Mercredi 26 juin 2013 senat.fr
(prochaine date du Sénat le 3 juillet voir post du 28 juin)
- Présidence de Mme Annie David, présidente -
Table ronde sur la prévention du suicide
Au cours d'une première réunion tenue
dans la matinée, la commission procède à une
table ronde sur la prévention du suicide.
Mme Annie
David, présidente. - J'ai
souhaité que nous puissions consacrer une partie de notre réunion
de ce matin à la problématique de la prévention du
suicide.
De plus en plus d'experts, de professionnels de santé
et de responsables publics s'accordent aujourd'hui pour considérer le
suicide comme un fait social, appelant des réponses en termes de
politiques publiques, et non comme la simple résultante de comportements
individuels. Avec plus de 10 000 suicides par an, et 20 fois plus de
tentatives de suicide, la France s'avère plus exposée que la
moyenne des pays européens à ce phénomène qui
touche aussi bien les jeunes que les personnes âgées ou
isolées, et présente de fortes disparités selon les
régions et les catégories socio-professionnelles.
Je remercie de leur présence aujourd'hui, pour
débattre avec nous :
- Didier Bernus, rapporteur de l'avis adopté en
février 2013 par le Conseil économique, social et environnemental
sur la prévention du suicide ;
- le docteur Michel Debout, professeur de médecine
légale et de droit de la santé à l'université de
Saint-Etienne, ancien membre et rapporteur du Conseil économique et
social, ancien président de l'Union nationale de prévention du
suicide et actuellement rapporteur de l'association Bien-être et
société ;
- et Jean-Claude Delgennes, directeur
général du cabinet Technologia, spécialisé dans
l'évaluation et la prévention des risques professionnels qui est
intervenu à plusieurs reprises à la suite de faits suicidaires
dans les entreprises ou administrations.
Au cours de ces derniers mois, vous avez les uns et les autres
plaidé pour l'instauration d'un observatoire national de la
prévention du suicide et la ministre des affaires sociales et de la
santé, Marisol Touraine, en a annoncé la création
prochaine lors de la séance du Conseil économique, social et
environnemental du 12 février. Mais cet outil destiné à
mieux appréhender les tentatives de suicide et les comportements
suicidaires ne peut constituer qu'un volet d'une politique plus large et plus
globale de prévention qui ne se réduit pas à la seule
santé publique, mais concerne également d'autres domaines comme
l'éducation nationale ou le travail.
Je précise que lors d'un récent
déplacement au Québec, une délégation de notre
commission a constaté que la province, confrontée il y a quelques
années à des taux de suicide extrêmement
élevés, a su prendre un certain nombre de mesures
concrètes qui ont produit des résultats tangibles.
Je souhaite que nous puissions ce matin, avec nos
intervenants, mieux saisir les enjeux de la prévention du suicide et
évoquer les orientations qui permettraient de la renforcer. Je propose
à chacun d'entre eux d'effectuer une brève présentation
avant d'ouvrir le débat.
M. Didier Bernus, membre du Conseil
économique, social et environnemental. - Je vous remercie de
cette audition qui permet de prolonger le rapport du CESE dont le titre dit
l'ambition « Suicide : Plaidoyer pour une prévention
active ». Ce rapport intervient, symboliquement, vingt ans
après celui présenté par Michel Debout au Conseil
économique et social qui avait montré que le suicide est un
problème de santé publique.
Je ne reviendrai pas sur les éléments de constat
que vous avez donnés. Je pense qu'il faut retenir qu'il y a en France
plus de dix mille morts par suicide chaque année et que ce sont des
morts évitables. Contrairement à ce que l'on entend souvent, le
suicide n'est pas une fatalité. C'est pour cela que nous souhaitons une
prévention active. Il s'agit d'empêcher qu'une personne souffrant
de mal être ne fasse un geste définitif. Il faut convaincre qu'il
est possible d'éviter le passage à l'acte.
Le premier problème est de mieux connaître le
phénomène. Le suicide a des causes multifactorielles et chaque
situation est différente car elle relève de l'intime. En aucun
cas il n'est question de se pencher sur la vie de chacun mais il est
nécessaire de prendre des dispositions générales en
matière de prévention.
Le nombre de suicides est relativement constant en France
même s'il tend à baisser depuis vingt ans car les pouvoirs publics
se sont réveillés. Nous ne partons donc pas de rien et des plans
relatifs au suicide, ainsi que des plans de santé mentale, ont
été mis en place. L'Institut de veille sanitaire travaille sur
les données relatives aux suicides mais les chercheurs reconnaissent
eux-mêmes les limites de leurs travaux et la nécessité de
mesures concrètes. La volonté militante d'acteurs associatifs et
de soignants a également beaucoup contribué à la mise en
place de dispositifs efficaces. Des actions concrètes sont menées
à Lyon, Lille ou encore à Brest. Il faut néanmoins
reconnaître que les initiatives militantes actuelles manquent de
coordination.
