièrement identifiée. »
Son confrère Sofian Berrouiguet, médecin psychiatre au CHU de Brest et responsable du dispositif VigilanS en Bretagne, observe lui aussi lors de ses réunions hebdomadaires avec les infirmiers et infirmières qui appellent les « suicidants » qu’il est « régulièrement » question des étudiants, une population « devenue bruyante dans notre système ». Il avance une piste d’explication : « Les jeunes ont d’autres services d’aides que les urgences – la famille, des services de santé scolaire, l’aide entre eux. Tout ce tissu informel de recours a disparu ou a été saturé pendant le confinement. Ils se sont tournés vers des services habituellement de dernier recours pour eux. » Prudent, il ajoute : « Toutes les infos qu’on vous donne sont des appréciations cliniques qui n’ont pas valeur de vérité absolue. »
Une seule certitude : la précarisation importante des étudiants les fragilise psychiquement. Or on sait depuis longtemps que les crises économiques d’ampleur (1929, 2008) sont suivies par des vagues de suicides, avertit Fabrice Jollant. « On sait aussi que cet impact peut être amorti par une protection sociale active. »
Fil santé jeunes propose de l’écoute et du Tchat. Service anonyme et gratuit pour les 12-25 ans tous les jours de 9 heures à 23 heures. Tél. : 0.800.235.236. Cet article est paru dans Le Monde (site web)
Laure Dasinieres — 17 décembre 2020 http://www.slate.fr*
Fêtes de fin d'année et épidémie de Covid-19 pourraient laisser présager une hausse des suicides. Or les spécialistes mettent en garde contre ces prophéties dangereuses et invitent à la solidarité.
En ces fêtes de fin d'année, la solidarité doit plus que jamais primer.
Avertissement: une cellule nationale de soutien psychologique Covid-19 offre de l'aide pour la population générale en détresse psychologique pendant l'épidémie et le confinement, au 0 800 130 000 (numéro vert, 24h/24, 7j/7). En cas de grande détresse psycho-sociale (crise d'anxiété, idées suicidaires…), appelez le 15.
De La vie est belle de Capra où le protagoniste George Bailey a l'intention de se donner la mort à Noël, au Père Noël est une ordure avec son «SOS Détresse Amitié» et ses appels de suicidants, la culture populaire a construit le mythe d'une hausse des suicides lors des fêtes de fin d'année. Or si cette période peut être un moment de détresse pour une catégorie de personnes fragilisées, elle peut, au contraire, permettre à d'autres de renouer du lien, retrouver du sens et apaiser leurs idées suicidaires.
Et les chiffres tendent à montrer que le «holiday syndrome» relève de la fake news relayée chaque année par les médias et qu'il n'y a pas d'augmentation du nombre de morts par suicide à Noël.
«Il y a chaque année environ 9.000 morts par suicide en France, explique Pierre Thomas, professeur des universités-praticien hospitalier de psychiatrie à l'université de Lille, chef du pôle de psychiatrie, médecine légale et médecine pénitentiaire du CHU de Lille. Contrairement à ce que l'on peut penser, on note plutôt des variations à la hausse au changement de saison et tout particulièrement en novembre. Noël est certes une période qui peut exacerber le risque de crise suicidaire chez certains, mais il peut aussi être favorable à d'autres.»
En outre, ce n'est pas parce que la période des fêtes peut être un passage difficile à négocier que l'idée du suicide sera plus présente dans notre tête à cette époque de l'année.
Une baisse depuis le premier confinement
Continuer de répandre le mythe pourrait même avoir des conséquences particulièrement délétères et contribuer à créer ce que l'on appelle un «effet Werther», qui correspond à un phénomène de contagion par imitation. Cela n'aide pas les personnes ayant des pensées suicidaires de répéter que Noël est une période où les personnes partageant ce type de pensées passent à l'acte.
«Même au Japon, où les chiffres habituels sont généralement très élevés, on a noté une baisse de 20%.» Pr Pierre Thomas
Si cette année, Noël va prendre une coloration particulière avec l'épidémie de Covid-19 et les précautions sanitaires auxquelles elle oblige, il est vain et potentiellement mortifère de se prendre au jeu des pronostics et de répandre un discours anxiogène.
«À quinze jours de Noël, je vois que certains de mes patients sont soulagés par le fait qu'ils n'auront pas à subir la pression des fêtes et l'obligation de se soumettre aux rituels familiaux», remarque le Dr Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.
En outre, l'épidémie et les épisodes de confinement ont suscité quelques surprises chez les professionnels de la santé mentale. «De manière contre-intuitive, il y a eu mondialement une baisse relative des suicides depuis le premier confinement. Même au Japon, où les chiffres habituels sont généralement très élevés, on a noté une baisse de 20%. Dès lors, on ne peut absolument pas présager de l'avenir, signale le professeur Thomas. Cela pourrait s'expliquer par une sorte d'effet de sidération qui s'observe habituellement pendant les conflits, les guerres ou après un attentat, mais on ne peut pas généraliser.»
Le contexte actuel a poussé certaines personnes à davantage aider les autres. |
Si l'on ne saurait nier le fait que la crise sanitaire engendre une détresse et qu'elle accroît un certain nombre de facteurs de risque tels que l'isolement, les difficultés financières, les phénomènes d'addiction, l'anxiété et la dépression, il faut aussi envisager notre capacité de résilience et de réinvention du lien social, facteur essentiel dans la prévention du passage à l'acte.
«Durant cette période, nous avons collectivement fait très attention aux plus fragiles, aux plus jeunes, aux étudiants, aux seniors, remarque le professeur Thomas. Aujourd'hui, nous connaissons encore mal comment les choses se réorganisent autour du confinement, comment nous entretenons les liens ou comment nous en créons de nouveaux avec le voisinage, les professionnels de santé ou encore via les réseaux sociaux et les différents outils numériques.»
Il est ainsi fort possible que ces périodes de détresse collective aient été particulièrement propices au «care», conduisant certaines personnes naturellement aidantes à apporter un soutien aux personnes plus fragiles et à les orienter vers une aide médicale et psychologique.
En parler ou ne pas en parler?
Enfin, il est impossible de réduire les causes de la crise suicidaire à un seul facteur. Ainsi, il est erroné d'établir un rapport de causalité direct entre «fêtes de Noël en période de Covid» et suicide. Reste que le mieux est de réagir plutôt que d'attendre les chiffres. Et chacun de nous peut se mobiliser pour agir sur les différents facteurs connus de tentative de suicide: isolement, rupture du lien social et du lien avec le système de soins.
«Il faut bien prendre conscience que ce qui amène à envisager le suicide est une souffrance intense et une incapacité à soulager cette souffrance, explique le professeur Thomas. L'idée du suicide s'invite doucement dans l'esprit de la personne comme une solution possible. Cette idée est d'abord gênante, honteuse, puis elle devient familière et s'impose progressivement. C'est un cercle vicieux qui se crée et qui coupe le lien avec les autres.»
«Il faut au contraire en parler afin de trouver des alternatives.» Pr Pierre Thomas
Ce cercle vicieux est renforcé par le mythe selon lequel parler du suicide provoquerait le passage à l'acte. «C'est faux, affirme le professeur Thomas. L'idée germe déjà dans l'esprit de la personne. Il faut au contraire en parler afin de trouver des alternatives plutôt que de la laisser ruminer et s'isoler encore davantage.»
Concrètement, il s'agit de prendre de ses nouvelles, de discuter, de rompre l'isolement de quelque manière que ce soit, de construire un réseau d'entraide autour de la personne, de la maintenir dans le monde. Mais on ne saurait se substituer aux spécialistes: il faut savoir orienter la personne qui aurait des pensées suicidaires vers le système de soins de proximité, médecin généraliste, infirmier, pharmacien, centre médico-psychologique (CMP)…
Les réseaux à la rescousse?
En cette période de pandémie où les contacts sont limités et les possibilités de réunion réduites, le potentiel des réseaux sociaux en matière de prévention du suicide peut être une piste intéressante. Comme l'explique le Dr Charles-Édouard Notredame, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent au CHU de Lille:
«Si les réseaux sociaux peuvent créer des phénomènes de fragilisation voire même des “suicidocosmes”, ils peuvent aussi être des lieux de soutien collectif entre des personnes regroupées en communauté ou par centres d'intérêt. On remarque que lorsque quelqu'un écrit des posts inquiétants sur les réseaux sociaux, il suscite souvent un certain nombre de réactions bienveillantes véhiculant des messages d'entraide.»
En outre, on sait que dans la semaine qui précède une tentative de suicide, la personne poste beaucoup sur les réseaux sociaux. Contrairement aux idées reçues, il ne s'agit pas d'appels au secours non suivis d'effets: ces messages sont à prendre au sérieux. Les réseaux sociaux vont en effet démultiplier le nombre d'oreilles et d'yeux qui vont recevoir ces messages, pouvant ainsi potentiellement nourrir un cercle vertueux.
«Durant cette période inédite où le rituel social de Noël sera au moins en partie compromis, il existe des possibilités de se réinventer, de s'adapter, d'aider les personnes les plus vulnérables et les plus touchées. La solidarité doit jouer au maximum», invite le Dr Notredame.
À Noël, nous pouvons tous devenir de petits elfes nourrissant le cercle vertueux de la prévention.
http://www.slate.fr/story/198202/noel-vague-suicides-covid-19-confinement-fetes-fin-annee-2020
Le Figaro, mercredi 9 décembre 2020 Kovacs, Stéphane
C'EST un état des lieux effarant que dressent des pédopsychiatres de plusieurs grandes villes de France : de Rennes à Nice, en passant par Paris ou Toulouse, les crises suicidaires (tentatives et idées suicidaires), les troubles anxieux avec somatisation (douleurs physiques inexpliquées) et les troubles anorexiques se multiplient, chez les adolescents, depuis novembre.
« Ce que je pointe, avec beaucoup d'autres collègues , alerte le Pr Sylvie Tordjman, chef du Pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l'enfant et l'adolescent de Rennes, c'est qu'il n'y a pas d'augmentation des crises suicidaires quand on compare les chiffres de septembre-octobre 2020 à ceux de la même période en 2018 et 2019. C'est bien le reconfinement qui a déclenché une flambée alarmante de ces troubles. »
En novembre, 48 mineurs ont été accueillis aux urgences pédiatriques de Rennes pour des crises suicidaires. C'est près de trois fois plus qu'en novembre 2019. « On a une dizaine de jeunes qui présentent des idées suicidaires et quatre tentatives de suicide chaque semaine, avec une prépondérance anormale de filles , détaille le Pr Tordjman. D'ordinaire, c'est une à deux tentatives par semaine. On relève des recours à la pendaison et à la défenestration singulièrement élevés. Par ailleurs, en novembre 2019, tous les jeunes de 16 à 18 ans étaient repartis chez eux après une courte hospitalisation. Là, sur 11 jeunes hospitalisés entre le 1er et le 12 novembre, par exemple, seuls trois ont pu retourner à domicile avec un suivi en ambulatoire. Tous les autres ont été hospitalisés au long cours pour dépression sévère avec risque de récidive. »
« Troubles plus sévères »
Les troubles anxieux avec somatisation ont triplé, tandis que les cas d'anorexie ont quadruplé. « Là encore, les troubles sont plus sévères , poursuit le Pr Tordjman. D'habitude, les jeunes filles anorexiques ne passent jamais par les urgences pédiatriques. Aujourd'hui, elles viennent pour dénutrition et déshydratation. Elles arrêtent de manger et aussi de boire : ça interroge sur de possibles tendances suicidaires... De plus, six jeunes anorexiques sont en permanence hospitalisées depuis début novembre alors qu'il n'y en a habituellement qu'une seule hospitalisée par semaine. »
Pour l'ensemble de ces troubles, le même constat a été fait ailleurs, relève la pédopsychiatre. À l'hôpital pédiatrique Robert-Debré, à Paris, le Pr Richard Delorme a par exemple enregistré un total de 26 passages pour crise suicidaire sur les deux premières semaines de novembre, contre une dizaine par mois en 2018 et 2019. « J'ai des petits de 7 ans qui me disent comment ils doivent se cacher sous la photocopieuse à l'école alors que le micro répète : « Alerte intrusion ! » , raconte-t-il. D'autres qui me demandent : « Pourquoi on lui a coupé la tête, à Samuel Paty ? » D'autres encore qui sont ultra-anxieux de voir leurs parents au chômage. Le Covid, les attentats, les masques, c'est quand même une rentrée singulière... »
À Limoges, on recense 3 passages par jour aux urgences pédiatriques pour crises suicidaires. À Rouen, 12 anorexiques sont hospitalisées en pédiatrie actuellement, dont une en réanimation. À Nantes, le Pr Olivier Bonnot rapporte une augmentation de 77 % des demandes de consultation des adolescents en situation de mal-être depuis septembre 2020, par rapport à la même période en 2019. « Il n'est pas rare que des collèges nous appellent pour des crises d'angoisse, qui se propagent rapidement parmi les élèves » , précise le Pr Tordjman, qui relève « de plus en plus de déscolarisations » , alors qu'il n'y en avait aucune en novembre 2019.
Addiction aux écrans
Le profil clinique de ces ados en souffrance ? « Difficultés de communication intrafamiliales, harcèlement... Ils n'ont pas de problèmes complètement différents de ceux que l'on pouvait voir avant , explique-t-elle. Ce n'est pas un hasard s'ils décompensent maintenant. Leur point commun, c'est qu'avec le reconfinement, leur capacité à gérer le stress est débordée. La désynchronisation des rythmes physiologiques entraîne, selon beaucoup d'études, une vulnérabilité aux troubles anxieux, dépressifs et psychotiques. » L'addiction aux écrans s'est considérablement développée : « Nous avons par exemple une élève de première, brillante, qui s'est déscolarisée depuis le reconfinement , témoigne le Pr Tordjman. Elle a anesthésié sa douleur morale en s'absorbant dans les écrans, et est devenue complètement dépendante, au point de ne plus sortir de chez elle. »
Dans un e-book intitulé Du confinement au déconfinement : nouvelles perspectives en pédopsychiatrie , plusieurs experts alertent aussi sur ce « huis clos qui peut exposer davantage ces jeunes à des violences intrafamiliales » . « D'autres écueils sont à redouter, comme les possibles effets à court, moyen et long terme observés chez les enfants exposés aux violences conjugales en augmentation durant cette période , écrivent-ils. Nous avons multiplié ces dernières semaines les informations préoccupantes et craignons ce que nous allons trouver quand les portes des maisons s'ouvriront après le confinement. » S. K.
Note(s) :
skovacs@lefigaro.fr
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/le-mal-etre-des-adolescents-en-forte-augmentation-depuis-novembre-20201208
Par Valérie Gauriat • Dernière MAJ: 04/12/2020 - 19:58
https://fr.euronews.com*
Edouard Leaune est psychiatre, et responsable du Centre de Prévention du Suicide et du dispositif Psymobile à l’Hôpital Psychiatrique du Vinatier, à Lyon. Dans un entretien avec Valérie Gauriat, il souligne la gravité potentielle de la crise économique et des inégalités sociales sur la santé mentale des plus précaires.
Edouard Leaune : « On a observé une augmentation du nombre de demandes sur notre service de prévention du suicide pour des personnes en crise suicidaire. Il est clair qu'on a plus de demandes et que l'on voit que ces demandes portent également sur la condition, sur la situation actuelle, avec des personnes qui évoquent le confinement notamment, ou la crise économique comme des facteurs qui jouent un rôle important sur leur mal être ou leur détresse actuelle. »
Valérie Gauriat : Est ce que cela vous inquiète pour les mois à venir ? Pour la suite ?
Edouard Leaune : « L'inquiétude est effectivement sur les effets au long terme de la crise sanitaire et sociale. Il est évident que se rajoute une difficulté supplémentaire qui est la crise économique et que notre inquiétude actuelle porte notamment sur les effets de la crise économique. On sait qu'il y a un lien très fort entre conduites suicidaires et inégalités sociales et crise économique. On avait observé sur la région, par exemple, une augmentation des taux de suicide entre les années 2008 et 2010. En lien sans doute avec la crise économique de 2007 2008. L'ampleur de la crise économique s'avère encore plus importante cette année et l'année prochaine. Donc on est clairement très inquiet par rapport à ça. On est en train de réfléchir à comment est-ce qu'on peut mettre en place des programmes de prévention spécifiques pour les publics les plus précaires et notamment pour les personnes qui vont rentrer dans la précarité dans les semaines qui viennent, en lien avec les difficultés d'accès à l'emploi et les difficultés économiques pour les personnes qui travaillent actuellement. »
Valérie Gauriat : « Les structures de santé mentale sont-elles à même de faire face à cette situation ? »
Edouard Leaune : « On fait en sorte, en tout cas, de s'organiser autour des besoins qui changent, qui se modifient fréquemment. La psychiatrie, de manière générale, fait un travail sur la question de l'accès aux soins. On sait que l'accès aux soins en santé mentale est particulièrement difficile pour différentes raisons, à la fois parce que les personnes n'ont pas forcément toujours conscience de leurs troubles et n'ont pas connaissance du système de santé et des possibilités d'accès aux soins, dès lors que le système de soins en psychiatrie et parfois complexe et difficile d'accès.
Il y a une mobilisation générale des acteurs de la santé mentale
Il est évident que la situation actuelle nous amène aussi à avancer sur ce point et à rendre l'accès plus facile, par exemple sur l'hôpital.
Nous avons créé une Hotline téléphonique d'accès gratuit et facile pour les personnes ouvertes sept jours sur sept, de 8 heures à 20 heures, ce qui permet aux personnes de nous appeler directement et d'avoir un contact immédiat avec du personnel infirmier ou des psychologues pour discuter de leur situation et trouver le plus rapidement possible une orientation qui puisse convenir à leurs besoins.
Il est difficile de dire à l'échelle nationale comment les uns et les autres vont pouvoir s'organiser.
Ce qui est certain, c'est qu'il y a une mobilisation générale des acteurs de la santé mentale et de la psychiatrie, et également du monde associatif, mais également des pouvoirs publics, pour permettre de répondre à cette troisième vague que certains désignent de cette sorte, cette troisième vague psychiatrique qui risque d'arriver dans les semaines et les mois qui viennent.
On sait avoir été infecté par le virus est un facteur de risque de symptômes psychiatriques et de symptômes dépressifs symptômes anxieux, voire symptômes psychotiques. Il y a cet effet premier du virus et de la pandémie. On sait que la peur de l'infection est aussi un facteur qui va favoriser la détresse psychologique et des idées suicidaires et des conduites suicidaires.
Mais se rajoutent également l'effet du confinement, l'isolement social qui va s'y associer. Le fait que certaines personnes vont se retrouver isolées. Et je le disais, l'effet de la crise économique avec les pertes d'emplois, les pertes de salaires pour un nombre conséquent de personnes et c'est l'ensemble de ces facteurs qui nous font craindre effectivement un effet important sur la santé mentale.
La santé mentale va être plus impactée chez les plus précaires
Comme je le disais, cette pandémie modifie profondément notre quotidien, altère nos relations sociales et nous oblige à faire différemment. Nous oblige aussi, sur le plan économique, pour un grand nombre d'entre nous, à faire des sacrifices, à se retrouver au chômage partiel, à se retrouver pour certains sans emploi. Ca impacte de cette manière là.
Et il y a un autre point, c'est que la situation met à mal ce qu'on appelle les stratégies d'adaptation lorsque l'on est en détresse, lorsqu'on subit des difficultés dans la vie, on utilise tous des stratégies d'adaptation pour faire face, qui nous sont personnelles, individuelles et qui repose en partie sur le soutien social, sur la possibilité de pouvoir aller se promener à l'extérieur, de pouvoir voir du monde.
Et très clairement, la situation actuelle met à mal, pour un certain nombre de personnes, les stratégies d'adaptation habituelles.
Nos repères sont mis à mal
C'est donc un niveau de stress supplémentaire qui se rajoute au stress habituel de la vie que les uns et les autres rencontrent. Les séparations, les divorces, les ruptures, quelles qu'elles soient, sont toujours présentes et existent toujours dans notre société.
Elles ont toujours existé et continueront à l'être. Mais il se rajoute un niveau de stress supplémentaire par cette difficulté à utiliser des stratégies d'adaptation habituelles, plus des facteurs de stress qui se rajoutent crise sociale, sanitaire et crise économique.
En tout cas, les repères habituels ceux qu'on connaît, sont mis à mal ou sont différents, nous obligent à nous adapter.
Je crois que le terme d'adaptation est vraiment le terme de 2020 et on est pas tous égaux face à nos capacités d'adaptation.
C'est l'occasion aussi de souligner la question des inégalités sociales de santé, qui touche bien évidemment la santé mentale.
Et on sait que les publics les plus précaires vont être plus impactés par la crise, tout comme ils sont plus impactés par la Covid-19 directement.
Plus de contamination, plus de formes graves, plus de décès chez les populations les plus précaires. De la même manière, la santé mentale va être plus impactée chez ces populations, notamment parce que l'impact économique va être plus important, mais aussi parce que ces stratégies d'adaptation pourraient être encore plus altérées pour des populations qui ont moins de ressources sociales, moins de ressources financières, moins de ressources de manière générale, pour faire face à des situations de stress. »
Santé mentale. L'appel à la vigilance des soignants du Centre Psychothérapique de l'Ain
Mal-être, dépression... les conséquences psychiatriques de la crise sanitaire se font sentir. Mais les professionnels de la santé mentale sont inquiets pour les mois voire les années à venir. Ils ont en tête la crise de 1929 et sa vague de suicides. D'où l'appel à la vigilance de soignants de l'Ain.
Et la responsable d'une unité de soins du Centre Psychothérapique de l'Ain poursuit:
Elle ne prononcera jamais le mot suicide. Pour Nathalie Gualdo, les mots sont importants... elle n'est pas sûre du pire mais veut l'éviter. Il est peut-être encore temps."Imaginons. Mon voisin qui était cadre ou qui avait une entreprise a perdu son activité, et ça fait deux jours qu'il n'a pas ouvert ses volets. Comment, moi, citoyen je vais repérer des choses pour alerter, pour l'aider ? Cet homme qui est seul chez lui, il n'a plus les moyens physiques et psychiques d'aller chez son médecin... La réponse, ce sera forcément une approche communautaire. Ensemble, en étant tous vigilants, voilà comment nous pouvons mener une prévention active. L'entraide devrait permettre d'éviter les risques, d'éviter que ces gens décompensent."
Les spécialistes s'accordent sur un point : une crise a des effets à retardement. "Il faut une destructuration, la désorganisation de la société, de l'économie. On l'a vu en 1929 aux Etats-Unis" (les effets se sont faits sentir tout au long des années 30, avec de nombreux drames humains).
L'appel aux élus, aux médecins...
"Moi, j'en appelle aux élus locaux, j'en appelle à l'ARS (Agence Régionale de Santé), j'en appelle aux médecins généralistes. Il va falloir mettre en place une veille, mettre en place une prévention primaire active sur nos populations pour cibler ces personnes qui vont être fragilisées sur le plan de leur santé mentale.""Je veux mobiliser des acteurs de la psychiatrie, du champ social, du champ politique pour, en tout cas dans le département, essayer de mettre en place une stratégie de prévention des risques du Covid.""La question c'est, comment va-t-on repérer ce public avant des troubles psychiatriques graves. Il faut compter sur les ressources environnementales, la famille certes mais la société dans son ensemble. Les gens fragilisés devront ensuite retrouver une bonne image de soi, une estime de soi, une qualité de vie... c'est tout ça la fragilisation de la santé mentale."
Reportage Franck Grassaud & Maryne Zammit
Du stress au traumatisme
"Quand on vit un choc, on a d'abord un mouvement résiliant qui fait qu'on ne va pas trop mal. Au bout d'un moment, on se rend compte que des symptômes arrivent", relève Guillaume Pégon, psychologue au CPA et sociologue. "On a des difficultés à dormir, à se nourrir, de l'anxiété, des signes de dépression. On a alors les symptômes d'un trauma qui est en train de se faire."
"Souvent, quand on parle de santé mentale on pense à des gens qui ont des problèmes mentaux, des troubles psychiatriques. Là, je trouve que globalement on prend conscience qu'on peut tous être touchés et donc que la santé mentale, c'est l'affaire de tous", ajoute Guillaume Pégon qui compte lui aussi sur "le collectif" pour s'en sortir. Il estime que le soutien aux autres est "presque un devoir civique". D'après lui, le lien social est le premier médicament.
Emmanuel Poulet : alerte sur une hausse potentielle des gestes suicidaires
Par Valérie Gauriat • Dernière MAJ: 04/12/2020 https://fr.euronews.com/
Emmanuel Pouletest psychiatre, responsable des Urgences psychiatriques de l’Hôpital Edouard Herriot à Lyon. Au micro de Valérie Gauriat, il souligne la nécessité pour les professionnels de la santé mentale d’anticiper ce qui pourrait être une « quatrième vague psychiatrique » de la crise de la Covid-19, face à la mobilisation s’organise.
Emmanuel Poulet : « Depuis le début de ce phénomène épidémique, la population et l'ensemble de la population, mais aussi des personnes vulnérables, sont soumis à un niveau de stress qui est considérable.
Donc, on sait bien que ce niveau de stress peut être générateur de.
On sait que ce stress chronique nous a favorisé la survenue de troubles anxieux, d'un niveau d'anxiété et d'insécurité des sujets. Du coup, on voit très clairement les patients qui arrivent des fois en crise pour un grand nombre, une situation de stress qui fait décompenser..
Les patients qui font une infection à la Covid 19 sont plus insécurisés. et développent des troubles anxieux derrière. La peur de l'épidémie, la peur d'être infecté constitue une pensée qui est assez forte et qui est aussi favorisée par la recherche d'informations.
On cherche de l'information pour se rassurer. En fait, on fabrique de l'anxiété. Et cette anxiété. Si on a une fragilité, si on est vulnérable, à un moment, on développe un trouble anxieux.
Les patients qui ont fait le Covid 19 on voit aussi un certain nombre développent des troubles mentaux derrière, dépressifs ou anxieux. Les patients qui sont passés en réanimation. On a un taux important, un taux de l'ordre de 25% dans certaines études de déclenchement d'états de stress.
Ce qu'on appelle des états de stress post-traumatique, c'est finalement un climat de peur, d'insécurité et d'hyper vigilance, avec des cauchemars, des réminiscences d'épisodes qui font suite à ce passage en réanimation.
Par rapport à la crise suicidaire notamment, c’est une accumulation de facteurs. Les personnes entendent parler de l'infection. On en parle de partout, on a des changements de nos habitudes. On n'a plus les espaces pour pouvoir évacuer le stress. C'est le cas pour les professionnels en particulier. Donc, on n'a pas le temps de récupérer.
On est enfermé devant un ordinateur toute la journée. On voit bien que c'est des changements du mode de vie et le changement du mode de vie chez quelqu'un qui est un peu fragile, ça génère le développement potentiel de maladies anxieuses et éventuellement de maladies dépressives.
Il y a des populations plus vulnérables. Les précaires, les étudiants, selon certaines conditions, parce qu'ils sont isolés. Il y a la question des examens. Il y a la question des petits boulots. On en parle beaucoup. Il y a des populations vulnérables. Il faut les repérer. »
Valérie Gauriat : « Est ce que c'est un phénomène potentiellement durable ? »
Emmanuel Poulet : « Je ne suis pas devin, mais par contre, il y a une accumulation de tellement de paramètres. Le contexte actuel, la précarisation, la crise économique, la crise sociale.
Que certains parlent d'une troisième, d'une quatrième vague qui sera psychiatrique. On est en droit, en tout cas, de le craindre. Si les chiffres aujourd'hui ne montrent pas une augmentation probante, il y a quand même une tendance. Il y a une alerte sur la question d'une augmentation potentielle des tentatives de suicide qui n'est pas encore probante.
Mais en tout cas, la question, c'est vraiment d'alerter. En France, il y a en tout cas une vigilance très importante par rapport à la question du suicide et de la prévention du suicide. Et il y a des dispositifs qui sont portés sur le territoire au niveau national pour essayer de diminuer ce risque. Ce qu'on appelle des dispositifs de veille, comme le dispositif Vigilans qui est déployé sur le territoire en France.
Tout ça, c'est des moyens d'essayer de diminuer, en tout cas, cet impact en termes de stress, et du coup, de déclenchement de maladies mentales qu'il faut repérer tôt pour les soigner rapidement pour bien les soigner de façon à éviter que le phénomène perdure.
Ce qu'on peut craindre, en tout cas, c'est que étant donné l'ensemble de ces paramètres d'instabilité et de stress épidémiques, sociologiques, économiques, on est en droit de penser qu'il va y avoir une augmentation significative des troubles dépressifs et des troubles anxieux. On commence à avoir déjà des crises suicidaires aussi. On commence à le voir déjà. Certains parlent d'une quatrième vague qui serait psychiatrique. Mais on n'a pas idée d'un calendrier. On n'a pas idée à quel moment cela va arriver. Il est important en tout cas de le prévenir et d'anticiper les choses. »
Hausse de 30% des risques de dépression: les professionnels appellent le gouvernement à «agir vite»
Quatre psychiatres et une psychanalyste réputés ont appelé jeudi le gouvernement à «passer à l’action» de façon urgente pour que tous les Français qui le nécessitent puissent accéder à des soins psychiatriques, alors que la crise sanitaire accroît les besoins.
«La troisième vague psychiatrique est là», alertent dans un communiqué les psychiatres Rachel Bocher, Serge Hefez, Marion Leboyer et Marie-Rose Moro, et la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury.
Ils reprennent ainsi les mots du ministre de la Santé Olivier Véran, qui avait assuré le 18 novembre que le gouvernement voulait «à tout prix éviter une troisième vague, qui serait celle de la santé mentale».
«Il faut agir et il faut agir vite», a plaidé Serge Hefez au cours d’une conférence de presse en ligne, regrettant qu’Emmanuel Macron n’ait pas évoqué le sujet lors de son allocution le 24 novembre.
«Nous voyons l’émergence de symptômes: fatigue, sidération psychique, de la peur, de l’anxiété, des angoisses, de l’insomnie, de la colère aussi», a décrit le psychiatre et psychanalyste, soulignant que «tout le monde peut basculer» et pas seulement les personnes déjà fragiles avant la pandémie.
Dépression et anxiété
«Les conséquences psychiatriques de la Covid sont là (...) et elles s’inscrivent dans le temps long», a ajouté Marion Leboyer, professeur à l’université Paris Est-Créteil, évoquant une hausse de 30% des risques de nouveaux cas de dépression et de 20% de nouveaux cas de troubles d’anxiété, selon plusieurs études.
Or cette situation intervient alors que les consultations sont déjà souvent «saturées» et que le secteur de la psychiatrie évoque depuis de nombreuses années un «manque de moyens», s’estimant le «parent pauvre» de la santé en France.
Aussi, des «solutions d’urgence», «simples», pour pouvoir prendre en charge ces nouveaux patients doivent être «très rapidement déployées», a réclamé Marion Leboyer.
Les cinq professionnels de la santé mentale suggèrent une «campagne d’information pour contribuer à (...) la déstigmatisation» des problèmes psychiatriques, car «aujourd’hui en France, ça reste difficile de dire (...) qu’on est déprimé, qu’on est anxieux».
Covid Psy
Ils demandent aussi que «l’effort de déploiement de plateformes» d’information et d’aide «soit renforcé avec la mise à disposition d’outils d’autodiagnostic, d’auto-aide et de moyens de faciliter l’accès aux professionnels de santé mentale», soulignant que les parcours de soins sont aujourd’hui «peu lisibles».
