Publié le 17/10/2014
http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/ruban_pourpre_et_turquoise_pour_un_debat_public_148184/document_actu_med.phtml
On sait qu’il existe divers insignes montrant l’empathie de
leurs porteurs pour certains malades, notamment le ruban rouge
contre le SIDA et le ruban rose contre le cancer du sein. Mais qui
connaît aux États-Unis (et ailleurs), s’interroge The American
Journal of Psychiatry, l’existence d’un ruban similaire, «
pourpre et turquoise », destiné à dénoncer un autre
problème de société, « responsable de plus de morts que les
accidents de voiture » ?
Prenant aux États-Unis chaque année « deux fois plus de vies que l’ensemble des meurtres » (statistique déjà effrayante dans un pays où la législation sur les armes est pour le moins laxiste !) et « plus de 800 000 vies annuellement dans le monde », le responsable de cette hécatombe planétaire est le suicide. Mais, demande l’auteur, « où est le large débat public que cette force de destruction massive devrait susciter ? » Indépendamment des raisons humanitaires pour combattre le suicide, les psychiatres devraient ajouter une dimension personnelle à leur engagement pour prévenir ce fléau : en effet, des études ont confirmé l’impact néfaste du suicide chez les psychiatres ayant traité ces patients ! Le tiers des psychiatres ayant perdu un malade par suicide éprouvent ainsi « des troubles de l’humeur ou du sommeil ou même un mal-être important. »[1],[2]. Des aspects égoïstes doivent donc rejoindre les motivations philanthropiques pour amplifier la prévention du suicide. Car les taux de suicide sont en augmentation et la souffrance des parents ou amis du suicidé se révèle « inconcevable. »
Il est donc temps de relancer le débat public à ce sujet et de rappeler avec insistance que le suicide s’apparente toujours à une « fausse note », mais ne constitue jamais, dans l’histoire de la personne concernée, une « bonne sortie » pour délaisser discrètement, comme par une porte dérobée ou latérale, une situation qu’on n’ose plus endurer frontalement. L’auteur se demande si les personnes vulnérables gagneraient à être plus conscientes de la vraie nature du suicide, « horrible et violente. » Un débat plus transparent en la matière permettrait-il d’épargner des vies ? En d’autres termes, « devrions-nous porter ces rubans pourpre et turquoise » pour afficher notre détermination plus marquée à combattre le suicide ?
1) R Ruskin & coll.: Impact of patient suicide on psychiatrists and psychiatric trainees. Acad Psychiatry 2004; 28:104–110.
2) H. Hendin & coll.: Factors contributing to therapists’ distress after the suicide of a patient. Am J Psychiatry 2004; 161:1442–1446.
Dr Alain Cohen
Prenant aux États-Unis chaque année « deux fois plus de vies que l’ensemble des meurtres » (statistique déjà effrayante dans un pays où la législation sur les armes est pour le moins laxiste !) et « plus de 800 000 vies annuellement dans le monde », le responsable de cette hécatombe planétaire est le suicide. Mais, demande l’auteur, « où est le large débat public que cette force de destruction massive devrait susciter ? » Indépendamment des raisons humanitaires pour combattre le suicide, les psychiatres devraient ajouter une dimension personnelle à leur engagement pour prévenir ce fléau : en effet, des études ont confirmé l’impact néfaste du suicide chez les psychiatres ayant traité ces patients ! Le tiers des psychiatres ayant perdu un malade par suicide éprouvent ainsi « des troubles de l’humeur ou du sommeil ou même un mal-être important. »[1],[2]. Des aspects égoïstes doivent donc rejoindre les motivations philanthropiques pour amplifier la prévention du suicide. Car les taux de suicide sont en augmentation et la souffrance des parents ou amis du suicidé se révèle « inconcevable. »
Il est donc temps de relancer le débat public à ce sujet et de rappeler avec insistance que le suicide s’apparente toujours à une « fausse note », mais ne constitue jamais, dans l’histoire de la personne concernée, une « bonne sortie » pour délaisser discrètement, comme par une porte dérobée ou latérale, une situation qu’on n’ose plus endurer frontalement. L’auteur se demande si les personnes vulnérables gagneraient à être plus conscientes de la vraie nature du suicide, « horrible et violente. » Un débat plus transparent en la matière permettrait-il d’épargner des vies ? En d’autres termes, « devrions-nous porter ces rubans pourpre et turquoise » pour afficher notre détermination plus marquée à combattre le suicide ?
1) R Ruskin & coll.: Impact of patient suicide on psychiatrists and psychiatric trainees. Acad Psychiatry 2004; 28:104–110.
2) H. Hendin & coll.: Factors contributing to therapists’ distress after the suicide of a patient. Am J Psychiatry 2004; 161:1442–1446.
Dr Alain Cohen