AFP Lundi, 9 mars 2015 http://www.journaldemontreal.com/2015/03/09/etats-unis--adolescents-et-jeunes-adultes-se-suicident-pres-de-deux-fois-plus-en-zone-rurale
Les adolescents et les jeunes adultes des deux sexes se suicident près de deux fois plus dans les zones rurales que dans les agglomérations urbaines aux États-Unis, révèle lundi une recherche.
Ces résultats, provenant de l’analyse de près de 67 000 suicides entre 1996 et 2010 dans ce groupe de la population âgée de 10 à 24 ans, suggèrent un besoin urgent d’améliorer l’accès à des soins psychiatriques et leur disponibilité en milieu rural, soulignent ces chercheurs dont les travaux sont publiés dans la revue JAMA Pediatrics.
Selon les auteurs, une des solutions serait de dispenser ces soins dans les cabinets de médecine générale ou via la télé-médecine ainsi que dans les établissements scolaires.
«Ce type d’étude peut réellement nous aider à cerner les endroits où cibler nos efforts de prévention du suicide, et il est clair qu’il faut se concentrer sur les zones rurales», souligne la Dr Cynthia Fontanella, professeur adjointe de psychiatrie à la Faculté de médecine de l’Université de l’État d’Ohio, un co-auteur de cette recherche.
Elle cite, dans les zones rurales, les difficultés d’accès aux soins, l’isolement géographique et une plus grande stigmatisation des maladies mentales comme raisons potentielles de cette disparité entre les campagnes et les villes quand il s’agit du suicide.
«Si un adolescent vivant dans un milieu rural souffre de dépression, il est beaucoup plus difficile d’avoir les meilleurs soins, et il est particulièrement ardu d’avoir accès à de la psychothérapie», précise le Dr John Campo, détenteur de la chaire de psychiatrie à l’Université de l’État d’Ohio, principal auteur de l’étude.
Sur les 1669 endroits aux États-Unis considérés par les autorités sanitaires fédérales comme souffrant d’une carence de services de soins mentaux, 85 % sont en zone rurale.
Et plus de la moitié des comtés dans le pays, tous ruraux, ne comptent pas un seul psychiatre, psychologue ou aide social dispensant ces soins.
Environ 90 % des personnes qui se suicident souffrent d’un problème psychiatrique majeur, expliquent ces psychiatres. Ils citent la dépression, le trouble bipolaire ou maniaco-dépressif ainsi que l’abus d’alcool ou l’utilisation de drogues, qui peuvent accroître l’impulsivité et agir sur l’humeur. Ces états sont souvent liés au suicide.
Parmi les garçons et les jeunes hommes, le taux de suicide dans les zones rurales dans la période considérée a été de 19,3 pour 100 000 contre 10,3 pour 100 000 dans les agglomérations urbaines. Pour les adolescentes et les jeunes femmes, ces taux ont été de 4,40 pour 100 000 dans les campagnes et de 2,39 pour 100 000 dans les villes.
Après avoir pris en compte un certain nombre d’autres facteurs potentiels pouvant contribuer à conduire à mettre fin à ses jours, la disparité dans le taux de suicide entre le milieu rural et urbain s’accroît chez les adolescents et les jeunes hommes, selon ces chercheurs.
L’analyse de ces statistiques montre également que le taux de suicide chez les jeunes hommes est quatre fois plus élevé que chez les adolescentes et jeunes femmes.
Plus de la moitié de ce groupe de population (51,1 %) figurant dans cette recherche s’est suicidée avec une arme à feu et 33,9 % par pendaison, montre l’étude.
L’empoisonnement n’a représenté que 7,9 %, et les autres moyens de mettre fin à ses jours, comme se jeter du haut d’un pont ou sous un train, ont compté pour 7,1 % des suicides.
Références étude citée
Widening Rural-Urban Disparities in Youth Suicides, United States, 1996-2010 ONLINE FIRST
[-] Author Affiliations
1Department of Psychiatry and Behavioral Health, The Ohio State University Wexner Medical Center, Columbus
2College of Social Work, The Ohio State University, Columbus
3Center for Biostatistics, The Ohio State University, Columbus
4Center for Innovation in Pediatric Practice, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Nationwide Children’s Hospital, Columbus, Ohio
5Department of Pediatrics, The Ohio State University Wexner Medical Center, Columbus
6Bureau of Research and Evaluation, Ohio Department of Mental Health and Addiction Services, Columbus
2College of Social Work, The Ohio State University, Columbus
3Center for Biostatistics, The Ohio State University, Columbus
4Center for Innovation in Pediatric Practice, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Nationwide Children’s Hospital, Columbus, Ohio
5Department of Pediatrics, The Ohio State University Wexner Medical Center, Columbus
6Bureau of Research and Evaluation, Ohio Department of Mental Health and Addiction Services, Columbus
JAMA Pediatr. Published online March 09, 2015. doi:10.1001/jamapediatrics.2014.3561
http://archpedi.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2195006