Vivre dans la rue avec une maladie mentale, les femmes plus exposées aux violences et au risque de suicide
24.09.2018 www.lequotidiendumedecin.fr*
Les femmes sans-abri ayant une affection psychiatrique grave
représentent une population particulièrement vulnérable face à la
violence de la rue, dont il faut s'occuper en priorité, souligne une
nouvelle étude du programme « Un toit d'abord » mené avec la fondation
Fondamental dans 4 grandes villes françaises (Lille, Marseille, Paris,
Toulouse).
Dans « Neuropsychiatric Disease and Treatment », l'équipe d'Aurélie Tinland montre que des femmes ayant une maladie bipolaire (MBP) ou une schizophrénie (SZ) sont plus souvent victimes de violences physiques et sexuelles et présentent davantage de stress post traumatique que leurs homologues masculins à la rue. Les symptômes de dépression sont plus sévères et le risque de suicide plus élevé.
Programme « Un toit d'abord »
Ce travail publié s'inscrit dans le cadre du programme « Un toit d'abord », dont l'objectif est de proposer un logement aux sans domicile fixe (SDF) avant toute prise en charge psychiatrique. Ce programme a montré précédemment que 9 SDF ayant une maladie mentale sur 10 ne recevaient pas le traitement adapté.
Parmi les 703 participants SDF inclus ayant une schizophrénie ou une maladie bipolaire, il y avait 123 femmes (17,5 %). Un chiffre probablement sous-estimé, écrivent les auteurs, car les femmes en charge d'enfants en bas âge étaient exclues de l'étude. L'âge moyen était le même chez les hommes et les femmes (38,6 et 39,3 ans), de même que le revenu moyen par mois (632 euros versus 609 euros).
Davantage de violences et de tout genre
Si les hommes à la rue étaient majoritairement schizophrènes (72 %), c'était beaucoup moins marqué chez les femmes (56,1 %). Ces femmes vivant à la rue présentent un risque très élevé d'addiction à l'alcool (39 %), aussi fort que leurs pairs masculins ayant une maladie mentale, ce qui est deux fois plus élevé que la population des SDF dans leur ensemble (21 %) et encore plus que la population générale (8,5 %). La majoration du risque d'addiction à d'autres substances (41 %), qui n'était pas différent selon le sexe dans la population d'étude, est encore plus marqué par rapport à la population générale.
Lutter contre la victimisation en amont
Si les femmes présentaient un niveau d'éducation plus élevé et avaient un passé de vie à la rue moins long (6,9 ans contre 8,0 ans), elles étaient davantage victimes de violences verbales, physiques et sexuelles que les hommes. Les femmes présentaient davantage d'antécédents de fractures et d'entorses au cours des 6 derniers mois.
Pour les auteurs, ces résultats suggèrent plusieurs choses. Pour la prise en charge psychiatrique, l'entretien des femmes devrait « systématiquement évaluer la dépression, l'idéation suicidaire, le stress post-traumatique et la victimisation », est-il écrit. De plus, les programmes de dépistage aux addictions devraient attirer l'attention sur les femmes bipolaires vivant dans la rue.
Les auteurs insistent sur la nécessité de mettre en place des programmes spécifiques de prévention de la violence envers les femmes vivant à la rue et en amont. Comme l'étude le rappelle, l'omniprésence de la violence a été précédemment mise en évidence tout au long de la vie des femmes SDF, dès l'enfance (y compris abus sexuels), avec leur conjoint et dans la rue. Préconisant des interventions spécifiques, les auteurs lancent un appel aux autorités « les problèmes de santé des femmes SDF ne se résoudront jamais sans l'aide du gouvernement », est-il écrit.
Dans « Neuropsychiatric Disease and Treatment », l'équipe d'Aurélie Tinland montre que des femmes ayant une maladie bipolaire (MBP) ou une schizophrénie (SZ) sont plus souvent victimes de violences physiques et sexuelles et présentent davantage de stress post traumatique que leurs homologues masculins à la rue. Les symptômes de dépression sont plus sévères et le risque de suicide plus élevé.