Enfin, ils jugent nécessaires des «moyens supplémentaires, pour ouvrir le temps de la pandémie des consultations dédiées (...) qui pourraient s’appeler Covid Psy» dans les établissements hospitaliers.
A plus long terme, ils réclament une «mission interministérielle de 6 mois» pour élaborer «un projet de loi psychiatrie et santé mentale», prévoyant notamment «un accès de proximité pour tous» aux soins psychiatriques et «un soutien à la prévention et au repérage précoce».
https://www.lunion.fr/id212356/article/2020-12-03/hausse-de-30-des-risques-de-depression-les-professionnels-appellent-leLa santé mentale des étudiants peut-elle tuer «plus, à terme, que le virus»?
Par Emma Ferrand • Publié le 04/12/2020 https://etudiant.lefigaro.fr/*
Le président de l’université de Strasbourg, a confié à France Info que la «détresse morale» des étudiants «tuera plus, à terme, que le virus». Est-ce possible?
Ces dix derniers mois, les étudiants auront passé plus de temps à suivre les cours depuis leur chambre que sur les bancs de l’université. En raison de l’épidémie de Covid-19, les établissements d’enseignement supérieur ont dû fermer leurs portes de la mi-mars jusqu’à la fin de l’été, pour rouvrir jusqu’à fin octobre avant de renvoyer de nouveau leurs étudiants chez eux. Et selon les dernières annonces gouvernementales, les universités ne pourront accueillir leurs étudiants qu’à partir de début février 2021.
Une situation douloureuse pour les étudiants, qui peinent à suivre correctement les cours et doivent, pour certains, rester confinés dans de petits espaces, seuls. Pour plusieurs présidents d’université, il est nécessaire de permettre aux étudiants de reprendre les cours en amphithéâtres avec leurs camarades au plus vite. Parmi eux, dix ont rédigé le 24 novembre une tribune pour interpeller le gouvernement. «Qui se rend compte que cette situation est une véritable bombe à retardement sociale et humaine?», interrogent-ils. Michel Deneken, président de l’université de Strasbourg et signataire de ladite tribune a par ailleurs confié deux jours après à France Info que «la détresse morale» des étudiants «tuera plus, à terme, que le virus».
Une phrase choc, qui interroge sur le réel état de santé psychologique des étudiants. «Nous n’avons pas encore de chiffres sur le taux de suicide des étudiants depuis le début du confinement. Les anticiper à partir de constats est donc compliqué. Nous savons toutefois selon les statistiques de l’Observatoire de la vie étudiante que les envies suicidaires ont doublé, et que les états dépressifs ont été multipliés par 2,5», explique Dr Dominique Monchablon, psychiatre et chef de service du Relais étudiant lycéen à Paris.
Pour Michel Deneken, ses propos auprès de France Info avaient pour but d’éveiller les consciences, de tirer la sonnette d’alarme. «Je ne parle pas de l’évolution des suicides à proprement parler puisqu’on n’a pas de chiffres. J’espère que nous n’aurons pas à en parler. Mais je parle de la hausse du nombre d’envies suicidaires est inquiétante. Et je pense aussi à la mort sociale à laquelle sont confrontés les étudiants derrière leurs écrans, loin des bancs de l’université», indique le président de l’université de Strasbourg.
Les demandes de consultations ont doublé
Pour lui, la santé mentale des jeunes est à prendre davantage au sérieux. «Le deuxième confinement est plus grave que le premier. Certains ont du mal à se lever le matin pour passer la journée derrière leur ordinateur à suivre des cours en visio. Ce n’est pas parce qu’ils ne meurent pas du Covid ou qu’ils ne manifestent pas que les étudiants vont bien.» Au contraire. Dr Dominique Monchablon travaille sans relâche depuis le début de la crise sanitaire auprès des étudiants. «Les demandes de consultation ont doublé. Dans certaines structures, les délais d’attente sont de quatre ou cinq mois. Il y a un sous-équipement de prise en charge pour les étudiants. De nombreux psychologues ou psychiatres sont spécialisés auprès des enfants ou des adultes. Mais peu auprès des étudiants, des jeunes adultes», souligne la médecin.
«Environ 75% des vulnérabilités psychiatriques se déclarent entre 16 et 25 ans»Dr Dominique Monchablon
Un problème selon elle puisque c’est à cet âge charnière que la santé mentale est importante. «Environ 75% des vulnérabilités psychiatriques se déclarent entre 16 et 25 ans», précise la psychiatre. Avant d’ajouter: «Les étudiants sont en train de vivre un psycho-traumatisme collectif, comme celui dont ils ont souffert lors des attentats du 13-Novembre. Et ce traumatisme peut chez certains réveiller des douleurs enfouies, comme un deuil, une séparation des parents ou autres. C’est pourquoi on reçoit maintenant des jeunes qui n’avaient jamais consulté avant.»
Heureusement, Dominique Monchablon entrevoit quelques notes d’optimisme: «Les étudiants sont jeunes et bien armés. Ils sont pleins de vitalité, ont une bonne capacité d’adaptation et résistent à la frustration. Le fait d’avoir cours à distance cadence leur journée.» De son côté, Michel Deneken espère que le gouvernement entendra l’appel des présidents d’université et décidera d’autoriser certains étudiants à retourner en amphi pour suivre leurs cours avant début février.
https://etudiant.lefigaro.fr/article/la-sante-mentale-des-etudiants-peut-elle-tuer-plus-a-terme-que-le-virus_fe754116-3611-11eb-a287-347b5412894d/
Pourquoi les Japonaises se suicident-elles autant depuis cet été ?
Ségolène Forgar • Le 01 décembre 2020 https://madame.lefigaro.fr/*
La journaliste Karyn Nishimura-Poupée, basée au Japon, analyse la vague de suicides féminins à laquelle le pays est confronté.
Au Japon, au mois d’octobre, on a compté plus de morts par suicide que par la Covid-19 depuis son apparition. Un choc pour l’Archipel. Le début de l’année 2020 avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices, avec un net recul du taux de suicide, qui demeure le plus élevé des pays du G7. Mais la pandémie en a, semble-t-il, décidé autrement. D’après les derniers chiffres publiés par le gouvernement, le taux de suicide au Japon repart très fortement à la hausse : 2153 morts ont été enregistrés pour le seul mois d’octobre. Plus inquiétant encore, l’explosion du nombre de suicides chez les femmes et les jeunes de moins de 30 ans.
La faute à la crise sanitaire ? Le lien semble avéré. Comme il a été observé en Europe, la pandémie de coronavirus fragilise la santé mentale des citoyens, génère des angoisses et conduit parfois à la dépression. Mais la Covid-19 n’est pas la seule fautive. Le chômage et la précarité du statut de la femme pourraient expliquer aussi ce phénomène dramatique. Analyse avec Karyn Nishimura-Poupée, journaliste française basée au Japon depuis vingt ans.
Madame Figaro.- Le suicide est-il un phénomène ancré dans la société japonaise ?
Karyn Nishimura-Poupée.- Non, pas spécialement. Le taux de suicide avait beaucoup baissé depuis une décennie avec la mise en place de mesures de prévention efficaces. Celles-ci avaient été instaurées en réaction à une vague de suicides sans précédent dans les années 2000, liée à la crise économique que connaissait le pays. À l’époque, ces suicides étaient surtout masculins, et liés à la conjoncture économique qui avait entraîné beaucoup de licenciements et du chômage. Des mesures, telles qu’un plan de lutte contre le surendettement, ont permis d’enrayer le phénomène.
Et les femmes, étaient-elles victimes de ces suicides «conjoncturels» ?
Beaucoup moins. C’était plutôt des hommes en proie à des difficultés financières ou professionnelles. Le gouvernement a véritablement pris l’ampleur du phénomène en 2003, avec 34.427 suicides recensés cette année-là. Ce chiffre a été un choc, à la fois pour la société mais aussi pour le monde politique qui a enfin décidé de réagir en apportant une aide financière aux ONG et associations.
Malgré ce travail de prévention, depuis quelques mois, le taux de suicide repart à la hausse, notamment chez les femmes. Comment l’expliquer ?
Clairement, on n'a jamais vu cela. D’après les données statistiques, les suicides féminins ont augmenté de 40%, et de 75% si l’on descend le curseur à moins de 30 ans. Les chiffres d’octobre viennent de tomber et sont pires : +85%. Pour le moment, les sociologues s’interrogent. C’est difficile d’en tirer des conclusions. Néanmoins, on observe plusieurs profils. En premier lieu, les étudiantes et adolescentes, qui se sont retrouvées isolées et privées de cours puisque les écoles et universités ont été fermées pendant plusieurs mois (les cours ont repris en juin pour un mois et demi avant les vacances d'été écourtées qui se sont achevées mi ou fin août, plus tôt que d'habitude, NLDR). Par ailleurs, cette année, la rentrée scolaire et universitaire a été avancée en août. Et si d’habitude, on constate davantage de suicides à cette période, liés à la hantise de retourner sur les bancs de l’école, la vague a cette fois été observée plus tôt, dès le mois d’août. Ensuite, on remarque aussi que les jeunes mères et mères de famille se suicident, elles aussi, davantage. Les sociologues expliquent cela par le fait que pendant plusieurs mois, elles se sont retrouvées à la maison avec leur(s) enfant(s) et leur mari. Même s’il n’y a pas eu de confinement au Japon, la population a été appelée à rester chez elle et à télétravailler le plus possible, tandis que les écoles ont fermé leurs portes. Résultat : les mères ont souffert d’une charge mentale beaucoup plus forte ces derniers temps. Sachant qu’au Japon, 80 à 90% des tâches domestiques incombent encore aux femmes.
À cela s’est ajoutée une hausse des violences conjugales…
Comme en Europe, l’enfermement et le télétravail ont en effet conduit à une augmentation des violences conjugales. Mais celles-ci se traduisent différemment au Japon, qui enregistrent moins de féminicides que la France par exemple. Elles sont plus d’ordre psychologiques. Ce sont des violences plus perverses : le mari qui dégrade l’image de sa femme, les humiliations, la privation d’argent…
Et pour autant, ce mal-être ne s’est pas traduit tout de suite par des suicides.
Non, le suicide est survenu après coup et pas pendant la phase aiguë de la crise. L’état psychologique se dégrade généralement au moment où l’on se retrouve face à soi et à la dépression qui s’est installée. Ce décalage s’observe aussi au moment des catastrophes naturelles : on craque lors du retour à la vie normale.
L’impact psychologique de la pandémie est indéniable Karyn Nishimura-Poupée
Selon vous, quel rôle a joué la pandémie de coronavirus dans cette vague de suicides ?
Le coronavirus est un élément déclencheur. Il a créé le contexte d’un environnement familial et financier qui se dégrade. L’impact psychologique de la pandémie est indéniable. On ne reste pas indemne face à ce genre de crise sanitaire. D’autant que les Japonais sont de nature très anxieuse.
L’explosion des chiffres du suicide chez les femmes s’explique-t-elle aussi par une situation de plus grande précarité économique ?
C’est certain. Si la crise sanitaire au Japon a eu un impact moindre qu’en Europe, elle s’est quand même traduite par une crise économique grave dont les premières victimes sont les femmes. Parce qu’encore une fois, ce sont les femmes qui occupent les emplois précaires mal payés, qui cumulent les petits contrats… et qui sont les premières à perdre leur travail.
L'actrice japonaise Sei Ashina s'est donnée la mort le 14 septembre 2020, à Tokyo.
Malcolm Taylor / AFP
Les suicides de personnalités médiatiques risquent-t-ils d’amplifier le phénomène ?
Cela peut effectivement pousser certains à passer à l’acte. Depuis cinq-six mois, on assiste à une vague de suicides de personnalités inédite. Je vis au Japon depuis vingt ans, je n’ai tout simplement jamais vu ça. Tous les mois, un jeune acteur ou une jeune chanteuse se donne la mort. Et visiblement, c’est très incitatif. Des sociologues qui travaillent sur ce sujet disent observer un bond des suicides de 5 à 7% dans les jours qui suivent celui d’une personnalité. Cela peut s’expliquer par le fait que la société japonaise est très influençable. Il y a une forme d’identification par le suicide.
Les mesures de prévention sont-elles suffisantes pour enrayer ces suicides ?
Sur ce point, il y a vraiment des ratés. Les pouvoirs publics distribuent de l’argent aux associations mais à part cela, ils ne font pas grand-chose. Sur le terrain, les bénévoles font, quant à eux, un travail exceptionnel, notamment en matière d’écoute. Mais c’est sur le plan médical que cela pèche, notamment la prise en charge psychologique. Par ailleurs, les lignes SOS Suicide sont saturées tout le temps. Les gens qui ont besoin d’aide n’arrivent pas à être écoutés ; c’est un gros problème.
https://madame.lefigaro.fr/societe/pourquoi-les-japonaises-se-suicident-elles-autant-depuis-cet-ete-interview-nishimura-poupee-301120-193967
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ROYAUME UNI
communiqué samaritans
What do we know about coronavirus and suicide risk?
https://www.samaritans.org/about-samaritans/research-policy/understanding-our-callers-during-covid-19-pandemic/what-do-we-know-about-coronavirus-and-suicide-risk/
Traduction infosuicide:
Que savons-nous du coronavirus et du risque de suicide?
Il est encore trop tôt pour savoir si le coronavirus a affecté les taux de suicide et il est important de noter qu'une hausse n'est pas inévitable. Cependant, les effets de la pandémie sont ressentis de manière disproportionnée par les personnes les plus vulnérables de la société et exacerbent les facteurs que nous savons liés au suicide.
Par exemple, le coronavirus a un effet profond sur l'économie . Nous savons que, lors des récessions précédentes, les taux de suicide ont augmenté et que ceux qui sont le plus durement touchés par le ralentissement économique sont également ceux qui courent le plus de risques de suicide, c'est-à-dire les hommes d'âge moyen (voir notre rapport Dying from Inequality ).
Que voyons-nous à travers nos services?
Au cours des six mois qui ont suivi le début des restrictions à la distance sociale, nous avons fourni un soutien émotionnel à nos appelants plus de 1 200 000 fois. 1 conversation sur 4 a eu lieu avec une personne qui exprime des pensées ou des comportements suicidaires.
Les thèmes courants où les appelants expriment des sentiments suicidaires incluaient le sentiment d'isolement, de désespoir face à l'avenir et de piégeage (par exemple, «ne pas voir la fin de tout cela»). Nous savons que certains facteurs psychologiques sont liés au risque de suicide - et ont été affectés depuis l'entrée en vigueur des restrictions:
Pensées négatives sur l'avenir
Les appelants expriment de l'incertitude, de la peur et des inquiétudes quant à ce que l'avenir leur réserve. Ces préoccupations ont été discutées plus fréquemment au cours des derniers mois, souvent avec des inquiétudes économiques supplémentaires (p. Ex. Inquiétude de perdre un emploi et de rater des opportunités en raison de la pandémie).
Faire face / résilience réduite
Les appelants nous parlent d'une capacité réduite à faire face en raison des restrictions en cours, avec leurs façons habituelles de faire face (par exemple, accéder au soutien de la communauté ou rencontrer des amis) diminuées ou indisponibles. Des préoccupations à ce sujet ont été signalées plus fréquemment et avec un plus grand niveau de détresse au fil du temps.
Rumination
Certains appelants ont eu du mal avec le temps supplémentaire seuls et à la maison. Cela peut conduire à une «réflexion excessive» ou à des processus de pensée cycliques. Dans certains cas, cela était lié à des expériences traumatisantes antérieures ou à des souvenirs qui avaient réapparu pendant le confinement.
Fardeau
Un petit nombre d'appels nous ont parlé de se sentir comme un fardeau pour les familles et les amis alors que les restrictions persistent. Pour les appelants préoccupés par la santé mentale et physique, ne pas vouloir alourdir les services du NHS a été l'un des thèmes les plus importants.
Les appelants semblent abattus maintenant et plus sombres. Ils ne voient aucune fin en vue et ont le sentiment qu'ils n'ont aucun espoir que les choses s'améliorent…. Il y a un sentiment de vraie dépression et, dans certains cas, d'importantes pensées suicidaires s'insinuent.
Samaritains écoute bénévole
Que voyons-nous à travers nos recherches?
Nous collaborons avec le laboratoire de recherche sur les comportements suicidaires de l'Université de Glasgow et l'Association écossaise pour la santé mentale pour comprendre l'impact de la pandémie de coronavirus sur les facteurs psychologiques clés liés au risque de suicide.
Les trois premières vagues de l'enquête nationale représentative (du 31 mars au 11 mai) auprès de 3000 personnes au Royaume-Uni ont révélé que:
8% avaient des pensées suicidaires au début du premier confinement national, passant à près de 10% à la mi-mai.
Les femmes, les jeunes (18-29 ans), ceux issus de milieux socialement défavorisés et ceux ayant des problèmes de santé mentale préexistants ont eu de pires résultats dans presque tous les résultats psychologiques
1 personne sur 4 présentait des symptômes de dépression modérée ou sévère au début du confinement et cela est resté stable pendant les 6 premières semaines du confinement.
Les sentiments de piégeage et de défaite (principaux facteurs de risque psychologique des pensées suicidaires) ont diminué au fil de la période de 6 semaines.
Les niveaux de solitude et de soutien social sont restés stables tout au long des 6 premières semaines du confinement.
Les résultats de trois vagues supplémentaires menées entre la fin mai et l'automne 2020 seront publiés dans les prochains mois.
Si vous êtes préoccupé par votre bien-être pendant cette pandémie, appelez-nous gratuitement au 116123 , écrivez-nous un e-mail à jo@samaritans.org ou essayez notre application d'auto-assistance .
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Conséquence de la crise sur la santé mentale : les enfants en première ligne
Publié le 30/11/2020 https://www.jim.fr/*
Paris, le lundi 30 novembre 2020 - Le Pr Richard Delorme (pédo-psychiatrie, Robert Debré, Paris) alerte tant la presse que son Agence régionale de Santé (ARS) : les enfants et les adolescents semblent particulièrement touchés par la dégradation de la santé mentale en lien avec la crise de la Covid-19.
Les compteurs de la pédopsychiatrie s’affolent
Ainsi, selon un tableau de bord de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) du 19 novembre recensant l’activité hors-Covid des 39 hôpitaux du groupe, le nombre total d’hospitalisation en pédiatrie pour raisons psychiatriques est en constante augmentation depuis début août pour atteindre 3 600, contre 2 400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %.
Les tentatives de suicide (TS) chez les mineurs de moins de 15 ans enregistrées à l’hôpital Robert Debré ont quant à elles doublées en septembre-octobre par rapport à la même période en 2019, passant de 20 à 40. Un phénomène qui semble cependant s’inscrire dans une tendance plus ancienne puisque huit TS avaient été comptabilisées en 2013, tandis que le nombre d’urgences pour motif pédopsychiatrique a doublé en dix ans (atteignant environ 2000 par an).
Richard Delorme est conscient que ces chiffres restent lacunaires et il déplore d’ailleurs le manque de données à l’échelon national. Il souligne néanmoins, dans les colonnes du journal Le Monde que plusieurs études menées en Chine, à Taïwan ou en Europe rapportent une augmentation des idées suicidaires et des tentatives de suicide chez l’enfant depuis le début de la pandémie. Aux Etats-Unis, la proportion de visites aux urgences liées à la santé mentale des enfants âgés de 5 à 11 ans et de 12 à 17 ans a augmenté respectivement d’environ 24 % et 31 %, selon des données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), publiées vendredi 13 novembre.
Cette dégradation serait particulièrement marquée pour les petits patients atteints de troubles neuro-développementaux dont la prise en charge a été largement perturbée par les reports et les annulations de rendez-vous auprès d’orthophonistes et de psychomotriciens notamment. Pire, certains établissements (instituts médico-éducatifs…) ont dû tout bonnement suspendre leurs activités au printemps.
Xavier Bataille
https://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/consequence_de_la_crise_sur_la_sante_mentale_les_enfants_en_premiere_ligne_185436/document_actu_pro.phtml
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Japon et Corée: le suicide chez les jeunes femmes augmente dans la pandémie de coronavirus
by Dacid Rolet
novembre 29, 2020
in https://news-24.fr/*
Mais le Japon et la Corée du Sud font partie des rares pays à publier des données actuelles sur les suicides, la plupart des pays prenant un an ou deux pour publier leurs chiffres. Les experts craignent que les tendances émergentes dans les deux pays alerte précoce pour le reste du monde alors que la pandémie et les verrouillages font des ravages sur la santé mentale.
Recherche menée par les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis pendant l’été, il a été constaté qu’une personne interrogée sur dix avait sérieusement envisagé de se suicider le mois précédent, soit deux fois plus qu’en 2018. Le pourcentage des 18-24 ans dans l’enquête était 1 sur 4, a rapporté le CDC. Il y a aussi quelques preuves que le nombre de suicides parmi les militaires américains a augmenté.
En Grande Bretagne, une étude publiée en octobre Selon le British Journal of Psychiatry, les pensées suicidaires ont augmenté au cours des six premières semaines de confinement, les femmes et les jeunes adultes étant les plus touchés.
Le nombre total de suicides au Japon est passé à 2153 en octobre, le nombre le plus élevé chaque mois depuis plus de cinq ans, avec la plus forte augmentation chez les femmes, selon les statistiques gouvernementales. Entre juillet et octobre, au moins 2 810 femmes japonaises se sont suicidées, près de 41% de plus que les 1 994 qui se sont suicidées au cours de la même période l’année dernière, selon les rapports. Les données préliminaires par groupe d’âge montrent la plus forte augmentation chez les personnes de moins de 29 ans.
Le Japon a déjà le taux de suicide le plus élevé parmi les sept pays industrialisés – juste devant les États-Unis Etats Unis – et c’est le seul pays des sept où le suicide se produit première cause de décès chez les 15 à 34 ans, le ministère de la Santé a rapporté.
La Corée du Sud en a un taux de suicide plus élevé que le Japon, avec un pic de décès par suicide à près de 16 000 en 2011, le taux par habitant le plus élevé des pays industrialisés. Bien que le nombre total de suicides diminue cette année, le nombre de suicides de femmes dans la vingtaine a augmenté de 43% au premier semestre 2020 par rapport à la même période l’an dernier.
Appeler des hotlines
Au Japon, les adolescents et les jeunes femmes lignes d’assistance au suicide inondées et ont demandé de l’aide sur Twitter et dans les forums en ligne, selon des groupes de services sociaux.
Jiro Ito, le chef de OVA, une organisation à but non lucratif de prévention du suicide, a déclaré que les personnes qui contactent la ligne d’assistance de son groupe ont une chose en commun: la solitude.
« Sous le coronavirus, nous avons moins de communication et moins d’opportunités de parler aux gens », a-t-il déclaré.
«Si vous avez une famille, vous passez plus de temps avec eux, et si vous avez une bonne relation avec votre famille, vous seriez heureux», a-t-il poursuivi. « Mais vous n’êtes pas dans une bonne relation, et vous êtes coupé du monde extérieur, ce qui ne ferait qu’ajouter à votre sentiment de solitude et de stress. »
Les hommes étaient responsables de 70% des 20 169 suicides au Japon l’année dernière.
Historiquement, le suicide au Japon a été considéré comme un moyen d’échapper à la honte et au déshonneur, tandis que la recherche d’une aide psychologique a été stigmatisée. À la fin des années 1990, les suicides parmi les hommes d’âge moyen ont augmenté à mesure que l’éclatement de la bulle économique japonaise a provoqué le taux a chuté tandis que l’économie s’est redressée au cours de la dernière décennie.
Michiko Ueda, professeure à l’Université Waseda, qui étudie la suicidologie et la prévention du suicide, a déclaré que la cause de l’augmentation des suicides de femmes cette année n’était pas encore claire, mais que des facteurs économiques ont probablement joué un rôle.
« Les industries les plus touchées par Covid sont les industries du voyage, de la vente au détail, de l’alimentation et de la restauration », a-t-elle déclaré, notant qu’elles emploient de nombreuses femmes, souvent à des postes contractuels. «De nombreuses femmes ont perdu leur emploi ou ont connu une baisse importante de leurs revenus».
Le Japon n’a jamais imposé les verrouillages de grande envergure observés dans de nombreuses autres régions du monde, en s’appuyant largement sur le port d’un masque, le lavage des mains et le fait d’éviter de s’entasser à l’intérieur pour garder le virus relativement sous contrôle.
Pourtant, les écoles du pays ont été fermées entre mars et mai, et la plupart des gens travaillaient à domicile pendant l’état d’urgence d’avril et de mai.
Bien qu’il soit maintenant plus fréquenté dans les rues et les trains de banlieue, la vie est loin d’être normale. De nombreuses personnes ont du mal à faire fonctionner leur entreprise, certaines travaillent encore à domicile ou se socialisent moins fréquemment, et les universités sont passées à l’apprentissage en ligne.
Ironiquement, il y a eu une forte baisse du nombre de suicides pendant l’urgence, ce qui n’est pas rare. « Pendant une période de crise, les gens pensent souvent à leur propre survie, donc ils ne pensent pas au suicide », a déclaré Ueda.
‘Distance psychologique’
Mais lorsque l’été est arrivé et que les gens sont revenus à une «vie semi-normale», le stress a semblé revenir. Ueno a déclaré que ses études sur le trafic Twitter et les forums en ligne ont montré que les niveaux de détresse psychologique avaient augmenté à partir de juillet.
Le projet Bond, une autre organisation à but non lucratif qui aide les jeunes femmes, a mené une enquête en juin auprès de près de 1 000 personnes qui avaient déjà contacté le programme pour obtenir de l’aide. Environ 3 personnes sur 4 ont donné des réactions qui incluaient un sentiment non motivé ou «envie de disparaître et de mourir».
«Beaucoup de ceux qui nous contactent disent qu’ils n’ont nulle part où aller si on leur dit de rester à la maison», a déclaré Jun Tachibana de Bond Project. «Beaucoup ont des problèmes avec leur famille, leurs amis ou leur petit ami. J’ai peur qu’ils commencent à se sentir plus seuls. «
En Corée du Sud, les suicides dans la capitale, Séoul, ont augmenté de 4,8% au premier semestre, y compris chez les jeunes femmes.
La hotline de prévention du suicide de la ville a enregistré un nombre record d’appels téléphoniques depuis le début de la pandémie, a déclaré Joo Ji-young, chef adjoint du Centre de prévention du suicide de Séoul, alors que le nombre de personnes admises aux urgences pour tentatives de suicide a augmenté de 10% dans tout le pays. a augmenté au cours des huit premiers mois de l’année, a indiqué le ministère de la Santé. Les femmes dans la vingtaine représentaient un tiers de ces tentatives.
«Un effet secondaire inévitable de la distance sociale est la« distance psychologique »aliénante entre les gens», a déclaré Joo.
Le directeur du Centre coréen de prévention du suicide, Paik Jong-woo, a déclaré qu’un manque de lien humain menaçait la santé mentale de tout le monde, « mais les femmes sont souvent confrontées à des fardeaux supplémentaires d’une plus grande insécurité de l’emploi par rapport aux hommes et sont préoccupantes. pour les enfants d’âge scolaire à la maison. «
Mais un autre facteur pourrait alimenter l’augmentation des suicides au Japon et en Corée du Sud: un certain nombre de célébrités, dont des acteurs et des stars de la K-pop, se sont suicidées dans les deux pays au cours de l’année écoulée. Suicides de célébrités alimente souvent le désespoir des gens ordinaires, et ont tendance à pousser taux de suicide plus élevés, les experts disent.
Min Joo Kim à Séoul a contribué à ce rapport.
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Crise Covid : suicides en baisse, c'est l'effet "sidération"
Quel effet la crise a-t-elle sur la santé mentale des Français, maintenant et à plus long terme ? Les suicides et dépressions risquent-ils d'augmenter ? Où trouver de l'aide ? Réponses, parfois à contre-courant, du Dr Pierre Thomas*, psychiatre.
28 novembre 2020 • Par E. Dal'Secco & C.Rogeret Handicap.fr est gratuit, "aidez-nous à le rester. Soutenez-nous !"
* Responsable du pôle psychiatrie du CHU de Lille et co-président du Comité de pilotage de la psychiatrie de la DGOS (Direction générale de l'offre de soins)
Handicap.fr : Quelles pourraient être les conséquences de cette crise sur la santé mentale des Français ?
Pierre Thomas : La crise du Covid-19 a débuté il y a six mois, nous n'avons donc pas encore le recul nécessaire pour connaître avec précision les conséquences sur le long terme. En revanche, nous avons tiré une certaine expérience de la première vague et des mesures sanitaires. Le premier confinement a entraîné une diminution assez nette de l'offre de soins, en particulier en ambulatoire (fermeture d'hôpitaux de jour, de centres d'accueil thérapeutique, baisse des consultations médico-psychologiques...), cumulée à un repli sur soi, qui a également provoqué une diminution de la demande. Autre fait notable : une baisse des recours aux urgences et des tentatives de suicides.
H.fr : Pour quelle raison cette baisse des tentatives de suicide ? Beaucoup imaginent le contraire…
PT : C'est un peu un statu quo... Après des crises majeures, comme les attentats du Bataclan, en 2015, l'effet de sidération est tel que les troubles des conduites, y compris suicidaires, ont tendance à diminuer. Durant le confinement, les personnes qui étaient habituellement déprimées ont eu l'impression de l'être moins que les autres. Ceux qui sortaient peu, en temps normal, se sentaient moins « en décalage » puisque tout le monde était logé à la même enseigne. Au déconfinement, les choses se sont compliquées. Pas facile de reprendre le travail, un rythme régulier...
H.fr : Au sein du réseau VigilanS, vous n'avez donc pas observé une hausse significative du nombre de suicides ?
PT : Rappelons d'abord que VigilanS est un dispositif de soin innovant destiné à la prévention de la récidive suicidaire. Il a été créé par le Pr Guillaume Vaiva du CHRU de Lille. Pour répondre à votre question, au début du confinement, en mars, nous avons en effet plutôt constaté une diminution des suicides, à une période où, habituellement, ils sont en hausse. Au déconfinement, il y a eu une légère reprise mais leur nombre n'a jamais atteint le niveau habituel. Aujourd'hui, les chiffres sont toujours moins importants que les années précédentes. Mais il faut rester vigilant car la mortalité suicidaire connaît généralement un pic en automne.
H.fr : Et également durant la période des fêtes ?
PT : C'est vrai pour les « gestes suicidaires », qui sont davantage de graves réactions à l'isolement familial... Mais le taux de mortalité est plus important en novembre.
H.fr : A plus long terme, une hausse des suicides liée aux conséquences de la crise, notamment économiques, peut-elle néanmoins être redoutée ? Certains medias mettent déjà en lumière des histoires tragiques…
PT : Faire un lien entre une crise sociale et le suicide s'avère très compliqué, tout d'abord car le suicide n'est jamais univoque (avec une seule cause). Prédire le nombre de suicides liés à la crise peut être extrêmement dangereux et contreproductif... Il faut être très prudent. Rappelons que 9 000 suicides ont lieu chaque année en France mais des solutions existent pour les prévenir et stopper la contagion suicidaire. Première étape : en parler et accéder à une prise en charge.
H.fr : Pour revenir au 1er confinement, quel effet la fermeture des structures, essentiellement ambulatoires, a-t-il produit ?
