SOCIETE Un colloque sur le harcèlement scolaire a lieu à Toulouse ce mardi, jour où des victimes ont décidé de lancer un manifeste...
Toulouse: Le harcèlement scolaire en ligne... de mire
Créé le 03.02.2015 http://www.20minutes.fr/toulouse/1531407-20150203-toulouse-harcelement-scolaire-ligne-mire#sthash.DqK7bVd8.dpuf
«Il y a quelques jours, j'ai été appelé par un établissement du Gers. Des élèves avaient lancé sur les réseaux sociaux un nouveau jeu avec des nominations, celui qui était nommé devait lancer une rumeur sur quelqu'un, s'il ne le faisait pas il serait lui-même victime d'une rumeur», raconte Florent Henriet, coordinateur de Medi@lterité.
Depuis 2011, son association intervient à la demande des collèges et lycées sur le thème de la prévention de la violence. Ce mardi, il participe au colloque organisé à l'occasion de la 19e journée nationale de prévention du suicide et traitant des questions d'Internet.
Un débat de société qui a un écho particulier puisque c'est le jour où des victimes de harcèlement scolaire ont décidé de lancer un manifeste, une semaine après la sortie du livre Marion,13 ans pour toujours où une mère raconte le calvaire de sa fille, devenue bouc émissaire et qui a mis fin à ses jours.
Au cœur des débats, la rumeur, et sa propagation. Avec les élèves du collège La Prairie, Florent Henriet a réalisé un docu-fiction qu'il projette désormais dans une trentaine d'établissements de la région.
Le scénario écrit par les élèves reflète une situation que nombre de victimes connaissent. Une jeune fille y vit un véritable cauchemar qui passe par des insultes et le harcèlement de ses camarades. ««Les réseaux sociaux, c'est une sorte de grande rumeur où tout est amplifié, ça peut être très violent car en plus d'être harcelé à l'école aujourd'hui cela vous suit jusqu'à chez vous», explique Anaïs, l'une des élèves ayant participé au projet.
Intervention dans les collèges et lycées
Selon les dernières statistiques, 6% des élèves sont victimes de manière répétée d'agressions en ligne. En milieu d'année dernière, plusieurs pages Facebook de rumeurs intitulées Askiparait ont vu le jour dans des lycées toulousains.
«L'équipe mobile de sécurité est intervenue. A chaque fois qu'un cas nous est signalé, que ce soit par les établissements ou via la plateforme nationale, le référent "harcèlement" de l'Académie intervient», explique Le docteur Emmanuelle Godeau, adjointe du Médecin conseiller de la rectrice de l'académie de Toulouse.
Onze plaintes auprès de la police
En 2014, 25 collèges ou lycées ont ainsi fait appel à ses services. «On mesure mal s'il y a aujourd'hui une recrudescence de violence ou s'il y a plus de déclarations de cas parce que la parole des enfants s'est libérée et que les adultes y sont plus sensibles», poursuit Emmanuelle Godeau.
Si cela se règle souvent entre élèves ou au sein de l'établissement, il arrive que certains cas atterrissent au commissariat.
A Toulouse, onze plaintes pour des appels malveillants ont ainsi été déposées l'an dernier. Le bureau d'aide aux victimes de la police nationale intervient de plus en plus souvent dans les collèges et lycées pour parler du problème du cyberharcèlement et rappeler les risques encourus, soit un an de prison et 45.000 euros d'amende.
Codes sociaux et Internet
«Mais ce n'est pas internet qui a créé le harcèlement, ça l'a accentué. Les adolescents maîtrisent l'outil mais pas les codes sociaux et relationnels. Ce que l'on dit moins sur internet c'est qu'il permet de développer une forme de solidarité, c'est aussi un outil qui favorise les relations», pondère Maud Leguistin, docteur en sociologie à l'Université Jean-Jaurès, spécialiste de ces questions.
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SOCIETE On estime que plus d’un million d’élèves sont harcelés par leurs camarades à l’école…
Harcèlement scolaire: Les victimes lancent un manifeste pour interpeller la société
«J’étais devenu leur jouet, c’était l’enfer.» Jacky s’en est bien sorti : à 19 ans, il anime des ateliers de sensibilisation à l’école sur le harcèlement, dont il a été victime au collège. Comme d’autres victimes des brimades et des coups échangés entre adolescents, Jacky soutient aujourd’hui le manifeste publié ce mardi dans le Parisien destiné à «interpeller les pouvoirs publics et la société toute entière, pour dénoncer et faire reculer le harcèlement à l’école».
Trop petit, trop gros, trop bon élève…
Parce qu’ils sont trop petits, trop gros, qu’ils bégayent, qu’ils sont premiers de la classe ou un peu timides, environ 1,2 million d’élèves seraient aujourd’hui victimes de harcèlement. Mais seulement un sur deux osent en parler à un adulte. Pourtant, faire part de ses problèmes à un parent ou un enseignant pourrait éviter des drames : la maman de Marion, qui s’est suicidée à l’âge de 13 ans, estime qu’il «n’y a pas eu d’humanité de la part du collège». «Je pense qu’il faut d’abord s’adresser aux harceleurs, déclare-t-elle au Parisien. Les conseils de discipline doivent reprendre du sens, les adultes doivent intervenir.»
Pour que plus aucun élève n’entende dans les couloirs de son collège ou ne lise sur les réseaux sociaux des phrases comme «Va te pendre», la maman de Marion a signé le manifeste qui appelle tous les souffre-douleur, actuels ou anciens, et leurs parents à se signaler. Un site internet, lancé par France Télévisions en amont du documentaire sur le harcèlement qui sera diffusé le 10 février, permet d’écrire son témoignage et de libérer la parole des victimes.
Rester vigilant
Mais avant que tous les enfants harcelés n’osent le révéler à leurs proches, ce sont les adultes qui doivent rester vigilants: une chute des résultats scolaires ou un changement de comportement doivent alerter les parents. L’établissement scolaire doit être averti de tout cas de harcèlement pour pouvoir prendre des mesures disciplinaires à l’encontre des harceleurs. Et en dernier recours, un numéro vert (0.808.807.010) permet de signaler les cas de harcèlement scolaire.