Pourtant, malgré la forte prévalence du suicide, nous en savons très peu sur ses fondements biologiques et il existe peu de traitements.
La Dre Jennifer Phillips est chercheuse associée à l’Unité de recherche sur les troubles de l’humeur de l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) du Royal. Avec son équipe de recherche, elle étudie actuellement les biomarqueurs cérébraux qui sont associés aux personnes atteintes de dépression réfractaire aux traitements et qui présentent le plus grand risque de suicide.
En utilisant les techniques d’imagerie par résonance magnétique (IRM) du Centre d’imagerie cérébrale du Royal, l’équipe de recherche examine la structure du cerveau en mesurant le volume de diverses régions cérébrales, l’épaisseur du tissu cérébral et les trajets de la substance blanche qui relient les différentes zones du cerveau. Elle étudie également l’activité cérébrale afin d’identifier les réseaux ou circuits qui peuvent être associés aux pensées suicidaires et aux tentatives de suicide.
Les données d’imagerie des participants à l’étude sont ensuite combinées aux facteurs cliniques et aux traits comportementaux associés au suicide, notamment l’impulsivité, le désespoir, le stress ressenti et les traumatismes subis pendant l’enfance.
« L’un des plus grands défis de la recherche en santé mentale est la prévention du suicide », déclare la Dre Phillips. « Les pensées suicidaires peuvent être très courantes chez les personnes atteintes d’une maladie mentale, mais toutes ne progresseront pas vers une tentative de suicide. Apprendre à identifier les personnes les plus à risque est un objectif clé dans ce domaine. »
Les biomarqueurs
En plus d’examiner la neuroimagerie et les facteurs de risque cliniques, l’équipe combine les données d’imagerie sur le suicide avec des marqueurs d’inflammation dans le sang des participants, qui se sont révélés élevés chez les personnes qui s’étaient suicidées. Il s’agit de l’une des premières études du genre à combiner ces facteurs. L’équipe espère découvrir de précieux biomarqueurs des idées suicidaires chez les patients atteints de dépression réfractaire aux traitements, afin d’identifier d’éventuelles cibles de traitement.
« La dépression est si complexe et difficile à comprendre, et il existe de nombreux facteurs qui peuvent conduire à la dépression et aux idées suicidaires », explique Patricia Burhunduli, une étudiante en médecine (M.D./Ph.D.) qui travaille sur l’étude aux côtés de la Dre Phillips. « Cette étude nous fait progresser vers une meilleure capacité à identifier les patients atteints d’un trouble dépressif majeur et qui présentent le plus grand risque de suicide, ce qui peut ouvrir la voie à des traitements plus efficaces et à de meilleures mesures de prévention. »
« Apprendre à identifier les personnes les plus à risque est un objectif clé dans ce domaine. »
– Dre Jennifer Phillips, chercheuse associée à l’Unité de recherche sur les troubles de l’humeur du RoyalLes
personnes atteintes d’une dépression réfractaire aux traitements
peuvent avoir une structure ou une fonction cérébrale différente des
autres, mais les chercheurs ne savent toujours pas pourquoi. Katie
Vandeloo, une autre étudiante diplômée qui travaille sur cette étude, a
examiné les scintigraphies cérébrales de personnes en bonne santé, de
personnes ayant des pensées suicidaires et d’autres encore ayant fait
des tentatives de suicide, afin de caractériser un spectre de
biomarqueurs cérébraux et de déterminer ce qui est unique chez les
personnes atteintes de dépression, d’idées et de comportements
suicidaires.
« Nous n’avons pas vraiment de traitements personnalisés en santé mentale pour l’instant », explique-t-elle. « Les personnes atteintes de dépression consultent un médecin et commencent à prendre des médicaments, mais le même traitement est administré à tout le monde. »
Cette étude multidimensionnelle permet à l’équipe de recherche d’examiner le suicide depuis les perspectives biologique, clinique et psychosociale, ce qui est essentiel pour progresser vers la prévention du suicide.
L’étude compte actuellement 50 participants, dont 38 personnes atteintes de dépression réfractaire aux traitements et 12 sujets témoins en bonne santé. Les participants ne viennent au Centre d’imagerie cérébrale du Royal qu’une seule fois, pour effectuer une scintigraphie cérébrale de 45 minutes qui permet d’obtenir des images de différentes régions du cerveau. Une fois l’étude terminée, tous les participants atteints de dépression réfractaire aux traitements reçoivent une consultation, au cours de laquelle un clinicien établit un plan de traitement personnalisé.
L’objectif final de l’étude est de définir à quoi ressemble réellement un cerveau suicidaire et de comprendre la progression des idées suicidaires aux tentatives de suicide, afin de renseigner et de cibler plus efficacement le traitement des personnes ayant des idées suicidaires et une dépression réfractaire aux traitements.
« Cette étude nous fait progresser
vers une meilleure capacité à identifier les patients atteints d’un
trouble dépressif majeur et qui présentent le plus grand risque de
suicide, ce qui peut ouvrir la voie à des traitements plus efficaces et à
de meilleures mesures de prévention. »
– Patricia Burhunduli, étudiante en médecine (M.D./Ph.D.) à l’Unité de recherche sur les troubles de l’humeur du Royal
voir la video https://www.leroyal.ca/simpliquer/votre-impact/histoires-dimpact/trouver-lespoir-une-publication-speciale/La-neuroimagerie-un-apercu-du-cerveau-des-personnes-suicidaires
*Vidéo disponible seulement en anglais.
Source https://www.leroyal.ca/simpliquer/votre-impact/histoires-dimpact/trouver-lespoir-une-publication-speciale/La-neuroimagerie-un-apercu-du-cerveau-des-personnes-suicidaires