mardi 29 septembre 2020

Organisation Mondiale de la Santé : Santé mentale des adolescents

Santé mentale des adolescents

28 septembre 2020

Principaux faits

  • Une personne sur six est âgée de 10 à 19 ans.
  • Les problèmes de santé mentale représentent 16% de la charge mondiale de morbidité et de blessures chez les personnes âgées de 10 à 19 ans.
  • La moitié des problèmes de santé mentale commencent avant l’âge de 14 ans, mais la plupart des cas ne sont ni détectés ni traités (1).
  • À l’échelle mondiale, la dépression est l’une des principales causes de morbidité et d’invalidité chez les adolescents.
  • Le suicide est la troisième cause de mortalité chez les 15-19 ans.
  • Lorsqu’ils ne sont pas traités, les problèmes de santé mentale des adolescents ont des conséquences physiques et mentales jusqu’à l’âge adulte, limitant la possibilité pour eux de mener une vie épanouissante.

Introduction

L’adolescence (entre 10 et 19 ans) est une période la vie unique et formatrice. Les multiples changements physiques, émotionnels et sociaux, y compris l’exposition à la pauvreté, à la maltraitance ou à la violence, peuvent rendre les adolescents vulnérables aux problèmes de santé mentale. La promotion du bien-être psychologique et la protection des adolescents contre les expériences néfastes et les facteurs de risque susceptibles d’avoir un impact sur leur potentiel d’épanouissement sont essentielles non seulement pour leur bien-être à l’adolescence, mais aussi pour leur santé physique et mentale à l’âge adulte.

Déterminants de la santé mentale

L’adolescence est une période cruciale pour le développement et la pérennisation d’habitudes sociales et émotionnelles importantes pour le bien-être mental. Il s’agit notamment d’adopter des rythmes de sommeil sains, de faire régulièrement de l’exercice, de développer ses capacités d’adaptation, de résolution de problèmes et de relations interpersonnelles, et d’apprendre à gérer ses émotions. Un environnement favorable au sein de la famille, à l’école et dans la communauté en général est également important. On estime que 10 à 20% des adolescents souffrent de problèmes de santé mentale dans le monde, mais ces problèmes restent mal diagnostiqués et insuffisamment traités.(1)

De multiples facteurs déterminent les problèmes de santé mentale. Plus les facteurs de risque auxquels sont exposés les adolescents sont nombreux, plus l’impact potentiel sur leur santé mentale est important. Parmi les facteurs qui peuvent contribuer au stress à l’adolescence, il y a le désir d’une plus grande autonomie, la pression pour se conformer à ses pairs, l’exploration de l’identité sexuelle et un accès accru à la technologie et à son utilisation. L’influence des médias et les normes relatives au genre peuvent exacerber la disparité entre la réalité vécue par un adolescent et ses perceptions ou aspirations pour l’avenir. D’autres déterminants importants de la santé mentale des adolescents sont la qualité de leur vie familiale et leurs relations avec leurs pairs. La violence (y compris les sévices parentaux et le harcèlement) et les problèmes socio-économiques sont des risques reconnus pour la santé mentale. Les enfants et les adolescents sont particulièrement vulnérables à la violence sexuelle, qui est clairement néfaste pour la santé mentale.

Certains adolescents risquent davantage de souffrir de problèmes de santé mentale en raison de leurs conditions de vie, de la stigmatisation, de la discrimination ou de l’exclusion, ou encore du manque d’accès à un appui et à des services de qualité. Il s’agit notamment des adolescents vivant dans des situations humanitaires et fragiles; des adolescents souffrant de maladies chroniques, de troubles du spectre autistique, d’une déficience intellectuelle ou d’autres troubles neurologiques; des adolescentes enceintes, des parents adolescents ou des adolescents en situation de mariage précoce et/ou forcé; des orphelins; ainsi que des adolescents issus de minorités ethniques ou sexuelles ou d’autres groupes victimes de discrimination.

Les adolescents souffrant de troubles mentaux sont pour leur part particulièrement vulnérables à l’exclusion sociale, à la discrimination, à la stigmatisation (qui les rend moins disposés à demander de l’aide), aux difficultés scolaires, aux comportements à risque, aux problèmes de santé physique et aux violations des droits humains. 

Troubles émotionnels

Les troubles émotionnels apparaissent souvent à l’adolescence. En plus de la dépression ou de l’anxiété, les adolescents souffrant de troubles émotionnels peuvent aussi éprouver une irritabilité, une frustration ou une colère excessives. Les symptômes de plusieurs troubles émotionnels peuvent se chevaucher et entraîner des sautes d’humeur rapides et inattendues ainsi que des crises émotionnelles. Les adolescents plus jeunes peuvent aussi développer des symptômes physiques liés aux émotions, tels que des maux d’estomac, des maux de tête ou des nausées.

À l’échelle mondiale, la dépression est la quatrième cause principale de morbidité et d’incapacité chez les adolescents âgés de 15 à 19 ans, et la quinzième pour les 10-14 ans. Pour ce qui est de l’anxiété, elle se classe en neuvième position chez les adolescents âgés de 15 à 19 ans, et en sixième position pour les 10-14 ans. Les troubles émotionnels peuvent avoir de graves conséquences dans des domaines comme le travail scolaire et la fréquentation de l’établissement scolaire. Le repli sur soi peut aggraver l’isolement et la solitude. Dans les cas les plus graves, la dépression peut mener au suicide.