PT : Certaines personnes en situation de handicap psychique ont connu une rupture dans la continuité des soins et vu leur état de santé s'aggraver parce qu'ils avaient, par exemple, négligé des complications, arrêté leur traitement ou entamé une pratique addictive. Ce n'est pas spécifique à la santé mentale, cela touche toute la santé. Des chirurgiens ont dû soigner des péritonites au lieu des « traditionnelles » appendicites. En cancérologie, certains cancers n'ont pas pu être pris en charge à temps...
H.fr : Quel principal enseignement tirer de la première vague ?
PT : Elle a confirmé que toutes les mailles du dispositif de soin sont essentielles. Depuis le mois d'août, les lits d'hospitalisation sont beaucoup plus occupés qu'ils ne l'étaient avant le premier confinement, avec des situations plus sévères (durée de séjour plus longue, moins de turnover...). Résultat, au deuxième confinement, le système tourne déjà à fond.
H.fr : Avez-vous noté une recrudescence de nouveaux patients ?
PT : En effet, de nombreux patients n'étaient pas suivis en psychiatrie et ont fait les frais de cette première vague en raison de l'augmentation du délai d'accès aux soins. Or on sait que plus le diagnostic est tardif plus les troubles psychiques sont sévères et difficiles à prendre en charge.
H.fr : Quel est le profil de ces patients ? Plutôt jeunes ?
PT : Oui, nous avons observé une très nette augmentation des premières demandes chez les jeunes, aussi bien dans les maisons d'adolescents qu'en médecine générale. Ce qui nous amène, depuis le reconfinement, à essayer de maintenir l'ensemble du dispositif de soins, en gardant les CMP (Centres médico-psychologiques) ouverts et en développant la télémédecine, a fortiori pour les primo-demandeurs.
H.fr : Quel est le motif principal de leur consultation ? La suspicion d'un trouble psychique ou davantage une dépression liée à l'actualité ?
PT : Un peu des deux. Mais, ce qui est nouveau et assez surprenant, c'est l'augmentation significative des troubles anxieux chez les jeunes. Par exemple, beaucoup de collégiens ont refusé de retourner à l'école par peur d'être infectés par le Covid. Les troubles anxieux sont les plus répandus, plus que la dépression. Non pris en charge ou négligés, ils peuvent entraîner un retrait social et évoluer en dépression voire, parfois, en état suicidaire.
H.fr : On parle beaucoup de la saturation des services de réanimation. En est-il de même pour la psychiatrie ?
PT : Totalement. Mais la crainte majeure que partagent tous les responsables d'établissements, c'est de ne pas avoir suffisamment de ressources humaines pour maintenir les dispositifs de soins. Des médecins, infirmiers et psychologues peuvent être malades ou cas contact. Pour assurer un roulement, c'est parfois compliqué. Pas facile de trouver des infirmiers disponibles en ce moment pour d'autres missions que la réanimation ou la médecine Covid...
H.fr : Des transferts ont-ils eu lieu vers les unités Covid ?
PT : Effectivement. Des infirmiers, qui travaillaient dans le service psychiatrie d'un hôpital général sont notamment partis en réanimation pour prêter main-forte.
H.fr : Le personnel soignant est-il, lui aussi, accompagné psychologiquement ?
PT : Il existe en effet des lignes d'écoute, animées par des psychologues, dédiées aux soignants qui sont parfois fatigués, ont peur d'être contaminés, redoutent l'absentéisme de leurs collègues... Les conditions d'exercice sont difficiles et la reconnaissance qu'ils avaient lors du premier confinement ne se manifeste plus. Des « maraudes » de psychologues et psychiatres ont également été mises en place pour aller à la rencontre des soignants de médecine Covid ou de réanimation. Ces besoins sont exacerbés depuis le reconfinement.
H.fr : Quel conseil donneriez-vous à une personne en détresse psychique ?
PT : Dans un premier temps, il ne faut pas hésiter à contacter tous les relais qui existent (médecin généraliste, CMP). Par ailleurs, la partie ambulatoire de la psychiatrie a renforcé les possibilités de répondre par téléphone en période de confinement donc n'hésitez pas à les appeler !
H.fr : Et les urgences psychiatriques ?
PT : Il n'y en a pas partout sur le territoire. Les métropoles disposent parfois d'un centre d'accueil et/ou de crise, d'un numéro de téléphone connu mais, en campagne, c'est plus rare, et, dans ce cas, le médecin généraliste, en première ligne, est important.
https://informations.handicap.fr/a-crise-covid-suicides-baisse-effet-sideration-13436.php
Confinement à Rennes. « Deux fois plus de crises suicidaires chez les jeunes » Ouest-France (site web)
Régions/Bretagne/Ille-et-Vilaine/Rennes, samedi 28 novembre 2020
Linda BENOTMANE.
Premier volet de notre série sur les dégâts psychologiques de ce second confinement. Sylvie Tordjman est professeure en pédopsychiatrie, cheffe du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Guillaume Régnier et à Rennes 1. Elle s’inquiète des conséquences du reconfinement sur le moral des jeunes.
La crise sanitaire et le reconfinement sont difficiles à vivre pour tout le monde. Mais c’est une période particulièrement dure pour certains adolescents. C’est l’inquiétant constat de la professeure Sylvie Tordjman, cheffe du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital psychiatrique Guillaume Régnier à Rennes (Ille-et-Vilaine) et à l’université Rennes-1.
Les chiffres sont accablants. Par rapport à novembre 2019, les urgences pédiatriques ont accueilli deux fois plus de jeunes patients aux urgences pédiatriques pour des crises suicidaires, trois fois plus pour les troubles anxieux avec somatisation, et quatre fois plus pour les troubles anorexiques. « Les deux premières semaines de novembre 2020, les urgences pédiatriques ont constaté cinq tentatives de suicide par semaine (en 2019 : une ou deux par semaine) et 11 jeunes par semaine avec idées suicidaires (même période en 2019 : cinq par semaine). »
« Dépression sévère »
Dans les tentatives de suicide, elle relève des recours à la pendaison et à la défenestration anormalement élevés. « Tous les jeunes de 16 à 18 ans hospitalisés en novembre 2019 en unité d’hospitalisation de courte durée sont repartis ensuite chez eux avec des suivis en ambulatoire. Là, sur 11 jeunes hospitalisés, seuls trois d’entre eux ont pu retourner à domicile avec un suivi en ambulatoire. Tous les autres ont été hospitalisés au long cours pour dépression sévère avec risque de récidive suicidaire. »
Pour les jeunes anorexiques, elle observe la même aggravation. « Le nombre par semaine de passages aux urgences pédiatriques a quadruplé pour les anorexiques depuis le déconfinement. Habituellement, aucune anorexique ne passe dans ce service. Elles viennent pour dénutrition et déshydratation, elles ont arrêté de boire et de manger. De plus, six jeunes anorexiques sont actuellement en permanence hospitalisées depuis début novembre sur les lits de pédiatrie du CHU de Rennes alors qu’il n’y a habituellement qu’une seule patiente anorexique hospitalisée par semaine. »
« Diminution des activités »
Quelles explications à cette aggravation du moral des jeunes ? « Le reconfinement général entraîne une diminution des activités sociales, sportives, culturelles… Les journées se suivent et se ressemblent sans tempo venant structurer de façon quotidienne et hebdomadaire l’expérience du temps. La rythmicité, donnée par les temps de travail à l’extérieur et les temps de repos le week-end, a disparu. On se décale, on se désynchronise… L’absence d’horaires ainsi que la réduction drastique des activités sociales, entraînent une désynchronisation des rythmes physiologiques avec une perte des repères temporels. Cela entraîne, selon beaucoup d’études, une vulnérabilité aux troubles anxieux, dépressifs et psychotiques. »
Que peuvent faire les parents ou les proches de l’adolescent ou du jeune concerné ? Sylvie Tordjman répond : « Il est important que les parents respectent et fassent respecter à leurs enfants les rythmes physiologiques avec des heures régulières de coucher, de lever, de repas, ainsi que les activités physiques et sociales. » La professeure est aussi coauteure de l’ouvrage Du confinement au déconfinement : nouvelles perspectives en pédopsychiatrie . Elle y explique que « l’activité physique est une nécessité indispensable ».
« Des rythmes de sommeil inversés »
Une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) alerte sur la sédentarisation des jeunes.Deux tiers des adolescents 11 à 17 ans sont particulièrement exposés à des risques pour la santé parce qu’ils passent plus de deux heures chaque jour devant l’écran et parce qu’ils sont en dessous d’une heure d’activité physique par jour. Elle met en alerte : « Les jeunes peuvent se désynchroniser, avoir des rythmes de sommeil qui sont totalement inversés et avec des conséquences sur le plan de la santé, aussi bien physique que mentale, qui peuvent être très graves. »
> Retrouvez les quatre volets de notre série sur les dégâts psychologiques du second confinement :
- TÉMOIGNAGE. « Deux fois plus de crises suicidaires chez les jeunes »
- TÉMOIGNAGE. Avec ce second confinement, Marie se sent « comme un animal en cage »
- ENTRETIEN. « Le reconfinement est plus envahissant psychologiquement »
- ENTRETIEN. Pendant le confinement, des parents en plein désarroi, voire en détresse
Cet article est paru dans Ouest-France (site web)
Les organisations universitaires de psychiatrie et d’addictologie estiment que "la crise sanitaire est aussi psychiatrique, pas de santé mentale sans psychiatrie universitaire"
Rédigé par Rédaction le Vendredi 27 Novembre 2020 https://www.hospitalia.fr/*
Communiqué commun du Collège National Universitaire de Psychiatrie (CNUP), du Conseil National des Universités (CNU), du Syndicat Universitaire de Psychiatrie (SUP), du Collège National pour la Qualité des Soins en Psychiatrie (CNQSP), et du Collège Universitaire National des Enseignants d'Addictologie (CUNEA).
L’impact de la crise sanitaire sur la santé mentale de la population est important, il pourrait devenir l’un des problèmes majeurs des années à venir. Les enquêtes le montrent clairement : les scores de bien-être mental diminuent, les consommations de substances psychoactives (alcool, tabac, cannabis) augmentent, de même que les symptômes dépressifs, anxieux, psychotiques, y compris chez ceux qui n’en souffraient pas. Plusieurs groupes sont déjà identifiés comme particulièrement vulnérables : les jeunes, les sujets âgés, les étudiants, les personnes sans emploi, les artisans et les chefs d’entreprise, les personnes en situation de handicap.
Une « deuxième vague » psychiatrique est observée dans les urgences hospitalières, en particulier chez les jeunes. Les résultats de la récente enquête de la Fondation Jean Jaurès sont alarmants : depuis la crise COVID-19, 20 % des personnes interrogées ont sérieusement envisagé de se suicider, surtout depuis le dé-confinement. Les consommations de psychotropes ont fortement augmenté. L’analyse précise des causes doit être conduite, mais l’expérience des crises passées apporte déjà un éclairage sur la dynamique de cette vague psychiatrique : l’impact des grandes crises sur la santé mentale et sur le suicide est toujours retardé de plusieurs mois à quelques années.
"Le manque de cohérence en matière de santé mentale est criant"
L’urgence sanitaire est aujourd’hui de sauver des vies, celles des personnes touchées par une forme grave de la COVID-19, celles des personnes pour lesquelles un retard aux soins de leur pathologie aigüe ou chronique constituerait une perte de chance. Les troubles psychiatriques et addictologiques tuent eux aussi : par suicide et par manque d’accès à la prévention et aux soins. Aujourd’hui en France, l’espérance de vie des personnes qui souffrent de dépression ou de psychose est réduite de 15 à 20 ans.
Le manque de cohérence en matière de santé mentale est criant, sans doute expliqué en partie par le retard considérable de la France en matière de prévention et de développement de la santé publique. Alors que l’incertitude est extrême, que les liens sociaux sont mis à mal quotidiennement et qu’une crise économique et morale menace notre cohésion sociale, les professionnels de la santé mentale se trouvent particulièrement désarmés : le manque de financement et d’attractivité des métiers est majeur ; l’accès aux soins psychothérapiques est toujours freiné par l’absence de prise en charge par l’assurance maladie ; alors que tous les professionnels œuvrent dans le cadre des Projets Territoriaux de Santé Mentale pour décloisonner la médecine- chirurgie-obstétrique, la psychiatrie et les activités médico-sociales, une partie des hospitaliers n’est pas reconnue à travers l’attribution du complément indiciaire prévu par le Ségur de la Santé.
"Le risque qu’une fois de plus les besoins de la psychiatrie ne soient pas pris en compte"
Alors que les arbitrages sont aujourd’hui particulièrement difficiles, nous alertons sur le risque qu’une fois de plus les besoins de la psychiatrie ne soient pas pris en compte, et parmi ces besoins, ceux de la psychiatrie et de l’addictologie universitaire.
Les besoins de formation initiale et continue sont majeurs, dans une période où les pratiques doivent s’adapter et les métiers se transformer. L’attractivité de la discipline doit être soutenue, et les spécialités médicales les plus choisies par les jeunes sont aussi celles qui sont les plus dotées en ressources universitaires.
Le travail accompli ces dernières années par les universitaires de psychiatrie et d’addictologie est considérable : réforme des études médicales, formation des futurs psychiatres en lien avec le territoire, ouverture du parcours psychiatrie et santé mentale pour les infirmiers en pratiques avancées, participation à la formation de nombreux autres métiers de la santé (orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien...), forte productivité d’une recherche de qualité, participation à la diffusion de bonnes pratiques et d’innovations organisationnelles. Il est plus que temps d’inverser la tendance afin que la psychiatrie ne soit plus l’une des disciplines où le taux d’encadrement des étudiants est le plus faible de toutes les spécialités médicales, et la recherche la moins financée de tous les pays européens.
L’impact de la crise actuelle sur la santé mentale nous paraît justifier une large campagne d’information qui permettrait à la population d’accéder à des messages généraux en faveur de cette dimension sanitaire et favoriserait le fait que ceux qui en relèvent accèdent à une écoute et, le cas échéant, à des soins adéquats.
Si dans l’immense majorité des cas ces principes sont respectés pour ces patients vulnérables, il apparaît que ce n’est pas toujours le cas. C’est pourquoi il nous apparaît comme essentiel qu’un psychiatre puisse y être systématiquement associé afin de garantir une éthique concrète du soin et de la vulnérabilité.
Pr Marie Rose Moro, Présidente du CNUP
Pr Amine Benyamina, Président du CNU Addictologie
Pr Olivier Cottencin, Président du CUNEA
Pr Raphaël Gaillard, Président du CNU Psychiatrie d’Adultes
Pr Bernard Granger, Président du SUP
Pr Anne Catherine Rolland, Présidente du CNU Pédopsychiatrie
Pr Emmanuelle Corruble, Présidente du CNPP-CNQSP
** Les inter-titres sont de la rédaction
Le Monde (site web)
planete, jeudi 26 novembre 2020 - 02:53 UTC +0100 2055 mots
Pascale Santi
Dans les hôpitaux de l’AP-HP, les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques sont en hausse de 50 % depuis août. Dans le nord-est de Paris, on constate un doublement des tentatives de suicide chez les mineurs de moins de 15 ans par rapport à l’année dernière.
En ce lundi de novembre, il y a affluence à la consultation d’orientation psychiatrique de l’hôpital pour enfants Robert-Debré, situé dans le nord-est de Paris, l’un des plus gros d’Ile-de-France. Marco (les prénoms ont été changés), 15 ans, qui souffre de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), a très mal vécu le premier confinement. Il s’est mis à jouer aux jeux vidéo, a décalé son sommeil. L’idée d’un nouveau confinement, de ne plus pouvoir aller au skate park, de ne plus voir ses amis, l’a paniqué. Il n’est pas retourné au lycée après les vacances de la Toussaint, et a été hospitalisé en raison d’idées suicidaires.
Ce même jour, à quelques couloirs de là, aux urgences pédiatriques, un garçon de 14 ans attend de voir un pédopsychiatre. Il s’est jeté sur les rails d’un train qui, heureusement, est passé de l’autre côté. Quelques jours auparavant, il avait fui l’école et erré, en Ile-de-France.
Depuis la rentrée de septembre, un enfant de moins de 15 ans arrive ainsi presque chaque jour aux urgences de Robert-Debré pour une tentative de suicide, contre environ un tous les trois jours un an avant. Selon un tableau de bord de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) du 19 novembre recensant l’activité hors-Covid des 39 hôpitaux – majoritairement franciliens – du groupe, les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques ne cessent d’augmenter depuis août. Elles se situaient fin octobre à 3 600, contre 2 400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %.
Crise économique, attentats, incertitude sur l’avenir, scolarité perturbée, etc., les enfants et adolescents sont en première ligne de cette deuxième vague. Le professeur Richard Delorme, qui dirige le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de Robert-Debré, a adressé un message d’alerte à l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France et aux autorités sanitaires. Les tentatives de suicide (TS) chez les mineurs de moins de 15 ans enregistrées dans son établissement en septembre-octobre ont doublé par rapport à la même période de 2019, passant de 20 à 40. Les relevés d’idées suicidaires ont augmenté de plus de 100 %. Et cette tendance se poursuit en novembre.
Ces situations complexes surviennent alors que son service est déjà en tension. Le nombre d’urgences pour motif pédopsychiatrique a doublé en dix ans, à environ 2 000 par an. « Depuis début septembre, à chaque fois que je suis appelée aux urgences, c’est pour l’explosion des TS et idées suicidaires, des troubles anxieux », constate le docteur Alicia Cohen-Freoua, de garde ce lundi. « La vague, nous la voyons depuis la rentrée. Nous gérons des situations de crise, avec des enfants à hospitaliser, et pour qui il faut organiser un suivi, nous manquons de lits », constatent Marion Priam et Cathy Gaudin, infirmières.
A l’instar d’autres établissements, ce service de 207 personnes, dont 140 temps plein, souffre d’un manque chronique de personnels, surtout d’infirmiers, et cela depuis plusieurs années, même s’il y a peu d’absentéisme. Une cinquantaine de patients y sont hospitalisés et le nombre de consultations devrait frôler les 10 000 cette année. Les délais pour obtenir un rendez-vous peuvent aller jusqu’à un an.
Inquiet des chiffres de tentatives de suicide, Richard Delorme a voulu en savoir plus. L’équipe s’est plongée dans les registres des urgences. En 2013, il y avait eu 8 TS entre septembre et octobre. Il déplore le manque de données à l’échelon national, alors que plusieurs études menées en Chine, à Taïwan ou en Europe rapportent une augmentation des idées suicidaires et des tentatives de suicide chez l’enfant depuis la pandémie. Aux Etats-Unis, la proportion de visites aux urgences liées à la santé mentale des enfants âgés de 5 à 11 ans et de 12 à 17 ans a augmenté respectivement d’environ 24 % et 31 %, selon des données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), l’autorité sanitaire fédérale, publiées vendredi 13 novembre.
Richard Delorme est conscient que ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, au regard de la situation géographique de l’hôpital et de la période, plus propice aux dépressions saisonnières. « Notre hôpital se situe à proximité des arrondissements et zones les plus touchés par le Covid, plus précaires », constate-t-il. Il a pris son téléphone, a interpellé ses collègues. Nombre d’entre eux partagent cette inquiétude - même si la situation varie d’une région ou d’un établissement à l’autre.
Dans la cour du service d’hospitalisation, Sandra, 14 ans, déambule avec son éducatrice, en mâchant les lanières de son sweat-shirt. Elle est arrivée ici trois jours plus tôt pour une TS et des troubles anxieux importants liés au confinement. Trois autres enfants sont là en hôpital de jour afin de réévaluer la prise en charge ou le diagnostic.
Depuis la rentrée, après une baisse de fréquentation de mi-mars à mi-mai, comme dans tous les hôpitaux, « nous voyons des patients avec des troubles plus sévères. C’est comme si on ne voyait plus les petites urgences » – les troubles du comportement, les agitations –, explique le docteur Alicia Cohen-Freoua. « Le confinement de mars a eu un retentissement particulier sur les enfants avec un handicap, perturbant l’accès aux soins et le quotidien des familles d’enfant présentant un trouble du neurodéveloppement », détaille Valérie Vantalon, médecin au sein de l’équipe des troubles du spectre autistique.
Outre l’école fermée, la prise en charge (orthophonie, psychomotricité…) s’est quasiment arrêtée pour les enfants présentant un trouble. Certains établissements (instituts médico-éducatifs…) ont fermé, obligeant les enfants à revenir à la maison. « C’était dur, mon fils de 10 ans, autiste, était réfractaire à toutes les activités avec moi, les parcs étaient fermés, il ne comprenait pas la marche sans but, j’allais parfois faire des tours de périphérique en voiture », se souvient Asma, venue pour une consultation.
« Je ne suis pas une assistante de vie scolaire, je ne suis que maman », dit la mère de Nathan, âgé de 8 ans, venu voir le docteur Vincent Trebossen, pour un déficit de l’attention avec hyperactivité, et touché par une maladie rare. « Nathan a perdu tous ses repères, il a besoin de savoir ce qu’il va se passer le lendemain, le fait d’être vu en visio ne le rassurait pas », dit sa mère. « Sans la mobilisation de l’équipe soignante, ça aurait été la catastrophe, le confinement se serait mal terminé pour toute la famille », raconte Alexandra, mère de Théo, 7 ans et demi, qui souffre de troubles du spectre de l’autisme (TSA) et de trouble attentionnel. « Tout devait être réorganisé, l’arrêt de l’école, de toute la prise en charge, nécessitait que l’on soit avec eux tout le temps », dit Emilie, qui élève seule Maël dans un F2. « Il tournait en rond et les gestes barrières n’étaient pas faciles à gérer ».
Tandis que certaines familles ont plutôt bien géré cette période, d’autres enfants l’ont très mal vécue, faisant face à une augmentation du harcèlement en ligne ; mais aussi à des violences intrafamiliales, dont témoigne la hausse des appels au 119. Afin de venir en aide à ces parents qui devaient prendre en charge seuls leurs enfants, le service s’est réorganisé, ne faisant venir que les patients les plus critiques. Il a publié des conseils sous forme de fiches ou vidéos. Depuis mars, le site a enregistré pas moins de 700 000 connexions, précise le Dr Benjamin Landman, chef de clinique, qui s’est improvisé webmaster le temps du confinement. Une nouvelle version du site, qui s’appellera www.clepsy.fr est prévue dans les jours à venir, grâce à une aide de l’ARS. « Le but est de rendre les parents acteurs de la prise en charge de leurs enfants », résume Benjamin Landman.
Un peu plus loin, l’unité des troubles du comportement alimentaire (TCA), qui accueille des enfants de 7 à 12 ans, avec neuf lits d’hospitalisation, fait face à une augmentation des demandes depuis ce printemps, alors que la situation est déjà habituellement tendue. « Depuis mai-juin, nous avons l’impression que nous avons plus d’enfants avec des TCA restrictifs sévères », explique le docteur Coline Stordeur, chef du pôle des TCA, qui voit aussi, en plus de l’anorexie mentale, davantage d’autres troubles tels que l’émétophobie (phobie des vomissements), et de plus en plus d’enfants très anxieux, avec un trouble obsessionnel compulsif (peur d’attraper le Covid-19 et d’autres maladies) et avec une restriction majeure de l’alimentation.
Une enfant de 10 ans a par exemple rapporté qu’« un voisin est mort du Covid ». « J’ai peur d’être à la rue », a fait valoir un garçon de 9 ans, dont l’un des deux parents venait de perdre son emploi. Pour beaucoup, les capacités d’adaptation au stress sont dépassées, la courbe de poids s’est effondrée au printemps. Un patient de 10 ans a commencé à se restreindre en mars, il a perdu 11 kg. Agée de 10 ans et demi, Malika a été admise quatre jours plus tôt, après un séjour dans un service de pédiatrie générale en Ile-de-France. Déshydratée, elle pèse 22 kg pour 1,40 m, contre 33 kg il y a six mois. « Il faut donner plus de moyens à l’hôpital, ce n’est pas normal d’attendre une place trois semaines », dit sa mère, en consultation en visioconférence avec le docteur Anaël Ayrolles.
Autre conséquence des deux confinements : une aggravation des comportements addictifs liés aux jeux vidéo, mais aussi à tous types d’écrans. « Cela a un impact majeur sur les relations familiales, la scolarité, le sommeil », indique le docteur Benjamin Pitrat. L’addiction aux écrans, qui représentait 10 % de ses consultations il y a sept ans, en représente 90 % aujourd’hui. Dans certains cas, « lorsque les parents arrêtent l’écran, cela amène l’enfant à des crises qui peuvent être impressionnantes : insultes, portes brisées à coups de pied, menaces de suicide… », dit-il.
Le docteur Alexandre Hubert, responsable du centre médico-psychologique (CMP) du 20e arrondissement, affilié à Robert-Debré, s’inquiète de l’aggravation de la crise : « Nous n’avons plus de formes light, nous n’avons que du lourd tout de suite » : une mère qui a perdu son travail a demandé à son fils sa cagnotte pour payer les courses. Ils en sont venus aux mains. La précarisation des familles s’est accentuée dans le 20e. « Si les parents ne savent pas comment ils vont manger, stimuler leur enfant autiste en lui lisant une histoire ne peut être leur priorité », regrette le docteur Hubert, qui projette de repérer de façon précoce les troubles psychiatriques avec une équipe mobile, dans les crèches.
L’histoire d’Amir, 17 ans, condense celle de beaucoup de mineurs isolés, dits « non accompagnés », dont la situation s’est encore précarisée depuis le premier confinement avec la fermeture de structures d’accueil. Arrivé aux urgences pour overdose (cannabis et alcool) et scarifications dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 novembre, il avait été vu pour la première fois en décembre 2019 à Robert Debré pour des troubles anxieux majeurs. « Il était tombé dans la consommation de stupéfiants, poussé par des gens mal intentionnés », résume Emmanuelle Peyret, addictologue. Amir nous raconte son départ du Maroc, seul, à l’âge de 9 ans, caché sous un autobus, puis passant d’un pays à l’autre. « Tu n’es pas seul, on ne te juge pas », le rassure François-Henry Guillot, éducateur spécialisé dans l’unité d’addictologie. « Depuis la levée du premier confinement, on est débordés par l’arrivée aux urgences de mineurs isolés en overdose de stupéfiants. Certains sont enrôlés dans des réseaux de délinquance, dit Emmanuelle Peyret. Du jamais-vu. »Cet article est paru dans Le Monde (site web)
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Le Monde (site web)
planete, jeudi 26 novembre 2020
Hausse des tentatives de suicide chez les mineurs : dans les hôpitaux, des pédopsychiatres inquiets mais prudents
Pascale Santi
Les médecins spécialistes divergent sur le degré de gravité de la
situation depuis la rentrée scolaire et le début du deuxième confinement
mis en place en raison du Covid-19.
L’alerte a été lancée début
novembre par le professeur Richard Delorme, chef du service de
psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Robert-Debré,
qui s’inquiétait d’une nette hausse des tentatives de suicide chez les
mineurs de moins de 15 ans depuis la rentrée scolaire. Ce phénomène
touchait-il tout le pays, ou était-il localisé au nord-est parisien ? Si
D’un bout à l’autre du pays, les psychiatres ont consulté leurs
registres d’entrées aux urgences. Les données ne sont pas toujours
disponibles. Tous ne font pas aujourd’hui part du même degré
d’inquiétude.
A l’hôpital Necker (AP-HP), dans le centre de
Paris, on observe en novembre, et donc depuis le début du deuxième
confinement, une nette augmentation de la fréquentation des urgences
pédiatriques pour tentatives de suicide ou idées suicidaires par rapport
à septembre et octobre 2020. « Cinq patients de moins de 15 ans étaient
hospitalisés début novembre à la suite d’une défenestration, alors que
cela concerne habituellement un adolescent par mois », indique le
professeur Pauline Chaste, chef du service de pédopsychiatrie de
l’hôpital Necker.
Au 20 novembre, il y a eu 9 tentatives de
suicide depuis le début du mois, contre en général 5 par mois. «
Malheureusement, il est difficile de comparer aux chiffres 2019 – alors
que ce serait nécessaire pour tirer des conclusions solides, regrette le
Pr Chaste. Les TS ne sont pas très bien tracées, et peuvent disparaître
derrière les troubles associés, comme par exemple des épisodes
dépressifs majeurs. »
La professeure Sylvie Tordjman, chef du
pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’enfant et de
l’adolescent de Rennes, est très inquiète. « Si les crises suicidaires
[TS et idées suicidaires] sont restées stables en septembre-octobre pour
les moins de 16 ans, elles ont plus que doublé du 1er au 15 novembre,
par rapport à la même période de 2019, avec 10 TS et 22 idées
suicidaires, contre 3 TS et 10 idées suicidaires en 2019. » Elle relève
également un nombre de pendaisons et de défenestrations « anormalement
élevé ». Son service accueille aussi trois fois plus de patients pour
les troubles anxieux avec somatisation (comme des douleurs abdominales)
et pour anorexie. « Le constat est identique à Redon, Rouen, Limoges,
Nice… », poursuit la pédopsychiatre.
A Nantes, les tentatives
de suicide des moins de 15 ans sont en baisse. « Probablement en raison
de sa région moins touchée et peu urbanisée », estime Olivier Bonnot,
chef du service universitaire de pédopsychiatrie du CHU de Nantes, qui
se dit « préoccupé » par les fortes augmentations de demandes de
consultations de 30 % à 70 % avec des cas plus lourds. « Une tendance au
niveau de la région », selon lui.
Effets positifs et négatifs
Même
constat pour le docteur Charles-Edouard Notredame, du service de
psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHU de Lille, plus
prudent. Il constate pour sa part « une légère augmentation des TS et
idées suicidaires en septembre-octobre 2020 par rapport à 2019, mais ce
n’est pas majeur ». De même, selon le professeur Pierre Fourneret,
pédopsychiatre et chef de service adjoint à l’hôpital Femme-Mère-Enfant
(HFME) au CHU de Lyon, « il y a aujourd’hui une ambiance alarmiste, mais
on n’a pas le sentiment que les tentatives de suicide augmentent en
Rhône-Alpes, nous sommes plus prudents ».
« Attention aux
discours généralistes, car tous les enfants n’ont pas réagi de la même
façon, et d’après une étude que nous avons menée sur 7 300 enfants de
l’académie de Lyon lors du premier confinement, certains ont plutôt vu
baisser leur niveau de stress », tempère le docteur Pauline Espi,
pédopsychiatre à l’HFME. « Il y a eu des effets positifs et négatifs. Le
premier confinement a dans certains cas généré de l’apaisement, avec
une forte capacité d’adaptation des enfants et adolescents, ajoute
Pierre Canouï, pédopsychiatre libéral. Le deuxième confinement provoque
plus de détresse psychologique. »
S’ils divergent sur le degré
de gravité de la situation, les médecins spécialistes lancent tous un
plaidoyer pour une vraie épidémiologie en pédopsychiatrie. Par ailleurs,
soulignent-ils, il faut être très vigilant sur les signaux d’alerte,
comme un enfant qui dort moins bien, qui est irritable, triste, ou
mouille de nouveau ses draps. Un enfant ne verbalise pas forcément ses
maux. Cet article est paru dans Le Monde (site web)
Anxiété, dépression, stress post-traumatique… : la pandémie de Covid-19 a un fort impact sur la santé mentale
Anxiété, dépression, troubles du sommeil, mais aussi tentatives de suicide, stress post-traumatique… En France comme ailleurs, les indices des effets sur la santé mentale de la pandémie de Covid-19 et du confinement s'accumulent. « Nous voulons éviter une troisième vague, qui serait une vague de la santé mentale pour les jeunes et les moins jeunes », a prévenu le ministre de la santé, Olivier Véran, le 18 novembre, lors d'une visite dans les locaux d'une plate-forme d'écoute, à Paris.
