Stephanie Lloyd et Eugene Raikhel, « L’épigénétique
environnementale et le risque suicidaire : Reconsidérer la notion de
contexte dans un style de raisonnement émergent », Anthropologie & Santé
[En ligne], 9 | 2014, mis en ligne le 20 novembre 2014, consulté le 02
décembre 2014. URL : http://anthropologiesante.revues.org/1568
Stephanie Lloyd Département d'anthropologie, Université Laval, stephanie.lloyd@ant.ulaval.ca
Eugene Raikhel Department of Comparative Human Development, University of Chicago, eraikhel@uchicago.edu
Stephanie Lloyd Département d'anthropologie, Université Laval, stephanie.lloyd@ant.ulaval.ca
Eugene Raikhel Department of Comparative Human Development, University of Chicago, eraikhel@uchicago.edu
Résumés
L’ “épigénétique environnementale”
étudie les effets potentiels de l’environnement sur l'expression des
gènes à travers un ensemble de mécanismes moléculaires. Ce domaine de la
recherche biologique connaît un développement rapide mais reste
contesté. Il a été salué par certains spécialistes des sciences sociales
à la fois comme un paradigme renversant nombre d’idées reçues
concernant l'évolution et l'hérédité, mais aussi comme un signe de
l'ouverture d’un espace de recherche proprement biosocial.
L’épigénétique environnementale laisse toutefois sceptiques ceux qui n’y
voient que la réduction de l'environnement et du contexte social – et
les interventions potentielles – à l'échelle des mécanismes
moléculaires. Dans cet article, nous explorons ces questions à la
lumière d’une recherche ethnographique dans un groupe pluridisciplinaire
de chercheurs étudiant le comportement suicidaire. Alors qu'un « style
de raisonnement » spécifique émerge de leurs recherches qui
molécularisent une gamme de facteurs environnementaux et les localisent
dans le cerveau, nous soutenons qu’il reflète davantage, de la part des
scientifiques, un « réductionnisme pragmatique » plutôt qu’une
conception étroite du suicide. La construction d’explications plus
complexes du risque de suicide – intensifiant l’approche
interdisciplinaire – n'est en effet pas tant limitée par l'intérêt des
chercheurs, que par des contraintes techniques, l’accès à des matières
cérébrales spécifiques et le développement de pratiques de recherche
innovantes.
Mots-clés :
neurosciences, génétique/génomique, suicide, style de raisonnement, risque.Plan
Le tournant épigénétique
La molécularisation de l’environnement et la recherche d’un « cerveau suicidaire »
Les implications sociales de l’émergence du style de raisonnement des recherches épigénétiques sur le suicide
Éléments de conclusion : suicide, épigénétique et sciences sociales