Mineurs non accompagnés accueillis au centre psychiatrique d’orientation et d’accueil de l’hôpital Sainte-Anne, Paris
Author links open overlay panelL.Chamia
A. Pham-Scottez a, J. Silva a, A.-K. Trebalag b, R. Gourevitch a
a CPOA, GHU Paris psychiatrie et neurosciences, 75014 Paris, France
b CMPEA de Saint-Louis, pôle Santé Mentale, CHU Sud Réunion, Saint-Louis, France
Available online 15 March 2022.
Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence
https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2022.02.003Get rights and content
Résumé
Depuis sa création, le centre psychiatrique d’orientation et d’accueil (CPOA) reçoit et prend en charge les patients mineurs de 16 à 18 ans. Parmi eux le taux de patients mineurs non accompagnés (MNA) n’a cessé d’augmenter, passant de 10 % en 2016 à 12 % en 2018. La rencontre des patients MNA survient le plus souvent à l’acmé de la crise, quand leurs ressources personnelles sont dépassées et que ces jeunes expriment un état de souffrance psychique sévère. Notre objectif était de comprendre qui sont ces jeunes MNA que l’on accueille, tant dans leurs particularités que dans les points communs cliniques et thérapeutiques qu’ils partagent avec les autres adolescents. Nous avons pour cela mené une étude de cohorte rétrospective et observationnelle sur les 52 patients MNA accueillis au CPOA en 2018 afin de dresser leur portrait, d’identifier les spécificités de leur prise en charge, de leur orientation et de leur accès aux soins, pour ensuite mettre en regard ces résultats à ceux des autres patients mineurs non MNA accueillis au CPOA la même année. Les MNA rencontrés au CPOA en 2018 sont le plus souvent des garçons âgés de 16 à 17 ans, aux ressources limitées et dans une grande détresse psychique exprimée par une symptomatologie psychiatrique aiguë. Les MNA présentent davantage de crise suicidaire (19 %) que les patients mineurs non MNA (13 %) et leur prise en charge montrait davantage de consultations prolongées au CPOA (44 % contre 41 %) dénotant les dimensions de précarité et d’isolement qui compliquent la sectorisation et l’étayage ambulatoire de ces jeunes. Cette étude a également permis de nous interroger sur l’existence de prises en charge en urgence pour les MNA. Même s’il existe peu de recommandations à ce jour, il est important de se saisir d’une réintroduction du temps dans l’urgence, afin de recréer une unité de lieu et de temps suffisamment contenante pour des jeunes dont le parcours de vie est émaillé de ruptures.
Source https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0222961722000460