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1er Post sur le sujet ouvert le 1/04/2017 "Suicide et jeu macabre : Blue Whale Challenge, de rumeurs en panique"
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Fermer, interdire, bloquer. Un petit Gaïd Salah dans la tête de chaque responsable algérien dicte le réflexe sécuritaire face à tous les problèmes, même quand cette solution est inadaptée. Ainsi, on censure internet pour résoudre le phénomène de la triche au bac, on interdit les crypto-monnaies car elles faciliteraient le blanchiment d'argent et on bloque les importations pour ralentir l'érosion des réserves de change.
Pour ne pas changer, le gouvernement algérien a ordonné dimanche 10 décembre le blocage du "Blue Whale Challenge", cause présumée d'au moins un suicide d'un enfant à Sétif.
Problème: tout donne à penser que ce jeu n'existe même pas, qu'il s'agit d'un "buzz" sensationnaliste mondial qui cache la réalité du problème du suicide, notamment chez les plus jeunes, et sa prise en charge, surtout dans un pays comme l'Algérie.
Suite à des informations concernant le suicide d'un enfant de 9 ans à Sétif, le ministre de la Justice Tayeb Louh a déclaré qu'une enquête a été ouverte par un organe spécialisé. Le lien présumé entre ce décès et un phénomène internet appelé "La Baleine bleue" n'a pas été établi par ladite enquête mais le même responsable a aussi indiqué qu'une instruction a été donnée pour "retirer tout ce qui est lié à ce jeu et qui n'est pas autorisé par la loi".
Le phénomène "Blue Whale Challenge" est mondialement connu. Il s'agit, selon le récit des tabloïds qui ont créé ce buzz, d'un "défi" en 50 étapes auquel s'inscrit l'utilisateur, la dernière étant celle de se donner la mort. Il tire son nom de l'hypothèse des baleines bleues qui s'échouent volontairement sur les plages pour mourir.
Des vérifications ont depuis longtemps discrédité à la fois la thèse de l'existence d'un jeu pareil, ainsi que celle d'un lien de causalité entre lui et des suicides d'adolescents en Russie (pays d'origine du buzz) ou en Inde, au Royaume Uni et aux Etats-Unis.
Selon le site de fact-checking Snopes, l'origine de cette fable est une mauvaise interprétation d'un article du site russe Novaya Gazeta. Selon ce dernier, des dizaines d'enfants et adolescents se sont suicidés en Russie en 2016. Certains d'entre eux, affirme le site, étaient inscrits à un groupe de jeux vidéo sur VK, l'équivalent russe de Facebook.
Une enquête de Radio Free Europe a de son côté révélé qu'il n'existe aucun lien de causalité entre un prétendu "Blue Whale Challenge" et des suicides d'adolescents.
Le créateur présumé de ce groupe sur VK, Phillip Budeikin, a indiqué par ailleurs dans un entretien avec un autre site russe avoir parlé à des adolescents qui se sont donnés la mort par la suite, mais leur acte n'était pas le résultat de son influence.
Des observateurs notent cependant que le buzz créé par les tabloïds aurait suscité des imitations reprenant le principe du challenge tel que rapporté par les médias.
Il ne s'agit donc pas d'une application mobile ou d'un site internet que les autorités peuvent "bloquer". Même la police algérienne en est consciente. Un énième coup de verrou étant inutile, les autorités feraient mieux de s'atteler à la lutte contre le suicide, une réalité sinistre et bien antérieure à tout "jeu" ou "challenge".
S'exprimant en 2014, Samir Naamouni, professeur à l'université de Tlemcen, a déploré l'absence de chiffres officiels sur les cas de suicides en Algérie, expliquant qu'aucun organisme spécialisé n'est habilité à les recenser, ce qui rend la tâche de connaitre les chiffres réels quasi impossible. Il a cependant cité une statistique effarante des services de sécurité qui ont recensé 1900 cas de suicide en 2011.
Dans un entretien au Soir d'Algérie en 2015, Nouria Benyekhlef, professeur en psychiatrie à l'EHS Drid Hocine à Alger, a indiqué que la problématique du suicide est devenue un enjeu de santé publique. Les perturbations des interactions de l'enfant avec ses parents, la précarité de la situation familiale, les traumatismes, les abus sexuels, les harcèlements à l'école, les exigences "tyranniques" de résultats scolaires etc, sont certains des facteurs pouvant déclencher une crise suicidaire chez l'enfant ou l'adolescent, selon la spécialiste.
Pr. Benyekhlef a proposé, entre autres, la création de cellules d'écoute ou un numéro vert, à l'instar de nombreux pays, à l'écoute des personnes qui ont des tendances suicidaires. En 2017, l'idée attend d'être concrétisée.
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Historique du post
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Décryptage
Suicide et jeu macabre : Blue Whale Challenge, de rumeurs en panique
Environ 10 000 personnes se donnent la mort chaque année en France. Dans son dernier rapport, l’Observatoire national du suicide évalue à 200 000 le nombre de tentatives annuelles, en précisant que «les jeunes filles entre 15 et 20 ans»
sont surreprésentées parmi la population concernée. L’inquiétude
légitime suscitée par ce sujet explique sans peine la viralité délirante
du Blue Whale Challenge, soit «défi de la baleine bleue» (une référence
à la tendance de ces cétacés à s’échouer sur des plages). Depuis des
semaines, ce pseudo-jeu macabre affole parents, professeurs et forces de
l’ordre alors qu’aucune victime n’a été à ce jour formellement liée au
phénomène en France.
