SC 2021. 4 juin – Formation #3 – « Ceux qui passent à l’acte »
Rendez-vous pour la troisième matinée de formation « Vers les
institutions », organisée par la Section clinique d’Aix-Marseille à
l’attention des professionnels de la santé, du médico-social et de
l’éducation, intitulée: « Comment faire en institution avec le mal-être contemporain« . Cette rencontre, présidée par Hervé Castanet, se centrera sur « ceux qui passent à l’acte ». Argument, programme détaillé et modalités d’inscription ci-dessous.
Pour consulter le programme détaillé de la matinée du 4 juin, vous y inscrire, cliquez ici
les interviews préparatoires à cette matinée, en vidéo: cliquer ICI
-Olivier Zagdanski, pédopsychiatre à Paris, a accepté de parler de sa pratique clinique institutionnelle. *Ceux qui passent à l'acte* (Extensions 3) - O. ZAGDANSKI, pédopsychiatre (Paris). Présentation N°1. https://www.youtube.com/watch?v=K9nDIdrlWhM
-David SOFFER, pédopsychiatre à Marseille, a accepté de parler de sa pratique clinique. *Ceux qui passent à l'acte* (Extensions 3) - D. SOFFER, pédopsychiatre. Présentation N°2. https://www.youtube.com/watch?v=vnbpOhH7Dyg
- Yves GUILLERMAIN, psychiatre à Marseille, a accepté de parler de sa pratique clinique institutionnelle.*Ceux qui passent à l'acte* (Extensions 3) - Y. GUILLERMAIN, psychiatre. Présentation N°3. https://www.youtube.com/watch?v=BvZMJosDXvA
- Amalthée FEKETE, psychiatre à Marseille, a accepté de parler de sa
pratique clinique institutionnelle au CH Édouard-Toulouse (Marseille). *Ceux qui passent à l'acte* (Extensions 3) - A. FEKETE, psychiatre. Présentation N°4. https://www.youtube.com/watch?v=4VqIgo1zO8g
- Philippe-Xavier KHALIL, psychiatre, chef de pôle au CH Joseph-Imbert à Arles (13), a accepté de parler de sa pratique clinique. *Ceux qui passent à l'acte* (Extensions 3) - P.-X. KHALIL, psychiatre. Présentation N°5. https://www.youtube.com/watch?v=xCh_zdGMiHg
-Raphaël CURTI, psychiatre, responsable de l'unité Les makaras et du
Service d'Evaluation et de Soins à l'Autisme CH Valvert (Marseille), a
accepté de parler de sa pratique clinique. *Ceux qui passent à l'acte* (Extensions 3) - R. CURTI, psychiatre. Présentation N°6. https://www.youtube.com/watch?v=XPcRx4kC6gc
-Jean-Paul COURCELLES, ancien psychiatre
hospitalier (Toulon), a accepté de parler de sa pratique clinique. *Ceux qui passent à l'acte* (Extensions 3) - J.-P. COURCELLES, psychiatre. Présentation N°7. https://www.youtube.com/watch?v=VTX0Qdko4bw
Session : Service sanitaire des étudiants en santé : panorama des travaux scientifiques
Thématique Santé Mentale et Prévention du Suicide : impact sur les comportement d’offre et de recherche d’aide chez les étudiants. Charles-Edouard Notredame, psychiatre | MCU-PH, CHU Lille Télécharger la présentation
*** Session Enfants et adolescents en période de COVID-19 : quelles conséquences sur la santé mentale et leur bien-être ?
Hospitalisations pour tentative de suicide Chez les 10-14 ans et les 15-18 ans en 2020. Données du PMSI Philippe Pirard, Santé publique France Télécharger la présentation Rencontres Santé Publique France 26 mai 2021
Retrouvez toutes les informations des rencontres https://www.rencontressantepubliquefrance.fr
Beaucoup de patients à risque suicidaire en médecine générale Publié le 31/05/2021 https://www.jim.fr*
Publiant une étude proposée par une équipe française, The
Canadian Journal of Psychiatry rappelle que « la prévention
du suicide passe par une meilleure connaissance du risque
suicidaire en soins primaires. » En effet, la plupart des
travaux sur le risque de suicide portent sur certaines populations
particulières (sujets jeunes, âgés, anhédoniques, dépressifs,
etc.), mais rarement sur le patient « tout venant » qui
s’adresse à un médecin généraliste.
Pour apprécier la prévalence du risque suicidaire dans la
population générale consultant un omnipraticien, les auteurs ont
réalisé une étude transversale auprès de 827 sujets (adultes) venus
consulter un panel de généralistes sélectionnés de manière
aléatoire. Avançant un motif de consultation indifféremment
somatique ou psychiatrique, les participants à cette enquête
épidémiologique ont renseigné un auto-questionnaire (aRSD)[1]
visant à évaluer leur risque suicidaire durant les quinze jours
ayant précédé leur rencontre avec le médecin.
Près d’un quart des consultants
En analysant les 757 réponses complètement exploitables (483
femmes et 274 hommes), les auteurs constatent que « près d’un
quart des consultants (24,3 %) présente un risque suicidaire au
cours des 15 jours précédant leur consultation, et 6,3 % un risque
sévère (aRSD ≥ 7) avec idées et envie de passer à l’acte. »
Sans surprise, le score à cette échelle d’appréciation du risque
suicidaire est très souvent (64,6 % des cas) positif quand le motif
allégué de la consultation est explicitement d’ordre
psychiatrique.
Pour la moitié des sujets concernés, précisent les auteurs, il
s’agit même, alors d’un « risque sévère. »
Confirmant l’importance de la prévalence du risque suicidaire en
médecine générale, cette étude montre que le médecin généraliste
constitue un maillon très important de la chaîne médicale, pour la
prise en charge thérapeutique comme pour la prévention : les
auteurs parlent même du rôle majeur que peuvent jouer les
praticiens de soins primaires en prévention. D’autre part, pour
faciliter un dépistage rapide de « l’intentionnalité
suicidaire » en pratique courante, les auteurs soulignent
l’apport que pourrait représenter l’utilisation d’un
auto-questionnaire comme l’aRSD[1].
[1]
https://www.encephale.com/content/download/93666/1702848/version/1/file/Poster_Ducher1.pdf
RETROUVEZ
L'ACTUALITÉ, LES ACTIONS du Gouvernement, les informations
Coronavirus, Consignes, Point de situation, Numéros utiles, etc
Lignes d'écoute et de soutien actives pendant l'épidémie de Covid-19
Dispositifs d'aide proposant écoute, conseil, soutien et orientation par
téléphone ou par internet. Cette liste, non exhaustive, recense des
dispositifs nationaux d’aide à distance disponibles pendant l'épidémie
(les appels téléphoniques ne sont pas surtaxés). La disponibilité des
services a été vérifiée sur leurs sites internet respectifs. Les lignes
sont classées par ordre alphabétique. (Mis à jour lundi 20 avril)
Sources : Psycom/Santé publique France/IREPS Auvergne-Rhône-Alpes http://www.psycom.org/Actualites/Lignes-d-ecoute-et-de-soutien-actives-pendant-l-epidemie-de-Covid-19
DANS
LE CONTEXTE DES MESURES MISES EN PLACE DANS LA LUTTE CONTRE LA
PROPAGATION DU VIRUS COVID-19, DE NOMBREUX CENTRES, STRUCTURES,
ASSOCIATIONS, PROFESSIONNELS DE SANTÉ MENTALE, COLLECTIFS SOLIDAIRES ETC
SE MOBILISENT POUR MAINTENIR UNE ACTIVITÉ, EN CAS DE SOUFFRANCE PSYCHIQUE, MAL ÊTRE, IDÉES SUICIDAIRES N’HÉSITEZ
PAS A CONTACTER VOTRE MEDECIN, UN CENTRE MEDICO PSYCHOLOGIQUE, LIGNES D ÉCOUTE, PSYCHOLOGUES, PSYCHIATRES LIBÉRAUX, ETC. POUR CONNAITRE LEURS MODALITÉS DE PERMANENCES.
Rapport des « retours d’expériences de la crise COVID-19 dans le secteur de la santé mentale publié le28.05.21 https://solidarites-sante.gouv.fr
La crise sanitaire a touché tous les secteurs du champ de la santé.
Dans un contexte de forte pression, les établissements de santé mentale
ont fait preuve d’une capacité d’adaptation importante, permise par une
forte mobilisation des acteurs, afin de répondre aux besoins en soins
psychologiques et psychiatriques de la population.
Cette mobilisation a suscité de nombreuses initiatives innovantes,
en écho aux objectifs de la feuille de route « Santé mentale et
psychiatrie » de 2018, qui visent à ouvrir de nouvelles perspectives de
transformation des offres en santé mentale dans les territoires.
Afin d’identifier, maintenir et renforcer les initiatives développées
pendant l’épidémie, la Délégation Ministérielle à la Santé Mentale et à
la Psychiatrie (DMSMP) a réalisé, en lien avec l’ANAP et la DGOS, un
retour sur expérience sur l’incidence de la COVID-19 dans le champ de la
santé mentale avec l’appui de nombreux acteurs de terrain.
Ce retour d’expérience illustre, à travers 150 dispositifs innovants
recensés, les immenses besoins qui sont nés durant la crise, les très
nombreux domaines et publics qui nécessitent des compétences en santé
mentale et l’opportunité de maintenir et développer les dispositifs
supplétifsmis en place.
La consommation d’anxiolytiques et d’antidépresseurs ne cesse d’augmenter depuis le premier confinement
C’est
ce que révèle une étude réalisée entre mars 2020 et avril 2021. Est
aussi observée une hausse des délivrances de médicaments liés à la
dépendance à l’alcool.
Par L'Obs
Encore une preuve du mal-être psychologique des Français pendant la crise sanitaire : « l’usage de médicaments anxiolytiques, hypnotiques mais aussi plus récemment antidépresseurs ne cesse d’augmenter » depuis mars 2020, selon un rapport publié ce jeudi 27 mai par
le groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare, formé par la Caisse
nationale d’Assurance-Maladie et l’Agence nationale de Sécurité du
Médicament.
« La tendance forte de l’augmentation
d’utilisation de ces trois classes de médicaments s’est encore amplifiée
en 2021 avec des hausses des délivrances de +5 % à 13 % selon les
médicaments », précise-t-il. Et le groupe d’ajouter :
« Les
instaurations (nouveaux patients) d’anxiolytiques et d’hypnotiques, […]
étaient en 2021 en très forte croissance (anxiolytiques + 15,2 % soit
190 000 nouveaux patients traités, hypnotiques +26,4 % soit 80 000
nouveaux patients). Cette forte augmentation de l’instauration des
médicaments des troubles de la santé mentale concernait cette fois aussi
les antidépresseurs (+23,0 % depuis début 2021 soit 120 000 nouveaux
malades traités). »
Au total, depuis le début la pandémie, « on
observe une augmentation de +1,9 million de délivrances
d’antidépresseurs, + 440 000 délivrances d’antipsychotiques,
+3,4 millions de délivrances d’anxiolytiques et +1,4 million de
délivrances d’hypnotiques par rapport à l’attendu », détaille
l’étude qui porte sur 4 milliards de lignes de prescriptions remboursées
par l’assurance-maladie à 51,6 millions d’assurés du régime général.
Etat dépressif et problèmes d’alcool
Elle
rapporte également que l’enquête CoviPrev réalisée par Santé publique
France montre que pour la période du 21 au 23 avril 2021, 22 % des
Français souffrent d’un état dépressif (+12 points par rapport au niveau hors épidémie), 22 % souffrent d’un état anxieux (+8,5), 64 % des Français déclaraient des problèmes de sommeil au
cours des huit derniers jours précédant l’enquête (+15) et 9 % des
Français avaient eu des pensées suicidaires au cours de l’année (+4). Ce
qui montre à quel point l’épidémie et les mesures pour la contenir ont
affecté les Français.
Autre point souligné par Epi-Phare :
la hausse des délivrances de médicaments liés à la dépendance à
l’alcool. Depuis le début de l’année 2021, 18 300 délivrances de plus
qu’attendues ont été réalisées. « Cette augmentation reflète, sur le
plan médical, l’impact psychologique majeur de l’épidémie de Covid-19
sur la population et de ses conséquences sociales, professionnelles et
économiques », analyse le groupe.
Bonne nouvelle en revanche, « la baisse spectaculaire » des prescriptions d’antibiotiques, « en
lien avec la diminution de la circulation des virus (hors Sars-CoV-2)
et autres agents infectieux consécutive à la distanciation sociale et au
port du masque ».
Chèque psy : Un démarrage raté à cause de nombreux freins https://www.whatsupdoc-lemag.fr*
Lancé
en grande pompe le 1er février dernier, le dispositif « Santé Psy
étudiant » séduit peu. En tout, seules 905 séances avaient été prises au
10 avril par les étudiants. Et seuls 1399 psychologues se sont portés
volontaires.
Moins
de mille. C’est le nombre de rendez-vous pris par les étudiants
français depuis le lancement du parcours de suivi gratuit, Santé Psy Étudiant,
il y a près de deux mois. Une bouée de secours donc, imaginée pour
venir en aide aux jeunes éprouvés par la crise sanitaire, qui peine à
atteindre sa cible côté psy, mais également côté patient.
C’est le 21 janvier dernier que Emmanuel Macron annonçait en grande pompe le lancement de ce « chèque d’accompagnement psychologique » d’un montant de trente euros pour les étudiants. « L'objectif, c'est que tout étudiant qui se manifeste ou qu'un proche manifeste puisse avoir accès à un parcours de soin
», clamait-il quelques jours avant l’inauguration de ce dispositif. Au
programme donc, la possibilité pour tout étudiant qui en ferait la
demande de s’inscrire sur la plateforme officielle afin de bénéficier de
trois séances renouvelables une fois chez un psychologue ou un
psychiatre. Cela, sans avoir à débourser un centime.
Les patients, pas prêts à faire le parcours du combattant
Un parcours de soin gratuit, certes, mais pour lequel les étudiants
doivent s’armer de patience. Avant de pouvoir bénéficier d’un suivi
psychologique, c’est en effet chez le médecin généraliste ou un service
de santé universitaire que le jeune doit prendre rendez-vous. La
prescription de ce dernier en poche, le quémandeur peut ensuite se
rendre sur la plateforme Santé Psy Étudiants afin de solliciter les
services des psychologues partenaires. Une « démarche coûteuse psychologiquement »,
selon les mots du secrétaire général du syndicat national des
psychologues, qui peinerait à convaincre les étudiants de se jeter dans
la mêlée. « Quand quelqu’un n’est pas bien, ça ne sert à rien de
multiplier les acteurs… Il y a des études qui montrent qu’à partir du
moment où on met en place des intermédiaires qui ne sont pas en soins
nécessaires il y a un retard de prise en charge de plusieurs années.
», ajoute Patrick-Ange Raoult. Cela, sans oublier que trois séances de
quarante-cinq minutes, renouvelables une fois, ne seraient pas toujours
suffisantes pour venir en aide à ces jeunes où les cas de troubles
anxieux et d’idées suicidaires se multiplient ces dernières semaines. « Arrivé au bout de six séances, le patient n’a aucun relai », s’inquiète le praticien.
L’obligation de prescription, une aberration pour les professionnels
Du côté des professionnels également, ce dispositif peine à
convaincre. À l’heure actuelle, seule 1 400 d’entre eux se sont inscrits
sur la plateforme. Un seul notamment dans la Creuse. Premier point qui
les freine ? La prescription médicale. « Qu’il y ait des médecins généralistes qui nous adressent des patients, nous trouvons ça normal… », débute le secrétaire général. Ce qui crispe la profession, c’est l’obligation. « Pour l’évaluation psychologique, nous sommes compétents ! Nous sommes les seuls à être formés, que je sache », poursuit Patrick-Ange Raoult qui y voit une volonté du gouvernement de garder la main mise sur les psychologues.
Un tarif insuffisant
« Mais ce qui fait vraiment hurler la profession, c’est le tarif ! »,
poursuit le secrétaire général. Trente euros sans reste à charge pour
le patient, c’est environ quinze dans la poche du professionnel. « Le
profil des praticiens qui acceptent sont généralement des jeunes qui
s’installent et qui sont prêts à accepter n’importe quel prix », indique Patrick-Ange Raoult, qui confie être pourtant conscient des inquiétudes de ses jeunes confrères. « Ils
sont arrivés en masse ces quatre-cinq dernières années dont ils sont
très angoissés par les perspectives d’avenir qui leur semblent plus
restreintes », indique-t-il.
Si le chèque psy est une solution d’urgence qui n’a pas vocation à
durer, les syndicats s’inquiètent de la direction que ce dispositif fait
prendre à la profession. « C’est dit transitoire et expérimental,
mais derrière il y a tout un débat qui est en train de se faire pour
fixer un tarif. Si ça fonctionne, le tarif pour toute leur carrière sera
aux alentours de 30 euros. On ne s’en rend pas forcément compte à 30
ans », indique Patrick-Ange Raoult. Une conviction qui pousse son organisation à se mobiliser. « C’est de notre responsabilité d’anticiper les effets sur une carrière pour les jeunes qui s’engagent », conclut-il.
Le laborieux démarrage des « chèques psy » pour les étudiants
Par Léa Iribarnegaray . Lemonde.fr 13/04/2021
Le 21 janvier, Emmanuel Macron annonçait la création du « chèque psy
» le 1er février, pour que tous les étudiants heurtés par la crise
puissent consulter un psychologue sans avoir à débourser un centime.
Cette mesure doit notamment permettre aux jeunes qui n'ont pas accès aux
consultations des services de santé universitaires (SSU) – soit parce
qu'ils sont loin, soit qu'ils n'y sont pas rattachés, ou que les délais
d'attente sont trop longs – d'obtenir une prise en charge gratuite à
proximité, en libéral.
Trois mois plus tard, les professionnels impliqués continuent de se débattre avec un dispositif qu'ils jugent tantôt « bancal », souvent « très complexe » , parfois « indécent » . Lourdeurs administratives, système peu attractif pour les praticiens, communication balbutiante : le « chèque psy
» peine à prendre son essor. Au 10 avril, 905 étudiants dans toute la
France avaient pris rendez-vous avec un psychologue via le dispositif.
« Sur le fond, c'est toujours utile. Sur la forme, euh, comment dire… », esquisse
Laurent Gerbaud, président de l'Association des directeurs des services
de santé universitaire et médecin directeur du pôle santé handicap
étudiants à l'université Clermont-Auvergne.
Tentons un résumé.
L'étudiant doit commencer par prendre rendez-vous – soit chez son
médecin généraliste, soit dans son service de santé universitaire – pour
se faire prescrire un suivi psychologique. Son ordonnance en poche, il a
le droit à trois consultations gratuites en libéral, renouvelables une
fois.
