La Flèche. Burn-out : « La santé du dirigeant est souvent un tabou »?
Le service action économique du Pays fléchois propose une rencontre, le vendredi 5 février 2021, sur la question du burn-out et du risque de crise suicidaire chez le dirigeant. Gilles Le Griffon, Gestalt thérapeute et formateur en management pour les entreprises, sera l’un des intervenants.
« Le Maine Libre » : Dans quel secteur d’activité intervenez-vous ?
Gilles Le Griffon : « Je suis moi-même entrepreneur depuis 18 ans à La Flèche, avec deux domaines principaux. Une partie orientée vers les entreprises, la plus importante, qui consiste à faire de la formation en management et coaching. J’interviens dans des entreprises de toutes tailles et tous secteurs d’activité. La deuxième partie est une activité de thérapeute, je me suis formé à la Gestalt thérapie. Une approche de la psychologie qui s’intéresse à quelle forme prend la relation entre la personne et son environnement. Comment on réagit par rapport à la pression par exemple. Comment, en tant que chef d’entreprise, je perçois le fait d’avoir moins de chiffre d’affaires, de perdre un client… »
On parle souvent du burn-out chez le salarié et beaucoup moins pour un chef d’entreprise. Comment l’expliquez-vous ?
« Le dirigeant, il doit être solide. Dans l’image que le salarié peut s’en faire. Dans l’idée aussi que le dirigeant a de l’image qu’il doit présenter vis-à-vis de ses clients, de ses salariés quand il en a. La santé du dirigeant est souvent un tabou, comme s’il devait être inoxydable. »
Et cette image a un impact sur le risque de burn-out ?
« Bien sûr. Le burn-out, c’est comme un disjoncteur. On met de la tension sur le circuit jusqu’au moment où ça coupe. Alors oui, il y a un certain nombre d’injonctions. Je ne peux pas perdre la face, je ne peux pas défaillir en tant que dirigeant parce que si moi je ne tiens pas, je mets en danger tout le monde. Il y a aussi une injonction plus personnelle. Structurellement le dirigeant, c’est une personne responsable. Je suis responsable de ce qui m’arrive, et je suis seul. »
En 2020, la part des dirigeants de PME présentant des risques forts de burn-out a augmenté de 14,5 points pour passer à 34,5 %. Avez-vous constaté cet impact parmi votre clientèle ?
« Très honnêtement, pas encore. Je pense que les chiffres sont issus de l’APESA (Association d’Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë.). Ils ont un positionnement particulier parce qu’ils interviennent dans des situations pratiquement post burn-out, pour des gens qui sont en très grande souffrance. Moi, j’interviens plutôt en amont, plus dans l’aspect prévention. La difficulté, c’est que la détection est rendue compliquée par le fait que la personne ne s’en aperçoit pas, et qu’elle est même dans le déni. Mais le covid a un impact économique. À partir de ce moment-là, il y a une pression plus importante. »
Quels sont les signes avant-coureurs d’un burn-out ?
« Il y a un certain nombre d’indicateurs. Le premier, ce sont les troubles du sommeil. Associés aussi parfois à des troubles de l’appétit. Le fait aussi de se sentir émotionnellement épuisé. D’aller vers un certain cynisme, une espèce de détachement. Ce qui est un mécanisme de protection. Le fait de s’isoler, de ne plus voir ses amis. Et le sentiment de ne pas avoir les ressources pour y arriver. Fondamentalement le stress c’est ça. »
Quelle est alors la première chose à faire ?
«
Aller voir son médecin généraliste. Vérifier les constantes. Parce
qu’il y a des indicateurs physiques qui montrent qu’il y a une situation
d’épuisement. Après, pour accompagner quelqu’un qui est en situation de
burn-out, il y a trois intervenants : le médecin, un accompagnement de
type psychothérapeutique et éventuellement un coach, qui lui va
intervenir plutôt au début et à la fin. »
Vous dites que paradoxalement, il peut y avoir un effet parfois bénéfique à avoir vécu un burn-out ?
«
Il y a un petit message d’espoir. Certaines personnes qui ont vécu
cette situation, au bout d’un certain temps, remercient leur burn-out.
En fait, il amène à prendre du recul et cela repose un peu les questions
existentielles. Là, il y a un lien avec le covid. C’est général, mais
le covid amène tout le monde à se poser des questions sur le niveau
d’importance de ce que l’on fait. »
Pratique
Ce premier CaféClub & Co de l’année proposé par le service action économique du Pays fléchois aura lieu vendredi 5 février, de 8 heures à 9 h 30, à Cogito, 1, rue Nicolas-Appert à La Flèche. La thématique retenue, la question du burn-out et de la crise suicidaire chez le dirigeant, sera abordée par Gilles Le Griffon, avec une intervention de Cap Compétences et d’Hervé Rouvre, référent APESA 72.
Sur inscription uniquement. Participation 10 €, gratuit pour les adhérents au Club des entreprises du Pays fléchois. Renseignements au 02 43 48 66 11 ; action-economique@cc-paysflechois.fr