mardi 12 juin 2018

Je vais mieux merci : la BD qui parle de la dépression sans en faire une fatalité

Je vais mieux merci : la BD qui parle de la dépression sans en faire une fatalité
Par Aurélia Vertaldi Mis à jour le 11/06/2018 Publié le 05/06/2018 www.lefigaro.fr

Dans le roman graphique Je vais mieux merci, vaincre la dépression, superbement dessiné par le dessinateur turc Korkut Öztekin, l'avocat néo-zélandais Brent Williams livre le dur combat qu'il a gagné contre cette maladie qui touche plus de 300 millions de personnes dans le monde.
«Au milieu de la course de notre vie, je perdis le véritable chemin, et je m'égarai dans une forêt obscure.» Ces mots de La Divine Comédie de Dante ouvrent le roman graphique de William Brent, qui a fait un long voyage avant de retourner dans les pénates de la sérénité. Dans son ouvrage au titre évocateur Je vais mieux merci, vaincre la dépression, cet avocat néo-zélandais se met en scène pour évoquer son épineux combat contre la dépression. Un récit sincère et honnête qui ne prétend pas détenir la solution miracle. Un témoignage bouleversant et surtout empreint d'espoir.
La vie sourit à ce père de quatre enfants, quand subrepticement la maladie le submerge. Entre grosse fatigue, maux de tête et insomnies, les premiers symptômes sont trompeurs. Pour lui, ce sont simplement les signes du stress liés à une surcharge de travail. Rien d'inquiétant en somme, c'est le mal du siècle. Mais au moment où la tristesse, le manque de volonté, les crises d'angoisse et les idées suicidaires engloutissent le quotidien de William Brent, la donne change. Il quitte sa famille pour aller s'isoler, persuadé qu'il réussira à gérer seul ces maux inconnus qui le dépassent. Notre personnage s'engouffre alors dans la spirale sombre du déni, de la honte, de la colère et de l'abattement. Le couperet médical tombe: il fait une dépression.

Un voyage à part entièreAprès avoir mis un mot sur le mal qui le dévore, le protagoniste peut enfin se lancer sur la voie de la guérison. Et non sans humour, l'album, élaboré comme un voyage à part entière, évoque les nombreux traitements essayés et inefficaces, les petites victoires du quotidien... et le retour à la vie. Avec une trouvaille scénaristique salutaire, un homme bienveillant qui accompagne le protagoniste dans son périple, l'abreuvant de précieux conseils et d'explications rassurantes sur son état: «Pour moi il représente l'espoir, il est la preuve de mon espoir et de mon désir de retrouver une vie normale» a déclaré William Brent. Bien lui en a pris, ses interventions à la fois attendrissantes et édifiantes appuient la dimension émouvante de cette histoire.
«Je vais mieux merci», évoque non sans humour les multiples traitements essayés sans grande efficacité.
Graphiquement rehaussé par les planches aquarellées du dessinateur turc Korkut Öztekin, l'ouvrage offre de puissantes incarnations de cette maladie mentale. À l'instar de cette forêt chaotique et âpre, représentation dense de la dépression dans laquelle le protagoniste s'égare. Ou de magnifiques planches sépia qui relaient les souvenirs d'un passé douloureux. Plus lumineuses les illustrations des moments plus heureux achèvent ce savant va et vient graphique entre la lumière de l'espoir et l'obscurité du mal. Sans jamais tomber dans le pathos ou la niaiserie. Et avec un message clair: ne pas essayer de se sortir seul de cette maladie.
Je vais bien merci, vaincre la dépression, de Brent Williams et Korkut Öztekin, édition Tchou, 19,95 euros.
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