La douleur morale : historique et devenir d’un concept clinique
Marc Masson, Clinique du Château, 11 bis, rue de la Porte-Jaune, 92380 Garches, France marc.masson@clinique-garches.com , Ben Muirheid-Delacroix
dans Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique Available online 12 February 2014 In Press, Corrected Proof
Source : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0003448714000079
Résumé
La douleur morale est un concept clinique majeur de la tradition psychiatrique française depuis le xixe siècle. Attribuée à Joseph Guislain, la douleur morale est liée indéfectiblement à la mélancolie par Jules Séglas qui souligne déjà son implication dans le geste suicidaire. Selon Henri Ey, la douleur morale constitue le syndrome fondamental de la mélancolie dépressive aux côtés de l’inhibition psychomotrice, du pessimisme et de l’aboulie. Encore évoquée dans les traités de psychiatrie francophones aujourd’hui, la douleur morale est cependant absente des classifications internationales (DSM-5, CIM-10). Elle ne figure pas dans les critères diagnostiques de l’épisode dépressif majeur, ni même dans les caractéristiques mélancoliques. Des études actuelles s’intéressant au suicide redécouvrent l’intérêt du dépistage de la douleur morale (grâce à des échelles psychométriques) dans la prise en charge des patients présentant un risque suicidaire. Par ailleurs, plusieurs travaux d’imagerie cérébrale ont récemment tenté d’individualiser les réseaux neuronaux (thalamus, cortex cingulaire antérieur et postérieur, cortex préfrontal, cervelet et gyrus parahippocampique) impliqués dans la douleur morale qui trouverait ainsi un espace de représentation.
Avec un paragraphe sur Douleur morale et suicidalité