Des agriculteurs de Solidarité paysans se sont retrouvés lors d’une table ronde organisée par des sénateurs, à Guégon (Morbihan). Des agriculteurs ont témoigné de leur mal-être pouvant mener au suicide.
Lors d’une table ronde, des agriculteurs de Solidarité paysans se sont retrouvés à Guégon (Morbihan). Certains ont témoigné de leur mal-être pouvant mener au suicide.
Philippe Olivier
Ancien agriculteur à Trégranteur pendant 31 ans, possédait 45 vaches laitières et 50 ha de terre. Il a témoigné auprès de la commission sénatoriale. Il a arrêté en 2016 après des problèmes de santé.
« Après mes problèmes de santé, se sont greffés les problèmes financiers et tout s’est enchaîné. Dépressions, burn-out, stress, je ne pouvais plus faire mon travail correctement. J’étais dégoûté des prix, de cet engrenage avec les banques. J’ai eu un peu de chance, mais malheureusement ma femme m’a quitté. Elle m’a aidé au départ mais je ne suis plus devenu intéressant. Mes huit enfants m’ont conseillé d’arrêter, mais j’avais ce métier dans le sang. Mais arrêter pour faire quoi ? La peur de ne pas retrouver un autre travail, l’avantage dans l’agriculture on a un peu plus de liberté. Si c’était à refaire, j’arrêterai très vite. Il faut dire que je n’étais pas loin du suicide, ce sont mes enfants qui m’ont retenu de ne pas arriver à ce stade. J’ai eu l’aide de Solidarité paysans, mais au bon moment, de Marie-Noëlle Amiot, à l’époque adjointe au maire. Tout s’est enchaîné avec Solidarité paysans, MSA et une table ronde m’a permis d’expliquer mes problèmes, et tout a été résolu. Maintenant je suis salarié chez SBG à La Chapelle-Caro, cela a été compliqué au début mais maintenant tout va bien. Il reste quand même des séquelles, car effacer 31 ans d’un seul coup, c’est dur. J’ai sorti la tête de l’eau. »
Catherine Laillé
Ancienne présidente de la section agricultrices de Confédération rural en Loire-Atlantique, éleveuse de porcs. Sa mère, conjointe collaboratrice s’est suicidée il y a de nombreuses années.
« Le suicide est un fléau terrible qui existe depuis très longtemps puisque ma maman s’est suicidée en 1972. J’avais 11 ans. Ma grand-mère aussi s’était suicidée. C’est toujours un sujet d’actualité car en 2013, une cousine a suivi ce même chemin à cause des difficultés financières, de la crise laitière… Il faut en parler, le mettre au grand jour, et à ce jour, les parlementaires se sont emparés du sujet suite au film Au nom de la terre, d’Édouard Bergeon. Maintenant il faut des solutions. Solutions préventives, comment on repère, comment on accompagne l’agriculteur tout au long de ses difficultés et en détresse psychologique et financière. Il faut s’attaquer aux racines du mal, et c’est le travail des parlementaires avec une politique agricole ayant des prix qui rémunèrent et que l’agriculteur se sente considéré car c’est un maillon essentiel à la vie. Cela nous donne raison avec le Covid-19 ».
Henri Cabanel
Sénateur de l’Hérault, rapporteur de la commission, est agriculteur viticulteur qui connaît bien le problème.
Françoise Férat
Sénatrice de La Marne et rapporteuse.
« Nous avons entamé depuis un an ce travail avec Françoise Férat concernant la détresse et le bien-être des agriculteurs, tout en rencontrant des institutions, le ministère de l’agriculture… Et pour terminer nos travaux, nous avons souhaité aller à la rencontre des agriculteurs sur le terrain, ceux qui ont vécu des drames et des associations qui ont des capacités de les soutenir . L’objectif du travail que nous sommes en train de finaliser est primordial en allant à la rencontre du monde agricole, avoir un face-à-face pour écouter leur témoignage. C’est aussi d’avoir des propositions que l’on fera au ministre de l’Agriculture pour fin du premier trimestre 2021 puisse prendre des résolutions car c’est de sa compétence en faveur des agriculteurs en détresse. C’est aussi proposer des pistes de travail au ministre qui sera en mesure de mettre des applications sur le terrain. C’est notre rôle de parlementaire. »
Raymond Robic
Coprésident de Solidarité paysans Bretagne.
