16 décembre 2014 http://www.newswire.ca/fr/story/1464261/les-consommateurs-de-cocaine-et-amphetamine-plus-susceptibles-de-vouloir-attenter-a-leur-vie
MONTRÉAL, le 16 déc. 2014 /CNW Telbec/ - Parmi les personnes utilisant
des drogues par injection, les consommateurs des drogues stimulantes,
telles que la cocaïne et les amphétamines, sont près de deux fois plus à
risque de présenter des comportements suicidaires, selon des chercheurs
de l'Université de Montréal et du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM).
La toxicomanie avait déjà été identifiée comme un important facteur de
risque pour le suicide. Dix pour cent des décès chez les consommateurs
de drogues seraient en effet attribuables au suicide. Les données issues
de cette étude novatrice pourraient permettre de développer et
d'évaluer des stratégies de prévention du suicide plus adaptées à cette
population hautement vulnérable.
Les chercheurs ont pu explorer la relation entre toxicomanie et risque de comportement suicidaire en étudiant de façon détaillée les différents types de substances consommées chez plus de 1200 personnes s'injectant des drogues à Montréal. « Nous savons que la consommation de substances est associée au risque de tentative suicidaire et de suicide complété. Or, il existe beaucoup de profils différents de consommateurs de drogues. Les données disponibles jusqu'à récemment ne permettaient pas d'identifier les profils de consommation étant le plus à risque. Nous voulions savoir qui, parmi les personnes qui consomment des substances, étaient réellement les plus susceptibles de faire une tentative du suicide », explique Didier Jutras-Aswad, professeur au Département de psychiatrie de l'Université de Montréal et chercheur au CRCHUM.
Pour ce faire, ils ont utilisé les données de la Cohorte HEPCO, une étude longitudinale issue du programme de recherche « Cohorte Saint-Luc » et établie à Montréal en 2004 par la Dre Julie Bruneau, chercheuse au CRCHUM et professeure au Département de médecine familiale de l'Université de Montréal, pour examiner les facteurs individuels et contextuels associés à l'infection au virus de l'hépatite C. Les participants de cette cohorte devaient avoir 18 ans et plus et s'être injecté des drogues au cours des six derniers mois. Deux fois par année, les participants de l'étude ont complété un questionnaire visant à mieux comprendre leurs habitudes de consommation de stupéfiants et évaluer certains marqueurs de leur santé mentale. Le suivi médian a été de quatre visites. Il leur était notamment demandé s'ils avaient tenté de se suicider dans les six derniers mois, mais aussi quelle était la nature et la fréquence de leur consommation. Plusieurs substances ont ainsi pu être évaluées de façon détaillée: la cocaïne, les amphétamines, les opioïdes, le cannabis, l'alcool et les sédatifs-hypnotiques disponibles illégalement dans la rue, c'est-à-dire les barbituriques et les benzodiazépines.
Leurs résultats indiquent que la tentative de suicide est un événement fréquent chez les consommateurs de drogues injectables. Au début de l'étude, près de 6 % des participants avaient en effet signalé une tentative de suicide dans les six mois précédents, un taux dramatiquement plus élevé que dans la population générale. Au cours du suivi, 143 participants ont connu au moins un épisode de tentative de suicide. Les chercheurs ont constaté que l'utilisation chronique et occasionnelle des drogues stimulantes, soit la cocaïne et les amphétamines, était associée à une probabilité près de deux fois plus grande de déclarer une tentative de suicide, par rapport à l'utilisation des autres drogues. De façon surprenante, ils n'ont cependant pas observé la même association positive pour les autres substances, notamment les opiacés, telles que la morphine et l'héroïne, dont l'utilisation est pourtant considérée comme parmi les plus dommageables sur le plan psychosocial et de la santé.
Pourquoi donc cette différence entre drogues stimulantes et opiacés? Selon eux, un ensemble de différences neurobiologiques, comportementales et sociales entre les consommateurs de drogues stimulantes et consommateurs d'opiacés pourrait expliquer ces résultats. Les consommateurs de drogues stimulantes seraient ainsi plus vulnérables car plus impulsifs et caractérisés par une humeur plus variable. Les chercheurs soulignent également que les traitements visant à combattre la dépendance à la cocaïne sont pratiquement inexistants, rappelant que les services de traitement de la toxicomanie ont souvent été structurés autour des consommateurs d'opiacés ou d'alcool.
« Notre étude répond à un certain nombre de questions très importantes qui pourraient changer les pratiques. Si elle confirme que l'utilisation de drogues en soi constitue un risque important pour les comportements suicidaires, elle identifie les consommateurs de cocaïne et d'amphétamines comme étant une population à très haut risque. Il nous faut donc développer des programmes d'intervention et de prévention plus efficaces et adaptés à cette population cible. Il apparait également essentiel de mener à bien de nouvelles recherches mettant notamment l'accent sur une évaluation plus détaillée de la santé mentale et son interaction avec la consommation dans le temps », conclut Didier Jutras-Aswad.
À propos de cette étude :Andreea Adelina Artenie, Julie Bruneau, Geng Zang, François Lespérance, Johanne Renaud, Joël Tremblay et Didier Jutras-Aswad ont publié l'article « Associations of substance use patterns with attempted suicide among persons who inject drugs : Can distinct use patterns play a role? », le 26 novembre 2014 dans la revue Drug and Alcohol Dependence (publication en ligne).
