Deux mille personnes de plus de 75 ans se suicident chaque année en France
Faut-il en parler ou faire en silence ? Ne parlons pas de scandale mais posons qu’il s’agit d’un sujet éminemment politique. Nous sommes ici aux lisières de la grande misère et du déni collectif.
Indicible
Parfois la porte s’entrouvre. Le dernier rapport des sages du Comité national d’éthique consacré à la « fin de vie » lève ainsi un coin sur ce qui demeure largement de l’ordre de l’indicible. Ce sont quelques lignes page 54. Les voici:
« Une autre réalité : des suicides de personnes âgées comme indicateur d’une détresse et d’une violence sociale.
Des observations font état de suicides au moment où des personnes se voient contraintes d’entrer en EPHAD, et d’actes de désespoir face à des situations de vie faite d’indignité imposée.
La souffrance existentielle des personnes âgées en fin de vie est un problème majeur de santé publique.
Selon les chiffres issus du rapport «Anticiper pour une autonomie préservée : un enjeu de société » présenté par le Dr Jean-Pierre Aquino en février 2013, la dépression concerne 15 à 20% des plus de 65 ans et 40% des personnes âgées en institution.
Un suicide sur trois concerne une personne âgée.
Le suicide est l’une des principales causes de décès de la personne âgée, avec le cancer et les maladies cardio-vasculaires. En France, en 2010, 2 873 personnes de plus de 65 ans ont mis fin à leurs jours. C’est près de 30 % du total des suicides en France, alors que les plus de 65 ans constituent environ 20 % de la population française.
Parmi ces suicides, une majorité (1 816 en 2010) est le fait de personnes âgées de 75 ans ou plus. Chez les plus de 85 ans la prévalence du suicide est deux fois supérieure à celle des 25-44 ans. »
On peut en savoir plus en consultant un autre rapport : celui de l’Observatoire national de la fin de vie millésimé 2013. Il est ici.