Mercredi, la police nationale publiait ainsi, après une précédente alerte sur les réseaux sociaux, un texte sur ce «nouveau jeu dangereux venu de Russie, ciblant les 12-15 ans». Le texte est illustré par un visuel évoquant l’univers graphique du film d’horreur avec une typographie gore – des lettres sous forme de scarification sur un bras – accompagnée d’un slogan évoquant lui aussi le cinéma de genre («aucun défi ne mérite de risquer sa vie»).
«Enrôlés par un "parrain" ou "tuteur", les adolescents entrent dans une spirale de 50 défis de risque croissant (privation de sommeil, écoute de musiques violentes, scarifications) dont l’ultime étape conduit au suicide», explique cette mise en garde intitulée «#BlueWhaleChallenge : attention, jeu dangereux». Et si le vrai «jeu dangereux» était celui auquel se sont prêtés depuis plusieurs semaines jeunes crédules, parents inquiets, médias alarmistes et autorités un brin dépassées, amplifiant malgré eux un phénomène aussi menaçant que peu fondé ?
Le fantasme russeComme l’a rappelé le Monde dans un article sur le «jeu», qualifié au passage de «légende urbaine», sa médiatisation décolle à Moscou en mai 2016 par une enquête controversée du journal russe Novaya Gazeta. «Controversée» tient de l’euphémisme : le Monde rappelle ainsi que la journaliste qui l’a signée a depuis été «évincée du service investigation» et son rédacteur en chef adjoint renvoyé. Sans preuve concrète, Novaya Gazeta avançait que sur 130 suicides d’adolescents russes entre novembre 2015 et avril 2016, environ 80 étaient liés au Blue Whale Challenge (BWC). De mystérieux «groupes de la mort» au fonctionnement quasi sectaire auraient incité sur les réseaux sociaux des adolescents à mettre fin à leurs jours.
Les sources principales de l’article inquiétant ? Quelques parents de jeunes suicidés qui s’étaient infiltrés sur VKontakte, le Facebook russe, sans forcément en maîtriser les codes. De quoi expliquer de sérieuses déformations du résultat final, qui a pourtant traversé les frontières avec quelques mois de retard. En février, la presse tabloïd anglo-saxonne (The Sun, Daily Mail, Daily Mirror) a exhumé les «informations» des médias russes, motivée par de nouveaux suicides (ou tentatives) en Russie jugés suspects. A cette occasion, le site référence en fact-checking, Snopes, s’était emparé du sujet et avait décerné à l’affaire son label «non prouvé», en citant diverses contre-enquêtes réalisées depuis.
Pas de quoi empêcher le pouvoir russe de monter au créneau : ce mois-ci, la déléguée du Kremlin aux droits de l’enfant, Anna Kouznetsova, a évoqué une augmentation de 57% du taux de suicide des mineurs en 2016, en raison des fameux «groupes de la mort», mais sans citer de sources – les chiffres officiels pour l’an dernier n’ont d’ailleurs pas encore été publiés, selon l’AFP. Pour beaucoup d’observateurs, Internet fait ici figure de double bouc émissaire. Pour les parents de jeunes suicidés, il permet d’accuser une «force extérieure» pour expliquer la mort de leur enfant ; pour le Kremlin, de préparer de nouvelles mesures de contrôle de la Toile sous prétexte de protéger la jeunesse.
La France en alerteLa médiatisation sensationnaliste outre-Manche, fin février, explique sans doute le début d’agitation qui se manifeste dans la foulée sur les réseaux sociaux en France. Le 6 mars, la police nationale publie un tweet alertant sur le sujet :
Selon Camille Chaize, commissaire adjointe au chef du Service d’information et de communication de la police nationale (Sicop), trois éléments justifient alors cette publication : «#BlueWhaleChallenge était l’un des hashtags les plus discutés sur Twitter ce jour-là, et dans les jours précédents, nous avions été alertés par des captures d’écrans d’internautes à ce sujet, et reçu des messages sur Facebook de mamans inquiètes.» Il va sans dire que les tweets comportant le fameux hashtag étaient majoritairement eux-mêmes des messages d’alerte et non des incitations à tester le jeu.
Dans la foulée, d’autres mises en garde plus localisées sont mises en ligne, comme celle ci-dessous, publiée le 9 mars par le groupement de gendarmerie départementale du Nord.
Usage aléatoire de lettres capitales, émojis et points d’exclamation à gogo, manque de sources et l’inévitable «A PARTAGER AU MAXIMUM !!!!» en conclusion : le post ressemble à s’y méprendre à celui que votre tante partage pour s’indigner, à tort, que Facebook deviendra bientôt payant. C’est l’assurance d’être relayé par un maximum de parents effrayés, créant ainsi un début de «panique morale» rappelant les pseudo-décalcomanies au LSD des années 80 : les références au BWC en ligne et dans la presse vont dès lors se multiplier.