La veille, s'appuyant sur des données de Santé publique France, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, soulignait que « la crise sanitaire du Covid-19 a révélé la vulnérabilité psychique de nombreux Français », et donnait des conseils pour « prendre soin de soi » . Le monde médical tire lui aussi la sonnette d'alarme.
En matière de santé publique, les enjeux sont colossaux. « En dehors du suicide, on meurt rarement directement d'un problème de santé mentale, mais c'est une cause de mortalité prématurée, du fait de la dégradation des habitudes de vie et de l'état de santé », souligne Enguerrand du Roscoät, responsable de l'unité santé mentale à la direction de la prévention de Santé publique France.
Les troubles mentaux représentent le premier poste de dépenses du régime général de l'Assurance-maladie par pathologie (19,3 milliards d'euros), devant les cancers et les maladies cardio-vasculaires. Au total, leur coût économique et social est évalué à 109 milliards d'euros par an.
Pour l'heure, c'est la forte hausse des états dépressifs qui est au-devant de la scène. Au 12 novembre, le taux est de 21 % en population générale, soit deux fois plus que fin septembre, selon CoviPrev, une enquête nationale de Santé publique France qui interroge en ligne, à intervalles rapprochés, des échantillons indépendants de 2 000 personnes de plus de 18 ans. A titre de comparaison avec la période antérieure à l'apparition du Covid, 10 % de la population a vécu un épisode dépressif dans l'année précédente (selon la dernière enquête menée en 2017).
Prescription de médicaments psychotropes en hausse
Si un adulte sur cinq serait dépressif, d'après CoviPrev qui utilise une échelle reconnue, la proportion est plus élevée encore chez les personnes déclarant une situation financière très difficile (35 %), celles avec des antécédents de troubles psychologiques (30 %), les inactifs et CSP − (respectivement 29 % et 25 %), et les jeunes (29 % chez les 18-24 ans, 25 % chez les 25-34 ans).
« Quand l'enquête a démarré en mars, pendant le premier confinement, c'était les états anxieux qui dominaient, présents chez 27 % des personnes. Le taux de dépression était, lui, aux alentours de 20 %. Le niveau d'anxiété a rapidement baissé pendant le confinement, tout comme les états dépressifs à la sortie de celui-ci », précise Enguerrand du Roscoät . Dans le bilan du 12 novembre, le taux d'anxiété est de 20,8 %, il repart à la hausse depuis septembre mais en moindre proportion que les états dépressifs.
« La surveillance épidémiologique de la santé mentale fait appel à deux approches : d'une part des enquêtes populationnelles, de l'autre l'analyse de données sur les recours aux soins », explique Imane Khireddine-Medouni, médecin coordinatrice du programme santé mentale à la direction des maladies non transmissibles de Santé publique France. C'est ainsi que, début octobre, un rapport de l'Assurance-maladie et de l'Agence du médicament révélait une hausse notable de prescriptions de médicaments psychotropes (anxiolytiques et hypnotiques) sur le territoire pendant la période de mars à septembre.
Outre CoviPrev, Santé publique France participe à plusieurs enquêtes épidémiologiques autour de la santé mentale, sur des populations d'enfants, d'adolescents et d'adultes, avec d'autres partenaires. Parallèlement, l'agence sanitaire étudie l'évolution entre 2019 et 2020 d'indicateurs comme le nombre d'hospitalisations dans les services de psychiatrie, mais aussi les passages en services d'urgences et les hospitalisations pour tentative de suicide.
Dans ce contexte de crise sanitaire, sociale et économique, le sujet des risques suicidaires est particulièrement scruté, d'autant qu'il y a quelques signaux dans la population pédiatrique. Le service de pédopsychiatrie de l'hôpital parisien Robert-Debré a lancé une alerte après avoir enregistré récemment une nette hausse des tentatives de suicide et idées suicidaires chez les moins de 15 ans, un constat retrouvé dans d'autres endroits .
Stress accru
Chez les adultes, il n'y a pas jusqu'à présent de données en faveur d'une augmentation des tentatives de suicide en France depuis le confinement. Les résultats de recherches évaluant avec précision l'évolution de cet indicateur en 2020 par rapport aux années précédentes sont attendus au premier trimestre 2021.
Un sondage IFOP mené en septembre auprès de 2 000 personnes pour la Fondation Jean Jaurès estime toutefois que, parmi les 20 % qui ont envisagé « sérieusement » de se suicider dans leur vie, 11 % l'ont fait pendant le premier confinement et 17 % depuis la fin de celui-ci. Si ce pourcentage global de 20 % est comparable à celui de l'enquête précédente de 2016, trois catégories socioprofessionnelles ont des taux d'intention plus élevés : les dirigeants d'entreprise et les chômeurs (27 %), et les artisans-commerçants (25 %).
La vague de suicides pourrait être devant nous, estime le psychiatre Michel Debout sur le site Internet de la Fondation Jean Jaurès, dont il est membre fondateur. Il rappelle que le lien entre crises socio-économiques et risque suicidaire est connu depuis 1929, les effets suicidaires des crises se faisant en général sentir avec un délai de plusieurs mois ou années.
Des enquêtes sont aussi en cours au niveau international, telle COH-FIT qui vise à évaluer l'impact de la pandémie sur la santé physique et mentale. Elle a déjà inclus plus de 100 000 personnes, dans une quarantaine de pays. Selon les résultats préliminaires, communiqués le 10 novembre, la crise a augmenté le niveau de stress, la sensation de solitude ou de colère, en particulier chez les femmes et les jeunes : 27 % des femmes ressentent un stress accru (contre 14 % des hommes) et 23 % rapportent un sentiment de solitude plus important (contre 12 % des hommes). Un jeune sur quatre indique aussi ressentir une plus grande solitude.
Une vaste enquête menée par le Centre national de ressources et de résilience auprès des universités françaises, à laquelle ont répondu près de 70 000 étudiants, confirme leur souffrance psychologique pendant le confinement : 27,5 % déclarent un haut niveau d'anxiété, 24,7 % un stress intense, 22,4 % une détresse importante, 16,1 % une dépression sévère, et 11,4 % des idées suicidaires.
Les filles et les personnes non binaires (ne se ressentant ni homme ni femme) sont davantage touchées, précise l'article publié dans JAMA Network Open le 23 octobre . D'autres facteurs de risque, comme la précarité et les antécédents psychiatriques, ont été identifiés. Point inquiétant, seulement 12,4 % des étudiants déclarant un trouble ont consulté.
Evénement traumatisant
Quid des conséquences psychiques du Covid-19 pour les individus directement touchés par le virus ? Dans les trois mois suivant l'infection, près d'un patient sur cinq (18 %) développerait des symptômes de type anxiété et dépression, estime une étude à partir des données de santé de près de 70 millions d'Américains ( The Lancet Psychiatry, 9 novembre).
Les malades atteints du Covid-19, et notamment ceux passés en réanimation, sont aussi guettés par un trouble de stress post-traumatique. Encore sous-diagnostiqué en France, ce syndrome se caractérise par de nombreux signes (cauchemars et flash-back, évitement des situations et personnes évoquant le traumatisme, état d'alerte permanent, émotions négatives…) persistant plus d'un mois après l'événement traumatisant.
« Hors Covid, une revue de la littérature a établi qu'un patient sur quatre développe un trouble de stress post-traumatique après un séjour en réanimation . Ce contexte réunit tous les facteurs de risque, à commencer par la peur de mourir, qui est à la base du trauma », résume la psychiatre Coraline Hingray (CHU de Nancy), coautrice avec Wissam El-Hage du récent Le trauma, comment s'en sortir ? (De Boeck Supérieur, 192 pages, 19,95 euros).
Pour l'heure, les données épidémiologiques spécifiques chez des malades atteints du Covid-19 sont encore peu nombreuses, mais si les proportions sont du même ordre, ce sont potentiellement des milliers de patients passés en réanimation qui pourraient être concernés en France. Face à ces risques, des professionnels plaident pour une proposition systématique de suivi psychologique à la sortie de réanimation ou de soins intensifs, un dépistage des traumas, et des enquêtes épidémiologiques.
« Un protocole national de prévention des troubles post-traumatiques, post-réanimation, toutes causes confondues, est en cours en France », indique Coraline Hingray. Elle ajoute que dans le contexte actuel, bien d'autres catégories de population sont à risque de stress post-traumatique : proches de malades décédés, soignants, femmes qui en raison du confinement se sont retrouvées exposées à des violences conjugales, et plus largement toutes les personnes avec des fragilités anciennes chez lesquelles cette crise stressante pourrait favoriser une décompensation.
Cet article est paru dans La Matinale du MondeLes décodeurs Vérification
Le nombre de suicides n’a pas augmenté malgré l’épidémie de Covid-19 et le confinement
Des témoignages de commerçants ayant mis fin à leurs jours émeuvent sur les réseaux sociaux. Ces cas tragiques semblent pour l’instant peu nombreux, mais l’aggravation de la crise fait craindre le pire.
Par William Audureau Publié hier à 17h33, https://www.lemonde.fr/*
« Je ne sais plus subvenir à mes besoins primaires… donc manger, payer mes factures, me chauffer, ça devient très compliqué financièrement. » Désespérée par les effets économiques de la crise liée au Covid-19, Alysson, une barbière de 24 ans qui avait ouvert un salon à Liège (Belgique) au cœur de l’été, a mis fin à ses jours, rapporte la presse belge. Un récit qui fait écho au suicide, à la mi-novembre, de Ghislaine Boriller, gérante d’un restaurant à Plougoumelen (Morbihan).
Ces deux histoires ont provoqué une grande émotion et suscité de nombreux partages et commentaires sur les réseaux sociaux. Elles recoupent en effet les inquiétudes de nombreux Français et francophones, pour qui l’ampleur de la crise du Covid-19 ne se mesurera pas seulement en morts et en malades, mais aussi en suicides liés à l’angoisse, aux incertitudes et à la récession économique.
Ces témoignages et ces inquiétudes ne reflètent pas, pour l’heure, une réalité statistique. « Clairement, on n’a pas aujourd’hui une vague suicidaire. On assiste même plutôt au contraire : selon les remontées de terrain que j’ai, nous sommes en dessous des chiffres de 2019, un peu partout en France », explique Guillaume Vaiva, chef de service en psychiatrie adulte au Centre hospitalier universitaire de Lille et vice-président du Groupement d’études et de prévention du suicide. Mais le constat pourrait être différent en 2021. Enquête : La santé mentale éprouvée par l’épidémie de Covid-19
Le premier confinement, un choc aux effets disparates
Une chute des suicides au printemps
Le premier confinement n’a pas eu d’effet direct sur les suicides. « Nous n’observons pas d’augmentation significative pendant la période », relevait Enguerrand Rolland du Roscoat, responsable de l’unité Santé mentale à la Direction de la prévention et de la promotion de la santé, lors d’une conférence de Santé publique France à la mi-novembre, en se basant sur les entrées aux urgences pour tentative de suicide.
Selon Guillaume Vaiva, ces dernières ont même chuté de moitié. « On assiste souvent à ce phénomène lors des grands cataclysmes, après des déclarations de guerre… C’est un grand classique. Il y avait encore des gestes suicidaires au printemps, mais ils étaient souvent l’expression de fragilités psychiques individuelles, qui n’étaient pas vraiment liées au contexte. »
Des effets psychologiques très variables
L’impact sur le moral des Français a en revanche été majeur. Selon les observations de l’université de Lille auprès de 69 000 étudiants et publiées à la fin d’octobre, 11,4 % d’entre eux ont été traversés par des idées suicidaires, 16 % ont connu une dépression sévère et 27,5 % un haut niveau d’anxiété. Des analyses cohérentes avec celles de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), qui a relevé un état de détresse psychologique chez un tiers des 20 000 adultes sondés en avril.
Pour beaucoup, la violence du choc a été passagère. « Les taux de stress, d’anxiété et même de symptômes psychotiques étaient anormalement élevés en début de confinement, mais ils ont baissé progressivement, même s’il est difficile de généraliser », détaille Anne Giersch, psychiatre et directrice de recherche à l’Inserm à Strasbourg, qui a suivi 130 personnes durant le confinement. Cette mise sous cloche avait peu à peu été vécue comme une bulle protectrice, relevait Enguerrand Rolland du Roscoat en mai.
Pas pour tous néanmoins. Précaires, isolés, personnes ayant des antécédents psychiatriques… ont bien plus souffert du confinement que les autres. « Nos résultats montrent un rôle très fort des conséquences économiques (dégradation de la situation financière du foyer suite au confinement) et sociales (confinement dans des logements suroccupés, perte du lien social, difficultés à maintenir ses activités de loisir habituelles) du confinement sur la survenue de détresse psychologique », observe Coralie Gandré, chargée de recherche à l’Irdes et coautrice de l’étude auprès de 20 000 adultes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : la crainte d’une « deuxième vague psychiatrique »
Un contrecoup au déconfinement
Une légère remontée des suicides à l’été
Beaucoup craignaient une explosion du nombre de suicides lors du déconfinement. Au Royaume-Uni, l’université de Manchester n’a toutefois observé aucune hausse significative. En France, le nombre de décès par suicide en 2020 n’est pas encore connu. Toutefois, relève Guillaume Vaiva, le dispositif de veille des suicidants VigilanS suggère que les tentatives, quoique plus nombreuses qu’au printemps, restaient inférieures d’environ 20 % par rapport à 2019.
Embellie globale du moral mais fragilisation pour une minorité
L’enquête CoviPrev sur le moral des Français montre une légère amélioration après le déconfinement, mais, pour une minorité, Coralie Gandré s’inquiète d’une possible « détresse psychologique à retardement ». Celle-ci n’aurait rien de surprenant. « Une revue de la littérature publiée dans [le magazine scientifique] The Lancet en février 2020 sur les impacts des mesures de confinement dans des contextes épidémiques précédents (Ebola, SRAS…) met en évidence un impact sur la santé mentale, d’autant plus important que le confinement dure longtemps et qu’il y a un contexte d’incertitude », rappelle Coralie Gandré.
« L’après-confinement est une période de fragilisation psychosociale, confirme Michel Debout, membre de l’Observatoire national du suicide, dans une étude pour la Fondation Jean-Jaurès. Ce qui doit nous faire prendre conscience collectivement que la crise est devant nous. » Selon un sondage IFOP-Fondation Jean-Jaurès réalisé auprès de 2 000 personnes, 2,2 % des répondants auraient pensé sérieusement à mettre fin à leurs jours durant le confinement au printemps, et 3,4 % par la suite. Ce chiffre reste légèrement inférieur à la prévalence des idées suicidaires chez les actifs en temps normal, mais il témoigne surtout d’une progression des pensées noires à l’été. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « De la souffrance psychique est née dans la population confinée et les besoins de soins ont globalement augmenté »
Des signaux inquiétants depuis le reconfinement
Des idées suicidaires chez les soignants et les jeunes
Lors du deuxième confinement, à l’automne, la baisse des suicides constatée au premier confinement a été moins nette que celle observée au printemps. Des propos et conduites suicidaires sont par ailleurs apparus chez les soignants et des jeunes de 10 à 25 ans, ce qui est inédit par rapport à la période du premier confinement, observe Guillaume Vaiva. « Bien sûr, le suicide n’est jamais monocausal. Mais le reconfinement est désormais cité parmi les différentes causes. » Lire aussi : « Ce reconfinement, c’est la double peine. On est enfermés et en plus, c’est notre faute » : une jeunesse en détresse psychologique
Les effets redoutables de la crise économique
L’autre inquiétude concerne les victimes économiques de la crise. Plusieurs articles évoquent une recrudescence de suicides au Japon, au Malawi, ou encore en Thaïlande. Certes, le niveau de risque n’est pas le même d’un pays à l’autre. « Cela dépend du système social. Les conduites suicidaires ont augmenté aux Etats-Unis, en Angleterre ou encore aux Pays-Bas, mais pas en France et en Suède, car nous avons les systèmes sociaux les plus soutenants », explique Guillaume Vaiva. Mais les réactions nombreuses sur les réseaux sociaux aux suicides de commerçants désespérés sont un indice à entendre, estime ce spécialiste. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’absentéisme baisse, mais les troubles psychosociaux augmentent
Des perspectives sombres pour 2021
En multipliant les dispositifs d’aide financière, le gouvernement français espère limiter les effets de la récession. Mais pour combien de temps ? Michel Debout rappelle que le krach boursier de 1929 comme la faillite de Lehman Brothers en 2008 ont été suivis d’une surmortalité par suicide qui n’a pas été immédiate. « Toutes les études montrent que les effets suicidaires des crises se font sentir dans un délai de plusieurs mois voire quelques années » : le pic a été atteint en 1930-1931 pour la Grande Dépression, et en 2009-2010 pour la crise des subprimes.
Avec une chute vertigineuse de 9 % à 10 % du PIB sur l’année, des secteurs entiers à l’arrêt complet, et la menace de faillites à la chaîne, c’est sur le moyen terme que les effets de la crise économique risquent de se faire sentir.
William Audureau
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/11/23/covid-19-et-confinement-n-ont-pour-l-instant-pas-fait-augmenter-le-nombre-de-suicides_6060827_4355770.html
Interview "En Basse-Normandie, le nombre de suicides a baissé pendant le confinement", assure un psychiatre
Normandie
La Gazette de la Manche Par Maréva Laville Publié le 23 Nov 20 https://actu.fr/normandie/*
Selon le docteur Boittiaux, chargé de la santé mentale dans le Sud-Manche, il y a moins de suicides durant le confinement. Dans une interview, le psychiatre nous explique pourquoi.
En charge du pôle de santé mentale au centre hospitalier l’Estran dans le Sud-Manche, le psychiatre Gérard Boittiaux nous dévoile des effets insoupçonnés du confinement. (©La Gazette de la Manche)
Isolement, anxiété, dépression… Alors que beaucoup s’inquiètent des effets du confinement sur la santé mentale, le docteur Gérard Boittiaux, chef de pôle de santé mentale au centre hospitalier de l’Estran, dans le Sud-Manche, porte un avis plus positif.
Au cours d’une interview, le psychiatre répond à nos questions :
Actu : Constatez-vous une augmentation des tentatives de suicide suite aux périodes de confinement ?
Gérard Boittiaux : Lors du premier confinement, au printemps, il y a eu une baisse de - 30% des tentatives de suicide. Et on observe le même phénomène au second confinement. C'est finalement avec le déconfinement qu'on a eu une reprise des chiffres.
Comment expliquez-vous la baisse du nombre de suicides avec le confinement ?
G.B : Les gens se retrouvent en famille pendant le confinement donc les liens sont plus importants et plus valorisés qu'auparavant. Les gens ont commencé à prendre des nouvelles, il y a eu des appels en visio, des Skype... Tout cela a renforcé le sentiment d'appartenance familiale.
Comment expliquez-vous cette diminution dans une période pourtant anxiogène ?
G.B : Le suicide est lié à une détresse psychique et souvent les gens autour ne comprennent pas cette anxiété. Là, on est dans une autre situation. Ceux qui se sentaient exclus se retrouvent inclus car on partage tous les mêmes angoisses et préoccupations.
Rencontrez-vous davantage de patients dépressifs ?
G.B : Pour l'instant, on ne le constate pas. L'inquiétude et l'angoisse créées par la pandémie ne sont pas arrivées jusqu'à nous. Les personnes qui étaient auparavant indemnes de troubles psychiques les gèrent avec leurs médecins traitants.
En tant que psychiatre, quels seraient vos conseils pour les personnes qui développent de l'anxiété ?
G.B : Il faut appeler ceux dont on se sent proche : les amis, la famille... Inquiétez-vous de ce qu'ils deviennent, prenez des nouvelles. C'est extrêmement important.
Conserver du lien pour éviter les récidives
Le psychiatre s'occupe également du dispositif de veille sur les tentatives de suicide : VigilanS. Basé à Pontorson (Manche) depuis 2016, celui-ci assure du lien avec 1 400 personnes de Basse-Normandie qui ont voulu mettre fin à leurs jours.
https://actu.fr/normandie/pontorson_50410/en-basse-normandie-le-nombre-de-suicides-a-baisse-pendant-le-confinement-assure-un-psychiatre_37603126.html
Coronavirus. La santé mentale d’adolescents se dégrade, selon une pédopsychiatre
https://saint-brieuc.maville.com* Dimanche 22 novembre 2020
La santé mentale d’un nombre croissant d’adolescents se dégrade en raison du Covid-19 et du reconfinement, s’inquiète la professeure en pédopsychiatrie à Rennes Sylvie Tordjman.© Sam Wasson / Getty Images via AFP
La pandémie de nouveau coronavirus pèse sur le moral des adolescents. Confinement et distanciation sociale mènent à un isolement susceptible d’avoir de graves conséquences.
Crises suicidaires, d’angoisse, somatisation : la santé mentale d’un nombre croissant d’adolescents se dégrade en raison du Covid-19 et du reconfinement, s’inquiète la professeure en pédopsychiatrie à Rennes Sylvie Tordjman.
- Qu’observez-vous au Pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’enfant et l’adolescent que vous dirigez ?
- Sylvie Tordjman : A Rennes, comparé à la même période en 2019, nous accueillons deux fois plus de jeunes patients aux urgences pédiatriques (pour les moins de 16 ans, N.D.L.R.) pour des crises suicidaires, trois fois plus pour les troubles anxieux avec somatisation (des douleurs physiques inexpliquées), et quatre fois plus pour les troubles anorexiques.
Des observations similaires ont été faites ailleurs en France par mes collègues, par exemple à l’hôpital (pédiatrique) Robert-Debré, à Paris, à Nantes et Limoges ou à Nice, au CHU- Lenval Hôpitaux (spécialisés en pédiatrie).
Pour nous, cette flambée est liée au reconfinement. Les chiffres étaient stables sur Rennes ces derniers mois, par rapport à la même période de 2019, y compris en octobre.
- Au-delà du nombre plus important de jeunes patients, les cas sont-ils plus graves ?
- S.T. : Dans les tentatives de suicide, on relève des recours à la pendaison et à la défenestration anormalement élevés. Par ailleurs, tous les jeunes de 16 à 18 ans hospitalisés en novembre 2019 en unité d’hospitalisation de courte durée sont repartis ensuite chez eux avec des suivis en ambulatoire. Là, sur 11 jeunes hospitalisés entre le 1er et le 12 novembre 2020, seuls trois d’entre eux ont pu retourner à domicile avec un suivi en ambulatoire. Tous les autres ont été hospitalisés au long cours pour dépression sévère avec risque de récidive suicidaire.
Pour les anorexiques, on observe la même aggravation. Ordinairement, les jeunes filles anorexiques ne vont jamais aux urgences pédiatriques. Là, elles y arrivent dans des états de dénutrition et de déshydratation. Elles arrêtent de boire et de manger et ça interroge sur de possibles tendances suicidaires. Elles sont dans une pathologie beaucoup plus sévère que d’habitude qui ne correspond pas aux modalités habituelles de l’anorexie. Le même constat a été fait à Robert-Debré ainsi qu’aux urgences pédiatriques des CHU de Toulouse et Rouen.
Habituellement, sur la première quinzaine de novembre, nous avons au maximum à Rennes une seule hospitalisation pour anorexie. Cette année, six adolescentes de moins de 16 ans ont été hospitalisées la première semaine de novembre. Trois d’entre elles sont sorties la semaine dernière, mais elles ont alors été remplacées par trois nouvelles patientes, avec donc un total de six lits occupés en permanence.
- Le reconfinement suffit-il à expliquer cette recrudescence et que peuvent faire les proches ?
- S.T. : On peut être surpris par ces chiffres car les écoliers, collégiens et lycéens sont scolarisés à 50 % en présentiel. Mais le reconfinement général entraîne une diminution des activités sociales, sportives, culturelles, etc. C’est aussi un huis clos qui peut exposer davantage ces jeunes à des violences intrafamiliales.
Par ailleurs, le reconfinement est un événement qui se répète et empêche de se projeter vers l’avenir, à commencer par les fêtes de Noël.
Tout cela entraîne une forme de stress chronique, renforcé par la précarité sociale provoquée par le confinement, les attentats, l’effet de saisonnalité (hiver).
https://saint-brieuc.maville.com/actu/actudet_-coronavirus.-la-sante-mentale-d-adolescents-se-degrade-selon-une-pedopsychiatre_54135-4386525_actu.Htm
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Dossier special du site des Bibliotheques du GHU Paris : Covid-19 et prévention du suicide : sélection d'articles en anglais
https://bibliotheques.ghu-paris.fr/index.php?lvl=etagere_see&id=176
A-t-on des données sur le nombre de suicides pendant la crise sanitaire et le confinement ?
Pauline Moullot Libération (site web)
Checknews, mardi 17 novembre 2020
Il est encore trop tôt pour avoir des chiffres. Mais les spécialistes observent que le nombre de tentatives de suicide a chuté lors du premier confinement avant de repartir à la hausse depuis le printemps.
Question posée par Noémie le 28/10/2020
Bonjour,
Les enquêtes en cours sur l'impact du confinement sur la santé mentale démontrent pour l'instant que ce sont les femmes, les jeunes et les plus précaires qui sont touchés psychologiquement par cette crise, selon une réponse CheckNews publiée la semaine dernière. Depuis, une nouvelle vague de l'enquête CoviPrev, menée par Santé publique France et dont les premiers résultats ont été publiés dans le dernier bulletin épidémiologique, a montré que le pourcentage de personnes connaissant des symptômes de dépression a continué à augmenter (pour la deuxième fois consécutive depuis le déconfinement), atteignant un niveau supérieur à celui observé le 30 mars. 20,6% des personnes interrogées déclarent avoir connu de tels symptômes entre le 4 et le 6 novembre, contre 15,5% entre le 19 et le 21 octobre et 10,9% entre le 21 et le 23 septembre.
Cela se traduit-il par une hausse des suicides ? C'est impossible à savoir pour l'instant. En France, c'est le CépiDC de l'Inserm qui produit et analyse les statistiques sur les causes médicales de décès. Pour cela, il s'appuie sur les certificats médicaux, qui indiquent la cause de décès. Mais l'analyse de ces données prend plusieurs mois et est encore en cours sur les décès survenus pendant le premier confinement. L'institut espère avoir de premières données dans huit à dix semaines.
Même réponse du côté de l'Observatoire national du suicide, géré par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) au ministère de la Santé, qui indique que le «recul épidémiologique n'est pas suffisant» aujourd'hui.
Chute des tentatives de suicide au premier confinement
Pour autant, quelques pistes se dégagent si l'on observe les tentatives de suicide et les idées suicidaires. Ainsi, le réseau VigilanS, mis en place par le centre hospitalier de Lille en 2015 et qui est depuis en train d'être étendu à toute la France, a mis en place un dispositif de veille pour garder un lien avec les personnes après une première tentative de suicide (TS). Sollicité par les services d'urgence après une admission pour TS, le réseau garde le contact pour s'assurer que les personnes qui sont rentrées chez elles ne recommencent pas, soit en leur donnant simplement un numéro de téléphone dédié à appeler en cas de besoin, soit en leur envoyant une lettre dix à vingt jours après leur TS et tous les mois pendant quatre mois, soit en les rappelant directement, selon le profil de la personne.
Pourquoi ce dispositif permet-il de dégager des premières tendances ? «Nous ne sommes pas en première ligne. Mais puisque les centres d'urgence nous appellent après une admission, on a un listing de veille. Cela nous permet de couvrir la moitié des TS qui arrivent à l'hôpital», explique à CheckNews le docteur Vincent Jardon, responsable du réseau VigilanS dans les Hauts-de-France. Même si tous les centres d'urgence ne contactent pas VigilanS, et si toutes les TS ne finissent pas à l'hôpital, «on a une vision quasiment en temps réel de ce qu'il se passe dans l'épidémiologie du suicide».
«Il y a une grande différence entre le premier confinement et celui-ci. Ils sont vécus différemment et les conséquences ne sont pas les mêmes. Au début du premier confinement, on a constaté une baisse des arrivées aux urgences pour TS d'environ 20% à 30%», indique Vincent Jardon. Pour le médecin, cette diminution est principalement due à deux facteurs : premièrement, en mars, les personnes étaient vraiment confinées, et se sont moins rendues aux urgences. Deuxièmement, le confinement a paradoxalement créé un sentiment de lien social, puisque tout le monde était dans la même situation, concerné par la même chose et qu'il fallait faire corps contre l'épidémie. «Ça ne veut pas dire que les gens allaient bien, mais le passage à l'acte s'est exprimé différemment», analyse Vincent Jardon.
Retour à la normale pendant l'été
«Puis au déconfinement, on est remonté progressivement aux chiffres des années précédentes. Dans les Hauts-de-France, cela a été atteint en août. Avec ce deuxième confinement, on ne constate pas de baisse des admissions comme en mars», résume-t-il.
Le constat est similaire au niveau national. Pour le docteur Christophe Debien, aussi basé à Lille et responsable national de VigilanS, la baisse de passage aux urgences pour TS a été de 30% au niveau national (en excluant la Réunion, où le dispositif a été lancé trop récemment pour avoir suffisamment de recul). «Au déconfinement, on a observé un retour à l'activité des années précédentes dès le mois de juin. Pour le reconfinement, c'est encore un peu tôt car cela change chaque semaine, mais on observe une tendance à la reprise depuis une dizaine de jours. Peut-être même une augmentation. Pas tant pour des TS mais pour des consultations pour idées suicidaires de la part des 15-25 ans, qui ne passent pas forcément à l'acte», résume-t-il.
«Les étudiants cumulent tous les facteurs de vulnérabilité : ils sont loin de leur environnement social, peuvent connaître une précarité financière, un accès aux soins difficile. Le confinement précipite des vulnérabilités.» Surtout, «selon les remontées que l'on a des centres médico-sociaux, ils voient de plus en plus de gens nouveaux. Qui n'étaient jusque-là pas connus de la psychiatrie», laissant craindre qu'une usure soit en train de se mettre en place avec le reconfinement, et un risque d'augmentation des TS.
C'est d'ailleurs à ce sujet qu'alerte la fondation Jean-Jaurès, qui a publié une note le 6 novembre s'interrogeant : «Suicide : l'autre vague à venir du coronavirus ?» Son auteur, le professeur Michel Debout, avait déjà publié en 2016 les résultats d'une enquête sur les idées suicidaires. Puisque l'on n'a pas encore de données chiffrées sur le sujet, étudier les idées suicidaires donne un aperçu de l'ampleur du phénomène. «Par ailleurs, toutes les TS n'aboutissent pas à l'hôpital, donc les chiffres ne sont pas complets. Etudier les idées suicidaires permet de compléter les informations que l'on aura en décalé», analyse le chercheur. «Heureusement que le lien entre pensée suicidaire et passage à l'acte n'est pas automatique, mais cela nous permet de faire de la prévention. Il faut connaître les populations qui expriment le plus de risques.»
