mardi 1 mars 2022

MàJ : TAHITI Une enquête pour mieux comprendre les suicides & Manifestations / formation Fevrier mars 2022


Des enquêtes pour prévenir le suicide

Tahiti, le 28 février 2022 - Identifier des facteurs de risques suicidaires communs en menant des enquêtes auprès des personnes qui ont perdu un proche, c’est l’objectif du projet Autopsom qui va s’étendre sur deux ans. L’objectif est d’aider au mieux à la prévention du suicide qui demeure une des premières causes de mortalité sur le territoire. L’association SOS Suicide organise pour l’occasion une conférence jeudi à 19 heures à l'hôtel Tahiti à Arue.

Le travail d’enquêtes nommé Autopsom (Apport de l'autopsie psychologique à la compréhension des conduites suicidaires en Outre-mer), va être mené par une équipe constituée de psychologues, d’un anthropologue et d’un psycholinguiste qui seront formés par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).

“Il y a une formation clinique pour les intervenants d’une part, et il y a aussi un effort qui sera mené en Polynésie comme dans quatre autres territoires d’Outre-Mer”, explique Monique Séguin, professeure à l’Université du Québec dans la région de l'Outaouais et chercheur au groupe McGill d’études sur le suicide. “C’est un effort qui consistera à mener une étude pour mieux comprendre les trajectoires de vie d’une personne décédée par suicide. On veut déceler quelles sont les trajectoires et le cumul d’adversité qui arrive dans la vie des personnes décédées et de voir s’il y a des facteurs communs pour les gens habitant les territoires Outre-mer.”

Participer malgré la douleur

Les enquêtes Autopsom, qui s’étendent sur une longue durée afin d’avoir le temps d’accumuler un maximum de données, seront coordonnées par Maya Rereao, psychologue clinicienne et vice-présidente de l’association SOS Suicide. “C’est une excellente équipe avec laquelle nous allons travailler, explique la psychologue, c’est un grand honneur de participer à ça. C’est un travail très important pour nous chercheurs et qui nous permettra d’obtenir des résultats utiles pour améliorer la prévention du suicide”.

Les chercheurs encouragent les personnes qui habitent sur le territoire de la Polynésie à parler de leur souffrance et à aller chercher de l’aide. Et dans le cas où malheureusement, il y a un décès par suicide, le fait de participer à l’étude malgré la douleur personnelle permet de contribuer à aider quelqu’un d’autre. “La population doit voir cette étude non pas comme quelque chose qui se veut intrusif, mais comme quelque chose qui permettrait de mieux aider les personnes qui sont encore là”, ajoute Monique Séguin.

L’association SOS Suicide organise une conférence sur les thèmes du suicide, du psycho-traumatisme et de la Cump (cellule d’urgence médico-psychologique), jeudi à 19 heures à l'hôtel Tahiti by Pearl Resort, à Arue.

 https://www.tahiti-infos.com/Des-enquetes-pour-prevenir-le-suicide_a207469.html

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 1er post sur le sujet : 28/01/2022

 Une enquête pour mieux comprendre les suicides

TAHITI, le 27 janvier 2022 - En 2022 et 2023 une enquête épidémiologique baptisée Autopsom va être menée en outre-mer pour identifier le risque suicidaire. La Polynésie française y participe. Une équipe coordonnée par la psychologue Maya Rereao sera formée début mars. L’action de terrain démarrera dans la foulée.

Maya Rereao est psychologue et vice-présidente de l’association SOS Suicide. Elle a participé aux dernières enquêtes menées sur le thème du suicide dans le fenua: Start en 2006 et SMPG en 2017 (voir encadré). Elle est également la coordinatrice en Polynésie française de l’enquête Autopsom qui sera menée en 2022 et 2023 et qui est également le sujet de sa thèse. Elle nous en dit plus.

Que signifie Autopsom ?
"Autopsom est l’acronyme de “Apport de l'autopsie psychologique à la compréhension des conduites suicidaires en Outre-mer”.

Qu’est-ce que l’autopsie psychologique ?
L’autopsie psychologique repose sur des entretiens avec les proches du défunt et vise à connaître les circonstances entourant le décès, les diagnostiques psychiatriques, le parcours de soin. L’entretien de plusieurs heures est une sorte de conversation semi-dirigée. On peut compléter ce travail en lisant les dossiers médicaux et enquêtes de police si nous y avons accès. Un des spécialistes actuels au niveau mondial de l’autopsie psychologique est la professeure Monique Seguin qui travaille au Canada et qui viendra à Tahiti début mars pour former l’équipe polynésienne d’Autopsom.

