L'utilisation des antidépresseurs et le risque de suicide et de tentative de suicide ou d'automutilation chez les personnes âgées de 20 à 64: étude de cohorte en utilisant une base de données de soins primaires
"Un lien entre certains antidépresseurs et risque de suicide ?" Publié le 11/03/2015 http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/un_lien_entre_certains_antidepresseurs_et_risque_de_suicide__150930/document_actu_med.phtml
Les antidépresseurs ont prouvé leur efficacité pour réduire les
symptômes de la dépression. Certains travaux ont toutefois suscité
des questionnements sur leur possible lien avec une augmentation du
risque de suicide ou d’automutilation. Des méta-analyses notamment
montraient un risque supérieur de suicide chez les moins de 25 ans
sous traitement antidépresseur. Ces données sont encore
controversées et de nombreuses incertitudes persistent quand à la
réalité de cet effet ou quant à l’éventualité d’un effet-dose.
Une équipe du Royaume-Uni apporte sa pierre à ce dossier en réalisant une étude de cohorte portant sur 240 mille patients ayant présenté une dépression. Près de 90 % d’entre eux ont été traités par antidépresseur, pour une durée allant de 79 à 590 jours (moyenne 221 jours), 40 % des patients ayant été traités pendant un an ou plus, 5,5 % d’entre eux pendant 5 ans ou plus. Les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS) sont les plus souvent prescrits (71,3 %), loin devant les tricycliques (16 %) et les autres types d’antidépresseurs (12,7 %). Enfin, seulement 0,05 % des patients étaient concernés par une prescription d’IMAO (Inhibiteur de la monoamine oxydase).
Une association significative apparaît en effet entre les risques de suicide, de tentatives de suicide ou d’automutilation et certains types d’antidépresseurs. Si ce risque ne paraît par augmenté chez les patients traités par tricycliques par rapport à ceux traités par ISRS (Hazard Ratio [HR] 0,84 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] : 0,47 à 1,50), il l’est en revanche pour les patients traités par un antidépresseur appartenant au groupe « autres antidépresseurs », principalement mitarzapine et vinlafaxine (HR 2,64 ; IC95 : 1,74 à 3,99). Le risque absolu de suicide sur un an va de 0,02 % pour l’amitriptyline à 0,19 % pour la mitarzapine.
Les auteurs n’excluent pas que ce risque supérieur constaté avec la mitarzapine et la vinlafaxine corresponde au fait que les patients à qui ces traitements sont proposés aient eux-mêmes des caractéristiques différentes de celles des autres malades, ou une dépression plus sévère. Il s’agit en effet d’une étude de cohorte qui ne peut révéler qu’une association entre les phénomènes constatés et non pas une relation de cause à effet, l’existence de facteurs confondants ne pouvant pas être exclue.
Notons enfin qu’il semble exister deux périodes pendant lesquelles le risque de suicide ou de tentative de suicide est le plus élevé. Ce sont les 28 premiers jours de traitement et les 28 jours qui suivent l’arrêt de celui-ci. Deux périodes où le patient devrait être particulièrement surveillé, en attendant que d’autres travaux viennent infirmer ou confirmer ce lien.
Dr Roseline Péluchon
Une équipe du Royaume-Uni apporte sa pierre à ce dossier en réalisant une étude de cohorte portant sur 240 mille patients ayant présenté une dépression. Près de 90 % d’entre eux ont été traités par antidépresseur, pour une durée allant de 79 à 590 jours (moyenne 221 jours), 40 % des patients ayant été traités pendant un an ou plus, 5,5 % d’entre eux pendant 5 ans ou plus. Les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS) sont les plus souvent prescrits (71,3 %), loin devant les tricycliques (16 %) et les autres types d’antidépresseurs (12,7 %). Enfin, seulement 0,05 % des patients étaient concernés par une prescription d’IMAO (Inhibiteur de la monoamine oxydase).
Une association significative apparaît en effet entre les risques de suicide, de tentatives de suicide ou d’automutilation et certains types d’antidépresseurs. Si ce risque ne paraît par augmenté chez les patients traités par tricycliques par rapport à ceux traités par ISRS (Hazard Ratio [HR] 0,84 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] : 0,47 à 1,50), il l’est en revanche pour les patients traités par un antidépresseur appartenant au groupe « autres antidépresseurs », principalement mitarzapine et vinlafaxine (HR 2,64 ; IC95 : 1,74 à 3,99). Le risque absolu de suicide sur un an va de 0,02 % pour l’amitriptyline à 0,19 % pour la mitarzapine.
Les auteurs n’excluent pas que ce risque supérieur constaté avec la mitarzapine et la vinlafaxine corresponde au fait que les patients à qui ces traitements sont proposés aient eux-mêmes des caractéristiques différentes de celles des autres malades, ou une dépression plus sévère. Il s’agit en effet d’une étude de cohorte qui ne peut révéler qu’une association entre les phénomènes constatés et non pas une relation de cause à effet, l’existence de facteurs confondants ne pouvant pas être exclue.
Notons enfin qu’il semble exister deux périodes pendant lesquelles le risque de suicide ou de tentative de suicide est le plus élevé. Ce sont les 28 premiers jours de traitement et les 28 jours qui suivent l’arrêt de celui-ci. Deux périodes où le patient devrait être particulièrement surveillé, en attendant que d’autres travaux viennent infirmer ou confirmer ce lien.
Dr Roseline Péluchon