Le sociologue Bernard Crettaz animera le samedi 8 novembre à 17h un "café mortel" spécial pour les ados, à la Maison de Quartier de Saint Jean à Genève (plan).
FAITS DE SOCIÉTÉ ET ACTU : 3 articles sur les réactions, actions et/ou mobilisations de représentants de professions (police, surveillants de prison et commerçants) suite à des suicides mettant en lien les conditions de travail le suicide et la souffrance au travail.
Avec
11 suicides parmi ses effectifs, le mois dernier, le ministère de
l'Intérieur enregistre un sinistre pic statistique. Nouveauté: les
familles ne se contentent plus des explications de l'administration et
se mobilisent.
Dans plus de la moitié des cas, les policiers français recourent à leur pistolet de dotation pour se donner la mort.
AFP PHOTO / MARTIN BUREAU
Septembre noir pour la police française. En un mois,
11 policiers se sont donné la mort, dont un responsable syndical. Ils
sont 12 si l'on ajoute à ce terrible décompte le cas d'un commissaire
détaché à Bagdad. Jamais le ministère de l'Intérieur n'a connu une telle
hécatombe : le quart des suicides annuels d'une année moyenne a été
enregistré en quatre semaines seulement... Et certains voient se
profiler le spectre de l'année 1996, qui avait compté 71 gestes
désespérés parmi les troupes de la Place Beauvau. Toutes
les régions sont touchées. Un policier d'une quarantaine d'années se
suicide avec son arme de service dans la salle de sport du commissariat
de police de Salon-de-Provence (Bouchesdu- Rhône); un autre, en poste au commissariat du IVe arrondissement de Paris, se tire une balle dans la tête,
après s'être retranché plusieurs heures à son domicile, dans le XIIe
arrondissement -la brigade de recherche et d'intervention (BRI), alertée
par sa compagne, n'a pas réussi à éviter le drame. A Cergy-Pontoise
(Val-d'Oise), ce sont deux gardiens qui mettent fin à leur vie le même
jour.
Des "raisons personnelles"
En
octobre, ça continue. Un adjoint de sécurité (ADS) de 20 ans se réfugie
dans les toilettes du commissariat de Bergerac (Dordogne) et se tue.
Une femme officier, cadre à la sécurité publique au commissariat de
Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), retourne son arme de service contre
elle dans le parking de son immeuble, sans laisser derrière elle la
moindre explication. Sa hiérarchie se borne pour l'heure à remarquer que
la policière était bien notée et ne semblait pas souffrir de ses
conditions de travail.
"La plupart du temps, l'administration met en avant
des raisons personnelles pour expliquer les suicides", remarque un
syndicaliste, parfois révolté par l'argumentaire développé. Comme pour
cet officier parisien, dont les supérieurs expliquent le geste
dramatique par ses difficultés à faire empailler son cochon d'Inde, "ce
dont il s'était plaint auprès de ses collègues". "Votre mari avait une
maîtresse, un problème avec l'alcool", se sont très souvent entendu dire
les veuves qui voulaient comprendre. Et cela même si bon nombre de ces
actes se sont produits sur le lieu de travail. Rares
sont les familles qui cherchent à aller plus loin. Difficile de
contredire l'administration, qui seule peut débloquer la pension de
réversion remplaçant, en partie, le salaire du défunt. D'autant qu'on
fait valoir à ces proches qu'il serait dangereux de médiatiser le
"dossier", cette publicité pouvant inciter d'autres fonctionnaires à
commettre l'irréparable par imitation -ce que l'on appelle l'"effet
Werther" en sociologie, par allusion au roman de Goethe. Quelques-uns
résistent pourtant et n'hésitent pas à affronter le ministère de
l'Intérieur. C'est le cas de Patricia Cordier, mère de David, qui s'est
supprimé avec son pistolet, à Dieppe, le 17 octobre 2008. Depuis, cette
aide-soignante interpelle la place Beauvau par le biais d'une pétition
en ligne (Change.org).
Signe de l'importance que prend, actuellement, cette question chez les
policiers et dans leur entourage, ce texte vient de voir le nombre de
ses signataires doubler en quelques semaines, passant à 103 181
signatures de soutien. Autre combat pour la prise en compte du burn-out et, parfois, du harcèlement,
celui de la veuve d'un îlotier de Poitiers, un brigadier qui se
plaignait des méthodes de management de son chef, déplorant ses
remarques répétées, et qui avait mal vécu une mutation l'ayant éloigné
du terrain. Il s'est suicidé en juillet 2004, et la justice a reconnu en
mai dernier seulement, et sous la pression de son épouse, qu'il
existait bien un lien entre cet acte et ses conditions de travail
dégradées. Une première. L'habituelle chape de plomb qui
pèse sur cette question se fendille désormais, alors que le mal est
identifié depuis plusieurs années déjà : une enquête, menée par l'Inserm
de 2005 à 2009, démontre que le danger de suicide dans la police est
supérieur de 36% à la moyenne nationale. Plus étonnant, cette étude
révèle que, tandis que 50 policiers se suicidaient annuellement, en
France, en moyenne sur cette période, seulement 5 commettaient le même
geste en Grande-Bretagne. Pourquoi cet écart ? Parce que les
Britanniques n'ont pas systématiquement une arme à leur disposition,
alors que les Français conservent la leur en permanence, estiment
certains observateurs. Dans plus de la moitié des cas,
les policiers français recourent, en effet, à leur pistolet de dotation
pour se donner la mort. On comprend alors pourquoi, après deux suicides
coup sur coup à Cergy-Pontoise, le 17 septembre, la direction générale
de la police nationale (DGPN) a ordonné que toutes les armes des
fonctionnaires du département soient consignées dans les locaux après le
service.
