La scénarisation de sa propre mort. La régularité suicidaire dans les enquêtes du coroner au Québec (1925-1980)
par Alex Gagnon, Université du Québec à Montréal, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne 320 rue Bowen Sud Sherbrooke (Québec), J1G 2C6
Canada alex.gagnon.1.at.umontreal.ca
et Isabelle Perreault Université d’Ottawa Département de criminologie
Université d'Ottawa Ottawa, ON, K1N 6N5 613-562-5800 poste 3239 Canada
Iperreault.at.uottawa.ca
Déviance et Société 2017/3 (Vol. 42) Pages 481 - 503
Résumé Loin des débats épidémiologiques, cet article ne vise pas à identifier les principaux facteurs ou causes suicidogènes. Il entend plutôt examiner les facteurs socioculturels qui, sans causer ou déterminer le suicide, accompagnent sa réalisation en modelant la « scénarisation » du passage à l’acte. À partir de la théorie sociologique des scripts, d’abord élaborée dans le champ des études sur la sexualité, nous analysons les modalités narratives ou scénaristiques du geste suicidaire lui-même et mettons en lumière les régularités suicidaires, telles que celles-ci se dégagent d’une lecture des archives québécoises des coroners au xxe siècle : se suicider, c’est le plus souvent se donner la mort selon des formes convenues, en « agissant » l’un ou l’autre des scripts suicidaires qui, dans tel ou tel contexte, s’offrent aux acteurs.
Plan de l'article
Introduction
La théorie des scripts : une lecture scénaristique du geste suicidaire
Le script comme moteur de la scénarisation suicidaire
Le script comme moteur de l’enquête : le coroner et son système d’attentes
Le script à l’épreuve des morts atypiques
Conclusion