L’auteur recense ici 9 états de grossesse, parmi 27 patientes hospitalisées pour une tentative de suicide, soit exactement une femme sur trois. A priori inattendue, cette proportion élevée confirme le bien-fondé de la politique d’hospitalisation établie dans cet établissement sud-africain : elle consiste à demander systématiquement « l’admission, l’évaluation et la prise en charge par des psychologues cliniciens, dans les 24 à 48 heures après son arrivée » aux urgences de tout sujet avec un comportement suicidaire. Dans le profil global de cette population, on note un âge moyen de 23,4 ans (± 5,9 ans) lors de cette tentative de suicide, avec un âge fœtal moyen de 22,7 semaines (7 à 38 semaines).
Un contexte particulier
Si la notion de trouble dépressif majeur (diagnostiqué ici une fois sur trois) apparaît, sans surprise, de même qu’une situation de « conflit avec le partenaire, relatif à son infidélité ou à un refus d’assumer sa paternité », un autre constat semble plus spécifique au contexte sud-africain[1] de cette étude : la fréquence importante (4 patientes sur 9, soit 44,4 % des cas) d’une séropositivité pour le VIH.Certes, le faible effectif de l’étude peut compromettre sa généralisation à d’autres populations, mais elle suggère pourtant, indique l’auteur, que la grossesse « n’est pas toujours un facteur protecteur contre les tentatives de suicide », contrairement à une idée courante, et que des recherches approfondies à ce propos sont nécessaires, « sur des populations plus vastes, et en diversifiant les origines ethniques et les profils socio-économiques. »
[1] Rappelons qu’à la fin du XXème siècle, une controverse obscurantiste sur l’origine du Sida partagea l’Afrique du Sud et fut même relayée au plus haut niveau de l’état (https://fr.wikipedia.org/wiki/Thabo_Mbeki#Controverses_sur_le_sida). Pourtant médecin elle-même, la ministre de la Santé de l’époque affirma que « les remèdes traditionnels ne devaient pas s’enliser dans des essais cliniques », et rejeta l’« utilisation des protocoles occidentaux dans la recherche et le développement en Afrique. » Comme elle prétendait aussi combattre le Sida avec des « traitements alternatifs », notamment « la betterave, l’ail et le citron », les opposants à ces sornettes lui attribuèrent alors, avec humour, le surnom pittoresque de « Docteur Betterave. »
Dr Alain Cohen