Adolescence Alcool, drogue et comportements violents, des signes d'une tendance suicidaire ?
Roxane Curtet 26.05.2017 sur www.legeneraliste.fr*
Les adolescents hospitalisés pour des blessures suite à des problèmes de drogue ou d’alcool ou suite à des actes de violences encourent un risque aussi important d’attenter à leur vie dans les 10 ans qui suivent, que les jeunes qui s’automutilent. C’est ce que révèle une étude de grande ampleur qui incluait plus d’un million d’adolescents au Royaume-Uni dont les résultats ont été publiés dans la revue The Lancet.
L’équipe de chercheurs de l’université de Leeds et de l’university college de Londres a analysé les données de jeunes entre 10 et 19 ans admis aux urgences pour diverses blessures. Ils ont évalué de façon prospective les risques de suicide, de décès liés à la drogue ou l’alcool, d’homicide ou de mort accidentelle durant les 10 ans qui ont suivi la sortie des patients de l’établissement hospitalier.
De façon rassurante, peu de jeunes sont morts au bout de 10 ans (0,5 %). Cependant, le risque de décès après l’admission pour automutilation comme pour blessures liées à des problèmes d’alcool, de drogue, ou de violence était près du double que celui encourut pour les jeunes admis après un accident. Plus précisément, 63,9 % des décès survenus dans les groupes des adolescents qui avaient été hospitalisés dans un contexte de problèmes de drogues, d’alcool ou de violence étaient dus à des suicides, homicides ou des abus de drogue et d’alcool. En comparaison, c’était le cas de 33,6 % des décès chez les jeunes qui étaient arrivés aux urgences suite à un accident.
En outre, le risque de se suicider au bout de 10 ans était similaire chez les jeunes ayant souffert d’automutilation et ceux ayant abusé de substances illicites ou sujets à la violence, ce qui représente une probabilité 5 à 6 fois plus élevée de mettre fin à ses jours par rapport à ceux qui avaient eu un accident. Ce risque était encore plus important chez les garçons entre 18 et 19 ans et pour les jeunes souffrant de maladies chroniques.
À risque égal, suivi similaire
Pour les auteurs, il serait nécessaire que les adolescents admis aux urgences suite à des blessures provoquées par des violences ou des abus de drogue et d’alcool soient suivis par des professionnels de santé de la même manière que ceux qui finissent à l’hôpital pour cause d’automutilation.
En effet, des données suggèrent que ces types de blessures durant l’adolescence sont souvent associés à des problèmes psychologiques, notamment des mauvais traitements comme c’est le cas pour l’automutilation. « Il est bien établi que les enfants qui s'automutilent sont à risque accru de suicide. Mais la recherche souligne que le risque s'étend à un groupe beaucoup plus large. Les enfants et les jeunes qui ont subi des blessures par le biais de boissons, de drogues ou de violence présentent également un risque accru de suicide ou de décès prématuré par des comportements liés à l'alcool et aux drogues. Ces jeunes entrent en contact avec les services de santé et cela reste une opportunité pour eux d’obtenir de l'aide et du soutien. Il faut examiner les conseils donnés au personnel dans les services d'urgence - de sorte que ces jeunes sont également considérés comme étant à risque », argue le Pr David Cottrell, coauteur des travaux.
* https://www.legeneraliste.fr/actualites/article/2017/05/26/alcool-drogue-et-comportements-violents-des-signes-dune-tendance-suicidaire-_310824?new=1%3Fnew%3D1
La recherche citée
Causes of death up to 10 years after admissions to hospitals for self-inflicted, drug-related or alcohol-related, or violent injury during adolescence: a retrospective, nationwide, cohort study
Dr Annie Herbert , PhD, 1, 2 Prof Ruth Gilbert , MD 1 ,Prof David Cottrell , MA 3, Leah Li, PhD 1
Published: 25 May 2017, The Lancet
DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(17)31045-
1 Population, Policy and Practice Programme, UCL Great Ormond Street Institute of Child Health, University College London, London, UK
2 Department of Behavioural Science and Health, Institute of Epidemiology and Healthcare, University College London, London, UK
3 Leeds Institute of Health Science, Faculty of Medicine and Health, University of Leeds, Leeds, UK
Correspondence
Correspondence to: Dr Annie Herbert, Department of Behavioural Science and Health, Institute of Epidemiology and Healthcare, University College London, London WC1E 7HB, UK / annie.herbert@ucl.ac.uk
Correspondence
Correspondence to: Dr Annie Herbert, Department of Behavioural Science and Health, Institute of Epidemiology and Healthcare, University College London, London WC1E 7HB, UK