jeudi 13 décembre 2018

MàJ Guide HAS : Coordination entre le médecin généraliste et les différents acteurs de soins dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux – états des lieux, repères et outils pour une amélioration

Améliorer la coordination des soins en santé mentale : nouveau guide de la HAS (France)
Psychomédia
Publié le 9 octobre 2018

La Haute autorité de santé (HAS) présente, dans un communiqué publié le 9 octobre, de nouvelles recommandations pour améliorer la coordination des soins en santé mentale.

« Dans la prise en charge des patients souffrant de troubles mentaux, la coordination entre les médecins généralistes et les autres acteurs de soins (psychiatres, psychologues, infirmiers, etc.) est insuffisamment développée », estime la HAS.

La coordination des soins en santé mentale « est actuellement moins formalisée que dans d’autres champs ».

Pour promouvoir une évolution des pratiques, la HAS publie un guide proposant différents outils. Il est notamment destiné aux médecins généralistes exerçant en ville et aux professionnels spécialisés en psychiatrie et santé mentale (équipes des secteurs de psychiatrie, psychiatres libéraux, psychologues libéraux, urgentistes, infirmiers libéraux, pharmaciens d’officine, etc.). Un enjeu est d'améliorer la continuité des prises en charge et d'éviter les ruptures de soins.

A partir d'un état des lieux des expériences conduites à ce jour, la HAS publie une série de repères et d’outils utiles à l’atteinte de 3 objectifs opérationnels :

identifier les ressources disponibles (professionnels, établissements, dispositifs) ;

échanger les informations utiles avec les autres acteurs de la prise en charge ;

être en capacité d’accéder à des conseils de confrères, d’adresser un patient à un professionnel spécialisé en psychiatrie et santé mentale ou à un médecin généraliste et d’assurer un suivi conjoint.

Sur le site de la HAS : Coordination entre le médecin généraliste et les différents acteurs de soins dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux – états des lieux, repères et outils pour une amélioration.

*http://www.psychomedia.qc.ca/sante-mentale/2018-10-09/coordination-des-soins-france-guide-has


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Coordination entre le médecin généraliste et les différents acteurs de soins dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux – états des lieux, repères et outils pour une amélioration 
https://www.has-sante.fr/*

Le médecin généraliste est un acteur majeur de la prise en charge des troubles mentaux. Il participe à la détection et au traitement des troubles et accompagne les patients dans le cadre d’une prise en charge globale.

On constate en France une coordination insuffisamment développée entre le médecin généraliste et les professionnels spécialisés en psychiatrie et santé mentale notamment. Cette situation peut aboutir à des ruptures de soins, susceptibles d’avoir des conséquences importantes pour le patient, tant sur le plan psychiatrique que somatique.

Pour répondre à ces enjeux, la HAS propose un guide pour aider les professionnels à développer et renforcer la coordination interprofessionnelle dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux. Il présente des expériences d’amélioration conduites en France et à l’étranger ainsi que des repères et outils mobilisables de façon isolée ou combinée et en fonction des besoins, des ressources et des contraintes des professionnels.

Ce travail entre dans le cadre du programme pluriannuel « psychiatrie et santé mentale » de la HAS.

Sections
Les publics concernés par ce guide
Eléments de contexte
Une coordination nécessaire
Une coordination actuellement moins formalisée que dans d’autres champs
Pourquoi ?
Quels enjeux ?
État des lieux des expériences d’amélioration de la coordination conduites en France et à l’étranger : 5 grandes catégories d'expériences
Amélioration de la communication
Lieux d'exercice partagés
Dispositifs de soins partagés (DSP)
Coordination de parcours de santé
Dispositifs intégrés
Des repères et des outils pour aider les professionnels
Des valeurs partagées qui sous-tendent l'organisation et la structuration de la coordination
Des leviers à différents niveaux
Un processus progressif et continu impliquant plusieurs acteurs
Du côté des professionnels : conviction, implication, culture partagée
Du côté des patients et des proches
Du côté de la gouvernance
En pratique : accompagner le changement et prendre en compte le contexte local



Les publics concernés par ce guide

  • Médecins généralistes exerçant en ville (libéraux ou salariés) ;
  • Professionnels spécialisés en psychiatrie et santé mentale (équipes des secteurs de psychiatrie, psychiatres libéraux, psychologues libéraux, etc.) ;
  • Autres acteurs de proximité (urgentistes, infirmiers libéraux, pharmaciens d’officine, chirurgiens-dentistes, etc.) impliqués dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux ;
  • Dans un registre complémentaire du soin : les patients, leurs proches, les tuteurs et curateurs, les associations représentatives des usagers et des familles d’usagers, les groupes d’entraide mutuelle (GEM), les acteurs des secteurs médico-social et social, les sociétés savantes, les organismes impliqués dans la formation, les institutionnels, etc.