Pour trouver un psychologue près de chez lui, l'étudiant
se connecte ensuite sur la plate-forme en ligne « Santé psy étudiant » :
opérationnelle depuis le 10 mars, elle recense à ce stade 1 360
psychologues préalablement validés
par la Fédération française des psychologues et de psychologie et par le
service de santé universitaire le plus proche (il en existe 58 en
France), avec lequel ils signent une convention. Une fois la séance
faite, le psychologue renseigne les informations sur la plate-forme pour
pouvoir être payé par l'université dont il dépend. En fin d'année,
c'est l'Etat qui remboursera aux universités les sommes dépensées, à
raison de 30 euros par consultation.
A entendre les différents
directeurs et directrices de SSU, la procédure serait extraordinairement
lourde. A Bordeaux, six gestionnaires ont été réquisitionnés, d'abord
pour déclarer les cinquante psychologues conventionnés avec
l'université, puis pour effectuer le paiement.
« On est la troisième université de France, et, même avec une immense volonté, on a du mal à assumer tout ça », fait valoir Christophe Tzourio, directeur du centre de santé de l'université de Bordeaux. Pour Laurent Bensoussan, directeur du service de la médecine préventive d'Aix-Marseille Université, «
le dispositif est bon, mais le vecteur pas adapté : cela aurait été
plus simple de passer par l'Assurance-maladie, qui, contrairement à
l'université, sait payer des prestations de santé ».
Peu de psychologues candidats
Avec
peu de moyens et dans un temps record, il a fallu créer une plate-forme
sur laquelle transitent des données de santé confidentielles. Vérifier
un à un les numéros « Adeli » des psychologues – le répertoire national
qui recense les professionnels réglementés –, s'assurer qu'ils aient au
minimum trois années d'expérience…
Mais, pour l'instant, on ne
peut pas dire que les candidats se bousculent. Dans une dizaine de
départements, aucun praticien ne s'est encore présenté. « Au départ, seuls six psychologues ont accepté pour toute la Picardie. J'étais désespérée !, raconte
Delphine Guérin, directrice du SSU de l'université de Picardie
Jules-Verne, à Amiens, qui bataille tant bien que mal dans un désert
médical. On a fait du mailing
téléphonique pour en trouver dix-neuf de plus. Le projet est important
pour une zone rurale comme la nôtre. »
Au-delà des disparités territoriales, le montant de la consultation fait polémique. « La réaction de l'ensemble des professionnels a été extrêmement violente : la tarification à 30 euros est inacceptable »,
tranche Patrick-Ange Raoult, secrétaire général du Syndicat national
des psychologues (SNP) et maître de conférences à l'université
Grenoble-Alpes. En plus de s'opposer au modèle de la prescription
médicale, le SNP prône des séances à 60 euros et défend le remboursement
total des consultations – récemment annoncé par les complémentaires
santé à ce même tarif, mais testé depuis deux ans par
l'Assurance-maladie à hauteur de 30 euros dans quatre départements.
Psychologue clinicien installé en libéral à Angers, David Alglave a
tout de même fait le choix de s'inscrire dans le dispositif.
« Le prix ne me dérange pas, parce qu'on est vraiment dans une clinique
de l'urgence. Pour moi, c'est dérogatoire et temporaire. Je vois des
étudiants au bord de la décompensation : c'est un crève-cœur de les voir
en si grande difficulté, déclare cet enseignant à l'Université catholique de l'Ouest .
Baisse
de l'humeur, syndrome anxieux, sentiment d'abandon, idées suicidaires…
Le praticien découvre des symptômes aigus chez les jeunes qui entrent
dans son cabinet. « Pour certains, le maigre fil qui tenait est en train de casser. On risque des catastrophes », poursuit l'Angevin.
Pour Patrick-Ange Raoult, à l'inverse, « on ne peut pas utiliser l'oblativité d'une profession pour la culpabiliser et négocier n'importe quoi ». Laurie Amalric, psychologue à Amiens, trouve « rageant que le tarif soit borné à ce point » mais, connaissant « le budget serré des étudiants » , elle « préfère les aider pour 30 euros que ne pas les aider du tout ».
Reste une question qui préoccupe les personnes interrogées : après les six consultations, où iront ces étudiants ?
« Il est difficile de commencer à raconter son histoire. Si vous
arrêtez au bout de quelques séances, vous interrompez la rencontre. Il y
a des effets pervers à introduire une rupture dans le parcours de soin
», s'inquiète le psychiatre Jean-Christophe Maccotta, responsable
du pôle de prévention et d'orientation psychologique de l'université
PSL, à Paris. « Que va-t-il se passer quand je vais les lâcher ?, s'alarme ainsi David Alglave, qui réfléchit déjà à leur proposer de maintenir « le lien de confiance » pour une somme modique. « Il y a un nouvel effet d'abandon qui me dérange », dit-il.
Une réponse d'urgence
Face
au contexte exceptionnel de la pandémie, le gouvernement mise d'abord
sur le désengorgement des SSU, aujourd'hui débordés. Le « chèque psy » – ou « santé psy étudiant », comme il a été renommé – « est une réponse d'urgence qui n'a pas vocation à durer ni à remplacer l'existant. On prend en charge la phase aiguë de la crise », indique
le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, qui
précise que le relais sera pris par des dispositifs du ministère de la
santé.
Le « chèque psy » est ainsi
venu en complément du recrutement, cette année, de 80 psychologues en
équivalent temps plein (ETP) dans les universités, afin de réduire des
délais d'attente qui ont explosé depuis la rentrée.
Selon une
étude publiée en novembre 2020 par l'association Nightline, la France
compte un psychologue en équivalent temps plein pour 30 000 étudiants.
Aux Etats-Unis, c'est un pour 1 500 étudiants. Ainsi, à
Clermont-Ferrand, le SSU gère en temps normal une liste d'attente de
cinq à huit étudiants ayant besoin d'une consultation en santé mentale.
Mi-septembre, celle-ci était passée à vingt étudiants. Mi-octobre, à 80.
« Aujourd'hui, on absorbe mieux, notre liste d'attente s'est réduite à moins de dix personnes, constate le directeur. C'est surtout parce qu'on a pu recruter. »
Selon
la dernière enquête publiée en mars par la MGEN, 41 % des étudiants ont
déjà renoncé à se soigner ou à consulter un professionnel de santé au
cours de l'année – pour des questions d'argent (38 %) ou parce que les
rendez-vous étaient trop longs à obtenir (31 %). Laurent Gerbaud
prévient : « En pleine tempête, on essaie de colmater des ruines… mais il faudra bien aller au chantier naval après ! »
Santé mentale: Macron annonce la mise en place d'un forfait psy pour les enfants et adolescents Jeanne Bulant Le 14/04/2021 Le chef de l'État a annoncé mercredi la mise en place d'un forfait psychologique à destination des enfants et adolescents pour toute la durée de la pandémie.
Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d'un accompagnement psychologique gratuit à destination des enfants et adolescents souffrant de troubles d'ordre psychologique pendant toute la durée de la pandémie de Covid-19, dans le cadre de son déplacement au sein du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du centre hospitalier du Reims ce mercredi.
Une mesure d’urgence mise en place en vue de soutenir les enfants et aux adolescents dont la santé psychique a été durablement affectée par la crise sanitaire.
10 séances remboursées à 100%
Ce forfait permettra le remboursement à 100% de 10 séances de
psychologue en ville pour tous les enfants de 3 à 17 ans. Il sera
activable tout au long de la crise, auprès de psychologues identifiés
sur une plateforme dédiée et dans le cadre d’un parcours de soin passant
par tout médecin, qui prescrira ce forfait d’urgence. La seule
condition pour avoir accès à ce forfait sera de présenter une ordonnance
d'un médecin.
Des réponses plus structurelles sur ce sujet et sur la
pédopsychiatrie en général devraient être prises dans les mois à venir
et feront l’objet de discussions lors des Assises de la santé mentale
prévues cet été.
La santé mentale au temps de la COVID-19 : en parler, c’est déjà se soigner Santé publique France - 6/04/2021
Depuis plus d’un an, pour faire face à l’épidémie de COVID-19
des mesures de confinement et de couvre-feu ont été imposées aux
Français. Les conditions de vie sont bouleversées et ont des
conséquences importantes sur la santé mentale
des Français. Le stress, la lassitude ou encore la peur sont autant de
facteurs favorisant l’apparition de symptômes anxieux et dépressifs. Les
détecter afin de permettre une prise en charge adaptée est primordial.
C’est la raison pour laquelle Santé publique France et le ministère des
solidarités et de la santé lancent aujourd’hui une campagne de
sensibilisation à destination du grand public, avec une attention
particulière portée aux 18-24 ans. L’objectif est d’encourager la parole
auprès de son entourage, d’un professionnel de santé et de recourir aux
dispositifs d’information, d’écoute et de soutien psychologique
existants. https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/la-sante-mentale-au-temps-de-la-covid-19-en-parler-c-est-deja-se-soigner
Les consultations chez les psychologues ont augmenté de 27 % entre octobre 2020 et mars 2021 Malgré cette hausse, le prix des séances demeure un frein pour les patients, selon une étude de Doctolib relayée par « 20 Minutes » et France-Bleu. Par L'Obs Publié le 02 avril 2021 à 15h58 La France entre pour la troisième fois en un an en confinement. Une situation difficile psychologiquement, qui se traduit par une augmentation de l’activité chez les psychologues et psychiatres, comme le révèle une étude réalisée par Doctolib et relayée par « 20 Minutes » et France-Bleu jeudi 1er avril.
Ainsi, 75 % des psychologues indiquent avoir constaté une augmentation de leur charge de travail ces derniers mois, essentiellement liée à l’arrivée de nouveaux patients. Depuis octobre 2020, les psychologues de la plateforme de prise de rendez-vous en ligne ont vu leur activité croître de 27 %, et les psychiatres de 19 %.
Le nombre de recherches effectuées par les patients en lien avec la santé mentale a doublé entre octobre 2020 et janvier 2021, passant de 120 000 à 255 000 pour les psychologues et de 105 000 à 223 000 pour les psychiatres. « Déstigmatisation de la santé mentale »
Interrogé par « 20 Minutes », Pascal Olivier, psychologue clinicien à Clermont-Ferrand et secrétaire général adjoint du Syndicat national des Psychologues, estime que la situation s’est empirée depuis 2021. « Il n’y a pas de chiffres nationaux, mais les remontées montrent qu’il y a de plus en plus de gens qui développent des troubles. Et pour ceux qui en souffraient déjà, c’est amplifié », indique-t-il.
« C’est aussi grâce à la déstigmatisation de la santé mentale », analyse Caroline Delannoy, psychologue dans le 16e arrondissement de Paris, pour France-Bleu.
Mais le prix des séances, qui s’élèvent souvent au-delà des 60 euros, peut faire hésiter certaines personnes à consulter. D’après l’étude, 35 % des psychologiques estiment que le prix de la consultation est le frein majeur des patients. Une prise en charge élargie
Ce dernier point pourrait changer puisque face à la détresse croissante − selon le baromètre d’Opinionway, la moitié des salariés sont en état de détresse psychologique −, plusieurs annonces ont été faites pour faciliter la prise en charge.
D’abord pour les étudiants qui ont droit depuis le 10 mars à trois séances gratuites de 45 minutes, renouvelables une fois.
Puis les fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance ont annoncé lundi 22 mars la prise en charge de plusieurs consultations de psychologues par an, sur prescription médicale et « dans la limite de 60 euros par séance », pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire sur la santé mentale des Français.
Cet article évoque le suicide ou la dépression
Si vous voyez la vie en noir ou avez des idées suicidaires, c’est un signal d’alarme que vous devez prendre au sérieux. Ne restez pas seul : des associations proposent un soutien bienveillant aux personnes déprimées ou confrontées à des idées de suicide, avec des services d’écoute anonymes et gratuits. La permanence téléphonique de SOS Amitié est accessible 24 heures sur 24 au 09 72 39 40 50. Le Fil Santé Jeunes propose lui aussi au 0 800 235 236 un service pour les 12-25 ans sur les thèmes de la santé, de la sexualité, de l’amour, du mal-être, etc. Cliquez ici pour davantage de ressources et de contacts (site du ministère de la Santé et des Solidarités)
Santé Les dépressions explosent chez les salariés en France: le gouvernement inquiet [INFOGRAPHIE] Par charentelibre.fr, publié le 24 mars 2021
Infographie CL
Après une année de restrictions, l’état psychologique de la population inquiète de plus en plus le gouvernement. Les cris d’alarme des professionnels de santé sur la multiplication des syndromes dépressifs et des addictions pourraient aboutir à de nouvelles annonces.
Cette inquiétude expliquerait les décisions de la fin de semaine dernière, et la mise en place d’un confinement extrêmement allégé par rapport à ceux du printemps et de l’automne dernier dans 16 départements, afin de "freiner sans enfermer", selon les mots de Jean Castex. Olivier Véran, le ministre de la Santé, l’a confirmé mardi devant l’Assemblée nationale: "La santé mentale compte pour le gouvernement."
Alors que les dépressions explosent chez les salariés en France (notre infographie ci-dessous), il propose notamment des formations aux premiers secours en santé mentale, en entreprise et à l’université, indique BFMTV.
Covid-19 : une étude avance des taux alarmants de détresse psychologique chez les salariés
Alors que le Premier ministre, Jean Castex, a réuni plusieurs ministres, lundi 22 mars, pour préparer un plan d’action sur la santé mentale des Français, une étude montre que les salariés souffrent davantage de dépression.
Philippe Duport franceinfoRadio France publié le 23/03/2021 | 13:03
Une détresse psychologique qui touche 45% des 2 000 salariés interrogés début mars par le sérieux cabinet de conseil aux entreprises Empreinte humaine. C’est un chiffre équivalent à ce que ce baromètre trimestriel mesurait lors de ces précédentes éditions. Mais un indicateur change, il explose même, c’est celui du taux de dépression nécessitant un traitement. Il gagne 15 points, passant de 21% à 36%.
Pourquoi un tel effondrement du moral des salariés ? Nous avons posé la question à Christophe Nguyen, le psychologue qui dirige le cabinet Empreinte humaine et qui passe son temps à l’écoute des salariés. Pour lui, les gens ont sombré, notamment à cause de l’isolement. Les télétravailleurs sont plus exposés au risque de dépression. Quatre sur dix saturent du télétravail. Un chiffre en hausse de dix points au moment où le gouvernement veut en faire plus sur le sujet. Pour Christophe Nguyen, la crise vient aussi du fait que le travail lui-même s’est dégradé. Un salarié sur deux affirme qu’il travaille constamment en "mode crise". De plus en plus de tensions
Covid et télétravail : deux fois plus de dépressions sévères qu'en 2020
Par AFP | 23/03/2021, https://www.latribune.fr/* "On paie cash le manque de prévention de la santé mentale en population générale et dans les entreprises", explique Christophe Nguyen, à la tête d'un cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux, qui a présenté ce mardi la sixième vague d'un "baromètre de la santé psychologique des salariés français" depuis le début de la crise. Il alerte aussi sur le fait que les populations "les plus à risques" restent "les moins de 29 ans", mais encore, les télétravailleurs, ceux qui habitent de petits logements...
Le taux de dépressions, notamment sévères, parmi les salariés a explosé, un an après le début de la crise sanitaire et le premier confinement, selon un sondage, réalisé par OpinionWay et présenté mardi.
Si la détresse psychologique des salariés français reste importante et touche 45% d'entre eux (-5 points par rapport à décembre 2020) dont 20% de détresse psychologique élevée (identique), "le taux de dépression nécessitant un accompagnement chez les salariés explose. Il passe à 36% (+15 points par rapport à décembre 2020) tandis que le nombre de dépressions sévères a doublé en un an", atteignant 21% en mars 2021, a précisé Christophe Nguyen, à la tête du cabinet franco-québécois Empreinte Humaine, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux (burn-out, dépressions, suicides...), en présentant la sixième vague de ce baromètre depuis le début de la crise.
"La détresse psychologique [indicateur de santé mentale utilisé pour diagnostiquer les troubles mentaux, Ndlr], c'est l'antichambre de troubles mentaux plus sévères dont la dépression, et on voit que les gens sombrent", a-t-il ajouté, indiquant que "63% des salariés" déclarent "voir de plus en plus de collègues en détresse psychologique".
"Le contexte invite à être réaliste sur ce point. La détresse s'exprime aussi par des comportements d'hostilité, d'agressivité, ça ne va pas bien du tout et ça devient une crise au travail", analyse M. Nguyen. "On paie cash le manque de prévention de la santé mentale en population générale et dans les entreprises", ajoute-t-il, en comparant la France au Québec "où il y avait entre 7 et 9% de détresse psychologique fin 2020". "Risque psychosocial très haut
Les populations "les plus à risques" restent "les moins de 29 ans", dont 62% sont en détresse psychologique avec un risque de dépression accru pour près de quatre sur dix. Les femmes sont également très touchées avec 53% d'entre elles en détresse psychologique contre 38% pour les hommes. close
Les managers, dont 48% sont en situation de détresse psychologique, sont plus touchés que les non-managers (44%). Facteur aggravant pour les premiers, 60% d'entre eux ne se permettent pas de parler de leurs difficultés avant de traiter celles de leurs collaborateurs et 4 sur 10 se sentent isolés en tant que manager, selon le baromètre, réalisé du 1er au 12 mars auprès d'un échantillon de 2.004 salariés représentatif, selon la méthode des quotas. Aujourd'hui, les télétravailleurs sont les plus en détresse
Là où en avril 2020, les plus exposés étaient les salariés en chômage partiel, ce sont aujourd'hui les télétravailleurs les plus en détresse psychologique.
Ceux qui habitent dans moins de 40 m2 sont surexposés à la détresse psychologique (75%).
Le télétravail est "en voie de devenir un risque psychosocial au travail" et sa "lassitude" se confirme avec 4 salariés sur 10 qui "saturent" du télétravail tandis que 50% des salariés disent "manquer de lien social avec les collègues", ce qui "impacte négativement le sens qu'ils donnent à leur travail".
La détresse psychologique fait aussi "craindre des drames humains". 50% des salariés disent "avoir peur de l'état psychologique" de leurs collègues à la sortie de la crise, 32% craignent des suicides au travail et 10% ont peur "qu'un collègue agresse physiquement d'autres personnes", selon ce baromètre.