En matière d'épidémiologie, on sait qu'il
y a entre deux cents et deux cent vingt mille tentatives de suicide par et
que plus de 60 % des personnes qui se suicident ont auparavant
tenté de le faire.
Les actions ciblées sur les jeunes ont pu donner des
effets, le pic épidémiologique des suicides se situe entre 30 et
60 ans, ce qui doit nous amener à réfléchir sur les causes
de ce phénomène. Il existe une sociologie des suicides et des
facteurs de risque ont été identifiés par les
professionnels au travers de conférences de consensus. Ainsi dans 70
à 90 % des cas, le suicide est lié à la
dépression.
Il y a aussi des facteurs aggravants qui déclenchent le
passage à l'acte. Il faut trouver les moyens d'intervenir pour
interrompre le processus. L'isolement, qui ne se limite pas à la
solitude, est un point déterminant et il faut essayer de rétablir
un lien social avec ceux qui en souffrent. Les différents cadres que
sont la famille, les associations, le travail devraient être un facteur
d'intégration mais ils peuvent parfois créer de l'isolement par
manque de communication.
Comment prendre en charge les personnes suicidaires ? On
peut regretter que le plan de lutte contre le suicide et les plans de
santé mentale ne soient pas coordonnés. A mon sens, l'appellation
de plan de lutte contre le suicide n'est pas la plus adaptée. Mieux
vaudrait parler de plan de prévention.
Les centres de prévention du suicide, qui sont
animés par des associations ou des établissements de
santé, sont très fragilisés pour des raisons
budgétaires. Des conventions leur permettant d'exercer leur mission ne
sont pas reconduites, ce qui a entraîné la disparition de
60 % de centres en Ile-de-France.
Il faut soutenir la mise en place de dispositifs de veille et
de suivi et permettre l'accès rapide à des professionnels
formés dans tous les services d'urgence. A l'heure actuelle, ce sont
principalement les CHU qui disposent d'unités dédiées.
Trop souvent, les personnels non formés tendent à minimiser les
tentatives de suicide alors qu'une barrière a été
franchie.
Plusieurs axes se dégagent en matière de
prévention. Tout d'abord, il faut colliger les informations disponibles
et récolter les informations manquantes pour dégager des actions
concrètes. Si l'on prend l'impact de la crise économique et des
plans sociaux sur les salariés, il est incontestable qu'il s'agit d'un
facteur aggravant. La Grande-Bretagne a la capacité d'évaluer la
surmortalité suicidaire liée à la crise. Il s'agit de
mille suicides de plus par an. En France, nous ne savons pas
évaluer cet impact.
La question de l'observatoire national dont nous souhaitons la
création est centrale. Il doit être appuyé sur les
équipes de terrain car les situations locales ne sont pas identiques. Il
faut également utiliser les capacités d'expertise dont nous
disposons déjà et créer des réseaux. L'observatoire
doit être en mesure de faire des recommandations en dehors de toute
contingence.
La prévention du suicide n'est pas seulement une
affaire de spécialistes. Cela nous concerne tous. Comme il y a trente
ans avec les accidents de la route, il faut dépasser le fatalisme. On
doit faire prendre conscience à la population que l'on peut agir et
qu'il faut reconnaître les signes d'alerte. Cela passe aussi par des
mesures concrètes. En Grande-Bretagne, des barrières ont
été placées près des zones sensibles sur les voies
ferrées et un message y est destiné à ceux qui envisagent
le suicide pour tenter de les faire réfléchir, de retarder le
plus possible le passage à l'acte.
Mme Annie
David, présidente. - Lors du
récent déplacement d'une délégation de la
commission des affaires sociales au Québec nous appris que la province a
mis en place un réseau de « sentinelles »
chargées de la prévention du suicide. Il s'agit là d'un
autre exemple de mesure concrète.
Pr Michel Debout, professeur de médecine
légale et de droit de la santé à l'université de
Saint-Etienne, président de Bien-être et
société. - Le suicide me paraît être une
question majeure car la manière dont il est traité montre le prix
qu'une société attache à la vie humaine.
Peut-on accepter que des personnes quittent la vie et qu'elles
ne fassent rien de leur existence ? Je suis professeur de médecine
légale et j'ai donc « rencontré » beaucoup de
personnes mortes de suicide, mais aussi beaucoup de familles, et cette
expérience a été particulièrement marquante. J'ai
créé à l'hôpital de Saint-Etienne un des premiers
services d'urgences qui a pris en charge de nombreuses personnes ayant
tenté de se suicider.
La question du suicide est rendue plus complexe car, quand il
y a cinquante ou soixante ans on parlait de suicide, on parlait des morts.
Aujourd'hui, on parle plutôt de personnes vivantes et le problème
est d'éviter la répétition des actes suicidaires. La
démarche est donc différente.
