Pour sortir le suicide de la « boîte à outils collective »
Mise à jour le lundi 10 juin 2013
Le premier Congrès mondial sur le suicide adopte le thème « De la recherche à la pratique » afin de réunir à la
même table les intervenants, experts et chercheurs du domaine, du 10 au
13 juin à Montréal.
Pour
le directeur général de l'Association québécoise de prévention du
suicide (AQPS), Bruno Marchand, le moyen actuel le plus efficace pour
sortir le suicide de la « boîte à outils collective » est la diffusion
de l'information.
« Dans
une proportion de 80 à 90 %, ce qu'on doit faire pour éviter tout
suicide, on le connaît. Maintenant, ce qu'il reste à faire, c'est le
partager », soutient M. Marchand.
En 2010, au Québec, 1089 personnes sont décédées par le suicide, et 80 % de ces personnes étaient des hommes.
Le président de l'AQPS, Bruno Marchand
Si
la plupart des causes du suicide sont bien identifiées, une partie du
lien qui unit la physiologie du cerveau et le contexte social à l'acte
de fin de vie semble encore inexploré.
« Ce
n'est pas juste notre biologie qui influence notre bien-être, mais
c'est aussi notre vécu et notre perception de ce vécu qui influencent
notre biologie. [C'est ce qui] peut nous amener dans des cycles où la
dépression peut venir jouer encore plus fort sur notre perception d'une
situation », explique M. Marchand.
Une histoire qui parle
C'est
en partant du fait que les causes du suicide ne sont pas que
physiologiques que le professeur au département de criminologie à
l'Université d'Ottawa, Patrice Corriveau, s'est lancé dans des
recherches sur l'histoire du suicide.
En
explorant quelque 40 000 dossiers de cas de suicide depuis 1783, il a
constaté que l'évolution de cet acte est liée à certaines
spécificités socioculturelles.
« Les
Canadiens français, c'était essentiellement de la pendaison, dans les
milieux ruraux. Or, quand on arrivait à la ville, il y avait l'accès à
certaines drogues. Il y avait aussi les fusils qui étaient plus
fréquents chez les anglophones », raconte le professeur Corriveau.
Il
constate par ailleurs que certaines causes du suicide, comme la
vieillesse, la maladie ou encore les difficultés financières, ont un
ancrage historique important.
Il
précise que le suicide peut s'expliquer par un contexte social
particulier et donne en exemple le mouvement migratoire des Canadiens
français vers la Nouvelle-Angleterre, qui arrive à élucider la vague de
suicides survenue à l'époque.
Obéissant
au thème du congrès, le professeur Corriveau espère que son étude
arrivera à passer de « la recherche à la pratique » en jetant un regard
neuf sur les racines sociales du suicide.
Avec les informations de Thomas Gerbet
lien du congrès :http://www.suicide2013.org/fr/