Un management désincarné
Cette
mesure, préventive, a provoqué de vives réactions chez certains
syndicats, comme Synergie-Officiers, qui déplore une "infantilisation"
des troupes. D'autres font remarquer que, au moment où la question du
terrorisme refait surface, cette décision paraît contradictoire avec une
vigilance renforcée. Et cela d'autant que, depuis peu, les policiers se
préparent, dans leur formation -c'est la procédure "Amok"- à faire
usage de leur pistolet pour neutraliser un éventuel tireur ouvrant le
feu dans la foule... Les divergences syndicales,
exacerbées par l'approche des élections professionnelles de décembre
prochain, devraient se manifester le 5 novembre lors de la réunion
organisée, en urgence, par la DGPN avec les organisations
représentatives. Pour certaines d'entre elles, les causes du mal-être
dans la police sont aussi à rechercher dans un management désincarné,
une course au chiffre adossée à un système de primes qui favorise
clanisme et injustice. Les plus engagés réclament que
les suicides dans la police soient considérés avec une attention accrue,
"comme ils l'ont été à France Télécom". "Il est temps de briser le
tabou", clame Philippe Capon, patron de la Fasmi (Fédération autonome
des syndicats du ministère de l'Intérieur). Pourtant, chaque effort de
prévention a, jusqu'alors, porté ses fruits, la stabilité des chiffres,
jusqu'en 2013, étant à mettre en relation avec l'installation des "pôles
de vigilance" et la multiplication des "psychologues de soutien
opérationnel". "Aucune administration ne consacre autant d'efforts à
prévenir le suicide", soutient la DGPN. Le mois de septembre meurtrier a
montré que cela était désormais insuffisant.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/septembre-meurtrier-dans-la-police_1614354.html#DyIEHmFduauGodZR.99
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Société Rassemblements de surveillants devant plusieurs dizaines de prisons
A l'appel du syndicat FO, des surveillants se sont rassemblés
jeudi devant des prisons, un peu partout en France. A Poitiers, une
minute de silence a été observée, notamment pour alerter sur les
suicides de gardiens.
Plusieurs centaines de surveillants se sont rassemblés jeudi
devant des prisons à l'appel de SNP-FO pour dénoncer leurs conditions de
travail et réclamer des états généraux de la pénitentiaire. Selon le syndicat, le mouvement a mobilisé plus de 2.000 surveillants
dans 103 établissements de France (sur 190). L'administration
pénitentiaire a en revanche fait état de 400 à 420 manifestants sur un
échantillon d'une trentaine d'établissements. SNP-FO était le seul
syndicat de personnels pénitentiaires à appeler à cette mobilisation.
Il manque (du) personnel, ce qui entraîne des conséquences énormes sur notre sécurité
Dans la soirée, une soixantaine de surveillants, réunis autour de feux
de pneus et de palettes, ont bloqué l'entrée de la prison de Fresnes
(Val-de-Marne) pendant trois heures avant d'être délogés sans violence
par les CRS. "Il manque ici une centaine de personnels, ce qui entraîne des
conséquences énormes sur notre sécurité", a déclaré à l'AFP Yohan Karar,
secrétaire local FO, qui a évoqué la possibilité de nouvelles actions.
David Derrouet, maire DVG de Fleury-Mérogis venu en soutien, a critiqué
la récente interdiction des fouilles au corps après les parloirs.
Le plus gros rassemblement à Marseille
Le rassemblement le plus
important a eu lieu à la prison des Baumettes à Marseille, où 200
personnes ont bloqué l'entrée de la prison entre 06H30 et 08H30, avant
de se disperser sans incident. Ailleurs, ils étaient une trentaine devant la maison d'arrêt de
Bonneville (Haute-Savoie) et le centre de détention de Roanne (Loire) et
25 à Saint-Quentin-Fallavier (Isère). En région parisienne, des blocages ont eu lieu à Fresnes, Réau, Bois
D'Arcy, Nanterre, Osny et Melun, a indiqué Jérôme Nobecourt, délégué
régional FO. A Poitiers, Bordeaux-Gradignan et Mont-de-Marsan, pas
de blocage mais une "minute de silence" symbolique pour alerter
notamment sur les suicides de surveillants (9 depuis le début de
l'année). Toujours dans l'ouest, une vingtaine de personnes se sont regroupées
devant la maison d'arrêt de Fontenay-le-Comte (Vendée), où le taux
d'occupation atteint 210%. "Il y a pourtant une possibilité de transférer des détenus au centre de
détention de Nantes car il y a 40 places libres", a déclaré à l'AFP
Emmanuel Baudin, secrétaire interrégional FO Pénitentiaire.