L’emballement médiatiqueLe jour de la publication de l’avertissement de la police sur Twitter, deux adolescents réunionnais étaient retrouvés sains et saufs après une fugue de vingt-quatre heures. La presse locale évoque «la rumeur» d’un lien avec le BWC, pourtant nié par la police locale. Le week-end du 11 au 12 mars, à Reims, un collégien de 13 ans se donne la mort par pendaison à son domicile. Comme de coutume, la presse locale ne s’en fait pas l’écho initialement : ce genre de drame est circonscrit à la sphère privée, sauf lorsque les parents décident de le médiatiser par souci de sensibilisation ou lorsqu’il a lieu dans un espace public, entraînant la mise en place d’une cellule psychologique. A l’ère des fake news et de la défiance envers les médias, cette discrétion peut enflammer l’imagination : à Reims, le bruit court que la mort du jeune serait liée au BWC, ce que l’enquête démentira, la police évoquant «un jeu du foulard» qui aurait mal tourné.
Pas de quoi empêcher les médias locaux d’amplifier la psychose. Le 17 mars, France 3 Champagne-Ardenne diffuse un reportage dans lequel des jeunes anonymisés témoignent sur le BWC. Une adolescente déclare : «J’ai connu quelqu’un qui l’a fait.» «Et alors ?» s’enquiert la journaliste. «Il est décédé», affirme la jeune fille. Aucune relance ni commentaire ne remettent en question son propos, alors qu’aucun suicide en France n’a été lié au BWC selon la police. Dans le Pas-de-Calais, la Voix du Nord évoque au même moment deux adolescentes de Saint-Omer «qui étaient entrées dans l’engrenage» mais «ont été repérées à temps». Dans la même ville, deux autres cas seront évoqués, dont celui d’une ado secourue avant de se pendre – notons que la jeune concernée étant actuellement en voyage à l’étranger, les enquêteurs ne l’ont pas encore entendue.
La semaine suivante, les Dernières Nouvelles d’Alsace affirment qu'«une dizaine de collégiens de l’académie de Strasbourg seraient entrés dans le processus morbide» du jeu. Dimanche, sur une pleine page, le JDD s’intéresse au phénomène à grand renfort de conditionnel. L’article évoque notamment l’annonce sur Facebook d’une mère de famille : un ami de sa fille serait mort en Charente après une chute accidentelle en voulant relever un défi du BWC. Là encore, démenti de la police.
L’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication, qui a été saisi pour enquêter sur le phénomène, prépare d’ailleurs «un canevas de questions pertinentes» à poser aux jeunes : les officiers disséminés sur le territoire n’ont pas forcément les bons réflexes en matière de numérique et de cyberharcèlement. Précisons que contrairement aux cas de pédophilie ou de terrorisme, la provocation au suicide (punie par la loi de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende) n’est pas une infraction autorisant une «cyber-infiltration» des enquêteurs.
Entre complotisme et pop cultureVia un mail envoyé aux rectorats, l’Education nationale a invité son personnel à la vigilance. Pour Justine Atlan, présidente de e-Enfance, une association de sensibilisation aux usages d’Internet à destination des jeunes, «à trop en parler ou à en parler mal, on prend le risque de créer autour de ce phénomène toute une fantasmagorie à laquelle les ados vont adhérer, car elle peut s’approcher de leur vision du monde teintée de complotisme, imaginant des gens dans l’ombre à l’œuvre, des groupes organisés». Elle donne l’exemple d’une jeune fille convoquée par son proviseur car des camarades avaient signalé des griffures sur ces bras : il s’agissait de séquelles d’un week-end de jardinage en famille.
Attisée par la pop culture, du film Nerve (2016) à la série Black Mirror, la jeunesse joue-t-elle à se faire peur ? Pour Jocelyn Lachance, socio-anthropologue de l’adolescence, la sensibilisation aux risques du Web a modifié les rapports au numérique des ados. Durant ses dernières enquêtes, il a rencontré des enfants évoquant leurs usages des réseaux sociaux «comme s’ils devaient apprivoiser un monde peuplé de dangers, un espace hostile parce qu’ils peuvent se faire voler leur identité ou être victime de harcèlement». Concernant le délicat équilibre à trouver entre sensibilisation et dramatisation, Lachance estime que «la clef se trouve chez les adolescents eux-mêmes : intéressons-nous d’abord à ce qui les travaille et les interpelle, plutôt que de les terrifier avec ce qui fait peur aux adultes».
Mercredi, la police nationale publiait ainsi, après une précédente alerte sur les réseaux sociaux, un texte sur ce «nouveau jeu dangereux venu de Russie, ciblant les 12-15 ans». Le texte est illustré par un visuel évoquant l’univers graphique du film d’horreur avec une typographie gore – des lettres sous forme de scarification sur un bras – accompagnée d’un slogan évoquant lui aussi le cinéma de genre («aucun défi ne mérite de risquer sa vie»).
