Lancement d'un collectif de start-up dédié à la santé mentale
Sept start-up spécialisées dans l'e-santé annoncent ce 17 mars le
lancement du collectif "MentalTech" dédié à la santé mentale. Il s'agit
de HypnoVR
(thérapies par réalité virtuelle), Kwit (application pour arrêter de
fumer), MindDay (coaching en santé mentale), Petit Bambou (méditation), Qare
(téléconsultation), ResilEyes (accompagnement des personnes victimes de
stress post-traumatique) et Tricky (prévention via des jeux).
"Nous nous sommes rassemblés pour tenter de convaincre les pouvoirs
publics de la nécessité d'accélérer le déploiement de solutions
numériques éthiques et souveraines en santé mentale", explique Fanny Jacq, psychiatre, directrice santé mentale au sein de Qare et présidente du collectif jusqu'en juin 2022.
Améliorer les soins tout en faisant des économies
MentalTech estime que le déploiement de ces services pourrait permettre "d'améliorer la vie des patients, faciliter le travail des soignants" mais aussi de "réaliser des économies considérables".
Pour prouver ces bienfaits, il a mandaté l'Institut Sapiens, un
think-tank, pour mener une étude. Cette dernière montre que les
pathologies mentales engendreraient une perte de produit intérieur brut
(PIB) de 92 milliards d'euros et de 25 milliards d'euros pour les
entreprises.
Erwann Tison, directeur des études de l'Institut Sapiens et auteur du
rapport, propose quatre leviers d'amélioration. Le premier est
d'augmenter le poids de la recherche en santé mentale. En comparant
l’effort de recherche en volume, l'étude indique que la France alloue
deux fois moins de ressources en santé mentale que l’Espagne et le
Royaume-Uni, trois fois moins que la Finlande et cinq fois moins que les
Etats-Unis. Rien de surprenant puisque le budget global de la recherche publique s'écroule depuis plusieurs années en France.
Ensuite, il faudrait améliorer drastiquement la prévention dans ce
domaine. Chaque patient atteint de troubles psychiatriques verrait son
espérance de vie réduite de 10 à 20 ans par rapport à la population
générale, à cause d’un déficit d’accès aux soins, d’un risque élevé de
comorbidités somatiques et d’un taux élevé de suicide, indique l'étude
citant un rapport de la Cour des comptes. De plus, elle recommande
d'améliorer le suivi pour limiter le nombre de rechutes, et enfin
d'augmenter le recours aux outils numériques. Il ne serait que de 1%
contre 15% pour les Pays-Bas, et une moyenne de 8% pour l’Allemagne,
l’Irlande, le Royaume-Uni et la Belgique.
L'étude met en avant la réduction du temps et du coût liée à
l'utilisation des solutions numériques. Elle estime par ailleurs que la
diminution du coût ne serait pas uniquement financière mais également "cognitive", car "le numérique permet de dédramatiser la pathologie mentale individuellement et de mieux aider les patients à les traverser". Erwann Tison y voit aussi une façon de réduire le recours aux psychotropes.
Des bienfaits encore à prouver scientifiquement
Ces bienfaits restent cependant hypothétiques car les études
scientifiques sur le recours aux outils numériques dans la gestion de la
santé mentale restent encore rares. De plus, ils ne sont pas forcément
très adaptés aux personnes âgées, qui sont très touchées par la
consommation de médicaments. En effet, au-delà de 70 ans, une personne
sur deux consomme de façon prolongée des médicaments anxiolytiques ou
hypnotiques (benzodiazépines), d'après la Haute Autorité de Santé (HAS).
MentalTech n'est pas la première initiative dans la santé mentale. En
septembre 2021, à l'occasion de la clôture des Assises de la santé
mentale et de la psychiatrie, l'accélérateur IMPACT
a été lancé. Il est composé de PariSanté Campus, la Fondation
Université de Paris, l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP),
France Biotech, l'Alliance pour la Recherche et l'Innovation
des Industries de Santé (ARIIS), la Fédération Française de
l’Assurance, AXA France ainsi que les laboratoires Janssen France,
Otsuka et Eisai. Son objectif est de favoriser l'émergence de solutions
innovantes pour remédier aux ruptures de parcours de soins du jeune
adulte et de l'adulte.
source https://www.usine-digitale.fr/article/lancement-d-un-collectif-de-start-up-dedie-a-la-sante-mentale.N1797152
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MentalTech : déployer des outils numériques en santé mentale
Posté le 17 mars 2022 par Anaïs SCHAMBIL https://www.medtech-strasbourg.eu/*
Le collectif MentalTech a été fondé par 7 entreprises françaises (dont deux Strasbourgeoises, HypnoVR et Kwit) de la santé pour évaluer le coût de la santé mentale. Il en résulte que le déploiement des outils numériques en santé mentale permettrait à la France de réaliser une économie de plus de 15 milliards d’euros.