L'ultimatum des gardiens
Une intersyndicale FO/Ufap-Unsa avait
lancé fin septembre "un ultimatum" au chef de l'établissement pour faire
baisser le nombre de détenus, a expliqué Laurent Bachelier, secrétaire
local de FO. "L'ultimatum n'a pas été entendu, c'est pourquoi nous faisons ce
blocage", a indiqué M. Baudin, évoquant la possibilité de nouvelles
actions. Dans un communiqué, le sénateur (UMP) Bruno Retailleau, président du
conseil général de Vendée, "en appelle une nouvelle fois à la Garde des
Sceaux", qui "refuse catégoriquement la création d'un nouvel
établissement dédié aux courtes peines à Fontenay-le-Comte", alors que
le précédent ministre de la Justice, Michel Mercier, "s'y était
pourtant engagé". Présente à la convention nationale des avocats, la garde des Sceaux,
Christiane Taubira, a évoqué le rassemblement des Baumettes et rappelé
qu'un programme de rénovation était en cours au sein de cet
établissement. Elle a également mentionné l'ouverture de 534 emplois supplémentaires de
personnels surveillants, prévus lors du précédent quinquennat mais
jamais créés.
***
Carcassonne : "Les
Pendus" ou la révolte des commerçants
Page Facebook Les pendus; chez
Emonia Chapellerie. PHOTO/CHRISTOPHE BARREAU
C’était deux
jours avant que le mouvement des « Pendus » ne soit créé. Un travailleur
indépendant mettait fin à ses jours dans le Carcassonnais, désespéré par ses
dettes.
"Il
y a eu 300 suicides de commerçants et artisans l’an dernier en France, explique
une des fondatrices du mouvement, qui officie comme ses collègues en centre-ville
de Carcassonne et désire rester anonyme pour l'instant. On a choisi ce nom
de pendus parce que c’est la seule issue qui reste à certains d’entre
nous..."
Leur sujet de colère n° 1, c’est le RSI (Régime social des Indépendants). "Il
nous coûte entre 52 et 54 % de nos revenus. Et il a augmenté de 11 % en un an !
Beaucoup de commerçants nous font part de rappels de cotisations supérieurs à
10 000€ à payer rapidement, sans même savoir à quoi ils se rapportent. On a
l’impression d’être des vaches à lait, de payer pour d’autres..." "En plus du RSI, il y a la TVA (20 %) et la taxe professionnelle
locale. En tout, c’est 83 % de nos revenus qui partent vers l’Etat et les
collectivités. Sans compter les factures diverses, le loyer, le fisc".
Certains se retrouvent devant un choix cornélien. "J’en suis arrivée à
me demander si je ne vais pas rendre mon appartement et retourner habiter chez
ma mère, alors que j’ai 46 ans", témoigne cette commerçante, les
larmes aux yeux.
Une autre enchaîne : "J’ai dû payer le loyer de ma fille et lui donner
400€ pour qu’elle puisse vivre, alors qu’elle a un commerce à carcassonne et un
à Narbonne !"
Autre choix qui s'est posé : "celui de payer la TVA ou être interdit
bancaire. Heureusement, j’ai une bonne interlocutrice à ma banque...". "On est pris à la gorge financièrement, on ne sait même plus pourquoi
on paye. Il faut refoutre le système à plat. On n’en peut plus mais
malheureusement on est tous disséminés. Si tous les artisans et commerçants
nous rejoignent, on sera plus forts...".
Bientôt une réunion à
Carcassonne
Ouverte
dimanche à 16 h sur facebook,
la page « Les Pendus » a été visitée par 17 816 personnes en 24 heures, recueillant 1 038 «
j’aime » ! Un décollage réussi pour un mouvement qui compte bien fédérer
commerçants et artisans à l’échelle nationale. "Les gens nous appellent
de partout et sont prêts à descendre à Carcassonne. Nous avons demandé une
salle à la mairie pour une réunion, nous attendons une réponse. Ce sera
peut-être le lundi 3 novembre".
« Les Pendus
» est un mouvement indépendant, apolitique, non-associatif et non-syndical. "Si
de l’argent doit être demandé, ce sera à l’Etat, au RSI et aux autres
organismes qui nous prennent tout", est-il écrit sur la page facebook.
En attendant l’ouverture prochaine d’un site internet, ses fondateurs espèrent
être entendus par l’Etat, comme le furent « Les bonnets rouges ». Si c’est
le cas, Carcassonne sera la ville où tout aura commencé...