« C’est plus intéressant que je l’aurai imaginé car ce type d’exercice c’est toujours du baratin. Mais là, il y a eu des échanges intéressants, des idées ont été mises sur la table. L’espoir c’est que cela ressorte sur des propositions concrètes. Le modèle agricole, qui fait que le paysan est depuis toujours et continue à être la variante d’ajustement du coût alimentaire des Français. Il faut que l’on avance sur l’accompagnement des agriculteurs, que l’on mette de la sérénité pour les agriculteurs qui ont un grand besoin de reprendre leur souffle. Mais je serai vraiment content si du concret en ressort. »
Cet article est paru dans Ouest-France (site web)
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Mal-être chez les agriculteurs : "Le revenu est le nerf de la guerre", avoue Guillaume Cabot
De nombreux exploitants agricoles vivent une situation de mal-être profond telle que certains envisagent même de se suicider. Selon Guillaume Cabot, vice-président des Jeunes Agriculteurs, la question de la rémunération est au cœur du problème.
Le monde agricole souffre en silence, mais le Sénat a voulu lui donner la parole. Une plateforme ouverte entre le 9 décembre 2020 et le 15 janvier 2021 sur le site de la chambre haute du Parlement a permis de recueillir des témoignages de proches d'agriculteurs s'étant suicidés. "Cette plateforme est un moyen de faire un recensement, mais aussi d'accompagner les agriculteurs qui sont en demande", précise Guillaume Cabot, vice-président des Jeunes Agriculteurs et invité du 23h de franceinfo vendredi soir.
La passion ne suffit pas
"Aujourd'hui, il y a un mal-être au sein des exploitations agricoles," poursuit l'agriculteur exploitant en polyculture en Seine-Maritime. D'après lui, le problème central est d'ailleurs clairement identifié : "La question du revenu est le nerf de la guerre. Beaucoup d'agriculteurs sont en détresse. Ils font leur métier par passion mais lorsqu'on arrive en fin de mois et qu'il n'y a plus de sous sur le compte en banque, le contexte devient plus compliqué."
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Tabou Suicide des agriculteurs : des élus veulent pallier les insuffisances
—Grâce à une plateforme dédiée qui se clôture vendredi, le Sénat a recueilli une centaine de témoignages des proches de paysans ayant mis fin à leurs jours. Les élus espèrent identifier davantage les causes du problème et mieux le prévenir.
Le fléau du suicide dans le monde agricole est une réalité. Selon les dernières données disponibles de la Mutualité sociale agricole (MSA), 605 paysans (496 hommes et 109 femmes) se sont ôté la vie en 2015, les plus de 65 ans étant les plus touchés. Un taux supérieur de 12,62% par rapport au reste de la population.
Pour mieux identifier, comprendre et prévenir ces drames, le Sénat s’est doté en 2019 d’un groupe de travail transpartisan, piloté par Françoise Férat (groupe Union centriste) et Henri Cabanel (groupe RDSE, à majorité radicale) qui, en parallèle de ses auditions - perturbées par le Covid-19 et les échéances électorales -, a lancé le 9 décembre et jusqu’à vendredi une plateforme en ligne pour recueillir des témoignages des proches d’agriculteurs ayant mis fin à leurs jours.
Mardi, 116 personnes avaient répondu au questionnaire, le sénateur en vise «environ 120» d’ici vendredi. Ensuite viendra le temps «d’analyser ces écrits», puis de partir à la rencontre de certaines de ces familles décimées mais aussi des associations, indique l’élu, viticulteur dans l’Hérault.
Premier déplacement prévu le 15 janvier avec Sophie Primas, présidente de la Commission des affaires économiques, dans le département du Morbihan où dominent les filières bovin-viande et bovin-lait, «les plus touchées par les suicides, d’après notre interlocuteur. Ce sont celles avec du vivant qui nécessitent qu’on s’occupe des animaux sept jours sur sept, sur lesquelles pèsent de nombreux risques sanitaires et économiques». On le sait, les facteurs du passage à l’acte sont multiples : difficultés financières, importante charge de travail, problèmes d’ordre personnel, lourdeurs réglementaires et administratives, isolement et solitude, critiques du modèle agricole conventionnel… Henri Cabanel martèle «la nécessité d’aller vers ces populations en difficultés» qui, bien souvent, se renferment sur elles-mêmes.
