PrédictOps aide les pompiers à prédire les pics d'intervention
Grâce à l’intelligence artificielle, à Besançon, le service
départemental d’incendie et de secours du Doubs peut désormais prédire
ses interventions avec PrédictOps. Une première collaboration avec le
laboratoire universitaire FEMTO-ST de Belfort (Territoire de Belfort),
qui intègre le laboratoire d'informatique de l'Université de
Franche-Comté, visait à mettre l’internet des objets au service du
quotidien des pompiers.
"A cette occasion, les services de secours nous ont informé qu’ils
disposaient d’une base de données qui n’était pas exploitée sur leurs
interventions depuis plusieurs années" explique Christophe Guyeux,
professeur des universités au sein du département informatique et
spécialiste en intelligence artificielle.
En 2018, après avoir vérifié qu’il y ait assez de données et de qualité
d’une part et que les algorithmes étaient assez matures pour en
extraire des prédictions d’autre part, il en est ressorti que leur
utilisation étaient susceptibles d’avoir un impact pertinent pour le
SDIS du Doubs. En comparant l’année 2020 aux données recueillies entre
2015 et 2019 pour voir la récurrence des événements, Christophe Guyeux a
donné la preuve du concept "avec une intelligence artificielle à base de méthode de boosting d’aide à la décision et de réseaux de neurone notamment."
Prédire l’imprévisible
Pour identifier les pics de suicide, les périodes de crue, les
accidents hivernaux, 1 200 variables ont été intégrées à PrédictOps.
Outre des variables portant sur l’humidité, la température ou les
précipitations, le niveau des eaux, l’intelligence artificielle de
PrédictOps prend en compte des données épidémiologiques en lien direct
avec le réseau Sentinelles, base de données en médecine générale. Avec
des variables calendaires et d’éphéméride, PrédictOps prévoit aussi
l’activité humaine sur laquelle repose 80% des interventions des
services de secours.
"Il y a forcément moins d’activité à 3 heures du matin qu’à 11 par exemple."
Si l’intelligence artificielle n’est pas nécessaire pour prédire des
accidents de la route en période de verglas, elle permet, grâce à une
mise à jour chaque heure, d’avoir une vision à court terme et analyser
une centaine de prédiction en parallèle. "Le taux de fiabilité
atteint 96% pour les prédictions sur une courte durée et dans une zone
géographique large comme la ville de Besançon. Il sera toutefois plus
aisé d’anticiper une crue qu’un feu de poubelle."
Avec sa mémoire des évènements et sa capacité à établir des liens non
linéaires entre les différents facteurs, l’intelligence artificielle va
en déduire des pics d’appels aux 18 ou au 112. "En sachant qu’un pic
d’appel est à venir, le service pourra mobiliser ses astreintes ou dans
le cas d’une inondation annoncée par exemple, il sollicitera des
pompiers volontaires ou des renforts d’un autre département."
Pour Christophe Guyeux, le Graal consisterait à pouvoir prépositionner des ambulances afin d’intervenir au plus vite. "Quelques minutes peuvent changer les choses !"
Maintenant que l’enseignant a prouvé le concept, PrédictOps est
commercialisé par la société SAD Marketing, spécialiste des analyses
prédictives, tandis qu’une dizaine de SDIS ont déjà manifesté leur
intérêt.