La nouvelle
campagne d'affichage des médias privés a démarré. L’ensemble de la
population peut adresser ses messages sur leur site internet ou sur les
réseaux sociaux, avec le hashtag #dislealasuisse.
"J'aimerais qu'un jour le mot harcèlement et le mot suicide ne soient
plus un tabou en Suisse" est le premier message de cette campagne,
paru dans de nombreux quotidiens, tels que "Le Matin dimanche" et
"L'Hebdo".
En ligne Revue Terrain Numero 20 | mars 1993 : La mort
Avec l'article La maison du pendu
Le suicide chez les vaqueiros des Asturies
Maria Cátedra
p. 57-68
Lieux d'étude : Espagne
Plan
Ceux qui « attrapent la corde »
Maîtresses, nouvelles, et vieux de la maison
Mortelles mélancolies
L’étude du suicide relève habituellement
de la sociologie ou de la psychologie, plus rarement d'une approche en
termes de culture1.
Le recours à des disciplines traditionnellement soucieuses des
applications possibles de leurs analyses est compréhensible dans le cas
d'une conduite humaine qui a toujours suscité un désir d'intervention et
mobilisé des chercheurs surtout préoccupés par son traitement ou sa
prévention. Comprendre l'éthique du suicide semble avoir donc peu compté
dans des approches tributaires d'une morale qui d'emblée le condamne.
"Cette synthèse
épidémiologique saura intéresser les professionnels de santé en charge de la
psychiatrie et de la santé mentale." Nathalie Pauwels
Chargée
de communication Fédération
régionale de recherche psychiatrie et santé
mentale Nord -
Pas-de-Calais
Une publication de la F2RSM avec le soutien de l’ARS
Les conduites suicidaires dans le Nord - Pas-de-Calais
Octobre 2014
Dans
la région Nord – Pas-de-Calais, 1 adulte sur 25 est concerné par les pensées
suicidaires, 0,8% de la population déclare avoir tenté de se suicider durant
les 12 derniers mois, tandis que 11 000 hospitalisations pour tentative de
suicide en médecine ou chirurgie et environ 800 décès par suicide sont
enregistrés chaque année. Plus touchée par les conduites suicidaires qu’en
moyenne nationale, la région Nord – Pas-de-Calais se voit donc confrontée à un
sujet majeur de santé publique. Consciente de cet enjeu, l’Agence
régionale de santé Nord – Pas-de-Calais a souhaité disposer de données afin
d’étayer et d’évaluer son Programme régional de santé. Dans la perspective d’un
Observatoire régional des conduites suicidaires, la Fédération régionale de
recherche en psychiatrie et santé mentale Nord – Pas-de-Calais propose, dans ce
rapport, une synthèse des indicateurs disponibles sur les pensées, les risques,
les tentatives et les décès par suicide à l’échelon de la région. 8 sources
distinctes sont analysées pour en rendre compte, d’un point de vue statistique.
Un focus particulier est réalisé sur les tentatives de suicide enregistrées
dans les bases médico-administratives par les services du Samu – Centre 15, des
urgences, de médecine-chirurgie et de psychiatrie. Certes perfectibles, ces bases n’en
apportent pas moins de nombreuses informations sur les caractéristiques des
suicidants et permettent de calculer des taux (bruts ou standardisés) de
morbidité et également de récidive suicidaire.
Le CLIC de Dinan propose à titre expérimental, pendant 5
mois, à raison d'une journée par semaine, des entretiens individuels aux
usagers (personnes âgées) et aux aidants en souffrance psychique.
L'objectif est de :
- proposer un espace d'écoute permettant à la personne âgée de
s'exprimer en toute liberté et de pouvoir verbaliser son ressenti, ses
émotions et la façon dont elle vit au quotidien.
- bénéficier d'un soutien psychologique lorsque la personne doit faire
face à une situation difficile et source de souffrance (maladie, entrée
du proche en maison de retraite, décès, suicide d'un proche, avancée
dans la maladie, etc.) mais aussi en cas d'épuisement physique et/ou
psychologique pouvant conduire à un passage à l'acte suicidaire.
- réfléchir sur une situation donnée, l'envisager sous différents angles
de façon à appréhender celle-ci dans son ensemble. Ceci pouvant
permettre à l'usager d'envisager des stratégies, de faire face à
l'événement vécu ainsi qu'à ses propres capacités et limites en tant
qu'individu.
Madame WINDELS, psychologue, se dépacera soit au domicile ou proposera
d'accueillir l'usager dans les locaux du CLIC. Au terme d'une première
rencontre, elle évaluera la demande et conviendra avec l'usager de la
mise en place d'un suivi psychothérapeutique gratuit ou une
réorientation si nécessaire vers des partenaires plsu adéquats.
