Femmes hommes : quelles différences d'exposition aux risques psychosociaux ?
Une étude de l'Anact intitulée « Les facteurs psychosociaux de risques
au travail et la santé : une approche par genre des données statistiques
nationales » acte d'une évolution du champ de la santé au travail qui
est resté longtemps pensé au « masculin ».
Depuis une dizaine d'années, le stress au travail et les RPS
occupent une place de premier plan dans les débats sociaux
sur le travail. Et si les questions de genre et travail ont donné lieu
à un certain nombre d'études qualitatives, la production des données
dans ce champ se limite encore, au mieux, à la présentation de données
par sexe.La division sexuelle du travail reste encore un fait massif et résistant aux évolutions sociales, alors que sur la même période, le taux d'activité des femmes a doublé, passant de 40 % à plus de 80 %. La nécessité de retenir une approche par genre devenait désormais primordiale.
La santé mentale des femmes et des hommes
Entre 40 et 49 ans, les troubles mentaux représentent la première cause de consultation chez les femmes comme chez les hommes. Les troubles névrotiques de la personnalité ou du comportement concernent quant à eux 9 % des consultations chez les femmes entre 15 et 45 ans et la dépression 5,5 %. Entre 45 et 74 ans, ces proportions passent respectivement à 6,4 % et 9 %. Les femmes consomment deux fois plus souvent des psychotropes que les hommes (9,7 % contre 4,7 %).Un homme sur deux souffrant d'un épisode dépressif déclare ne pas avoir consommé de médicaments ni rencontré un professionnel de la santé ou séjourné dans une structure de soins. Ces proportions sont plus faibles chez les femmes (3 à 4 femmes sur 10). Le risque d'avoir un épisode dépressif ou de manifester une anxiété généralisée est multiplié par 1,4 chez les femmes (par rapport aux hommes). Pour la phobie sociale et les troubles paniques, le risque est même multiplié par 1,8.
En revanche, les hommes présentent un risque plus élevé d'épisodes maniaques ou de syndromes d'allure psychotique. Les femmes sont en proportion plus nombreuses (4,4 %) que les hommes (3,4 %) à déclarer avoir eu des pensées suicidaires au cours de l'année. Néanmoins, le fait de vivre seul est significativement associé à la survenue de pensées suicidaires seulement chez les hommes et la consommation d'alcool à risque chronique est associée à la survenue de pensées suicidaires seulement chez les femmes.
Les effets du travail sur l'espérance de vie en santé des hommes et des femmes
Les hommes et les femmes exposés au cumul de plusieurs pénibilités, et plus encore à des facteurs psychosociaux de risques, sont plus souvent sortis de l'emploi avant 60 ans (souvent hors de tout dispositif de retraite anticipée) que les autres. Les effets du travail sur la santé peuvent aussi apparaître pendant la vie professionnelle.Il apparaît notamment que les conditions de travail (et particulièrement les facteurs psychosociaux) peuvent avoir un impact sur la santé à court terme, mais aussi que certaines populations, très exposées à des risques ou pénibilités, ne présentent pas nécessairement un état de santé plus dégradé, au moins à court terme !
Les relations entre travail et santé se font aussi en termes de conséquence de la santé sur le travail. Les femmes ont une probabilité beaucoup plus élevée que les hommes de devenir inactives. Et si, en début de carrière, l'inactivité est liée à la maternité, après 40 ans, elle est surtout liée à des problèmes de santé.
Les grandes enquêtes sur les conditions de travail et la santé ont fortement évolué au cours de 30 dernières années pour tenir compte de l'évolution générale du travail et des conditions de sa réalisation, et pour couvrir au mieux l'ensemble de la population au travail. Cependant, de nombreuses zones d'ombre dans la compréhension des dynamiques de santé en lien avec le travail pour les femmes et les hommes demeurent.
Source : Les facteurs psychosociaux de risques au travail et la santé : une approche par genre des données statistiques nationales, Étude de l'Anact, août 2014