Un déploiement insuffisant
Depuis plusieurs années, un certain nombre d’initiatives ont pourtant déjà été menées, notamment par la MSA, mandatée par l’Etat pour mettre en œuvre plusieurs plans nationaux de prévention du suicide dans le monde agricole. Avec notamment des études statistiques permettant une évaluation précise du phénomène, un numéro d’écoute permanent assuré par des psychologues (Agri’écoute), la création de cellules pluridisciplinaires de prévention départementales avec travailleurs sociaux, experts de la prévention en risques professionnels, médecins-conseils et médecins du travail pour détecter les risques psychosociaux ainsi que d’un réseau de sentinelles, renforcé en 2018. Sans oublier tous les autres acteurs engagés sur la problématique : Solidarité paysans, la chambre d’agriculture, association d’aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aiguë (APESA), Amarok assistance…
Un déploiement insuffisant d’après le député LREM Olivier Damaisin, à l’origine d’un rapport de 29 propositions remis le 1er décembre au Premier ministre et qui se veut complémentaire aux travaux des sénateurs. «Les initiatives d’accompagnement sur les territoires au plus près des agriculteurs se développent, mais elles ne sont pas forcément coordonnées, ni connues des agriculteurs et des différents acteurs eux-mêmes. Des progrès sont ainsi attendus pour mieux qualifier les risques et organiser localement de façon efficace, la détection, l’écoute et la prise en charge», est-il notamment détaillé. Le sénateur Cabanel renchérit : «Il y a un manque d’humanité des organismes actuels.»
Après le Morbihan, ce sera au tour de l’Indre-et-Loire et de la Vienne de recevoir la visite des élus qui clôtureront leur tour de France fin février avant de remettre leur document au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, qui devrait faire des annonces dans la foulée. Si, du côté du Sénat, on souligne notamment l’importance de la reconnaissance du burn-out chez les agriculteurs, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricole (FNSEA), contactée par Libération, espère quant à elle une aide au répit (congés) plus conséquente, ainsi que la mise en place de minima sociaux lors des périodes difficiles. Décret ou projet de loi, reste à savoir par quel processus le ministre décidera d’appliquer ses choix.
Paroles d'agriculteurs en détresse : "j'avais le scénario dans la tête... une pendaison !" Publié le 10/12/2020 france3-regions.francetvinfo.fr
En 2018, Julien, agriculteur de l'Ain était au bord du suicide. II s'en est sorti grâce au soutien de son épouse. Il a choisi de parler pour que ses collègues en souffrance sachent qu'ils ne sont pas seuls. Un témoignage rare, recueilli peu après la sortie d'un rapport parlementaire sur la question.
Le suicide des agriculteurs. Julien, exploitant dans l'Ain, a voulu en finir un jour de mars 2018. Il témoigne aujourd'hui ... • © France tv Ain
Un jour de mars 2018, Julien, agriculteur dans l'Ain depuis 20 ans, a voulu attenter à sa vie. Chaque année, ce sont plus de 370 exploitants qui passent à l'acte. Le suicide des agriculteurs est pointé du doigt dans un rapport parlementaire remis au gouvernement début décembre. Il préconise de former ceux qui gravitent autour des fermes pour éviter les drames. Dans le cas de Julien, c'est son épouse Fabienne qui a donné l'alerte et qui a évité le pire... de justesse. Le couple ose aujourd'hui parler de cet épisode douloureux.
Spirale infernale et geste fatal
Le suicide, Julien en parle aujourd'hui sans détour mais non sans émotion. Ce jour de mars 2018, cet agriculteur et père de famille a voulu mourir. "Je n'avais rien prévu, mais j'avais le scénario dans la tête ... une pendaison !", se remémore-t-il. Il ne s'explique toujours pas ce qui s'est passé dans son esprit et comment il en est arrivé là. "C'est plein de choses qui se sont accumulées, des dettes, des factures... C'est là que ça rumine. J'ai pris un énorme coup d'angoisse et je me suis réveillé. J'ai pleuré, pleuré, pleuré, pleuré, à ne plus savoir ce que je faisais. Sans Fabienne, je pense que je ne serais plus là," explique simplement Julien. Les difficultés financières, les silences, le repli sur soi... autant d'ingrédients qui ont conduit l'agriculteur au bord du suicide.
Son épouse a réagi à temps et l'a aidé ce jour-là. "Fabienne m'a emmené à l'hôpital psychiatrique, avec ma volonté," précise Julien. L'agriculteur, qui a accepté la main tendue, a finalement été hospitalisé en mars 2018 durant plusieurs jours. Le temps de refaire surface, de surmonter la crise.