Pour tout renseignement sur ce service, contactez le CLIC de Dinan, au 02.96.85.43.63
Centre Local d’Information et de Coordination (CLIC) du pays de Dinan.
association créée en 2004 a pour
mission d’informer, orienter et conseiller pour le soutien des personnes
âgées à domicile et en établissement en mettant à disposition un
interlocuteur relais. Ce lieu unique et gratuit concerne les cantons de
Broons, Caulnes, Dinan est et ouest, Evran, Plancoët, Plélan le Petit et
Ploubalay.
Le CLIC du Pays de Dinan
vous accueille tous les jours du lundi au vendredi, de 9h00 à 12H30 et
de 13H30 à 18H00. Nos bureaux sont situés dans la Zone Atlante, 7 rue de
la violette 22100 QUEVERT
Jean-Yves Broudic est sociologue et psychanalyste. Dans son
livre Suicide et alcoolisme en Bretagne au XX siècle.
Sociologie-Histoire-Psychanalyse, il émet une théorie inédite afin
d’expliquer pourquoi la Bretagne est plus touchée qu’aucune autre région
par le suicide, alors qu’elle obtient dans le même temps les meilleurs
scores en terme de qualité de vie.
Question d’addiction et de suicide, pourquoi travailler dessus ? Je m’intéresse à la matière bretonne
depuis de nombreuses années. J’ai grandi dans un milieu bretonnant donc
la question bretonne m’intéresse. J’ai passé du temps dans diverses
associations. Au niveau de mon métier, la sociologie,
j’ai eu l’occasion de travailler un moment dans un bureau d’étude en
sociologie urbaine. En tant que sociologue, j’avais eu l’occasion de
regarder et de lire les travaux de confrères sur les questions de
suicide.
Comment déterminer de l’évolution de ces questions en Bretagne? A la fin du XIXè, on a le travail de
Durkheim qui lance la sociologie française, avec son livre « Le suicide
». il cherche à fonder le suicide comme fait social, pas seulement au
travers de l’étude statistique mais également en tentant d’apporter une
explication. Il fonde la sociologie, via ce travail, et cherche des
corrélation avec la religion, le développement économique, le statut
matrimonial et pose une théorie là-dessus. Il pense que le suicide
augmente là où le lien social se détend. Il pense ainsi que, lorsqu’il y
a davantage de concubinage et de divorces, les gens sont plus
malheureux et moins bien intégrés dans la société. Il reprend un certain
nombre de lieux communs de la sorte. Qui se sont avérés être totalement
faux. A un moment donné, ayant ça en tête,
j’ai réfléchi à la question du suicide en Bretagne. Il y a des études et
des articles mettant en avant qu’il y a plus de suicide et d’alcoolisme
en Bretagne qu’ailleurs. J’ai donc souhaité regarder tout ça de plus
près, au niveau statistique tout d’abord, afin de faire le point sur
tout ça. La surprise a été de constater que, s’il y a beaucoup plus de
suicides en Bretagne depuis 50-60 ans, ce n’était pas du tout le cas au
tournant du XIXè-XXè siècle. Au contraire même, la Bretagne était une
région où l’on se suicidait peu. Il s’agit de statistiques sur de
longues périodes, il n’y a donc pas lieu de penser que les statistiques
sont erronées. Par rapport à ce constat, que l’on
trouve dès les années 1970-1980 dans plusieurs publications concernant
la Bretagne, il y avait deux explications principales mises
systématiquement en avant. La première était que les Bretons se
sentaient inférieurs et infériorisés du fait de l’évolution culturelle,
en particulier de la non reconnaissance de la langue bretonne et de
l’obligation à passer au français. C’est vrai que l’on constate que la
régression de la pratique du breton, qui est marquée après la Seconde
Guerre Mondiale, correspond statistiquement à la montée du suicide. La
conclusion de certains et donc d’y voir une relation de causalité. C’est
cependant assez discutable car, lorsque deux phénomènes sont
concomitants, ils ne sont pas nécessairement dans une relation de
causalité. Au contraire, ils peuvent être tous les deux déterminés par
un autre facteur commun. C’est donc assez discutable, d’autant que
d’autres régions ont connu une situation similaire en terme de
régression linguistique sans que l’on y trouve de surmortalité par
suicide.
L’autre explication avancée est la
présence forte du matriarcat en Bretagne. L’idée est que le matriarcat,
qui est le pouvoir aux femmes, met les hommes en position inférieure et
ça les rendrait plus fragile. C’est une idée très discutable car on
parle du matriarcat celtique d’une manière générale. Or, si ce
matriarcat permettait d’expliquer les choses, on observerait les mêmes
effets non seulement avant la 2ème moitié du XXè siècle, mais également
ailleurs dans d’autres pays celtiques. Par ailleurs, cette histoire est
basée sur des observations et des tests auprès d’enfants, qui ont permis
de constater qu’en Bretagne, par rapport à ailleurs, les enfants
dessinaient les hommes plus petits que les femmes, ce qui fait certains
parler du +matriarcat psychologique+ des Bretons.