C'est une vieille affaire que le suicide, la question se pose
depuis qu'il y a des humains. La question est à la fois philosophique,
sociale et religieuse, et ce sont des dimensions qui ne peuvent être
évacuées. En France, l'interdit moral et religieux a longtemps
pesé, on violentait le corps du suicidé et l'opprobre pesait sur
sa famille. Ce n'est que depuis 1969 qu'une personne
décédée par suicide a la possibilité d'obtenir des
obsèques catholiques. Pendant longtemps donc, la question n'était
pas celle de la prévention, mais l'interdiction. Le suicide était
une réalité dont on ne parlait pas.
Le temps de la prévention n'a donc débuté
que très récemment. On ne s'en préoccupe que depuis
l'après-guerre. Il reste d'ailleurs beaucoup de freins et
d'interrogations sur la société concernant le suicide. Ces
questions se retrouvent en chacun de nous. Dès lors, une politique de
prévention est difficile à développer. Il est
révélateur qu'on en soit toujours aujourd'hui à demander
un observatoire sur cette question, alors qu'en France, on observe tout. On
nous a opposé de nombreux arguments pseudoscientifiques pour
écarter cette création, mais le suicide ne concerne pas seulement
l'épidémiologie, ni même les seuls acteurs
médicaux.
Il y a eu deux ruptures en matière de pensée sur
le suicide. Tout d'abord, les médecins aliénistes de la
première moitié du XIXe siècle ont noté
la fréquence du suicide dans les asiles. Ils ont établi un lien
entre suicide et folie, et considéré que l'on ne se suicide que
si l'on est fou. Cela est faux bien sûr, mais cela a eu
l'intérêt de poser la question non plus en terme de morale, mais
de médecine. La deuxième rupture intervient en France à la
fin du XIXe siècle, avec l'oeuvre de Durkheim. Il montre
que le suicide est certes un problème individuel, mais aussi qu'il
existe un taux de suicide dans une population, et que ce taux varie dans une
société et augmente surtout quand elle est en crise. Les effets
de la crise sur le taux de suicide sont observés au Royaume-Uni, en
Grèce, en Italie et en Espagne, mais nous ne disposons d'aucun
élément pour la France.
Il y a donc deux approches qui se complètent. Il y a
tout d'abord une approche médicale qui s'adresse aux individus, mais pas
uniquement : elle s'adresse également aux groupes qui sont les plus
exposés, les chômeurs, les exclus, les personnes
surendettées. Parce que le suicide est un fait de société,
il faut également développer une prévention sociale.
Parler de suicide est parler d'une chose négative, il
faut donc plutôt essayer de développer le bien-être dans la
société en prenant en compte la détresse humaine. Comment
pouvons-nous accepter que des personnes s'immolent ? C'est contraire
à la fraternité humaine qui figure dans la devise
républicaine.
Je souhaite enfin souligner que quand un suicide survient, il
y a une onde de choc sur la famille et sur l'entourage qui se trouve
marqué et déconstruit. Le Québec mène des actions
intéressantes d'accompagnement des endeuillés et de
prévention les concernant.
Mme Annie
David, présidente. - Au
Québec, effectivement, nos interlocuteurs nous ont
présenté le concept de « postvention » qui
prend la suite de la prévention en matière de suicide.
M. Jean-Claude Delgènes, directeur
général de Technologia (cabinet d'évaluation et de
prévention des risques professionnels). - Je tiens tout d'abord
à saluer la constance de vos travaux, puisque je suis déjà
intervenu devant votre commission en 2009 à l'occasion de la crise de
suicides au technocentre Renault de Guyancourt.
La prévention du suicide suppose un effort constant et
une approche globale, associant des sociologues, des psychologues, des
spécialistes du monde de l'entreprise... Nous avons travaillé sur
les crises de suicides qui ont frappé différents sites de
Renault, France Telecom, ou encore La Poste. Au total, nous avons suivi
une centaine de situations depuis ces six ou sept dernières
années. Il y a effectivement un phénomène nouveau de
crises suicidaires dans le monde du travail. Je voudrais aborder ce sujet sous
l'angle de préconisations.
Ma première recommandation est d'inscrire le
« burn-out », autrement dit l'épuisement
professionnel, au tableau des maladies professionnelles. Le 26 septembre
dernier, un colloque important a réuni les syndicats de salariés,
qui soutiennent quasiment tous aujourd'hui cette recommandation.
Épuisé par son travail, un individu peut facilement basculer dans
le suicide. Quand on va trop loin dans les exigences professionnelles, on peut
mettre les gens dans une situation difficile. Les exemples abondent. Certes, on
peut actuellement faire reconnaître un
« burn-out » comme maladie professionnelle, mais
la démarche est compliquée et peut durer quatre à
cinq ans.