Crainte d'une «vague» à venir
Résultat, Michel Debout constate lui aussi une diminution des idées suicidaires au moment du confinement, pour les mêmes raisons qu'évoqué précédemment. «Nous étions tous égaux face à la menace qui n'était pas relative à notre personne (comme peut l'être une réaction anxio-dépressive face à une situation personnelle difficile) mais extérieure à nous, provoquant une volonté de survie éliminant en partie les pensées suicidaires pour renforcer les dynamiques de protection collectives», écrit-il dans la note. Le passage à l'acte a aussi été rendu plus difficile par les conditions de confinement, «du fait de l'obligation de résider en permanence avec ses conjoints et ses enfants (seuls 22% des sondés de notre enquête déclarent être restés seuls durant le premier confinement) ou sous le regard policier chaque fois que l'on essayait d'échapper à ce huis clos». Des conditions qui sont assez différentes en ce mois de novembre, notamment car le télétravail et le chômage partiel sont moins généralisés, les écoles restent ouvertes, etc.
«Quand 20% de Français en 2020 affirment avoir déjà envisagé sérieusement de se suicider dans leur vie, trois catégories professionnelles ont des taux d'intention largement supérieurs : les dirigeants d'entreprises à 27%, les artisans-commerçants à 25% et les chômeurs à 27%.» Michel Debout alerte particulièrement sur les artisans-commerçants. «Parmi ceux qui disent avoir des pensées suicidaires, on leur demande s'ils ont déjà fait une tentative de suicide avec hospitalisation. Ce taux est de 42% chez les artisans-commerçants», contre 27% en moyenne.
En résumé, les idées suicidaires et tentatives de suicide ont visiblement diminué pendant le premier confinement, mais ce n'est pas le cas lors de ce deuxième épisode, qui est très différent par sa forme. Si l'on ne dispose pas encore de données épidémiologiques sur le suicide, les conséquences économiques et sociales de l'épidémie font craindre une augmentation des tentatives de suicide. Cet article est paru dans Libération (site web)
Communiqué du groupe ICSPRC: International COVID-19 Suicide Prevention Research Collaboration 14 novembre 2020
L'International COVID-19 Suicide Prevention Research Collaboration est un groupe de chercheurs internationaux qui compilent les données sur conduites suicidaires et Covid-19.
Voir publication récente du groupe ici:
https://econtent.hogrefe.com/doi/10.1027/0227-5910/a000731?url_ver=Z39.88-2003&rfr_id=ori%3Arid%3Acrossref.org&rfr_dat=cr_pub++0pubmed&
“Based on the available data on suicide trends during the first months of the COVID-19 pandemic (March-July 2020), there does not appear to be significant increases in high income countries during this period. There are some suggestions that the picture may be different in low- and middle- income countries but it is not possible to be definitive about this due to the paucity of data from these countries.
The relatively reassuring picture in high income countries should be interpreted with caution because patterns may change over time. We know that many of the risk factors for suicide are being heightened by the pandemic, and some of these are yet to fully play out. People working in frontline services and for crisis lines report increased levels of distress.
The economic consequences of the pandemic are of particular concern, and steps need to be taken to ensure appropriate safety nets are in place for people facing financial hardship because of the risk this poses for suicide. We also know that levels of community distress remain high compared to pre-pandemic levels, and that appropriate services must be made available for people facing mental health crises.” Prof Ella Arensman on behalf of ICSPRC
En savoir plus sur ICSPRC https://www.iasp.info/covid-19/international-research-collaboration/
Augmentation des troubles de santé mentale chez les étudiants pendant le confinement du printemps 2020 13 novembre 2020 http://clsm-ccoms.org
Les résultats d’une étude réalisée par le CN2R en lien avec les fonds innovation recherche de la FHF ont été publiés dans le Jama Network le 23 octobre 2020 ICI.
Cette étude questionnait l’état de santé mentale des étudiants universitaires en France qui ont été confinés lors de la pandémie de coronavirus 2019 (COVID-19), et quels sont les facteurs associés au développement des symptômes de santé mentale ?
Cette enquête menée auprès de 69 054 étudiants ayant subi une quarantaine a révélé des taux élevés de prévalence de symptômes graves de santé mentale auto-déclarés. Parmi les facteurs de risque identifiés, le sexe féminin ou non binaire, les problèmes de revenu ou de logement, les antécédents de suivi psychiatrique, les symptômes compatibles avec COVID-19, l’isolement social et la faible qualité des informations reçues étaient associés à une altération de la santé mentale.
Les résultats de cette étude suggèrent que la santé mentale des étudiants est une question de santé publique qui est devenue encore plus critique dans le contexte d’une pandémie, soulignant la nécessité de renforcer la prévention, la surveillance et l’accès aux soins.
Téléchargez l’infographie
Source http://clsm-ccoms.org/2020/11/13/augmentation-des-troubles-de-sante-mentale-chez-les-etudiants-pendant-le-confinement-du-printemps-2020/
Prévenir la détresse psychique des chefs d'entreprise... et les passages à l'acte
L'Usine Nouvelle (site web)
jeudi 12 novembre 2020
La période est difficile. Et la crise sanitaire n'entraîne pas que des dégâts économiques et des souffrances physiques, elle a aussi des conséquences psychiques avec, au bout des idées noires, pour certains le suicide. Les dirigeants sont en première ligne de ce risque et une cellule d'écoute mise en oeuvre au printemps a été prolongée en novembre. Que se passe-t-il derrière le numéro vert : 0805 65 505 0 ? Oui, les chefs d'entreprise, qui prônent en permanence l'optimisme, vont parfois mal. Et cette souffrance peut les mener au suicide. Ils font même partie des populations les plus à risques, selon l'enquête réalisée en octobre 2020 par l'Ifop pour la fondation Jean Jaurès. Ils sont 27 % à avoir déjà eu dans leur vie "l'intention réelle de se suicider", dont 4 % assez souvent et 15 % une ou deux fois. Seuls les chômeurs atteignent ce taux de 27 % (dont 1 % assez souvent). Les artisans-commerçants sont à 25 %, et les cadres et professions intermédiaires supérieures sont comme les ouvriers entre 20 et 21 %.
Conscient de la situation particulière des dirigeants, le gouvernement lorsqu'il a mis en oeuvre un plan d'urgence économique au printemps, a missionné une association spécialisée pour prévenir les drames, l'Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aigüe). Depuis le 27 avril, cette association créée en 2013 tient une cellule d'écoute dotée d'un numéro vert (0805 65 505 0), dont la permanence est assurée par 400 psychologues répartis sur toute la France. Son fondateur Marc Binnié, greffier au tribunal de commerce de Saintes (Charente-Maritime), confirme que "derrière les entreprises en difficulté, il y a des entrepreneurs en difficulté". Entre avril et début novembre 2020, ce numéro a reçu 957 appels pour 421 prises en charge, c'est-à-dire au-delà de la première conversation de diagnostic une série de trois consultations. Deux appels ont donné lieu à une intervention des pompiers pour une hospitalisation immédiate, le psychologue ayant détecté une crise pouvant entraîner un passage à l'acte. Le 7 novembre, ce numéro vert a été prolongé. L'association a augmenté de 46 % le nombre de ces prises en charge en 2020 par rapport à 2019. Jusqu'ici, elle n'avait jamais mis en oeuvre de numéro vert, son action passait exclusivement par un réseau de "sentinelles" : juges, greffiers, experts-comptables, banquiers... qui, experts sur le sujet des restructurations économiques, se trouvent démunis face aux souffrances psychologiques des dirigeants et leur proposent le soutien d'Apesa. Dire qu'on va mal "Je ne croyais pas au numéro vert mais avec le confinement, c'est apparu comme une solution. Face aux difficultés, certains réagissent par de la colère, d'autres s'effondrent avec la perte de ce qui constituait une grande partie de leur vie. Les dirigeants ne veulent pas dire qu'ils vont mal, il faut ouvrir le dialogue avec eux. Récemment j'ai dit à un chef d'entreprise que pour tenir certains se mettaient à boire. Il m'a répondu :- c'est mon cas", témoigne Marc Binnié. Selon lui face à la souffrance extrême, beaucoup sont tentés de fermer les yeux car ils n'ont pas de solution "mais cela relève presque de la non-assistance à personne en danger". Bloquer dans le présent L'enquête de l'Ifop montre que durant le premier confinement et jusqu'à octobre (sur une courte période de 8 mois), 15 % des dirigeants d'entreprise et 16 % des artisans ou commerçants ont eu "l'intention réelle de se suicider". "Il y a toujours eu une solitude du dirigeant mais avec les incertitudes de la période actuelle, ces gens qui ont l'habitude de se projeter sont bloqués dans le présent", décrypte Marc Binnié. Pour déployer son action, l'Apesa- qui rémunère ses 1 200 psychologues et forme ses 2 500 "sentinelles"- a besoin de fonds. L'Etat qui promeut le numéro vert n'a pas mis un euro dans l'affaire. Les sponsors actuels sont Harmonie mutuelle, les CCI et les chambres des métiers et désormais la banque Thémis. Marc Binnié cherche toujours de nouveaux partenaires et n'a pas eu beaucoup de répondant du côté des fondations des grandes entreprises : "Il faut de la solidarité, on ne peut pas avoir une économie en pleine forme menée par des gens déprimés". Cellule d'écoute et de soutien psychologique aux chefs d'entreprises : 0805 65 505 0 (7 jours sur 7 de 8 heures à 20 heures)
Angleterre 11/2020 Suicide en Angleterre depuis la pandémie du COVID-19 - premiers chiffres de la surveillance en temps réel
lire le rapport Suicide in England since the COVID-19 pandemic -early figures from real-time surveillance http://documents.manchester.ac.uk/display.aspx?DocID=51861
PRESSE Mal-être, dépression, suicide : les conséquences psychiatriques de la crise
Publié le 10/11/2020 https://france3-regions.francetvinfo.fr/*
« Il y a quelque chose qui se passe », entend-on. Les patients sont plus lourdement atteints et les hospitalisations en psychiatrie sont à la hausse à Bordeaux. Une « lame de fond » préoccupante, mais que seules les « hot-lines » téléphoniques mises en place ne pourront pas endiguer.
Impossible de connaître le nombre de morts par suicide depuis le début de l’année. « On les aura dans un an ou deux », annonce Michel Debout. « Pour les tentatives de suicide, il faudra 6 à 8 mois pour avoir une tendance, alors le seul indicateur dont on pouvait se servir, c’était les pensées suicidaires », explique le professeur de médecine légale.
Il a donc coordonné une étude de la Fondation Jean-Jaurès réalisée avec l’IFOP. Une question claire a été posée en septembre dernier, avant même le deuxième confinement, à plus de 2000 Français : « avez-vous envisagé sérieusement de vous suicider au cours de votre vie ? ». Ils ont été 20% à répondre « oui » (17% à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine). Parmi ces personnes, 18 % l’ont envisagé depuis mars dernier.
« Le lien entre le risque suicidaire et les crises économiques et sociales est connu, notamment depuis la crise de 1929 », rappelle Michel Debout.
Alors où en sommes-nous, en ce mois de novembre, dans ce processus ? De quels leviers disposent les pouvoirs publics et les soignants pour faire face ?
"Tout a pris des proportions inédites "« Nous distinguons le suicidant (celui ou celle en plein passage à l’acte) du suicidaire (celui ou celle qui évoque son désir de mourir pendant l’appel téléphonique) », explique Mireille Ferrand Decourt responsable de l’antenne bordelaise de SOS Amitié.
En ce moment nous cochons très souvent la case « suicidaire », l’autre case, pas davantage pour l’instant. Les appels ont explosé. On constate une aggravation de toutes les problématiques évoquées, tout a pris de proportions inédites.»
Loin de l’univers bénévole de SOS Amitié, au Centre Hospitalier Charles Perrens de Bordeaux, la tonalité reste la même. La ligne téléphonique mise en place durant les deux mois du premier confinement (et qui avait reçu plus de 900 appels) a dû reprendre du service. « Avec ce deuxième confinement et cette crise sanitaire qui dure, on constate que la crise sanitaire est brutale et bruyante mais qu’il y a aussi une lame de fond plus silencieuse », affirme Thierry Biais, directeur de l’hôpital.
Nos psychiatres et psychologues nous disent qu’il faut agir avant d’assister à une dégradation.
Thierry BiaisAux urgences psychiatriques, l’activité est stable aujourd’hui, en revanche les patients sont plus lourdement atteints et nécessitent donc une hospitalisation. « On a un taux d’hospitalisation après un passage aux urgences supérieur de 10 points par rapport à la même période l’année dernière », note Thierry Biais. « C’est significatif », analyse-t-il. « La crise sanitaire et l’ambiance difficile et anxiogène font que les patients qui décompensent le font plus lourdement », explique-t-il.
« Nous avons des patients qui ont des tableaux cliniques beaucoup plus sévères » confirme Chantal Bergey, responsable des urgences psychiatriques de Charles Perrens. « On observe des décompensations psychotiques, des manies assez sévères et des tableaux anxio-dépressifs graves avec pensées suicidaires (idéation), sans parler de toute la partie addictologie aussi.»
Un boom "à retardement "Dans l’étude de la Fondation Jean-Jaurès, parmi les personnes ayant eu des pensées suicidaires au moins une fois dans leur vie, 11% d’entre elles les ont eues durant le premier confinement, 17% depuis le déconfinement. Un décalage encore plus frappant en Nouvelle-Aquitaine avec 2% durant le confinement, contre 12 % lors du déconfinement.
« Le confinement a été une période difficile, mais cela s’est traduit avec un petit décalage », analyse Thierry Biais. "Le besoin d’hospitalisation a été marqué au moment du déconfinement. Ces patients souffrent souvent de comorbidité, de précarité, de difficultés de logement, et fréquentent le tissu associatif. Tout cela a été bouleversé pendant le confinement, et les choses se sont aggravées .»
Frappés par une forme de sidération durant le premier confinement, les Français, tous ou presque logés à la même enseigne, ont fait corps. Une fois le confinement levé, la réalité sanitaire économique et sociale a frappé de plein fouet un certain nombre d’entre eux.
A l'hôpital Charles Perrens on enregistre des patients plus lourdement atteints ce qui entraîne une hausse des hospitalisations. • © C.O
"Depuis une quinzaine de jours, on sent qu’il y a quelque chose qui se passe"Une bombe psychiatrique qui exploserait donc à retardement. Il existe en France un dispositif nommé VigilanS, mettant en place un contact téléphonique durant six mois avec des personnes ayant fait une tentative de suicide. « Avec le prisme de ce dispositif, on voit que les prises en charges ont baissé pendant le premier confinement », explique Chantal Bergey.
Depuis les choses s'étaient rééquilibrées. Mais depuis une quinzaine de jours, on sent qu’il y a quelque chose qui se passe, avec des idées suicidaires et des tableaux anxio-dépressifs. On sent les choses monter, mais c’est encore trop tôt pour avoir du recul car certaines prises en charge sont encore en cours.
Chantal Bergey
Et les effets d’un nouveau confinement se font déjà sentir. « Nous avons des patients qui évoquent le fait de ne pas pouvoir supporter d’être à nouveau consignés, avec la solitude et l’isolement que cela engendre et pour certains une arrivée aux urgences psychiatriques dès le jeudi ou vendredi du deuxième confinement », raconte Chantal Bergey.
Durant le confinement, le psychiatre Alain Sauteraud a réalisé ses consultations par téléphone ou en visio. • © C.O
Alain Sauteraud est médecin psychiatre libéral. Pendant le confinement, il réalisait ses consultations au téléphone ou en visio. Il n’a pas traité plus de patients depuis mars dernier. Mis à part deux personnes travaillant dans le milieu médical et qui ont montré un certain stress aigu, l’état de ses patients ne s’est pas aggravé.
Il n'a pas prescrit plus d'anxiolytiques ou d'antidepresseurs. « Non, les gens allaient plutôt bien », dit-il. Un constat qui pourrait peut-être s’expliquer. « En psychiatrie ambulatoire, on a les mêmes pathologies qu’à l’hôpital mais ils sont mieux insérés, autrement dit à diagnostic égal, ce qui fait la différence c’est l’insertion socioprofessionnelle ».
Pour autant, il note qu’ « une morosité s’est installée car cela touche nos routines. Si on prend la théorie de la dépression, qui est une panne de l’humeur liée à la perte de plaisir, alors on peut penser qu’il y aura un effet dépressogène du covid, mais plus tard. »
"La colère"Le médecin légiste n’est pas plus optimiste. Pour Miche Debout, la situation va s’aggraver avec le deuxième confinement dont les mêmes modalités d’applications ne sont pas les mêmes pour tous. « Il est très différent d’une catégorie de la population à l’autre. Pour le premier confinement, tous les Français étaient traités de la même façon. Là, on dit à la plupart restez chez vous mais allez travailler, ce qui est paradoxal, et à d’autres comme les artisans on leur interdit de travailler. Un sentiment d’injustice s’ajoute à cette propension aux idées suicidaires.
Cela peut être dramatique en termes de colère contre ceux qui prennent les décisions ou de colère contre soi.
Michel Debout
Sur les lignes téléphoniques de SOS Amité aussi la colère se fait entendre anonymement. « Elle s’exprime envers le gouvernement et les médias mais il n’y a pas que ça », assure Mireille Ferrand Decourt. « Dans un premier temps c’était nos appelants habituels qui téléphonaient mais ils se sentaient un peu plus en lien avec le reste de la population. Après les choses se sont aggravées et on a été repéré par des gens qui ne nous connaissaient pas. Là c’est pire, la lassitude, le manque de perspective, ça traîne, et jusque quand ? Il y a aussi l’angoisse de ne pas pouvoir fêter Noël non plus. En mars, on parlait moins du chômage. Là, des commerçants nous appellent affolés. Ils évoquent beaucoup l’envie d’en finir ». Plus que d’habitude ? « Oui, plus que d’habitude, mais nous aurons des chiffres plus tard ».
"Ces jeunes privés de leurs 20 ans"Qui sont ces hommes et ces femmes à qui la crise sanitaire économique et sociale fait perdre pied ? Un certain nombre étaient déjà en souffrance avant l’apparition de la Covid 19, et souffraient même parfois de pathologies psychiatriques. D’autres « avaient vécu par le passé un événement traumatique que le confinement a réveillé et qui ont pris conscience qu’il y avait des choses qui n’allaient pas », détaille Chantal Bergey. « Ce sont des personnes que l’on n'aurait pas vues sans le confinement ».
A l’hôpital Charles Perrens, la ligne téléphonique ouverte à la population générale mise en place en mars dernier a permis 1300 consultations. De ces échanges commencent à tomber des analyses de données. On n’en est qu’au début, mais déjà quelques tendances se dégagent. Plus de 20% de ces consultations ont été réalisées avec des retraités. Un chiffre inquiétant illustrant ce sentiment d’isolement partagé par bon nombre de personnes âgées privées de contatcs sociaux et familiaux. « Nous avons aussi eu 6% d’étudiants, c’est un chiffre qui montre qu’il faut prêter une attention particulière à ces jeunes privés de leurs 20 ans, qui n’ont plus de lien sociaux ni de cours à la faculté. Le Centre National de Ressources et de Résilience a réalisé une enquête en avril sur la santé mentale des étudiants pendant le confinement, et qui démontrait qu’ils étaient en souffrance.
Les artisans en dehors des radarsA la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de la Gironde, on s’inquiète de situations particulièrement difficiles pour tous les métiers dits de service. Coiffeurs, esthéticiennes, fleuristes ou encore photographes sont les plus vulnérables. En Gironde, plus de 6000 entreprises artisanales sont actuellement fermées du fait des restrictions dues au confinement.
Si la Chambre a constaté une diminution très nette des créations d’entreprises depuis le début de l’année, en revanche pas d’augmentation des radiations après le premier confinement. « Un vrai effet coussin avec les mesures gouvernementales », analyse Béatrice Secondy, directrice du développement des entreprises et des territoires à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat.
« Sur le deuxième confinement, ça sera plus difficile, on aura plus de casse, mais on ne le saura pas avant au moins la fin de l’année. Ça ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a pas de problème, je pense qu’ils sont en dehors des radars. Quand je regarde les statistiques, on a une catégorie identifiée « besoin de soutien psychologique » je n’en ai que 2%, c’est peu. On est à leurs côtés surtout pour les renseignements sur les dispositifs, ils nous appellent pour ça mais pas quand ça va mal ».
A l’hôpital aussi on a du mal à les « capter ». « Les chefs d’entreprise et les restaurateurs, ceux-là on ne les a pas, ils n’appellent pas, ils ne vont pas vers le soin », constate Chantal Bergey. « Effectivement, il y a la question de la représentation de ce qu'est la psychiatrie, la crainte d’être étiqueté comme ayant recours à la psychiatrie et à Charles Perrens, le fait de reconnaître ses failles, les femmes vont plus facilement aux soins que les hommes et ça joue.»
L'hôpital Charles Perrens a remis en service la ligne téléphonique qui avait été ouverte durant le premier confinement. • © C.O
Hot-lines et après ?La Chambre des Métiers et de l’Artisanat avait lancé une ligne téléphonique pour les artisans en difficulté en juin 2018, bien avant la crise de la Covid 19. Elle n’a jamais vraiment été prise d’assaut ni à sa création ni aujourd’hui. Alors, c’est le processus inverse qui est en train de se mettre en chantier. « Nous faisons toute une série d’appels sortants sur les entreprises fermées en ce moment pour prendre des nouvelles de leur activité surtout », explique Béatrice Secondy. « On n’est pas psy mais c’est comme ça que parfois on arrive à en détecter davantage. C’est plus en allant vers les entreprises qu’en attendant que ce soient eux qui nous appellent.»
La Chambre des Métiers et de l'Artisanat a lancé une ligne téléphonique pour les artisans en difficulté en juin 2008. • © Capture
En mai dernier, la ligne créée par Charles Perrens pendant le confinement a été stoppée. Depuis une semaine, elle a repris du service. « Nous sommes dans la logique de prévention et de dépistage et d’interventions précoces », résume le directeur général de l’hôpital. Si, lors du confinement, cette ligne téléphonique était le seul moyen de réaliser des consultations aujourd’hui la donne a changé. Les consultations en présentiel ont repris. Cette ligne téléphonique destinée à la population générale vient donc s’ajouter au dispositif classique de prise en charge des patients enregistrés.
Dans les locaux de SOS Amitié aussi on manque de bénévoles pour décrocher le combiné. Des formations sont en cours mais elles sont longues, plusieurs mois. Peut-être seront-ils opérationnels au moment où la crise sera peut-être finalement la plus virulente.
En attendant, la prise de conscience que les différents acteurs doivent se parler pour placer dans les radars ceux qui n’y sont pas, commence à se faire. Chantal Bergey, directrice des urgences psychiatriques de l’hôpital Charles Perrens doit rédiger ce mardi soir 10 novembe un mail allant dans ce sens. Il sera adressé à la Chambre de Commerce et d’Industrie, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, ainsi qu’à l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie. Le temps presse même si les effets de cette crise se feront très vraisemblablement à retardement et dans la durée. Selon Michel Debout, lors de la crise de 1929 aux USA, il a eu dans les deux années qui ont suivi une augmentation manifeste des suicides dans le pays.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/gironde/bordeaux/mal-etre-depression-suicide-consequences-psychiatriques-crise-nouvelle-aquitaine-1893560.html
ÉTUDE RECHERCHE Impact de la pandémie de COVID 19 et des précédentes épidémies de virus émergents sur les conduites suicidaires.
SAMUEL Maeva Lou Salomé
sous la direction du Dr Leaune Edouard
Thèse d'exercice en médecine présentée à l'Université claude Bernard Lyon 1 et soutenue publiquement le 6 novembre 2020
https://blogdinfosuicide.blogspot.com/2020/11/etude-recherche-impact-de-la-pandemie.html
CANADA : COVID-19 et suicide : Répercussions potentielles et occasions d’influencer les tendances au Canada https://mentalhealthcommission.ca/Francais/media/4403
SONDAGE Ifop pour La Fondation Jean Jaurès : Les Français et le suicide
Enquête Ifop commandée par la Fondation Jean-Jaurès sur le risque suicidaire pendant et après le confinement. Octobre 2020
Ifop pour La Fondation Jean Jaurès
https://fr.scribd.com/document/482992364/Enquete-Ifop-FJJ-Risque-Suicide?secret_password=Z8rMho4QKRv6YVgnAL05#download&from_embed
Explications de l'etude sur le site de la Fondation
* précision d'infosuicide.org : ce sondage de l’IFOP aborde la question des idées suicidaires et certains facteurs de risques suicidaires déclarés par les personnes interrogées mais ne porte pas sur les suicides pendant et après le confinement.
31 Oct 2020
1 SI VOUS TRAITEZ D’UN SUICIDE SPÉCIFIQUE
Lorsqu’un suicide a lieu, il est important que les journalistes déterminent s’il doit être rapporté, c’est-à-dire si ce sujet spécifique est digne d’intérêt pour le public ?
Conseil : Considérez la valeur informative du reportage sur le suicide et son impact sur le public. Est-ce qu’il informera, clarifiera le problème, aidera à prévenir d’autres suicides… ?
Conseil : Si vous traitez de ce suicide, assurez-vous que l’histoire est conforme à la réalité du sujet, que le traitement journalistique propose des lignes d’appel pour les personnes vulnérables et évoque clairement que dans la majorité des cas, le suicide peut être évité avec les soins appropriés.
Conseil : À moins qu’il n’y ait des preuves directes pour soutenir un lien direct entre le suicide et la pandémie, incluez des éléments contextuels de base sur le suicide.
Conseil : Soyez prudents lorsque vous interviewez les endeuillés qui peuvent faire des déclarations sur la cause du suicide ; leur souffrance peut ne pas objectiver leurs propos.
Le suicide est toujours complexe et résulte de multiples facteurs, certains connus et d’autres inconnus au moment du décès. Il est important de présenter une image complète de ce que l’on sait sur le suicide et les pandémies pour éviter de trop simplifier les deux problèmes.
Conseil : Aidez votre public à comprendre que le suicide a de multiples facettes et comprend des causes biologiques, psychologiques, environnementales et sociétales.
Conseil : Evitez de présenter le suicide comme étant uniquement lié à un facteur causal et / ou la pandémie actuelle
Conseil : Suggérez une raison unique à un décès par suicide (par exemple la pandémie) pourrait amener d’autres personnes (famille, amis, collègues, etc.) à négliger des signes avant-coureurs importants.
Conseil : Interviewer un expert en prévention du suicide pour aider votre public à comprendre les mécanismes du suicide.
Conseil : Il est important de faire preuve de prudence lorsque vous suggérez que les recommandations de distanciation sociale sont la cause de tout suicide. Si, dans certains cas, l’éloignement social et physique peut entraîner l’isolement, ce n’est pas toujours le cas et cela n’entraîne pas toujours une augmentation des symptômes psychiatriques ou un suicide. Il y a plus d’un facteur entraînant un suicide.
Conseil : N’oubliez pas de couvrir médiatiquement le défi que représente la pandémie pour les personnes vivant avec une maladie mentale : elles sont plus isolées des soignants, des soins de santé, des groupes de soutien pendant cette pandémie.
3 LE SUICIDE, UN PROBLÈME DE SANTÉ PUBLIQUE
LIRE LA SUITE https://papageno-suicide.com/parler-du-suicide-dans-les-medias-en-periode-de-pandemie-precautions-a-prendre/
JAPON Covid-19: le Japon fait face à une inquiétante vague de suicides
Publié le : 30/10/2020 https://www.rfi.fr*
Le Japon affronte une nouvelle vague de contaminations au coronavirus. Il s'agit déjà de la troisième, puisque la deuxième a déferlé dès cet été sur le pays. L’impact sur la santé mentale des Japonais commence à se faire sentir et alarme notamment les associations.
Avec notre correspondant à Tokyo, Bruno Duval
Les dernières statistiques mensuelles relatives au nombre de suicides sont très mauvaises. Le Japon dénombre 15 à 20% de suicides supplémentaires par rapport à 2019 à la même période. Une hausse de 40% pour les femmes, et même de 75% pour les femmes de moins de 30 ans.
Un impact fort sur la précarité des femmes
La plupart occupaient un emploi précaire qu'elles ont perdu, et elles n'ont pas pu bénéficier d'allocations chômage en raison de leur statut professionnel. Le taux de pauvreté des femmes a donc beaucoup augmenté depuis le début de l'épidémie. Et voilà à présent que le taux de suicide progresse fortement.
Dans cette association de prévention à Tokyo, on est très préoccupé : « En 2011, après la catastrophe de Fukushima, les Japonais avaient tenu le coup moralement dans un premier temps. Mais six mois plus tard, le taux de suicide s'était envolé puis était longtemps resté à un niveau élevé. Ce phénomène inquiétant est en train de se reproduire... », assure un membre de l’association.
Une de ses collègues constate que « beaucoup de gens hésitent à nous consulter. Car ils savent qu'on est débordés et ont la hantise d'attraper le virus dans nos locaux exigus et bondés ». Un autre continue en précisant que « parler de soi, c'est difficile au Japon, où l'individu est toujours prié de s'effacer devant le collectif. En plus, ici, la dépression nerveuse est souvent associée à de la faiblesse. En fait, c'est le regard de la société sur la santé mentale qui devrait changer. »
Les jeunes, notamment, devraient davantage se confier : le taux de suicide des enfants et des adolescents a doublé par rapport à l'an dernier.
https://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20201030-le-nombre-suicides-augmente-japon-%C3%A0-cause-covid-19
CANADA Synthèse des connaissances sur l’impact d’une crise sanitaire ou économique sur les comportements suicidaires
Lire le document
Auteur(s): Pascale Lévesque Marie-Claude Roberge Sujet(s): COVID-19
Santé mentale Suicide Type de publication: Document intérimaire Date de publication:
29 octobre 2020
Une synthèse des connaissances a été menée sur l’impact d’une crise sanitaire ou économique sur les comportements suicidaires. Elle suggère que des facteurs de risque de suicide reconnus peuvent être aggravés et que certaines populations sont plus vulnérables au suicide en contexte de pandémie. En conclusion quelques pistes d’action sont proposées.
Facteurs de risques et population vulnérables associés à une crise sanitaire
Consommation d’alcool : une modification de la consommation d’alcool, comme la consommation solitaire à domicile, pourrait favoriser les décompensations psychiatriques et le passage à l’acte chez des individus déjà porteurs d’une vulnérabilité suicidaire.
Isolement : La diminution des contacts sociaux pourrait augmenter la détresse psychologique et le risque de suicide.
Violence conjugale : Une augmentation de la violence conjugale pourrait conduire à une augmentation des homicides-suicides et une réduction de la disponibilité de l’aide.
Troubles du sommeil : Des perturbations des rythmes du sommeil, associées à un stress accru et une perturbation des activités quotidiennes pourraient accroître le risque d’idées et d’intentions suicidaires.
Traitement médiatique : l’exposition répétée à des récits fatalistes pourrait provoquer de la peur et augmenter le risque suicidaire.
Personnes âgées : les personnes âgées pourraient être plus vulnérables face au suicide en raison d’un sentiment accru de déconnexion avec la société, de la distanciation physique et de la perte d’opportunités sociales habituelles.
Enfants et adolescents : l’éloignement social, des tensions familiales, l’anxiété et la peur liées à la COVID‑19 ainsi qu’un accès réduit aux services de soutien pourraient accroître certaines vulnérabilités et augmenter les comportements suicidaires, surtout chez les jeunes avec des problèmes de santé mentale préexistants.
Professionnels de la santé : La pandémie pourrait accentuer les difficultés vécues par le personnel médical et les rendre particulièrement vulnérables au suicide.
Communautés rurales : les individus dans les communautés rurales sont plus susceptibles de vivre de l’isolement social et de la violence conjugale et la pandémie pourrait intensifier ces facteurs de risque.