Sentiment de culpabilité
Fabienne se souvient de son désarroi face à la détresse de son mari. Elle se remémore, des larmes dans la voix, son sentiment de culpabilité lorsqu'elle a conduit son mari à l'hôpital: "je me suis dis mais qu'est-ce que je fais là ? Est-ce qu'il va sortir un jour ? Comment il va sortir ? Je me suis posée plein de questions mais je n'en parlais pas," explique-t-elle. C'est le psychiatre qui l'a rassurée et qui a trouvé les mots justes: "il m'a dit Madame, il ne faut pas vous en vouloir, vous faîtes ce qu'il faut!"... Trois après, elle peine encore à retenir ses sanglots : "Je suis partie et j'ai pleuré comme jamais". De l'angoisse, des doutes... mais aussi des larmes de soulagement car Fabienne savait son mari à l'abri.
"ce n'est pas tabou..."
Lorsqu'il repense à cet épisode de sa vie, Julien se dit qu'il "revient de loin." "On garde tout à l'intérieur et l'explosion peut être catastrophique," résume-t-il. Un souvenir douloureux qui appartient aujourd'hui au passé ? Le couple travaille de nouveau ensemble à la ferme. Mais l'agriculteur a passé trois ans à lutter contre une dépression sévère. "Heureusement que j'ai eu du monde pour m'épauler, avant et après," confie-t-il.
Si le couple, sorti renforcé de cette épreuve témoigne aujourd'hui, c'est aussi pour "aider d'autres agriculteurs." D'après Fabienne, il faudrait aussi sensibiliser des personnes qui n'appartiennent pas forcément au monde paysan. Se confier, parler pour éviter d'en arriver au suicide. Et Julien conclut : "Il faudrait qu'on parle plus de nos contraintes, de nos ennuis, ce n'est pas tabou...". Et Fabienne, à la fois émue et surprise :"C'est la première fois qu'il en parle comme ça ! Les larmes aux yeux ! " ... Des larmes dans les yeux mais un large et franc sourire.
Détresse des agriculteurs : le témoignage de Julien et Fabienne https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/ain/paroles-agriculteurs-detresse-j-avais-scenario-tete-pendaison-1903206.html durée de la vidéo: 02 min 24
Des "sentinelles" pour les agriculteurs en souffranceEn 2015, la MSA a dénombré 372 suicides d'exploitants agricoles. Plus d'un par jour. Dans un rapport sur la prévention des suicides dans le monde agricole dévoilé début décembre et remis au gouvernement, le député (LREM) du Lot-et-Garonne, Olivier Damaisin, a fait 29 propositions.
Il recommande par exemple de mieux coordonner localement l'accompagnement des agriculteurs en souffrance. Si le phénomène a longtemps été globalement "mis sous cloche", a estimé l'élu, nombre d'initiatives existent. Le problème, "c'est la coordination entre tout ça". Parmi ses principales recommandations, l'élu suggère de diffuser plus largement "une information générale et non stigmatisante sur le mal-être pour qu'il ne soit pas un sujet tabou" et de mieux faire connaître les plateformes d'écoute, comme Agri'écoute, financée par la sécurité sociale agricole (MSA).
Pour repérer les agriculteurs fragilisés et les orienter vers les dispositifs d'accompagnement, Olivier Damaisin suggère aussi de recruter et former de nouvelles "sentinelles" parmi les personnes qui gravitent autour des agriculteurs, comme les salariés de coopératives, les conseillers de chambre d'agriculture, les techniciens de contrôle laitier, les vétérinaires, mais aussi les facteurs, les élus locaux, les médecins et les pharmaciens. Des "sentinelles" pour orienter précocement les agriculteurs vers des dispositifs de soutien.
Selon lui, les cellules d'accompagnement des agriculteurs mises en place par l'État dans la plupart des départements pourraient contribuer également "à la nécessaire coordination des acteurs de la prévention". Pour accompagner les agriculteurs en difficulté, Olivier Damaisin conseille également de développer des dispositifs de mentorat entre un agriculteur et un entrepreneur dont les activités sont étrangères à l'agriculture.
Le rapport Damaisin se penche aussi sur l'accompagnement des nouveaux agriculteurs. "La prévention du mal-être doit commencer très tôt avec une sensibilisation dès la formation initiale", souligne le député, qui juge aussi "utile de développer un dispositif de tutorat par un agriculteur expérimenté, volontaire et sans intérêt personnel".