«Enrôlés par un "parrain" ou "tuteur", les adolescents entrent dans une spirale de 50 défis de risque croissant (privation de sommeil, écoute de musiques violentes, scarifications) dont l’ultime étape conduit au suicide», explique cette mise en garde intitulée «#BlueWhaleChallenge : attention, jeu dangereux». Et si le vrai «jeu dangereux» était celui auquel se sont prêtés depuis plusieurs semaines jeunes crédules, parents inquiets, médias alarmistes et autorités un brin dépassées, amplifiant malgré eux un phénomène aussi menaçant que peu fondé ?
Le fantasme russeComme l’a rappelé le Monde dans un article sur le «jeu», qualifié au passage de «légende urbaine», sa médiatisation décolle à Moscou en mai 2016 par une enquête controversée du journal russe Novaya Gazeta. «Controversée» tient de l’euphémisme : le Monde rappelle ainsi que la journaliste qui l’a signée a depuis été «évincée du service investigation» et son rédacteur en chef adjoint renvoyé. Sans preuve concrète, Novaya Gazeta avançait que sur 130 suicides d’adolescents russes entre novembre 2015 et avril 2016, environ 80 étaient liés au Blue Whale Challenge (BWC). De mystérieux «groupes de la mort» au fonctionnement quasi sectaire auraient incité sur les réseaux sociaux des adolescents à mettre fin à leurs jours.
Les sources principales de l’article inquiétant ? Quelques parents de jeunes suicidés qui s’étaient infiltrés sur VKontakte, le Facebook russe, sans forcément en maîtriser les codes. De quoi expliquer de sérieuses déformations du résultat final, qui a pourtant traversé les frontières avec quelques mois de retard. En février, la presse tabloïd anglo-saxonne (The Sun, Daily Mail, Daily Mirror) a exhumé les «informations» des médias russes, motivée par de nouveaux suicides (ou tentatives) en Russie jugés suspects. A cette occasion, le site référence en fact-checking, Snopes, s’était emparé du sujet et avait décerné à l’affaire son label «non prouvé», en citant diverses contre-enquêtes réalisées depuis.
Pas de quoi empêcher le pouvoir russe de monter au créneau : ce mois-ci, la déléguée du Kremlin aux droits de l’enfant, Anna Kouznetsova, a évoqué une augmentation de 57% du taux de suicide des mineurs en 2016, en raison des fameux «groupes de la mort», mais sans citer de sources – les chiffres officiels pour l’an dernier n’ont d’ailleurs pas encore été publiés, selon l’AFP. Pour beaucoup d’observateurs, Internet fait ici figure de double bouc émissaire. Pour les parents de jeunes suicidés, il permet d’accuser une «force extérieure» pour expliquer la mort de leur enfant ; pour le Kremlin, de préparer de nouvelles mesures de contrôle de la Toile sous prétexte de protéger la jeunesse.
La France en alerteLa médiatisation sensationnaliste outre-Manche, fin février, explique sans doute le début d’agitation qui se manifeste dans la foulée sur les réseaux sociaux en France. Le 6 mars, la police nationale publie un tweet alertant sur le sujet :
Selon Camille Chaize, commissaire adjointe au chef du Service d’information et de communication de la police nationale (Sicop), trois éléments justifient alors cette publication : «#BlueWhaleChallenge était l’un des hashtags les plus discutés sur Twitter ce jour-là, et dans les jours précédents, nous avions été alertés par des captures d’écrans d’internautes à ce sujet, et reçu des messages sur Facebook de mamans inquiètes.» Il va sans dire que les tweets comportant le fameux hashtag étaient majoritairement eux-mêmes des messages d’alerte et non des incitations à tester le jeu.
Dans la foulée, d’autres mises en garde plus localisées sont mises en ligne, comme celle ci-dessous, publiée le 9 mars par le groupement de gendarmerie départementale du Nord.
Usage aléatoire de lettres capitales, émojis et points d’exclamation à gogo, manque de sources et l’inévitable «A PARTAGER AU MAXIMUM !!!!» en conclusion : le post ressemble à s’y méprendre à celui que votre tante partage pour s’indigner, à tort, que Facebook deviendra bientôt payant. C’est l’assurance d’être relayé par un maximum de parents effrayés, créant ainsi un début de «panique morale» rappelant les pseudo-décalcomanies au LSD des années 80 : les références au BWC en ligne et dans la presse vont dès lors se multiplier.
L’emballement médiatiqueLe jour de la publication de l’avertissement de la police sur Twitter, deux adolescents réunionnais étaient retrouvés sains et saufs après une fugue de vingt-quatre heures. La presse locale évoque «la rumeur» d’un lien avec le BWC, pourtant nié par la police locale. Le week-end du 11 au 12 mars, à Reims, un collégien de 13 ans se donne la mort par pendaison à son domicile. Comme de coutume, la presse locale ne s’en fait pas l’écho initialement : ce genre de drame est circonscrit à la sphère privée, sauf lorsque les parents décident de le médiatiser par souci de sensibilisation ou lorsqu’il a lieu dans un espace public, entraînant la mise en place d’une cellule psychologique. A l’ère des fake news et de la défiance envers les médias, cette discrétion peut enflammer l’imagination : à Reims, le bruit court que la mort du jeune serait liée au BWC, ce que l’enquête démentira, la police évoquant «un jeu du foulard» qui aurait mal tourné.
