Exploration de la relation entre inflammation et
intégrité de la barrière hémato-encéphalique dans les conduites
suicidaires
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UM Médecine - Université de Montpellier -
Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes
Résumé : Depuis plusieurs
années, l’hypothèse inflammatoire est mise à l’honneur, permettant
d’affirmer qu’une inflammation de bas grade participe à l’apparition
d’un processus suicidaire, indépendamment des pathologies psychiatriques
associées. La barrière hématoencéphalique (BHE), entité indispensable
au maintien de l’homéostasie cérébrale, régule drastiquement le dialogue
cerveau-périphérie. Or, en condition pro-inflammatoire, cette fonction
barrière est altérée, entrainant l’entretien et la fuite de marqueurs
inflammatoires. Ainsi, nous pouvons formuler l’hypothèse qu’une
perméabilité de la BHE est impliquée dans la physiopathologie propre aux
conduites suicidaires. Méthodes : trois groupes de sujets ont été
recrutés : un groupe « primo-suicidants » ayant réalisé une tentative de
suicide (TS) récente, un groupe « témoins affectifs » ayant un
diagnostic de dépression sans antécédent de TS, et un groupe « témoins
sains » sans pathologie psychiatrique. Un prélèvement sanguin permettra
de mesurer le taux de protéine S100B, véritable reflet de la
perméabilité de la BHE. À cela s’ajoute le dosage des différents
marqueurs inflammatoires cellulaires, dont un phénotypage lymphocytaire
par cytométrie en flux. Résultats : 38 sujets ont été inclus dans
l’étude ; dont 10 « primo-suicidants », 19 « témoins affectifs » et 9 «
témoins sains ». Des contraintes organisationnelles ont retardé
l’obtention du taux de protéine S100B périphérique. Cependant, nos
résultats préliminaires ont permis d’identifier une augmentation de
cellules inflammatoires (leucocytes, polynucléaires neutrophiles (PNN),
plaquettes, rapport PNN/lymphocytes) dans le groupe de sujets déprimés
comparativement aux sujets sains. Une association entre ces marqueurs et
différents facteurs de vulnérabilité suicidaire (tels que la douleur
psychologique et le sentiment de solitude) a également été démontrée. De
façon intéressante, le phénotypage lymphocytaire a mis en évidence une
diminution globale des lymphocytes T, associée à une augmentation
concomitante de leur sous-type double positif CD4+CD8+ chez les sujets
déprimés. Conclusion : cette étude suggère l’existence d’un lien entre
inflammation cellulaire, dépression et suicidalité. La poursuite du
projet est nécessaire pour étayer le rôle de la barrière
hématoencéphalique dans les conduites suicidaires.
Soumis le : mercredi 2 décembre 2020 - 17:09:35
Dernière modification le : samedi 8 mai 2021 - 03:12:38
Fichier BONNIN Marine_thèse.pdf
Source https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03036613