Eléments de contexte

Une coordination nécessaire

  • Médecin généraliste : besoin d’un accès à un avis/conseil spécialisé ou à un adressage.
  • Professionnels spécialisés en psychiatrie et santé mentale : besoin d’un accès aux soins somatiques et/ou d’un relais dans le cadre d’une prise en charge globale.
  • Coordination dans le cadre d’un suivi conjoint : échange et partage d’informations, avis, conseils, adressage.

Une coordination actuellement moins formalisée que dans d’autres champs

  • Échanges de courriers non systématiques.
  • Demandes des médecins généralistes n’étant pas toujours formulées de manière explicite.
  • Psychiatres et psychologues décrits comme étant peu accessibles.
  • Difficultés d’accès aux médecins généralistes des professionnels spécialisés en psychiatrie et santé mentale.

Pourquoi ?

  • Une réticence à l’échange et au partage d’informations du côté des patients et des professionnels.
  • La construction d’une relation de confiance avec d’autres professionnels, au-delà de la dualité patient-soignant, plus difficile.
  • Un contexte démographique des professionnels de santé contraint.

Quels enjeux ?

  • Améliorer la continuité des prises en charge et éviter les ruptures de soins en visant l’alliance thérapeutique.
  • Mieux prévenir et prendre en charge les troubles mentaux d’une part et les comorbidités somatiques, plus fréquentes chez les patients souffrant de troubles mentaux, d’autre part.
  • Permettre une meilleure gestion du temps pour les patients et les professionnels.


État des lieux des expériences d’amélioration de la coordination conduites en France et à l’étranger : 5 grandes catégories d'expériences

Amélioration de la communication

  • Échange d’information et liaison : annuaires de ressources, lignes téléphoniques dédiées, contenu standardisé de courriers, utilisation des messageries sécurisées, etc.
  • Processus renforcés d’adressage vers les soins spécialisés : formalisation des conditions d’adressage et des rôles de chaque professionnel.

Lieux d'exercice partagés

  • Lieux d’exercice communs entre médecins généralistes et professionnels spécialisés en psychiatrie et santé mentale, mais également avec d’autres acteurs de proximité, notamment des infirmiers.

Dispositifs de soins partagés (DSP)

  • Consultation d’évaluation par les professionnels spécialisés sur demande du médecin généraliste.
  • Diagnostic et conseils sur la stratégie thérapeutique à mettre en oeuvre.
  • Suivi du patient et mise en oeuvre de la stratégie thérapeutique par le médecin généraliste en concertation avec le patient.

Coordination de parcours de santé
Care / case management
  • Fonction spécifique de coordination pour faciliter les interactions entre acteurs et promouvoir l’implication du patient.

Dispositifs intégrés
Interventions type collaborative care
  • Approche pluriprofessionnelle : en général, un médecin généraliste, un professionnel spécialisé et un coordonnateur des parcours de santé.
  • Programme de prise en charge structuré : guides ou protocoles de soins.
  • Suivi programmé du patient : prédéfinition d’un calendrier de rendez-vous (adhésion au traitement, évolution des symptômes, etc.).
  • Communication interprofessionnelle renforcée : réunions cliniques pluriprofessionnelles, dossiers médicaux partagés, etc.


Des repères et des outils pour aider les professionnels

coordination entre le medecin generaliste et les differents acteurs de soins dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux-schema

Des valeurs partagées qui sous-tendent l'organisation et la structuration de la coordination

  • Prise en compte des dimensions psychiques et physiques de la souffrance du patient.
  • Contribuer à faire du patient l’acteur de sa prise en charge.
  • Communication basée sur l’écoute, l’empathie, le respect et la tolérance.
  • Chercher à établir une relation de confiance favorisant l’alliance thérapeutique.
  • Respect des valeurs et reconnaissance des rôles et compétences des différents professionnels impliqués dans la prise en charge.
  • Identifier, avec l’accord du patient, le rôle et les attentes de ses proches.