Covid-19 : les complémentaires santé et les assureurs prendront en charge les consultations de psychologues cette année
Les
fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de
prévoyance ont décidé de concert de généraliser le remboursement "dès le
premier euro" des psychologues libéraux, "sur orientation médicale". franceinfo avec AFP France Télévisions
Publié le 22/03/2021 https://www.francetvinfo.fr*
Les fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de
prévoyance ont annoncé, lundi 22 mars, la prise en charge de plusieurs
consultations de psychologues par an, sur prescription médicale et "dans
la limite de 60 euros par séance". La crise du Covid-19, et notamment les périodes de confinement, ont entraîné une hausse des états dépressifs chez les Français. Les jeunes sont les plus touchés
avec 22% des 15-24 ans en 2020, soit le double de 2019. L'augmentation
des états dépressifs est également plus forte chez les femmes, 15,8% en
2020, contre 12,5% l'année précédente.
Alors qu'une réunion de
ministres "sur la santé mentale" était prévue lundi après-midi à
Matignon, les trois fédérations ont décidé de concert de généraliser le
remboursement "dès le premier euro" des psychologues libéraux, "sur
orientation médicale". Pour les mutuelles, "un minimum de quatre séances
par année pourra être pris en charge dans une limite de 60 euros par
séance", précise la Mutualité française dans un communiqué. Même tarif
pour les assureurs, qui ne s'engagent toutefois à rembourser que
"jusqu'à quatre consultations" par an, indique la Fédération française
de l'assurance (FFA). Les institutions de prévoyance (CTIP),
spécialisées dans les contrats d'entreprises, promettent également de
"renforcer leur dispositif de prise en charge des consultations de
psychologues".
Cette initiative n'entrera toutefois pas
immédiatement en vigueur : les trois fédérations souhaitent d'abord
"initier un échange" avec les syndicats de médecins et de psychologues.
Ces derniers ne sont pour l'heure pas pris en charge par la Sécurité
sociale, même si l'Assurance maladie teste depuis deux ans un
remboursement (sur prescription du médecin traitant) dans quatre
départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan). Un
schéma encouragé par la Cour des comptes, qui recommandait dans un
rapport en février de le "généraliser dès que possible".
Confinement de novembre-décembre 2020 : une hausse des demandes de soins liés à la santé mentale Maxime Bergeat, Hélène Chaput (DREES), Pierre Verger, Dimitri Scronias (ORS Provence-Alpes-Côte d’Azur), en collaboration avec Romain Lutaud (département universitaire de médecine générale, Aix-Marseille Université), Muriel Barlet, Elisabeth Fery-Lemonnier (DREES), Bruno Ventelou (AMSE), Jean-François Buyck, Marie-Astrid Metten (ORS Pays de la Loire), Thomas Hérault (URML Pays de la Loire), Florence Zemour (URPS-MLProvence-Alpes-Côte d’Azur)
DREES Études et résultats N° 1186 Paru le 12/03/2021Màj le 12/03/2021 Résumé
Au
cours des mois de novembre et décembre 2020, les participants au
quatrième Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice
en médecine générale ont été interrogés sur leur activité pendant le
deuxième confinement.
La diminution de l’activité des médecins généralistes est très faible
par rapport à ce qu’elle a été lors du premier confinement du printemps
2020. Ainsi, la moitié d’entre eux déclarent une baisse de volume
horaire de consultations mais, dans la grande majorité des cas, de
faible ampleur.
Avec la baisse de l’intensité épidémique au cours de la période
d’enquête par rapport au mois précédent, 89 % des médecins consacrent
moins d’un quart de leur activité à la Covid-19. Les demandes de soins
liés à la santé mentale sont, quant à elles, plus fréquentes qu’en temps
normal. Pour la plupart des autres motifs de consultation, le volume
d’activité est relativement similaire à celui d’une semaine ordinaire,
avant le début de l’épidémie de Covid-19.
Les médecins ont modifié leurs pratiques pendant la crise épidémique.
Durant la semaine de leur interrogation, 7 médecins sur 10 ont effectué
au moins une téléconsultation, et 1 médecin sur 4 a réalisé au moins un
test antigénique.
Covid et santé mentale - 34% des Français disent être anxieux ou dépressifs, chiffre en nette augmentation Société, Coronavirus, Social Publié le 26/02/2021 https://www.lindependant.fr*
En un mois, les données de Santé Publique France sur la santé mentale des Français marquent une nette dégradation même si la très grande majorité est satisfaite de sa vie.
Non, tous les Français ne sont pas dépressifs, très loin de là, mais c'est l'évolution des dernières données de Santé Publique France qui a de quoi inquiéter les spécialistes.
Ainsi, le bulletin hebdomadaire national sur l'épidémie de coronavirus note une "augmentation significative des états anxieux (+4 points) et des états dépressifs (+3 points)" par rapport aux données du mois dernier.
Pour faire simple, "34% des personnes interrogées présentent un état anxieux ou dépressif". C'est bien plus élevé que lors du premier confinement (26,7%). Ils étaient 22,6% à déclarer ce type de sensation lors du deuxième confinement.
Si 65,8% des personnes ayant répondu au questionnaire des autorités de santé avouent connaître des problèmes de sommeil, à l'inverse, 77,6% sont satisfaits à divers degrés de leur vie actuelle. Ces deux indicateurs évoluent peu depuis plusieurs semaines même si la satisfaction de vie est nettement inférieure à celle observée hors épidémie.
Enfin, les pensées suicidaires présentent aussi un niveau élevé, supérieur à 8% (contre 5% selon le Baromètre santé 2017). Qui sont les plus touchés?
Les personnes présentant actuellement une santé mentale plus dégradée sont celles déclarant des antécédents de trouble psychologique, celles ayant ou ayant eu des symptômes de Covid-19, les personnes déclarant une situation financière très difficile ainsi que celles sans activité professionnelle (inactifs). Les femmes sont plus touchées par les états anxieux et les problèmes de sommeil alors que les 18-24 ans, les étudiants et les personnes vivant dans un logement surpeuplé le sont par les états anxieux et les états dépressifs. Les personnes présentant un risque de développer une forme grave de Covid-19 affichent également des états dépressifs et les problèmes de sommeil. Les raisons du mal-être
Parmi les principales raisons de ce mal-être des Français figurent l’inquiétude à l’égard de la santé, de la situation économique, le sentiment de solitude, de peur, d’impuissance et de frustration.
SantéCovid-19 : comment les scientifiques suivent la flambée des dépressions Céline Deluzarche Journaliste
[EN VIDÉO] Avoir une bonne santé mentale, mode d'emploiAvoir
une bonne santé mentale est essentiel pour se sentir bien dans sa peau.
Voici quelques conseils donnés par une chargée de projet de la Cité des
Sciences, dans le cadre d’une exposition sur les troubles psychiques.
Alors
que l'épidémie de Covid entre dans sa seconde année, ses conséquences
psychologiques apparaissent de plus en plus claires. Les scientifiques
tentent de mesurer leurs causes et leurs impacts afin de guider les
décisions politiques.
La
décision d'Emmanuel Macron de ne pas imposer un troisième reconfinement
en France a été interprétée comme une revanche des politiques sur les
médecins. Ce n'est en réalité pas tout à fait vrai. Car les médecins
auxquels on se réfère sont uniquement ceux travaillant dans les services
d'urgence et confrontés à l'arrivée des malades. Mais d'autres
scientifiques s'attachent, eux, à documenter les impacts cachés de la pandémie, en particulier sur notre santé mentale.
Suivre l’évolution de la santé mentale
« Dès le début du confinement, nous avons compris que les mesures de contrôle allaient avoir un impact sur la santé mentale
», confirme Enguerrand du Roscoat, responsable de l'enquête CoviPrev à
Santé publique France. Ce panel constitué de 2.000 personnes recueille
le suivi des mesures de protection ainsi que le niveau d'anxiété et de
dépression des personnes. « À court terme, cette surveillance permet d'ajuster les stratégies de communication et de prévention
des pouvoirs publics. À plus long terme, ce suivi d'indicateurs sera
utilisé pour produire et capitaliser des connaissances sur les
répercussions de la Covid-19 sur la population générale », explique le chercheur.
“
Aujourd’hui, on a 30 % des gens soit anxieux, soit dépressifs
« On
a d'abord observé un fort état anxieux au début du premier confinement
(27 % de personnes anxieuses contre 13 % habituellement), indique Enguerrand du Roscoat. Puis
l'anxiété a rapidement diminué jusqu'au déconfinement en mai. Le
deuxième confinement s'est traduit différemment, avec moins de troubles
anxieux mais davantage de dépressions. » La prévalence des états dépressifs a ainsi été multipliée par deux entre fin septembre (11 %) et début novembre (23 %). « Aujourd'hui, on a environ 30 % des gens soit anxieux, soit dépressifs », déclare le chercheur.
Plusieurs
autres études dans les différents pays procèdent à ce type d'enquête,
ce qui permet au final d'avoir une comparaison internationale. « On a
ainsi pu constater que les Italiens et les Français étaient les moins
anxieux durant cette crise, sans doute en raison des généreuses aides
économiques accordées par les gouvernements », indique Enguerrand du Roscoat. L'enquête CovidMinds, initiée par l'University College
de Londres, rassemble 760 chercheurs ayant mené 143 études issues de 70
pays. Elle tente d'harmoniser les indicateurs pour pouvoir établir des
comparaisons plus pertinentes et produit un résumé mensuel des résultats
des études récemment publiées.
Âge, logement, antécédents psychologiques…, qui sont les personnes souffrant le plus des mesures de restriction ?
Une des plus vastes méta-études menée à ce jour est celle du Lancet
sortie en janvier 2021 et portant sur 200.000 personnes dans quatre
pays européens (France, Danemark, Pays-Bas et Royaume-Uni). Elle révèle
des résultats en phase avec ceux de l'enquête CoviPrev, ce qui tente à
montrer que les différentes mesures de restriction ont finalement peu
d'influence sur la santé mentale (les Pays-Bas et le Royaume-Uni n'ayant
pas procédé à un confinement strict au début de l'épidémie, période sur laquelle portent les études). Les principaux facteurs qui entrent en jeu sont socio-économiques. « Les
prévalences les plus importantes s'observent chez les 18-24 ans, les
étudiants, les inactifs, les personnes déclarant une situation
financière difficile, celles occupant un logement surpeuplé ou encore
celles déclarant des antécédents de troubles psychologiques », atteste Enguerrand du Roscoat.
« Aujourd'hui, nos données contribuent à la prise de décision politique
», se félicite le chercheur. Face au décompte quotidien implacable du
nombre de morts et d'admissions en réanimation, ces données sont
indispensables pour nous rappeler que les mesures pour prévenir la
maladie ont autant de conséquences que la maladie elle-même.
Malaise des jeunes : comment reconnaître les troubles anxieux et y remédier ? le 10 février 2021 https://www.europe1.fr* Stéphane de Sakutin / AFP Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, la jeunesse, et particulièrement les étudiants, se précarisent. Troubles anxieux, dépression : leur santé mentale se dégrade, pouvant aller jusqu'à des tentatives de suicide. Stéphany Orain-Pélissolo, psychologue clinicienne, donne des clés pour repérer les signes des troubles chez les plus jeunes sur Europe 1. INTERVIEW
Environ 40% des 18-24 ans présentent un trouble anxieux généralisé. Voici l'un des constats alarmants d'une enquête Ipsos pour FondaMental, fondation scientifique spécialisée dans le domaine des maladies mentales. Restrictions sanitaires et sociales, inquiétudes sur l'avenir en raison de la crise économique : la situation de la jeunesse se précarise et sa santé mentale se détériore. Stéphany Orain-Pélissolo, psychologue clinicienne, donne des clés sur Europe 1 pour détecter les troubles et mieux accompagner la détresse des jeunes afin d'éviter un "effet ricochet".
"On est dans une situation inédite qui entraîne un stress chronique. Il va se transformer petit à petit en trouble de l'anxiété généralisé, avec une inquiétude permanente pour l'avenir, pour sa santé, pour la santé de ses proches, au niveau financier... Et petit à petit, cette anxiété généralisée peut entraîner la dépression", détaille la psychologue. Privés de toutes les ressources habituelles pour aller mieux - lien social, fête, concert, sport, cinéma - les jeunes sont de plus en plus nombreux à ressentir un mal-être. Toujours selon l'enquête Ipsos, 20% des sondés sont déprimés et deux jeunes sur trois estiment que la crise aura des conséquences sur leur santé mentale. Comment repérer les signes de troubles anxieux
Ces troubles anxieux peuvent avoir des conséquences physiques tels que des troubles du sommeil ou encore des troubles alimentaires. "Il faut qu'on intervienne maintenant", lance Stéphany Orain-Pélissolo. Pour les parents inquiets, quelques signes peuvent déjà alerter. "Quand on vit avec le jeune, il faut être attentif à son rythme au niveau du sommeil", explique la psychologue. "Si on voit qu'il commence à se décaler : attention."
Les résultats scolaires peuvent également donner un indice sur la perte de sens, la démotivation des adolescents face aux cours en ligne. "Pensez à regarder ses notes pour voir ce qu'il en est au niveau du suivi scolaire, qui devient de plus en plus difficile", conseille Stéphany Orain-Pélissolo. Autres signes : un changement brusque d'humeur, un mutisme. "Le jeune se met à être très isolé, à passer beaucoup de temps dans sa chambre, sans vraiment parler ni échanger", décrypte la professionnelle.
L'essentiel est d'agir vite pour éviter que les symptômes perdurent : "Généralement, une période d'une semaine à quinze jours où on voit des troubles de l'appétit, du sommeil ou des changements de l'humeur nécessite une consultation", assure la psychologue-clinicienne. Ecouter, normaliser "les idées noires"
L'une des premières solutions pour aider un jeune souffrant des symptômes évoqués ci-dessus, et l'accompagner vers une consultation si nécessaire, reste l'écoute et la parole. "Il y a des lignes d'écoute suffisantes pour certains étudiants, qui n'ont pas besoin d'aller plus loin. Le fait de partager va les soulager", explique Stéphany Orain-Pélissolo. Des plateformes de soutien psychologique dédiées telles que Covid Ecoute ou encore Ecoute Etudiant Ile-de-France permettent de consulter des guides, des exercices de méditation pour calmer ses angoisses ou de trouver des annuaires de praticiens. Une rencontre avec un médecin généraliste peut également permette d'orienter les jeunes, surtout si leur mal-être se cumule avec des addictions diverses (alcool, drogue, écran).
Les parents peuvent également tenter d'établir le contact avec leurs enfants, avec franchise, explique la psychologue. "Il faut aborder les choses assez directement avec eux", assure-t-elle. "Leur dire qu'on traverse une période difficile, que même nous les adultes en avons marre et commençons à nous lasser de cette situation." Interroger franchement l'enfant sur ses idées noires, sa perte d'espoir ou encore ses études afin de "normaliser" ces sentiments lourds à porter. "Normaliser ce genre d'idées que l'on peut tous avoir permet de rendre la parole accessible à l'enfant", résume la professionnelle de santé mentale. Par Mathilde Durand https://www.europe1.fr/sante/malaise-des-jeunes-comment-reconnaitre-les-symptomes-des-troubles-anxieux-et-y-remedier-4024406
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Vers une saturation des services de pédopsychiatrie ? Publié le 09/02/2021 https://www.jim.fr/*
Paris, le mardi 9 février 2021 – Un effet secondaire inattendu
du vaccin ? Ce regain d’optimisme, rare dans la bouche d’Olivier
Véran, n’est en tout cas pas passé inaperçu.
Depuis ce matin, sa déclaration à l’antenne de FranceInfo est
largement reprise : « Il est évidemment possible qu’on ne soit
jamais reconfiné » a affirmé le ministre de la Santé, qui est
plus souvent coutumier de la rhétorique inverse quand il indique
que la perspective d’un confinement est toujours à envisager.
Un mois pas plus !
Cependant, à contre-courant de cette projection (qui n’est qu’une
projection), le Syndicat national des médecins scolaires et
universitaires (SNMSU-Unsa Education) a appelé hier à une fermeture
immédiate de tous les établissements pour une durée de quatre
semaines. Cette préconisation repose sur l’idée de mettre à profit
une suspension limitée (en profitant des vacances qui viennent de
débuter dans une partie de la France, l’absence de cours ne serait
que de deux semaines) afin d’obtenir une réduction de la
circulation de SARS-CoV-2 et de ses variants dans les
établissements. Cependant, même si elle semble mue par la
préoccupation d’éviter une interruption trop prolongée, elle va à
l’encontre de la conviction fermement défendue par la plupart des
pédiatres qu’il faut à tout prix éviter toute mesure de «
confinement » des plus jeunes.
Se méfier de l’eau qui dort (mal)
Les ravages sur la santé mentale des enfants et des adolescents des
mesures prises depuis le printemps dernier s’observeraient en effet
aujourd’hui de façon explosive. Pourtant, si l’on en croit
certaines enquêtes, le confinement du printemps et la fermeture des
écoles se sont relativement bien passés. Une récente étude de
l’Institut national d’études démographiques (INED) concernant
les enfants de 8/9 ans conclut en effet : « Si l’on résume le
faisceau de difficultés éprouvées par les enfants par un score
synthétique, on observe que 55 % d’entre eux n’ont eu aucun
problème particulier, 30 % en ont eu un seul, 10 % deux, 5 % trois
ou plus (…). En dépit du bouleversement de leur quotidien, les
enfants de 8-9 ans se sont plutôt bien adaptés au premier
confinement ». Cependant, l’enquête signale quelques éléments
notables : les plus grandes difficultés des enfants vivant dans des
conditions défavorables, la progression des problèmes au fil du
temps (confirmant la nécessité d’éviter le plus possible des
fermetures d’école prolongées) et l’augmentation des troubles du
sommeil. « Le confinement a eu un impact délétère sur le sommeil
pour 22 % des enfants (difficultés d’endormissement ou réveils
nocturnes) : la moitié connaissaient déjà des problèmes de sommeil
auparavant et les a vus s’aggraver, l’autre moitié les a vus
apparaître pendant le confinement » relèvent les auteurs. Cet
impact sur le sommeil pourrait être perçu comme un indice du
développement sous-jacent de troubles, pouvant se manifester de
façon plus directe ultérieurement. Or, l’automne et l’hiver
semblent avoir confirmé ce scénario.
Effet « cocotte-minute »
« Pendant des mois, ils ont pris sur eux et c’est maintenant que
ça explose » résume sur Europe 1 la pédopsychiatre Julie
Rolling (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg) qui décrit un «
effet cocotte-minute ». Ainsi, de nombreux services de
pédopsychiatrie signalent une activité en hausse significative. De
Strasbourg jusqu’en Corse en passant par Toulouse, on évoque une «
détresse inédite » des enfants et des adolescents. Dans la
ville rose, le professeur Isabelle Claudet, chef du service des
urgences de l’hôpital des enfants relève : « Nous avons beaucoup
d’enfants hospitalisés, qui décompensent aujourd’hui. Il y a 40 à
70 % d’admissions supplémentaires. Au lieu d’avoir trois à quatre
hospitalisations par jour pour ces raisons, nous en avons douze à
quatorze… Et ça nous inquiète énormément ». Au-delà de ces cas
aigus, la spécialiste alerte sur les dégâts considérables du
confinement sur les plus jeunes en dévoilant dans 20 minutes les
résultats préliminaires de l’étude E.COCCON qu’elle a coordonnée. «
Un enfant sur cinq a souffert d’un stress post-traumatique, les
filles ayant un taux plus élevé que les garçons » note-t-elle
évoquant notamment un « syndrome de la cabane ».
