CANADA Prévention du suicide : Ottawa va surveiller les réseaux sociaux
Prévention du suicide : Ottawa va surveiller les réseaux sociaux Publié le mardi 2 janvier 2018 ici.radio-canada.ca*
Le
gouvernement canadien engagera bientôt une compagnie offrant des
services d'intelligence artificielle dans le cadre d'un projet pilote de
surveillance des comportements suicidaires sur les réseaux sociaux.
Radio-Canada avec CBC
Une
entente avec Advanced Symbolics Inc., une entreprise installée à
Ottawa, doit être conclue dans les prochaines semaines, selon CBC.
De
concert avec l’entreprise, le gouvernement fédéral cherchera d’abord à
définir ce qui constitue une « tendance suicidaire » exprimée sur les
réseaux sociaux, pour ensuite « mener une étude de marché sur la
population canadienne », selon le texte de l’appel d’offres publié sur le site de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.
Le
projet doit commencer ce mois-ci. Un rapport final permettra au
gouvernement fédéral de juger de la pertinence d’une « surveillance
continue à l’échelle nationale ».
Advanced
Symbolics étudie les comportements humains en sélectionnant des comptes
sur les réseaux sociaux pour bâtir un échantillon représentatif de la
population. La compagnie dit analyser les publications de plus de
160 000 comptes. À titre comparatif, la méthode plus traditionnelle du
sondage téléphonique mène souvent à des échantillons composés d’environ
1500 personnes. « Ce sont tous des messages publics »
Advanced
Symbolics se défend d’être un risque pour la vie privée des Canadiens.
La compagnie dit surveiller les tendances, et non les individus, sur les
réseaux sociaux.
« Nous ne violons pas la vie privée de qui que
ce soit, ce sont tous des messages publics », précise Erin Kelly,
présidente d’Advanced Symbolics.
Kenton White, directeur des données scientifiques chez Advanced Symbolics
« Ce
serait un peu inquiétant si nous construisions quelque chose qui
surveille tout ce que les gens disent et qu’ensuite le gouvernement
communiquait avec vous pour vous dire "Bonjour, notre ordinateur nous
dit qu’il pense que vous allez probablement vous suicider" », dit Kenton
White, directeur des données scientifiques chez Advanced Symbolics.
Grâce
à l’intelligence artificielle, il serait possible de déceler des
communautés ou des régions où une augmentation du nombre de suicides
serait redoutée.
Par exemple, l’île du Cap-Breton a été touchée en
2017 par le suicide de trois adolescents. Selon M. White, la compagnie
d’intelligence artificielle peut tirer un enseignement de ces événements
malheureux et établir un scénario menant à une hausse des suicides. Des
modèles comportementaux peuvent aussi, indique-t-il, être tracés à
partir de la vague de suicides dans les communautés autochtones du nord
de la Saskatchewan, ou d’un autre milieu de vie, par exemple le milieu
étudiant.
Avec l'aide d'Advanced Symbolics, suggère l'entreprise,
le gouvernement pourrait mobiliser des ressources en santé mentale avant
une crise, plutôt qu'après. L'entreprise est d'avis qu'elle pourrait
pressentir une hausse possible des suicides et émettre un avertissement
deux à trois mois à l'avance.