Ma deuxième recommandation consiste à revoir le
système d'évaluation individuelle dans les entreprises. A
l'origine destiné aux commerciaux pour accroître la
rentabilité des entreprises, ce système s'est imposé
à de nombreux salariés depuis les années 1980. Le
problème vient qu'il aboutit parfois à nier l'identité et
les efforts des salariés. Certains passages à l'acte ont
d'ailleurs lieu peu après des évaluations qui se sont mal
passées. C'est pourquoi je propose de donner une dimension collective
à ces évaluations.
Ma troisième recommandation vise à modifier les
règles de mobilité professionnelle. Il s'agit là d'un
problème spécifique à notre pays. Des salariés
rayonnants peuvent parfois très mal vivre une mobilité mal
conçue. Un exemple éloquent : dans une entreprise de
construction automobile, un cadre s'est trouvé propulsé en
quelques mois directeur d'un établissement, suite à la nomination
à l'étranger de son supérieur hiérarchique puis
à une maladie grave touchant son nouveau supérieur.
N'étant pas préparé à de telles
responsabilités, le nouveau directeur s'est finalement suicidé.
Les phénomènes de crise identitaire résultent souvent
d'une mauvaise anticipation de la hiérarchie. Certains pays scandinaves
procèdent, avec raison, à des mobilités virtuelles. Dans
le même sens, il est nécessaire de mieux accompagner les personnes
de retour au travail après un long arrêt maladie, car entretemps
l'entreprise a changé et des collègues sont partis. Le
problème s'est posé avec acuité à France Telecom,
où 3 000 personnes s'étaient réfugiées
dans des arrêts maladie. Des mesures comme le recours au temps
partiel, l'instauration de tuteurs ou l'accompagnement par des
délégués syndicaux permettraient d'améliorer le
retour au travail des salariés concernés.
Quatrième recommandation : mieux accompagner les
salariés victimes d'un plan social. La situation actuelle en France est
un scandale : les salariés sont traités comme des
fétus de paille. Tout le monde se moque du sort réservé
aux personnes licenciées une fois retombée la pression politique
et médiatique, six ou douze mois plus tard. Des cabinets ont
gagné par le passé des sommes considérables. Aujourd'hui,
le métier est mortifère et pâtit d'une très mauvaise
image. Un conseiller suit parfois entre cent et cent cinquante salariés,
alors qu'il ne devrait en suivre qu'une cinquantaine. Schématiquement,
on peut distinguer trois catégories de salariés dans un plan
social : la première considère le plan social comme une
aubaine, la seconde comme un passage délicat qui peut être
surmonté. La troisième catégorie en revanche regroupe les
salariés faiblement formés ou âgés, que certains
appellent avec dédain le « fond de panier ». Pour
eux, rester six ou douze mois au chômage représente une
épreuve parfois insurmontable. C'est sur eux que devraient se concentrer
tous les efforts des cabinets !
Cinquième recommandation : il faut revoir la
formation des cadres intermédiaires dans les entreprises. Un acte
suicidaire dans une entreprise constitue une brûlure, une onde de choc,
qui bouleverse beaucoup de choses. Comment agir et prévenir de tels
actes dans les entreprises ? Notre pays a beaucoup à apprendre des
expériences à l'étranger, comme au Québec.
L'ancienne direction de Renault a par exemple refusé de recevoir pendant
plusieurs mois les familles des salariés qui se sont suicidés, et
a conservé leurs effets personnels.
Dernière recommandation : il faut une campagne
d'action spécifique pour mieux connaître le
phénomène des suicides. Il est regrettable qu'aucune étude
n'existe sur le lien entre le surendettement, le chômage, la
désindustrialisation par exemple, et le passage à l'acte. Ce
déni est époustouflant. Comment prévenir les suicides si
on ne les connaît pas mieux ?
« La France a le blues », pour reprendre
le titre d'un article récent publié dans le journal Le
Monde. Il est vrai que les salariés, quel que soit leur niveau de
responsabilités, ont des difficultés à anticiper leur
évolution professionnelle. Cette difficulté renvoie selon moi au
problème de la formation de nos élites dans notre pays.
L'existence d'un plafond de verre, bien connu dans les carrières des
femmes, touche également les hommes qui ne disposent pas des
diplômes attendus. En Allemagne, les cadres commencent toujours leurs
carrières dans le
« Mittel-management » : cette
expérience au sein de l'encadrement intermédiaire leur permet de
mieux connaître les hommes et la portée de leurs décisions.
Le patron de Boeing est un homme qui a commencé sa
carrière comme simple technicien de maintenance. Imagine-t-on pareille
situation en France ? A mes yeux, la sinistrose que traverse notre pays
tient à l'incapacité des salariés à se projeter, en
raison notamment d'une élite dirigeante éloignée de leurs
préoccupations.