Décompensation
La décompensation signalée par les spécialistes ne concerne pas
uniquement des troubles psychiques antérieurs, mais également des
situations familiales explosives. « La crise de la Covid est un
facteur de décompensation et un révélateur de milieux familiaux
fragiles ou déjà à risque. Actuellement, nous avons à prendre en
charge une minorité de pathologies chroniques, telles que les
psychoses ou les troubles neurodéveloppementaux, qui ne sont pas
directement liées à la crise. La majorité des patients qui nous
sont adressés présentent en revanche des pathologies décompensées
liées à des éléments anxieux ou post-traumatiques, à 90 % en lien
avec des faits de nature sexuelle, associées à d'autres
traumatismes » détaille dans Corse Matin, le docteur
Jean-Martin Bonetti, chef de service à l’hôpital de Castellucciu.
Ce dernier, à l’instar d’autres spécialistes, relève encore un
autre élément préoccupant : le rajeunissement des patients par
rapport à ceux qu’ils prennent habituellement en charge.
Maladie chronique
L’inquiétude des spécialistes de pédopsychiatrie est d’autant plus
forte que dans leur secteur, exactement comme en réanimation, le
nerf de la guerre est celui du manque de personnels. Ainsi, à
l’hôpital de Castellucciu, l’Agence régionale de santé (ARS) a bien
donné son feu vert au déploiement de quatre lits supplémentaires.
Cependant, « L'ouverture de ces lits a été suspendue car nous
n'avons pas le personnel », déplore le docteur Bonetti. «
Qui soigner quand il n’y a pas la possibilité de le faire pour
tout le monde ? (…). En tant que responsable d’un centre
médico-psychologique (CMP) pour enfants et adolescents dans le nord
des Hauts-de-Seine, il s’agit d’une question quotidienne, tant les
listes d’attente pour être reçu par des professionnels de santé
mentale se sont allongées ces dernières années (souvent plus de six
mois après une première demande). (…) La mission première d’un CMP
est d’accueillir toute personne en état de souffrance psychique. Et
la question est alors de déterminer qui soigner en priorité, quand
on ne peut pas recevoir tout le monde » avait décrit cet
automne dans Le Monde, Oriane Bentata-Wiener, psychiatre,
responsable du centre médico-psychologique (CMP) de
Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) rappelant que la question de la
saturation des services hospitaliers en temps de Covid et hors
temps de Covid est loin de ne concerner que les services de
réanimation et est un enjeu majeur. Aurélie Haroche
Les Français n'ont pas suffisamment bougé pendant le confinement. C'est ce que confirme une étude publiée jeudi 4 février dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France. Sur la base des déclarations de 2 000 personnes interrogées début mai, les chercheuses ont noté « une dégradation des comportements d'activité physique et de sédentarité dans la population adulte pendant la période [du premier] confinement ». Un manque d'activité qui a un impact direct sur la santé mentale des Français.
« Les résultats ne sont pas surprenants, mais cette étude permet de les quantifier », explique Hélène Escalon, l'une des chercheuses y ayant contribué. « Pendant le premier confinement, la moitié de la population n'a pas atteint les recommandations d'au moins 30 minutes d'activité physique par jour, que ce soit du sport, des déplacements ou des activités domestiques. » La marche est, confinement oblige, l'activité physique dont la pratique a le plus diminué pendant la période. close
L'activité physique a chuté chez les hommes
La pratique d'une activité physique a surtout baissé chez les hommes – 49 % en ont fait moins de 30 minutes par jour pendant le confinement, contre 29 % avant – que chez les femmes – 53 % pendant, 47 % avant. C'est l'une des surprises de l'étude : « Les femmes et les hommes se sont retrouvés au même niveau d'atteinte des recommandations, alors que d'habitude la prévalence est plus forte chez les hommes », note Hélène Escalon.
Une baisse plus forte chez les hommes qui pourrait s'expliquer « par la nature et le cadre des activités généralement pratiquées par les hommes, davantage orientées vers des pratiques collectives, en extérieur, ou en clubs, qui se trouveraient de fait plus fortement impactées par les mesures de confinement », estiment les chercheuses. Paradoxalement, une femme sur cinq dit avoir à l'inverse augmenté son activité physique pendant le confinement. « Elles ont été plus nombreuses à utiliser les applis de coaching vidéo », avance Hélène Escalon.
Si les catégories socioprofessionnelles supérieures ont connu une baisse plus importante de leur activité physique pendant le confinement, les inégalités sociales demeurent. Les CSP-, ceux sans activité professionnelle mais aussi les femmes les moins diplômées ou en arrêt de travail ont, notamment, été les plus concernées par cette baisse d'activité. Les urbains sont aussi plus touchés. Plus de sept heures par jour assis
Au-delà de l'activité physique, l'étude a montré qu'un tiers des personnes interrogées a été concerné par un niveau de sédentarité élevé pendant le confinement, passant plus de sept heures par jour en position assise. Deux problèmes différents : « On peut être très actif et sédentaire à la fois », souligne Hélène Escalon. « On observe une insuffisance de la rupture de sédentarité, alors qu'il est recommandé de se lever toutes les 30 minutes. Cette recommandation n'est pas encore connue, pas encore comprise. »
L'étude montre surtout que le manque d'activité physique et la forte sédentarité ont un impact négatif sur la santé mentale. Chez les personnes déclarant un état dépressif, la prévalence de la non-atteinte des recommandations d'activité physique était par exemple bien supérieure à celle du reste de la population (de 61,1 % pour les hommes à 67,5 % pour les femmes, contre moins de 50 % chez les autres). Ces problèmes de santé risquent de se poser d'autant plus fréquemment à l'avenir que le télétravail, plus à même de les favoriser, est voué à se démocratiser. « Ça peut être une des pistes de prévention pour éviter la multiplication des problèmes de santé mentale rencontrée depuis le confinement », avance Hélène Escalon. https://www.lepoint.fr/sante/confinement-les-effets-de-l-absence-d-activite-physique-sur-la-sante-mentale-05-02-2021-2412813_40.php
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Santé mentale.Covid-19 : comment les scientifiques suivent la flambée de dépressions
Publié le
Des
études de grande ampleur visent à établir des liens entre la santé
mentale, la pandémie et les mesures mises en place pour y faire face.
La
pandémie de Covid-19, qui entre dans sa deuxième année, a déjà eu un
effet marqué sur la santé mentale de la population mondiale, estiment
des experts. À titre d’illustration, Nature
– qui rapporte des données du Bureau du recensement des États-Unis –
fait savoir que plus de 42 % des Américains interrogés en décembre ont
signalé des symptômes d’anxiété ou de dépression alors qu’ils n’étaient
que 11 % entre janvier et juin 2019.
Il faut dire que la pandémie a
déjà coûté la vie à plus de 2 millions de personnes, mis des activités
économiques à l’arrêt, entravé les interactions sociales, rendu
quasiment impossibles les déplacements à l’étranger… Sans parler de la
fatigue due à la maladie, de la lassitude et de l’inquiétude que
provoque l’émergence de nouveaux variants du virus. Autant de sources de
stress qui pourraient avoir des effets durables sur la santé mentale,
même après la disparition de la pandémie, selon de nombreux chercheurs
qui planchent sur le sujet.
Dans
ce contexte, plusieurs études ont été lancées à travers le monde afin
de suivre de manière détaillée l’évolution de l’état de santé mentale
des populations et de pouvoir comparer les situations. “Nous avons
une vraie occasion d’étudier la manière dont les politiques sanitaires
des différents pays se répercutent sur la santé mentale de la
population”, estime Kathleen Merikangas, épidémiologiste à l’Institut national de santé mentale de Bethesda, dans le Maryland.
Préparer l’avenir
Le programme CovidMinds,
par exemple, rassemble environ 140 études dans plus de 70 pays.
Celles-ci recrutent un grand nombre de participants et collectent des
informations sanitaires à intervalles réguliers. Au Royaume-Uni, le
travail de recherche baptisé Covid-19 Social Study
a permis de recruter plus de 72 000 volontaires dès le mois de mars,
qui répondent chaque semaine à des questions, dont certaines portent sur
leur état émotionnel. Une autre étude, Covid-19 Health Care Workers,
vise à évaluer comment a fait face le personnel de santé, qui a été
confronté, à un niveau sans précédent, à la maladie et à la mort.
Pour conclure, Nature insiste :
Les
scientifiques espèrent qu’ils pourront utiliser la masse de données
collectées actuellement dans le cadre d’études sur la santé mentale afin
d’évaluer l’impact de certaines mesures [de restriction] sur le
bien-être de la population, ce qui permettrait de mieux préparer la
gestion des futures pandémies.”
Depuis 1869, cette revue scientifique au prestige mérité accueille –
après plusieurs mois de vérifications – les comptes rendus des
innovations majeures dans tous les domaines : de la biologie à la
physique en passant par l’astronomie. Son âge
Covid-19 : Isolement, stress, angoisse, des psychologues alertent sur les pathologies causées par la pandémie
La persistance du Covid-19, les confinements et les restrictions sanitaires qu’il impose affectent le moral des Français et pour un certain nombre d’entre eux, leur santé mentale. Stress, isolement, angoisse, les facteurs se multiplient et peuvent s'accentuer avec le temps. Publié le 04/02/2021 https://france3-regions.francetvinfo.fr* Yonne Côte-d'Or
Face à l’épidémie de Covid-19 et depuis les mesures gouvernementales de confinement, de restrictions ou de couvre-feu, comment les Français réagissent-ils ? Comment cette crise sanitaire inédite modifie-t-elle les comportements, les connaissances, les croyances ? Quel retentissement psychologique dans la population ?
Un an après l'arrivée de la pandémie sur le territoire, nous avons demandé à Gérard Milleret, psychiatre au centre hospitalier la Chartreuse à Dijon et Alain Maes, psychologue à Auxerre, d'exposer leur regard sur les effets durables que la Covid-19 a pu provoquer sur la santé mentale d'une frange de la population, et notamment sur leur patientèle. Depuis bientôt un an, nous vivons une situation inédite, celle de la pandémie de Covid-19, avec deux confinements, un couvre feu. Dans quel état psychologique se trouvent aujourd'hui les Français ?
Gérard Milleret, psychiatre à Dijon : "Il y a un mal être général dans la population, c'est certain. En ce moment, on a l’illustration que la santé mentale a une place considérable. Il y a plus d’inquiétude. Les patients qu’on connait fragiles sont plus inquiets."
Alain Maes, psychologue à Auxerre : "C’est un problème qui s'installe. Et même pour ceux qui au départ arrivaient à gérer, cela commence à devenir lourd. Dès le début de la pandémie, il y a eu beaucoup de stress, d’inquiétude autour de l’angoisse de mort." Depuis l'arrivée de la pandémie, quels sont les facteurs qui selon vous sont les plus lourds psychologiquement, et pourquoi ?
Gérard Milleret : "Il y a le facteur de la peur du virus. On n' a eu au démarrage des discours qui n'étaint pas les mêmes, ce qui n’est pas rassurant au niveau de la population. Au démarrage, on dédramatisait, on parlait de "grippette". On avait tendance à dédramatiser puis après on a eu à tendance à dramatiser. On n’est passé dans l’autre sens. Ce qui peut ne pas être rassurant pour la population.
Après, il y a la manière dont on vit le confinement, être limité, avoir des horaires fixes. Ce n’est pas une situation agréable pour la nature humaine. On est dans une sorte de contrôle de soi-même car il y a des interdits qu’on nous a posés. Et puis, il y a les conséquences économiques et sociales. Quand on est dans une entreprise, puis qu’on ne peut pas l’ouvrir, on est limité. Ce n’est pas rassurant."
Il y a un contexte anxio-dépressif qui est considérable avec des déprimes. Je ne dis pas que cela peut amener jusque’au suicide mais il y a quand même des éléments qui nous indiquent qu’il y a beaucoup de craintes à avoir. Et il faut s’occuper de la santé mentale de la population, c’est obligatoire."
Gérard Milleret, psychiatre à Dijon.
Pour Alain Maes, le facteur le plus important, c'est "le manque de vie sociale, le changement des habitudes liées aux activités extra-professionnelles comme le sport, la culture, la rencontre. Ça, c’est certain. L'autre facteur, selon moi, est la peur de contaminer des proches. On vient de passer la période de Noël. Une période qui a créé beaucoup de tensions au sein des familles.
Les grands-parents ne comprennent pas tous ou n’acceptent pas de se voir privés de leurs petits-enfants ou de leurs enfants. Certains ont conscience de ne pas prendre le risque des les contaminer. Ils décident donc de rester chez eux. Il y a eu très peu de gens qui ont fait de fêtes de famille habituelles. Cela a été beaucoup en comité restreint. Mais cette peur de propager le virus sans le savoir à des personnes fragiles était très forte sur cette fin d’année. Cela crée des tensions dans les familles." Est-ce que les gens sont plus déprimés ?
Gérard Milleret : "Je pense que nos collègues médecins généralistes voient ça en première ligne. Des gens pas connus qui malheureusement sont complètement défaitistes vu le contexte. Vous avez aussi les patients déjà fragiles psychologiquement. Cela n’arrange pas les choses.
Il y a des patients qui ne sortent plus du tout de chez eux, qui ont très très peur et d’autres qui ne veulent pas nous voir et aller en consultation. Et certains qui se posent beaucoup de questions. C’est une partie de la population que l’on a l’habitude d’aider. Mais il y a une nouvelle population touchée qui va manifester des signes d’angoisse important, à avoir les idées noires, qui vont ruminer."
Alain Maes : "Les histoires de risque de confinement, de maladie, les difficultés à rencontrer les autres, de pouvoir sortir, font que les choses se détériorent vite. Selon moi, il y a quatre types de populations différentes qui sont touchées. Il y a les jeunes, ceux qui continuent à travailler avec des contraintes, ceux qui sont en train d’arrêter de travailler- patrons ou salarié - et puis il y a les personnes âgées.
Parmi les personnes âgées, j’en ai dans ma patientèle qui acceptent de vivre avec les règles et certains refusent. Pour certains, en ce moment, c’est vraiment l’enfer. Il ne faut pas généraliser. Je parle de ceux qui sont dans une grande détresse psychologique. A côté de ça, certaines personnes arrivent à s’adapter." L’incertitude sur l’avenir, de quelle manière agit-elle sur les comportements ?
Gérard Milleret : "Le stress est accru mais surtout le défaitisme. C’est l’expression d’une déprime personnelle. On a l’impression que tout est foutu, l’entreprise va fermer, le restaurant va fermé. Il y a quand même de grosses incertitudes d'un point de vue économique avec un risque de chômage important même si le gouvernement essaie de rassurer. On s’aperçoit que tout n’est pas si rose que ça. "
Le discours que la situation peut varier d’un moment à l’autre, avec à la fois des médecins alarmistes et d’autres rassurants, la population a du mal à s’y retrouver. Et ça, ce n’est pas rassurant."`
Gérard Milleret, psychiatre
Alain Maes : "Oui, si on prend l'exemple des jeunes qui ne savent pas comment ça va se passer, s’ils vont trouver un boulot, les stages à l’étranger qui vony être annulés. C’est vraiment une génération qui souffre actuellement beaucoup, à qui on "vole" une partie de la jeunesse.
J’ai des patients aussi qui en ont marre de leur travail et qui souhaitent changer. Mais ils ne peuvent pas sachant qu’il y a des pans entiers de l'économie complètement à l’arrêt. Donc cela les contraint à continuer ou à se mettre en arrêt maladie. Il y en a de plus en plus de gens qui se mettent en arrêt maladie car ils n’en peuvent plus. Retourner au boulot, pour certains, cela devient très compliqué."
Est-ce que dans la durée, certaines pathologies ont tendance à devenir plus lourdes ?
Gérard Milleret : "La durée fait que les pathologies durent aussi. Il n’y a pas de côté rassurant. Il n’y a pas de côté qui pourrait dire "on voit le bout du tunnel". Il y a la vaccination mais on voit la polémique qu’il y a avec la vaccination, les retards de livraison ou le refus de se faire vacciner."
La possibilité de faire des choses étant réduites, du coup, certaines personnes se disent, "je ne fais plus rien". C'est quelque chose que l’on peut voir.
Alain Maes, psychologue à Auxerre.
Pour Alain Maes, "tout ce qui est lié à la solitude, à l’angoisse, à la dépression, ce sont des sujets dont on parle très régulièrement. Je vois pas mal de gens qui se renferment sur eux-mêmes. C’est comme un mécanisme de défense. Comme je ne peux pas sortir, je me renferme plus sur moi-même. Il y a même des enfants qui ne font plus rien. Il n’y a plus d’envie.
Selon lui, "la possibilité de faire des choses étant réduits, certaines personnes se disent, "je ne fais plus rien". C'est quelque chose que l’on peut voir. Je pars du principe qu’il y a toujours une solution à un problème mais pour quelques-uns de mes patients, ils ne voient plus les choses comme ça. Ils se disent "je n’ai plus l‘énergie pour bien m’occuper de moi". Comment limiter l’impact sur la santé mentale et développer des risques de troubles psychologiques ?
Gérard Milleret : "Il faut donner des messages rassurants, écouter les personnes. De notre côté, on a mis en place un conseil local de santé mentale qui comprend huit communes de l’agglomération dijonnaise. On n’est en train d’essayer de faire des actions.
Avec l’association France dépression, il y a un également un numéro dédié au public et à des personnes pour proposer une écoute téléphonique (07 84 96 88 28). On peut écouter la personne inquiète. Pendant le premier confinement, une écoute téléphonique avait été installée avec nos partenaires du CHU."
Alain Maes : "Quand on est chez soi, le conseil, c'est dessayer d’avoir un rythme de vie habituel. Il faut essayer de garder un rythme classique, de ne pas par exemple se lever à 14h Il faut arriver à trouver ses petits plaisirs. C’est ce que je dis à mes patients. Une journée sans petit plaisir est une journée perdue. Cela peut être appeler un copain, sortir faire un tour, se mettre à jouer de la musique, apprendre une langue.
Il faut trouver des activités qui soient sources de changements d’idées. Car rester dans son canapé à regarder en boucle BFMTV, cela va être compliqué. Il y en a qui sont plantés devant les infos toute la journée. Là, c’est terrible."
