MàJ Le Dr Marc Fillatre élu Président de l'Union nationale pour la prévention du suicide
Le Dr Marc Fillatre élu Président de l'Union nationale pour la prévention du suicide Publié le 19 Novembre 2018
Le Dr Marc Fillatre a élu président de l'Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS).
Aujourd'hui, regroupement national d'une quarantaine d'acteurs de la
prévention du suicide, l’UNPS accompagne le travail préparatoire des
politiques dans la définition des lignes stratégiques relatives à la
prévention du suicide. Elle a une action de plaidoyer auprès des
institutions publiques et politiques pour influencer et modifier les
comportements et prises de position. Elle met en place diverses actions
et réalisations pour alerter, sensibiliser et informer l’opinion
publique sur le fait que le suicide n’est pas un sujet tabou et qu’une
prévention du suicide et de sa tentative est possible. Elle est
notamment représentée au sein de l'Observatoire national du suicide, qui
a été récemment réactivé par le ministère des Solidarités et de la
Santé, dans lequel siègent une dizaine de médecins, notamment
psychiatres, gériatres et urgentistes.
Praticien hospitalier en psychiatrie, Marc Fillatre est responsable de
l'unité d'hospitalisation des adolescents au CHU de
Tours (Indre-et-Loire) et responsable de l'activité de thérapie
familiale à la Clinique psychiatrique universitaire. Président du réseau
départemental de prévention du suicide, l'association Vies 37, il est
également l'animateur de la cellule d'aide aux étudiants en difficulté à
la faculté de médecine de Tours. Vice-président de l'UNPS depuis
plusieurs années, Marc Fillatre est référent pour la région Centre du
Groupe d’étude et de prévention du suicide (Geps). Source : Hospimédia du 16 novembre 2018 https://www.santementale.fr/actualites/le-dr-marc-fillatre-elu-president-de-l-union-nationale-pour-la-prevention-du-suicide.html
Autre article
“ Le contexte social ne va pas favoriser la baisse des suicides ”
Psychiatre
à l’unité adolescents au CHU de Tours, président de Vies 37, le Dr Marc
Fillâtre a été élu président de l’Union nationale de prévention du
suicide.
L’Union nationale de prévention du suicide (UNPS) agit-elle comme une sorte de « lobby » auprès des pouvoirs publics ? « Un
lobby, c’est tout faire pour placer ses idées en bloc. L’UNPS regroupe
quarante têtes de réseaux. Notre idée est plus de sensibiliser à tous
les niveaux sur le travail qu’il reste à faire en matière de prévention
du suicide. Nous sommes plus dans une logique de coopération que de
lobbying. On met en place des actions avec les grosses structures, on
leur apporte nos connaissances, notre expertise. » Le nombre de suicide fléchit depuis le milieu
des années 80, avec une baisse notable de 26 % entre 2003 et 2014, selon
les derniers chiffres de l’Observatoire national du suicide. Sait-on
expliquer pourquoi ? « Le suicide résulte d’une telle complexité
du vivant, d’une multitude de facteurs aléatoires, donc c’est difficile.
Les progrès de la médecine, qui ont limité les décès, mais aussi de la
prévention, ont bien sûr joué. On a constaté, sur les tranches d’âge sur
lesquelles on a fait un réel effort de prévention, c’est-à-dire les
jeunes et les personnes âgées, une baisse notable du nombre de suicides.
En Indre-et-Loire, chez les adolescents, le nombre de décès par suicide
a été divisé par deux en vingt ans, c’est encourageant ! La baisse est
moins nette, et même parfois en légère augmentation, chez les personnes
en âge de travailler par exemple. » Peut-on être optimiste ? « Quand on voit
la dégradation des conditions sociales, on redoute que la courbe se
réinverse. Le contexte social actuel ne va pas favoriser la réduction
des idées suicidaires… » Aujourd’hui, en France, il y a trois fois plus
de décès par suicide que sur les routes. Pourquoi aucune mesure de
grande ampleur n’émerge-elle ? « La prévention du suicide est
très complexe. Pour que ça marche, il faut prendre le temps et les
moyens. Si l’on fait le parallèle avec les transports, pour l’image,
c’est plus vendeur d’inaugurer une nouvelle portion d’autoroute que de
reboucher les nids-de-poule. Et pourtant, le mauvais état des routes est
une source d’accident. » Le suicide paraît plus intime, non accessible aux lois ou aux amendes… A quoi ressemblerait une prévention efficace ? « Il
y a des moyens d’agir. Quand on fait de la prévention sur d’autres
sujets, on agit sur la prévention du suicide : par exemple, quand on
agit pour que chacun soit accepté dans sa particularité. Le passage à
l’acte suicidaire est souvent lié à un sentiment de désappartenance
sociale. On peut aussi donner des moyens à la prévention de terrain, car
elle est aujourd’hui presque uniquement basée sur le bénévolat. Aussi,
il faut donner des moyens aux hôpitaux psychiatriques pour traiter les
dépressions, car parmi ceux qui sont morts par suicide, 60 à 70 %
étaient déprimés, l’avaient signalé, et n’avaient pas pu être pris en
charge… » A défaut d’un grand plan doté de financements réels, quels sont les moyens d’action ? « A
l’UNPS, on développe des actions avec des partenaires, des campagnes
avec des messages qui s’adressent à tout le monde, de la prévention
spécifique sur des groupes à risque, et de la prévention ciblée auprès
de gens qui ont déjà fait un passage à l’acte ou sont en zone rouge. Il y
a des outils qui émergent, comme l’application “ Stop blues ”, lancée
en phase de recherche opérationnelle par l’Inserm dans 70 villes en
France, dont l’agglomération de Tours, Amboise, et bientôt Chinon, qui
proposent tout un ensemble de ressources géolocalisés, accessibles à
tout moment depuis son téléphone. »
repères
Suicide : un décès par heureLe suicide en France, c’est 78.128 personnes hospitalisées et
8.885 décès, soit plus d’un mort par heure. C’est la deuxième cause de
mortalité chez les jeunes entre 15 et 25 ans, juste derrière les
accidents de la route, qui dépasse le taux de 30 pour 100.000 habitants
chez les plus de 75 ans (14,9 pour la population globale). A titre de
comparaison, la même année (en 2014), 3.384 personnes étaient mortes du
fait d’un accident de la route.
Les chiffres, faramineux, sont connus, les actions politiques presque
inexistantes. « Des choses sont faites dans les régions en zone
“ noires ”, comme la Bretagne ou le Nord, ou dans les territoires où un
décideur a fait des choix en ce sens, souvent parce qu’il a été touché
personnellement », constate Marc Fillâtre. Le mécénat privé, lui aussi,
est timide : « Les grandes entreprises ne veulent pas voir leur nom
associé au suicide. Certains nous aident, sous condition que l’on ne
fasse pas paraître leur nom ! »
Trop complexe, peu valorisante en terme d’image, la prévention du
suicide est donc le parent pauvre de la santé publique. Malgré les
chiffres.
profil> Né à Paris en avril 1959, Marc Fillâtre est arrivé à Tours à l’occasion de son internat. > En 1991, lui qui se destinait à s’installer comme
psychothérapeute libéral accepte un poste de chef de clinique à l’unité
pour adolescents, alors uniquement une unité d’hospitalisation. > En 1997, il y ouvre une unité de thérapie familiale. > Il est associé à la création de la maison des adolescents de Tours. > Il participe à la création du réseau de prévention du suicide Vies 37, et en devient président. > En 2014, il devient vice-président de l’Union nationale de prévention du suicide (UNPS). > En 2018, il est élu président de l’UNPS.