Carhaix-Plouguer Dans le Pays Cob, un dispositif de soutien psychologique pour les élus en détresse
Jean-Noël Potin
Après avoir lancé, cet été, un dispositif d'accompagnement psychologique à destination des entrepreneurs, le Pays Cob va désormais mettre en place un soutien équivalent pour les élus.
Il s'agira d'une première dans l'Hexagone ! Le Pays Cob va en effet expérimenter, à destination des élus du territoire, l'équivalent de ce qui a déjà été mis en place pour les chefs d'entreprise dans le cadre du dispositif Apesa (Aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aiguë).
« Ce dispositif a été d'abord lancé en 2013, en Charente-Maritime, pour répondre aux situations de détresse constatées chez les chefs d'entreprise dans les tribunaux de commerce, rappelle Erika Denoual, chargée de mission santé au Pays Cob. Il s'est développé partout en France, et notamment dans le Pays Cob l'été dernier. »
Le rôle des sentinelles
Une douzaine de sentinelles ont ainsi été formées en juin et l'idée est d'en avoir au moins une cinquantaine à terme. « Plus nous aurons de sentinelles sur le territoire, plus nous serons en mesure de détecter les problèmes », insiste Jean-Pierre Hémon, référent santé au conseil de développement du Pays Cob.
Leur rôle ? Repérer les chefs d'entreprise en détresse afin de déclencher l'alerte auprès d'une cellule de psychologues. Dans d'autres secteurs, le dispositif est habituellement adossé aux tribunaux de commerce. Comme il n'y en a pas sur le territoire, c'est le Pays Cob qui a porté ce projet.
« C'est la première fois que l'Apesa signe un partenariat avec une collectivité territoriale », se réjouit Caroline Lotoux, psychothérapeute en libéral et membre du réseau Apesa. À présent, l'idée est d'aller encore plus loin en étendant cet accompagnement psychologique aux élus confrontés à des événements traumatisants. Ce que ne fait pas d'ordinaire l'Apesa.
« Trace indélébile »
Le maire de Plouguernével, Alain Guéguen, rappelle à titre d'exemple que dans les six derniers mois de 2019, il a dû, en tant que maire, intervenir à la suite de six suicides survenus dans sa commune. « Quand on vit quelque chose comme ça, on est scarifié, lance-t-il, visiblement encore retourné. Je porte toujours en moi cette trace indélébile, notamment celle d'avoir annoncé la mort d'un enfant à ses parents. Contrairement aux pompiers et aux gendarmes, qui sont accompagnés après des interventions difficiles, rien n'est prévu pour les élus », regrette-t-il. Il insiste sur le fait qu'il n'y a pas que les suicides : « Les agressions verbales, les violences, les menaces, les lettres anonymes, sont le lot de tous les élus aujourd'hui ! »
« On garde tout pour nous car on veut préserver la vie de famille. Mais à trop garder, parfois, on ne tient pas, abonde le président du Pays Cob et maire de Locmalo, Jean-Charles Lohé. On prend parfois des grosses baffes et on n'y est pas préparé. » Pour Caroline Lotoux, « un échange avec un psychologue permettrait en effet aux élus de vider leur sac, et de tenter de retrouver un équilibre de vie, d'en sortir le moins déstabilisé possible ».
Temps d'échange
Le dispositif que va lancer le Pays Cob vise donc à procurer aux élus le soutien psychologique qui fait actuellement défaut. Le rôle de sentinelles pourra être tenu par les élus du territoire qui le souhaitent, et qui devront être formés à cet effet. Lors du temps d'échange organisé à Gourin, mercredi 3 novembre, les élus qui en éprouveraient le besoin pourront aussi bénéficier d'un soutien psychologique rapide, gratuit et confidentiel.
Pratique
Illustration(s) :
Le Télégramme/Jean-Noël Potin
Le Pays Cob convie les élus du territoire à un temps d'échanges, le 3 novembre, consacré à l'annonce et la gestion d'un événement grave. De gauche à droite, le président, Jean-Charles Lohé, le référent santé au conseil de développement, Jean-Pierre Hémon, la chargée de mission santé Erika Denoual, le maire de Plouguernével, Alain Guéguen, et Caroline Lotoux, psychothérapeute en libéral.