Programme « Un toit d'abord »
Ce travail publié s'inscrit dans le cadre du programme « Un toit d'abord », dont l'objectif est de proposer un logement aux sans domicile fixe (SDF) avant toute prise en charge psychiatrique. Ce programme a montré précédemment que 9 SDF ayant une maladie mentale sur 10 ne recevaient pas le traitement adapté.
Parmi les 703 participants SDF inclus ayant une schizophrénie ou une maladie bipolaire, il y avait 123 femmes (17,5 %). Un chiffre probablement sous-estimé, écrivent les auteurs, car les femmes en charge d'enfants en bas âge étaient exclues de l'étude. L'âge moyen était le même chez les hommes et les femmes (38,6 et 39,3 ans), de même que le revenu moyen par mois (632 euros versus 609 euros).
Davantage de violences et de tout genre
Si les hommes à la rue étaient majoritairement schizophrènes (72 %), c'était beaucoup moins marqué chez les femmes (56,1 %). Ces femmes vivant à la rue présentent un risque très élevé d'addiction à l'alcool (39 %), aussi fort que leurs pairs masculins ayant une maladie mentale, ce qui est deux fois plus élevé que la population des SDF dans leur ensemble (21 %) et encore plus que la population générale (8,5 %). La majoration du risque d'addiction à d'autres substances (41 %), qui n'était pas différent selon le sexe dans la population d'étude, est encore plus marqué par rapport à la population générale.
Lutter contre la victimisation en amont
Si les femmes présentaient un niveau d'éducation plus élevé et avaient un passé de vie à la rue moins long (6,9 ans contre 8,0 ans), elles étaient davantage victimes de violences verbales, physiques et sexuelles que les hommes. Les femmes présentaient davantage d'antécédents de fractures et d'entorses au cours des 6 derniers mois.
Pour les auteurs, ces résultats suggèrent plusieurs choses. Pour la prise en charge psychiatrique, l'entretien des femmes devrait « systématiquement évaluer la dépression, l'idéation suicidaire, le stress post-traumatique et la victimisation », est-il écrit. De plus, les programmes de dépistage aux addictions devraient attirer l'attention sur les femmes bipolaires vivant dans la rue.
Les auteurs insistent sur la nécessité de mettre en place des programmes spécifiques de prévention de la violence envers les femmes vivant à la rue et en amont. Comme l'étude le rappelle, l'omniprésence de la violence a été précédemment mise en évidence tout au long de la vie des femmes SDF, dès l'enfance (y compris abus sexuels), avec leur conjoint et dans la rue. Préconisant des interventions spécifiques, les auteurs lancent un appel aux autorités « les problèmes de santé des femmes SDF ne se résoudront jamais sans l'aide du gouvernement », est-il écrit.
Source : Lequotidiendumedecin.fr
https://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2018/09/24/vivre-dans-la-rue-avec-une-maladie-mentale-les-femmes-plus-exposees-aux-violences-et-au-risque-de-suicide_861141
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Autre article sur le sujet
« Un Chez-soi d’abord » pour les femmes SDF souffrant de troubles psychiatriques
31/10/2018 https://www.hopital.fr*
Menée à Marseille, Paris, Toulouse et Lille, une étude récemment publiée dans la revue Neuropsychiatric disease and treatment révèle l’urgence de protéger les femmes sans domicile fixe souffrant de troubles psychiatriques sévères, plus vulnérables et présentant un risque suicidaire plus élevé.
- Victimization and posttraumatic stress disorder in homeless women with mental illness are associated with depression, suicide, and quality of life Fond G, Tinland A, Boyer L, Loubière S, Greacen T, Girard V, Boucekine M, Auquier P French Housing First Study Group. Neuropsychiatric Disease and Treatment. 4 September 2018 Volume 2018:14 Pages 2269—2279. Doi: https://doi.org/10.2147/NDT.S161377
- Prescription of potentially inappropriate psychotropic drugs in homeless people with schizophrenia and bipolar disorders. Results from the French Housing First (FHF) program.
Fond G, Tinland A, Boucekine M, Girard V, Loubière S, Auquier P, Boyer L; French Housing First Study Group.
Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 2018 Aug 25;89:84-89. doi: 10.1016/j.pnpbp.2018.08.024.
