Facteurs associés à la mortalité par suicide chez les patients vivant avec le VIH : une étude cas-témoin nichée
M. Hentzien1, A. Kaladjian2, P. Pugliese3, E. Billaud4, C. Allavena4, L. Cotte5, C. Duvivier6, M. Valantin7, M. Dramé1, F. Bani-Sadr1
2 CHU de Reims, Reims, France
3 CHU L’archet, Nice, France
4 CHU de Nantes, Nantes, France
5 CHU de Lyon, Lyon, France
6 CHU Necker, Paris, France
7 CHU Pitié-Salpêtrière, Paris, France
Médecine et Maladies Infectieuses Volume 47, Issue 4, Supplement, June 2017, Pages S136Available online 25 May 2017 
https://doi.org/10.1016/j.medmal.2017.03.328
https://doi.org/10.1016/j.medmal.2017.03.328
Introduction
Les
 patients vivant avec le VIH (PVVIH) ont un risque de suicide plus élevé
 que la population générale. Le suicide est la première cause de décès 
chez les PVVIH en succès immuno-virologique en France. L’objectif de 
cette étude était d’identifier les facteurs associés à la mortalité par 
suicide chez les PVVIH en France.
Matériels et méthodes
Il
 s’agit d’une étude cas-témoin nichée dans une cohorte nationale 
française multicentrique, à l’ère des trithérapies hautement actives 
(HAART), de janvier 2000 à juillet 2013. Les cas sont les PVVIH décédés 
de suicide. La sélection des témoins (jusque quatre témoins pour un cas)
 a été faite par échantillonnage de densité d’incidence, permettant 
l’estimation de risques relatifs. Les témoins ont été appariés sur la 
durée de la séropositivité VIH et le centre clinique. Les variables 
explicatives potentielles extraites sont les suivantes : âge, sexe, pays
 d’origine, niveau d’éducation, catégorie socioprofessionnelle, statut 
marital, statut parental, groupe de transmission du VIH, nadir de CD4, 
taux de CD4, stade CDC, charge virale VIH, traitement antirétroviral, 
co-infections VHB et/ou VHC, consommation de tabac, d’alcool, de 
stupéfiants, antécédent de troubles anxieux, de dépression, de trouble 
bipolaire, de schizophrénie ou de tentative de suicide, et usage de 
psychotropes (anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques, 
thymorégulateurs). Un retour au dossier médical a également été effectué
 pour optimiser l’exhaustivité des données. Une méthode d’imputation 
multiple a été utilisée pour la gestion des données manquantes. Un 
modèle de régression logistique conditionnel uni- puis multivarié a 
permis l’obtention de risque relatifs ajustés.
Résultats
Parmi
 349 patients inclus, 70 étaient des cas et 279 étaient des témoins. En 
analyse multivariée, une toxicomanie active ou substituée (risque 
relatif ajusté [RRa] = 3,29, IC95 %[1,10–9,85]), une consommation 
d’alcool > 20 g/j ou un antécédent d’éthylisme chronique (RRa = 3,56,
 IC95 %[1,43–8,88]), un antécédent de syndrome dépressif (RRa = 3,76, 
IC95 %[1,49–9,50]), un antécédent de tentative de suicide (RRa = 5,93, 
IC95 %[1,58–22,24]), et l’usage de traitements psychotropes (RRa = 6,37,
 IC95 %[2,56–15,85]) étaient indépendamment associés au suicide réussi, 
alors que le fait d’avoir des enfants était un facteur protecteur 
(RRa = 0,23, IC95 %[0,10–0,70]).
Conclusion
L’identification
 de facteurs associés à la mortalité par suicide pourrait permettre 
d’identifier les PVVIH les plus susceptibles de bénéficier 
d’interventions visant à réduire le risque de suicide.
 
