vendredi 5 avril 2019

ETUDE RECHERCHE L’orientation des patients souffrant d’un trouble dépressif aux urgences psychiatriques par le médecin traitant est-elle associée à la décision d’hospitalisation : étude observationnelle

L’orientation des patients souffrant d’un trouble dépressif aux urgences psychiatriques par le médecin traitant est-elle associée à la décision d’hospitalisation : étude observationnelle
P.Chrétien a P.Caillet b F.Bouazzaoui c A.Kaladjian c N.Younes de S.Sanchez a
a
Hôpitaux Champagne Sud, centre hospitalier Troyes, 101, avenue Anatole-France, CS 10718, 10003 Troyes cedex, France
b
CHU de Nantes, 29, chemin de la Basse Gaudinière, 44300 Nantes, France
c
CHU de Reims, 51, avenue Cognacq-Jay, 51100 Reims, France
d
Centre hospitalier de Versailles, 177, rue de Versailles, 78150 Le Chesnay, France
e
EA 40-47, université Versailles Saint-Quentin, 78000 Versailles, France

Received 13 July 2017, Accepted 20 December 2017, Available online 2 March 2018.
Résumé
Introduction
Les troubles dépressifs toucheraient près de 350 millions de personnes dans le monde et seraient la première cause mondiale d’incapacité. Les patients en situation de dépression s’adressent préférentiellement à leur médecin traitant (MT) dans 50–60 % des cas, alors premier interlocuteur. L’objectif de notre étude est d’évaluer si l’orientation des patients souffrant d’un trouble anxiodépressif par un MT aux urgences générales est un facteur associé à l’hospitalisation par rapport aux patients se présentant spontanément pour les mêmes troubles. Notre objectif secondaire est d’identifier les différents profils de patients hospitalisés en urgence pour ces troubles.
Matériel et méthode
Nous avons réalisé une étude transversale sur l’année 2015 ciblant des patients qui ont consulté aux urgences générales du centre hospitalier de Troyes ayant bénéficié d’un avis psychiatrique dans le cadre d’un trouble anxieux ou dépressif.
Résultats
Cinq cent vingt-quatre patients sont inclus. L’analyse univariée montre que l’orientation par le médecin traitant est associée à l’hospitalisation à 57,9 % vs 42,1 % (p = 0,007), et un odds ratio à 1,98 [1,22–3,21] en analyse multivariée. L’analyse par classification hiérarchique ascendante permet d’identifier 3 profils de patients hospitalisés : 1) des patients avec des antécédents psychiatriques connus, des antécédents de suivis passés ou en cours, orientés par un confrère psychiatre avec au moins un traitement psychotrope, la présence de symptômes psychotiques et un risque suicidaire faible par rapport au reste de la population d’étude ; 2) des patients sans antécédents psychiatriques, ni d’antécédents de suivi psychiatrique passé ou en cours, l’absence d’un traitement psychotrope en cours. Ces patients sont adressés par le MT (67 % vs 23 % ; p < 0,001) et leur risque suicidaire était plus élevé (59 % vs 26 % ; p < 0,001) ; 3) des patients pour lesquels le psychiatre avait peu d’informations au moment de la consultation aux urgences.
Conclusions
La pertinence du MT dans l’orientation aux urgences plaide en faveur d’un partenariat et d’un échange précoce entre les médecins traitants et les psychiatres.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013700618300277?via%3Dihub