Dr Laroche: "Les ados sont confrontés à un mal-être profond"
Publié le
Psychiatre et président de SOS Amitié Nice Côte d’Azur, le
Dr Bernard Laroche note une hausse inquiétante de « tchats »
suicidaires de jeunes âgés de 12 à 18 ans
Psychiatre et président de SOS-Amitié Nice Côte d'Azur, le Dr Bernard Laroche était l'autre soir, sur le devant de la scène, à la maison des associations, place Garibladi. Pour animer, dans le cadre de la journée nationale de prévention du suicide, une conférence sur ces tentations d'en finir qui touchent de plus en plus d'adolescents.
Phénomène nouveau ?
Non, mais ce risque suicidaire chez les jeunes a considérablement augmenté depuis une dizaine d'années. Les chiffres sont inquiétants. En France, un adolescent sur cinq fait une tentative de suicide. Par ailleurs, le nombre de tchats, mode de communication utilisée par les ados, est en constante progression. En 2013, 3 688 tchats ont été postés sur notre plateforme nationale, auxquels nous répondons instantanément, chaque centre de SOS Amitié ayant une plage horaire dédiée. Par rapport à 2012, ce sont 600 tchats de plus !
En quoi ces tchats sont-ils inquiétants ?
Dans 20 % des cas, les ados font clairement référence à l'envie d'en finir. Alors que 1,7 % des appels téléphoniques reçus par SOS Amitié sont suicidaires.
Juste des mots en ligne ?
Non, car les adolescents sont confrontés à un mal-être profond. De plus en plus tôt, dès l'âge de 12 ans. Curieusement, dans leurs messages, les parents jouent un rôle neutre. Ce qui est révélateur d'un dialogue intra-familial déficitaire et pauvre. S'ajoute aussi une crise de valeurs dans une société consumériste, où le fait de posséder le dernier I-Phone serait le bonheur absolu. Sauf que cela ne suffit pas à aimer la vie. D'où les comportements suicidaires des jeunes.
Quels comportements ?
La toxicomanie et la consommation d'alcool qui est en progression chez les jeunes. Pour faire la fête, les ados boivent à outrance, jusqu'à la cuite. Pour s'évader, disparaître. C'est là un appel à l'aide que l'on ne peut ignorer. Une façon de crier leur solitude et désarroi.
La solitude, problème majeur ?
Oui et c'est le paradoxe de notre société hyper-connectée. Alors que l'on dialogue avec la planète entière, les gens n'ont jamais été aussi seuls. Ils sont en manque de confidents, d'amis à qui l'on peut tout dire, tout confier. Et les ados n'y échappent pas.
C'est là le rôle de SOS Amitié, de jouer les confidents ?
Vous connaissez notre devise : « Viens, on est là ! » Les écoutants offrent une proximité affective pour libérer la parole. Ils ne donnent aucun conseil, ne posent aucune question inquisitrice, juste une écoute attentive. Elle fait office de miroir pour permettre aux personnes en détresse de trouver, en elles, des réponses à leur mal-être. Cette écoute est extrêmement importante pour réactiver les possibilités d'expression. Redonner espoir aux personnes qui n'en ont plus. Sauf qu'il nous manque des bénévoles.
Il vous en manque beaucoup ?
Notre centre de Nice Côte d'Azur comptait 60 écoutants en l'an 2000. Douze ans plus tard, il n'y en avait plus que 35. Cette année, nous tournons avec 28 bénévoles. Soit 60 % de temps de présence assurés pour une écoute 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ! Depuis septembre dernier, notre centre s'est doté d'un téléphone intelligent. Lorsque notre ligne est occupée, il bascule automatiquement l'appel vers un autre centre disponible de SOS Amitié. Mais le temps d'attente est un peu plus long. D'où notre besoin d'écoutants que nous formons. Et c'est là un bénévolat très enrichissant. Parce qu'en écoutant et en observant l'autre, on se découvre soi-même.
Psychiatre et président de SOS-Amitié Nice Côte d'Azur, le Dr Bernard Laroche était l'autre soir, sur le devant de la scène, à la maison des associations, place Garibladi. Pour animer, dans le cadre de la journée nationale de prévention du suicide, une conférence sur ces tentations d'en finir qui touchent de plus en plus d'adolescents.
Phénomène nouveau ?
Non, mais ce risque suicidaire chez les jeunes a considérablement augmenté depuis une dizaine d'années. Les chiffres sont inquiétants. En France, un adolescent sur cinq fait une tentative de suicide. Par ailleurs, le nombre de tchats, mode de communication utilisée par les ados, est en constante progression. En 2013, 3 688 tchats ont été postés sur notre plateforme nationale, auxquels nous répondons instantanément, chaque centre de SOS Amitié ayant une plage horaire dédiée. Par rapport à 2012, ce sont 600 tchats de plus !
En quoi ces tchats sont-ils inquiétants ?
Dans 20 % des cas, les ados font clairement référence à l'envie d'en finir. Alors que 1,7 % des appels téléphoniques reçus par SOS Amitié sont suicidaires.
Juste des mots en ligne ?
Non, car les adolescents sont confrontés à un mal-être profond. De plus en plus tôt, dès l'âge de 12 ans. Curieusement, dans leurs messages, les parents jouent un rôle neutre. Ce qui est révélateur d'un dialogue intra-familial déficitaire et pauvre. S'ajoute aussi une crise de valeurs dans une société consumériste, où le fait de posséder le dernier I-Phone serait le bonheur absolu. Sauf que cela ne suffit pas à aimer la vie. D'où les comportements suicidaires des jeunes.
Quels comportements ?
La toxicomanie et la consommation d'alcool qui est en progression chez les jeunes. Pour faire la fête, les ados boivent à outrance, jusqu'à la cuite. Pour s'évader, disparaître. C'est là un appel à l'aide que l'on ne peut ignorer. Une façon de crier leur solitude et désarroi.
La solitude, problème majeur ?
Oui et c'est le paradoxe de notre société hyper-connectée. Alors que l'on dialogue avec la planète entière, les gens n'ont jamais été aussi seuls. Ils sont en manque de confidents, d'amis à qui l'on peut tout dire, tout confier. Et les ados n'y échappent pas.
C'est là le rôle de SOS Amitié, de jouer les confidents ?
Vous connaissez notre devise : « Viens, on est là ! » Les écoutants offrent une proximité affective pour libérer la parole. Ils ne donnent aucun conseil, ne posent aucune question inquisitrice, juste une écoute attentive. Elle fait office de miroir pour permettre aux personnes en détresse de trouver, en elles, des réponses à leur mal-être. Cette écoute est extrêmement importante pour réactiver les possibilités d'expression. Redonner espoir aux personnes qui n'en ont plus. Sauf qu'il nous manque des bénévoles.
Il vous en manque beaucoup ?
Notre centre de Nice Côte d'Azur comptait 60 écoutants en l'an 2000. Douze ans plus tard, il n'y en avait plus que 35. Cette année, nous tournons avec 28 bénévoles. Soit 60 % de temps de présence assurés pour une écoute 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ! Depuis septembre dernier, notre centre s'est doté d'un téléphone intelligent. Lorsque notre ligne est occupée, il bascule automatiquement l'appel vers un autre centre disponible de SOS Amitié. Mais le temps d'attente est un peu plus long. D'où notre besoin d'écoutants que nous formons. Et c'est là un bénévolat très enrichissant. Parce qu'en écoutant et en observant l'autre, on se découvre soi-même.