Pas de quoi empêcher les médias locaux d’amplifier la psychose. Le 17 mars, France 3 Champagne-Ardenne diffuse un reportage dans lequel des jeunes anonymisés témoignent sur le BWC. Une adolescente déclare : «J’ai connu quelqu’un qui l’a fait.» «Et alors ?» s’enquiert la journaliste. «Il est décédé», affirme la jeune fille. Aucune relance ni commentaire ne remettent en question son propos, alors qu’aucun suicide en France n’a été lié au BWC selon la police. Dans le Pas-de-Calais, la Voix du Nord évoque au même moment deux adolescentes de Saint-Omer «qui étaient entrées dans l’engrenage» mais «ont été repérées à temps». Dans la même ville, deux autres cas seront évoqués, dont celui d’une ado secourue avant de se pendre – notons que la jeune concernée étant actuellement en voyage à l’étranger, les enquêteurs ne l’ont pas encore entendue.
La semaine suivante, les Dernières Nouvelles d’Alsace affirment qu'«une dizaine de collégiens de l’académie de Strasbourg seraient entrés dans le processus morbide» du jeu. Dimanche, sur une pleine page, le JDD s’intéresse au phénomène à grand renfort de conditionnel. L’article évoque notamment l’annonce sur Facebook d’une mère de famille : un ami de sa fille serait mort en Charente après une chute accidentelle en voulant relever un défi du BWC. Là encore, démenti de la police.
L’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication, qui a été saisi pour enquêter sur le phénomène, prépare d’ailleurs «un canevas de questions pertinentes» à poser aux jeunes : les officiers disséminés sur le territoire n’ont pas forcément les bons réflexes en matière de numérique et de cyberharcèlement. Précisons que contrairement aux cas de pédophilie ou de terrorisme, la provocation au suicide (punie par la loi de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende) n’est pas une infraction autorisant une «cyber-infiltration» des enquêteurs.
Entre complotisme et pop cultureVia un mail envoyé aux rectorats, l’Education nationale a invité son personnel à la vigilance. Pour Justine Atlan, présidente de e-Enfance, une association de sensibilisation aux usages d’Internet à destination des jeunes, «à trop en parler ou à en parler mal, on prend le risque de créer autour de ce phénomène toute une fantasmagorie à laquelle les ados vont adhérer, car elle peut s’approcher de leur vision du monde teintée de complotisme, imaginant des gens dans l’ombre à l’œuvre, des groupes organisés». Elle donne l’exemple d’une jeune fille convoquée par son proviseur car des camarades avaient signalé des griffures sur ces bras : il s’agissait de séquelles d’un week-end de jardinage en famille.
Attisée par la pop culture, du film Nerve (2016) à la série Black Mirror, la jeunesse joue-t-elle à se faire peur ? Pour Jocelyn Lachance, socio-anthropologue de l’adolescence, la sensibilisation aux risques du Web a modifié les rapports au numérique des ados. Durant ses dernières enquêtes, il a rencontré des enfants évoquant leurs usages des réseaux sociaux «comme s’ils devaient apprivoiser un monde peuplé de dangers, un espace hostile parce qu’ils peuvent se faire voler leur identité ou être victime de harcèlement». Concernant le délicat équilibre à trouver entre sensibilisation et dramatisation, Lachance estime que «la clef se trouve chez les adolescents eux-mêmes : intéressons-nous d’abord à ce qui les travaille et les interpelle, plutôt que de les terrifier avec ce qui fait peur aux adultes».
Quand parler d'une légende numérique incite au suicide: les dérapages du Blue Whale*
23 juin 2017 Par Les invités de Mediapart
Le
blue whale challenge (challenge de la baleine bleue), ce «jeu»
suicidaire consiste à relever cinquante défis des plus sordides. Des
professionnels de la santé tirent la sonnette d'alarme et alertent sur
la manipulation qui est faite autour de ce prétendu phénomène.
Ces dernières semaines,
un phénomène apparu sur les réseaux sociaux russes a à nouveau fait
l’objet d’un traitement médiatique particulièrement intensif, relayé de
manière (inter)nationale avec l’appui de certains professionnels de la
protection de l’enfance sur Internet et d’autres institutions. Le Blue
Whale Challenge, défi aux apparences mortifères, a ainsi inondé l’espace
médiatique, multipliant craintes, angoisses et réactions maladroites de
la part des adultes que nous sommes. La plupart des professionnels
présents au contact des adolescents sur le terrain ont rapidement pu
remarquer les incidences néfastes sur les adolescents de cette
communication. Nous souhaitons par cette tribune sensibiliser les
professionnels et la communauté éducative élargie (parents, éducateurs,
enseignants, soignants, animateurs, médias, etc.) à la nécessité d’une
réflexion commune pour avoir des repères face au flou de ces situations
nouvelles qui ne manqueront pas de se reproduire. Évitons de créer les
situations que nous souhaitons tous éviter…
Pour
comprendre, posons rapidement quelques éléments clés de ce qui se joue
dans l’adolescence, période fondatrice de l’identité de chacun.