Cette explication est-elle acceptable selon vous? Pourquoi pas? Mais en même temps, j’ai
développé une autre explication en partant de l’importance de la
Première guerre mondiale. Car les femmes ne meurent pas mais elles
souffrent durant cette période et après, en perdant qui un fils, qui un
mari, un amoureux, un cousin ou un proche plus largement. Puisqu’on observe une forte
augmentation du suicide à partir des années 1945-1950, de même que les
indicateurs épidémiologiques liés à l’alcoolisme, cela renvoie à ce qui
s’est passé à la génération précédente. Car, si on constate une
explosion du nombre de cirrhoses du foie dans ces années là, c’est
nécessairement la résultante d’une forte consommation d’alcool pendant
20 ou 30 ans, ça ne se déclare pas d’un seul coup. Or, pendant la guerre
de 14, il y avait une très forte consommation d’alcool, qui était même
utilisé pour donner du «courage» aux soldats avant de partir à l’assaut. Ce qu’il faut également avoir en tête
c’est que les guerres du XXè siècle ont totalement changé de nature par
rapport aux précédentes et sont devenues des guerres de masse. On a
autant de morts en France lors de la guerre de 14 que sur l’ensemble du
XIXèsiècle: 1,5 million pour une population de 40 millions de personnes,
environ. J’appuie mon hypothèse en me basant sur
des données chiffrées et en observant ce qui se passe d’une génération à
l’autre. C’est également en tant que psychanalyste que je parle là. Je
pars de l’idée que nous sommes tous déterminés par notre inconscient qui
n’est pas strictement individuel. Je ne parle bien entendu par du tout
d’inconscient collectif mais il y a un rapport entre la manière dont un
enfant va se construire psychiquement et la manière dont les parents ont
vécu eux-mêmes psychiquement.
L’enfant intègre ces données par lui-même ? Si on prend la question des
traumatismes et de la mort, il est évident pour moi qu’un enfant,
quelque soit son âge, va se construire différemment dans une famille où
il n’y a pas eu trop de drames que dans une famille marquée par des
décès prématurés. Dans des familles où la mort est arrivée de façon
massive et anormale, ici la guerre, il faut tenir compte de ce qui s’y
passe inconsciemment. Sans entrer dans les détails, on a la
question de l’angoisse, qui est liée à la question de la mort, mais pas
seulement, qui peut être présente de façon diffuse dans certaines
familles, d’une façon qu’il est difficile d’anticiper. Par définition,
l’angoisse c’est un moment où l’on n’a pas de pensée. Quand on vit un
moment de difficulté, cela crée de l’angoisse, du mal-être et on ne
réussit plus à penser. Si l’on prend la question des décès et
de la mort, sans pour autant que cela soit un secret de famille, ne pas
en parler car on estime cela comme étant trop difficile à aborder, crée
de l’angoisse. Il y a des personnes qui témoignent de leurs difficultés à
vivre et à grandir dans des familles où le père était absent. C’est par
exemple le cas d’Albert Camus, dont le père meurt quand il est tout
jeune, durant la guerre 14. Camus décrit bien la grande difficulté qu’il
a eu à se construire en tant qu’enfant, il voyait sa mère en tant que
veuve, triste et dépressive à cause de la mort de son père. La question du deuil de masse est
extrêmement importante. Depuis dix-vingt ans, il y a tout un courant
autour de l’histoire de la guerre de 14 qui insiste et décrit les effets
sur la société civile. Certains historiens disent que, dans la société
française, les 2/3 de la population ont été touchée par le deuil. Quand
1,4 millions de personnes meurent, entre 18 et 40 ans environ, cela
concerne les parents, les fratries, les femmes, les enfants. Il y a
énormément de veuves et d’orphelins à ce moment-là. Et puis il faut
ajouter ceux qui sont allés à la guerre, qui en sont revenus mais qui y
ont vécu des choses horribles, qu’ils ont vu ou ont dû faire. Ces
personnes-là ont été fortement marquées. Là, vous avez le tableau un peu
général. En ce qui concerne la Bretagne, je suis
parti sur cette hypothèse, qui n’explique bien entendu pas tous les
suicides, mais qui peut expliquer la situation particulière de la région
en la matière, avec un taux bien plus élevé que le reste de la France.
On est sur quel rapport justement ? En France, sur 100.000 habitants, on
compte environ 30 suicides alors qu’en Bretagne, le taux est plutôt de
50 suicides pour 100.000 habitants, pour les hommes entre 1990 et 2000.
Pour les femmes, sur la même période, cela tourne autour de 10 suicides
pour 100.000 habitants en France contre 15-16 pour 100.000 en Bretagne.