Santé publique France a créé sur son site un espace dédié à la santé mentale où tous les dispositifs d’aide à distance sont recensés par thèmes (détresse, deuil, addictions, violences conjugales, parentalité...). On y trouve aussi dans "Ma vie au quotidien" des vidéos très courtes prodiguant des conseils simples contre le stress. Un numéro vert, 0800 130 000, offrant un soutien psychologique a été mis en place par le ministère de la Santé. Les numéros utiles si vous êtes en souffrance psychologique
Le numéro vert national du ministère de la Santé disponible 24h/24 et 7j/7 : 0 800 130 000
La plateforme "Croix-Rouge écoute" disponible de 8h à 20h et 7j/7 : 0 800 858 858
N'hésitez pas à vous renseigner auprès de votre médecin généraliste, ou auprès de votre Agence Régionale de Santé. *** Santé mentale: Véran veut développer des formations aux premiers secours Face notamment à la détresse étudiante provoquée par la crise du covid-19, le ministre de la Santé veut que les Français soient mieux formés à détecter les signes précurseurs d'une dépression ou d'une anxiété aigüe. 24/01/2021
Par Paul Guyonnet THOMAS COEX via Getty ImagesFace aux difficultés créées par le covid-19, le ministre de la Santé Olivier Véran veut développer des formations en premiers secours en santé mentale (photo prise le 14 janvier dernier, à l'occasion d'un point presse gouvernemental sur la crise sanitaire).
SANTÉ - “On sait sauver des vies grâce aux formations aux premiers secours proposés dans les entreprises, alors pourquoi ne pas le faire aussi dans le domaine psychologique?” Alors que la crise du covid-19, qui dure depuis maintenant près d’un an, exerce une pression exceptionnelle sur la santé mentale des Français -et en particulier des étudiants- Olivier Véran veut agir.
Au cours d’une rencontre organisée par Le Parisien entre des lecteurs et le ministre de la Santé, celui-ci a effectivement dit qu’il voulait “avancer dans les prochaines semaines” sur un chantier prioritaire: “développer les premiers secours en santé mentale”. Former des “premiers secouristes” de la santé mentale
L’idée n’est pas nouvelle. Elle est née en Australie au tournant du siècle, et a été progressivement adaptée et importée en France. Elle vise à former des individus, en entreprise ou à l’université par exemple, pour qu’ils puissent détecter et venir en aide à des collègues ou camarades en train de développer un problème de santé mentale ou d’expérimenter une crise.
L’objectif n’est évidemment pas de former des psychologues amateurs, mais au moins d’aiguiser la perception de certains dans des milieux où l’individu n’a pas forcément la place pour s’exprimer afin, le cas échéant, de l’orienter vers des professionnels compétents. De la même manière qu’une formation en premiers secours permet de savoir quels premiers soins apporter lorsque quelqu’un s’étouffe, avant ensuite de passer le relais à des secouristes et à des médecins.
En général, les formations permettent ainsi de détecter des signes évoquant la dépression, des troubles liés à l’anxiété, des épisodes psychotiques et jusqu’à les addictions aux substances. Ce qu’Olivier Véran décrit dans son entretien avec les lecteurs du Parisien comme d’être formé à repérer quand quelqu’un “commence à perdre le sommeil, avoir des idées noires, à se dévaloriser avec des pensées suicidaires…” Publicité
Plusieurs projets pilotes dans les facs
Comme l’explique en outre le ministre, ces formations sont déjà accessibles dans plusieurs facultés françaises. Fin 2019, l’Université de Lorraine, à Nancy, a par exemple formé plusieurs étudiants, dans le cadre d’un programme pilote créé en lien avec quatre Autorités régionales de Santé et les universités de leur territoire (Auvergne, Aquitaine et Paris-Sorbonne).
Le but était de former auprès de professionnels des personnels du Service Universitaire de Médecine Préventive de chaque faculté pour qu’ils puissent à leur tour dispenser des formations à des dizaines d’étudiants. Une expérience qui semble avoir convaincu, en plus d’Olivier Véran, d’autres institutions, à l’image de l’ARS de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui ambitionne, en 2021, de développer des formations dans les différentes facs de son territoire, à savoir Aix-Marseille, Avignon, Nice et Toulon. Des initiatives pour l’instant locales, qui pourraient donc être généralisées, à entendre le ministre.
Le Dr Patrice Schoendorff, psychiatre aux hospices civils de Lyon
et en détachement à l’hôpital de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), lance
un cri d’alarme sur la situation psychiatrique en France.
Marianne : Vous êtes psychiatre dans la région lyonnaise et vous dénoncez une situation de burn-out…
Dr Patrice Schoendorff : Oui,
sur le plan de la psychiatrie, la situation française est très
préoccupante. Pour que les choses soient parlantes, avec le Dr Didier
Charrassin, chef du pôle psychiatrie du Chablais, nous avons regardé les
chiffres du secteur de Thonon les Bains, une zone qui va du Lac Léman
jusqu’aux stations de ski de Morzine d’Avoriaz. Tous les indicateurs
sont au rouge ! En 2020, nous enregistrons +12% de consultations
psychiatriques extrahospitalières. Du jamais vu. A l’hôpital de Thonon,
sur les deux derniers mois, en décembre et novembre, nous avons eu 30
hospitalisations ce qui est là aussi du jamais vu. Nos deux unités de 20
lits, qui ont par ailleurs en charge leurs patients chroniques, sont
totalement saturées.
Est-ce un constat général ou une situation propre à cette région des Alpes ?
Je
discute avec des collègues psychiatres du reste de la France, c’est
partout pareil. Et comme la psychiatrie est le parent pauvre de la
médecine française, cet afflux massif de nouveaux patients intervient
alors que le secteur hospitalier dans ce domaine est déjà sinistré. A
Thonon, sur 5 postes de psychiatres, deux sont vacants… L’hôpital doit
appeler en urgence des intérimaires.
De quoi souffrent ces patients nouveaux que vous voyez apparaître ?
Pas
seulement de « dépression » comme je l’entends dire à la télé. En fait,
cela craque de partout. On assiste à une déstabilisation complète de
tous les troubles psychiatriques. Que ce soient des phénomènes de
décompensation de troubles de l’humeur, c’est-à-dire des dépressions,
mais aussi des décompensations chez des personnes jusque-là stabilisées
pour des troubles bipolaires par exemple. Autrement dit, l’explosion des
troubles psychiatriques touche tous les secteurs. En bout de chaine, on
assiste aussi à une recrudescence des passages à l’acte, y compris
violents. Même aux urgences psychiatriques à Thonon, on n’avait jamais
vu cela. Il y a un nombre jamais vu de troubles du comportement sur la
voie publique. Je sais aussi, même si le chiffre reste confidentiel, que
le nombre de suicides sur la région lyonnaise est en très forte
augmentation. Vraiment, la situation est très préoccupante.
Intervenez vous aussi en unité Covid ?
Bien
sûr, nous sommes appelés en consultation psychiatrique dans des unités
Covid où des patients sont hospitalisés. Paradoxalement, c’est le seul
moment où je peux voir des patients non masqués. Le reste du temps, pour
la première fois de ma vie de psychiatre, je parle à des interlocuteurs
dont je ne vois pas le visage. Cela aussi c’est un problème. En unité
Covid, certains sont hospitalisés sur de longues périodes et vivent des
situations d’angoisse extrême. Certains perdent le sommeil. La plupart
sont très affaiblis, très fatigués. C’est très lourd… Ils regardent la
télé, sont souvent coupés de leurs proches, et au contact de soignants
de plus en plus fatigués. Là encore, la situation psychologique de ces
malades est de plus en plus préoccupante.
Avez-vous eu des recommandations nationales sur des traitements psychiatriques particuliers de malades Covid ?
Je
souris. Non rien. Pas une seule recommandation. Pas un seul protocole.
Chacun fait dans son coin avec les moyens du bord ! On fait comme on
peut. On compose. C’est vrai, que l’on devrait se préoccuper d’un retour
d’expérience…
Quelle est votre analyse de ce que nous vivons ?
Il
est bien normal que la pandémie et le virus génèrent des peurs et des
angoisses. Mais je constate que ce sont aussi les mesures prises par le
gouvernement qui génèrent à leur tour peurs et angoisses ! Le premier
confinement de mars dernier s’est relativement bien passé. Il était
alors plus facile de comprendre pourquoi des mesures étaient prises pour
stopper la propagation. Mais le deuxième confinement est bien plus mal
compris et bien plus mal vécu. Je sens mes patients beaucoup plus
angoissés. Ils ont du mal à comprendre le couvre-feu de 18h par exemple
et tous les changements qui interviennent, un jour 20h, un jour 18h,
sans que l’on sache trop pourquoi. Tout cela, sans parler des discours
successifs du gouvernement sur les vaccins, contribue à angoisser
davantage les gens. C’est déstabilisant de ne pas comprendre. Et puis
avec le deuxième confinement, les mesures ont touché toutes les sphères,
familiales ou professionnelles. Pour des gens vivants seuls, tout cela
est encore plus difficile. Or le gouvernement ne semble pas tenir compte
de ces difficultés d’ordre psychologiques. Le discours n’est qu’un
discours épidémiologique sur la vitesse de propagation du virus… Rien ou
presque sur la dimension psy.
Il n’y a pas de psychiatre dans le conseil scientifique…
Non
seulement il n’y en a pas, mais j’observe avec beaucoup d’autres, que
toutes les mesures qui sont prises et le discours qui va avec, ne
semblent pas venir de gens de terrain. Pour faire de la médecine, il
faut être au contact de malades sur le terrain, or j’ai l’impression que
la réponse scientifique actuelle se limite à des analyses de
« l'arrière » du front. La dimension psychiatrique n’est jamais mise en
avant et me semble insuffisamment prise compte.
C’est-à-dire ?
La
distanciation sociale, en soit, est une hérésie. L’être humain ne peut
s’épanouir qu’au contact de l’autre. En organisant une distanciation
sociale, aussi froidement que ce qui est fait, on court le risque d’une
dislocation sociale. Autre exemple, j’ai lu aussi que pour décider du
couvre feu à 18h, le CNRS avait réalisé un modèle scientifique pour
aboutir à une limitation maximale des interactions. Mais d’un point de
vue psychiatrique, cela aussi c’est une abomination. En même temps que
de telles mesures sont mises en place, dont il faudrait percevoir les
dangers psychiatriques, il faudrait penser des accompagnements… Cela
parait évident.
Vous dénoncez un déficit d’explication, doublé d’une crise de confiance ?
Le
déficit d’explication est stupéfiant. Et la crise de confiance, nous la
mesurons en observant nos indicateurs psychiatriques au rouge. Depuis
des mois, je suis choqué que personne au sein du conseil scientifique ne
porte cette dimension, en tout cas que le discours du gouvernement soit
si creux, si sec, si froid.
Comment voyez vous évoluer les choses ?
On
va vers une casse psychologique et psychiatrique, très très importante.
Il y aura un avant et un après. Les gens sont traumatisés. A tous les
niveaux. Dans les Ehpad, par exemple, on sait que des personnes âgées
sont mortes de phénomènes de glissement et d’angoisse. D’autres sont
traumatisés d’avoir dû enterrer un parent de façon bâclée. Ce sont des
petits exemples entre mille. Il y a une urgence absolue à prendre en
compte la dimension psychologique de la crise actuelle. Nous sommes de
très nombreux praticiens, en France, à ressentir cette urgence.
L'épidémie de Covid-19 aggrave les troubles psychiques des migrants, constatent des sociologues rennais
Les migrants connaissent des troubles psychologiques à cause de leur parcours migratoire. Un état aggravé par le Covid-19, relèvent deux sociologues de l’école de santé publique de Rennes. Publié le 28/12/2020 https://france3-regions.francetvinfo.fr*
Hors Covid, leur santé mentale est déjà mise à l’épreuve. 38% des migrants souffrent de troubles psychiques (dépressions, idées suiciddaires), selon le centre Primo Levi. Ils sont jeunes, l’âge médian se situant à 29,2 ans en 2019, et qu’ils aient fait des études ou non, ils sont dans une grande précarité.
C’est ce que révèle un travail de recherche de Patricia Loncle, professeure de sociologie à l'École des hautes études en santé publique (EHESP), mené avec Alessia Lefébure et présenté sur le site « The Conversation ».
Ils ont connu des expériences traumatisantes lors de leur parcours migratoire, et sont sujets à des maladies psychiques et psychosomatiques
Patricia Loncle
Le syndrome d'Ulysse, un stress chronique provoqué par des épreuves anxiogènes sur une longue durée, fait partie des pathologies souvent évoquées. Les comportements peuvent être très graves, des crises d'angoisse ou des hallucinations qui résultent de la pression liée à l'incertitude", poursuit Patricia Loncle, qui souligne les difficultés de prise en charge, faute de place et de formation des professionnels.
Et depuis le début de la crise sanitaire, ce sentiment d'insécurité des migrants a encore augmenté. Au quotidien, la distribution alimentaire a parfois fait défaut et l'isolement a fortement augmenté.
"On a mis les gens à l'abri mais ils se sont retrouvés livrés à eux-mêmes. Beaucoup de petites associations ont dû suspendre leur action, et les jeunes migrants, qui souffrent déjà d'isolement et de déracinement, se sont retrouvés encore plus seuls", explique Alessia Lefébure.
Tout ce qui relevait de l'aide informelle, tels que les ateliers, jeux ou goûters organisés par les associations d'aide aux migrants, s'est arrêté net.
"Il n'y avait plus de chaleur humaine autour d'eux dans la mesure où l'interaction humaine repose essentiellement sur les bénévoles, et leur santé mentale s'est encore dégradée", poursuit Alessia Lefébure.
"L'Etat se préoccupe de leur situation administrative, mais ils n'existent plus que par leur qualité de migrants et pas comme personnes vulnérables et en grande pauvreté", ajoute la sociologue.
Une difficulté d'accès aux soins dans les centres de rétention administrative
En
février, l'Académie nationale de médecine avait jugé la situation
sanitaire des migrants "préoccupante", citant des troubles mentaux "six fois plus fréquents que dans la population générale".
Elle mettait notamment en cause la précarité des conditions
d'hébergement, d'hygiène, ainsi qu'un retard dans l'accès aux droits.
Parmi les situations les plus critiques, les deux chercheuses citent notamment les Centres de rétention administrative (CRA),
dont certains ont été maintenus ouverts pendant les périodes de
confinement malgré l'impossibilité de renvoyer dans leur pays d'origine
les personnes placées en rétention.
"L'État considère que ces
centres sont un sas avant un départ vers l'étranger. Résultat: on ne
s'occupe plus de la souffrance des retenus. L'an dernier, le Contrôleur
général des lieux de privation de liberté a dénoncé avec virulence la
difficulté d'accès aux soins dans les CRA, notamment psychiatriques", souligne Alessia Lefébure.
Elle
rappelle que les placements en CRA de personnes atteintes de
pathologies mentales augmentent, tout comme les actes de détresse.
POINT DE VUE Pourquoi, selon Cynthia Fleury, le COVID sur-sollicite notre santé mentale
Stéphanie Lavaud
10 décembre 2020 https://francais.medscape.com*
Cynthia Fleury
France — Le COVID a clairement sur-sollicité notre
santé mentale et il est essentiel de s’emparer à bras le corps de la
question de la psychiatrie, en termes notamment de prévention et de
déstigmatisation. Ce sont les messages forts qu’a tenu à transmettre la
philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury dans une conférence de presse vidéo la semaine dernière aux côtés de 4 psychiatres, Rachel Bocher, Marion Leboyer, Serge Hefez et Marie-Rose Moro. Ces
cinq spécialistes de la santé mentale tenaient à alerter sur le risque
d’un tsunami de troubles mentaux lié à la crise que nous vivons et à
ses répercussions dans le contexte d’un système de soin psychiatrique
débordé et sous-financé (Lire COVID : la troisième vague sera-t-elle psychiatrique ?).
Lors
dans son intervention, la psychanalyste a dressé un rapide tableau des
cinq raisons pour lesquelles « la situation du COVID que nous vivons
sur-sollicite la question de la santé mentale » et insisté sur le fait
que celle-ci doit cesser « d’être stigmatisée, polarisée et mise de
côté » alors qu’elle est partie intégrante de la santé, et sera demain
au sein même « de la résilience de nos sociétés ».
Première raison : l’extinction d’expérience
Pour la philosophe, si cette crise nous fragilise, c’est
d’abord parce qu’elle nous met face à une situation que nous avons
oubliée. « La crise du Covid met en exergue, ce que l’on peut appeler
dans les sciences humaines et dans les sciences sociales, une extinction
d’expérience, expose Cynthia Fleury. La France, en l’occurrence,
connait une extinction d’expérience épidémique ». C’est une conquête et
c’est merveilleux, continue-t-elle, sauf que ça nous rend plus fragile
quand il est question « d’une effraction d’un réel de la mort ». En
cause, « notre amnésie générationnelle » car l’expérience de ce grand
risque épidémique nous avait été transmise, mais nous l’avions perdue.
Deuxième raison : l’effraction du réel de la mort
Autre
cause de traumatisme : « l’effraction du réel de la mort dans nos
vies » explique-t-elle. « Nous savons tous que la mortalité [liée au
virus] est faible mais l’imaginaire de la mort et le réel de la mort,
ainsi qu’une quantité d’effets non maitrisés liés à la Covid-19, tout
cela produit un effet maximal vis-à-vis de ce risque de mort ». Et
« sans parler des métaphorisations possibles comme la mort sociale »
ajoute la philosophe.
Troisième aspect : la concomitance de facteurs sociétaux générateurs d’angoisse
Pour Cynthia Fleury, il y a le « réel de la mort qui
atteint nos aînés » ou « nous atteint par le biais de l’insécurité
économique de demain », mais aussi « le terrorisme et plus globalement
ce que l’on pourrait appeler une banalisation de l’état d’exception ».
Pour la psychanalyste, « tout cela fait que, bien évidemment, notre
compagnonnage avec le réel de la mort s’est déplacé et sur-sollicite
notre santé mentale ».
S’y ajoute la question de l’incertitude,
« qui va devenir notre champ d’expériences prioritaires ». Or, dit-elle,
« on sait très bien que l’un des grands marqueurs de la santé est la
tolérance au risque et à l’incertitude ».
