La dépression est la deuxième cause d’invalidité dans le monde
07/11/2013 : http://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/psychiatrie/la-depression-est-la-deuxieme-cause-d-invalidite-dans-le-monde
Au terme d’une étude systématique de la littérature, Harvey Whiteford et coll. observent que les troubles dépressifs représentent un problème mondial et « une priorité de santé publique ». Comparés à d’autres états morbides et traumatismes physiques, les troubles dépressifs majeurs (TDM) constituent la deuxième cause d’invalidité (avec impossibilité de travail), et tiennent la 11e place en terme de poids morbide total à l’échelle mondiale.
Les taux des TDM et leur place parmi les autres causes de morbidité varient d’un pays à l’autre. Les taux les plus élevés sont observés en Afghanistan et les plus bas se situent au Japon. En Amérique centrale et en Asie du Sud-Ouest, la dépression figure au premier rang des pathologies. Les femmes sont plus souvent affectées que les hommes, et les personnes souffrent majoritairement pendant leurs années de travail. Il n’y a pas pour les dysthymies de variations aussi importantes d’une région à l’autre.
Les dysthymies aussi
Les études menées en 1990 et 2000 avaient déjà situé les troubles dépressifs dans les causes majeures d’invalidité dans les études du « Global burden of disease » (GBD, charge mondiale en morbidité). Dans cette étude publiée à présent dans PLoS, les auteurs ont recherché ce qu’il en était en 2010.
Alize Ferrari et coll. (Université du Queensland) ont estimé la charge morbide des troubles dépressifs majeurs et de la dysthymie (une forme plus légère et chronique de la dépression), à partir du nombre d’années de vie ajustées pour l’incapacité (« DALYs », Disability adjusted life years). Ainsi, en 2010, les TDM représentent 8,2 % des années vécues avec un handicap dans le monde, et les dysthymies 1,2 %.
Les TDM constituent la première cause de DALYs (2,5 %), même si l’on ne compte pas la mortalité.
L’augmentation de 37,5 % des TDM entre 1990 et 2010 est, selon les auteurs, « attribuable à la croissance de la population et à son vieillissement ».
Les TDM participent à la mortalité par suicide, mais aussi par maladies cardiaques ischémiques. « Les TDM expliquent 16 millions de suicides DALYs et 4 millions de maladies cardiaques ischémiques DALYs », concluent Alize Ferrari et coll. Il n’y a pas d’excès de mortalité qui soit associé aux dysthymies.
› Dr BÉATRICE VUAILLE