Un rapport "décevant" selon Solidarité Paysans
Pour Solidarité Paysans, le rapport parlementaire est jugé "décevant". Selon l'association d'aide aux exploitants, le texte "ne s'attaque pas aux causes des difficultés en agriculture". "Dans son rapport, M.Damaisin n'interroge ni le modèle agricole, ni les conditions d'exercice du métier." Pour l'association le rapport n'aborde pas "les problématiques concrètes des agriculteurs", notamment la question de la dématérialisation ou de l'absence de services publics en milieu rural. Pour Georges Volta, représentant régional de Solidarité Paysans qui accompagne les exploitants en difficulté depuis 30 ans, "la question de l'endettement, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg."
L'association, qui rayonne sur toute la France, assiste les agriculteurs en détresse financière, judiciaire, matérielle et/ou morale. Elle s'attache surtout à considérer l'exploitant en difficulté "dans sa globalité" : "il faut considérer ses problèmes dans leur ensemble. L'objectif est aussi de l'aider à reprendre confiance en lui," résume Georges Volta. En Auvergne Rhône-Alpes, ce sont 550 exploitations qui sont ainsi épaulées par cette association, mais 2500 seraient en difficulté.
Et Georges Volta précise : "le suicide chez les agriculteurs, touche tous les âges, tous les types d'exploitants, sans exception". Les sentinelles, une nouveauté ? Pas vraiment. En matière de prévention et d'accompagnement, le représentant de Solidarité Paysans insiste aussi sur le rôle majeur de la MSA et des Chambres d'agriculture. Sans oublier d'évoquer aussi un dispositif d'aide et d'écoute qui existe depuis 2017 : le Réseau Agri sentinelles lancé au sommet de l'élevage de Cournon. Pour lui, le rapport parlementaire est davantage "un rapport politique" qui enfonce "une porte ouverte". "Il ne propose pas de véritable solution mais un éventail de gens susceptibles de travailler sur le problème (...) la première chose à faire serait par exemple de sensibiliser les maires des communes."
Autre source d'inquiétude concernant le rapport : la proposition de création d'un observatoire national. Solidarité Paysans redoute un "fichage des agriculteurs en difficulté" et s'indigne.
Une plate-forme pour recueillir des témoignages
Pour briser le tabou du suicide dans le monde paysan, une plateforme a été ouverte le mercredi 9 décembre sur le site internet du Sénat. Elle vise à recueillir des témoignages de proches d'agriculteurs en difficulté ayant mis fin à leurs jours, afin "d'élaborer des pistes utiles et concrètes pour lutter contre ces drames silencieux". La consultation en ligne, prévue pour durer jusqu'au 15 janvier, est organisée à l'initiative de la Commission des affaires économiques, qui compte depuis l'an dernier un groupe de travail transpartisan "Agriculteurs en situation de détresse".
Dans la foulée du rapport Damaisin, le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, a indiqué qu'il proposerait "dans les prochains mois" un "plan d'action opérationnel" sur le sujet, en lien avec les ministres de la Santé et du Travail.
D.Mazzola (avec F.Grassaud et M.Zammit)
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Agriculteurs en détresse : le Sénat lance un appel à témoignages sur son site internet
Mercredi 9 décembre 2020 http://www.senat.fr/
À la suite du premier débat parlementaire sur le sujet du suicide des agriculteurs, organisé le 12 décembre 2019 au Sénat dans le cadre de la proposition de loi du sénateur Henri Cabanel dédiée à la prévention de ce fléau, la commission des affaires économiques s’est dotée d’un groupe de travail transpartisan, piloté par Françoise Férat et Henri Cabanel, afin de mieux identifier, comprendre et prévenir ces drames. Le groupe de travail a pour objectif de dégager des pistes en vue d’améliorer l’accompagnement des agriculteurs en situation de détresse.
Ce phénomène à la fois terrible et injuste frappe, en effet, un nombre croissant d’agriculteurs depuis de nombreuses années. Si sa place dans le débat public s’est récemment accrue, notamment à la faveur d’initiatives cinématographiques et médiatiques, elle reste bien trop faible au regard de son importance et de l’urgence à agir.
Pour Sophie Primas, présidente de la commission des affaires économiques, "le sujet du suicide des agriculteurs a malheureusement longtemps été tabou, dans un contexte d’agri-bashing croissant. Le silence qui l’entoure commence à se briser : il est désormais urgent que l’État développe une réelle politique publique en la matière".
Pour ce faire, une meilleure compréhension de ce phénomène profondément intime, de ses causes et de l’enchaînement fatal des événements, est nécessaire. C’est pourquoi les sénateurs souhaitent ouvrir, pour les proches des victimes qui le souhaiteraient, une plateforme d’appels à témoignage. "Nous avons conscience que témoigner à ce sujet représente un effort douloureux pour les proches des victimes. Mais ces témoignages, bien entendu anonymes, nous seront particulièrement précieux pour élaborer des propositions concrètes afin de lutter contre le sentiment de détresse de certains agriculteurs", souligne Françoise Férat.