Quatrième point : le passage du ponctuel au systémique
L’angoisse
vient de la prise de conscience que l’on est passé, avec cette crise
épidémique, du ponctuel au systémique. La différence dans le vécu et la
perception des deux confinements par les soignants et les patients le
montre parfaitement. Si l’on a fait face au printemps à « un effet de
parenthèse, de sidération face à un épisode inédit – même si tout le
monde pressentait que c’était tout sauf de l’inédit, de l’accidentel et
du ponctuel –, on sait désormais que ce sera du systémique, du
récurrent » considère la psychanalyste. Nous n’en sommes donc plus à
« des modélisations de l’effondrement » ou à une « lointaine
collapsologie », mais à ce qui vient ici et maintenant « transformer nos
vies » avec des « implications très pratico-concrètes ». « Une
« transformation qui produit bien évidemment de l’hyper-anxiété ».
Cinquième raison : la remise en question de nos lieux de ressourcement
Dernière
source de fragilité : tous nos lieux de ressourcement et de sociabilité
sont remis en question. Même si l’on se dit que ce n’est rien, le fait
de mettre des masques, de ne plus pouvoir se toucher vient affecter nos
« affectio societatis », explique Cynthia Fleury. « On a beau
se dire que, lorsque le vaccin sera là, tout va reprendre comme avant en
termes de qualité humaine, rien n’est moins sûr. Ce n’est pas si simple
car tout un sens de la sociabilité peut changer, ce qui peut être une
grande source de mal-être car on se dit que l’on ne pourra plus se
ressourcer de la même façon ».
« D’où la nécessité de se saisir urgemment de la question de la santé mentale » a conclut la psychanalyste.
Santé mentale: qu’est ce que le COVID-19 peut changer ? Caroline Guignot 10 décembre 2020 https://francais.medscape.com*
France – L’épidémie
du printemps dernier a bouleversé le secteur de la santé mentale et de
la psychiatrie qui a dû rapidement s’adapter et innover. Quelles sont
les évolutions et éléments positifs qu’il convient de conserver ? La
relation soignant-soigné sera-t-elle durablement impactée ? La Journée
de l'ACCompagnement - Psychiatrie et Société tenue dans le cadre du
Congrès Français de Psychiatrie 2020 (e-CPF 2020) a proposé le point de
vue de multiples intervenants sur le sujet.
Un bilan contrasté
Le Dr Olivier Canceil (Santé Mentale France) a évoqué les éléments clés du rapport d’analyse des retours d’expériences de la crise COVID-19 dans le secteur de la santé mentale,
rédigé cet été à la demande du Délégué Ministériel à la Santé mentale
et la Psychiatrie. Ce rapport témoigne d’une mobilisation, réactivité et
inventivité effectives de la part des équipes et des patients. Les
équipes ont pu observer une adaptabilité des patients, capables de
mobiliser des habiletés insoupçonnées. Ils ont su faire face. Le suivi,
les téléconsultations et consultations par téléphone ont été mises en
place, en plus des visites à domicile. Il y a eu des collaborations
entre santé mentale et somatique. Des dispositifs mobiles ont été mis
sur pied, et de nouvelles façons d’échanger entre soignants et soignés
ont été instaurées. Il y a eu malgré tout une diminution des
hospitalisations, notamment sans consentement, limitées au strict
nécessaire. Il y a également eu des restrictions de liberté
problématiques pour les personnes au sein des services. La crise a
exacerbé l’hétérogénéité des pratiques déjà existante entre
établissements, et davantage liées aux impossibilités d’adaptation ou à
une rationalisation idéologique qu’à une simple pénurie de moyens.
Enfin, il y a eu une augmentation d’évènements inauguraux notamment
psychotiques. « L’inquiétude sur la situation et la crainte du lendemain
ainsi que le contexte de confinement, notamment en milieu urbain ont pu
accroître le taux de décompensation de troubles psychiatriques ou de
première incidence » a-t-il suggéré, contrastant avec une moindre
incidence des rechutes chez les patients déjà connus.
Une adaptabilité inattendue
L’adaptation des patients psychiatriques a été confirmée par l’enquête menée par le CrehPsy Pays de Loire auprès de patients, aidants et soignants. Présentée par le Dr Marion Espitalier,
elle montre un vécu plutôt difficile de cette période rapporté par une
majorité de soignants, qui contrastait avec une satisfaction plutôt
élevée des patients concernant la vie durant le confinement, et qui
était en moyenne comparable aux études menées en population générale. Ce
vécu s’expliquant notamment par la disponibilité des soignants qui a
été perçue comme plus facile et fluide par les personnes interrogées.
Mais il s’explique aussi par l’important soutien familial et aussi, ce
qui était moins bien décrit jusqu’à présent, par les pairs. Ils ont
constitué un élément indispensable dans ce vécu, les aidants ayant
largement supplanté le moindre accompagnement ou l’éloignement des
structures de soins et d’accompagnement. « Une telle étude ne permet pas
de présager que la répétition de cet évènement soit aussi bien vécue » a
reconnu l’intervenante.
Pour Coralie Gandré (Irdes), co-auteur de l’enquête COCLICO sur la santé mentale durant le confinement des patients vulnérables
(handicap ou troubles psychiques), la crise a néanmoins mis un coup de
projecteur important sur la santé mentale, aussi « on peut espérer que
cela aura des conséquences positives pour le champ de la santé mentale
et favorisera une moindre stigmatisation des patients. »
Intégrer l’approche par les droits
D’un
point de vue plus contextuel, comme la psychiatrie en France se
relèvera-t-elle de l’épreuve du COVID-19 ? Plusieurs intervenants ont
rappelé l’importance de l’approche par les droits dans le domaine de
santé mentale. Une approche qui consiste à « donner la priorité au
respect du droit des personnes par rapport à la prise en compte et
l’évaluation des besoins qui les professionnels ou les politiques ont
tendance à considérer d’abord comme leur compétence » comme l’a résumé
plus tôt le Pr Pierre-Michel Llorca (Clermont-Ferrand) rappelant
que « la personne est acteur de son rétablissement, et décide de son
projet de vie qui, le cas échéant, peut contrarier la logique
médicale ». Aussi la sociologue Delphine Moreau (EHESS) a-t-elle
exprimé sa perplexité. « On parle de l’autonomie des personnes alors que
dans la gestion de cette pandémie, les politiques publiques ne se
fondent ni sur un rapport de confiance ni sur l’autonomie. Il ne faut
pas oublier dans ce contexte l’importance de s’appuyer sur la référence
aux droits fondamentaux et sur l’autonomie et la capacité des personnes.
»
Allant dans le même sens, le Pr Llorca s’est dit relativement
pessimiste, au vu de la façon dont l’autonomie des personnes est abordée
dans le contexte pandémique. Quid par exemple de la confusion
rapidement faite par les pouvoirs publics entre urgence sanitaire et
restriction des libertés, « bêtement paternaliste » s’est-il interrogé.
On peut espérer une meilleure reconnaissance du champ de la santé
mentale par la société et les pouvoirs publics face à ce traumatisme
collectif.
Dr Denis Leguay
En conclusion, le Dr Denis Leguay
(Angers) a tout de même voulu souligner comment les relations entre
usagers et professionnels, et entre institutions et ceux qui ont besoin
de soins peuvent évoluer en termes de modalités de prise en charge mais
aussi en termes de posture, non plus fondée sur les besoins mais aussi
par cette approche fondée sur les droits. « Peut-être, peut-on voir
évoluer les patients vers moins de craintes, plus de transparence et
plus de responsabilités dans leur prise en charge » a-t-il évoqué. « On
peut espérer une meilleure reconnaissance du champ de la santé mentale
par la société et les pouvoirs publics face à ce traumatisme collectif.
Il y a émergence d’une exigence de responsabilité de la part des
usagers, et donc il faudra que les professionnels évoluent aussi dans
leurs pratiques. Si ces modifications peuvent arriver par capillarité,
elles peuvent venir aussi via les recommandations. On a besoin d’une
orientation politique par les pouvoirs publics, qui doit faire loi et ne
pas dépendre seulement du bon vouloir de certains ».
Covid-19 : la «vague psychiatrique» peu visible chez les libéraux Par Le Figaro avec AFP Publié 09/12/2020 Le nombre de professionnels et le coût des consultations expliqueraient le décalage entre les signaux de dépressions et le faible niveau de consultations. B. BOISSONNET / BSIP / RFBSIP - stock.adobe.com
Perceptible à l'hôpital et chez les médecins généralistes, la «vague psychiatrique» liée au Covid-19 ne semble pas atteindre les spécialistes libéraux, qui constatent que «le niveau de stress augmente» mais ne voient «pas de déferlante» dans leurs cabinets. Les signaux d'alarme se multiplient : enquêtes de santé publique, consommation de médicaments, inquiétude des hospitaliers, relayée par le gouvernement... Mais paradoxalement, les psychiatres libéraux ne sont pas plus débordés qu'avant la crise sanitaire.
Les données de l'Assurance maladie en attestent : à part une chute d'activité en mars-avril pendant le premier confinement et l'habituel creux estival en juillet-août, leur activité est restée stable depuis le début de l'année, oscillant entre 200.000 et 250.000 consultations par semaine. Même constat du côté de Doctolib, qui n'enregistre «pas d'augmentation» des prises de rendez-vous en ligne depuis la rentrée, y compris chez les psychologues, alors que les autorités sanitaires font état d'un doublement des «syndromes dépressifs» entre septembre et novembre.
Pourquoi un tel décalage ? Sans doute d'abord à cause des capacités limitées de la profession. «La saturation de la filière psychiatrique, c'est pas nouveau», reconnaît Maurice Bensoussan, président du Syndicat des psychiatres français, bien placé pour savoir que les 4.600 libéraux «travaillent à flux tendu depuis longtemps» et sont, période de Covid ou pas, «de toute façon submergés de demandes de nouveaux patients». La crise sanitaire n'a donc pas bouleversé l'exercice de ce praticien installé à Colomiers (Haute-Garonne), même si l'épidémie «augmente le niveau de stress» et est «propice à l'angoisse».
Mais c'est selon lui sans commune mesure avec «les patients les plus lourds que les collègues hospitaliers ont pu voir arriver lors de la première vague, avec son aspect de confinement très strict».
De même, Thierry Delcourt, pédopsychiatre et vice-président du Syndicat national des psychiatres privés, n'observe «pas une déferlante» dans son cabinet de Reims (Marne). Un peu plus de patients certes, mais c'est «une vague assez ciblée» sur deux catégories, avec d'une part «énormément de soignants qui ne vont pas bien» et de l'autre «une recrudescence des situations de détresse économique». Rien de comparable encore une fois avec un printemps «terrible» durant lequel «les patients ne sont pas venus, certains se sont retrouvés errant en ville, d'autres renfermés chez eux», se souvient le spécialiste. «On se débrouille sans eux»
Les établissements psychiatriques ont pourtant dû traiter ces derniers mois des cas graves chez des personnes sans antécédents. Plusieurs figures du secteur ont pointé la semaine dernière «les conséquences du Covid» et affirmé que «tout le monde peut basculer».
De fait, la prescription de médicaments a augmenté : de mars à septembre, les pharmacies ont délivré un million de traitements anxiolytiques, et un demi-million de boîtes de somnifères de plus qu'attendu. Mais souvent ces derniers sont prescrits directement par les généralistes, que les patients en souffrance privilégient soit pour des questions de délais à obtenir un rendez-vous, soit par réticence à consulter un «psy».
«Depuis mars, on voit beaucoup plus de patients qui supportent mal l'isolement et le confinement», indique Alice Perrain, médecin généraliste à La Croix-en-Touraine (Indre-et-Loire) et secrétaire générale adjointe du syndicat MG France. «Mais ce ne sont pas des gens qu'on va adresser aux psychiatres» car dans les environs «il y en a très peu et on a six mois d'attente pour ceux qui prennent des nouveaux patients», explique-t-elle, assurant avoir «appris à se débrouiller sans eux depuis très longtemps», en travaillant «beaucoup avec des psychologues libéraux». Une pratique qui se heurte à l'absence de remboursement par la Sécu, sauf dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan) où une expérimentation est en cours depuis plus de deux ans. https://www.lefigaro.fr/flash-actu/covid-19-la-vague-psychiatrique-peu-visible-chez-les-liberaux-20201209
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IRAK Confinement en Irak: «On craint une augmentation de suicides dans les années à venir» 05.12.2020 https://www.20min.ch/*
Meurtris par la guerre, de nombreux Irakiens souffrent de troubles psychologiques sévères. À la peur des jihadistes s’est ajoutée celle du virus et de la pauvreté que la crise économique engendre. Zedan, 21 ans, a subi les pires horreurs. Il faisait des cauchemars toutes les nuits. Désormais, il angoisse à l’idée de contracter le Covid ou de voir ses proches souffrir.AFP
C’est là qu’il est accueilli et écouté par des travailleurs humanitaires, dans le camp de Yazidis, à 430 kilomètres au nord-ouest de Bagdad.AFP
Bayda Othman, psychologue de l'ONG Premiere Urgence, est là pour écouter les patients. AFP Ce camp accueille les Yazidis, qui ont fui les violences de 2014 perpétrées par lorsque le groupe d'État islamique. AFP
Pendant des années, Zedan a souffert de cauchemars, hanté par les jihadistes qui s’étaient emparés de sa ville dans le nord de l’Irak. Ce Yazidi commençait tout juste à se remettre quand le Covid-19 et le confinement l’ont fait replonger.
Il avait 15 ans quand il a réussi à fuir en 2014 la fulgurante et meurtrière offensive du groupe Etat islamique (EI) qui a martyrisé sa petite communauté yazidie.
Dans un petit centre de santé du camp de réfugiés Bajet Kandala (nord-ouest), le jeune homme aujourd’hui âgé de 21 ans se balance sur sa chaise.
«Je faisais des cauchemars toutes les nuits: des hommes en noir venaient nous tuer.»Zedan, 21 ans.
«Nous étions fermiers, avec une très bonne situation», raconte-t-il à Bayda Othman, psychologue pour l’ONG Première Urgence.
«Puis, l’EI a débarqué», tuant les hommes, enrôlant les enfants de force et transformant les femmes en esclaves sexuelles, un possible «génocide» selon l’ONU. «Je faisais des cauchemars toutes les nuits: des hommes en noir venaient nous tuer», poursuit-il.
Comme beaucoup d’autres dans le camp, qui accueille quelque 9500 déplacés selon Première Urgence, le jeune homme souffre de troubles de stress post-traumatique. Il a déjà fait plusieurs tentatives de suicide.
Grâce au suivi et aux exercices de respiration de Mme Othman, les crises de panique se sont calmées. Il a même pu à nouveau dormir la nuit.
Retour des cauchemars avec le virus
Mais Bagdad, qui a déclaré sa victoire sur l’EI il y a trois ans, a décrété en mars un confinement pour tenter d’endiguer la pandémie, empêchant les gens d’aller travailler ou les enfants d’aller à l’école dans le camp.
«Les cauchemars sont revenus et l’envie de mourir avec», affirme Zedan en se tordant nerveusement les doigts.
À la peur des jihadistes s’est ajoutée celle du virus et de la pauvreté qu’il engendre. «Je redoute que ma famille attrape le coronavirus ou me le donne. Ça m’obsède», raconte-t-il.
En plus, son frère, employé dans une papeterie, a perdu son travail. «Plus d’argent ne rentre dans la famille. Quand j’y pense, j’ai des crises de panique», ajoute-t-il. Derrière Zedan, ils sont nombreux dans la file d’attente du centre de santé.
Trois psys par million d’habitants
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un Irakien sur quatre est vulnérable psychologiquement – dans un pays qui compte seulement trois psychiatres par million d’habitants, contre 209 en France par exemple.
«On a remarqué une augmentation des résurgences des troubles post-traumatiques, des tentatives de suicide», explique Mme Othman.
Rien qu’en octobre, «le camp a connu trois tentatives de suicide», dit-elle, des déplacés souffrant des restrictions de mouvement.
«Perdre son travail est une perte de confiance en soi qui ravive le traumatisme»Bayda Othman, psychologue
Un plan social dans une usine, la fermeture d’une plantation, un endettement pour construire un commerce... Dans le camp, les chômeurs du Covid-19 sont nombreux.
À travers l’Irak, environ un quart des personnes qui avaient un emploi l’ont perdu avec le confinement, et 36% chez les 18-24 ans, selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
«Cela entraîne des problèmes financiers mais aussi une perte de confiance en soi qui ravive le traumatisme», continue Mme Othman.
Violence et crises de panique
Sous son voile bleu, Jamila avance d’un pas hésitant vers une chaise en skaï. La quarantaine, elle a aussi connu des troubles psychologiques après avoir fui le bastion yazidi du Sinjar en 2014.
Comme beaucoup, elle redoute le jugement de la société, qui voit d’un mauvais oeil les troubles psychologiques, et préfère ne pas donner son nom de famille.
Vivant dans une tente avec ses quatre filles et la famille de son fils, elle supporte très mal le confinement. «J’ai totalement délaissé mes enfants», lâche-t-elle, «je me sens seule même s’ils sont constamment à la maison. Je les frappe durant mes crises de panique», lâche-t-elle.
«Les hommes s’en prennent aux femmes et les femmes aux enfants.»Bayda Othman, psychologue
«La haine est le résultat d’une tristesse non soignée, elle ressort sur les proches, surtout lorsque les patients se sentent dévalorisés: les hommes s’en prennent aux femmes et les femmes aux enfants», décrypte Mme Othman.
Lina Villa, directrice du service de santé mentale pour Médecins Sans Frontières (MSF) à l’hôpital de Sinouni, souligne aussi la fragilité des enfants.
«Avec le manque d’accès aux soins et l’isolement, les enfants qui ont vécu un génocide développent des difficultés à l’âge adulte», témoigne-t-elle. «On craint l’augmentation de suicides dans les années à venir.»
Envies suicidaires? Faites-vous aider!
Selon Stopsuicide.ch, la problématique du suicide est un sujet complexe et multiple qui ne peut s'expliquer au travers d'une réponse unique. Cette association vise à briser le tabou qui englobe le suicide afin de réfléchir aux différents moyens permettant de mettre en oeuvre une aide concrète destinée aux jeunes en souffrance.
D'autres structures comme La Main Tendue (composez le 143) et la Ligne d'aide pour jeunes (147) sont également disposées à aider. (AFP)
La psychiatrie française pourra-t-elle faire face à la troisième vague ? Publié le 05/12/2020
https://www.jim.fr
Paris, le samedi 5 décembre 2020 – Des équipes médicales,
désarmées, qui doivent choisir entre deux patients lequel pourra
recevoir les meilleurs soins. Des médecins ou des infirmiers qui
s’épuisent à essayer de trouver dans un service proche une place
pour accueillir leur malade.
Des familles qui s’indignent. Ces scènes qui ne peuvent que
profondément heurter l’opinion et les soignants sont le spectre que
l’on a fait planer au-dessus des Français pour expliquer la
nécessité des mesures de limitation des déplacements et des
rassemblements face à l’épidémie de Covid-19. Ces dilemmes qui
bouleversent les fondements éthiques du soin sont pourtant le
quotidien de milliers de professionnels de santé depuis des années
en France : les psychiatres du secteur public et plus encore les
pédopsychiatres.