Troubles du comportement chez l’enfant

Les troubles du comportement chez l’enfant sont la deuxième cause de morbidité chez les jeunes adolescents âgés de 10 à 14 ans, et la onzième chez les adolescents plus âgés (15-19 ans). Parmi les troubles du comportement chez l’enfant, on peut citer le trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (qui se caractérise par la difficulté à être attentif, une activité excessive et le fait d’agir sans s’inquiéter des conséquences de façon inappropriée pour l’âge de l’enfant) ou des troubles du comportement (symptômes de comportement destructeur ou difficile). Les troubles du comportement chez l’enfant peuvent avoir des conséquences sur l’éducation à l’adolescence et relèvent parfois d’un comportement délictueux.

Troubles de l’alimentation

Les troubles de l’alimentation apparaissent souvent chez les adolescents et les jeunes adultes. Les femmes sont plus souvent touchées par les troubles de l’alimentation que les hommes. Les troubles de l’alimentation tels que l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie boulimique se caractérisent par des comportements alimentaires nuisibles tels que la restriction des calories ou la crise de boulimie. Les troubles de l’alimentation nuisent à la santé et coexistent souvent avec la dépression, l’anxiété et/ou l’abus de substances psychoactives.

Psychose

Les troubles qui comprennent des symptômes de psychose, notamment des hallucinations ou des idées délirantes, apparaissent le plus souvent à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Ces expériences peuvent compromettre la capacité d’un adolescent à participer à la vie quotidienne et à l’éducation, et sont souvent sources de stigmatisation ou de violations des droits humains.

Suicide et actes autodestructeurs

On estime que 62 000 adolescents sont morts en 2016 des suites d’actes autodestructeurs. Le suicide est la troisième cause de mortalité chez les adolescents plus âgés (15-19 ans). Près de 90% des adolescents du monde vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire et plus de 90% des suicides d’adolescents se produisent dans ces pays. Les facteurs de risque de suicide sont multiples: consommation nocive d’alcool, maltraitance durant l’enfance, stigmatisation à l’encontre des personnes qui cherchent de l’aide, obstacles à l’accès aux soins et accès aux moyens. La communication sur les médias numériques au sujet des comportements suicidaires est une préoccupation émergente pour cette tranche d’âge.

Comportements à risque

De nombreux comportements à risque pour la santé, comme la consommation de substances psychoactives ou les comportements sexuels à risque, commencent à l’adolescence. Les comportements à risque peuvent à la fois constituer une stratégie inefficace pour faire face à des problèmes de santé mentale et avoir de graves conséquences sur le bien-être mental et physique d’un adolescent.

À l’échelle mondiale, la prévalence de la forte consommation épisodique d’alcool chez les adolescents âgés de 15 à 19 ans était de 13,6% en 2016, les hommes étant les plus à risque.

La consommation de tabac et de cannabis est un autre sujet d’inquiétude. Le cannabis est la drogue la plus consommée chez les jeunes, environ 4,7% des 15-16 ans l'avait consommé au moins une fois en 2018. De nombreux fumeurs adultes ont fumé leur première cigarette avant l'âge de 18 ans.

La perpétration d’actes violents est un comportement à risque qui peut accroître la probabilité de décrochage scolaire, de blessures, de participation à des activités criminelles ou de décès. La violence interpersonnelle a été classée deuxième cause de décès chez les adolescents plus âgés de sexe masculin en 2016.

Promotion et prévention

Les interventions de promotion de la santé mentale et de prévention visent à renforcer la capacité de chacun à gérer ses émotions, à améliorer les solutions alternatives aux comportements à risque, à développer la résilience face à des situations difficiles ou face à l’adversité, et à promouvoir des environnements et des réseaux sociaux favorables.

Ces programmes nécessitent d’adopter une approche à plusieurs niveaux avec différentes plateformes de diffusion, par exemple les médias numériques, les établissements de soins de santé, les services sociaux, les établissements scolaires ou la communauté, de mêmes que différentes stratégies pour toucher les adolescents, en particulier les plus vulnérables.

Détection et traitement précoces

Il est fondamental de répondre aux besoins des adolescents présentant des problèmes de santé mentale précis. Ainsi, il faut éviter l’institutionnalisation et la surmédicalisation des adolescents, donner la priorité aux approches non pharmacologiques et respecter les droits de l’enfant conformément à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et aux autres instruments relatifs aux droits de l’homme. Le Programme d’action de l’OMS Combler les lacunes en santé mentale (mhGAP) fournit aux non-spécialistes des lignes directrices fondées sur des bases factuelles pour leur permettre de mieux cerner et prendre en charge les problèmes de santé mentale prioritaires dans les milieux disposant de ressources limitées.

Action de l’OMS

L’OMS s’emploie à mettre sur pied des stratégies, des programmes et des outils afin d’aider les gouvernements à répondre aux besoins des adolescents sur le plan sanitaire. Ressources clés:

L’OMS a élaboré des outils à utiliser dans les situations d’urgence pour:

Tous ces outils tiennent compte des problèmes propres aux jeunes.

(1) Kessler RC, Angermeyer M, Anthony JC, et al. Lifetime prevalence and age-of-onset distributions of mental disorders in the World Health Organization’s World Mental Health Survey Initiative. World Psychiatry 2007; 6: 168–76.

 

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/adolescent-mental-health