Et dans les deux cas, la Bretagne administrative est en tête des régions
françaises. Quand on regarde l’évolution de 1835 à
1997 sur la Bretagne historique, le taux augmente fortement entre 1945
et 1965 chez les hommes comme chez les femmes. C’est d’ailleurs ce qui
m’a fait tiquer. En Bretagne comme ailleurs, on constate
une décrue du taux de suicide car, d’une manière générale, aussi bien
en France que dans la région, le nombre de suicides n’a pas augmenté
malgré l’augmentation de la population. Les facteurs et éléments que je mets en
avant pour soutenir mon hypothèse sont précisément cette évolution
statistique en Bretagne avec une forte augmentation survenue une
génération après le «trauma historique» de la guerre 14. Cela pourrait
être contesté mais c’est quelque chose que l’on observe également dans
d’autres pays qui ont vécu ce type de trauma. Si on prend en compte des
phénomènes historiques, on peut comprendre des variations qu’autrement,
on jugerait énigmatiques. Certains sociologues constatent que les taux
augmentent mais sans trouver d’explication. Les pays où l’on se suicide le plus en
Europe sont en particulier l’ex-URSS, la Finlande et la Pologne, des
pays particulièrement marqués par la Seconde Guerre mondiale. Souvent,
les sociologues oublient la dimension historique. C’est en particulier
lié au découpage entre les disciplines et la quasi absence de
trans-disciplinarité. L’autre volet que les sociologues
ignorent totalement, c’est la psychanalyse. Pour vous donner un exemple,
prenez la question du deuil. Quand des enfants sont confrontés au décès
cela joue mais, dans une fratrie, si un grand-père est décédé à la
guerre 14, cela ne va pas nécessairement toucher tout le monde, voire
parfois toucher personne mais il y a des mécanismes qui existent malgré
tout. L’un d’entre eux est le fait que, quand on perd quelqu’un de
proche, on est d’une certaine manière lié à cette personne là, notamment
dans les relations familiales. Certaines personnes vont rester plus
attachées à la question de la mort qu’à la question de la vie. Elles
vont répéter des gestes et des comportements qui vont renvoyer à ce
décès car ça n’aura pas pu être intégré et accepté. Assez souvent, ces
personnes vont se suicider ou faire des tentatives à des dates précises
qui vont renvoyer à un autre décès. Si ce n’est pas la date, cela pourra
alors être le lieu. Si l’on perd quelqu’un de proche, cette
personne disparue emporte avec lui quelque chose de nous et nous avons
gardé quelque chose de cette personne. C’est largement montré dans la
littérature par exemple, qui s’inspire énormément des drames. Si l’on revient au deuil de masse qu’a
connu la société bretonne durant la Première Guerre, il est évident que
des personnes ont été marquées de manière indélébile par ces
disparitions. Ça a généré de l’angoisse, qui pousse entre autres à
l’alcoolisme, dans la mesure où l’alcool est un excellent anxiolytique.
Il y avait une tradition d’ivresse festive en Bretagne pendant tout le
XIXè siècle, mais l’alcoolisme de masse se développe sur le littoral,
dans les milieux marins, eux-mêmes fortement marqués par la surmortalité
durant cette période. Si on prend, à titre d’exemple, le quartier
maritime de Paimpol, on compte environ 1.500 morts entre 1860 et 1920,
parfois très jeunes. Cela crée une ambiance mortifère dans beaucoup
d’endroits. L’alcoolisme est un élément important car il y a un certain
nombre de personnes suicidaires qui passent à l’acte sous l’effet de
l’alcool.
Selon vous la conséquence se fait sentir une génération plus tard. Comment explique-t-on ce décalage ? Pour ce qui est de l’alcool, il s’agit
avant tout de la mesure des effets à long terme d’une importante
consommation; donc, l’effet est visible en même temps que la montée du
suicide sur la génération suivante. Pour cette dernière, il faut bien
comprendre que des enfants peuvent prendre sur eux une part de
l’angoisse de leurs parents, dès tout petit. Les enfants raisonnent
inconsciemment comme ça, en voyant leurs parents en grande souffrance
mais dans l’impossibilité d’en parler. L’enfant pense qu’en prenant un
petit peu de la souffrance des parents, il pourra l’alléger. Car un père
qui sort vivant de la guerre de 14 ne peut ni ne veut en parler, il va
au contraire chercher à le masquer. Sauf qu’inconsciemment, le malaise
est ressenti. De parents à enfants, une partie des choses passe de façon
rationnelle et consciente, l’éducation, mais une autre partie passe de
façon inconsciente. Cette logique est bien entendu un peu
stupide car, au final, les deux souffrent, enfants et parents. Dans la
Bible juive, on dit «tu respecteras ton père et ta mère afin que tes
jours se prolongent sur la Terre», et en hébreu, le «tu respecteras» est
en fait «tu mettras à distance». C’est l’idée qu’il faut se séparer.