Vous le savez, 240 000 tentatives de suicides ont
lieu chaque année en France, d'où 4 millions de personnes
touchées indirectement par ce phénomène : la famille,
les amis, les collègues. Ces personnes sont marquées à vie
par ces stigmates, comme l'explique Boris Cyrulnik. Il est donc
nécessaire de mieux connaître les tentatives de suicide pour mieux
les prévenir.
Mme
Isabelle Pasquet. - Je remercie la
Présidente d'avoir bien voulu donner suite à ma demande
d'organiser une table ronde sur le suicide. Ce sujet fait écho à
mon histoire familiale et à la fermeture des chantiers de La Ciotat,
véritable onde de choc. Je crois qu'il est nécessaire d'insister
sur la notion de reproduction, et pas seulement sur celle de récidive.
Il faut informer l'entourage proche des personnes qui se sont suicidées,
nos concitoyens, dans les entreprises et au-delà, sur les risques
liés au phénomène de reproduction. La ministre souhaite
créer un observatoire du suicide, c'est une bonne chose, mais il faut
agir vite. Je souhaite pour ma part aller plus loin et déposer une
proposition de loi pour que la question du suicide soit érigée au
rang de grande cause nationale en 2014.
M. Louis
Pinton. - J'approuve naturellement votre souhait de mieux
connaître les causes du suicide. Tous les salariés étant
soumis à la même pression dans une organisation donnée,
qu'est-ce qui fait que certains passent à l'acte, et d'autres non ?
D'où vient cette résistance selon vous ? Il faut donner
à nos concitoyens les moyens de résister aux agressions
extérieures.
J'entends vos remarques sur les élites. Que faut-il
changer dans nos entreprises pour lutter contre les suicides ? Quelles
conséquences en tirer pour les élites politiques ?
Enfin, comment expliquez-vous le fait que la pendaison soit le
mode opératoire privilégié dans le monde rural ?
M.
Jean-Marie Vanlerenberghe. - Je salue, à l'instar de
mes collègues, la qualité des interventions, qui font écho
à mes préoccupations professionnelles. La qualité de la
dimension psychosociologique du management est une question qui se pose
à tous les responsables. Parfois, l'on souhaite donner sa chance
à quelqu'un, avec le risque qu'il ne soit pas en mesure de relever le
défi et développe un sentiment de mal-être au travail.
Comment former les managers pour prévenir ces situations
difficiles ?
« La France a le blues » dit-on. Mais
prenons garde à ne pas sombrer dans l'autopersuasion ! En outre,
certains déploraient, peu avant les événements de mai
1968, que la France s'ennuyât, on sait ce qu'il en a
résulté... Les Français sont malades, diagnostiquait il y
a trois ans Jean-Paul Delevoye. Mais quelle elle la situation dans les autres
pays ?
M. Marc Laménie. - Je crois comme vous
que la prévention du suicide est l'affaire de tous. S'agissant des trois
fonctions publiques, il y aurait beaucoup à dire sur le mal-être
au travail. Souvent, des personnes compétentes sont mises de
côté à cause de « petits chefs ».
Les retards de train causés par des suicides se
multiplient, même si l'on ne dispose pas de chiffres officiels en France.
Comment prévenir ces suicides ? Ne pourrait-on pas s'inspirer de
certaines expériences étrangères, comme en Grande
Bretagne ?
M.
Jean-François Husson. - Je crois savoir que le taux de
suicide des jeunes en France est le plus important d'Europe. A mes yeux, cette
situation s'explique essentiellement par la désintégration du
lien entre les jeunes et la cellule familiale. Mais j'aimerais qu'un
observatoire du suicide se penche objectivement sur cette question et effectue
des études sur les vingt ou trente dernières années. Face
au suicide, on reste bien souvent sans voix pour essayer de mieux comprendre.
Je pense qu'il est plus facile de baisser le nombre de morts sur les routes que
le nombre de suicides, mais que l'on peut malgré tout agir, si l'on
dispose de connaissances objectives et que l'on surmonte ce tabou de notre
société qu'est le suicide.
M. Didier Bernus. - Vos questions sont
symptomatiques car elles renvoient toutes, à des degrés divers,
à vos expériences personnelles ou professionnelles. En outre, il
y a toujours la tentation de vouloir une sorte de « catalogue des
recettes » pour combattre le suicide, mais bien sûr, il n'y a
pas de solutions miracle.
Il est effectivement essentiel de suivre les personnes qui ont
fait des tentatives de suicide et leur entourage, et d'accompagner
également les proches des personnes qui se sont suicidées pour
éviter toute reproduction du geste. Le risque est grand, car le suicide
s'inscrit alors dans le « logiciel » de pensée de
l'entourage, surtout pour les personnes les plus proches de la victime.