Personnes avec des problèmes de santé mentale : la crise de la COVID-19 peut précipiter des sentiments de peur, de colère, d’anxiété, de panique, d’ennui et de solitude et conduire à des comportements suicidaires chez cette population.
Facteurs de risques associés à une crise économique
Perte d’emploi et chômage : En période de récession, la perte d’un emploi peut créer un sentiment d’injustice. La douleur, la confusion et le désespoir croissant peuvent conduire à une diminution de l’estime de soi et à un risque accru de comportements suicidaires
Dette financière incontrôlable : le recours à des prêts pour s’en sortir augmente le sentiment de perte de contrôle de ses finances et conduit à des comportements suicidaires, particulièrement chez les personnes qui ont de la difficulté à rester en emploi.
Quelques pistes d’action
Les travaux recensés confirment l’importance de maintenir une offre de services spécialisés en psychiatrie et de services spécifiques de santé mentale afin de prévenir une aggravation des symptômes, une augmentation des problèmes psychosociaux et agir sur le risque suicidaire.
On reconnaît également l’importance de renforcer les facteurs de protection par des actions de promotion de la santé mentale et du bien-être.
Finalement, il importe de réaliser une surveillance soutenue de l’évolution des suicides et de ses facteurs de risque et de protection.
Pour plus d'information sur la surveillance des suicides au Québec : https://www.inspq.qc.ca/publications/2642
https://www.inspq.qc.ca/publications/3073-impact-crise-sanitaire-economique-comportements-suicidaires-covid19
LE CPS PARIS Soutient Movember : SANTE MENTALE (des hommes) ET CONFINEMENT
Votre Santé Paris: La santé mentale éprouvée par l'épidémie - 29/10/2020
BFMTV Paris
Tous les jeudis, suivez toute l’actualité de votre santé grâce à "Votre Santé Paris". Ce jeudi 29octobre 2020, Thomas Joubert a reçu Vincent Lapierre, directeur du Centre de Prévention Suicide à Paris. Il s’est intéressé à la santé mentale en cette période de crise sanitaire. BFM Paris,
A regarder sur https://www.bfmtv.com/paris/replay-emissions/votre-sante/votre-sante-paris-la-sante-mentale-eprouvee-par-l-epidemie-29-10_VN-202010290334.html
Factors Associated With Mental Health Disorders Among University Students in France Confined During the COVID-19 Pandemic
Marielle Wathelet, MD1,2,3; Stéphane Duhem, MSc2,3,4,5; Guillaume Vaiva, MD, PhD3,5,6; et al Thierry Baubet, MD, PhD3,7; Enguerrand Habran, MSc8; Emilie Veerapa, MD5,6; Christophe Debien, MD3,5; Sylvie Molenda, PhD3; Mathilde Horn, MD, PhD5,6; Pierre Grandgenèvre, MD, PhD5,6; Charles-Edouard Notredame, MD5,6; Fabien D’Hondt, PhD3,5,6
Author Affiliations
1Department of Public Health, Centre Hospitalier Universitaire de Lille, Lille, France
2Fédération de Recherche en Psychiatrie et Santé Mentale des Hauts-de-France, Lille, France
3Centre National de Ressources et de Résilience Lille-Paris, Lille, France
4University Lille, Inserm, Centre Hospitalier Universitaire de Lille, CIC1403–Clinical Investigation Center, Lille, France
5Department of Psychiatry, Centre Hospitalier Universitaire de Lille, Lille, France
6University Lille, Inserm, Centre Hospitalier Universitaire de Lille, U1172–LilNCog–Lille Neuroscience and Cognition, Lille, France
7Department of Infant, Child and Adolescent Psychiatry, Avicenne Hospital, Assistance Publique–Hôpitaux de Paris, Sorbonne Paris Nord University, Centre de recherche en Epidémiologie et Santé des Populations, Bobigny, France
8Fonds Fédération Hospitalière de France Recherche et Innovation, Paris, France
JAMA Netw Open. 2020;3(10):e2025591. doi:10.1001/jamanetworkopen.2020.25591
COVID-19 Resource Center
Key Points
Question What is the mental health state of university students in France who were confined during the coronavirus disease 2019 (COVID-19) pandemic, and what factors are associated with the development of mental health symptoms?
Findings This survey study of 69 054 students who experienced quarantine found high prevalence rates of severe self-reported mental health symptoms. Among risk factors identified, female or nonbinary gender, problems with income or housing, history of psychiatric follow-up, symptoms compatible with COVID-19, social isolation, and low quality of information received were associated with altered mental health.
Meaning The findings of this study suggest that students’ mental health is a public health issue that has become even more critical in the context of a pandemic, underlining the need to reinforce prevention, surveillance, and access to care.
Abstract
Importance The coronavirus disease 2019 (COVID-19) pandemic and quarantine measures have raised concerns regarding their psychological effects on populations. Among the general population, university students appear to be particularly susceptible to experiencing mental health problems.
Objectives To measure the prevalence of self-reported mental health symptoms, to identify associated factors, and to assess care seeking among university students who experienced the COVID-19 quarantine in France.
Design, Setting, and Participants This survey study collected data from April 17 to May 4, 2020, from 69 054 students living in France during the COVID-19 quarantine. All French universities were asked to send an email to their students asking them to complete an online questionnaire. The targeted population was approximately 1 600 000 students.
Exposure Living in France during the COVID-19 quarantine.
Main Outcomes and Measures The rates of self-reported suicidal thoughts, severe distress, stress, anxiety, and depression were assessed using the 22-item Impact of Events Scale–Revised, the 10-item Perceived Stress Scale, the 20-item State-Trait Anxiety Inventory (State subscale), and the 13-item Beck Depression Inventory, respectively. Covariates were sociodemographic characteristics, precariousness indicators (ie, loss of income or poor quality housing), health-related data, information on the social environment, and media consumption. Data pertaining to care seeking were also collected. Multivariable logistic regression analyses were performed to identify risk factors.
Results A total of 69 054 students completed the survey (response rate, 4.3%). The median (interquartile range) age was 20 (18-22) years. The sample was mainly composed of women (50 251 [72.8%]) and first-year students (32 424 [47.0%]). The prevalence of suicidal thoughts, severe distress, high level of perceived stress, severe depression, and high level of anxiety were 11.4% (7891 students), 22.4% (15 463 students), 24.7% (17 093 students), 16.1% (11 133 students), and 27.5% (18 970 students), respectively, with 29 564 students (42.8%) reporting at least 1 outcome, among whom 3675 (12.4%) reported seeing a health professional. Among risk factors identified, reporting at least 1 mental health outcome was associated with female gender (odds ratio [OR], 2.10; 95% CI, 2.02-2.19; P < .001) or nonbinary gender (OR, 3.57; 95% CI, 2.99-4.27; P < .001), precariousness (loss of income: OR, 1.28; 95% CI, 1.22-1.33; P < .001; low-quality housing: OR, 2.30; 95% CI, 2.06-2.57; P < .001), history of psychiatric follow-up (OR, 3.28; 95% CI, 3.09-3.48; P < .001), symptoms compatible with COVID-19 (OR, 1.55; 95% CI, 1.49-1.61; P < .001), social isolation (weak sense of integration: OR, 3.63; 95% CI, 3.35-3.92; P < .001; low quality of social relations: OR, 2.62; 95% CI, 2.49-2.75; P < .001), and low quality of the information received (OR, 1.56; 95% CI, 1.49-1.64; P < .001).
Conclusions and Relevance The results of this survey study suggest a high prevalence of mental health issues among students who experienced quarantine, underlining the need to reinforce prevention, surveillance, and access to care.
https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2772154
Le taux de suicide aux États-Unis a diminué l'année dernière après une décennie de hausse constante
d’après article "US suicide rate fell last year after decade of steady rise" By MIKE STOBBE October 23, 2020 https://apnews.com/*
Extraits traduits
NEW YORK - Le taux de suicide aux États-Unis a légèrement baissé l'année dernière, la première baisse annuelle en plus d'une décennie, selon de nouvelles données gouvernementales.
C’est une petite diminution et les données sont préliminaires, mais la baisse est «vraiment prometteur», a déclaré le Dr Christine Moutier, médecin-chef de la Fondation américaine pour la prévention du suicide.
La diminution peut être en partie due à des années d'efforts de prévention du suicide, comme l'augmentation des dépistages en santé mentale, a-t-elle déclaré. D'autres facteurs, comme l'économie pré-pandémique, pourraient également avoir joué un rôle, a-t-elle ajouté.
Les experts ne savent pas comment le coronavirus influencera les chiffres du suicide de cette année, bien que la mortalité américaine dans son ensemble semble bien plus sombre.
Les suicides étaient à la hausse depuis 2005. En 2018, le taux de suicide national a atteint son plus haut niveau depuis 1941 - 14,2 pour 100 000 personnes. Les Centers for Disease Control and Prevention ont publié cette semaine de nouvelles données sur le taux de mortalité montrant que pour 2019, il est tombé à 13,9.
Les surdoses de drogue ont augmenté en 2019, et les décès par chutes ont également augmenté. Mais les taux de mortalité des deux plus grands tueurs du pays - les maladies cardiaques et le cancer - ont baissé, tout comme les taux de mortalité dus à la grippe, aux maladies pulmonaires chroniques et à la maladie d'Alzheimer. Le taux de mortalité par arme à feu est resté stable, probablement parce que la légère baisse des suicides a été compensée par une légère hausse des homicides par arme à feu.
Lorsque tout cela est pris en compte, le calcul de l'espérance de vie aux États-Unis pour 2019 devrait rester le même qu'en 2018 ou peut-être même augmenter légèrement, a déclaré Robert Anderson, qui supervise les données sur les décès pour le National Center for Health Statistics du CDC.
Il y a eu au moins 300 000 décès de plus cette année que prévu, a déclaré le CDC cette semaine dans un rapport séparé. Environ les deux tiers de ceux-ci sont attribués directement au COVID-19, mais beaucoup d'autres seraient liés à la pandémie.
On ne sait pas encore si les suicides sont en hausse cette année.
La pandémie a déclenché une vague de fermetures d'entreprises, certaines temporaires et d'autres permanentes. Des millions de personnes ont été forcées de rester chez elles, la plupart d'entre elles seules. Les enquêtes suggèrent que plus d'Américains signalent la dépression, l'anxiété et la consommation de drogues et d'alcool. En plus de ce mélange dangereux, les achats d'armes à feu ont augmenté de 85% en mars, lorsque le virus a fait son apparition pour la première fois.
"Il y a des forces claires qui poussent les facteurs de risque de suicide dans une direction négative", a déclaré Moutier, mais cela ne signifie pas que les taux de suicide augmenteront automatiquement.
Il y a quelques «points positifs» à la pandémie, a-t-elle ajouté. L’une est de plus en plus admise que la détresse liée à la santé mentale est normale et qu’il est normal de demander des conseils. Un autre est l'augmentation de la disponibilité de la télémédecine.
...
Lire la suite et Source https://apnews.com/article/pandemics-virus-outbreak-mental-health-health-suicide-prevention-3d1a7e9d2f5152952e000db2cd952595
Covid-19 : quelles expériences ont été menées en santé mentale ?
Posté le 23/10/20 par Rédaction Weka
Le ministère des Solidarités et de la Santé vient de publier un rapport des « retours d’expériences de la crise Covid-19 dans le secteur de la santé mentale ».
La crise de la Covid-19 a touché tous les secteurs de la santé et les établissements de santé mentale ont été contraints de s’adapter en urgence. Depuis juin, la Délégation ministérielle à la santé mentale et à la psychiatrie (DMSMP), en lien avec la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), l’Agence nationale d’appui à la performance (ANAP), les Agences régionales de santé (ARS) et les établissements de santé mentale, identifie les actions innovantes qui ont été menées par les nombreux acteurs du secteur sur le territoire national. Grâce à ce recensement, le ministère des Solidarités et de la Santé a publié en ligne, le 9 octobre, un rapport des « retours d’expériences de la crise Covid-19 dans le secteur de la santé mentale ». Son objectif : pérenniser un certain nombre d’actions innovantes mises en place par les acteurs du secteur pendant l’épidémie.
Voici les principaux enseignements du rapport.
Des dispositifs innovants
150 dispositifs innovants ont été identifiés : 63 % à l’initiative de structures publiques, 18 % de structures privées d’intérêt collectif, 9 % de structures privées et 6 % d’autres structures (CCAS, Groupements de coopération sociale et médico-sociale…). 22 % de ces dispositifs concernent les enfants, 21 % les adultes et 57 % ces deux publics. Parmi les thèmes principaux :
Réorganisation des services, notamment par le déploiement d’actions entre secteurs et l’amélioration de la prise en charge des urgences psychiatriques ;
Maintien des soins pour les personnes concernées et du lien avec leurs aidants, sous forme d’un parcours ambulatoire adapté : entretiens téléphoniques, téléconsultations, interventions au domicile personnel ou en structure… ;
Accès aux soins somatiques, incluant les collaborations mises en place entre psychiatrie et Médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) ;
Soutien aux professionnels de santé, grâce à la mobilisation des Cellules d’urgence médico-psychologique (CUMPS) et des réseaux psycho trauma, ainsi que des plates-formes téléphoniques.
Des unités Covid
Près de 90 unités Covid ont été créées, pour une capacité totale de plus de 1 100 lits, afin de pallier la fermeture des structures « hors les murs » liée au confinement. Avec, en priorité, les activités groupales- hôpitaux de jour (HDJ) et centres d’activité thérapeutique à temps partiel (CATTP) – et, dans une moindre mesure, les centres médico psychologiques (CMP).
Des supports technologiques
Les supports technologiques ont joué un rôle majeur : mise en place de plates-formes téléphoniques, développement de consultations téléphoniques et télémédecine, utilisation des réseaux sociaux…
Des dispositifs spécifiques
Certains dispositifs ont ciblé des publics spécifiques : enfants, adolescents et familles, patients avec comorbidités en addictologie, publics précaires ou personnes détenues.
« Un double virage a été constaté, numérique et ambulatoire, privilégiant « l’aller vers » et la réponse personnalisée vis-à-vis des publics », conclut le ministère des Solidarités et de la Santé.
Posté le 23/10/20 par Rédaction Weka
https://www.weka.fr/actualite/sante/article/covid-19-quelles-experiences-ont-ete-menees-en-sante-mentale-111589/
CANADA Les gens suicidaires demandent plus d’aide
21 octobre 2020 stremblay@arsenalmedia.com
https://macotenord.com/
Malgré une forte augmentation de la détresse psychologique, d’une majoration des symptômes de troubles mentaux et d’un bond de 20 % en moyenne des appels dans les centres de prévention du suicide au Québec, le nombre de personnes qui sont passées à l’acte en commettant le geste irréparable n’aurait pas augmenté depuis le début de la pandémie en mars dernier.
Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, MaCôteNord.com
C’est du moins ce que mentionne l’Association québécoise de prévention du suicide.
« Nous n’aurions, et le conditionnel est bien important, pas connu une augmentation de cas de suicides malgré la hausse de ces facteurs de risque qui peuvent être associé au suicide », a indiqué Jérôme Gaudreault, le directeur général de l’AQPS.
Conscient que cette réponse amène un certain questionnement, M. Gaudreault souligne que les chiffres sont préliminaires et proviennent du Bureau du coroner, l’instance responsable au Québec de donner les causes de décès pour les morts non naturelles.
« Nous serions restés stables à 3 suicides par jour au Québec. Des données qui pourraient changer avec les chiffres non comptabilisés du mois d’octobre. Sauf, c’est certain que nous ne sommes pas à 22 et 23 suicides par jour comme cette information erronée qui circulait sur les réseaux sociaux », a-t-il tenu à préciser.
Vraisemblablement, on ne pourrait faire un lien direct de cause à effet sur les augmentations des facteurs de risque et le nombre de suicides sur l’ensemble du territoire québécois.
« Dans le contexte de la pandémie, des facteurs de protection se sont activé notamment la mise en place d’un réseau de soutien pour les personnes aînées et les personnes plus isolées. La PCU a aussi apporté un soulagement pour les personnes qui ont perdu leur emploi. C’est notre hypothèse, rien de certain », a poursuivi M. Gaudreault.
Le double d’appels
Chose certaine, la présente crise sanitaire a fait bondir les cas d’anxiété et le nombre de personnes en mal de vivre aux élans suicidaires. On parle de 20% en moyenne des appels à l’aide dans les centres de crise québécois. Dans certaines régions, la hausse serait beaucoup plus élevée, mais on préfère ne pas les identifier pour ne pas créer de vague ou stigmatiser une population. À elle seule, la ligne Info-Social 811 a reçu le double de téléphones de gens aux idées noires.
L’AQPS croit que la perspective de contracter la maladie et d’infecter d’autres personnes, les conséquences financières, le surmenage ou les barrières d’accès aux soins font partie des éléments qui peuvent avoir des répercussions sur la santé mentale des individus.
« Nous constatons qu’heureusement les gens n’hésitent pas à demander de l’aide. C’est le réflexe qu’il faut avoir », lance M. Gaudreault.
Il ajoute un message d’espoir et de résilience. « Jusqu’ici, les Québécois ont fait preuve de persévérance et de solidarité. Ils ont réussi à trouver des façons de demeurer en contact, notamment grâce aux technologies. Cela fait partie des facteurs de protection, éléments essentiels pour prévenir le suicide. Il est nécessaire de nous rappeler que nous avons de grandes forces et une capacité importante d’adaptation. La situation est temporaire et il est possible de retrouver un équilibre dans cette nouvelle réalité. Nous avons vécu des difficultés, mais cette crise a également révélé certaines de nos forces individuelles et collectives. «
Toutefois, l’AQPS assure qu’il ne faut pas baisser les bras. Au contraire, il faut continuer de se battre en resserrant le filet humain autour des personnes plus vulnérables susceptibles de faire une tentative de suicide.
D’ailleurs, l’AQPS rappelle au gouvernement l’importance de poursuivre le renforcement au soutien psychologique offert aux Québécois. « Cela nous paraît prioritaire », a conclu Jérôme Gaudreault, en disant qu’il faut porter une attention particulière aux travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux et à ceux des milieux de soin ou d’hébergement pour aînés.
Besoin d’aide? 1 866 APPELLE (277-3553)
https://macotenord.com/les-gens-suicidaires-demandent-plus-daide/
AUTOUR DE LA QUESTION FRANCE Covid-19 : une enquête pour suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l'épidémie
Depuis le 23 mars 2020, Santé publique France a lancé l'enquête CoviPrev en population générale afin de suivre l’évolution des comportements (gestes barrières, confinement, consommation d’alcool et de tabac, alimentation et activité physique) et de la santé mentale (bien-être, troubles).
Mis à jour le 06 octobre 2020
https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/covid-19-une-enquete-pour-suivre-l-evolution-des-comportements-et-de-la-sante-mentale-pendant-l-epidemie#block-249162
Selon une enquête de l’OMS, la COVID-19 perturbe les services de santé mentale dans la plupart des pays
La Journée mondiale de la santé mentale sera célébrée le 10 octobre pour souligner la nécessité urgente d’investir davantage dans un secteur où l’insuffisance du financement est un problème chronique.
5 octobre 2020
Communiqué de presse https://www.who.int/fr/*
Selon une nouvelle enquête de l’OMS, la pandémie de COVID-19 entraîne des perturbations ou une interruption des services de santé mentale essentiels dans 93 % des pays, alors que la demande de soins augmente. Cette enquête, menée dans 130 pays, permet de disposer des premières données mondiales montrant l’impact désastreux de la COVID-19 sur l’accès aux services de santé mentale et souligne qu’il est urgent d’accroître le financement.
Elle a été publiée en prévision du grand rendez-vous de la santé mentale, un événement mondial en ligne, organisé par l’OMS le 10 octobre prochain à des fins de sensibilisation, qui réunira des dirigeants mondiaux, des célébrités et des militants pour défendre l’augmentation des investissements en faveur de la santé mentale dans le contexte de la COVID-19. L’OMS a déjà signalé que la santé mentale est un secteur où l’insuffisance du financement est chronique : avant la pandémie, les pays consacraient moins de 2 % de leur budget national de la santé à la santé mentale et avaient du mal à répondre aux besoins de leur population.
Aujourd’hui, la pandémie fait augmenter la demande de services de santé mentale. Le deuil, l’isolement, la perte de revenu et la peur entraînent ou aggravent des pathologies mentales. Beaucoup de gens consomment plus d’alcool ou de drogue et souffrent davantage d’insomnie et d’anxiété. Parallèlement, la COVID-19 peut entraîner des complications neurologiques et psychiatriques (état confusionnel, agitation ou accident vasculaire cérébral, par exemple). Les personnes qui présentent des troubles mentaux, neurologiques ou liés à l’usage de substances psychoactives sont également plus vulnérables face à l’infection par le SARS-CoV-2 car, pour elles, le risque d’être atteintes d’une forme grave de la maladie et d’en mourir peut être plus élevé.
« Une bonne santé mentale est fondamentale pour la santé et le bien-être en général », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé. « La COVID-19 a entraîné une interruption des services essentiels de santé mentale dans le monde au moment même où ils sont le plus nécessaires. Les dirigeants mondiaux doivent agir rapidement et résolument pour investir davantage dans des programmes de santé mentale qui sauvent des vies, pendant et après la pandémie », a-t-il ajouté.
Une enquête révèle que les services de santé mentale essentiels ont été gravement perturbés
L’enquête a été menée de juin à août 2020 dans de 130 pays des six Régions de l’OMS. Elle visait à évaluer l’effet de la COVID-19 sur l’évolution de la prestation des services de soins psychiatriques, neurologiques et liés à l’usage de substances psychoactives, les types de services qui ont été perturbés et la façon dont les pays s’adaptent pour surmonter ces difficultés.
Les pays ont signalé des perturbations généralisées de nombreux types de services de santé mentale essentiels :
Plus de 60 % des pays ont signalé des perturbations des services de santé mentale destinés aux personnes vulnérables, y compris les enfants et les adolescents (72 %), les personnes âgées (70 %) et les femmes qui ont besoin de services prénatals ou postnatals (61 %).
67 % des pays ont constaté des perturbations des thérapies brèves et des psychothérapies ; 65 % des services essentiels de réduction des risques ; et 45 % du traitement d’entretien par agonistes opioïdes de la dépendance aux opioïdes.
Plus d’un tiers (35 %) des pays ont signalé des perturbations des interventions d’urgence, y compris pour les personnes présentant des convulsions prolongées, un syndrome de sevrage grave lié à l’usage de substances psychoactives ou un état confusionnel, souvent signe d’une maladie grave sous-jacente.
30 % des pays ont signalé des perturbations de l’accès aux médicaments utilisés pour le traitement des troubles mentaux, neurologiques ou liés à l’usage de substances psychoactives.
Environ les trois quarts des pays ont signalé des perturbations au moins partielles des services de santé mentale dans les établissements scolaires et sur les lieux de travail (78 % et 75 %, respectivement).
Alors que de nombreux pays (70 %) ont adopté la télémédecine ou la téléthérapie pour remédier aux perturbations des services où les patients sont physiquement présents, il existe d’importantes disparités dans l’adoption de ces interventions. Plus de 80 % des pays à revenu élevé ont indiqué avoir recours à la télémédecine et la téléthérapie pour combler les lacunes en matière de santé mentale, contre moins de 50 % des pays à revenu faible.
L’OMS a publié pour les pays des orientations sur la façon de maintenir les services essentiels, y compris ceux de santé mentale, pendant la pandémie de COVID-19 et elle recommande aux pays de consacrer des ressources à la santé mentale dans le cadre de leurs plans de riposte et de relèvement. L’Organisation exhorte également les pays à suivre l’évolution et les perturbations des services afin de pouvoir y remédier, si nécessaire.
Bien que 89 % des pays aient signalé dans le cadre de l’enquête que la santé mentale et le soutien psychosocial étaient intégrés dans leurs plans nationaux de riposte à la COVID-19, 17 % seulement de ces pays disposent d’un financement supplémentaire suffisant pour couvrir ces activités.
Tout cela montre qu’il faut plus d’argent pour la santé mentale. Avec la poursuite de la pandémie, les programmes nationaux et internationaux de santé mentale, insuffisamment financés depuis des années, devront répondre à des exigences de plus en plus grandes. Consacrer 2 % des budgets nationaux de la santé à la santé mentale ne suffit pas. Les bailleurs de fonds internationaux doivent également en faire plus : aujourd’hui encore, moins de 1 % de l’aide internationale destinée à la santé va à la santé mentale.
Ceux qui investissent dans la santé mentale en tireront des bénéfices. Il ressort des estimations établies avant la pandémie de COVID-19 que la dépression et l’anxiété à elles seules entraînent une perte de productivité économique de près de 1000 milliards de dollars par an. Cependant, des études montrent que chaque dollar dépensé pour une prise en charge de la dépression et de l’anxiété fondée sur des bases factuelles rapporte 5 dollars.
Note sur la Journée mondiale de la santé mentale : Mobiliser la communauté mondiale pour #AgirpourlaSantéMentale
À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale (samedi 10 octobre), dans le cadre de sa campagne Agir pour la santé mentale : investissons !, l’OMS invite la communauté internationale à participer au grand rendez-vous de la santé mentale, un événement en ligne sans précédent organisé à des fins de sensibilisation et pour favoriser un investissement accru dans la santé mentale à tous les niveaux, des particuliers aux entreprises en passant par les pays et la société civile, afin que le monde puisse commencer à combler les lacunes signalées dans le rapport publié aujourd’hui.
Le grand rendez-vous, gratuit et ouvert au public, sera diffusé le 10 octobre de 16 heures à 19 heures (HNEC) sur les comptes Youtube, Facebook, Twitter, TikTok et LinkedIn et le site Web de l’OMS.
Pour obtenir les dernières informations sur le grand rendez-vous de la santé mentale, y compris pour connaître le programme des spectacles et la liste des participants, consultez la page Web du grand rendez-vous. Pour en savoir plus sur la Journée mondiale de la santé mentale, consultez la page de la campagne de l’OMS.
https://www.who.int/fr/news/item/05-10-2020-covid-19-disrupting-mental-health-services-in-most-countries-who-survey
Covid-19 pandemic and suicide in France: An opportunity to improve information systems
- 03/10/20 Pandémie à Covid-19 et suicide en France : l’occasion d’améliorer les systèmes d’information médicale
F. Jollant a, b, c, d, ⁎
a University of Paris (ex-Paris-Descartes University), Paris, France
b GHU Paris psychiatrie et neurosciences, Sainte-Anne Hospital, Paris, France
c McGill Group for Suicide Studies, Department of psychiatry, McGill University, Montréal, Canada
d CHU de Nîmes, Nîmes, France
⁎Correspondence. Centre hospitalier Sainte-Anne, CMME, 100, rue de la Santé, 75014 Paris, France.Centre hospitalier Sainte-Anne, CMME100, rue de la SantéParis75014France
https://www.em-consulte.com/article/1395199/covid-19-pandemic-and-suicide-in-france-an-opportu
CRISIS. 2020 Sep;41(5):321-330. doi: 10.1027/0227-5910/a000731. Epub 2020 Jul 27.
Suicide Research, Prevention, and COVID-19
Thomas Niederkrotenthaler 1 , David Gunnell 2 , Ella Arensman 3 , Jane Pirkis 4 , Louis Appleby 5 , Keith Hawton 6 , Ann John 7 , Nav Kapur 8 , Murad Khan 9 , Rory C O'Connor 10 , Steve Platt 11 , International COVID-19 Suicide Prevention Research Collaboration
Affiliations
1 Unit Suicide Research and Mental Health Promotion, Department of Social and Preventive Medicine, Centre for Public Health, Medical University of Vienna, Austria.
2 National Institute of Health Research Biomedical Research Centre, University Hospitals Bristol NHS Foundation Trust and the University of Bristol, UK.
3 School of Public Health and National Suicide Research Foundation, College of Medicine and Health, University College Cork, Republic of Ireland.
4 Melbourne School of Population and Global Health, University of Melbourne, VIC, Australia.
5 Centre for Mental Health & Safety, The University of Manchester, UK.
6 Centre for Suicide Research, Department of Psychiatry, Warneford Hospital, University of Oxford, UK.
7 Population Psychiatry, Suicide and Informatics, Medical School, Swansea University, UK.
8 Centre for Mental Health and Safety & Greater Manchester NIHR Patient Safety Translational Research Centre, University of Manchester and Greater Manchester Mental Health NHS Foundation Trust, Manchester, UK.
9 Department of Psychiatry, Aga Khan University, Karachi, Pakistan.
10 Suicidal Behaviour Research Laboratory, Institute of Health & Wellbeing, University of Glasgow, UK.
11 Usher Institute, College of Medicine and Veterinary Medicine, University of Edinburgh, UK.
PMID: 32716205
DOI: 10.1027/0227-5910/a000731
No abstract available
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32716205/
ETUDE RECHERCHE DANEMARK
Acta Psychiatr Scand
. 2020 Aug;142(2):152-153. doi: 10.1111/acps.13214. Epub 2020 Jul 30.
COVID-19-related self-harm and suicidality among individuals with mental disorders
O H Jefsen 1 2 , C Rohde 1 2 , B Nørremark 1 , S D Østergaard 1 2
1 Department of Affective Disorders, Aarhus University Hospital - Psychiatry, Aarhus, Denmark.
2 Department of Clinical Medicine, Aarhus University, Aarhus, Denmark.
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/acps.13214
USA Santé mentale, consommation de substances et idées suicidaires pendant la pandémie du COVID-19 - États-Unis, 24-30 juin 2020 rapport des Centers for Disease Control / 14 aout 2020
Mental Health, Substance Use, and Suicidal Ideation During the COVID-19 Pandemic — United States, June 24–30, 2020
Weekly / August 14, 2020 / 69(32);1049–1057
Mark É. Czeisler1,2; Rashon I. Lane, MA3; Emiko Petrosky, MD3; Joshua F. Wiley, PhD1; Aleta Christensen, MPH3; Rashid Njai, PhD3; Matthew D. Weaver, PhD1,4,5; Rebecca Robbins, PhD4,5; Elise R. Facer-Childs, PhD1; Laura K. Barger, PhD4,5; Charles A. Czeisler, MD, PhD1,4,5; Mark E. Howard, MBBS, PhD1,2,6; Shantha M.W. Rajaratnam, PhD1,4,5 (View author affiliations)
Summary
What is already known about this topic?
Communities have faced mental health challenges related to COVID-19–associated morbidity, mortality, and mitigation activities.
What is added by this report?
During June 24–30, 2020, U.S. adults reported considerably elevated adverse mental health conditions associated with COVID-19. Younger adults, racial/ethnic minorities, essential workers, and unpaid adult caregivers reported having experienced disproportionately worse mental health outcomes, increased substance use, and elevated suicidal ideation.
What are the implications for public health practice?
The public health response to the COVID-19 pandemic should increase intervention and prevention efforts to address associated mental health conditions. Community-level efforts, including health communication strategies, should prioritize young adults, racial/ethnic minorities, essential workers, and unpaid adult caregivers.
Lire la suite https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6932a1.htm
ECOSSE Déclaration COVID-19 du National Suicide Prevention Leadership Group
DÉCLARATION COMMUNE
Les moments difficiles provoqués par la pandémie de coronavirus ont eu un impact négatif sur la santé mentale et le bien-être de beaucoup d'entre nous. Bien que nous ne sachions peut-être pas encore quel effet la pandémie aura sur l'incidence des pensées suicidaires, de l'automutilation et du suicide, nous saluons la déclaration National Suicide Prevention Leadership Group’s (NSPLG) COVID-19 Statement. . Leurs recommandations d'actions fondées sur des données probantes recommendations for evidence based action sont conçues pour garantir qu'il existe une approche spécifique à la pandémie de la prévention du suicide.