Or, dans les situations familiales lourdes comme celles que l’on décrit
ici, il y a cette impossibilité de mettre à distance. Un père qui a vécu
ces choses va mettre un couvercle dessus, il n’en parlera pas. Mais
certains des enfants, pas tous bien entendu, vont prendre sur eux une
part de cette angoisse et ce malaise du père. Ou de la mère quand on
parle de femmes qui ont élevé leurs enfants seules après la Guerre du
fait du décès de leur conjoint. Il y a toute une polémique en Bretagne
sur le nombre de morts durant la Première Guerre, un taux plus élevé que
dans le reste de la France. Quand je me suis intéressé à ça, j’ai été
frappé de voir qu’il n’y avait pas vraiment d’étude détaillée et
sérieuse sur le sujet. En cherchant, j’ai pu trouver des chiffres
finalement. Et je peux vous affirmer qu’en effet, la Bretagne est la
région de France qui a le plus souffert. A la fin de la Guerre, 1,4
millions de morts sur environ 10 millions de soldats pour l’armée
française mais, en Bretagne, on est à un minimum de 150.000 sur 600.000
mobilisés. Un passe d’un taux de 1 mort pour 8 soldats au niveau
national à 1 sur 4 au niveau breton. Et si on compare la Bretagne avec
d’autres régions, telles que Paris, Lyon ou les bords de la
Méditerranée, ces villes ont un taux de 1 mort sur 10 mobilisés. Par ailleurs, s’il y a plus de
personnes touchées par ces décès en Bretagne, il y en a également plus à
revenir avec des séquelles physiques ou psychiques. Un tiers des
combattants sont revenus avec de telles séquelles. Ce qui fait qu’au
total, sur 600.000 hommes de 18 à 40 ans, entre un quart et un tiers ne
reviennent pas et un quart à un tiers reviennent en mauvais état.
Beaucoup se retrouvent en hôpital psychiatrique, marqués profondément
par ces traumatismes de guerre.
Sur une population totale de combien d’individus en Bretagne ? Il y a quasiment la même population
qu’aujourd’hui. Sur les 4 départements, on a une population équivalente à
celle des 5 départements aujourd’hui. La Bretagne est très peuplée
alors. On parle par exemple de 30.000 morts dans le Finistère, autant
dans les Côtes d’Armor. Il y a eu un phénomène de déni, très
commun dans les traumatismes. Et puis, ça a été pris dans le débat entre
républicains et nationalistes, le nombre de morts devenant un enjeu
politique d’une certaine manière. Mais, dans tous les cas, la Bretagne
est la région qui a été le plus touchée. Aucun doute à ce niveau. On
trouve des départements avec le même taux de mortalité mais, à l’échelle
d’une région, c’est unique. Pour revenir à Durkheim, il prouve que
le suicide est un phénomène urbain à la fin du XIXè siècle et début du
XXè. Cela devient un phénomène rural au milieu du XXè. Certaines cartes
montrent bien ce basculement. Et elles mettent bien en avant que c’est
dans l’Ouest, en particulier en Bretagne, que la hausse est la plus
forte.
Ce trauma que vous situez à la
Première Guerre mondiale, comment cela se transmet aux petits enfants ?
Rentre-t-on dans un état de fait par la suite concernant le suicide ? C’est assez difficile à expliquer, dans
la mesure où il faut bien éviter la question du déterminisme. Mais dans
le même temps, face à un phénomène de masse, les processus sont
multiples dans les familles. Si je prends l’exemple des orphelins, un
historien français, Olivier Faron, a cartographié la proportion des
pupilles de la nation dans la population en 1921, et montre que, là
encore, la Bretagne est la région la plus touchée. On voit bien qu’aujourd’hui, les gens
vivent 70-80 ans. Quelqu’un qui était orphelin de père après-guerre, qui
n’a quasiment pas connu son père, jusqu’il y a 10-15 ans, il y en avait
encore beaucoup. Et sa manière d’être père, pendant toute sa vie, va
être déterminée par le fait qu’il a été orphelin. Et ses propres enfants
vont aussi être en partie marqués, différemment cependant, dans leur
approche en tant que père. Tout enfant va connaître des moments
difficiles. Dans ces moments-là, il se raccroche à des repères, en
particulier la filiation. S’inscrire dans une filiation est important
pour se construire. Quelqu’un qui a un manque dans sa filiation va avoir
un peu plus de difficultés pour se construire. Des études chez des
personnes hospitalisées en unités psychiatriques montrent que ce qui a
pu être vécu en tant qu’enfant jouent un rôle sur l’état psychiatrique
de l’adulte.
Peut-on s’attendre à un retour à la normale du taux de suicide, qui se rapprocherait de la moyenne nationale ? On voit apparaître une petite tendance
au rapprochement depuis le début des années 2000, cela devrait donc se
produire d’ici à 2050. Ce qui confirmerait mon hypothèse. Et cela irait
d’ailleurs dans le sens de cet adage biblique qui dit «les parents
mangent des raisons verts et les enfants en ont les dents agacées
pendant sept générations». En d’autres termes, les parents vivent des
choses terribles et ce sont les enfants qui en subissent les
conséquences. Si la tendance baissière se confirme en Bretagne, on sera à
sept générations puisque ça correspond à environ 150 ans.
Pour aller plus loin: Suicide et alcoolisme en Bretagne au XX siècle. Sociologie-Histoire-Psychanalyse, Jean-Yves Broudic, Editions Apogée, Rennes, 2008