vendredi 29 octobre 2021

AUTOUR DE LA QUESTION Morts de la rue : les SDF décédés recensés en 2020 avaient en moyenne 48 ans


Morts de la rue : les SDF décédés recensés en 2020 avaient en moyenne 48 ans


Publié le 28 octobre 2021par C.M. / Localtis https://www.banquedesterritoires.fr/

Les personnes sans domicile fixe dont la mort a pu être recensée en 2020 sont en moyenne décédées à l'âge de 48 ans, contre 79 pour le reste de la population, selon un décompte publié mercredi 27 octobre par le collectif "Les morts de la rue" (CMDR) qui analyse ces décès chaque année.
D'après les données, "non exhaustives", recueillies par ce collectif, 587 personnes vivant à la rue ou en structure d'hébergement provisoire sont mortes en 2020, dont au moins une sur quatre de mort violente (agression, suicide, noyade, accident). Parmi ces 587 personnes, 24% avaient passé plus de dix ans en errance, précise le collectif dans un communiqué.
"Les morts de la rue" a également recensé le décès en 2020 de 81 autres personnes qui avaient connu une période sans domicile, et qui sont mortes en moyenne à l'âge de 58 ans. "Les personnes ayant connu un parcours à la rue même une fois entrées dans un logement subissent toujours le poids de temps passé à la rue qui impacte leur santé et l'âge moyen de leur décès", explique à l'AFP Julien Ambard, épidémiologiste.
Plus de 45% des décès recensés sont concentrés en Île-de-France (suivent les Hauts-de-France et l’Occitanie).
En 2019, au moins 531 personnes SDF étaient mortes, en moyenne à l'âge de 49 ans, selon la même source. Qui précise l'ampleur probable de la non-exhaustivité : "Selon l’étude effectuée en 2014 par des scientifiques extérieurs au CMDR, la réalité se tiendrait autour d’un peu plus de 2.000 décès par an (6.730 personnes sans domicile décédées entre 2008 et 2010)."
Quel a été l’effet de la crise sanitaire sur la mortalité des personnes SDF ? Difficile à dire pour l'heure. En tout cas, "la mobilisation sans précédent des acteurs de l’urgence sociale et des pouvoirs publics a permis d’atteindre des situations exceptionnelles au cours du premier confinement (baisse de 70 à 80% des appels au 115 entre les semaines 7 et 19, baisse des demandes non pourvues) et a contribué à contenir l’impact de l’épidémie sur cette population vulnérable", écrit CMDR dans son propos introductif à ce rapport détaillé de 94 pages.
Toutefois, au-delà des dispositions d'urgence en termes de places d'hébergement temporaires prises par le gouvernement au début de la pandémie, le collectif considère qu'il "ne suffit pas de prendre des mesures ponctuelles, aussi importantes soient-elles, pour réduire la mortalité des personnes sans chez soi, elles doivent être durables et soutenues dans le temps".




Les recommandations de CMDR

A. Mieux connaître :
- la population des "sans chez soi"
- le nombre de décès et leurs causes
B. Prévenir la perte de logement :
- rendre effective la production de logements sociaux et très sociaux par une loi de finances sans coupes budgétaires
- prévenir les expulsions locatives
- s’interroger sur l’utilité réelle des évacuations d’habitats informels (campements, bidonvilles, squats...)
- un revenu garanti pour les 18-25 ans
- accompagner la sortie des dispositifs ASE (aide sociale à l'enfance)
C. Assurer l’accès au logement pour des populations fragiles
- femmes enceintes et leurs familles
- mineurs et jeunes en danger
- demandeurs d'asile
D. Renforcer l’effectivité de l’accès au logement des publics en situation de rue dans le cadre de la politique "Un logement d’abord"
E. Accompagner le soin et la prévention


Pour aller plus loin


Accéder au rapport et à son résumé sur le site du collectif

 

Source https://www.banquedesterritoires.fr/morts-de-la-rue-les-sdf-decedes-recenses-en-2020-avaient-en-moyenne-48-ans