Ainsi que l’explique Henri Cabanel, "nous appelons les proches des victimes à se saisir de cet outil, qu’ils soient de la famille, des amis, des voisins, des collègues, etc. La parole est entièrement libre, et chaque contribution sera utile. Ce fléau se renforce du silence qui l’entoure ; nous devons briser ce cercle vicieux. Ces témoignages participeront au renforcement de la capacité d’intervention des pouvoirs publics dès l’apparition des premiers signaux d’alerte, élément déterminant pour pouvoir apporter un soutien humain, utile et efficace à celles et ceux qui en ont besoin".
La consultation en ligne est ouverte du 9 décembre 2020 au 15 janvier 2021.
Les témoignages peuvent être déposés ici ( https://senat.limequery.org/522885 ).
La commission des affaires économiques est présidée par Sophie Primas (Les Républicains - Yvelines).
Françoise Férat est sénatrice Union Centriste - Marne.
Henri Cabanel est sénateur Rassemblement Démocratique et Social Européen - Hérault.
L'activité du Sénat se déroule dans le strict respect des conditions sanitaires dictées par la nécessité
d'enrayer la pandémie de COVID-19.
Contact(s) presse : Philippe Péjo
01 42 34 35 98presse@senat.fr
http://www.senat.fr/presse/cp20201209b.html
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Suicide des agriculteurs : le Sénat ouvre une consultation en ligne, appelle les proches à témoigner
Pour combattre ce triste phénomène, le Sénat a lancé une plateforme en ligne, afin de recueillir les témoignages de proches d’agriculteurs ayant mis fin à leurs jours. La consultation est prévue jusqu’au 15 janvier.
Une culture de choux-fleurs dans le Finistère. | VINCENT MOUCHEL / OUEST-FRANCE
Ouest-France Avec AFP. Publié le 09/12/2020 à 16h36
Une plate-forme a été ouverte mercredi sur le site internet du Sénat pour recueillir des témoignages de proches d’agriculteurs en difficulté ayant mis fin à leurs jours, afin d’élaborer des pistes utiles et concrètes pour lutter contre ces drames silencieux.
Nous appelons les proches des victimes à se saisir de cet outil, qu’ils soient de la famille, des amis, des voisins, des collègues, etc. La parole est entièrement libre et chaque contribution sera utile. Ce fléau se renforce du silence qui l’entoure, affirme le sénateur de l’Hérault Henri Cabanel (groupe RDSE, à majorité radicale), cité dans un communiqué.
La consultation en ligne, prévue pour durer jusqu’au 15 janvier, est organisée à l’initiative de la commission des Affaires économiques, qui compte depuis l’an dernier un groupe de travail transpartisan « Agriculteurs en situation de détresse ».
Ce groupe, dont la dernière activité recensée sur le site du Sénat date de février, vise à dégager des pistes en vue d’améliorer l’identification et l’accompagnement des agriculteurs victimes de situation de détresse et, in fine, d’agir pour prévenir plus efficacement ces situations, est-il souligné sur la page permettant de livrer son témoignage anonymement.
372 suicides en 2015
Pour cela, il est nécessaire au préalable de mieux comprendre ce phénomène profondément intime, ses causes et l’enchaînement des évènements, est-il ajouté.
En 2015, 372 suicides d’exploitants agricoles avaient été recensés, soit plus d’un par jour, selon les statistiques les plus récentes de la sécurité sociale agricole, la MSA.
La semaine dernière, le député de la majorité du Lot-et-Garonne, Olivier Damaisin, a remis au gouvernement un rapport recommandant notamment de mieux coordonner localement l’accompagnement des agriculteurs en souffrance.
Dans la foulée, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a indiqué qu’il proposerait dans les prochains mois un plan d’action opérationnel sur le sujet, en lien avec les ministres de la Santé et du Travail.
L’association Solidarité Paysans, qui assiste les agriculteurs en détresse financière, judiciaire, matérielle et/ou morale, a jugé ce rapport pas à la hauteur des enjeux, car il n’interroge ni le modèle agricole, ni les conditions d’exercice du métier.
https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/suicide-des-agriculteurs-le-senat-ouvre-une-consultation-en-ligne-appelle-les-proches-a-temoigner-7079400