S'agissant de la prévention sur les lieux de travail,
il est clair que cette question renvoie plus globalement à
l'organisation du travail elle-même. Le suicide apparaît comme un
symptôme, la résultante de certains types d'organisation du
travail. Certains salariés reçoivent des injonctions paradoxales,
c'est-à-dire des ordres contradictoires, qui peuvent être
déstructurants. Bien souvent, les responsables dans les entreprises ne
prennent pas la mesure de leurs décisions sur la santé mentale de
leurs salariés. Prenons un exemple concret : on a réussi
à diminuer le nombre de chutes de hauteur dans le secteur du BTP en
imposant de nouvelles règles de sécurité et grâce
à une prise de conscience des employeurs sur les conséquences
d'un accident du travail sur la bonne marche de l'entreprise. C'est pourquoi il
faut prendre du recul sur les modes d'organisation dans les entreprises, et
redonner du sens au travail des salariés.
Pr Michel Debout. - Depuis le premier rapport
du Conseil économique et social sur la question, les choses ont
heureusement évolué. Nous avions déjà à
l'époque consacré un chapitre de notre rapport à la
question du suicide au travail. Perdre son travail est un moment
psychotraumatique. Or, aujourd'hui, les salariés victimes d'un plan
social ne sont pas suffisamment accompagnés. Paradoxalement, quand on
perd son travail, on perd la médecine qui va avec, alors que justement
c'est dans ces moments-là que les services de santé au travail
auraient le plus d'utilité.
Vouloir faire du suicide une grande cause nationale, pourquoi
pas. Mais l'expérience prouve qu'ériger un sujet en grande cause
nationale n'apporte pas toujours les résultats attendus. Je
préfèrerais quant à moi faire du suicide une grande cause
de santé publique. J'avais dans ce sens demandé il y a quatre ans
un « Grenelle de l'humain », afin de sensibiliser l'opinion
publique et les acteurs institutionnels au suicide des jeunes, des adultes au
travail et des personnes âgées, et je souhaite que le Sénat
appuie ma démarche.
J'en viens aux modes opératoires choisis par les
personnes qui décident de se suicider. Il faut comprendre que trois
choix sont faits simultanément : la date, le lieu et le mode
opératoire du suicide. Ces choix sont personnels, chargés de
symboles, et difficilement modifiables. A mon sens, la pendaison renvoie
à un contexte culturel et à un sentiment de culpabilité
très fort, tandis que l'utilisation d'une arme à feu implique une
mise à distance entre la personne et son corps. Se suicider sur son lieu
de travail, en public, comporte une dimension symbolique très forte. De
même, les personnes qui s'auto-immolent envoient un signal, elles veulent
que les choses bougent pour les autres. Je rappelle que 95 % des suicides
se font à l'écart du public.
S'agissant de la prévention des suicides au travail, je
crois qu'il faut au préalable distinguer deux notions : il existe
des « travailleurs fragiles », c'est vrai, mais il existe
aussi des « travailleurs fragilisés » par leur
emploi. Il faut donc aussi s'occuper de la dimension collective dans la
prévention des suicides. A cet égard, les lois votées sur
le harcèlement moral ont permis d'avancer sur le chemin de la
prévention.
M. Jean-Claude Delgènes. - Dans les
situations très difficiles, le travail en équipe avec des
médecins du travail, la direction de l'entreprise, des experts, permet
de redonner du sens à l'activité des salariés et de
surmonter le choc du suicide d'un collègue.
On a tiré également les conséquences de
l'éloignement des services de ressources humaines par rapport aux
salariés : entre eux et le management, il faut une direction des
ressources humaines digne de ce nom, avec une vision stratégique et de
vrais pouvoirs. On a aussi mesuré les méfaits de
l'instrumentalisation des médecins du travail par certaines directions
d'entreprise. Il faut enfin renforcer le rôle des organisations
syndicales.
La résistance à la pression dans le monde de
l'entreprise varie considérablement entre individus, et chez un
même individu selon les différentes périodes de sa vie. Il
faut donc des collectifs forts au sein des organismes publics et privés
pour prévenir les suicides. Quand une direction traite ses
salariés avec respect, considération, dans un esprit
d'écoute, les risques de suicide au travail sont bien moindres.
J'ai longtemps travaillé avec les trois fonctions
publiques. Schématiquement, je pourrais dire que l'on observe surtout
à l'hôpital des problématiques de surinvestissement
émotionnel et d'impuissance face à certains patients. Dans la
fonction publique territoriale, les problèmes viennent plutôt de
difficultés relationnelles qui s'aggravent avec le manque de
mobilité interne et externe.
Je ne suis pas dans la dénonciation du rôle des
élites. Mais j'observe tout simplement que les enfants issus de
quartiers défavorisés peuvent réussir aussi bien que ceux
issus de milieux privilégiés, comme le montre l'exemple
d'Alexander Fleming, le célèbre biologiste qui a découvert
la pénicilline : fils d'agriculteur, il a pu faire ses
études grâce à une bourse. Et nous avons tous connaissance
de décisions prises par des responsables d'entreprise qui sont
dénuées de bon sens...
