Suicide : comment en parler sans risque dans une région durement éprouvée ?
sur 1 octobre 2014 http://www.croixdunord.com/suicide-comment-en-parler-sans-risque-dans-une-region-durement-eprouvee-97068.html
La tentative de suicide mardi d’un élève de Fénelon à Lille interroge. La fédération de recherche en santé mentale apporte des réponses concrètes.
Pas de fatalisme
« Plutôt que de céder au fatalisme la Fédération y voit un formidable défi à relever » explique sa présidente le Dr Martine Lefebvre. Crée en 2007, la Fédération regroupe l’ensemble des établissement public et privés (34 adhérents) ayant une activité en psychiatrie dans la région. Son travail de collecte, d’analyse et de recommandations lui permet ainsi de se positionner comme un véritable observatoire régional des conduites suicidaire, un cas unique en France, et de proposer une synthèse des données disponibles au niveau régional, « …et ce quelques semaines avant que l’observatoire national ne publie ses propres synthèses » explique le professeur Guillaume Vaiva, chef du service de psychiatrie du CHRU de Lille. « Même s’il faut rester prudents sur les chiffres » poursuit ce dernier, « le fait qu’une diminution de 9,6 % ait pu être constatée en 2011 juste après le lancement des 6 centres d’accueil aux suicidants à Lille, Roubaix, Tourcoing, Valenciennes, Douai et Arras est encourageant ». Dans la foulée de cette nouvelle publication la Fédération organise deux événements professionnels et publics autour du thème des conduites suicidaire : une soirée de réflexion éthique le 8 octobre sur « suicide et spiritualité » et une journée scientifique le 9 octobre au nouveau siècle.En parler, mais comment ?
« D’après les chiffres on peut considérer qu’une personne sur dix est directement concernée par un suicide dans ses relations » commente le Pr Vaiva. Pourtant il reste difficile d’en parler et la France est encore très en retard dans cette politique de Santé. « Parler du suicide dans les médias peut ainsi être une arme à double tranchant » ajoute Charles Edouard Notredame, président de l’association des internes en psychiatrie. « D’une part le suicide fascine ; celui de stars comme M. Monroe ou Robin Williams ou simplement de gens à qui l’on ressemble », c’est l’effet Werther, du nom du héros de Goethe. « D’autre part donner de l’espoir peut faire pencher la balance du bon coté » explique t-il. C’est l’effet Papageno (du nom du héros de La Flute enchantée) qui retrouve un sens à la vie. Leader en France, la Fédération régionale s’est ainsi engagée dans un partenariat pédagogique avec l’école supérieure de journalisme de Lille avant que le « programme Papageno » ne soit étendu en 2014 à l’ensemble des étudiants en journalisme de France sous l’égide du Ministère des affaires sociales et de la santé.
Raphaël Motte
Renseignements et contacts : www.papageno-suicide.com et www.santementale5962.com