VigilanS, un programme national pour prévenir la récidive suicidaire
La vie tient parfois à peu de choses. Une présence, une attention, un simple geste.
	
	« Je vais sur le pont. Si quelqu’un me sourit en chemin, je ne sauterai pas ».
	Fin des années 60. Quand le psychiatre Jérôme Arthur Motto découvre ce 
mot écrit de la main d’un patient à San Francisco, il est 
malheureusement déjà trop tard. Personne n’a souri. Pour tenter de 
limiter les risques de récidive après une tentative de suicide, Jérôme 
Motto a alors l’idée de mettre en place une veille. Le principe, très 
simple, s’avère extrêmement efficace pour rompre le sentiment 
d’isolement et d’abandon : des courriers personnalisés, manuscrits, sont
 envoyés aux personnes de manière périodique. Huit lettres la première 
année suivant la tentative de suicide, puis quatre lettres par an 
pendant quatre ans. Des lettres bienveillantes, concises, pour 
s’enquérir des patients et leur montrer que quelqu’un pense à eux.
	
	C’est le récit de cette expérience, ainsi que plusieurs études sur les 
bénéfices des dispositifs de veille dans la prévention de la récidive 
suicidaire, qui ont inspiré la création de VigilanS.
	
	Le déploiement du programme dans les Bouches-du-Rhône est coordonné à 
l’AP-HM par le Dr Jean-Marc HENRY et le Dr Sonia HO. Il s’agit d’un 
ensemble de mesures et d’outils pour maintenir un lien, assurer d’un 
recours possible en cas de difficulté ou de crise, même après la sortie 
de l’hôpital.
	
	Aux
 urgences, un courrier d’information et une petite carte ressource 
prévention sont remis aux patients qui ont tenté de mettre fin à leurs 
jours. Leur consentement est recueilli pour pouvoir les contacter 
ultérieurement, par courrier ou au téléphone. Sur la carte, un numéro 
gratuit fixe et portable accompagné de ce message : « Nous pensons à 
vous, restons connectés ! »
	
	La permanence téléphonique, ouverte du lundi au vendredi de 10h à 18h, 
est assurée par une psychologue et une infirmière. Elles fonctionnent 
toujours en binôme, notamment de manière à ce que l’une puisse, si 
besoin, alerter les secours pendant que l’autre apporte un soutien à la 
personne en détresse au bout du fil. Bien sûr, elles ne se contentent 
pas de recevoir les appels : le travail de veille consiste à joindre les
 gens selon un calendrier d’appels précis, pour s’enquérir de leur état 
et de leur condition. En cas d’impossibilité de les joindre par 
téléphone, des cartes postales sont envoyées une fois par mois pendant 
quatre mois. Marques d’attention discrètes, elles ont vocation par un 
moyen non intrusif à rappeler qu’il existe, en cas de besoin, des 
personnes vers qui se tourner. 
	 
	Les premières évaluations ont démontré que dans l’année qui suit la 
tentative de suicide on passe, grâce au dispositif de veille, de 1% de 
mortalité à 0,6%. On dénombre approximativement 2000 tentatives de 
suicide par an sur Marseille, 4000 à 5000 tentatives dans les 
Bouches-du-Rhône. Sur la région, le nombre de personnes concernées par 
le déploiement du programme pourrait au final atteindre les 10 000. A 
titre d’exemple, pour 5000 personnes, le passage de 1% à 0,6% représente
 une vingtaine de vies sauvées.   
	
	« La finalité est de susciter le sentiment d’être relié à d’autres », explique le Dr HENRY. «
 Maintenir un lien humain et pas uniquement médical, qui puisse apporter
 un peu de réconfort et d’apaisement. Il s’agit d’une attention qui ne 
demande rien en retour mais témoigne d’une présence, d’une disponibilité
 ».
	
	Le message manuscrit est un signe tangible de l’authenticité de la 
démarche, pour que le choix de la vie ne soit plus laissé au hasard d’un
 simple sourire, pour que les êtres en détresse puissent se dire : « il y
 a véritablement une personne qui a pensé à moi. Qui se préoccupe de mon
 sort et s’est donné, afin de m’en faire part, la peine de m’écrire ».  
	
	
	Exemples de cartes VigilanS (rectos) : Voir http://fr.ap-hm.fr/actu/vigilans-un-programme-national-pour-prevenir-la-recidive-suicidaire
 