« Qui soigner quand il n’y a pas la possibilité de le faire
pour tout le monde ? La question est brûlante et rendue visible par
la situation sanitaire actuelle, avec des services de réanimation
qui pourraient avoir à faire le tri et « choisir » des patients en
cas de surcharge des lits (…). En tant que responsable d’un centre
médico-psychologique (CMP) pour enfants et adolescents dans le nord
des Hauts-de-Seine, il s’agit d’une question quotidienne, tant les
listes d’attente pour être reçu par des professionnels de santé
mentale se sont allongées ces dernières années (souvent plus de six
mois après une première demande). Les plages de consultation sont
saturées. (…) La mission première d’un CMP est d’accueillir toute
personne en état de souffrance psychique. Et la question est alors
de déterminer qui soigner en priorité, quand on ne peut pas
recevoir tout le monde. Avec mon équipe, nous étudions la liste
d’attente… Où tracer la ligne de partage entre ceux qu’il faut
soigner d’abord et ceux qui peuvent encore attendre ? Qui choisir ?
C’est alors le domaine de l’éthique qui s’impose. En effet, les
choix à faire sont tous des dilemmes pénibles et relèvent plus de
l’éthique que de la connaissance médicale ou psychologique. Ce
terme, employé à tort et à travers, apparaît le plus souvent vidé
de son sens. Mais, dans notre travail quotidien, il s’agit d’un mot
« chaud », dans le sens qu’il implique de résoudre des équations
insolubles, car leur cause première est le manque d’argent… Il
s’agit ici de la délibération insupportable avant de choisir quels
patients (en l’occurrence, ici, quels enfants et leurs familles)
accueillir en priorité. Nous retournons alors dans tous les sens
les choix possibles et tentons d’établir des critères, dont nous
prenons tout de suite conscience des aberrations » raconte
dans une tribune publiée dans Le Monde, Oriane Bentata-Wiener,
psychiatre, responsable du centre médico-psychologique (CMP) de
Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine).
Troisième vague psychiatrique : l’inconnue impossible à
évaluer
Le rappel de la très grande limitation des moyens en psychiatrie
laisse deviner les difficultés auxquelles les soignants pourraient
être confrontés en cas de fortes augmentations des demandes de
soins liées à la détresse provoquée par l’épidémie de Covid-19 et
les mesures qu’elle entraîne. Cette troisième vague que tout le
monde redoute pourra-t-elle cependant être seulement évaluée ? Là
encore, les parallèles avec l’épidémie de Covid-19 sont désarmants,
mettant en lumière d’une part la complexité de disposer de chiffres
précis pour apprécier de façon fine les fluctuations de
fréquentations des services de soins et d’autre part le fait que
l’indigence de la psychiatrie publique française est telle que,
quelles que soient les possibles augmentations ponctuelles de
patients, elle est constamment dépassée par l’afflux de malades.
« Il y a quelques semaines, il y a eu une alerte sur une
augmentation du nombre de tentatives de suicides des adolescents.
Les autorités se sont inquiétées et, après enquête, ces tentatives
sont en nombre équivalent à l'an dernier, avant l'épidémie de
Covid. L'impression d'une hausse, ressentie par les soignants des
urgences pédiatriques, venait du fait que, les autres types
d'urgences ayant baissé avec le confinement, la psychiatrie prenait
une part plus grande dans leur quotidien. Je donne cet exemple, non
pas pour relativiser l'impact du Covid sur la santé mentale et
morale des Français, mais pour mettre en lumière un manque :
contrairement aux épidémiologistes qui disposent d'indicateurs
précis et de modèle mathématiques, nous ne disposons pas, en
psychiatrie, de remontées nationales. Depuis quelque temps, on nous
demande d'estimer les besoins de soutien psychologique suite à
l'épidémie mais nous nous heurtons à deux obstacles : on manque de
chiffres et cette pandémie nous plonge dans un contexte qui n'a pas
d'équivalent. Suite aux attentats de 2015 , des cellules d'urgence
médico-psychologiques avaient pu être déployées rapidement car nous
connaissions le syndrome post-traumatique, ses effets et les
personnes qui pouvaient en être atteintes. Cette pandémie, elle,
peut avoir des effets sur les anciens malades, les gens qui
souffrent du confinement et ceux qui vont prendre de plein fouet la
crise économique, ainsi que leurs enfants. Dans quelle ampleur ?
Nous l'ignorons totalement » observe ainsi dans Les Echos, le
pédopsychiatre Noël Pommepuy présidant de la commission médicale de
l'établissement de Ville-Evrard en Seine-Saint-Denis.
Un nombre de psychologues pour 100 000 étudiants vingt-cinq
fois moindre que les recommandations internationales
Ce qui est donc certain c’est que quelle soit son ampleur, la
troisième vague psychiatrique trouvera un système de soins
psychiatrique exsangue. Certains chiffres rappelés récemment sont
ainsi éloquents. Evoquant la détresse particulière des étudiants,
les signataires d’un appel publié par le Monde (initié notamment
par le Dr Laurent Gerbaud, président de l’Association des
directeurs des services de santé universitaire), déplorent : «
Comme le montre la note « En parler, mais à qui ? », publiée
par l’association Nightline France en novembre 2020, notre pays
accuse un retard considérable en matière de santé mentale
étudiante. Aux Etats-Unis, on compte en moyenne un psychologue à
temps plein pour environ 1 600 étudiants. En Irlande, un
psychologue pour 2 600 étudiants ; en Ecosse, un pour 3 800
étudiants ; en Australie, un pour 4 000 étudiants ; en Autriche, un
pour 7 300 étudiants. En France, on compte seulement un psychologue
pour 29 882 étudiants. Cela représente près de 25 fois moins que
les recommandations internationales, qui préconisent comme bonne
pratique institutionnelle un psychologue pour 1 000 à 1 500
étudiants (selon l’organisation américaine International
Accreditation of Counseling Services en 2016), huit fois moins que
la moyenne des six autres pays recensés et quatre fois moins que le
prochain taux le plus bas. Comment peut-on envisager soutenir une
population en détresse, dont 22 % ont eu des idées suicidaires
(étude i-Share 2019), lorsqu’on est seul face à tant de patients ?
Les services de santé universitaire, déjà surmenés avant
l’épidémie, ne peuvent prendre en charge qu’une partie de la
population étudiante qui en aurait besoin » préviennent les
auteurs de ce texte.
Mépris ou peur de la psychiatrie
Comme dans les services d’urgences et de réanimation, cette
situation est en grande partie le résultat de longues années
d’abandon ou de réformes totalement impropres à apporter les
solutions attendues. « Le réflexe des dirigeants est de se dire
: « la psychiatrie c'est compliqué… donc on verra plus tard ».
La dernière loi-cadre date de 1992. Dans les vingt dernières
années, il y a eu treize rapports sans suite », déplore Noël
Pommepuy. La complexité des enjeux ne serait pas seule en cause
pour Oriane Bentata-Wiener qui dénonce également une certaine forme
de négation de l’importance de la santé psychique. « En
pédopsychiatrie, il n’est certes pas question de risque vital.
Néanmoins il est à questionner quelle considération on donne à la
vie psychique. Alors qu’en réanimation se pose la question de vie
ou de mort, il est aussi important de ne pas négliger ce qu’est la
vie psychique d’un enfant et la valeur de cette vie. Qui est en
fait l’avenir de toute la nation. D’où l’importance de pouvoir
accueillir tout enfant en souffrance psychique », conclut-elle
ainsi son texte.
Une ligne d’écoute ne sera pas suffisante
Dès lors, des attentes très fortes pèsent sur le gouvernement,
non seulement pour que des moyens réels existent pour permettre aux
secteurs psychiatriques de faire face à une probable troisième
vague mais au-delà pour offrir aux Français des soins de santé
mentale dotés des meilleures ressources. Ainsi, dans un communiqué
commun signé le 3 décembre, les psychiatres Rachel Bocher, Marion
Leboyer, Serge Hefez et Marie-Rose Moro, mais aussi la philosophe
et psychanalyste Cynthia Fleury, « ont décidé de prendre le
Ministre [de la santé] au mot et de parler d’une même voix pour
demander, que soient prises d’urgence les mesures qui
s’imposent ». Ils attendent ainsi « La mise en œuvre de
campagnes d’information nationales ; Le déploiement immédiat
de plateformes d’information et d’aide aux personnes en détresse ;
Un renforcement des structures d’écoute et de soins psychiatriques
des enfants, des adolescents, et des adultes, avec des
consultations dédiées Covid-Psy ». Enfin, de façon plus
globale, ils appellent à « soigner le système ». De son
côté, Noël Pommepuy prévient : « le « dispositif de soutien »
que le ministre de la Santé doit présenter bientôt ne pourra pas se
limiter à ouvrir une ligne d'écoute téléphonique, qui ne sert pas à
grand-chose pour les véritables troubles psychologiques ou
psychiatriques. (…) Un véritable dispositif national de soutien
psychologique post-Covid devrait commencer par mettre sur pied un
observatoire national. Ensuite, il faudrait prévoir un repérage le
plus en amont possible afin d'éviter qu'un malaise psychologique ne
s'enkyste. En recréant des équipes de prévention dans les écoles ou
les entreprises et en formant les équipes aux premiers secours en
santé mentale. Après, il restera le sujet des moyens pour la
psychiatrie proprement dite car il n'est plus possible de fermer
des lits sans muscler le suivi ambulatoire ».
Les appels se multiplient mais les espoirs sont faibles de se
faire entendre tant certains signaux sont inquiétants. Outre
l’absence de moyens alloués pour permettre une application sereine
de l’obligation (reconnue nécessaire par la majorité des
professionnels) de mieux contrôler l’utilisation de la contention,
la réforme du financement de la psychiatrie (votée en 2019) est
plus que jamais déplorée. « Ce financement consiste en un mode
de tarification par compartiments que nous appelons T2C du fait de
sa proximité avec la T2A (tarification à l’activité, appliqués aux
services de médecine, chirurgie et obstétrique) dont les effets
délétères ont été dénoncés à de multiples reprises, avec un
paroxysme lors de la crise Covid » écrivaient ainsi début
octobre dans le Monde un collectif de psychiatres hospitaliers. «
Plusieurs simulations financières de cette réforme montrent que
tous les services y perdent sur le plan budgétaire dans tous les
secteurs : public et privé non lucratif en tête, à l’exception des
centres hospitalo-universitaires qui sont les seuls avantagés par
cette réforme(…). Du côté des usagers, ce sont ceux qui sont déjà
les plus exclus qui seront pénalisés et notamment les personnes
diagnostiquées schizophrènes ainsi que les adolescents et les
jeunes adultes présentant des formes sévères du spectre autistique
(…). Si l’on suit la logique de la réforme, doit-on privilégier des
prises en charge courtes, normées, sélectives, et délaisser une
partie de la population ? (…) Souhaite-t-on une médecine sélective,
à destination uniquement du « bon patient », excluant de ce fait
ceux qui ont besoin de plus de soins ? Quid de la conciliation
entre économie et éthique du soin ? Compartimenter n’est pas
soigner. Pendant que certains se battent contre le Covid et contre
l’abandon des patients, d’autres s’entêtent à croire qu’une
rationalisation à outrance du financement de la psychiatrie
constitue une priorité, négligeant par là ce qui fait la
possibilité même du soin. En effet, malgré des réactions d’usagers,
de professionnels et de parents, la « task force » chargée de
rédiger les décrets d’application de cette loi a poursuivi ses
travaux en petit comité y compris pendant toute la durée du
confinement » dénoncent-ils avec force.
Cette contestation et la multiplication des alertes témoignent
du risque que la troisième vague psychiatrique submerge un système
en souffrance depuis de très nombreuses années, de la même manière
(voire même plus fortement encore) que nos services de réanimation
étaient probablement trop mal armés pour faire face à l’ampleur
l’épidémie de Covid-19.
Covid-19 : le poids de la pandémie sur la santé mentale
Par Valérie Gauriat
euronews
Une
matinée ordinaire à l’hôpital Edouard Herriot de la ville de Lyon, au
sud est de la France. Il s'agit du plus grand hôpital général de la
région qui reçoit le plus grand nombre de patients souffrant de troubles
psychiques.
Emmanuel Poulet dirige les urgences psychiatriques.
Nous sommes autorisés à filmer l’une de ses consultations avec un
étudiant de 19 ans. Le jeune homme a tenté de se suicider par overdose
de médicaments. Consommateur de psychotropes, il était en phase de
désintoxication. Le confinement l’a fait basculer.
"Je me suis
senti hyper désespéré, je me suis dit : plus rien n’a d’importance, ça
ne sert a rien, je passe à l’acte, ça pourrait me sortir de l’impasse," raconte-t-il. "J’ai
l’impression d’être bloqué dans quelque chose et la situation actuelle,
on est littéralement bloqués entre quatre murs tout le temps, ça n’aide
pas !" s'exclame-t-il.
Si les personnes souffrant de
fragilité psychique avant la crise sanitaire sont plus exposées au
stress engendré par la pandémie, nul n’est à l’abri, constate le
psychiatre. "On a des patients qui n’étaient pas identifiés comme ayant des troubles mentaux antérieurement," indique Emmanuel Poulet. "Étant
donné l’ensemble de paramètres d’instabilité, de stress, épidémiques,
sociologiques et économiques, on est en droit de penser qu’il y aura une
augmentation significative des troubles dépressifs et des troubles
anxieux et des crises suicidaires aussi, on commence à le voir déjà," dit-il.
"Un sentiment d'oppression... Et de mort"
Nous
recueillons un autre témoignage dans la région de Lyon. L’homme qui
nous reçoit chez lui n’aurait jamais imaginé perdre pied au point de
vouloir mourir lors du premier confinement. "Je l’ai vécu comme un
sentiment de privation de liberté, un sentiment d’oppression, un
sentiment d’enfermement aussi : il n’y avait plus de sens à la vie
quelque part !" confie-t-il. "Tout ce qui vous plaisait, c’était marqué 'interdit', ça a créé un climat anxiogène chez moi," dit-il.
Il nous décrit comment ces sentiments se manifestaient : "Une
oppression au niveau de mon corps, des douleurs au niveau du ventre,
une oppression au niveau de la gorge... Et puis un passage à l’acte où
j’ai carrément cassé une partie des choses chez moi," explique-t-il.
"Le
médecin m’a fait hospitaliser suite à cette crise de panique et
d’angoisse : on avait diagnostiqué que j’étais en crise de delirium
tremens et il s’est avéré que j’étais positif au Covid-19," raconte l'homme avant d'ajouter : "Cela veut dire que le Covid a vraiment accentué la crise, c'est certain."
Il nous indique le sentiment qu'il éprouvait le plus souvent : "C’était la mort et puis la peur de mourir," dit-il. Il lui aura fallu plusieurs mois d’hospitalisation avant de reprendre goût à la vie dont un séjour au sein de l’hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon.
"J'ai besoin que la société marche comme d'habitude"
La
crise sanitaire a contribué à faire revenir dans cet établissement,
Benny, un nom d’emprunt. Le jeune homme avait déjà été soigné pour
schizophrénie. Il n’a pas supporté le deuxième confinement et a demandé à
être hospitalisé.
"La première fois, le confinement ne m'a
pas beaucoup touché parce que j'étais encore dans la psychose et quand
je sortais de chez moi, j'étais tout seul dans la rue et je me sentais
plus tranquille," se souvient-il. "Mais maintenant, comme je me
suis rétabli un peu, j'ai besoin du soutien des autres, j'ai besoin que
la société marche comme d'habitude," affirme-t-il. Un besoin partagé par le plus grand nombre.
Auteur
d’un ouvrage et d’une étude sur l’impact psychologique du confinement
dans la population, Nicolas Franck, psychiatre et responsable de pôle à
l’hôpital du Vinatier, redoute l’impact de la crise sanitaire sur la
durée tant les pressions s’accumulent.
"Vous avez le premier
confinement qui a laissé des traces et un confinement qui arrive ensuite
dans une période où on est en diminution de luminosité, avec une
dépression hivernale," précise Nicolas Frank.
"Vous
avez la crise économique qui s'installe, les gens qui sont en détresse
du point de vue de leur commerce ou de leur petite société," poursuit-il. "Et à l'effet du confinement, il faut ajouter celui de la rupture du lien social
pour ceux qui sont confinés seuls et la peur des effets du virus, de la
contamination, la peur pour sa santé et sa survie éventuellement," énumère-t-il.
"Je ne vois plus personne, je ne mange plus"
Les structures de santé mentale déploient de nouveaux dispositifs pour répondre au stress croissant de la population.
L’appel auquel nous assistons est la reconstitution d’une conversation qui a réellement existé. "J'ai beaucoup, beaucoup de problèmes dans ma vie, j'en ai jamais trop parlé," indique une femme, la gorge nouée. La psychiatre au bout du fil lui demande : "Avez-vous déjà été suivie par un psychologue et un psychiatre ?" La femme lui répond : "Non, pas trop, vous savez, je ne suis pas folle !"
"Oui, j'entends bien," indique son interlocutrice avant d'ajouter : "Je
vous parle de ces professionnels parce que j'entends qu'il y a beaucoup
d'inquiétude : peut-être que vous auriez besoin d'un soutien."
"Je ne sais pas," répond la femme au bout du fil. "Il
faudrait qu'ils viennent me voir parce que je ne peux plus sortir, il y
a des moments où je n'arrive pas à respirer, je reste dans ma chambre,
je vois personne, je ne peux pas toucher les objets, je ne mange plus," explique-t-elle, au bord des larmes.
"Alors peut être qu'on peut vous proposer de vous mettre en lien éventuellement avec une équipe mobile," lui indique la professionnelle de santé. "Il
y a des infirmiers, psychologues, médecins peut-être qu'il serait
judicieux pour vous que vous puissiez avoir une évaluation médicale,
échanger un peu avec eux, voir si on peut mettre en place un suivi un
peu plus sur la durée," suggère-t-elle.
"Des symptômes qui repartent de plus belle avec la deuxième vague"
L’hôpital
a récemment ouvert hors de ses murs, une consultation dédiée à la
Covid-19 dans un centre médico-psychologique situé en pleine ville. Une
alternative parfois plus accessible que le milieu hospitalier ou les
cabinets privés de plus en plus saturés de demandes.
Isolement,
précarité, incertitude face à l’avenir, craintes pour l’entourage jeune
ou âgé, traumatisme post-infection ou encore deuil, les motifs de détresse sont nombreux. La psychiatre Élodie Zante nous décrit les symptômes que présentent les personnes qu'elle reçoit.