« Une période qui crée du trouble chez les jeunes mais aussi chez les adultes »
L’adolescence
est une période complexe du fait de ses chamboulements corporels et
psychiques faisant suite à la puberté. C’est une période qui crée du
trouble chez les jeunes eux-mêmes mais aussi chez les adultes, renvoyant
chacun à son adolescence, avec son lot de violences parfois contre soi,
parfois contre les autres, son étrangeté, ses incompréhensions, ses
expériences à faire, ses risques à prendre pour se sentir exister… De
fait, l’abord du processus adolescent est sensible, pour l’adolescent et
pour les adultes qui l’accompagnent à grandir. Force est de constater
avec les psychologues de l’adolescence que la majorité des adolescents
traverse sans encombre majeure cette période, faisant appel à des
ressources créatives pour trouver des solutions au tourment adolescent.
Solutions pas toujours soutenues par les adultes, mais adaptées en
fonction de ce que chacun ressent de son identité, de son corps, de ses
projets, et surtout, du regard des autres. Une partie (1/10 environ) se
retrouve toutefois dans des conduites inquiétantes, extrêmes, répétées,
voire parfois pathologiques. Le processus normatif de l’adolescence
inclut certains enjeux spécifiques, mis en exergue par Internet et ses
outils. En premier lieu, la morosité (Mâle, Braconnier) qui est
intrinsèque à ce mouvement pubertaire, visible dans la « déprime » des
adolescents, le désenchantement face au monde qui les entoure et à leur
identité nouvelle. Cette morosité produit l’ennui, l’isolement, la
tristesse de l’adolescence sans que cela soit forcément excessif.
L’adolescent contre souvent ce ressenti par « de l’agir » sous de
multiples formes. En second lieu, l’adolescent est un individu social,
pris dans des élans d’identification, en quête paradoxale de
ressemblance et de différenciation pour se sentir exister : tout l’enjeu
adolescent est de trouver place face aux parents et aux pairs. Une
place « singulière », qui ne ressemble à aucune autre, mais qui peut se
« coller » à ce que certains sont, pour s’en rapprocher tout en se
distinguant.
« La révolution numérique : un décalage de valeurs entre générations »
L’adolescent
de 2017 réalise ce travail de construction dans un contexte
particulier : la transformation numérique de notre monde qui a
complètement dépassé les enjeux purement techniques pour devenir un
enjeu politique, démocratique et culturel. La génération des
« millenials », celle qui n’a jamais connu le monde sans Internet est de
loin la plus utilisatrice de ces outils et autres applications
contribuant à leur vie numérique. Pendant que certains adultes
s’alarment et regardent ces évolutions en tentant vainement de les
retarder, cette fameuse génération ringardise notre monde, bien
consciente du bouleversement en cours. Elle prend de la distance avec
des adultes qui s’effacent peu à peu derrière leurs doutes et leurs
propres fragilités. Cette révolution a creusé un nouveau fossé
générationnel qui s’amplifie de jour en jour. Elle a induit un décalage
de valeurs, Internet étant devenu une sphère d’influence bien plus
importante, aux yeux de ces jeunes connectés, que nos références
traditionnelles. En outre, le numérique bouscule notre rapport au temps,
nous inscrivant dans une instantanéité aliénante qui tend à nous
déshabiller de tout esprit critique.
« Même
sans connaissance précise ni expertise, même sans passion, les adultes
se doivent de réagir pour la sécurité de l’enfant »
Cette
réalité numérique souligne le rôle des adultes et leur responsabilité.
Normalement, les adultes prennent soin des enfants et des adolescents,
les accompagnent dans leurs apprentissages, leur donnent les conditions
d’une liberté « surveillée », guident et contiennent leurs expériences
de vie. Or, dans la société numérique, face aux outils technologiques,
cette logique semble malheureusement ébranlée. Malgré tout, la
communauté éducative élargie se doit de tout faire pour rester garante
du cadre et de limites « contenantes » pour que les enfants et
adolescents structurent leurs identités sans trop se mettre en danger.
Même sans connaissance précise ni expertise, même sans passion, les
adultes se doivent de réagir, d’intervenir, de dire ce qu’ils pensent
être juste et ce qu’ils défendent avec les autres adultes pour la
sécurité des enfants.
