vendredi 22 juin 2018

USA ETUDE RECHERCHE Examiner s'il existe des sous-types de pensée suicidaire utilisant la surveillance numérique en temps réel

D'après article : Dépression : une application mobile pour mieux détecter les pensées suicidaires
http://www.maxisciences.com* 21/06/2018 Emmanuel Perrin

Alertés par une récente hausse spectaculaire du nombre de suicides aux Etats-Unis, les scientifiques américains n’ont eu de cesse de chercher des moyens de prévenir ce fléau qui fait plus de 45.000 morts par an chez les plus de 10 ans. De récentes expérimentations utilisant des applications téléphoniques pourraient apporter un nouvel espoir.

La mort par pendaison de deux grandes figures publiques, le mois dernier et à quelques jours d’intervalle, celle de la créatrice de mode Kate Spade et celle du chef-critique culinaire Anthony Bourdain, a cruellement rappelé que le taux de suicide avait bondi de 30% aux Etats-Unis depuis 1999. Un terrible constat qui a encouragé les chercheurs à mener plusieurs études sur l’intérêt du monitoring en quasi temps réel des pensées noires qui peuvent précéder le passage à l’acte.

Une surveillance digitale plus fréquente et régulière

Jusqu’à présent le corps médical surveillait l’évolution de pensées suicidaires sur de longs intervalles de temps : sur une semaine, sur un mois et même sur une année et ce contrôle se déroulait généralement à l’hôpital ou dans des laboratoires. Une méthode limitative selon des travaux de 2009 qui montrent qu’en fait ce type de pensées apparait soudainement et varie en intensité d’une heure à l’autre chez les personnes qui ont déjà tenté de se suicider.

C’est pourquoi une équipe de psychologues de l’Université de Harvard a mené plusieurs études pour tester la surveillance numérique dans un laps de temps plus réduit. Les adultes volontaires (51 recrutés sur des forums liés au suicide et 32 qui avaient été hospitalisés après avoir attenté à leur vie ou après avoir eu des pensées morbides) ont reçu un smartphone.

Equipé d’une application, il a pisté 4 fois par jour l’évolution de leurs pensées en se basant sur leur fréquence, leur intensité et leur variabilté. Cinq profils en sont ressortis. Dans un article qui sera bientôt publié dans la revue Depression and Anxiety, Evan Kleiman le psychologue en charge de l’étude remarque que l’un d’entre eux présente le plus de risque de passer prochainement à l’acte. Il s’agit de celui des personnes dont le profil est caractérisé par des pensées suicidaires plus fortes et plus persistantes.

Le suicide 2e cause de mortalité chez les adolescents

Les jeunes ne sont pas épargnés, comme l’atteste une récente étude de l’Université Vanderbilt (Tennessee). Le taux de suicides ou de tentatives a doublé chez les teenagers américains. En France et selon un rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS), le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans (après les accidents de la route).

Des chiffres qui expliquent sans doute la décision d’Evan Kleiman de participer à des travaux similaires, sous la direction de Matthew Nock également psychologue à Harvard.300 adultes et 300 adolescents avec un passé suicidaire seront sous surveillance numérique pendant 6 mois. Ils répondront depuis un smartphone à des questions et porteront des capteurs qui contrôleront leurs cycles d’activité et de sommeil. « Certaines personnes ont des difficultés à reconnaître à quel point elles sont désemparées sur le moment. C’est pourquoi nous avons besoin de saisir cette détresse avec des mesures non verbale », explique-t-il.

Après le test sanguin pour détecter les personnes suicidaires, désormais le smartphone pour reconnaître les signes physiques et mentaux de détresse afin de mieux prévenir un acte désespéré.
http://www.maxisciences.com/suicide/depression-une-application-mobile-pour-mieux-detecter-les-pensees-suicidaires_art41017.html