M. Didier Bernus. - S'agissant du suicide des
jeunes, il est évident que la cellule familiale joue un rôle
essentiel. Le phénomène d'isolement engendre souvent un sentiment
de culpabilité. Or, on peut peser sur ces facteurs d'isolement, à
une période de la vie où le rapport à la mort est
particulier et la personnalité se construit. Rappelons-nous que les
jeunes d'aujourd'hui sont les adultes de demain, et qu'il faut donc agir le
plus tôt possible pour lutter efficacement contre les tentations
suicidaires.
M. Jean-Claude Delgènes. - En quinze
ans, le nombre de jeunes qui se sont suicidés a pratiquement
été divisé par deux, passant de 900 à un peu plus
de 500. Beaucoup d'actions ont été entreprises qui montrent que
la prévention est possible. En revanche, de manière plus
préoccupante, le nombre de tentatives de suicide n'a pas bougé,
il a même augmenté. Il faut prendre garde aux
phénomènes d'imitation chez les jeunes, et notamment aux pactes
suicidaires qui se multiplient sur internet.
Pr Michel Debout. - Quand une personne jeune
se suicide, un travail important de suivi doit être mené sur
l'entourage. Des jugements dramatiques sont souvent portés sur la
famille, et on fait porter la responsabilité de l'acte sur des
insuffisances parentales sans, généralement, savoir ce qu'il en
est réellement.
Mme
Catherine Génisson. - La région
Nord-Pas-de-Calais, qui a des indicateurs sociaux et sanitaires très
préoccupants, a néanmoins des habitants qui, à 84 %,
se déclarent heureux. La question est donc bien celle du vivre ensemble.
S'agissant de la situation au sein des entreprises, vous avez parlé des
problèmes liés au management et au sentiment de
culpabilité qui pèse sur les cadres quand il y a eu un suicide.
Je pense que le problème tient également au fait de se sentir
comme un simple instrument, un pion qui n'est pas reconnu pour sa participation
à un projet collectif.
Mme
Catherine Deroche. - Vous souhaitez que l'observatoire dont
vous demandez la création ne soit pas un simple lieu d'analyse, mais ait
une capacité opérationnelle. Pourra-t-il partir de données
fiables ? Par ailleurs, la pratique de la « postvention »
auprès de l'entourage me paraît importante, il me semble qu'elle
devrait également s'exercer pour les personnes victimes d'agression ou
de viol. De plus, je souhaiterais savoir si, en matière de recherche, il
existe une bonne coordination nationale et européenne, et si des travaux
apportent de nouvelles connaissances, notamment en matière
génétique. Le suicide des préadolescents est
également un problème grave et je souhaite savoir si la politique
de prévention se penche sur le rôle parfois
délétère des réseaux sociaux. Enfin, vous avez
parlé de la dimension symbolique du suicide et nous avons eu un exemple
intéressant au Québec : une barrière a été
posée sur un pont traversant le Saint-Laurent et, en empêchant les
personnes de se jeter directement à l'eau, on a réduit
considérablement le nombre de suicides car c'était l'acte en
lui-même qui était porteur de sens.
Mme
Claire-Lise Campion. - Je pense qu'il nous faudra revenir sur
les questions importantes que vous avez évoquées, et plus
particulièrement sur la nécessité d'un accompagnement sur
le problème de la culpabilité pour les proches et sur le risque
que pose la reproduction d'un acte suicidaire.
M. Alain
Milon. - Je trouve importante la distinction que vous avez
opérée entre les personnes fragiles et les situations qui
fragilisent. Vous avez noté que les adolescents sont ceux qui font le
plus de tentatives de suicides, mais qu'ils en meurent moins, puisque le pic de
décès se situe entre trente et soixante ans. Ces personnes
ont-elles fait des tentatives de suicide à l'adolescence ? Enfin,
vous avez parlé de l'immolation comme acte suicidaire : quelle est
votre analyse des suicides terroristes ?
M.
Gérard Roche. - J'ai longtemps été
médecin rural, et j'ai été confronté aux
mystères du suicide. Il existe de multiples types de suicides, et des
différences importantes selon les territoires. Je suis d'accord avec
vous que le volet sanitaire de la prévention doit être
personnalisé et doit reposer sur le corps médical. Mais comment
faire de la prévention quand il n'y a plus de psychiatres, et qu'il faut
attendre deux à dix-huit mois pour une consultation ?
S'agissant du volet social, il me semble que l'éducation a un rôle
essentiel à jouer, et il faut qu'aucun jeune ne perde le sentiment que
sa vie a un sens. Les conduites addictives, certains jeux dans les cours de
récréation, ou certaines pratiques sportives qui sont à
mes yeux des jeux de mort, doivent faire réfléchir. S'agissant du
suicide en entreprise, je tiens à souligner que personne n'est à
l'abri, même dans les petites structures. Par ailleurs, je pense qu'il
faut effectivement traiter avec attention le choc de la précarité
et éviter de donner dans le discours du désenchantement global.