« Blue Whale Challenge : nos prises de position maladroites »
Or,
des événements actuels montrent une défaillance dans cette relation
normalement « sécuritaire ». Depuis le début de l’année, en France entre
autres, la propagation du Blue Whale Challenge nous donne un excellent
exemple de perte de repère des adultes entre médiatisation, information
et prévention. Face à un phénomène inquiétant, dans la réalité et dans
la vie fantasmatique, des professionnels de l’enfance et de
l’adolescence, et des associations ont porté à travers différents médias
une parole répondant à une urgence, nécessitant un positionnement ni
évident ni univoque. Aussi, le Blue Whale Challenge a connu un essor,
outre via les réseaux sociaux des adolescents, dans la presse
traditionnelle, ayant amené à une diffusion massive d’informations
souvent ambivalentes. L’emprise et le défi du Blue Whale Challenge ont
finalement touché leur but en fascinant aussi les adultes, cherchant
paradoxalement à protéger et alerter par des discours communs. Nous
pouvons déplorer l’engouement des professionnels et associations face au
Blue Whale Challenge, amenant à la fois des informations précises sur
le challenge et une dramatisation excessive : d’un côté, liste des défis
diffusés à maintes reprises, nouveaux défis injectés par les adultes,
rappel d’anciens défis démodés, images chocs sensationnelles, messages
d’alerte jouant au même niveau que le contenu du challenge ; de l’autre,
négligence du processus adolescent non différencié des conduites
spécifiques morbides en lien avec le Blue Whale Challenge. Certains
adultes, voire professionnels, pour ne pas paraître dépassés par le
numérique, se sont mis en rivalité avec les adolescents et se sont
improvisés experts sur base de rumeurs, sans même prendre le temps de
vérifier les informations à propos desquelles ils sont interpellés.
Avec
un peu de recul, nous souhaitons nous interroger ensemble sur nos
prises de position maladroites. En agissant, « dans l’immédiateté »,
comme Internet nous y incite, sans réflexion collective, nous, adultes,
nous mettons au même niveau de pensée que les adolescents, alors qu’eux
se construisent et doutent, face à des adultes qui normalement
réfléchissent et rassurent. L’exemple du Blue Whale Challenge nous
questionne quant à la responsabilité des adultes qui semblent avoir
rendu possible une mise en danger grave, allant jusqu’à la mise en acte
de tentatives de suicide chez certains adolescents vulnérables.
D’autrepart, pointe une inquiétude croissante des parents méconnaissant
les enjeux de l’adolescence, pouvant banaliser certaines manifestations
et, à l’inverse, pris de panique pour leurs enfants, s’inquiéter
d’autres conduites simplement adolescentes.
« Ne sommes-nous pas en mesure de nous appliquer nos propres préceptes ? »
Ces
exemples illustrent parfaitement la difficulté de la diffusion de ce
type de messages et le danger d’une sur-médiatisation pour lesquels la
frontière entre information et prévention est plus que ténue. Alors que
ces dernières années, les campagnes de prévention stigmatisantes
concernant les pratiques numériques des enfants et des adolescents ont
tendance à se multiplier, ces derniers événements viennent nous
rappeler, s’il en était besoin, que nous devons, en tant qu’adultes
référents, être garants d’une certaine exemplarité. La plupart des
campagnes de communication à destination des jeunes insistent sur : « je
réfléchis avant de publier ! » Ne sommes-nous pas en mesure de nous
appliquer nos propres préceptes ? Aussi, comment communiquer avec
prudence sur ces sujets, que ce soit dans la presse, dans les écoles, à
la gendarmerie, dans la rue, ou encore dans la sphère familiale ?
« Pour une réflexion éthique »
En
tant que professionnels et adultes responsables, nous réitérons la
demande (communiqué de presse PAPAGENO, 04/04/2017) de limitation et de
réflexion autour de ces campagnes d’information et de ces prises de
parole « d’experts ». Nous souhaitons, suite à ces différents constats
et pour éviter une répétition de ces événements qui mettent en danger
nos enfants et adolescents, engager une vraie réflexion à l’échelle
nationale avec l’ensemble des professionnels, médias et institutions qui
le souhaitent. La place des discours adultes par rapport aux
informations véhiculées sur les réseaux sociaux, initiateurs, limiteurs
ou modèles, est vraiment à réfléchir sans tarder, pour aider les
adolescents à grandir et pour soutenir la parentalité. Le numérique
bouscule notre rapport au temps, mais si pour une fois justement, dans
l’intérêt de nos enfants, nous prenions le temps ?
Pour participer à cette réflexion collective et porter des propositions, rejoignez-nous : ethique.numeriquelab@gmail.com
Marion HAZA, psychologue, Maître de conférences, Université de Poitiers, Présidente d’ARCAD, secrétaire générale du CILA.
Thomas ROHMER, Expert en protection de l’enfance et numérique, Haut Conseil de la Famille de l’Enfance et de l’Âge (HCFEA).
Premiers signataires :
Amina
ABDELKRIM, psychologue, Centre Hospitalier Charles Perrens, Bordeaux,
Unité d'hospitalisation pour enfants et adolescents (UPSILON) et CMPEA
Bordeaux centre
Dr Valérie ADRIAN, Psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, Bordeaux, membre de la SFPEADA, d’ARCAD et de la SMP
Frédéric ANTUNA, Psychiatre. Addictologue, CSAPA Agora Angoulême. Centre Hospitalier Camille Claudel
Association ARCAD (Association de recherche clinique sur l’Adolescence)
Mirentxu BACQUERIE, directrice EPE IDF, Fil Santé Jeunes.