Le gouvernement écossais et le COSLA ont soigneusement examiné le contenu de la déclaration COVID-19 et les recommandations formulées. Le gouvernement écossais et le COSLA saluent le leadership du groupe en formulant ces quatre recommandations que nous acceptons. Nous voulons que ces recommandations, parallèlement à l'accent mis sur certaines actions du plan d'action pour la prévention du suicide, contribuent à améliorer la prévention du suicide en Écosse.
Le gouvernement écossais et le COSLA prennent note de la recommandation du NSPLG sur un successeur au plan d'action de prévention du suicide existant et nous travaillerons ensemble pour réfléchir à la manière dont la stratégie future pourrait être élaborée.
Nous sommes reconnaissants de l'engagement du National Suicide Prevention Leadership Group. La prévention du suicide est l'affaire de tous et nous voulons nous assurer que nos communautés sont soutenues. Nous voulons qu'il soit clair que si vous ou quelqu'un que vous connaissez avez des pensées suicidaires, une aide est disponible: www.nhsinform.scot/campaigns/suicide Source https://www.cosla.gov.uk/news/august-2020/national-suicide-prevention-leadership-groups-covid-19-statement
Covid-19 et gestes suicidaires : les leçons d’une pandémie
Françoise Chastang, Pierre Gérard, Alexandre Makdassi, Louise Collonge, Gérard Boittiaux
Dans Revue de neuropsychologie 2020/2 (Volume 12), pages 205 à 206
Françoise Chastang
Praticien hospitalier, Unité d’urgences psychiatriques, Service de psychiatrie adulte/DATU, CHU Caen Normandie ; CESP, Inserm, Université Paris-Saclay
chastang-f@chu-caen.fr
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Pierre Gérard
Praticien hospitalier, Unité d’urgences psychiatriques, Service de psychiatrie adulte/DATU, CHU Caen Normandie ; EPSM de Caen
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Alexandre Makdassi
Unité d’urgences psychiatriques, Service de psychiatrie adulte/DATU, CHU Caen Normandie
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Louise Collonge
Unité d’urgences psychiatriques, Service de psychiatrie adulte/DATU, CHU Caen Normandie
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Gérard Boittiaux
Praticien hospitalier, Centre hospitalier de l’Estran, Pontorson
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Dans notre société hypermoderne marquée par l’accélération [1], l’arrivée brutale d’une pandémie a imposé, par le biais du confinement, une décélération à chaque citoyen, tout en plaçant le monde soignant face à l’inédit, à ses limites technoscientifiques, organisationnelles et humaines comme si la nature, par le biais de l’infiniment petit, confrontait l’homme prométhéen à son devenir.
La psychiatrie, dont la temporalité n’est pas celle des soins somatiques, ne fut pas impactée de la même façon ; bien que n’étant pas de façon immédiate au-devant de la scène dans la prise en charge des patients Covid-19, et confrontée à des problématiques différentes, elle a également dû se réorganiser et faire face à des constats inédits.
Le premier constat fut que les personnes ont moins consulté, y compris dans le domaine de la santé mentale, alors que l’on s’attendait à une explosion de symptômes de souffrance psychique traumatique, à des décompensations psychiatriques graves chez les patients psychotiques, voire à une surmortalité liée aux difficultés pour ces patients à respecter les règles du confinement. Tout s’est en fait passé comme si les patients souffrant de troubles psychiques graves et présentant souvent des comorbidités somatiques, toléraient relativement bien le confinement malgré des prises en charge réorganisées avec notamment la fermeture des hôpitaux de jour et la réduction drastique des consultations ambulatoires remplacées par des appels téléphoniques. Allaient-ils mieux pour autant …
https://www.cairn.info/revue-de-neuropsychologie-2020-2-page-205.htm#
USA Treating Suicidal Patients during COVID-19
Date: 2020 http://www.sprc.org/*
(For resources, this is the publication date. For programs, this is the date posted.)
Information
Type: Video/Audio Recording
Author: Suicide Prevention Resource Center (SPRC)
Publisher: Education Development Center, Inc (EDC)
During the COVID-19 pandemic, opportunities for mental health professionals to connect with clients in person are limited. Yet the emotional impact of the pandemic—social isolation, financial concerns, anxiety, loss—place many people at increased risk for suicide.
In the short videos that follow, Dr. Barbara Stanley, professor of medical psychology at Columbia University and director of the Suicide Prevention - Training, Implementation, and Evaluation Program at the New York State Psychiatric Institute, provides concrete tips for making sure clients stay safe without having to rely on hospitalization.
These videos were adapted from the SPRC webinar Treating Suicidal Patients During COVID-19: Best Practices and Telehealth.
Initiating and Maintaining Remote Contact
Hear recommendations for initiating and maintaining remote contact with clients who may be at risk for suicide, with an emphasis on gathering specific information to access the client and their supports in the event of an emergency, preparing for technology interruptions, and best practices to include at every visit.
Assessing Suicide Risk Learn tips for assessing the suicide risk of clients remotely.
Developing a Safety Plan Remotely
Listen to guidance on developing a safety plan remotely, highlighting how the process is the same—and different—from safety planning in person.
Additional Resources
COVID-19: Adult Suicide Risk Screening Pathway and COVID-19: Youth Suicide Risk Screening Pathway - Use these suicide risk screening pathways from the National Institute of Mental Health's Ask Suicide-Screening Questions (ASQ) Toolkit during telehealth screenings (e.g., phone, video).
Patient Safety Plan Template - Use this fill-in-the-blank template to develop a safety plan with a patient who is at increased risk for a suicide attempt.
Source : http://www.sprc.org/resources-programs/treating-suicidal-patients-during-covid-19
CANADA : Prévention du suicide : l’autre courbe à aplanir
14 juillet 2020, /theconversation.com/*
L’isolement, le manque de soutien, l’intimidation, le manque d’accès à des ressources adéquates et l’insécurité économique sont tous des facteurs fortement associés au suicide. La pandémie de Covid-19 exacerbe certains de ces facteurs et pourrait amener à moyen terme une augmentation des comportements suicidaires dans la population.
Cependant, il n’y a pas assez de données sur les comportements suicidaires en période de crise sanitaire pour pouvoir faire des prédictions pertinentes. Par exemple, chez les jeunes, les taux de détresse augmentent dans certains groupes vulnérables, mais les expériences d’intimidation vécues à l’école et associées à des gestes suicidaires ont diminué du fait de la fermeture des écoles.
Aussi, l’impact du chômage amplifié par la pandémie s’étale dans le temps, et varie en fonction des mesures de mitigation mises en place. Par exemple, une compensation salariale temporaire, comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU) permet de réduire ponctuellement le stress associé à l’insécurité économique. L’urgence sanitaire a aussi créé une mobilisation pour réduire les facteurs de vulnérabilité au suicide (inégalités sociales, pauvreté, manque de ressources d’aide adaptées) révélés au grand jour par cette crise.
Une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Toronto, prévoit qu’il pourrait y avoir de 418 à 2114 suicides de plus au Canada en 2020-2021 en raison de la Covid-19. Or il faut être extrêmement prudent avec ce type de modèle qui ne retient qu’un seul facteur (le taux de chômage) pour établir des projections, alors que ce taux peut varier en fonction des différentes mesures en place.
L’effet de la pandémie sur les comportements suicidaires est donc complexe et dépend fortement des interventions macrosystémiques mises en place par les instances fédérales, provinciales, locales et communautaires.
Des facteurs prédisposants
Sur le plan des caractéristiques personnelles, les éléments les plus souvent associés au risque de décès par suicide sont le fait d’être un homme, de souffrir d’un trouble de l’humeur, de troubles psychotiques et de la personnalité. Les problèmes de consommation (alcool, drogues, médicaments), le fait d’avoir des traits impulsifs ou agressifs, de présenter des rigidités dans la pensée, du désespoir et du découragement ou d’avoir déjà fait une tentative de suicide sont aussi des facteurs de risque bien documentés.
Les idées suicidaires n’apparaissent pas spontanément chez une personne vulnérable. Certaines trajectoires de vie ou des facteurs psychosociaux entrent en jeu. Les victimes de violence familiale, d’abus, de négligence ou ayant vécu des évènements traumatiques sont plus à risque. Les personnes qui ont des parents ou des proches ayant des troubles de santé mentale importants ou des comportements suicidaires présentent aussi un risque accru.
Certains groupes sont également plus vulnérables, comme les autochtones ou les communautés LGBTQ2+ en raison de leurs difficultés sociales, économiques et culturelles.
À ces trajectoires de vie complexes s’ajoutent des évènements déclencheurs, ponctuels ou récurrents comme une perte, une séparation ou un conflit important que l’entourage associe au suicide du fait de cette proximité temporelle. Ainsi, une perte d’emploi liée à la pandémie pourrait agir comme déclencheur chez certaines personnes vulnérables, tout comme le confinement pourrait en amener d’autres à développer des difficultés de santé mentale.
Moins de suicides, plus de tentatives
Au Québec, la crise actuelle survient dans un contexte où les décès par suicide ont reculé de façon continue depuis 20 ans, après avoir connu un pic de 22 par 100 000 personnes dans les années 1990. Les dernières données disponibles indiquent que ce taux était de 12,4 par 100 000 en 2017 (1 045 décès), alors qu’il était de 18 par 100 000 en 2001. Les hommes présentent un taux de suicide plus élevé (17,9 par 100 000) que les femmes (6,1 par 100 000). Et ceux qui sont âgés entre 50 et 64 ans sont les plus vulnérables.
Toutefois, les tentatives de suicide augmentent et sont plus nombreuses chez les femmes, pour qui les [hospitalisations pour tentatives de suicide] sont passées de 34,5 par 100 000 en 2007 à 59,5 par 100 000 personnes en 2017. Chez les hommes, elles ont augmenté de 26,3 à 37,9 par 100 000 personnes pour la même période. L’augmentation la plus marquée est observée chez les jeunes filles de 15 à 19 ans.
Enfin, la dernière enquête québécoise de 2014-2015 sur la santé de la population montre que 2,8 % des Québécois disent avoir pensé sérieusement au suicide dans l’année précédente. Ici encore, les femmes ont plus d’idées suicidaires que les hommes et ces données sont relativement stables dans le temps.
La prévention : un effort collectif
La prévention du suicide peut prendre diverses formes et la recherche a permis de soutenir le développement de pratiques solides et efficaces. Le Québec est en train de se doter d’une stratégie pour coordonner les efforts de différents acteurs.
Ces stratégies nationales permettent de responsabiliser toute la société face à la prévention du suicide, d’harmoniser les actions de prévention, d’organiser adéquatement les ressources et d’adopter des pratiques cliniques fondées sur les meilleures connaissances. Elles permettent aussi de soutenir des projets en prévention du suicide associant milieux communautaires et centres de santé et services sociaux.
Les milieux communautaires sont très actifs pour offrir des services adaptés aux besoins de divers groupes de personnes vulnérables. Ils offrent de l’accompagnement téléphonique, des suivis étroits auprès de personnes ayant fait une tentative de suicide, de l’accompagnement et du soutien aux familles et aux endeuillés par suicide.
Il existe également des programmes de sentinelles pour aider à repérer les personnes à risque dans leurs milieux de vie, des formations pour les intervenants ainsi que des services de postvention (intervention effectuée suite à un suicide) dans des milieux touchés par un suicide.
Les milieux communautaires sensibilisent également la population grâce à des campagnes de communication, la promotion de pratiques journalistiques et artistiques responsables pour limiter les risques de « contagion » à la suite de la médiatisation d’un suicide, ou encore l’inclusion des enjeux associés à la prévention du suicide dans les politiques publiques.
Maintenir les services en santé mentale
Dans une perspective de prévention, le diagnostic et le traitement des troubles de santé mentale ainsi que l’accès à des services de soutien psychologique sont cruciaux. L’accompagnement après l’hospitalisation pour une tentative de suicide compte également parmi les bonnes pratiques.
La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, à gauche, et la ministre de la Santé du Québec, Danielle McCann, ont présenté un plan d’action Covid-19 accompagné d’une enveloppe de 31 millions pour soutenir les personnes souffrant de problèmes de santé mentale, le mercredi 6 mai 2020 à l’Assemblée législative de Québec. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot
En temps de crise sanitaire, il peut être tentant de concentrer toutes les ressources à limiter contagion et soigner les personnes infectées. Il convient cependant de maintenir les services de soutien social à leur niveau maximum. Il faut continuer à promouvoir la santé mentale, prévenir la détresse, sensibiliser les professionnels de la santé et offrir des services adaptés aux mesures de distanciation physique. Le repérage et l’offre proactive d’aide aux personnes isolées et vulnérables sont des mesures préventives prometteuses.
Dans le contexte du déconfinement, la reprise d’activités socio-économiques adaptées aux besoins des populations est essentielle pour aplanir le risque à long terme. La recherche doit aussi se poursuivre afin de développer et valider des approches de prévention adaptées localement. Si nous agissons collectivement, l’augmentation des comportements suicidaires pourrait être moins importante que les modèles ne l’anticipent.
Si vous ou un de vos proches pensez au suicide, contactez dès maintenant les services d’aide au 1-866-277-3553 (Québec) et au 1-833-456-4566 (ailleurs au Canada). https://theconversation.com/prevention-du-suicide-lautre-courbe-a-aplanir-132946
ANGLETERRE : National Child Mortality Database – Report on Child Suicide during the COVID-19 Pandemic in England
Reports | Published: 09 Jul 2020
The National Child Mortality Database (NCMD) responded to the COVID-19 pandemic by accelerating its notification and analysis service to develop a real-time surveillance system. This report describes findings from that system relating to death by suicide.
Likely suicides occurring between 1st January – 17th May 2020 were identified from NCMD records. Rates pre and during lockdown (from 23rd March 2020) were compared. A second comparison was made between deaths occurring between 1st April to 17th May in 2019 and 2020.
Click on the link below to read the full report. Please note you will be prompted to register your details so you can receive updates. You may skip the registration process if you prefer.
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https://www.hqip.org.uk/resource/national-child-mortality-database-report-on-child-suicide-during-the-covid-19-pandemic-in-england
BELGIQUE Le Centre de Prévention du Suicide publie un premier bilan des effets de la crise sanitaire sur les personnes suicidaires 25/06/2020
Bilan à consulter ou télécharger
https://www.preventionsuicide.be/media/static/cps-premierbilaneffetscrisesanitaire-25-06-2020.pdf
Nous détaillons les effets de la crise sanitaire sur les personnes suicidaires dans le bilan, tout en précisant que le suicide est multifactoriel et qu'il nous faut plus de recul sur la situation pour prendre l'exact mesure de tout ce qui s'est passé.
Le Centre de Prévention du Suicide a été proactif et créatif durant la crise sanitaire :
Il a maintenu ses activités avec une grande mobilisation des bénévoles sur la ligne d’écoute 0800 32 123 et un suivi sans interruption des consultations pour la crise suicidaire.
Nous encourageons les citoyens à relayer les personnes en difficulté vers nos divers services :
Notre ligne d’écoute (0800 32 123) est disponible 24h/24, gratuite et anonyme. Nos bénévoles accueillent tout appelant avec bienveillance et sans jugement.
Notre secrétariat (0476 53 00 84) accueille les demandes pour consultation.
Les psychologues de la plateforme « A l’écoute du deuil » (0800 20 220) accompagnent les personnes endeuillées par le biais d’une écoute active téléphonique dédiée et puis, si les personnes le souhaitent, d'un suivi psychologique individuel gratuit.
Source https://www.preventionsuicide.be/fr/actualit%C3%A9/le-centre-de-pr%C3%A9vention-du-suicide-publie-un-premier-bilan-des-effets-de-la-crise-sanitaire-sur-les-personnes-suicidaires%0D%0A%C2%A0.html
Wissam El-Hage : "Le déconfinement présente une difficulté supplémentaire pour certaines personnes" Par Claire Manière le 19.06.2020 www.sciencesetavenir.fr/*
Le psychiatre Wissam El-Hage, professeur de psychiatrie à l’Université de Tours et co-directeur de l’équipe de psychiatrie neurofonctionnelle de l’unité Inserm Imagerie & Cerveau, explique que de multiples facteurs sont à l’origine de troubles psychologiques post-confinement.
Bien souvent, la difficulté psychologique à gérer l'après confinement s'explique par plusieurs facteurs pour lesquels demander de l'aide est essentiel.
Priscilla Du Preez/Unsplash
Sciences et Avenir : La période du confinement a-t-elle engendré un stress post-traumatique chez certaines personnes, voire un risque accru de dépression profonde ?
Wissam El-Hage : Comme son nom l'indique, le stress post-traumatique ne concerne que les personnes qui ont vécu un traumatisme. Le confinement n'est pas en soi un traumatisme particulier, sauf pour les gens qui ont été victimes de violence pendant cette période ou si des traumatismes antérieurs ont été réactivés. Cette période a pu être traumatisante pour les soignants, témoins de nombreux décès. On ne sait pas encore avec précision l'impact de la crise sur le nombre de stress post-traumatiques chez les soignants. Et pour la dépression, c'est très variable d'un individu à l'autre. On a observé que pour certains la période de confinement était presque du répit, alors que pour d'autres elle était inquiétante et problématique ! Le déconfinement est un retour à la réalité qui présente plusieurs enjeux : certains ont perdu leur emploi, d'autres un proche… la dépression est toujours liée à une ou plusieurs situations.
Le déconfinement peut-il s'avérer plus dramatique que le confinement lui-même ?
Oui pour une petite partie de la population. De façon générale, le confinement est beaucoup plus compliqué à gérer que le déconfinement. Mais chez certaines personnes qui ont mal vécu le confinement, le déconfinement représente encore une difficulté supplémentaire. Par exemple pour celles qui souffraient d'anxiété sociale ou de troubles obsessionnels compulsifs, le déconfinement devient source d'angoisse avec la peur des relations sociales ou celle d'être contaminé.
Un rapport de l'Observatoire national du suicide paru en début d'année présente des liens entre perte d'emploi et suicide. La situation économique liée au coronavirus peut-elle expliquer une crise suicidaire ?
A l'inverse de la dépression, il faut garder en tête que le suicide est toujours multifactoriel. Les personnes victimes de crise suicidaire se sentent en difficulté pour des problèmes pour lesquels ils pensent ne pas avoir de solution. Chez des personnes déjà vulnérables, la présence de facteurs de risques sociaux, économiques ou amoureux (difficulté d'être ensemble pendant le confinement, séparations) peut être à l'origine de la crise suicidaire. Mais la perte d'emploi ne peut à elle seule expliquer la survenue de cette crise.
Quelle est la situation en France dans les services de psychiatrie depuis la fin du confinement ?
Au début de la période de confinement il y a eu une sorte de calme plat. Maintenant nous arrivons à saturation donc j'imagine que toutes les personnes qui se sont contenues pendant la période de confinement opèrent comme un rattrapage. Ce n'est pas forcément une conséquence du confinement mais un rééquilibrage après une période de creux. Plus de gens viennent en consultation mais pas particulièrement en hospitalisation. Dans tous les cas on manque de recul, il n'y a pas encore d'études avec des données qui soient fiables.
Comment gérer les troubles psychologiques liés au déconfinement ?
En cas d'angoisse pour sortir de chez soi il faut y aller progressivement pour se rassurer petit à petit et éventuellement avec un proche. Il s'agit d'un processus d'habituation. En cas d'idées noires de plus en plus insistantes, il ne faut pas hésiter à demander de l'aide aux associations de son département, à son médecin ou dans un service d'urgence. Peu importe son métier, son milieu et ses difficultés, il y a toujours des solutions possibles qu'on ne visualise pas sur le moment.
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/interview-wissam-el-hage-le-confinement-est-beaucoup-plus-complique-a-gerer-que-le-deconfinement_145277
https://www.afpbn.org/suicide-et-covid-19-recommandations-de-la-world-psychiatric-association/
Confinement : SOS Amitié a constaté une hausse des idées suicidaires
Pendant les huit semaines de confinement, les écoutants ont reçu 32% d'appels de plus qu'à l'accoutumée.
Camille Sarazin et AFP sur www.rtl.fr/* publié le 17/06/2020
Les écoutants de SOS Amitié ont reçu pendant le confinement 40% d'appels en plus émanant de personnes songeant au suicide, comparé à la même période de l'an dernier. Un tiers du total des appelants ont cité le confinement comme une cause de leur mal-être, a annoncé mardi l'association.
La crise sanitaire a "exacerbé les difficultés de la solitude" et "provoqué des angoisses profondes, de la détresse et des souffrances exceptionnelles", analyse SOS Amitié dans son "observatoire des souffrances psychiques", où elle dresse un bilan de ses activités en 2019 et pendant le confinement de 2020.
Du 15 mars au 10 mai, les quelque 1.800 bénévoles de l'association ont répondu à plus de 102.000 appels, soit 32% de plus qu'à la même période l'an dernier. En télétravaillant massivement depuis chez eux, les écoutants ont pu répondre à une plus grande proportion d'appels qu'à l'accoutumée. Cependant les deux tiers des appels n'aboutissent pas, faute de bénévoles en nombre suffisant.
L'écoute via internet se développe
Pendant le confinement, les appelants ont davantage évoqué leurs peurs et leurs angoisses, mais aussi des "nuisances du logement et du voisinage", ainsi que des "violences familiales et conjugales", relève l'association, qui cherche à recruter 500 nouveaux écoutants "pour répondre à une demande en croissance continue".
Avant la crise sanitaire, SOS Amitié a par ailleurs observé en 2019 une légère augmentation, par rapport à 2018, de la proportion d'appelants évoquant le suicide, sujet qui reste "parmi les premières raisons d'appels". En outre, même lorsque la personne n'exprime pas "clairement de pensées suicidaires", les "problèmes de santé mentale, dépression, burn-out, violence, ruptures, deuil" représentent "la part la plus importante" des appels reçus.
L'écoute via internet - par mail ou par chat - occupe une place croissante dans les activités de l'association, qui s'adapte ainsi aux habitudes des jeunes générations. Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans, qui représentent 12% des appelants au téléphone, mais 35% au chat et 28% par mail. "Pour chacun de ces médias, 30% d'entre eux évoquent le suicide", précise SOS Amitié.
https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/confinement-sos-amitie-a-constate-une-hausse-des-idees-suicidaires-7800610063
SUISSE Crise sanitaire et crise suicidaire : éclairages en miroir
Paco Prada, Christian Greiner, Mélanie De Néris, Guido Bondolfi
Rev Med Suisse 2020; volume 16. 1057-1059
Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise, Unité d’investigation et de traitements brefs, Département de psychiatrie, HUG
Résumé
La prise en charge psychothérapeutique d’une crise suicidaire permet de penser la crise sanitaire liée au COVID-19 sous un angle particulier. Dans cet article, nous montrons les parallèles mais également les différences entre ces deux types de crises. Le déroulement séquentiel de la crise, l’agent viral qui agit comme un facteur déclenchant et la foule de réactions qui s’ensuivent peuvent ainsi évoquer une crise suicidaire durant laquelle un sujet perçoit souvent un événement externe comme facteur précipitant. Toutefois, contrairement au confinement dans le cas du virus, c’est bien la relation, notamment la relation thérapeutique, qui permet de traverser la crise. Cette relation doit nous permettre de faire connaissance avec nos vulnérabilités spécifiques, celles sur lesquelles le facteur déclenchant a précisément agi.
Acces article https://www.revmed.ch/RMS/2020/RMS-N-694/Crise-sanitaire-et-crise-suicidaire-eclairages-en-miroir
"En période de pandémie de Covid-19, nous vivons une situation inédite et angoissante pour la plupart d’entre nous. Il est normal de se sentir stressé.e, déboussolé.e ou dépassé.e par les événements. Cette rubrique a été créée pour vous accompagner."
https://www.stopblues.fr/fr/detente/covid-19
Épidémie de COVID-19 et prise en charge des conduites suicidaires: challenge et perspectives
Ismaël Conejero a Sofian Berrouiguetb Deborah Ducasse a Marion Leboyer c Vincent Jardon d Emilie Olié a Philippe Courtet a
a PSNREC, Univ Montpellier, INSERM, CHU de Montpellier, Montpellier, France, Department of Emergency Psychiatry and Acute Care, Lapeyronie Hospital, CHU Montpellier, Montpellier, France, FondaMental Foundation, Créteil, France
b CHU de Brest, Université de Bretagne Occidentale, France
c Université Paris Est Créteil, Inserm, Fondation FondaMental, AP-HP, Paris, France
d Pôle de psychiatrie, médecine légale et médecine en milieu pénitentiaire, CHU de Lille, France
L'Encéphale
Available online 8 May 2020
Resume
Objectifs: La pandémie de Covid-19 touche à ce jour plus de 3,000,000 de personnes à travers le monde et les mesures de prévention ont conduit au confinement de plus de la moitié de l’humanité. La communauté scientifique et les autorités politiques redoutent une épidémie de suicides secondaires à cette crise. L’objectif de cette revue de la littérature est d’analyser l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les dimensions du processus suicidaire, son interaction avec les différents facteurs de risque. Nous proposons également des solutions innovantes pour y remédier.
Méthodes: Nous avons réalisé une revue narrative des articles internationaux traitant des grandes pandémies (Covid-19, SRAS) et de leur influence sur la vulnérabilité suicidaire.
Résultats: De nombreux facteurs sont susceptibles de majorer l’émergence d’idées de suicide et le passage à l’acte suicidaire au cours de cette crise. La distanciation et le confinement pourraient favoriser un sentiment de déconnexion et la perception d’une douleur sociale chez les individus vulnérables. Certaines populations déjà «à risque suicidaire élevé» pourraient être encore fragilisées par la pandémie actuelle: personnes âgées, personnel médical et individus exposés à une forte précarité économique. Plusieurs solutions innovantes adaptées aux contraintes de la distanciation et du confinement permettront de prévenir le risque suicidaire: outils de santé connectée, protocole VigilanS, Thérapie Comportementale et Cognitive de troisième vague et pratique artistique.
Conclusions: Il est possible que cette crise inédite exacerbe certaines dimensions du processus suicidaire. Cependant, à l’heure de l’innovation, plusieurs outils de prévention du suicide ont toute leur place dans les nouveaux modes de soins et devront être expérimentés à grande échelle.
Mots clés
Covid-19 vulnérabilité suicidaire suicide crise économique déconnexion sociale prévention
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013700620300853
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CANADA QUEBEC Prévenir la violence et le suicide dans un contexte de pandémie de COVID-19 – quelques pistes
Lire le document
Des situations préoccupantes pour la sécurité et le bien-être de la population
En plus des préoccupations sanitaires directement liées à l’épidémie de COVID-19, la communauté scientifique s’inquiète des répercussions sur le bien-être de la population du ralentissement de l’économie, des pertes d’emploi, de la perturbation des liens sociaux (isolement social, réduction des contacts avec la famille et l’entourage, changement de la routine, tensions sociales), des modifications dans les pratiques de consommation et des enjeux d’accès aux services, pour ne nommer que ceux-là. Ces bouleversements génèrent du stress, de la détresse et de l’anxiété dans la population, en plus de précariser la situation économique de plusieurs. Certains groupes pourraient être affectés plus fortement. Au Canada, par exemple, on observe des baisses d’emploi deux fois plus marquées chez les femmes que chez les hommes. Les jeunes sont aussi plus touchés par cette diminution. Parallèlement, les effets de l’épidémie et des mesures de confinement et de distanciation sur la santé mentale et le bien-être sont de plus en plus documentés et un consensus émerge selon lequel les impacts psychosociaux de la crise doivent être atténués, tant aux plans clinique que populationnel.
Encore peu de données sont disponibles au Québec et ailleurs dans le monde pour mesurer les répercussions de l’épidémie de COVID-19 sur la violence et le suicide. Cependant, en se basant sur des situations d’urgence et de crises humanitaires précédentes, il semble qu’une hausse de la violence envers les femmes et les enfants et des suicides soit à craindre. Même si le portrait est moins clair en ce qui a trait à la maltraitance envers les personnes aînées, plusieurs facteurs de risque de maltraitance sont exacerbés dans la crise sanitaire actuelle (ex. : isolement social) et peuvent faire craindre une augmentation, surtout compte tenu de l’épidémiologie de la COVID-19. Pour ce qui est de la criminalité et de la sécurité dans les communautés, les effets de la crise pourraient aussi se faire sentir dans les prochains mois. Puisque la violence et le suicide sont des enjeux bien présents au Québec, ils demeurent une préoccupation pour la sécurité, la santé et le bien-être de la population.
Dans ce bref état de situation, différentes problématiques de violence sont abordées, en identifiant des pistes d’actions émergentes et des exemples concrets lorsque possible. Ces pistes d’actions s’appuient sur des stratégies prometteuses dans le domaine de la prévention de la violence et du suicide. Cependant, les évidences scientifiques dans un contexte de pandémie, tel que celui de la COVID-19, sont peu nombreuses et ne permettent pas de poser un regard sur l’efficacité des mesures à mettre en place pour prévenir la violence et ses effets. Malgré tout, un effort a été fait pour identifier les facteurs les plus probants pour agir et fournir une liste de ressources et d’outils pouvant soutenir les efforts des différents acteurs interpellés.
Auteur(s): Andréane Melançon Julie Laforest André Tourigny Dominique Gagné Dave Poitras Marie-Claude Roberge Véronique Leclair
Sujet(s):
Date de publication:
8 mai 2020
https://www.inspq.qc.ca/publications/2994-prevenir-violence-suicide-covid19
D'apres article NEW ZEALAND Covid 19 coronavirus: 'No evidence' suicide rate up during lockdown
https://www.nzherald.co.nz/*
3 mai, 2020
Shaun Robinson, directeur général de la Fondation pour la santé mentale, se dit profondément déçu que de fausses informations circulent en ligne. Photo / Fournie
Par : Dubby Henry journaliste au New Zealand Herald
Coronavirus Covid 19 : Le taux de suicide "sans preuve" en hausse suite au confinement
- Cet article porte sur le suicide et peut être bouleversant pour certains lecteurs.
La Fondation pour la santé mentale estime qu'une rumeur selon laquelle le taux de suicide aurait atteint un niveau d'alerte 4 est "irresponsable et fausse", tandis que le ministère de la santé affirme que cette affirmation est "absolument fausse".
Les deux organisations affirment que si le Covid-19 peut avoir des effets importants sur la vie des gens, une augmentation des problèmes graves de santé mentale ou des suicides n'est pas inévitable.
Cela vient alors que la police affirme que les appels liés à la santé mentale et à l'automutilation sont restés stables.
La police s'attendait à une augmentation du nombre d'appels liés à la santé mentale, car les gens luttent contre l'isolement et le stress général de la pandémie, a déclaré le commissaire adjoint de police Sandy Venables.
Mais s'il est trop tôt pour donner des données officielles, il n'y a pas eu de hausse ou de baisse significative des appels liés à la santé mentale et à l'automutilation, a déclaré M. Venable.
"Nous savons que la situation actuelle sera source de stress et d'incertitude pour beaucoup. Nous voulons rappeler à tous qu'il est normal de demander de l'aide pour soi-même ou pour quelqu'un d'autre. De l'aide est disponible".