"Il
y a beaucoup de troubles du sommeil, des personnes qui ont un rythme de
vie qui change et notamment celles qui arrêtent leur activité
professionnelle," précise-t-elle. "Il y a parfois des crises d’angoisse chez des personnes qui n'en avaient pas," poursuit-elle. "Il
va y avoir des fois un isolement social avec une perte de plaisir ou
une perte d'intérêt pour les choses de la vie quotidienne, mais aussi
des troubles obsessionnels compulsifs avec des patients qui vont par
exemple beaucoup nettoyer leur intérieur," décrit-elle.
"Avec
cette deuxième vague, on voit qu'il y a des gens où les symptômes
repartent de plus belle et malheureusement, il y en a beaucoup qui
n'osent pas consulter," ajoute Élodie Zante. "Malheureusement,
une fois que la pathologie psychiatrique s'est installée, il faut
demander de l'aide à un professionnel parce qu'avec le temps, il y a peu
de chances que cela s'améliore tout seul," prévient-elle.
"Il faut toujours demander de l'aide"
Nous
retrouvons Benny, le jeune homme qui a été hospitalisé à l'hôpital du
Vinatier. Il nous confie ce qu'il pourrait dire aux personnes qui sont
peut-être dans sa situation ou qui sont inquiets. "Il ne faut pas rester dans son coin," assure-t-il. "Il faut toujours demander de l’aide : c'est le plus important," insiste-t-il.
Déstigmatiser
la santé mentale et en renforcer les moyens, des priorités aux yeux des
professionnels pour pouvoir surmonter la prochaine vague de la crise
sanitaire qui, disent-ils, sera psychiatrique
À l'hôpital Edouard Herriot, nous demandons à l'étudiant de 19 ans qui nous a livré son témoignage comment il percoit l'avenir. "J'ai
envie de croire qu'il y aura une fin à ça, parce que toute chose a une
fin et puis on arrivera à passer à autre chose, je me dis c'est juste
une mauvaise phase à passer," assure-t-il. "Je ne peux pas m'imaginer l'avenir non plus, mais j'ai envie de l'imaginer positif, je m'accroche à ça, voilà," confie-t-il simplement.
***
La pandémie et les confinements sont très nocifs pour la santé mentale. Le ministre de la santé Olivier Véran redoute cette « troisième vague » Jade Grandin de l'Eprevier 04 Décembre 2020 https://www.lopinion.fr/*
Depuis
fin septembre, la santé mentale des Français s’est dégradée. Les
enquêtes régulières de Santé publique France montrent une hausse des
états anxieux, dépressifs, des problèmes de sommeil et une dégradation
de la satisfaction de vie. Les personnes les plus touchées sont celles
déclarant des antécédents de trouble psychologique, une situation
financière très difficile, les catégories socioprofessionnelles
inférieures (CSP -) et les inactifs. L’anxiété, la dépression et les
problèmes de sommeil frappent en particulier les femmes et les 18-24
ans.
Véronique Barfety-Servignat est psychologue
clinicienne au CHU de Lille et en libéral, et chercheuse associée à
Paris 8 et à l’Université de Lille. Elle est administratrice et éditrice
de la section Sciences Humaines de la revue Douleur et Analgésie. Son équipe au CHU de Lille a lancé depuis le printemps une étude (qui recueille encore des témoignages) sur le retentissement psychologique de la crise sanitaire chez les personnes qui vivent avec des douleurs chroniques.
Le
ministre de la Santé Olivier Véran veut éviter une « troisième vague,
qui serait celle de la santé mentale ». Qu’entend-il par-là ?
On
s’attend presque à une nouvelle pandémie de troubles psychiques, qui
sera grave et dont les manifestations de types troubles du sommeil,
anxiété, dépression, troubles alimentaires, perturbation de la
perception du temps, douleurs, et idées suicidaires seront majeures. Des
études internationales, publiées dans The Lancet, Psychiatry Research ou encore l’enquête CoviPrev de Santé Publique France montrent l’incidence exceptionnelle sur le plan psychique dans tous les pays.
Comment expliquer l’émergence de ces troubles ?
Je
vois trois hypothèses. En premier, la persistance de la crise. Plus
celle-ci est courte, plus les troubles sont transitoires et ont des
chances de ne pas se chroniciser. Plus elle est longue, plus ils
risquent d’être persistants. Deuxièmement, c’est une conséquence du
nombre de gens qui sont tombés malades du coronavirus. Une étude montre
que, quand on a eu la Covid-19, on a plus de chances de majorer les
troubles psychiques. Enfin, la pandémie a été une bascule pour les
personnes qui, avant la pandémie, faisaient déjà des efforts psychiques
et physiques pour maintenir leurs ressources à flot. Pour elles,
l’impact est majeur. Plus on se sentait bien avant, moins l’impact de la
crise sanitaire est important. Ça se comprend assez bien puisque la
crise demande des efforts d’adaptation.
La
difficulté à vivre les confinements nous montre-t-elle aussi à quel
point nous avons besoin de contacts sociaux, sans lesquels nous
dépérissons ?
L’aspect social est éminemment important, nous
sommes des animaux sociaux, pour citer Montesquieu. A l’extrême, c’est
ce qu’a montré une étude menée par des chercheurs du Royal College de Londres
sur des enfants dans des orphelinats roumains sous la dictature de
Nicolae Ceausescu. Sans affection, stimulations et relations, les
enfants ne se développaient pas, ils étaient dans un repli autistique.
On se construit et on se développe avec la socialisation, et c’est un
besoin quotidien.
Pourquoi cette crise plutôt que d’autres est particulièrement nocive pour la santé mentale ?
Parce
qu’elle touche tout le monde. Dans d’autres crises que l’on peut
traverser, comme une séparation, un deuil, une crise identitaire comme
celle de la quarantaine, le monde va bien autour de nous. On peut donc
s’appuyer sur son environnement, son travail, ses proches. En outre, les
incertitudes de cette crise n’épargnent personne. Même les pouvoirs
publics qui habituellement ont une vision, avancent à tâtons. Plus
l’incertitude est importante, moins on a de réponses, plus on ressent de
l’insécurité. Ce qui explique que certains aillent vers les théories du complot, pour s’accrocher à quelque chose.
Mais la crise financière de 2009 par exemple, touchait beaucoup de monde également…
Celle-ci
est plus inquiétante car elle touche à l’état de santé et
potentiellement à la mort, ce qui peut faire rentrer dans le registre
traumatique. Une crise financière peut toucher à la mort par voie de
conséquence, mais elle ne l’amènera pas de manière inattendue et
immédiate comme la Covid. On ne sait plus faire face aux grandes
épidémies.
Que peut-on faire ?
Il
faut être attentifs aux aspects anxieux et dépressifs, en particulier
chez les personnes déjà malades. Repérer ces aspects n’est pas toujours
simple pour le médecin. Mais il peut être attentif aux troubles du
sommeil, au laisser-aller, à la perte d’envie… Il faut être plus en
alerte qu’auparavant, et orienter les personnes vers un professionnel
des soins psychologiques si nécessaire. De même, quand un ami dit que ça
ne va plus, qu’il n’arrive plus à travailler, à s’habiller, qu’il mange
à n’importe quelle heure, n’importe quoi, qu’il n’arrive plus à
décrocher des séries… Les gens peuvent s’installer dans une sorte de
lavage de cerveau pour ne plus penser, occuper leur temps. On n’est plus
attentif à ce qui se passe autour de soi et pour soi. Je vois des
jeunes qui, après plusieurs mois en cours à distance, n’en peuvent plus, ils décrochent.
Sortir faire du sport, prendre l’air, faire de la méditation, écouter
les oiseaux, tout ça c’est bien et nécessaire. Mais quand les gens sont
déprimés, cela devient compliqué de faire des efforts et demande des
soins. C’est entre autres le travail de psychologues.
Trouvez-vous que les troubles psychiques sont assez pris au sérieux ?
C’est
mon avis personnel : je trouve que ce n’est pas du tout pris au
sérieux. Enfin dans le discours, cela l’est mais dans la réalité de
l’accès aux soins, cela ne l’est pas. Avant la Covid-19, la psychiatrie
en France était déjà dans un état de misère et de manque de moyens
effrayant. Par manque de moyens et d’investissement en formation, on peut aujourd’hui attacher des gens,
alors que je n’avais jamais vu cela quand j’étais jeune psychologue.
Tous les professionnels font leur possible pour que ça tienne, on donne
beaucoup et c’est aussi ça qui est épuisant.
Aujourd’hui, envoyer
un patient en consultation en centre médico-psychologique (CMP) est
vraiment difficile, les CMP sont débordés et les délais sont très longs.
Les consultations chez les psychologues libéraux ne sont toujours pas
remboursées, les consultations chez les médecins psychiatres sont
remboursées mais il y a souvent des dépassements d’honoraires et les
délais sont aussi très longs. Depuis la Covid, les demandes sont plus
pressantes et l’on voit arriver des patients plus altérés sur le plan
psychique. Que vont devenir les personnes qui sont en besoin de soin
psy, qui n’accèdent ni aux CMP, ni aux psychologues ?
Crise sanitaire : mesurer ses effets sur le temps long 03 décembre 2020 https://destinationsante.com/* Le collectif France Assos Santé a lancé une vaste enquête devant durer deux ans, pour tenter de mesurer le ressenti des usagers du système de santé pendant cette crise sanitaire qui est encore loin d'être terminée. Avec une attention particulière pour les personnes atteintes de maladies chroniques, de handicap et les aidants.
« Face à un phénomène unique, très évolutif, on a intérêt à observer ce qui se passe sur le terrain. La seule façon d’obtenir des données robustes sur un sujet, ce sont des études observationnelles de ce type ». Cette étude, c’est le Dr Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Assos Santé, qui va la superviser. Le collectif qui regroupe 85 associations de patients et d’usagers du système de santé, veut inclure au total 10 000 participants d’ici à mai 2021. Ils seront suivis au maximum pendant deux ans.
Comment ça marche ? Il suffit de s’inscrire sur le site Vivre-Covid19. Vous devrez d’abord répondre à une série de questions sur vos conditions de vie, votre âge, vos éventuels pathologies ou handicap… En fonction de vos réponses, les questionnaires suivants – que vous recevrez une fois par mois – seront adaptés à votre situation. « Les questions sont évolutives et rédigées spécifiquement par les associations », précise le Dr Thierry. Si vous n’avez ni pathologie ou handicap à déclarer, vous serez inclus dans le groupe contrôle.
Que sait-on déjà ? Une phase pilote avec 2 000 participants a été menée au printemps dernier, pendant le premier confinement. Les résultats ne sont pas bons : 8 participants sur 10 ont déclaré ressentir de l’anxiété et une partie des répondants atteints d’une maladie chronique (maladies cardiovasculaires et respiratoires, diabète…) a dit avoir connu des difficultés de prise en charge (61,5% ont eu un rendez-vous reporté, sans nouvelle date pour un tiers d’entre eux). Une cohorte plus importante permettra de confirmer ou non ces premiers résultats, avec des données plus solides.
Que cherche-t-on à savoir ? Au-delà des statistiques, les associations ont déjà une idée du ressenti des patients qu’elles représentent. « Les malades chroniques sont les plus anxieux », car pour eux, c’est la double peine : ils ont vu nombre de leurs rendez-vous médicaux déprogrammés et sont les plus à risque de développer les formes sévères de la Covid-19. Tout l’enjeu est de savoir si cette anxiété va s’inscrire ou non dans la durée, indique le Dr Thierry : « quand l’anxiété devient chronique, elle peut quelque fois déclencher une dépression, des changements de comportements et entraîner la consommation de davantage de tabac, d’alcool… ».
A quoi ça sert ? Cette étude permettra d’identifier l’ampleur des phénomènes déjà observés : anxiété, mais aussi difficultés de prise en charge, de la vie quotidienne… Sont-ils durables ? Passagers ? Touchent-ils exclusivement les personnes atteintes de maladies chroniques, de handicap et les aidants, ou aussi les bien portants ? Les résultats définitifs sont attendus en novembre 2022, mais « les rapports intermédiaires permettront de connaître quelques éléments, précise le Dr Thierry. On va préconiser des réponses spécifiques : sur une pathologie, une tranche d’âge… On sera amené à faire des recommandations » avant la publication définitive des résultats.
Source : Interview du Dr Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Assos Santé, le 1er décembre 2020
https://lejournal.cnrs.fr* A propos Ecoutez l'analyse de chercheuses et chercheurs de toutes les disciplines, de la biologie à la sociologie, sur l'épidémie de Covid-19 qui affecte actuellement le monde entier. Cette série de podcasts est à retrouver également sur cette page Soundcloud du CNRS. Que sait-on de l’impact psychologique de la crise ? 03.12.2020, par Clément Baudet À travers une grande enquête lancée pendant le premier confinement et qui se poursuivra jusqu’en 2021, le projet Covid-19 SocioDistant cherche à identifier les facteurs à l’origine des comportements à risque, mais aussi ceux ayant conduit à une explosion des chiffres de la dépression. Sylvie Droit-Volet, professeure en psychologie, nous fait part dans ce podcast des premiers résultats.
Sylvie Droit-Volet est professeure des universités, au Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (CNRS/Université Clermont-Auvergne), porteuse du projet de recherche Covid-19 SocioDistant.
COVID-19 : point épidémiologique du 12 novembre 2020 de Sante Publique France Santé mentale : Etude CoviPrev (début novembre) Augmentation significative des troubles dépressifs dans l’ensemble de la population (de 10% fin septembre à 21%) lire le point P39 file:///C:/Users/CPS/AppData/Local/Temp/COVID19_PE_20201112.pdf
La santé mentale des Français encore dégradée par la crise sanitaire qui dure Par La Provence (avec AFP) mercredi 04/11/2020
Deuxième vague, deuxième confinement: à mesure que la crise sanitaire s'aggrave et que les mauvaises nouvelles s'amoncellent, la santé mentale des Français donnent de nouveaux signes de dégradation, pointent enquêtes et professionnels.
Alors que certains indicateurs s'étaient améliorés entre le début et la fin du premier confinement, on note une nouvelle détérioration récente, explique à l'AFP Enguérand Du Roscoät, responsable de l'unité Santé mentale au sein de la Direction de la prévention et de la promotion de la santé de Santé publique France.
Les dernières données (19-21 octobre) de son enquête CoviPrev ont ainsi relevé "une augmentation significative des troubles dépressifs" (tristesse, perte d'intérêt, ralentissement d’activité, perte de plaisir), de cinq points en un mois, à 15,5%.
Les autres indicateurs, "anxiété" (19%) (se sentir tendu, énervé, avoir peur...), "problèmes de sommeil" (64,5%) et "satisfaction de vie actuelle" (79,4%) sont restés à peu près stables.
"Le fait que la crise dure, que l'on a du mal à en voir l'issue joue peut-être davantage sur les troubles dépressifs plutôt que sur les troubles anxieux, qui ont davantage un rôle d'alerte", avance nguérand Du Roscoät.
Au printemps, "après une semaine de confinement, on avait une très forte prévalence des troubles anxieux, avec environ 27% contre 13,5%" en période habituelle, note-t-il aussi. Même constat pour les troubles dépressifs, avec 20% en début de confinement, deux fois plus qu'en temps normal.
Mais ces deux indicateurs s'étaient améliorés au fur et à mesure du confinement, Enguérand Du Roscoät y voyant vraisemblablement un phénomène "d'habituation". Logiquement, ils avaient continué leur remontée à la levée du confinement mais sans retrouver pour autant leurs niveaux d'avant la crise.
Autre indicateur, entre la première semaine de confinement et la première quinzaine de septembre, plus d'un million de boites d'anxiolytiques qu'attendu avaient été délivrées, selon les dernières données officielles disponibles. La consommation de somnifères est restée elle aussi au-delà de la consommation habituelle. Dans les deux cas, ces consommations ont remonté début septembre.
Bien que le confinement soit un peu moins contraignant qu'au printemps (notamment parce les établissements scolaires sont ouverts), le psychiatre Serge Hefez se dit "beaucoup, beaucoup plus inquiet". Le premier confinement a pour beaucoup représenté "une expérience que l'on a partagée en commun, la plupart des gens s'en sont emparés pour en faire quelque chose" et "paradoxalement les liens conjugaux et familiaux ont pu se resserrer", poursuit le médecin.
Mais là, "on se prépare à un tunnel qui n'en finit pas" avec en plus, la dimension sociale et économique "catastrophique", les attentats, qui "accroissent le sentiment d'insécurité" et de "vulnérabilité", dit encore Serge Hefez à l'AFP.
Son confrère Antoine Pelissolo, chef de service à l'hôpital Henri Mondor de Créteil, note aussi une "forme de désespérance" avec un "retour en arrière forcément très mal vécu".
Pour autant, nuance-t-il auprès de l'AFP, "cela ne veut pas dire que l'on va avoir des augmentations des cas dépressifs sévères" dans la population en général.
Comme au printemps, il s'inquiète pour les "populations déjà fragilisées", qui risquent de voir leurs troubles s'aggraver.
Santé Publique France note une "augmentation significative des troubles dépressifs" en octobre Salomé Vincendon Le 30/10/2020 Un médicament et un verre d'eau, image d'illustration - FRANCK FIFE, AFP/Archives Dans
son enquête mensuelle sur la santé mentale des Français, l'organisme
note une nette augmentation des troubles dépressifs chez les personnes
interrogées.
"Dans la dernière enquête réalisée fin octobre, une
augmentation significative des troubles dépressifs a été observée", en
comparaison à la même enquête fin septembre, écrit Santé Publique France
dans son dernier point épidémiologique sur le Covid-19 publié jeudi soir.
L'organisme
note une augmentation de 5 points en un mois dans son enquête CoviPrev:
10,9% des individus sondés déclaraient des troubles dépressifs en
septembre, contre 15,5% dans la dernière enquête (19-21 octobre).
Les femmes et les 25-49 ans concernés
L'enquête
Santé publique France CoviPrev est réalisée par Internet, et répétée
tous les mois auprès "d’échantillons indépendants non probabilistes de
personnes âgées de 18 ans et plus, résidant en France métropolitaine, de
mars à septembre 2020". Quatre critères sont pris en compte dans cette
enquête: l'anxiété, les problèmes de sommeil, la dépression et la
satisfaction avec sa vie actuelle.
En
revanche, "aucune évolution n’est observée pour les indicateurs
d’anxiété, les problèmes de sommeil et la satisfaction de vie actuelle"
par rapport à l'enquête de septembre, note Santé Publique France dans
son point. Toutefois, les problèmes de sommeil se maintiennent à un
niveau très élevé, ils "présentent un niveau supérieur à celui observé
en début de confinement (Enquête du 30 mars-1 er avril) et avant
l’épidémie".