M.-N. Vacheron a, ⁎ , R. Dugravier b, V. Tessier c, C. Deneux-tharaux d
Résumé
Le suicide maternel est une réalité encore trop méconnue par les psychiatres, et les intervenants de première ligne. Le 6e rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM) apporte des enseignements sur la fréquence, les facteurs de risque, les causes, l’adéquation des soins et l’évitabilité des morts maternelles survenues en 2013–2015 en France. Il montre la persistance d’inégalités sociales et géographiques de mortalité maternelle. Si le taux global reste stable, le profil des causes évolue : les maladies cardiovasculaires et les suicides deviennent les deux causes les plus fréquentes de mort maternelle. L’analyse qualitative du parcours des femmes décédées permet de dégager des facteurs d’évitabilité utiles pour cibler les éléments des soins et de leur organisation à améliorer. Il apparaît indispensable d’anticiper la grossesse par une consultation ante conceptionnelle afin d’adapter les thérapeutiques, favoriser la définition de parcours de soins plus personnalisés, sécurisés et coordonnés pour les femmes présentant une pathologie psychiatrique et les soutenir dans leur parentalité. Il faut également dépister les troubles psychiatriques apparaissant en cours de grossesse ou en post-partum par des évaluations régulières. Les troubles de l’humeur et de l’anxiété périnataux sont fréquents mais sous-diagnostiqués. Non traités, ils peuvent avoir des effets délétères sur les femmes et leurs enfants, allant d’un risque accru de mauvaise observance des soins médicaux, de perte de ressources interpersonnelles et financières, de toxicomanie, de troubles de l’interaction mère-enfant, jusqu’au suicide. La formation et la diffusion de bonnes pratiques tant du côté obstétrical que psychiatrique sont essentielles à la prévention.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Suicide, Grossesse, Facteurs de risques, Symptômes d’alerte, Consultation préconceptionnelle