Créé le 12/06/2013
FAITS DIVERS - Aux Mureaux, dans les Yvelines, un homme a voulu mettre fin à ses jours lundi, perturbant le trafic ferroviaire. La SNCF le poursuit en justice pour «entrave à la circulation». Une association d'usagers crie au «scandale»...
La nuance est subtile. «On ne poursuit pas les candidats au suicide», assure une porte-parole de la SNCF, contactée ce mercredi par 20 Minutes. Le dépôt de plainte porte sur le fait d’être «rentré dans un endroit non-autorisé». Peu importe s’il voulait se suicider ou commettre des actes malveillants. «C’est du ressort de la police et de la justice. Et cela ne nous concerne pas», poursuit fermement le transporteur.
Pour la SNCF, «il n’y a pas de polémique», quelques jours après qu’un jeune homme a été extrait des voies à la hauteur des Mureaux (Yvelines), alors qu’il assurait vouloir se suicider à la suite une «peine de cœur», comme l’a révélé Le Parisien de ce mercredi. La SNCF assure qu’à chaque intrusion, «des poursuites sont systématiquement engagées». «Cette personne est rentrée de manière illicite. Elle a enfreint la loi car elle a mis en danger sa sécurité et celle des autres», indique une porte-parole.
«Faire preuve de compréhension»
Mais pour les associations d’usagers, cette position de principe du transporteur passe mal. «C’est scandaleusement inhumain. Vraiment gonflé. La SNCF pourrait peut-être en premier lieu faire preuve de compréhension envers des gens au bord du désespoir», s’insurge Jean-Claude Delarue, président de SOS-Usagers.
«D’autant que la SNCF ne fait pas les efforts nécessaires pour prévenir ce type d’incidents. Elle ne peut pas mettre, comme c’est le cas sur certaines lignes de métros, des double-portes. En revanche, si le personnel était plus important dans les gares, les agents pourraient plus rapidement prévenir ces actes», poursuit le responsable de l’association.
De son côté, Yves Boutry, vice-président de l’Association des usagers des transports en Ile-de-France, estime qu’il «est normal que la SNCF verbalise les intrusions». «En revanche, quand il s’agit d’un suicide raté, la SNCF devrait passer l’éponge. Le poursuivre est totalement inefficace et absolument pas dissuasif pour des gens dont la détresse dépasse largement la menace d’une amende ou de poursuites», poursuit-il.
400 accidents de personnes par an
«Il ne faut pas oublier que les agents qui sont intervenus lundi lui ont sauvé la vie», tient-on à préciser au siège du transporteur qui indique que cette tentative de suicide a eu comme conséquence trente trains retardés et deux trains supprimés.
Les accidents de personnes sur le réseau ferré de la SNCF sont au nombre d’environ 400 par année, dont «une majorité en Ile-de-France».
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Suivi de l'Affaire
La SNCF retire sa plainte contre un jeune suicidaire
Au regard de la "détresse" du jeune homme de 22 ans, la SNCF a retiré sa plainte pour "entrave à la circulation", révèle Le Figaro.
"Après avoir eu connaissance des circonstances et de la détresse du jeune homme, la SNCF a décidé de retirer sa plainte", a confirmé à L'Express un porte-parole de la compagnie ferrovière.
Au moment de l'incident, la SNCF avait été contrainte d'arrêter son trafi et avait subi de nombreux retards, pour retrouver le candidat au suicide et l'exfiltrer des voies.