Jura. À Dole, des « vigilanseurs » pour prévenir la récidive suicidaire
C’est ici qu’est installé le service de suivi des personnes ayant fait une tentative de suicide pour l’ensemble de la Franche-Comté.
C’est un dispositif qui s’étend petit à petit au niveau national. Dans le Jura, il existe depuis 2016, et a été élargi à toute l’ancienne région Franche-Comté depuis juin 2020. « VigilanS », ce sont des infirmiers et des psychologues, qui, par téléphone ou par lettres, maintiennent un lien avec les personnes ayant tenté de se suicider. À Dole, quatre personnes, plus une coordinatrice, forment la cellule prenant en charge l’ensemble de la Franche-Comté: deux infirmières et deux psychologues formés à l’évaluation de la crise suicidaire, et le docteur Claire-Marie Tainturier, psychiatre, qui partage son temps entre la coordination de VigilanS et l’hôpital de Besançon.
Un protocole national
Pour le Jura, ce sont environ 300 personnes
qui sont suivies dans le cadre de VigilanS. Pour l’ensemble de la
Franche-Comté, les chiffres ne sont pas disponibles, le dispositif étant
encore en phase de déploiement. L’objectif est que chaque patient
sortant de l’hôpital après une tentative de suicide se voit proposer le
dispositif ViglanS et remettre la carte indiquant le numéro du service.
Ensuite, c’est un protocole strict qui s’applique, élaboré pour toute la France au CHU de Lille.
« Nous appelons la personne une première fois de 10 à 21 jours après sa sortie de l’hôpital. Puis une deuxième à J + 90. Si nous n’avons pas de réponse, nous envoyons une carte postale. »
Enfin, une carte postale est également envoyée à 180 jours de la sortie de l’hôpital, pour prévenir que le dispositif s’arrête.
« Mais
le dispositif est adaptable. Certains, qui avaient refusé de l’intégrer
à leur sortie de l’hôpital, nous appellent finalement plus tard »,
précise Nathalie Haberkorn, cadre de santé au Centre hospitalier
Saint-Ylie de Dole, où sont installés les « vigilanseurs ».
VigilanS n’a en aucun cas un objectif de soin à proprement parler, et ne se substitue pas au suivi médical.
« C’est un travail de veille, d’évaluation de la crise suicidaire et d’orientation. Le but de l’appel est de garder un lien, de faire le point sur le niveau de crise suicidaire, pour éventuellement avancer un rendez-vous psy, orienter vers une assistante sociale si besoin, et en cas d’urgence, appeler le 15. »
Des postes éprouvants
Les vigilanseurs sont ainsi en contact, toujours avec l’accord du patient, avec les professionnels qui le suivent.
La nature du travail des infirmières et psychologues est particulièrement éprouvante,
notamment quand la détresse ressentie chez la personne au téléphone est
telle qu’il faut appeler le Samu pour une intervention en urgence. Une
situation rare, mais qui s’est déjà posée à Dole, explique Claire-Marie
Tainturier.
Du fait de cette spécificité, le protocole national
conseille que ces postes soient occupés à mi-temps. C’est le cas à Dole,
où les vigilanseurs partagent tous cette tache avec un autre poste. Et
que les vigilanseurs travaillent en binômes, idéalement infirmière/psychologue, pour pouvoir échanger sur les situations rencontrées.
Avec un objectif : que la tentative de suicide de la personne suivie soit la dernière.
Si vous vous sentez mal, ou qu’une personne de votre entourage vous inquiète, il est conseillé de consulter un médecin traitant, ou de téléphoner à la ligne nationale d’écoute pour les difficultés psychologiques : 08800 130 000. Et en cas de crise grave, se rendre aux Urgences.