Par Isabelle Gonzalez Publié le 22/07/2013 rhone-alpes.france3.fr*
Contrairement à une idée reçue, passer l’été dans la rue est tout aussi difficile, pour un sans domicile fixe, que pendant la période hivernale. Les sans-abri rencontrent même plus de problèmes, ils sont encore plus en danger
Après une fin de semaine déjà chaude, des pics de température sont attendus ce lundi 22 juillet 2013, qui devrait être la journée la plus chaude de ce mois de juillet, avec des températures
atteignant souvent 35°C et une vigilance jaune canicule dans le Rhône.
A ce jour, en France, 133 000 personnes sont sans-abri et 3,51 millions sont mal-logés soit une augmentation de près de 15 000 personnes par rapport à 2008.
Attention danger!
Les associations tenter d'attirer l’attention sur l’urgence sociale en cette période de fortes chaleurs. En effet, dans plusieurs départements les centres d’hébergement ouverts pendant l’hiver ferment,les expulsions locatives ont repris, les démantèlements de bidonvilles sans solution se poursuivent également, remettant à la rue des centaines de personnes. N’oublions pas que contrairement aux idées reçues, il meurt autant de personnes sans-abri l’été que l’hiver.
Elles dénoncent la gestion au thermomètre de la grande exclusion.
Le soleil tueLe manque d’hébergement, de relais alimentaires, d’hygiène et l’augmentation des maladies dûes à la chaleur sont autant de menaces qui pèsent sur les personnes vivant dans la rue. Selon le collectif « Les morts de la rue », 232 SDF sont décédés en 2013.
En été, les associations manquent cruellement de dons et les bénévoles prennent des vacances bien méritées. Les SDF se tournent alors vers les associations ouvertes à ce moment-là, et, automatiquement, il y a plus d’attente, plus de tensions. Comme beaucoup d’associations sont closes, nombreux sont ceux qui arrivent le soir sans avoir pris de déjeuner à midi.
Une santé fragilisée Plus d’un sans-domicile sur dix souffre de problèmes respiratoires, de séquelles d’accidents ou de maladies graves. Les difficultés de vivre dans la rue accentuent les troubles psychologiques de cette population. Un SDF sur quatre déclare connaître un état dépressif. C’est en été que s’aggrave l’état de santé des personnes à la rue. Déshydratation, maladie de la peau, poux du corps qui prospèrent avec la chaleur. Les écarts de température sont plus importants et les chocs thermiques tuent de nombreux sans-logis.
CONDITIONS METEO DIFFICILES POUR LES SDF
Contrairement aux idées reçues, la période estivale est particulièrement redoutée par les sans domicile fixes. On en parle souvent quand il fait froid et on oublie que par ces fortes chaleurs, les personnes en situation de précarité sont très vulnérables. Reportage de Valérie Benais et Sandie Goldstein
Météo France prévoirt qu'à partir de mardi, les températures devraient commencer à baisser petit à petit par l'ouest, et "l'on devrait aller vers des chaleurs tout à fait raisonnables" jusqu'à la fin de la semaine.
Pour franchir les seuils d'alerte canicule, il faut dépasser des seuils minimaux de température diurnes et nocturnes, établis département par département, durant au moins trois jours consécutifs.
Corollaire de ces fortes températures la pollution gagne du terrain. Selon l'observatoire de la qualité de l'air, de fortes concentrations d'ozone sont actuellement enregistrées, elles sont supérieures au premier seuil d'alerte.
En conséquence, il est recommandé aux enfants et aux personnes sensibles d'éviter les efforts physiques intenses, les automobilistes sont invités à "différer leurs déplacements et "réduire leur vitesse".
Quelques chiffres:
La moyenne d’âge de décès des sans-abri est de 41 ans pour les femmes et de 56 ans pour les hommes (l’espérance de vie en France pour un homme est de 77 ans et pour une femme de 84 ans selon l’Insee).
Les personnes présentant des problèmes de santé mentale (addictions et pathologies psychiatriques) ont une espérance de vie encore plus basse : 37 ans.
Les pathologies digestives (20,5 %) et pulmonaires (16 %) sont les principales causes d’hospitalisation ou de décès. Le stade d’évolution de la maladie, très avancé, témoigne d’une absence de suivi régulier ou d’intervention à temps.
15 % c’est le taux de suicide chez les SDF, soit sept fois plus qu’en prison.
* http://rhone-alpes.france3.fr/2013/07/22/canicule-la-misere-n-est-pas-moins-penible-au-soleil-291663.html
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Complement d'infosuicide.org
le chiffre 15% provient d'une enquête de Médecins du Monde mettant en évidence la surmortalité des personnes sans-abri en 2009 Sur Marseille
Médecins du Monde, l'Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et l’association Les Morts de la rue en collaboration avec deux laboratoires de recherche. INTEGRALITE DE L'ETUDE
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