Des leviers à différents niveaux


Un processus progressif et continu impliquant plusieurs acteurs


 Du côté des professionnels : conviction, implication, culture partagée

  • Formation initiale et continue :
    • aux soins de premier recours ;
    • à la psychiatrie et santé mentale ;
    • à la coordination ;
    • à la reconnaissance des rôles et compétences de chacun.
  • Valorisation de la coordination dans le cadre éthique et déontologique.

 Du côté des patients et des proches

  • Conviction des patients et des proches quant à l’importance de la coordination et du partage d’informations.
  • Sensibilisation à la prévention, au dépistage et à la prise en charge des troubles somatiques, notamment par le médecin généraliste traitant.
  • Implication du patient dans la gestion de sa maladie (mobilisation de ses ressources et de ses compétences) : objectif consensuel pour les professionnels impliqués, pouvant favoriser la coordination.

 Du côté de la gouvernance

  • Au niveau local et régional (agences régionales de santé [ARS])
    • Information, accompagnement et appui technique pour les professionnels.
  • Au niveau national
    • Réflexion sur des modalités de financement et de tarification adaptées.
    • Facilitation de l’accès aux psychothérapies dispensées en ville par des psychothérapeutes non médecins.
    • Reconnaissance de nouvelles fonctions.
    • Formation

En pratique : accompagner le changement et prendre en compte le contexte local

  • Des instances de concertation au niveau local, par exemple :
    • autour d’un projet territorial de santé mentale (PTSM) ;
    • conseils locaux de santé, conseils locaux de santé mentale, ateliers santé ville, etc. ;
    • plateformes territoriales d’appui (PTA).
  • Un pilotage opérationnel :
    • par exemple, à l’échelle du secteur de psychiatrie, une équipe composée d’un médecin généraliste, d’un psychiatre et d’un infirmier ;
    • support des ARS.
  •  Une planification et une régulation :
    •  évaluation des dispositifs, capitalisation des expériences conduites (pérennisation, généralisation), évolutions législatives, etc.

Documents

Mis en ligne le 09 oct. 2018

Guide coordination entre médecin généraliste et acteurs de la psychiatrie ( 1,12 Mo) Écouter
Synthèse coordination entre médecin généraliste et acteurs de la psychiatrie ( 186,54 Ko) Écouter
Rapport coordination entre médecin généraliste et acteurs de la psychiatrie ( 1,8 Mo) Écouter

Documents complémentaires
Mis en ligne le 09 oct. 2018

En savoir +

Améliorer la coordination des soins dans le domaine de la santé mentale
Décision n° 2018.0130/DC/SA3P du 5 septembre 2018 du collège de la HAS portant adoption du guide « Coordination entre le médecin généraliste et les différents acteurs de soins dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux – état des lieux, repères et outils pour une amélioration » et ses documents associés
Programme "psychiatrie et santé mentale" de la HAS

https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2874187/fr/coordination-entre-le-medecin-generaliste-et-les-differents-acteurs-de-soins-dans-la-prise-en-charge-des-patients-adultes-souffrant-de-troubles-mentaux-etats-des-lieux-reperes-et-outils-pour-une-amelioration


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Troubles mentaux : fluidifier la coordination des prises en charge

30.11.2018
Mots clés : 
Si le médecin généraliste prend en charge un patient atteint de troubles mentaux, certaines situations peuvent nécessiter l’avis d’un professionnel spécialisé en santé mentale. C’est le cas, par exemple, devant une dépression grave ou résistante chez un patient connu ou devant une pathologie psychiatrique sévère chez un patient non connu. Afin d’améliorer la prise en charge des patients souffrant de troubles mentaux, la HAS publie un guide pour aider à organiser une coordination fluide entre le médecin généraliste et les autres acteurs de soins. Ce guide propose des repères et des outils pour aider les professionnels à identifier les ressources disponibles, à échanger et partager les informations, à accéder à un avis diagnostic, thérapeutique, à un adressage et à assurer un suivi conjoint. Explications du Dr Marielle Lafont et d’Amélie Prigent*, du service évaluation de la pertinence des soins et amélioration des pratiques et des parcours à la HAS.

 Lorsque le médecin généraliste souhaite un avis spécialisé en psychiatrie et en santé mentale, comment identifie-t-il les professionnels ressources ?

