UN DÉFI PERSONNEL :
Faire 500 miles (805 km) à vélo avant Noël (débutant le 1er
novembre)
Sonda d’Alton, Irlandaise, à Paris
depuis 20 ans
"1990 C'est l'année où j'ai tenté de me suicider, il y a presque trente ans jour pour jour.
Chose difficile à croire
peut-être mais en 1990 le suicide était toujours un crime en Irlande.
C'était une année exaltante où tout semblait possible et où je me sentais
invincible. Je venais de terminer une licence universitaire et je suis partie
aux États-Unis avec des amis pour vivre la vie et gagner assez d'argent pour
voyager et retourner à l'université pour des études de Postgrad.
J'ai eu plusieurs emplois différents : serveuse à la Harvard Business School,
sous-chef d'une grande entreprise de restauration, professeur de planche à
voile, nettoyeuse de maisons, etc. Je me levais presque tous les jours à 4
heures du matin pour commencer mon travail de traiteur. Je passais souvent d'un
emploi à l'autre.
Certains jours, je me suis présentée au mauvais endroit.
Souvent, je ne dormais que quatre heures et je trouvais cela normal.
Les amis avec lesquels je suis allée aux US semblaient avoir une vie très
ennuyeuse et nous ne semblions plus penser de la même façon.
Finalement, les vacances sont arrivées et j'ai pris plus de vingt avions en changeant régulièrement de fuseau horaire. Ma vie était bouleversée, mais je ne m'en rendais pas compte.
Je suis rentrée chez moi en Irlande et les problèmes ont commencé, pas de rythme de sommeil - plus de sommeil, de l'anxiété, un sentiment d'incapacité à faire face, la tête envahie par des pensées négatives qui tournoyaient sans cesse en prenant le contrôle de mes pensées.
Cela a conduit à une tentative de suicide, à quatre jours de soins intensifs, à deux mois d'hôpital psychiatrique et à un diagnostic de trouble bipolaire.
Au cours des 10 dernières années ma santé mentale a été mise à l'épreuve à plusieurs reprises: cancer de la thyroïde (2011), accident grave - renversée par une collègue dans le parking de mon nouveau travail et traînée de 8 m en marche arrière avec ma moto sous l'arrière de sa voiture (2012), licenciée par mon employeur pour dissimuler l'accident (2013), TGI et Prud'hommes (2014-2017). Ce furent des jours sombres, en effet, marqués par un grave PTSD et je n’ai pas pu travailler pendant presque deux ans. Le traumatisme ne disparaît pas, mais il faut apprendre à vivre avec.Une bonne décision que j'ai prise pendant cette période a été d'adopter un chat. Je ne peux pas sous-estimer l'importance d'avoir autre chose que soi pour vivre. Une autre bonne décision était de faire du bénévolat. Tout ce qui oblige à regarder en dehors de soi est bon.
Sous traitement continu (médicaments et séances de thérapie) depuis trente ans et très soucieuse de ma santé mentale et de la manière de prendre soin de moi, je comprends l'importance de se rendre compte quand les choses vont mal (dépression) ou trop bien (exaltation). C'est compliqué d'être bipolaire; compliqué avec/pour des amis car ils ne comprennent pas le parcours que nous traversons. C'est également compliqué sur le lieu de travail, car nous avons tendance à dire exactement ce que nous pensons.
Mon sauveur personnel a été le sport, ainsi que le fait de me fixer des objectifs réguliers.
L'année 2020 a été difficile pour moi (à la maison seule et en télétravail depuis mars). Heureusement, j'ai mon chat ! J'ai cependant décidé, pour ma propre santé mentale, de me lancer un défi au profit d'une organisation caritative irlandaise ‘Cycle Against Suicide’ (une association qui développe des programmes pour les écoles, primaires et secondaires, afin d'éduquer les enfants sur la bonne santé mentale et comment affronter les maladies mentales). Par ailleurs à noter également une augmentation de 19% dans le taux de suicide dans la Republique d'Irlande en 2019 (donc avant Covid)
Et 421 suicides pour une population de 4 millions dans la République d'Irlande.
Mon défi a été compliqué par le confinement soudain - j'ai dû faire les premiers 400 kilomètres en respectant la règle du rayon de 1 km. J'ai terminé le cycle le 20 décembre après avoir récolté plus de 2 000 euros pour l’association ‘Cycle Against Suicide’.
Je serais ravie si vous pouviez
soutenir cette merveilleuse association caritative.www.idonate.ie/Cycle500km
J'ai été accueillie au Trocadéro par un groupe de mes amis irlandais à
Paris, armés de ‘mince pies’ (tartes traditionnelles irlandaises) et de vin
chaud.
Ce fut un moment merveilleux qui m'a rappelé une fois de plus qu'il faut savoir reconnaître rapidement les problèmes, chercher de l'aide et donner une autre chance à la vie.
Sonda d’Alton, Irlandaise, à Paris depuis 20 ans