vendredi 1 mars 2024

ETUDE RECHERCHE Mortalité maternelle par suicide et autres causes psychiatriques en France 2016-2018

Mortalité maternelle par suicide et autres causes psychiatriques en France 2016-2018 - 19/02/24

Doi : 10.1016/j.gofs.2024.02.011 
Marie-Noëlle Vacheron a, , Véronique Tessier b, Coralie Chiesa-Dubruille c, Catherine Deneux-Tharaux d

Pour le Comité National d’Experts sur la Mortalité Maternelle

a Psychiatrie adulte Secteur 75G13, pole 14, GHU Paris psychiatrie et neurosciences, 1, rue Cabanis, 75014 Paris, France. Membre du CNEMM en tant qu’Expert associé, France 
b DRCI, APHP, Paris, France 
c Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines - Paris Saclay - Département de Maïeutique UFR Simone Veil-Santé - Montigny-le-Bretonneux-France_Service de Gynécologie - Obstétrique - Centre hospitalier de Rambouillet, France 
d Equipe EPOPé, Epidémiologie obstétricale périnatale et pédiatrique, CRESS U1153, Inserm, Université Paris Cité, 123 Boulevard Port-Royal, 75014 Paris, France 

⁎Auteur correspondant 
Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie Sous presse. Manuscrit accepté. Disponible en ligne depuis le Monday 19 February 2024

Résumé

Le présent rapport portant sur la période 2016 - 2018, confirme que les causes psychiatriques (largement dominées par les suicides) constituent la première cause de mortalité maternelle considérée jusqu’à 1 an après l’accouchement, constat déjà fait lors du précédent rapport 2013-2015. Ainsi 47 morts de cause psychiatrique dont 45 suicides maternels sont survenus en 3 ans, soit un ratio de mortalité maternelle (RMM) de 2.1 pour 100 000 naissances vivantes (NV) (IC95% 1,4-2,6). Le délai médian de survenue des suicides est de 138 jours post partum. Ce groupe représente 17,3% (16,5% pour les suicides) de l’ensemble des morts maternelles pour la période. Le suicide maternel est lié à une interaction de plusieurs facteurs de risque, parmi lesquels les antécédents de troubles psychiatriques personnels et familiaux non toujours connus de l’équipe obstétricale (53% des femmes), les disparités socio-économiques (29% présentent une vulnérabilité sociale, et 14 % des violences conjugales), les événements stressants, et l'accès insuffisant aux services de soins de santé. Les causes psychiatriques figurent parmi celles où la proportion de soins non optimaux et celle de décès évitables soit 79% des cas, sont les plus élevées.

L’analyse des parcours de l’ensemble des femmes décédées en France de cause psychiatrique dans un contexte de grossesse fait apparaitre plusieurs éléments récurrents témoignant d’une amélioration nécessaire, tant sur le plan de la qualité et de l’organisation des soins que de l’interaction des femmes avec le système de soins. Le dépistage d’antécédents de troubles psychiques et les pathologies psychiatriques en cours, doit être réalisé de façon systématique à toutes les étapes de la grossesse et du postpartum par tous les intervenants, avec la communication avec les futurs parents sur le risque non négligeable de dépression périnatale. Enfin, Il est important de développer une réponse adaptée et graduée sur le territoire en fonction des ressources, de renforcer les collaborations ville-hôpital, et la formation de tous les acteurs.Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Suicide, mortalité maternelle, période périnatale, coordination pluridisciplinaire, grossesse
https://www.em-consulte.com/article/1649075/mortalite-maternelle-par-suicide-et-autres-causes-