Jean-Claude BARBEAU, Psychologue clinicien CH Henri Laborit Poitiers, Président de Cré-Action Psy
Joan BERNAUD, Psychologue, CSAPA Agora – Consultations Jeunes Consommateurs, Angoulême
Antoine BIOY, professeur de psychologie clinique et psychopathologie, université de Bourgogne
Frédéric BOUET, Coordonnateur - L'Agora-MDA, Maison Des Adolescents des Deux-Sèvres
Dr Michaël BRUN, psychiatre, Bordeaux
Laetitia CANTON, psychologue, association Rénovation, Bordeaux
Dominique CHEDAL-ANGLAY, Directrice d’Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique, Libourne
Patrick COTIN, Maison des Adolescents
Carmen CUESTA, PJJ, UEMO Bordeaux
Dr Marc DELORME, psychiatre, pôle aquitain de l’adolescent, centre Jean Abadie, CHU de Bordeaux.
DESCARPENTRIE Simon, Acteur Clown Compagnie Les Decalous, directeur d'une maison d'enfants
Dr Olivier DOUMY, Psychiatre, Praticien Hospitalier, Service CERPAD, CH Charles Perrens, Bordeaux.
Jean-Luc DOUILLARD, psychologue CH de Saintonge.
Florent FAUGERE, psychologue, docteur en psychologie, chargé de cours à l'université de Bordeaux.
Dr FONT LE BRET Brigitte, Psychiatre Expert près la Cour d’Appel de Grenoble
Jean-Luc GASPARD, psychologue, psychanalyste, Maître de conférences, Université Rennes 2
Pr
Ludovic GICQUEL, Chef du Pôle Universitaire de Psychiatrie de l'Enfant
et de l’Adolescent, Médecin - Coordonnateur du CRA Poitou-Charentes,
Unité de Recherche Clinique – CAPS, Centre Hospitalier Spécialisé Henri
Laborit, Poitiers
Dr Erick GOKALSING, Psychiatre des Hôpitaux, CUMP Océan Indien, LE PORT, Île de La Réunion
Sandrine GUILLEUX-KELLER, psychologue clinicienne, thérapeute familiale, Bordeaux
Pr Philippe GUTTON, psychiatre, Psychanalyste, Fondateur de la revue Adolescence, Président du GREUPP.
Roberte HAMAYON, RH anthropologue, prof. émérite Ecole pratique des hautes études, Sorbonne, Paris.
Association HEBE (Adolescence psychanalyse et sciences affines), Tours
Dr Anne JOLY, psychiatre, Bordeaux et Pons
Pascal-Henri KELLER, Professeur émérite, Université de Poitiers. Psychanalyste
Dr Chantal LABADIE, médecin psychiatre, membre d’ARCAD.
Jocelyn
LACHANCE, socioanthropologue de l’adolescence, docteur en sociologie de
l'Université de Strasbourg et en sciences de l'éducation de
l'Université Laval, membre de l’Observatoire jeunes et société de
Québec, codirecteur de la collection " Adologiques " et président de
l’association Anthropoado
M° Martine LAFITTE-HAZA, avocat, barreau de Mont de Marsan
Vanessa LALO, Psychologue clinicienne spécialisée dans les pratiques numériques
Dr
Jean Yves LE FOURN, Pédopsychiatre, Psychanalyste, ancien Chef de
service du Centre Oreste, Membre du CILA, Membre du Séminaire de
Recherche de la Revue Adolescence, Membre fondateur et Président
d’Honneur de l’Association Hébé
Maison Des Ados : Maison de Solenn, Paris
Pr Marie Rose MORO, Professeur de pédopsychiatrie Paris Descartes et chef de service de la Maison de Solenn
Jean-Philippe
MOUTTE, Psychologue clinicien, Chargé d'enseignement en psychologie,
CHU (Pôle aquitain de l'adolescent) et Université de Bordeaux.
OPEN (Observatoire de la Parentalité & de l’Education Numérique)
Laure PAYRE, psychologue clinicienne, Centre de Santé Mentale Infantile, ITEP Rive Gauche Bordeaux.
Maja
PERRET-CATIPOVIC, Psychanalyste, Société Suisse de Psychanalyse,
Directrice de l'Office Médico-Pédagogique de Genève, Suisse.
Nathalie PETIT, Psychologue Clinicienne, CSAPA-CMP Agora, Centre Hospitalier Camille Claudel
Romain PETITJEAN, psychologue clinicien en protection de l'enfance, Poitiers
Stéphane PINCHON, psychomotricien, psychologue clinicien, Bordeaux.
Dr
Rémy PUYUELO, Pédopsychiatre, Psychanalyste (SPP), Rédacteur en Chef
Revue Empan, Membre de la Société Européenne de Psychanalyse de l'Enfant
et de l'Adolescent (SEPEA)
Gerassimos STEPHANATOS,
psychiatre, pédopsychiatre, psychanalyste membre du Quatrieme Groupe
(O.P.L.F), Président de l’Association d’études psychanalytiques de
l’adolescence Enivos, Grèce.
Arnaud SYLLA, psychologue, centre Oreste, Tours, Association HEBE
Dr Philippe-Pierre TEDO, psychiatre, pôle aquitain de l’adolescent, centre Jean Abadie, CHU de Bordeaux.
Serge TISSERON, psychiatre, psychanalyste
Xanthie VLACHOPOULOU, psychologue, maître de conférences Paris Descartes, Institut du Virtuel IVSO