Pouvez-vous nous décrire Autopsom, quand se déroulera-t-elle et où ?
Cette étude, à l’initiative de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), va se dérouler en 2022 et 2023 dans différents territoires d’outre-mer : la Polynésie mais aussi, la Réunion, la Guyane et la Martinique. Nous aurons en plus un site en France, à Amiens, qui servira de référence. Nous travaillerons sur 25 à 30 cas au plus par territoire, ce qui nous semble représentatif. Nous aurons les premiers résultats en 2024. Chaque territoire aura sa propre équipe de recueil des données.

Quel est le but de cette étude ?
Autopsom vise à identifier des facteurs de risque suicidaire communs ou spécifiques sur ces territoires. Nous essaierons d’identifier également des nouveaux facteurs de risque parmi les facteurs socioculturels afin de mettre en place des programmes de prévention plus adaptés. À terme, nous envisageons d’initier une coordination du monitorage des suicides, de créer une sorte d’observatoire toujours dans un souci de prévention. Une attention sera portée sur la violence comme facteur traumatique favorisant le suicide, les violences conjugales et celles faites aux enfants.”

Qui compose l’équipe polynésienne de travail ?
Il y a un psycholinguiste mais il ne sera pas sur place, quatre psychologues et une anthropologue, Simone Grand. Nous connaissons plus ou moins les facteurs de risque sur les territoires, mais nous pensons que certaines choses nous échappent encore. Le fait qu’un psycholinguiste et une anthropologue soient associés est très innovant et précieux.”

Quels sont les chiffres en Polynésie, et qui est concerné ?
Il y a environ 200 tentatives de suicide et 30 à 40 morts par suicide par an en Polynésie (200 décès par an sur tous les outre-mer). Cela touche plutôt les hommes. C’est la première cause de mortalité chez les adultes de 25-45 ans. Nous savons grâce aux enquêtes précédentes que les chiffres sont sous évalués.

États des lieux

Deux études ont déjà été menées sur le territoire pour faire un bilan de la situation, mieux comprendre les facteurs de risque qui peuvent mener au suicide.

En 2006, START était réalisée sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’enquête s’est intéressée aux tentatives de suicide (Amadéo et al, 2016) et aux suicides aboutis (Amadéo et al, 2021) : facteurs de risques mettant en lumière un lien entre le suicide, la crise économique, les changements politiques. Un autre composant s’intéressait à un dispositif de prévention (Amadéo et al, 2015), qui s’est prolongé par une enquête locale intégrant la culture polynésienne (Amadéo et al, 2020). Ces publications sont disponibles sur le site web de SOS Suicide.

L’étude la santé mentale en population générale : images et réalités (SMPG), réalisée entre 2015 et 2017, a cherché à en savoir plus sur les représentations de la maladie psychiatrique en Polynésie et le risque suicidaire. Il s’agissait d’une recherche-action internationale menée par l’association septentrionale d’épidémiologie psychiatrique (Asep) et le centre collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale de Lille. Les résultats sont pour l’instant en cours de publication. Ces enquêtes ont pu être faites grâce au soutien de l’association SOS Suicide, le CHPF, la CPS, le Ministère de la santé, l’ARASS et le Procureur de la république.


Rendez-vous

Le samedi 5 février, un regroupement est prévu de 13 à 16 heures à la mairie de Pirae à l’occasion de la journée nationale de la prévention du suicide : “Plaidoyer pour une prévention partagée”. L’association SOS suicide invite les associations et les confessions religieuses pour les sensibiliser à la problématique. L’entrée est ouverte à tous.

Du 2 au 3 mars une formation est prévue sur l’intervention de crise suicidaire par la professeure de psychologie et de psychoéducation à l’Université du Québec Monique Séguin. Le professeur Louis Jehel, chef de service et professeur au CHU d’Amiens formera des intervenants dans une Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) (les 28/02 et 01/03) avec la participation des Pr Stéphane Amadéo (CHU de Martinique) et Moerani Rereao (doctorante Paris Saclay), avant le 31 janvier.

Une conférence “Faire face aux traumatismes et aux conduites suicidaires, pourquoi la prise en charge est une urgence, comment améliorer la prévention ?” sera donnée le 3 mars à 19 heures (hôtel Tahiti Pearl Resort) sur la prévention du suicide et du psychotrauma (contacter l’association au 87 (89).20.25.23) ou par mail : mrereao1@gmail.com). 

 

https://www.tahiti-infos.com/Une-enquete-pour-mieux-comprendre-les-suicides_a206744.html