La santé mentale est devenue, en l’espace de quelques mois, un enjeu majeur de santé publique. A juste titre, puisque l’on estime aujourd’hui à 12 millions le nombre de personnes concernées directement par une pathologie d’ordre psychique (pathologies lourdes mais aussi dépression, anxiété, addiction…), soit d’un Français sur cinq. Un chiffre qui a de quoi alarmer, d’autant qu’il ne cesse d’augmenter, après deux années de pandémie mondiale et une rentrée marquée par le conflit ukrainien. Soucieuses de contribuer à la prise de conscience comme à la mise en action, et intrinsèquement convaincues de la chance que représente le numérique pour notre santé mentale, 7 entreprises françaises innovantes se sont réunies pour créer le premier collectif dédié, MentalTech.
« Toutes et tous actrices et acteurs de la prévention, du diagnostic, ou du traitement des pathologies psychiques, en tant que médecins ou entrepreneurs, nous nous sommes rassemblés pour tenter de convaincre les pouvoirs publics de la nécessité d’accélérer le déploiement de solutions numériques éthiques et souveraines en santé mentale, en ce qu’elles peuvent réellement améliorer la vie des patients, faciliter le travail des soignants, mais aussi permettre au pays de réaliser des économies considérables, sur un sujet qui occupe aujourd’hui le premier rang des dépenses de soins ! » Dr Fanny Jacq, psychiatre, directrice santé mentale chez Qare & présidente du collectif MentalTech jusqu’en juin 2022.
En effet, chaque année, l’Assurance Maladie consacre à la santé mentale, plus de 23 milliards d’euros de dépenses (16 milliards au titre des maladies psychiatriques et 7 milliards pour les traitements psychotropes), ce qui est plus que les ressources allouées au cancer (18 milliards d’euros) et aux maladies cardio-vasculaires (13,4 milliards d’euros).
La santé mentale des Français
L’OMS estime que la pandémie a engendré une augmentation des troubles psychiques dans le monde (+27,6% de troubles dépressifs, +25,5% de troubles anxieux), des volumes similaires à ceux observés en France.
La dernière étude COVIPREV nous apprend elle que la prévalence des états anxieux est de plus en plus élevée (25% vs 14% dans le baromètre santé de 2017). Les chiffres alarmants, les témoignages chaque jour plus nombreux, le manque d’actions concrètes des pouvoirs publics, dénotent d’une urgence de la situation sur un mal qui tend à devenir celui du 21ème siècle.
Une urgence qui est également économique ! Une étude de l’Institut Sapiens pour le collectif MentalTech montre que les pathologies mentales engendreraient ainsi une perte de PIB estimée à 92 milliards d’euros (3,7% du PIB) pour la France et des pertes estimées à 25 milliards d’euros par an (1% du PIB) pour les entreprises.
Une étude mandatée par MentalTech
Le collectif MentalTech, afin d’alerter les pouvoirs publics sur cette situation, a fait appel à l‘Institut Sapiens afin de déterminer comment le numérique pouvait apporter son concours à ces problématiques. Voici quelques extraits :
Estimation du coût annuel du mal-être au travail à 13 340€ par salarié concerné par an (représentés par l’absentéisme dans les entreprises et la baisse de productivité). Les pathologies mentales représentent la première cause d’arrêts maladie de longue durée en France, ainsi que la première cause d’invalidité.
En intégrant l’impact associé à la perte de qualité de vie pour les malades, les pathologies mentales engendreraient ainsi une perte de PIB estimée à 92 milliards d’euros (3,7% du PIB) pour la France et des pertes estimées à 25 milliards d’euros par an (1% du PIB) pour les entreprises.
