jeudi 21 janvier 2021

Présentation VigilanS Bouches-du-Rhône

VigilanS, un programme national pour prévenir la récidive suicidaire

Publié le :
21/01/2021 http://fr.ap-hm.fr/actu

La vie tient parfois à peu de choses. Une présence, une attention, un simple geste.

« Je vais sur le pont. Si quelqu’un me sourit en chemin, je ne sauterai pas ».


Fin des années 60. Quand le psychiatre Jérôme Arthur Motto découvre ce mot écrit de la main d’un patient à San Francisco, il est malheureusement déjà trop tard. Personne n’a souri. Pour tenter de limiter les risques de récidive après une tentative de suicide, Jérôme Motto a alors l’idée de mettre en place une veille. Le principe, très simple, s’avère extrêmement efficace pour rompre le sentiment d’isolement et d’abandon : des courriers personnalisés, manuscrits, sont envoyés aux personnes de manière périodique. Huit lettres la première année suivant la tentative de suicide, puis quatre lettres par an pendant quatre ans. Des lettres bienveillantes, concises, pour s’enquérir des patients et leur montrer que quelqu’un pense à eux.

C’est le récit de cette expérience, ainsi que plusieurs études sur les bénéfices des dispositifs de veille dans la prévention de la récidive suicidaire, qui ont inspiré la création de VigilanS.

Le déploiement du programme dans les Bouches-du-Rhône est coordonné à l’AP-HM par le Dr Jean-Marc HENRY et le Dr Sonia HO. Il s’agit d’un ensemble de mesures et d’outils pour maintenir un lien, assurer d’un recours possible en cas de difficulté ou de crise, même après la sortie de l’hôpital.

Aux urgences, un courrier d’information et une petite carte ressource prévention sont remis aux patients qui ont tenté de mettre fin à leurs jours. Leur consentement est recueilli pour pouvoir les contacter ultérieurement, par courrier ou au téléphone. Sur la carte, un numéro gratuit fixe et portable accompagné de ce message : « Nous pensons à vous, restons connectés ! »

La permanence téléphonique, ouverte du lundi au vendredi de 10h à 18h, est assurée par une psychologue et une infirmière. Elles fonctionnent toujours en binôme, notamment de manière à ce que l’une puisse, si besoin, alerter les secours pendant que l’autre apporte un soutien à la personne en détresse au bout du fil. Bien sûr, elles ne se contentent pas de recevoir les appels : le travail de veille consiste à joindre les gens selon un calendrier d’appels précis, pour s’enquérir de leur état et de leur condition. En cas d’impossibilité de les joindre par téléphone, des cartes postales sont envoyées une fois par mois pendant quatre mois. Marques d’attention discrètes, elles ont vocation par un moyen non intrusif à rappeler qu’il existe, en cas de besoin, des personnes vers qui se tourner. 
 


Les premières évaluations ont démontré que dans l’année qui suit la tentative de suicide on passe, grâce au dispositif de veille, de 1% de mortalité à 0,6%. On dénombre approximativement 2000 tentatives de suicide par an sur Marseille, 4000 à 5000 tentatives dans les Bouches-du-Rhône. Sur la région, le nombre de personnes concernées par le déploiement du programme pourrait au final atteindre les 10 000. A titre d’exemple, pour 5000 personnes, le passage de 1% à 0,6% représente une vingtaine de vies sauvées.   

« La finalité est de susciter le sentiment d’être relié à d’autres », explique le Dr HENRY. « Maintenir un lien humain et pas uniquement médical, qui puisse apporter un peu de réconfort et d’apaisement. Il s’agit d’une attention qui ne demande rien en retour mais témoigne d’une présence, d’une disponibilité ».

Le message manuscrit est un signe tangible de l’authenticité de la démarche, pour que le choix de la vie ne soit plus laissé au hasard d’un simple sourire, pour que les êtres en détresse puissent se dire : « il y a véritablement une personne qui a pensé à moi. Qui se préoccupe de mon sort et s’est donné, afin de m’en faire part, la peine de m’écrire ».  


Exemples de cartes VigilanS (rectos) : Voir http://fr.ap-hm.fr/actu/vigilans-un-programme-national-pour-prevenir-la-recidive-suicidaire