La rumeur largement répandue a fait état de suicides en une semaine, ce qui équivaudrait à près de cinq fois la moyenne. En 2018-19, il y a eu 685 suicides, soit un peu plus de 13 par semaine.
Le Dr Caroline McElnay, directrice de la santé publique, a été interrogée lors d'une conférence de presse la semaine dernière sur les taux de suicide pendant le confinement, mais elle a déclaré qu'elle n'avait pas les chiffres sous la main.
Le ministère de la santé a déclaré aujourd'hui que les spéculations sur le nombre de suicides présumés étaient inexactes et inutiles.
Le bureau de prévention du suicide et le coroner en chef surveillent le nombre de suicides suspects, et des données mensuelles sont publiées chaque année par le coroner en chef.
Toute décision sur la publication de données en dehors de ce cycle serait prise par le coroner en chef, mais aucune donnée n'a été publiée, selon une déclaration conjointe de Robyn Shearer, directrice générale adjointe de la santé mentale et de la toxicomanie, et de Carla na Nagara, directrice du Bureau de prévention du suicide.
"Nous avons tous la responsabilité de promouvoir et d'encourager le bien-être mental - le nôtre et celui des autres. Il est trop tôt pour dire quels seront les effets de la réponse à Covid-19 sur la santé mentale des gens ou sur le taux de suicide", ont-ils déclaré.
"Se focaliser sur les pires scénarios et en parler comme s'ils étaient inévitables est contre-productif et ne soutient pas nos personnes les plus vulnérables".
Le nombre de suicides pourrait augmenter ou diminuer suite à la réponse du Covid-19 - les données des crises internationales précédentes ont montré les deux résultats, a déclaré le ministère.
"Parfois, les gens réalisent à quel point la vie est précieuse après une crise et le nombre de suicides diminue. Chaque vie compte ; il est vital que nous nous concentrions sur la préservation de la vie plutôt que de spéculer sur la probabilité d'y mettre fin".
Agir maintenant, prêter attention au bien-être mental et avoir accès à un soutien en cas de besoin permettrait d'éviter un pic de détresse dans les mois à venir, selon la déclaration du ministère.
Nombreux sont ceux qui ont partagé la rumeur en ligne et qui ont attribué la prétendue augmentation des suicides à l'impact de l'isolement, des pertes d'emploi et d'autres facteurs de stress induits par la pandémie.
La Fondation pour la santé mentale a déclaré dans un communiqué qu'elle était profondément déçue de voir la rumeur circuler - et qu'elle était particulièrement inquiète de l'impact que cela pourrait avoir sur les personnes qui sont actuellement vulnérables au suicide.
"Chaque fois que nous avons une discussion publique sur le suicide, les personnes qui sont actuellement suicidaires ou qui sont vulnérables au suicide sont toujours à l'écoute", a déclaré le directeur général de la fondation, Shaun Robinson.
"Il est souvent impossible de dire qui sont ces personnes, en particulier en ligne. Mais elles sont là et, souvent, elles cherchent des raisons pour justifier ou rationaliser leurs sentiments - elles sont très vulnérables à l'idée que si d'autres personnes prennent cette voie, elles pourraient la prendre aussi. Nous ne devrions pas aggraver ce risque grave.
"Ces rumeurs et les commentaires qui les accompagnent impliquent que le suicide est une réponse attendue, compréhensible et proportionnée à Covid-19, et c'est à la fois faux et extrêmement inutile de le suggérer".
La directrice de la santé publique, le Dr Caroline McElnay, s'adresse aux médias le 30 avril, plusieurs jours après la fin du confinement. Photo / Mark Mitchell
Le 23 avril, le ministère de la santé a déclaré au Herald qu'une enquête quotidienne sur la santé était menée, comprenant des questions sur l'anxiété et la dépression. Le ministère était également en communication régulière avec les conseils de santé et les prestataires de soins pour obtenir des informations sur les facteurs de risque, la réponse aux crises et les taux d'admission.
Il n'y avait pas de données à ce moment-là suggérant une augmentation de ces chiffres suite à Covid-19, mais il y avait parfois eu une demande accrue sur les lignes d'assistance nationales.
Outre l'investissement record du gouvernement actuel dans le bien-être mental, des programmes de soutien supplémentaires ont été lancés pendant la crise du Covid-19, notamment des applications et un programme d'e-thérapie.
Selon M. Robinson, de la Fondation pour la santé mentale, très peu de personnes en Nouvelle-Zélande sont en mesure d'évaluer avec précision et en temps réel le nombre de suicides au niveau national.
"Il est essentiel de ne pas contribuer aux malentendus et aux fausses informations sur le suicide en Nouvelle-Zélande.
"Alors que les travailleurs de la santé mentale, la police et d'autres personnes font partie intégrante des efforts de prévention du suicide en Nouvelle-Zélande, les individus ne seront pas en mesure de donner une image précise des suicides nationaux.
"C'est une période difficile pour les Néo-Zélandais, mais nous constatons beaucoup de bonne volonté à travailler ensemble et à se soutenir mutuellement pour passer au travers", a déclaré M. Robinson.
OÙ TROUVER DE L'AIDE :
Si vous êtes inquiet pour votre santé mentale ou celle de quelqu'un d'autre, le meilleur endroit où trouver de l'aide est votre médecin généraliste ou votre prestataire de soins de santé mentale local. Toutefois, si vous ou quelqu'un d'autre êtes en danger ou met en danger d'autres personnes, appelez immédiatement la police au 111.
OU SI VOUS AVEZ BESOIN DE PARLER À QUELQU'UN D'AUTRE :
• 0800 543 354 (0800 LIFELINE) or free text 4357 (HELP) (available 24/7)
• https://www.lifeline.org.nz/services/suicide-crisis-helpline
• YOUTHLINE: 0800 376 633
• NEED TO TALK? Free call or text 1737 (available 24/7)
• KIDSLINE: 0800 543 754 (available 24/7)
• WHATSUP: 0800 942 8787 (1pm to 11pm)
• DEPRESSION HELPLINE: 0800 111 757 or TEXT 4202
Source https://www.nzherald.co.nz/nz/news/article.cfm?c_id=1&objectid=12329202
Commentary : COVID-19 : Keep Socially (but Not Physically) Connected and Carry on:
Preventing Suicide in the Age of COVID-19
Philippe Courtet, MD, PhDa,b,c,*; Emilie Olié, MD, PhDa,b,c; Christophe Debien, MDd,e; and Guillaume Vaiva, MD, PhDd,e
a Department of Emergency Psychiatry and Acute Care, Lapeyronie Hospital, CHU Montpellier, Montpellier, France
b PSNREC, Univ Montpellier, INSERM, CHU de Montpellier, Montpellier, France
c FondaMental Foundation, Créteil, France
d Department of Psychiatry, University Hospital of Lille, Lille, France
e Centre National de Ressources et Résilience, Lille, France
*Corresponding author: Philippe Courtet, MD, PhD, Université Montpellier, CHRU Montpellier, Montpellier, France 34090 (philippe.courtet@univ-montp1.fr).
J Clin Psychiatry 2020;81(3):20com13370
Published online: April 14, 2020.
Until the beginning of 2020, we believed that our modern societies had replaced microbial epidemics with behavioral epidemics such as depression, opioid use, and the most silent one, suicide.1 Contributing to these epidemics, as Jeste et al1 highlighted, the “lethal behavioral toxins of loneliness and social isolation increase the risk of mortality comparable with smoking and obesity.” This explains why in recent years the World Health Organization declared that social disconnection had become a major new public health challenge, and the United Kingdom created a Ministry of Loneliness! Ironically, our beloved globalization brought us a new dystopia, in which the fight against the coronavirus disease 2019 (COVID-19) epidemic is essentially based on social distancing all over the world, with perhaps half of humanity being in quarantine today. While loneliness is already highly prevalent in the general population, it is feared that it will be more pronounced during the COVID-19 outbreak quarantine, leading to dramatic effects on the most vulnerable people, including psychiatric patients. Psychiatrists must be cautious about the negative psychological consequences of quarantine in both the short term and long term.
lire la suite https://www.psychiatrist.com/JCP/article/Pages/2020/v81/20com13370.aspx?sclick=1
USA Traitement des patients suicidaires pendant le COVID-19 : Bonnes pratiques et télésanté
D'apres Treating Suicidal Patients During COVID-19: Best Practices and Telehealth
Type d'événement : Webinaire général
Date : Mardi 14 avril 2020 - 13h00 à 14h30 (America/New_York)
http://www.sprc.org*
Les professionnels de la santé mentale continuent à fournir des thérapies aux patients utilisant la télésanté malgré cette nouvelle ère de quarantaine et de COVID-19. Il s'agit d'un changement important pour la plupart, mais les recherches suggèrent que la télésanté peut être tout aussi efficace que la thérapie en face à face et pour certains patients, elle est même préférable. Avant cette quarantaine, de nombreux cliniciens traitaient en toute sécurité les patients à risque de suicide en ambulatoire, se tournant rarement vers l'hospitalisation, et peuvent continuer à fournir des soins sûrs et efficaces grâce à la télésanté. De nouveaux patients exprimant des pensées suicidaires peuvent également émerger pendant cette période. À une époque où les hôpitaux ont déjà dépassé leur capacité et où le risque de transmission du coronavirus est extrêmement élevé dans les murs des établissements de soins de santé, l'hospitalisation ou les visites aux urgences pour les personnes exprimant des pensées suicidaires devraient être réduites au minimum. Le recours à des pratiques de soins aux suicidés fondées sur des données probantes peut réduire considérablement les pensées et les comportements suicidaires, même lorsqu'ils sont dispensés par le biais de la télésanté.
Ce webinaire a abordé l'utilisation de trois meilleures pratiques de soins aux personnes à risque de suicide qui peuvent être appliquées facilement et efficacement via la télésanté : les plans de sécurité, le traitement qui cible directement les pensées suicidaires et les compétences et ressources d'auto-assistance basées sur la DBT que les cliniciens peuvent commencer à utiliser immédiatement dans le traitement et partager avec les patients.
Intervenants :
Dr Barbara Stanley, Université de Columbia et Institut psychiatrique de l'État de New York, Dr David Jobes, Université catholique d'Amérique, et Dr Ursula Whiteside, fondatrice de NowMattersNow.org et de la faculté clinique de l'Université de Washington. Ces trois conférenciers sont des experts nationaux et internationaux en matière de prévention et de traitement du suicide. Ils ont présenté ces trois pratiques de traitement en mettant l'accent sur la manière de les utiliser immédiatement avec les patients via la télésanté.
Event Materials
Archived Webinar
PowerPoint Slides
Supplemental Resources: Treating Suicidal Patients during COVID-19: Best Practices and Telehealth Webinar
Transcript
source http://www.sprc.org/events-trainings/treating-suicidal-patients-during-covid-19-best-practices-telehealth?
Prévention du suicide en période de crise sanitaire : messages à faire passer à la population
14 Avr 2020
https://papageno-suicide.com/prevention-du-suicide-en-periode-de-crise-sanitaire-messages-a-faire-passer-a-la-population/
En tant que professionnels de la psychiatrie et de la santé mentale, vous êtes susceptibles d’être interviewés par les médias sur la question de l’impact psychologique de la crise sanitaire. Le sujet du suicide pourrait également être évoqué par le journaliste.
Dans la mesure où nous avons des craintes quant à une augmentation des suicides et que ces craintes sont partagées par la communauté des spécialistes du suicide, nous vous invitons à suivre ces messages-clés.
Dans le contexte actuel, nous rappelons également l’impact du traitement médiatique du suicide. Et invitons les professionnels interviewés ainsi que les journalistes à la plus grande prudence quant aux propos relayés dans les médias. Il est essentiel de répondre aux journalistes, tout en veillant à limiter l’effet d’incitation suicidaire (effet Werther) à laquelle la période se prête de façon inquiétante, et promouvant un effet de prévention (effet Papageno).
1er message : IL EST CERTAIN QUE L’ON VIT UNE PÉRIODE DIFFICILE
La crise sanitaire que nous vivons actuellement confronte l’ensemble des français à l’incertitude et à la perte de repères, voire, pour bon nombre, à un sentiment d’angoisse et d’insécurité. Bien que nécessaires, les mesures mises en place pour y faire face, fragilisent des liens sociaux : confinement, distanciation sociale, isolement, etc.
Alors que les élans de solidarité et les coopérations sont nombreux, le manque de cohésion et de régulation engendrent des changements importants qui peuvent faire le lit d’idées suicidaires chez les personnes les plus vulnérables.
2ème message : LE SUICIDE N’EST PAS UNE FATALITÉ
Plus que jamais, il est important de rappeler que le suicide n’est pas une fatalité et qu’il est possible d’agir pour le prévenir. Tout d’abord, en repérant les signes de souffrance psychique. Il arrive que les personnes évoquent clairement leurs idées suicidaires ce qui permet de consulter rapidement un médecin. Mais parfois, les propos sont plus indirects. Ainsi, des phrases telles que « Je n’en peux plus de cette vie là » ou « Vous seriez plus tranquilles sans moi » sont à prendre au sérieux. Tout comme un changement de comportement habituel comme l’isolement, le repli, l’irritabilité, l’alcoolisation… Dans tous les cas, la question des idées suicidaires peut être simplement posée. Cela permettra à la personne d’exprimer sa souffrance et de contacter rapidement un professionnel.
3ème message : IL EXISTE DES RESSOURCES D’AIDE
Compte tenu du contexte, nombre de français hésitent à contacter leur médecin traitant ou à appeler le 15 de peur de surcharger les lignes d’appel. Soyez assurés que de nombreux professionnels de santé mentale se sont réorganisés afin de compléter la palette de soutien psychologique. Sur le territoire national, les Samu centre 15 sont majoritairement renforcés en équipes de professionnels de santé mentale. Ce message doit être diffusé à la population.
D’autres leviers de prévention peuvent également être levés :
Mobiliser l’entourage : Même s’ils sont virtuels, les liens sociaux peuvent être maintenus en utilisant les techniques à notre disposition : téléphone, mail, réseaux sociaux, visioconférence… Passer un appel à un proche, prendre de ses nouvelles, s’inquiéter de son bien-être peut changer la donne.
Solliciter les lignes d’écoute : Disponibles pour la plupart par téléphone ou par chat, les professionnels des plateformes téléphoniques apportent soutien et écoute aux personnes en situation de vulnérabilité et de détresse psychologique.
Jeunes et adolescents : Fil Santé jeunes 0800 235 236, 7j/7, de 9h à 13h et de 14h à 18h
Pour tous : 0800 130 000, 7j/7, 24h/24
TOUTE INTERVIEW DOIT SI POSSIBLE SE TERMINER PAR LE MESSAGE SUIVANT
Prenez soin de vous et de vos proches. N’oubliez jamais que vos proches, votre famille, votre entourage, votre communauté… sont d’une aide précieuse dans ce contexte ; n’hésitez pas à les contacter. Si vous vous sentez envahi par des idées suicidaires, appelez le 15.
L’équipe du programme Papageno
Pr Frank Bellivier, Délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie
Pr Pierre Thomas, Co-président du comité national de pilotage de la psychiatrie, Responsable du groupe prévention du suicide au sein de la Direction générale de la santé
https://papageno-suicide.com/prevention-du-suicide-en-periode-de-crise-sanitaire-messages-a-faire-passer-a-la-population/
USA prévention suicide et covid 19 ; "Malgré les défis, il existe des possibilités d'améliorer les efforts de prévention du suicide en cette période unique"
Mortalité par suicide et maladie à coronavirus 2019: une tempête parfaite?
d’après article April 10, 2020 Suicide Mortality and Coronavirus Disease 2019—A Perfect Storm?
Mark A. Reger, PhD 1,2; Ian H. Stanley, MS 1,3; Thomas E. Joiner, PhD 3
https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2764584
Affiliations d'auteur Informations sur l'article
1 VA Puget Sound Health Care System, Seattle, Washington
2 Département de psychiatrie et des sciences du comportement, Université de Washington, Seattle
3 Département de psychologie, Florida State University, Tallahassee
JAMA Psychiatrie. Publié en ligne le 10 avril 2020. doi: 10.1001 / jamapsychiatry.2020.1060
Les taux de suicide ont augmenté aux États-Unis au cours des deux dernières décennies. Les dernières données disponibles (2018) montrent le taux de suicide ajusté selon l'âge le plus élevé aux États-Unis depuis 1941.1 C'est dans ce contexte que la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a frappé les États-Unis. En ce qui concerne les modèles de maladie, des actions de santé publique historiques et sans précédent ont permis de freiner la propagation du virus. Des interventions de distanciation sociale remarquables ont été mises en œuvre pour réduire fondamentalement les contacts humains. Bien que ces étapes devraient réduire le taux de nouvelles infections, le risque d'effets indésirables sur le risque de suicide est élevé. Des mesures pourraient être prises pour atténuer les conséquences imprévues potentielles sur les efforts de prévention du suicide, qui représentent également une priorité nationale de santé publique.
COVID-19 Interventions de santé publique et risque de suicide
Les conséquences secondaires de l'éloignement social peuvent augmenter le risque de suicide. Il est important de considérer les changements dans une variété de facteurs de risque économiques, psychosociaux et liés à la santé.
Stress économique
Il est à craindre que la combinaison d'événements publics annulés, de fermetures d'entreprises et de stratégies de confinement conduise à une récession. Les ralentissements économiques sont généralement associés à des taux de suicide plus élevés par rapport aux périodes de prospérité relative.2 Depuis la crise du COVID-19, les entreprises ont été confrontées à l'adversité et à des licenciements. Les écoles ont été fermées pour des périodes indéterminées, obligeant certains parents et tuteurs à s'absenter du travail. Le marché boursier a connu des baisses historiques, entraînant des changements importants dans les fonds de retraite. Les recherches existantes suggèrent qu'un stress économique soutenu pourrait être associé à des taux de suicide plus élevés aux États-Unis à l'avenir.
Isolement social
Les principales théories du suicide mettent l'accent sur le rôle clé que les liens sociaux jouent dans la prévention du suicide. Les personnes ayant des idées suicidaires peuvent manquer de liens avec d'autres personnes et souvent se déconnecter des autres à mesure que le risque de suicide augmente.3 Les pensées et les comportements suicidaires sont associés à l'isolement social et à la solitude.3 Par conséquent, du point de vue de la prévention du suicide, il est préoccupant de constater que le public le plus critique la stratégie sanitaire pour la crise du COVID-19 est la distanciation sociale. De plus, la famille et les amis restent isolés des personnes hospitalisées, même lorsque leur décès est imminent. Dans la mesure où ces stratégies augmentent l'isolement social et la solitude, elles peuvent augmenter le risque de suicide.
Accès réduit au soutien communautaire et religieux
De nombreux Américains participent à diverses activités communautaires ou religieuses. La fréquentation hebdomadaire des services religieux a été associée à un taux de suicide 5 fois plus faible que ceux qui n'y participent pas.4 Les effets de la fermeture des églises et des centres communautaires peuvent contribuer davantage à l'isolement social et donc au suicide.
Obstacles au traitement en santé mentale
Les établissements de santé ajoutent des questions de dépistage du COVID-19 aux points d'entrée. Dans certaines installations, les enfants et les autres membres de la famille (sans rendez-vous) ne sont pas autorisés à entrer. Ces actions peuvent créer des obstacles au traitement de la santé mentale (par exemple, les rendez-vous annulés associés aux restrictions imposées aux enfants pendant que l'école est annulée). L'information contenue dans les médias peut également laisser entendre que les services de santé mentale ne sont pas priorisés pour le moment (p. Ex. Représentations de milieux de soins de santé débordés, chirurgies électives annulées). De plus, les services d'urgence surpeuplés peuvent affecter négativement les services aux survivants de tentatives de suicide. Un accès réduit aux soins de santé mentale pourrait nuire aux patients ayant des idées suicidaires.
Maladie et problèmes médicaux
Des problèmes de santé physique exacerbés pourraient augmenter le risque pour certains patients, en particulier chez les personnes âgées, chez qui les problèmes de santé sont associés au suicide. Un patient a illustré le bilan psychologique des symptômes de COVID-19 lorsqu'il a dit à son clinicien: «J'ai l'impression que vous m'avez renvoyé chez moi pour mourir 5.
Résultats de l'anxiété nationale
Il est possible que la couverture médiatique 24h / 24 et 7j / 7 de ces événements sans précédent soit un facteur de stress supplémentaire, en particulier pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale préexistants. Les résultats de l'anxiété nationale sur la dépression, l'anxiété et la consommation de substances d'un individu méritent une étude supplémentaire.
Taux de suicide des professionnels de la santé
De nombreuses études documentent des taux de suicide élevés parmi les professionnels de la santé6. Ce groupe à risque est maintenant en première ligne de la bataille contre COVID-19. Une discussion nationale est en train de voir le jour sur les préoccupations des travailleurs de la santé concernant l’infection, l’exposition des membres de la famille, des collègues malades, le manque d’équipements de protection individuelle nécessaires, les installations débordées et le stress au travail. Cette population particulière mérite des services de soutien et de prévention.
Ventes d'armes à feu
De nombreux médias ont signalé une augmentation des ventes d'armes aux États-Unis à mesure que le COVID-19 progressait. Les armes à feu sont la méthode de suicide la plus courante aux États-Unis, et la possession ou l'accès à une arme à feu et le stockage dangereux sont associés à un risque de suicide élevé.7 Dans ce contexte, les questions de sécurité des armes à feu pour la prévention du suicide sont de plus en plus pertinentes.
Variation saisonnière des taux
Dans l'hémisphère nord, les taux de suicide ont tendance à culminer à la fin du printemps et au début de l'été. Le fait que cela coïncidera probablement avec le pic des efforts de prévention du COVID-19 est préoccupant et mérite une étude supplémentaire.
Possibilités de prévention du suicide
Malgré les défis, il existe des possibilités d'améliorer les efforts de prévention du suicide en cette période unique. Le maintien de certains efforts existants est également possible.
Distance physique, pas une distance sociale
Malgré son nom, la distance sociale nécessite un espace physique entre les personnes, pas une distance sociale. Des efforts peuvent être faits pour rester en contact et maintenir des relations significatives par téléphone ou vidéo, en particulier chez les personnes présentant des facteurs de risque de suicide importants. Des solutions de médias sociaux peuvent être explorées pour faciliter ces objectifs.
Télé-santé mentale
Il existe un élan national pour accroître l'utilisation de la télésanté en réponse à COVID-19. Malheureusement, les traitements de télésanté mentale pour les personnes ayant des idées suicidaires sont loin derrière le domaine de la télésanté. Des opportunités d'augmenter l'utilisation de traitements fondés sur des preuves pour les personnes ayant des pensées suicidaires ont été notées pendant des années, en particulier dans les zones rurales, mais la crainte d'événements indésirables et de poursuites judiciaires a paralysé le terrain. Les disparités dans les ordinateurs et l'accès à Internet haut débit doivent également être corrigées. La recherche, le changement de culture et potentiellement même des protections législatives sont nécessaires pour faciliter la prestation de traitements de prévention du suicide à des personnes qui, autrement, ne recevraient rien.
Accroître l'accès aux soins de santé mentale
À mesure que les précautions COVID-19 se développent dans les milieux de soins de santé, il est essentiel d'envisager la gestion des personnes aux prises avec des crises de santé mentale. Les procédures de dépistage et de prévention du COVID-19 qui pourraient réduire l'accès aux soins (par exemple, les rendez-vous annulés, le renvoi des patients à domicile) pourraient inclure le dépistage des crises de santé mentale; le personnel clinique serait nécessaire dans une certaine mesure dans les milieux qui peuvent actuellement reléguer le dépistage des symptômes du COVID-19 au personnel administratif. De plus, plutôt que d'envoyer un patient avec un enfant à la maison, d'autres paramètres de traitement pourraient être envisagés (par exemple, un espace privé à l'extérieur).
Prévention du suicide à distance
Il existe des interventions de prévention du suicide fondées sur des preuves qui ont été conçues pour être dispensées à distance. Par exemple, certaines interventions brèves de contact (sensibilisation par téléphone) 8 et l'intervention Caring Letters (dans laquelle des lettres sont envoyées par la poste) 9 ont réduit les taux de suicide dans les essais cliniques randomisés. Le contact de suivi peut être particulièrement important pour les personnes positives pour COVID-19 et présentant des facteurs de risque de suicide.
Rapports médias
En raison de la contagion suicidaire, les reportages des médias sur ce sujet doivent suivre les directives de signalement et inclure le National Suicide Prevention Lifeline (1-800-273-TALK). La hotline reste ouverte.
Considérations optimistes
Il y a peut-être un bon côté à la situation actuelle. Les taux de suicide ont diminué au cours de la période qui a suivi les catastrophes nationales passées (par exemple, les attentats terroristes du 11 septembre 2001). Une hypothèse est ce que l'on appelle l'effet de rapprochement, selon lequel les individus qui vivent une expérience partagée pourraient se soutenir mutuellement, renforçant ainsi la connectivité sociale. Les récents progrès technologiques (par exemple, la vidéoconférence) pourraient faciliter le rapprochement. Les épidémies et les pandémies peuvent également modifier les opinions sur la santé et la mortalité, rendant la vie plus précieuse, la mort plus redoutable et le suicide moins probable.
Conclusions
Les préoccupations concernant les résultats secondaires négatifs des efforts de prévention de COVID-19 ne doivent pas être prises pour impliquer que ces mesures de santé publique ne doivent pas être prises. Cependant, la mise en œuvre devrait inclure une approche globale qui tient compte des multiples priorités de santé publique des États-Unis, y compris la prévention du suicide. Il existe des possibilités d'améliorer les services de prévention du suicide pendant cette crise.
Article Information
Corresponding Author: Mark A. Reger, PhD, VA Puget Sound Health Care System, 1660 S Columbian Way (S-116), Seattle, WA 98108 (mark.reger@va.gov).
Published Online: April 10, 2020. doi:10.1001/jamapsychiatry.2020.1060
Conflict of Interest Disclosures: None reported.
Disclaimer: The views expressed in this article are those of the authors and do not necessarily reflect the position or policy of the Department of Veterans Affairs or University of Washington.
References
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https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2764584
Pourquoi faut-il davantage de prudence sur la couverture médiatique du suicide en période de crise sanitaire ?
source Programme Papageno 07/04
La crise sanitaire que nous vivons actuellement confronte l'ensemble des français à l'incertitude et à la perte de repères, voire, pour bon nombre, à en sentiment d'angoisse et d'insécurité. Bien que nécessaires, les mesures mises en place pour y faire face, fragilisent des liens sociaux : confinement, distanciation sociale, isolement, etc.
Alors que les élans de solidarité et les coopérations sont nombreux, le manque de cohésion et de régulation engendrent des changements importants qui peuvent faire le lit d'idées suicidaires.
Les craintes d'assister à une augmentation des suicides sont partagées par la communauté des soignants. Que peut-on faire ?
En terme de prévention du suicide, tout à chacun a un rôle à jouer :
l'entourage : Même s'ils sont virtuels, les liens sociaux peuvent être maintenus en utilisant les techniques à notre disposition : téléphone, mail, réseaux sociaux, visioconférence... Passer un appel à un proche, prendre de ses nouvelles, s'inquiéter de son bien-être peut changer la donne.
les associations : Disponibles pour la plupart par téléphone ou par chat, plusieurs associations apportent soutien et écoute aux personnes isolées et en situation de vulnérabilité.
les soignants : Mobilisés pour maintenir le lien avec les personnes déjà connues des services de soins, de nombreux professionnels de santé mentale se sont réorganisés afin de compléter la palette de soutien psychologique : renforts d'équipes de psychologues au sein des régulations du Samu centre 15, ligne d'appel nationale pour les personnes en détresse, dispositifs de soutiens aux endeuillés.
les journalistes : Plus que jamais, le rôle des journalistes est essentiel afin de limiter un effet d'incitation suicidaire (effet Werther) à laquelle la période se prête de façon inquiétante, et promouvoir un effet de prévention (effet Papageno). Nous invitons donc à une grande prudence en cas de médiatisation de cas de suicide et rappelons les 12 recommandations de l'OMS à ce sujet.
Prenez soin de vous et de vos proches. N'oubliez jamais que vos proches, votre famille, votre entourage, votre communauté... sont d'une aide précieuse dans ce contexte ; n'hésitez pas à les contacter. En cas de grande détresse psycho-sociale (caractère anxiogène du confinement, sentiment d'insécurité, difficultés relationnelles...), appelez le 15.source Programme Papageno 07/04
https://papageno-suicide.com/
Coronavirus et risque suicidaire
La pandémie de Coronavirus est venue brusquement chambouler nos habitudes et notre mode de vie. Pour cette raison, le bien-être et la santé mentale de chacun.e peuvent être mis à mal.
Dans ces circonstances, informer sur le risque suicidaire reste essentiel, mais il est plus que jamais nécessaire de prendre toutes les précautions afin d'éviter l'effet d'imitation (effet Werther).
Pour cela soutenir le travail des professionnel.le.s de l'information sur cette thématique, STOP SUICIDE a synthétisé les recommandations de la prévention dans un document unique, présentant également les ressources d'aide en lien avec la pandémie.
Nous sommes également à disposition pour les journalistes :
leonore@stopsuicide.ch
Lire la fiche d'information
http://www.info-suicide.be/recommandations-de-bonnes-pratiques/
Dossier spécial Recommandations de bonnes pratiques en prévention du suicide
COMMENT COMPRENDRE le phénomène du suicide, COMMENT REPERER les personnes à risque, QUE FAIRE et COMMENT REAGIR face à une personne en crise suicidaire ? Que l’on soit un particulier, un professionnel de la santé ou un journaliste, nous pouvons tous être confrontés de différentes façons au suicide. C’est pour cette raison que le Centre de référence de prévention du suicide a mis en place diverses recommandations de bonnes pratiques afin d’être préparé au mieux à cette éventualité.
Nous avons mis en place trois documents.
Le premier s’adresse à la population. Que dire ? Quels gestes adopter ? Nous répondons à toutes ces questions.
Recommandations population générale Le deuxième document concerne tous les professionnels de la santé. Que vous travaillez avec des adolescents, des adultes, des personnes âgées ou encore avec des personnes incarcérées, nous vous proposons différents conseils pour prendre en charge une personne en crise suicidaire et pour appliquer au mieux la prévention suicide. Recommandations pour les professionnels du secteur psycho-médico-social Le troisième document s’adresse quant à lui aux journalistes. Thématique récurrente dans l’actualité, les journalistes doivent parfois aborder des cas de suicide. Comment en parler sans tomber dans le drama, sans donner trop d’informations précises et peu pertinentes ? Nous avons élaboré différents conseils pour mettre en place une médiatisation dite responsable. Recommandations journalistes
Recommandations spécifiques COVID19 à destination de la population générale Le confinement peut avoir un impact sur notre santé mentale et cela peut s’exprimer par un sentiment de solitude, des angoisses, du stress,… Afin d’éviter ces émotions négatives, nous avons mis en place un manuel de survie en période de confinement à destination de la population générale.
Manuel de survie en période de confinement – COVID-19
source http://www.info-suicide.be/recommandations-de-bonnes-pratiques/
Service Hospitalo-Universitaire –Pôle Ouest—23/03/2020 CPS Centre de Prévention du Suicide du centre hospitalier Le Vinatier CORONAVIRUS : 13 RECOMMANDATIONS POUR «MIEUX VIVRE» LE CONFINEMENT http://www.ch-le-vinatier.fr/documents/Documents/03_le_vinatier/organisation/organisation_polaire/recommandations_generales.pdf