MàJ 5/12/2020 : Nouvel URL : https://www.ditesjesuisla.fr/
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Ouest-France (site web)
Sarthe, mercredi 9 septembre 2020
Le Mans. Un infirmier psy lance une plateforme de prévention du suicide
Recueilli par Jérôme LOURDAIS.
À
l’occasion de la Journée mondiale de la prévention du suicide, le 10
septembre, Yann Massart, infirmier psychiatrique au Mans, lance une
plateforme numérique dédiée aux proches de personnes suicidaires.
Entretien
Yann
Massart, infirmier psychiatrique à l’Établissement public de santé
mentale de la Sarthe, initiateur de la plateforme #jesuislà
Vous
lancez une plateforme web de prévention du suicide. Il existe pourtant
déjà des sites de soutien, des lignes téléphoniques dédiées.
Ce
qui existe, c’est bien, mais je n’ai pas trouvé de plateforme avec une
communication simple, intuitive, claire. Quelque chose qui accroche,
mais avec les éléments scientifiques validés. Mon idée, c’est de
proposer une porte d’entrée complémentaire destinée à l’entourage d’une
personne en crise suicidaire. Pour faire de la prévention, il faut
travailler avec les proches.
Comment avez-vous procédé ?
Je
me suis inspiré d’un site australien et d’un site américain. Je les ai
contactés, ça a été une base, notamment pour le visuel. Ensuite, les
contenus ont été travaillés avec plusieurs contributeurs : psychiatres,
psychologues, juristes, infirmiers spécialisés.
Pour guider les aidants, le site liste des signes d’alerte…
On
a listé trois grandes familles : changements d’humeur, changements de
comportement, situations difficiles. On donne une série d’exemples :
préoccupation anormale pour l’avenir, peur d’être un fardeau, manque
d’estime de soi, isolement, perte d’intérêt pour ce qui est
habituellement apprécié, diminution du soin apporté à son apparence,
insomnies, vitesse au volant, prise de drogues, pression au travail,
difficultés financières, deuil… C’est un rappel de signaux auxquels il
faut rester attentifs. En y veillant, chacun peut être le dernier
rempart avant un passage à l’acte.
Peut-on vraiment aider une personne suicidaire sans être un professionnel du soin ?
C’est
possible, à partir du moment où on est prêt à aller plus loin que le «
ça va » quotidien. Quand on offre un moment d’écoute, on entrouvre une
porte de sortie. On peut même poser la question franchement : «
Penses-tu au suicide ? »
Au risque de donner des idées ?
Pas
du tout. Des études montrent que ça peut aider à désamorcer, en
laissant s’exprimer le malaise. L’important, c’est surtout de faire
confiance à son instinct si on pense que quelque chose ne va pas.
Ça suppose que l’aidant se sente suffisamment solide.
On
l’explique sur la plateforme : avant toute chose, apprenez les signes
d’alerte puis demandez-vous si vous êtes prêt. Ou si la situation ne
demande pas une intervention immédiate des secours.
Il faut
oser se demander soi-même si on est en capacité d’entendre la souffrance
de l’autre. Est-ce le bon moment, le bon endroit ? Est-ce que j’aurai
le temps d’accueillir ? On rappelle aussi que les personnes suicidaires
ne veulent pas mourir. Elles veulent juste mettre fin à une souffrance
devenue insupportable.
Un onglet s’adresse directement aux
personnes suicidaires, avec un message spécifique en cas d’urgence. Un
texte où l’auteur tutoie la personne suicidaire…
Le ton est
direct, adapté à l’époque. On dit tout de suite qu’on ne prendra pas
beaucoup de temps, que le suicide est une chose qu’on connaît. On admet
la douleur, mais en disant d’emblée : « On s’en sort ».
Un « psy-geek » mobilisé après les attentats
Il est parti à Paris après le Bataclan. Puis à Nice. Yann Massart, 34
ans, a participé aux cellules de réponse destinées aux familles après
les attentats. Cet engagement lui a valu de devenir référent de mission
pour Santé publique France. A ce titre, l’infirmier sarthois rentre
d’une mission de renfort Covid d’un mois, en Guyane.
Infirmier
en psychiatrie depuis près de dix ans, membre d’une cellule d’urgences
médico-psychologique et d’une équipe psychiatrique d’accueil aux
urgences, Yann Massart, qui a récemment suivi un cursus universitaire en
psychotraumatologie, est formé à la prise en charge des patients en
crise suicidaire. Parallèlement, ce féru de nouvelles technologies a
monté des sites internet, aidé des entrepreneurs dans leur
transformation numérique.
Cette double compétence l’a poussé à
monté sa plateforme #jesuislà. Un début. « On va développer le site,
avec de la vidéo, des posts instagram, peut-être même un accueil
spécifique pour les adolescents ou les personnes âgées. »
Illustration(s) :
Ouest-France
Yann
Massart, infirmier psy féru de nouvelles technologies, lance la
plateforme #jesuislà avec le soutien de « l’influenceuse » web Amélia
Nymphea, très présente sur les réseaux sociaux.