Je souhaiterais enfin citer un écrivain que nous aimons pourtant peu,
Céline, qui disait qu'il faut mettre de la musique dans nos coeurs pour
faire danser nos vies.
Mme Annie
David, présidente. - Au
Québec, je note qu'il n'y a pas de séparation entre les aspects
sociaux et sanitaires de la prévention. Il y a un discours très
évolué sur la santé mentale, à la différence
de la France qui catalogue encore trop les personnes. Le suicide y est
considéré comme une mort évitable et je partage avec vous
la conviction qu'il faut agir pour diffuser cette idée.
Pr Michel Debout. - Le Québec
mène effectivement des initiatives intéressantes en
matière de prévention, mais la France a également
été pionnière en créant notamment la journée
nationale de prévention du suicide. Il me semble important que l'on
puisse rassembler les forces pour renforcer tant le bien-être individuel
que le bien-être social, et ne pas considérer seulement le
premier. En matière de recherches, les neurosciences peuvent
certainement nous apporter beaucoup, mais sans négliger pour autant
d'autres approches : il faut voir l'individu comme un tout, biologique,
éducatif, affectif, social et symbolique. Nous ne souhaitons pas la mise
en place d'un observatoire qui serait purement administratif, il faut qu'il
soit porté par les acteurs de terrain, et il doit disposer d'une
réelle autonomie. Il faut utiliser tous les indicateurs qui existent et
tous les moyens de communication : j'avais moi-même initié une
bande dessinée sur les effets d'un plan social dans une entreprise ; on
pourrait imaginer la même chose pour le monde rural. En ce qui concerne
les familles, l'important est de leur permettre de parler et de rompre avec
l'opprobre. J'ai tendance à penser qu'il est heureux que le suicide
garde une part de mystère, car cette altérité est
constitutive de l'humanité.
M. Jean-Claude Delgènes. - Sur la
question des indicateurs, le problème que mon cabinet a rencontré
est qu'il a été accusé de les utiliser comme moyen de
communication quand il a voulu en publier. Il existe des sources potentielles
importantes, les sociétés de prévoyance et les assurances,
qui disposent de nombreux chiffres, mais ceux-ci ne sont pas réunis. A
mon sens, l'observatoire devrait être ouvert sur la société
civile. Il faut que ce soit un lieu de vie en phase avec notre
réalité quotidienne. Des progrès ont été
accomplis, par exemple s'agissant du suicide en prison. Mais pour le monde
agricole, on vient seulement de publier la première étude sur le
sujet, financée par la mutualité sociale agricole. Dans le cadre
d'un colloque que nous avions organisé, Boris Cyrulnik a indiqué
que les populations africaines, étant donné le lien
précoce entre l'enfant à naître et la famille, connaissent
un taux de suicide moins élevé. Il faut donc
réfléchir au lien social, la carence collective en matière
de prévention entraîne en effet une surmortalité et des
drames. On considère qu'1,4 % de la population française est
schizophrène. Cette proportion se retrouve donc au sein de la population
professionnelle. Ceci implique que le travail, qui contient nos vies, est un
facteur de protection. Il faut travailler sur le mieux-vivre ensemble dans les
entreprises, car les nouveaux univers professionnels, loin d'être
protecteurs, sont parfois des facteurs précipitants. Les entreprises
sont l'une des bases sur lesquelles on peut faire des progrès. Une autre
base est la précarité liée au repositionnement
professionnel. La situation actuelle est inacceptable : dans le cadre d'un plan
social, il n'y a pas de bilan systématique des plans de
repositionnement.
Mme Annie
David, présidente. - Il y a souvent
néanmoins des réunions organisées en préfecture,
mais peut-être les informations données sont-elles
insuffisantes.
M. Didier Bernus. - Je pense qu'il est
important d'appuyer les initiatives qui existent en matière de
recherche. Par ailleurs, le suicide préadolescent concerne un nombre
très faible de personnes, environ cinquante par an, mais l'impact
émotionnel est particulièrement fort. Je pense aussi qu'il faut
rectifier quelques éléments de langage : on entend trop souvent
qu'il y a des suicides ratés ou des suicides réussis ; il faut
parler de tentatives. Le nombre de psychiatre est effectivement un
problème, et les délais dans certains centres
médico-psychologiques sont difficilement acceptables. Enfin, je souhaite
rappeler que le suicide donne l'illusion de la maîtrise, alors que l'on
est le jouet de son mal-être.
Pr Michel Debout. - Une personne qui a
déjà fait une tentative de suicide a un risque
quarante-cinq fois plus important que les autres de mourir de sa propre
main. S'agissant des attentats, je pense qu'ils reposent d'abord sur la
volonté de faire du mal aux autres, quitte à le payer de sa vie,
ceci pour moi n'a rien à voir avec le suicide.