SOURCE Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM)
Renseignements : Relations avec les médias : Pour les médias francophones : Isabelle Girard, Conseillère en information - CRCHUM, Tél. : 514-890-8000 poste 12725, isabelle.girard.chum@ssss.gouv.qc.ca; Pour les médias anglophones et allophones : Benjamin Augereau, Attaché de presse - Université de Montréal, Tél. : 514-343-6796, benjamin.augereau@umontreal.ca
Les chercheurs ont pu explorer la relation entre toxicomanie et risque de comportement suicidaire en étudiant de façon détaillée les différents types de substances consommées chez plus de 1200 personnes s'injectant des drogues à Montréal. « Nous savons que la consommation de substances est associée au risque de tentative suicidaire et de suicide complété. Or, il existe beaucoup de profils différents de consommateurs de drogues. Les données disponibles jusqu'à récemment ne permettaient pas d'identifier les profils de consommation étant le plus à risque. Nous voulions savoir qui, parmi les personnes qui consomment des substances, étaient réellement les plus susceptibles de faire une tentative du suicide », explique Didier Jutras-Aswad, professeur au Département de psychiatrie de l'Université de Montréal et chercheur au CRCHUM.
Pour ce faire, ils ont utilisé les données de la Cohorte HEPCO, une étude longitudinale issue du programme de recherche « Cohorte Saint-Luc » et établie à Montréal en 2004 par la Dre Julie Bruneau, chercheuse au CRCHUM et professeure au Département de médecine familiale de l'Université de Montréal, pour examiner les facteurs individuels et contextuels associés à l'infection au virus de l'hépatite C. Les participants de cette cohorte devaient avoir 18 ans et plus et s'être injecté des drogues au cours des six derniers mois. Deux fois par année, les participants de l'étude ont complété un questionnaire visant à mieux comprendre leurs habitudes de consommation de stupéfiants et évaluer certains marqueurs de leur santé mentale. Le suivi médian a été de quatre visites. Il leur était notamment demandé s'ils avaient tenté de se suicider dans les six derniers mois, mais aussi quelle était la nature et la fréquence de leur consommation. Plusieurs substances ont ainsi pu être évaluées de façon détaillée: la cocaïne, les amphétamines, les opioïdes, le cannabis, l'alcool et les sédatifs-hypnotiques disponibles illégalement dans la rue, c'est-à-dire les barbituriques et les benzodiazépines.
Leurs résultats indiquent que la tentative de suicide est un événement fréquent chez les consommateurs de drogues injectables. Au début de l'étude, près de 6 % des participants avaient en effet signalé une tentative de suicide dans les six mois précédents, un taux dramatiquement plus élevé que dans la population générale. Au cours du suivi, 143 participants ont connu au moins un épisode de tentative de suicide. Les chercheurs ont constaté que l'utilisation chronique et occasionnelle des drogues stimulantes, soit la cocaïne et les amphétamines, était associée à une probabilité près de deux fois plus grande de déclarer une tentative de suicide, par rapport à l'utilisation des autres drogues. De façon surprenante, ils n'ont cependant pas observé la même association positive pour les autres substances, notamment les opiacés, telles que la morphine et l'héroïne, dont l'utilisation est pourtant considérée comme parmi les plus dommageables sur le plan psychosocial et de la santé.
Pourquoi donc cette différence entre drogues stimulantes et opiacés? Selon eux, un ensemble de différences neurobiologiques, comportementales et sociales entre les consommateurs de drogues stimulantes et consommateurs d'opiacés pourrait expliquer ces résultats. Les consommateurs de drogues stimulantes seraient ainsi plus vulnérables car plus impulsifs et caractérisés par une humeur plus variable. Les chercheurs soulignent également que les traitements visant à combattre la dépendance à la cocaïne sont pratiquement inexistants, rappelant que les services de traitement de la toxicomanie ont souvent été structurés autour des consommateurs d'opiacés ou d'alcool.
« Notre étude répond à un certain nombre de questions très importantes qui pourraient changer les pratiques. Si elle confirme que l'utilisation de drogues en soi constitue un risque important pour les comportements suicidaires, elle identifie les consommateurs de cocaïne et d'amphétamines comme étant une population à très haut risque. Il nous faut donc développer des programmes d'intervention et de prévention plus efficaces et adaptés à cette population cible. Il apparait également essentiel de mener à bien de nouvelles recherches mettant notamment l'accent sur une évaluation plus détaillée de la santé mentale et son interaction avec la consommation dans le temps », conclut Didier Jutras-Aswad.
À propos de cette étude :Andreea Adelina Artenie, Julie Bruneau, Geng Zang, François Lespérance, Johanne Renaud, Joël Tremblay et Didier Jutras-Aswad ont publié l'article « Associations of substance use patterns with attempted suicide among persons who inject drugs : Can distinct use patterns play a role? », le 26 novembre 2014 dans la revue Drug and Alcohol Dependence (publication en ligne).
SOURCE Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM)
Renseignements : Relations avec les médias : Pour les médias francophones : Isabelle Girard, Conseillère en information - CRCHUM, Tél. : 514-890-8000 poste 12725, isabelle.girard.chum@ssss.gouv.qc.ca; Pour les médias anglophones et allophones : Benjamin Augereau, Attaché de presse - Université de Montréal, Tél. : 514-343-6796, benjamin.augereau@umontreal.ca