PMID:30153497
- The need to improve detection and treatment of physical pain of homeless people with schizophrenia and bipolar disorders. Results from the French Housing First Study.
Fond G, Tinland A, Boucekine M, Girard V, Loubière S, Boyer L, Auquier P; French Housing First Study Group.
Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 2019 Jan 10;88:175-180. doi: 10.1016/j.pnpbp.2018.07.021.
PMID:30053572
https://www.hopital.fr/Actualites/Un-Chez-soi-d-abord-pour-les-femmes-SDF-souffrant-de-troubles-psychiatriques
https://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2018/09/24/vivre-dans-la-rue-avec-une-maladie-mentale-les-femmes-plus-exposees-aux-violences-et-au-risque-de-suicide_861141
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Autre article sur le sujet
« Un Chez-soi d’abord » pour les femmes SDF souffrant de troubles psychiatriques
31/10/2018 https://www.hopital.fr*
Menée à Marseille, Paris, Toulouse et Lille, une étude récemment publiée dans la revue Neuropsychiatric disease and treatment révèle l’urgence de protéger les femmes sans domicile fixe souffrant de troubles psychiatriques sévères, plus vulnérables et présentant un risque suicidaire plus élevé.
Lors
de la mise en place du dispositif « Un Chez-soi d’abord », une équipe de
chercheurs dont font partie les professeurs Pascal Auquier, Laurent
Boyer (CEReSS) et les psychiatres Aurélie Tinland et Guillaume Fond
(AP-HM), avait fait un constat alarmant : dans 9 cas sur 10 les
personnes sans domicile fixe présentant des troubles psychiatriques ne
reçoivent pas les traitements appropriés (Fond et al. 2018).
Dans
une nouvelle étude l’équipe s’est intéressée plus spécifiquement au
devenir des femmes SDF souffrant de troubles bipolaires ou de
schizophrénie (17,5% sur 703 patients interrogés).
Les
résultats attestent que ces femmes sont plus exposées aux violences
physiques et sexuelles que leurs homologues masculins. Elles souffrent
davantage de syndromes dépressifs et de stress post-traumatique, ainsi
que d’un état de santé dégradé. En outre, la probabilité d’un passage à
l’acte suicidaire est plus importante (51.2% contre 41.8% chez les
hommes).
L’étude souligne
ainsi la nécessité de faire de l’accompagnement de ces femmes un
véritable enjeu de santé publique, avec la mise en place de programmes
adaptés associant prévention, accès au logement et soins
médico-sociaux.
Le Dr
Guillaume fond est psychiatre à l’AP-HM, enseignant-chercheur au CEReSS
de la faculté de la Timone, membre de la Fondation FondaMental et auteur
du livre « Je fais de ma vie un grande projet » (Flammarion)
Références :- Victimization and posttraumatic stress disorder in homeless women with mental illness are associated with depression, suicide, and quality of life Fond G, Tinland A, Boyer L, Loubière S, Greacen T, Girard V, Boucekine M, Auquier P French Housing First Study Group. Neuropsychiatric Disease and Treatment. 4 September 2018 Volume 2018:14 Pages 2269—2279. Doi: https://doi.org/10.2147/NDT.S161377
- Prescription of potentially inappropriate psychotropic drugs in homeless people with schizophrenia and bipolar disorders. Results from the French Housing First (FHF) program.
Fond G, Tinland A, Boucekine M, Girard V, Loubière S, Auquier P, Boyer L; French Housing First Study Group.
Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 2018 Aug 25;89:84-89. doi: 10.1016/j.pnpbp.2018.08.024.
PMID:30153497
- The need to improve detection and treatment of physical pain of homeless people with schizophrenia and bipolar disorders. Results from the French Housing First Study.
Fond G, Tinland A, Boucekine M, Girard V, Loubière S, Boyer L, Auquier P; French Housing First Study Group.
Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 2019 Jan 10;88:175-180. doi: 10.1016/j.pnpbp.2018.07.021.
PMID:30053572
https://www.hopital.fr/Actualites/Un-Chez-soi-d-abord-pour-les-femmes-SDF-souffrant-de-troubles-psychiatriques