Publié le 13/06/2019
https://www.jim.fr/*
Avec la place « de plus en plus importante » prise par les
psychothérapies dans la prévention des conduites d’automutilation
ou/et des tentatives de suicide, il est logique de s’interroger sur
leur efficacité réelle. Cette question concerne en particulier les
thérapies d’inspiration psychanalytique, parfois décriées (à
l’heure du DSM hégémonique), pour leur approche très différente de
l’actuelle « médecine fondée sur des preuves[1].
» Pour dépassionner le débat, et surmonter ainsi les antagonismes
idéologiques sur la valeur accordée (ou refusée) à la psychanalyse,
une équipe britannique a réalisé une revue systématique et une
méta-analyse de la littérature médicale sur l’intérêt des
psychothérapies, y compris analytiques, dans l’aide aux sujets
tentés par l’automutilation ou le suicide. Cette recherche apprécie
l’action des psychothérapies avec l’objectivité (garantie par la
démarche statistique) identique à l’évaluation des traitements
médicamenteux dans les essais thérapeutiques contrôlés.
La matière initiale était importante (3 290 articles) reflétant celle du sujet : on dénombre plus de 100 000 consultations annuelles dans les hôpitaux du Royaume-Uni pour des problèmes d’automutilation, et ce nombre « sous-estime pourtant l’acuité du phénomène car la plupart des actes d’auto-agressivité ne conduisent pas à l’hôpital ». Cependant, les auteurs ne retiennent finalement que 12 essais contrôlés répondant à leurs critères d’éligibilité. Cette méta-analyse permet de conclure que « les thérapies psychanalytiques et psychodynamiques se révèlent efficaces pour obtenir une réduction du nombre de tentatives de suicide » (OR [odds ratio] = 0,469 [intervalle de confiance à 95 % de 0,274 à 0,804]).
On observe aussi « la preuve d’une réduction significative de la répétition des actes d’automutilation pour un suivi de six mois, mais non pour un suivi de douze mois. » Malgré cette atténuation de l’effet de la psychothérapie au bout d’un an, on remarque également « des effets thérapeutiques significatifs sur l’amélioration du fonctionnement psychosocial et sur la réduction du nombre d’hospitalisations. »
Si cette étude plaide ainsi pour « une efficacité à court terme des psychothérapies psychanalytiques et psychodynamiques sur la réduction des comportements suicidaires ou d’auto-agressivité », et sur « l’amélioration du bien-être psychosocial », les auteurs estiment que « le petit nombre d’essais et la qualité modérée des preuves » incitent à proposer « d’autres études de meilleure qualité » pour confirmer ces résultats et pour « préciser quelles composantes spécifiques des psychothérapies sont efficaces. »
[1] https://ccf.cochrane.org/medecine-fondee-sur-des-preuves
Dr Alain Cohen
La matière initiale était importante (3 290 articles) reflétant celle du sujet : on dénombre plus de 100 000 consultations annuelles dans les hôpitaux du Royaume-Uni pour des problèmes d’automutilation, et ce nombre « sous-estime pourtant l’acuité du phénomène car la plupart des actes d’auto-agressivité ne conduisent pas à l’hôpital ». Cependant, les auteurs ne retiennent finalement que 12 essais contrôlés répondant à leurs critères d’éligibilité. Cette méta-analyse permet de conclure que « les thérapies psychanalytiques et psychodynamiques se révèlent efficaces pour obtenir une réduction du nombre de tentatives de suicide » (OR [odds ratio] = 0,469 [intervalle de confiance à 95 % de 0,274 à 0,804]).
On observe aussi « la preuve d’une réduction significative de la répétition des actes d’automutilation pour un suivi de six mois, mais non pour un suivi de douze mois. » Malgré cette atténuation de l’effet de la psychothérapie au bout d’un an, on remarque également « des effets thérapeutiques significatifs sur l’amélioration du fonctionnement psychosocial et sur la réduction du nombre d’hospitalisations. »
Si cette étude plaide ainsi pour « une efficacité à court terme des psychothérapies psychanalytiques et psychodynamiques sur la réduction des comportements suicidaires ou d’auto-agressivité », et sur « l’amélioration du bien-être psychosocial », les auteurs estiment que « le petit nombre d’essais et la qualité modérée des preuves » incitent à proposer « d’autres études de meilleure qualité » pour confirmer ces résultats et pour « préciser quelles composantes spécifiques des psychothérapies sont efficaces. »
[1] https://ccf.cochrane.org/medecine-fondee-sur-des-preuves
Dr Alain Cohen
Références
Stephen Briggs et coll.: The effectiveness of psychoanalytic/psychodynamic psychotherapy for reducing suicide attempts and self-harm: systematic review and meta-analysis. Br J Psychiatry, 2019 ; 214 : 320–328.https://www.jim.fr/e-docs/les_psychotherapies_au_banc_dessai_des_etudes_controlees__178053/document_actu_med.phtml