Conférence-débat
Une conférence-débat sur comment prévenir le mal-être en milieu rural
D’après article Marc Labille - Publié le 02 Mars 2024 https://www.agri71.fr/*
Le 8 mars prochain, Daniel Lenoir, auteur du plan national de prévention du mal-être et du risque suicidaire en agriculture, sera à Amanzé pour une conférence sur ce sujet sensible.
Le vendredi 8 mars 20 h à Amanzé, la Communauté de Communes Brionnais Sud Bourgogne organisera une conférence sur le thème du mal-être en milieu rural. À l’origine de cette soirée, Jean-Denis Aznar, élu local, qui a été marqué par plusieurs suicides survenus récemment dans le secteur. Interpellé par ces tristes évènements, avec un autre élu brionnais Philippe Paperin, il a souhaité organiser une conférence pour aborder ce mal-être et faire connaître le réseau de prévention « Sentinelles » mis en place par la MSA.
Plan de prévention national
Pour cette soirée débat, les organisateurs sont parvenus à faire venir celui qui est à l’origine de ces nouvelles sentinelles, en l’occurrence Daniel Lenoir. Haut fonctionnaire ayant consacré la majeure partie de sa carrière aux politiques sociales et parfois agricoles, Daniel Lenoir s’est vu confier par le gouvernement, début 2022, une mission « pour mettre en œuvre la feuille de route pour la prévention du mal-être et l’accompagnement des agriculteurs et des salariés agricoles ». Durant un an et demi, cet expert a planché sur « un plan complet de prévention du mal-être et du risque suicidaire en agriculture ». Dans son rapport de cent pages qu’il a remis en 2023 au gouvernement, Daniel Lenoir traite de la connaissance du risque suicidaire et du mal-être en agriculture. Il décline l’action sur les différents facteurs de risque, propose la mise en place de dispositifs de détection, d’accompagnement et de prise en charge des personnes en situation de risque…
Les causes du mal-être
« Les causes du mal-être sont les mêmes que celles à l’origine du malaise agricole actuel, cette crise sociale que nous vivons en ce moment même », explique Daniel Lenoir. Ce dernier évoque « trois facteurs importants d’augmentation du mal-être. Le premier est le contexte d’incertitudes économique, climatique, sanitaire croissant auquel sont confrontés les agriculteurs. Le second facteur est la charge mentale qui pèse sur les chefs d’exploitation : normes, contrôle, bureaucratisation, main-d’œuvre, etc. Le troisième facteur résulte des injonctions paradoxales qui sont faites aux agriculteurs à qui on demande souvent une chose et son contraire ». Le haut fonctionnaire mentionne aussi les difficultés liées à la transmission des exploitations, le manque de repreneurs, l’augmentation des capitaux… Il signale en outre l’accroissement du risque financier.
Former des sentinelles sur le terrain…
Le réseau sentinelles que déploie aujourd’hui la MSA est l’une des nombreuses recommandations concrètes qui avaient été faites dans ce rapport. Des sentinelles qui doivent être formées, précise Daniel Lenoir. Il faut en effet « apprendre à savoir détecter les signes précoces ; repérer les signaux faibles. Il faut aussi savoir intervenir sans aller trop loin », indique le rapporteur qui évoque ici le rôle de renvoi sur les structures adéquates (numéro d’appel, médecin, etc.). « La crise suicidaire n’arrive que si les personnes se sentent totalement isolées. Il faut rompre ces situations d’isolement et, contrairement à une idée reçue, il ne faut pas hésiter à parler de suicide. Lever ce tabou, c’est déjà un acte de prévention », affirme Daniel Lenoir.
Constatant le dialogue rompu entre les agriculteurs et les citoyens en général, le rapporteur appelle de ses vœux « l’organisation d’une consultation publique de sorte à renouer les fils de ce dialogue ». Un dialogue indispensable à l’heure où les préoccupations environnementales sont légitimes, estime-t-il.
Vendredi 8 mars, 20 h, salle Anne Franck à Amanzé. Entrée libre et gratuite.