Chaque année, c’est ainsi l’équivalent des budgets de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche qui sont
perdus, à cause des défaillances en matière de détection, de suivi et de traitement des pathologies mentales.
Retrouvez l’intégralité de l’étude ci-dessous :
Les-outils-numeriques-une-chance-pour-notre-sante-mentale_Inst.-Sapiens-mars2022Télécharger
Le numérique, allié de poids pour les maladies mentales
Depuis 70 ans, les soins psychiatriques n’ont en réalité que très peu évolué et demeurent figés sur le modèle suivant : recherche de symptômes lors d’un entretien, remplissage de questionnaires par le patient, pose d’un diagnostic et mise en route d’un traitement médicamenteux.
Or, la crise du COVID l’a démontré, le numérique est un levier pour accompagner les transformations de l’offre de soins en santé mentale.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a lui-même rappelé que « nous devons capitaliser plus efficacement sur les réussites et les innovations. […] Il nous faut prendre le virage du numérique qui, en santé mentale, reste insuffisamment exploité ».
Les solutions de demain
Pour le collectif MentalTech, l’Institut Sapiens dresse un panorama des innovations existantes et possibles, ainsi que du détail de l’ensemble des bénéfices induits par le numérique :
Développer une nouvelle vision de la santé mentale
Améliorer la prévention
Déployer une approche innovante de la détection
Faciliter l’accès aux soins, pour toutes et tous
Faire baisser le coût de l’accompagnement thérapeutique
Améliorer le suivi des patients
Optimiser la prise en charge
Réduire la consommation de psychotropes
Alléger la charge mentale
En se projetant sur un déploiement massif des solutions existantes en France, il est possible d’estimer une économie potentielle de 15,3 milliards d’euros pour le pays.
Le collectif MentalTech : une vision commune de la santé mentale
Le collectif MentalTech est le premier collectif français dédié à l’émergence de solutions numériques en santé mentale. Il est créé en mars 2022 par 7 membres fondateurs : HypnoVR, Kwit, mindDay, Petit BamBou, Qare, mesilEyes Therapeutics, et Tricky. HypnoVR et Kwit sont deux entreprises alsaciennes déjà primées à de nombreuses reprises. Ces derniers, déjà convaincus de l’urgence sociale, avaient l’intuition qu’elle devenait également économique : sentiment confirmé par l’étude menée par l’Institut Sapiens. Le collectif MentalTech a vocation à rassembler organismes privés et publics autour d’une ambition forte : répondre à l’urgence de déployer des outils numériques éthiques dans la prévention et la prise en charge de la santé psychique, aux côtés des soignants. Sa présidence est incarnée jusqu’en juin 2022 par le Dr Fanny Jacq, psychiatre et directrice santé mentale chez Qare.
MentalTech : les trois objectifs majeurs du collectif
Décloisonner le débat public
Ouvrir le dialogue avec toutes les instances concernées pour contribuer à faire de la santé mentale la grande cause de santé publique au sein d’un écosystème local, coopérant et inclusif.
Démocratiser et accélérer les usages
Contribuer à la diffusion d’informations et de bonnes pratiques auprès des citoyens, des professionnels de santé et des intervenants pour faciliter l’utilisation, l’acceptation, la prescription et le remboursement des solutions technologiques et numériques en santé mentale.
Renforcer la contribution économique de la filière
Produire des solutions aptes à moderniser et optimiser le système de soin; fédérer et animer la filière pour faire de la France un futur champion de la e-santé mentale.
« La France n’a plus le temps de tergiverser sur le bien-fondé (qualité, efficacité, sécurité) des innovations technologiques dans la prévention et la prise en charge des troubles psychiques. Que nos intentions communes relèvent d’une plus grande accessibilité des soins et traitements partout sur le territoire, d’une incontestable économie de moyens, d’une ambition d’exister sur la scène numérique mondiale, ou même des trois à la fois, le débat devrait aujourd’hui seulement concerner les modalités de déploiement de ces solutions. Nous en appelons au prochain Président élu : faites de la santé mentale la grande cause de ce quinquennat. Nous avons toutes et tous le droit de disposer des moyens d’aller bien. »les membres fondateurs du collectif MentalTech.
Source https://www.medtech-strasbourg.eu/fr/mentaltech-un-collectif-qui-agit-pour-la-sante-mentale/