Lorsqu’un médecin généraliste veut avoir recours à un psychiatre, un psychologue libéral ou une équipe de psychiatrie, il peut s’aider des annuaires de ressources existants s’il ne dispose pas d’un réseau suffisant (voir encadré).

Lors d’une demande de première consultation psychiatrique, quels éléments le médecin généraliste transmet-il ?

Dans le courrier adressé au psychiatre, le généraliste précise certains éléments comme le motif du recours (sous forme de question), les éléments symptomatiques et hypothèses diagnostiques, les attentes relatives aux modalités de suivi partagé, les pistes thérapeutiques, les antécédents médicaux et les traitements en cours. En cas d’urgence, si une hospitalisation est nécessaire, il rédige une lettre de liaison à l’entrée qui inclut notamment les motifs de la demande d'hospitalisation, les traitements en cours et les allergies connues.
Dans tous les échanges, les informations sont transmises par écrit, par messagerie sécurisée ou par tout moyen garantissant la confidentialité des informations. Un courrier est également remis au patient (ou à son tuteur) et versé à son dossier médical partagé s’il existe.
 
Suite à l’avis spécialisé, quels sont les éléments dont le médecin généraliste a besoin pour assurer la prise en charge ?
Le courrier du psychiatre précise la réponse aux questions du généraliste et propose notamment un avis diagnostique, un projet de soins et une prescription médicamenteuse. En cas d’hospitalisation, la lettre de liaison à la sortie, rédigée par le praticien qui a pris en charge le patient, contient les informations qui permettent la continuité des soins : motif d’hospitalisation, synthèse médicale du séjour, traitements prescrits à la sortie et arrêtés pendant le séjour. Elle aborde également les suites à donner : actes prévus et à programmer, recommandations et surveillances particulières.

 Lorsqu’un patient est pris en charge par des professionnels spécialisés en santé mentale, comment ceux-ci peuvent-ils identifier et joindre le médecin traitant ?

Si le patient a désigné un médecin traitant, les professionnels spécialisés renseignent, avec l’accord du patient, ses coordonnées dans le dossier médical. Si le patient n’a pas désigné de médecin traitant ou s’il refuse de communiquer ses coordonnées, ils l’informent sur les risques qu’il encourt pour sa santé, l’encouragent et éventuellement l’aident à trouver un médecin traitant. Il est essentiel que le médecin généraliste facilite la prise de rendez-vous pour ces patients et accepte si possible d’être désigné comme médecin traitant.

Quelles sont les informations que les professionnels spécialisés fournissent au médecin généraliste ?

Pour assurer une continuité des soins, ils transmettent au médecin généraliste les informations sur l’histoire et le suivi psychiatrique du patient : avis, hypothèses diagnostiques, risques évolutifs, projet de soins, traitements, éléments de surveillance, etc. Ils donnent également leur avis sur l’état somatique du patient et sa prise en charge. 

Quelles sont les modalités de collaboration entre le médecin généraliste et les professionnels spécialisés en psychiatrie et santé mentale ?

En associant le patient (ainsi que sa famille et ses proches s’il en est d’accord), tous les professionnels impliqués dans sa prise en charge, définissent ensemble les rôles de chacun des acteurs. Cette démarche inclut notamment le pharmacien d’officine, le chirurgien-dentiste et l’infirmier libéral. Les modalités de communication, de prévention et de gestion des situations de crise ou d’urgence sont définies de façon partenariale. Ce travail d’équipe peut être régulièrement évalué dans une logique d’amélioration continue.

La prise en charge, par le généraliste, des patients non-demandeurs de soins psychiatriques

Lorsqu’il est confronté à un patient qui refuse des soins psychiatriques, le généraliste va s’évertuer à le convaincre en s’appuyant, avec son accord, sur sa famille et ses proches. Il a aussi la possibilité d’échanger avec des professionnels spécialisés en santé mentale, voire de les solliciter pour mettre en place des consultations conjointes.
Si les troubles mentaux du patient rendent impossible son consentement et que son état mental impose des soins immédiats tels que définis dans l’article L3212-1 du code de la santé publique, des soins psychiatriques sans consentement constituent un dernier recours.

Coordination en santé mentale 

Outils et repères





* Propos recueillis par Arielle Fontaine & Citizen press – HAS